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 enchaîné à son destin — opale

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MessageSujet: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockSam 20 Aoû 2016 - 23:16
enchaîné à son destin
Ce jour-là, il avait décidé d’être seul. Et l’endroit que Shun avait décidé de rejoindre était l’un des rares qu’il appréciait vraiment sur cette île. Dans l’ensemble, depuis que son existence s’était normalisée (mis-à-part le facteur “tu peux utiliser la magie donc rejoins notre école cachée dans un état indépendant”), le chinois était une personne sociable. Faisant fi de ses problèmes, il s’ouvrait comme il pouvait aux autres pour se fondre dans une masse qui lui semblait bien plus attrayante que sa solitude - et il ne disait presque jamais non à de nouvelles connaissances.

Seulement, chacun a ses limites, particulièrement quand la moitié de votre existence se limite à des malheurs d’ont la majorité n’a pas idée. Pour autant, Shun n’est pas une dramaqueen - mais cette envie de s’isoler s’impose parfois à lui comme un besoin incontournable. Dans ce but, il avait repéré plusieurs endroits susceptibles de servir cet intérêt solitaire, mais de tous, la Haute Place était le plus pertinent. Il n’était pas juste à l’abri, mais également en observation sur l’ensemble de cette ville bien trop familière - comme la main du Destin qui constate avec une insouciante cruauté les retombées de ses caprices. Jamais durant son existence, le chinois ne s’était senti supérieur à quiconque - il avait toujours moins eu que la moyenne sans jamais s’en plaindre, et c’est ainsi qu’il intégrait cette normalité qu’il avait tant désiré. Quelque part, tous ses efforts lui semblaient superficiels - comme une couche de peinture qu’on étale grossièrement sur une fissure sans en effacer la forme. Il lui semblait qu’il ne pouvait changer sa nature profonde, et malgré ça, il se berçait d'illusions rassurantes, espérant accrocher les abords d’une vie qui lui tendait les bras.

Ce jour-là, il avait décidé d’être seul. Et comme un appel du destin, comme le refus d’un désir aussi simple que le mensonge pitoyable d’un gamin perdu, quelqu’un se trouvait-là. Le chinois prit quelques instants pour observer la jeune fille à la chevelure si particulière et parcourut doucement son regard sur sa silhouette. Il ne la connaissait pas. Alors qu’il se trouvait à une marche de la place, il manqua de trébucher comme si quelqu’un l’avait poussé en avant - et se rendit compte de l’étrange atmosphère dans laquelle il était plongé. Shun ne venait pas de tomber amoureux, non. Mais la tranquilité habituelle était remplacée par un sentiment étrange et indéfinissable - et pas nécessairement positif. Le vert était curieux, il franchit quelques pas jusqu’à la barrière contre laquelle il appuya ses coudes avec assurance.
Assurance, me direz-vous ? De la part de Shun ?
Oui, car il venait de trouver une phrase d’accroche super classe - et dans la mesure où c’était sans doute la plus cool qu’il trouverait avant une décennie, un refus pouvait bien détruire son mental.

« Cet endroit est tranquille et difficile à dénicher et les gens viennent y chercher un peu de solitude. Du coup, j’ai tendance à penser que je peux m’entendre avec eux lorsque j’en croise, pour peu qu’on ait un point commun. »

Bon, c’était un début ! Attendons de voir sa réponse, maintenant.
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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockMar 30 Aoû 2016 - 1:43

Fantaisie impromptue en C majeure de Chopin dans la tête. L’écouteur et le fil blanc se noyait dans sa chevelure, mais elle n’en avait qu’un à ces tympans. Toujours sur ses gardes. Au cas où. Il fallait qu’elle puisse réagir si elle se sentait menacée. C’est pour ça que malgré la musique emplissant sa tête, elle l’avait entendu, avant de le voir.

Ses yeux bleus figés depuis si longtemps sur les toits de la ville ne regardaient même plus le paysage. Parfois, elle rêve le jour, les yeux grands ouverts. Elle ne sait pas si c’est pire que quand tout remonte la nuit alors qu’elle essaye de les fermer. Ce qu’elle voit derrière ses paupières ? Elle n’en parle pas. Mais parfois, ça la fait pleurer et crier, tout ça à la fois, dans une panique monstre. Heureusement aujourd’hui, ça se confond juste en colère sourde. Une haine viscérale, dirigée vers elle-même. Elle a envie de vomir et c’est pour ça qu’elle ne bouge pas d’un pouce, que son visage semble si fermé, si sévère.

Fuck. Why should there be someone here when she feels like shit ? When she wants to puke ?

Ses bras se resserrent sur son ventre un instant et ça lui donne encore plus chaud, alors elle plonge sa main dans son sac pour y trouver une petite bouteille d’eau. Faut bien avaler la pillule. Elle allait devoir faire avec ce type à l’allure… indéfinissable pour rester poli, le temps que ses jambes soient en mesure de la porter loin d’ici, de tout intrus dans sa vie qu’elle essaye de régler comme du papier à musique. Elle a besoin que le métronome de son coeur soit solide et dur et impassible. Elle a besoin de ça pour tenir droit sur ses pieds. Les turbulences comme celles-ci : non merci.

Elle tranche sa silhouette dans le vif. Encore moins prête à lui donner une chance qu’à n’importe qui d’autre. Parce qu’elle ne sait pas qui il est. Elle ne sait pas ce qu’il veut. Et elle ne veut pas savoir. Si il cherchait vraiment la solitude, il changerait de spot et la laisserait en paix pour assurer la sienne. Il a bien dû sentir la barrière vibrer dans son dos. Promis, elle n’a pas voulu le faire tomber à la renverse. Du moins pas encore.

– Et si cet endroit et l’envie d’être seul sont nos seuls points communs, qu’est-ce que ça fait ?

Défiance dans la voix, elle n’attend pourtant pas de réponse. Elle n’attend rien. De lui, de personne et encore moins d’elle-même. Elle n’est rien. Et oui c’est une dramaqueen. Mais une silencieuse. Même si elle hurle intérieurement, même si elle a un problème d’attitude, elle garde le principal pour elle. Elle n’a aucunement l’intention de partager.

– Désolée je ne suis pas d’humeur à papoter ni à bien m’entendre avec qui que ce soit. Les iris rivés droit dans les siens. Et je n’ai pas l’intention de bouger...

Traduction : dégage.

##483d8b © Gau

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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockSam 3 Sep 2016 - 13:55
enchaîné à son destin
Il aurait sincèrement aimé répondre à la requête de cette fille. Tourner les talons avec un sourire résolu, le coeur lourd de sentiments similaires et d’un tel besoin de solitude qu’il se retrouverait indéniablement à fréquenter cette place à l’écart du monde. Il aurait aimé, et ça s’arrêtait là, parce que Shun ne disposait pas de cette maturité si simple découlant d’une éducation à laquelle il n’avait pas eu droit. Il n’était qu’un gamin perdu, sans repères et avec des valeurs maladroites auxquelles il tentait de s’accrocher pour se trouver une identité autre qu’un vagabond exempte de moralités.

Quelque part, l’image idiote qu’il se donnait lui convenait plutôt bien - une insouciance sans égale, un besoin de perpétuer une bonne humeur telle qu’elle en effacerait la moindre possibilité d’anxiété. Il aurait espéré que cette insouciance aurait persuadé cette fille, qu’elle fasse de lui quelqu’un de spécial même au premier regard - assez pour qu’il échappe aux règles que chacun s’imposait à l’encontre des gens. Peut-être qu’avec un peu plus de réussite, il aurait pu convaincre cette fille solitaire d’accepter sa présence. Peut-être - et cette arrogance ne le conduisait qu’à de logiques déceptions. Dans la continuité des choses, il aurait simplement dû laisser tomber, mais ça n’était pas dans sa façon d’être - et il accepta les retours avec un maigre sourire qui présageait presque d’une réponse mature. Mais il n’était pas comme ça, car Shun était le pire genre de personnes, accroché à une logique idiote qui le privilégiait - se moquant bien des sentiments d’autrui pour autant qu’il satisfasse les siens.
C’était la gentillesse qui cachait un égoïsme absurde, et malgré tout, elle n’était pas fausse - il aurait aimé faire ça pour les autres Shun, et non pas dans la peur d’une nouvelle solitude centenaire.

« Alors ça voudrait dire que nos humeurs divergent aussi, car j’ai très envie de papoter. »

Il adresse un sourire simpliste, soutient son regard l’espace d’instant suffisants pour lui faire comprendre qu’il n’avait aucune mauvaise intention et la dépasse pour s’appuyer contre la barrière. La vue était magnifique, il n’était pas étonné de voir les gens se battre pour un tel paysage ; mais Shun n’avait rien contre un peu de compagnie - il avait un peu de cette naïveté héroïque qui le poussait à se croire capable de régler les problèmes de n’importe qui.
Quelque part, il pouvait en être capable, à force d’essais et de ce genre de comportement idiot - mais il n’était pas sûr de pouvoir devenir quelqu’un comme ça. Il aurait aimé se dédier le reste de sa vie, oublier son entourage au profit de sa propre personne ; il aidait ceux qui ne risquaient pas d’empiéter sur son bonheur, sans pour autant se perdre dans un altruisme gourmand - il avait peur d’en souffrir à nouveau.

« Tu peux partir si je te dérange, mais ce serait dommage de passer à côté d’une occasion pareille. Je m’appelle Shun ! On m’a déjà fait toutes les blagues possibles sur les chinois, mais je t’en autorise une ou deux par tradition. »
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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockLun 12 Sep 2016 - 23:57

Elle ne le quitte pas du regard, perçant le moindre de ses mouvements, se tendant un peu plus lorsqu’il passe près d’elle, sourcils froncés. Mais c’est aussi l’exaspération qui grogne dans ses poumons. Encore un qui se sent trop seul pour ne pas résister à la présence d’une autre personne et quémander un peu de compagnie. C’est triste. Vraiment. Et elle a été comme ça aussi. Peut-être qu’elle le sera à nouveau. Mais aujourd’hui, c’est l’inverse. Même si elle est seule, cherche à l’être, Opale ne l’est jamais. Il y a des souvenirs et des émotions étouffés qui l’accompagnent. Peu importe combien ils sont douloureux ces souvenirs… Ils sont nos possessions. Ils nous définissent. Mais qu’est-ce que ça signifie ? Que doit-on emporter ? Quels morceaux hanteront ? Blesseront ? Ruineront ? Pourquoi n’inspirent-ils pas ? Parce que ceux qui les portent en sont incapable sans doute.

Et elle ne devrait pas prendre l’habitude de sentir ses jambes faiblir à ce point. C’est une danseuse après tout. Une ballerine promise à l’étoile. Leurs jambes, leurs chevilles, leurs pieds sont ce qu’il y a de plus solides et de plus flexibles pour résister aux manoeuvres. Plier sans jamais se briser : c’est la règle. Mais là, elle s’appuie à la rambarde pour dissimuler le fait qu’elle s’y accroche. Right. Elle n’est plus ce qu’elle était. Elle ne danse plus. C’est du passé. C’est du passé malgré les notes symphoniques qui s’échapperont toujours de ses écouteurs comme un vieux rituel. Peut-être que dans un an ou deux, certaines habitudes s’évaporeront enfin.

Mais elle est aveugle Opale en ce moment. Elle ne voit pas les autres comme ils sont, elle ne se voit pas elle-même. Elle s’efforce de ne faire que passer. Mais c’est une feuille de papier ballotée par une tempête. Elle ne sait pas si elle aurait aujourd’hui, l’empathie nécessaire pour percevoir l’Autre, se lier. Elle doute de tout. Des autres certes, de son pouvoir aussi, mais de plus en plus d’elle également. La méfiance, la défiance face à son reflet est peut-être le pire. Elle sait qu’elle n’est pas la meilleure compagnie à souhaiter à cet instant. Il devrait revoir ses espoirs à la hausse.

– Je ne connais pas de blagues. Encore moins sur les chinois. Vraiment. C’est ridicule.

Et honnêtement, il y a autre chose de ridicule -hormis le fait qu’elle ne sache pas faire de blague. Lui. L’occasion dont il parle. Elle a vu des gens vendre des rêves rien qu’en apparaissant sur scène ou en s’asseyant derrière un instrument et là, elle n’a pas cette sensation. À l’inverse, est-ce qu’il ne forcerait pas un peu trop ? Sa voix, son regard, qu’elle a quitté après un temps pour préférant les toits de Prismver, c’est comme un excès. Comme si il cherchait à prouver qu’il est là, qu’il existe, bien ici. Elle ne comprend pas vraiment alors qu’aujourd’hui, elle voudrait s’effacer, niant et reniant ses remords. Envers son père. Envers son rêve d’enfant. L’amertume et la frustration glissant en looping sans cesse, la figeant dans le temps.

Elle souffle. Main posée dans sa paume, le regard vague, loin.

– Et quelle est cette occasion que je ne suis pas censée louper ? Parce que je ne vois rien là...

##483d8b © Gau

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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockMar 13 Sep 2016 - 19:25
enchaîné à son destin
Shun n’avait jamais été capable de comprendre sa propre nature. Depuis toujours, il s’était imaginé qu’il deviendrait une bonne personne - un objectif que les problèmes de sa vie avaient balayé au profit du désir égoïste d’un futur simpliste et heureux. Depuis toujours, il s’était imaginé délaisser les autres, non pas dans la honte, mais en réalisant l’inutilité de son aide ignorante - se remettant doucement du bien trop de malheur qu’il avait subi en une si courte vie. Avait-il à faire quoi que ce soit pour autrui alors qu’il n’avait qu’entrevu un bonheur temporaire auquel il avait dû renoncer pour autrui ? Il avait quitté le passé, là où il possédait une vraie famille et des gens à qui il tenait - et tout ça, pour une menace dont l’existence était incertaine. Ses parents l’avaient abandonné pour garantir une vie familiale - à chaque fois, dans son existence, Shun avait été le sacrifice qui permettait aux choses de poursuivre leur rythme dans une paix dont la durée n’était pas plus assurée que sa propre satisfaction à la vue du résultat. À chaque fois, c’était un pari stupide, absurde - le sacrifice d’un petit nombre au profit d’un plus grand, et c’est avec le sourire que le chinois avait accepté son rôle. Parfois, il n’avait pas eu le choix - mais maintenant qu’il avait atteint la majorité, il ne regrettait pas d’avoir occupé cette place. Maintenant qu’il avait du recul et lui aussi accès à ce bonheur tant espéré, il n’était pas mécontent de toute cette expérience - et il avait pour plan de la tourner en la satisfaction sans limite de l’atteinte du futur qu’il se permettait d’avoir.

Un futur égoïste, un futur cependant mérité - mais à chaque fois, il se refusait à tourner le dos aux autres. À chaque problème encontré, il n’arrivait pas à agir comme il le devrait, à réprimer son sourire et ses grandes paroles innocentes - car c’est cet imbécile idéaliste et solidaire qu’il avait toujours été, un gamin naïf qui sacrifiait la logique pour des sincères désirs d’aider les gens.

Là encore, c’était ce qui le poussait à rester là - non pas le besoin stupide de compagnie que même des centenaires de solitude n’avaient pas suffit à stimuler, mais la déduction simpliste d’un malheur auquel il faisait face. Cette fille était réaliste, intelligente et très perspicace, mais dans cette façon de voir le monde résidait une désillusion salée qui l’attristait tellement. Elle ne parvenait même pas à déceler l’humour qu’il tentait d’insuffler pour détendre l’atmosphère - comme aveuglée par une vision fermée du monde.

« Il y a une occasion maintenant avec moi. Il y en a eu hier et il y en aura demain avec toutes les personnes que tu croiseras et dans toutes les situations que tu rencontreras. »

C’était rare que Shun parle avec le cœur et avec intelligence - la sincérité, c’était courant, mais les remarques continuaient de refléter sa stupidité - mais pour une fois, c’était le cas. Après avoir connu tant de choses, il avait appris, tout bêtement, à s’arrêter sur la simplicité de la vie. C’était affreusement cliché mais chaque journée était si imprévisible et amusante dans un monde magique qu’il ne pouvait simplement penser être malheureux au sein d’un univers fade - il y avait tant de choses à découvrir et à partager qu’il en devenait du gâchis de leur tourner le dos.

« Peut-être que tu as connu des choses tristes, ou peut-être que pas du tout et que tu es juste comme ça mais j’aimerais te faire voir tout ce dont tu passes à côté, ce que tu ne "vois pas". Tu es en vie, c’est ça l’occasion ! »
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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockDim 25 Sep 2016 - 18:52

Elle l’entend. Elle l’entend très bien. Cette phrase qu’elle-même aurait pu dire il y a moins d’un an. Cette phrase en laquelle elle croyait elle-même très bien. Elle n’a rien contre. Elle ne peut pas la renier, la réfuter car dans l’absolu, c’est vrai. Elle le comprend très bien. Et elle en a conscience. Mais ça ne provoque rien. Pas un seul mouvement, même par réflexe. Opale reste de marbre et muette. Ça ne lui fait rien, à part lui rappeler que c’est bien joli tout ça. Mais sans plus d’émotions -pour une fois.

La suite entame tout de même son exaspération. Elle roule légèrement des yeux et balaye les hypothèses de ce Shun. Il s’entendrait bien avec Niels. Les mêmes intentions, les mêmes idéaux peut-être, ou en tout cas, une attention trop préoccupée par les autres, ça c’est certain.
En revanche, la dernière phrase fait mouche.

Behind Opale’s unblinking face, deep inside, she is fire, molten silver, Opale is a raging cruisade. Opale is war. She is the ambush, the siege, and the battle : all contained within one body. She’s fractured and she just snaps.

Visage tordu par une douloureuse mais silencieuse colère. Son corps s’est reculé automatiquement comme pour rentrer dans son antre… Tout en sortant les griffes. Ou plutôt son pouvoir. La bête blessée répond à l’instinct, c’est bien connu. Sans réelle contrôle sur ses réactions passives-agressives. La rambarde en fer s’est détachée du sol d’un coup pour se déformer et se replier vers le chinois.

“Tu es en vie, c’est ça l’occasion !”

Ça passe en boucle mais elle ne dit rien pour trancher le flux. Animée par autre chose, une férocité tendue qu’elle tient tant bien que mal en laisse parce qu’elle sait que si elle se relâche trop, la rambarde… son pouvoir le blesserait. Et aussi mal et mauvaise puisse-t-elle être - est-elle devenue -, c’est la dernière chose qu’elle souhaite.
But head dizzy, eyes blurry, and mind racing. She has this strong wild look, like she could be dying of lack of air in her lungs and her last breath would be to tell him to go fuck himself !

“Tu es en vie, c’est ça l’occasion !”

Il y a quelque chose qui s’écroule à l’intérieur, un peu plus à chaque fois, dans ce trou béant laissé par la disparition de sa mère. Every beat of Opale’s heart was an articulated part in a collapsing train. Et tout au fond, il y a cette petite fille qui pleure à chaudes larmes et la réclame. Celle qui a peur. Constamment. De ce qu’elle a fait et de ce qu’elle pourrait faire. L’adolescente voudrait certainement hurler ses craintes et ses doutes, enrobés de frustration et de méchanceté. Lui dire qu’il devrait s’étouffer avec ses jolis mots. Mais peut-être que lui, il a de la chance dans son malheur de l’avoir croisée : parce que son venin n’arrive pas jaillir comme il peut le faire d’habitude. Mais elle est si effrayée qu’elle ne sait plus à quel espace-temps se vouer. Si désorientée que son coeur sanglote en continu. Elle s’est habituée à la sensation de hoquet dans sa poitrine.

“Tu es en vie, c’est ça l’occasion !”

Et ça la dégoûte. Et la menace de fer cède, s’écrase lourdement au sol quand le haut-le-coeur survient. Elle doit s’accroupir. Sa main se plaque sur sa bouche. Mais rien. C’est trop vague et assommant comme amertume. Ou peut-être juste que de savoir que quelqu’un la voit aussi basse -ayant même provoqué cette chute-, ça bloque ses réflexes primaires. Elle a le regard en biais rivé sur lui, au cas où il se sente d’approcher. Elle ne veut pas qu’il vienne. Toujours pas.

“Tu es en vie, c’est ça l’occasion !”

Peu importe les intentions, c’était trop direct comme approche. Il n’aurait pas dû. Ou pas comme ça. Les leçons de vie dès le départ, c’est peut-être trop pour elle. Peut-être que dans une autre vie, ou dans celle-ci mais à un autre temps, il aurait pu lui apprendre à faire des blagues dignes de ce nom.

– C’était vraiment drôle comme blague. Hilarant.

Parce qu’elle n’est pas vivante, Opale. Elle est dépassée par la vie.

##483d8b © Gau

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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockLun 26 Sep 2016 - 16:46
enchaîné à son destin
Ça sonnait à peine, et ça sonnait faux. Sa voix était brisée, comme influencée par un sentiment qu’elle s’efforçait d’éprouver pour ne pas montrer ce qu’elle pouvait vraiment ressentir. À l’instant même où il avait vu la barrière s’envoler, Shun avait tourné son regard vers elle - brisé cette politesse visuelle qu’il tentait d’instaurer pour lui laisser un peu d’intimité malgré sa présence imposée. Mesure invisible, presque hypocrite en vue des circonstances - et il la balayait, l’air de rien, entraîné comme toujours par ses indémodables émotions. Ce n’est pas à son destin qu’il était enchaîné, mais à cette personnalité tellement à part - à cette façon d’agir, ignorant les règles, ses limites, ses droits, les désirs des autres. Il n’était pas mauvais, au contraire, mais bien trop bon - au point d’en apposer sa vision de la justice à tout être. Quelque part, il n’était pas différent de ce type qui l’avait enfermé dans un monde pour lui faire payer ses vols. Non. Il ne pouvait le croire.

Il n’avait rien à voir avec ça - il n’éprouvait aucun plaisir à agir de cette façon, aucun bien être à l’idée de constater tout le malheur de ce monde. Shun n’était pas ce genre de personnes - il aurait voulu apprécier sincèrement une paix qu’il n’avait jamais connu jusque là. C’était l’occasion, Opale - et qu’est-ce qui te retient de l’apprécier ? Qu’est-ce qui t’empêche de voir cette vie autrement que comme une chance unique ? Ça le rendait dingue. Il observait cette barrière, le visage déconfi de cette fille et avait comme l’impression que ce n’était pas la seule chose qu’elle explosait sous le joug de ce pouvoir étrange. Pourtant, il ne se sentait pas en danger. Il n’avait pas l’impression qu’elle aurait su lui faire le moindre mal - et il était sans doute inapte à comprendre sa manière d’être, mais lorsqu’il avait ce genre d’instinct, il savait qu’il pouvait s’y fier. C’était son seul atout.

C’était sa seule vérité - des impressions naïves, la vision positive de ce qu’il pouvait bien entrevoir d’un monde qu’il avait à peine connu. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’actes stupides d’autosatisfaction, ce désir presque nécessaire de prouver à tous qu’il n’avait pas à tort, comme pour se dire qu’il n’était pas qu’un gamin perdu. Il n’aurait pas su prouver la moindre chose, au fond, pas même expliquer à cette fille pour quelle raison il y avait quelque chose à tirer de tout ça. C’était simplement comme ça qu’il voyait les choses. Il ne pouvait pas regarder quelqu’un tourner le dos à tout ce à quoi elle pouvait simplement sourire. Il ne pouvait pas la laisser se renfermer et tout détruire - il n’y avait rien de plus cruel.

« Je suis sérieux comme je l’ai pas souvent été. »

Il se mord la lèvre, le visage bien trop expressif - mais il a toujours été comme ça Shun, extraverti, incapable de contenir tout ce qui bouillonnait en lui - peut-être que c’est un défaut, il en sait trop rien, mais il ne se satisfaira jamais d’un rôle de spectateur passif. C’est simplement pas lui. Qu’elle l’insulte, qu’elle le frappe, qu’elle s’énerve - au fond, elle a bien raison de lui faire comprendre qu’il n’a aucun droit avec elle. Elle a raison - et il le sait, mais ça ne suffit pas. Ça ne lui suffira jamais. Il est incapable de rester en retrait - il comprend maintenant pourquoi il est incapable de se faire des amis. S’il pouvait se taire, s’il pouvait agir avec un peu plus de modération, s’il était plus normal, il serait peut-être plus accepté - mais Shun en est incapable, il ne peut se résoudre à faire passer ce désir ardent d’une vie normale avant le bonheur des autres. C’est un idiot fini - et ça le perdra sans aucun doute. Ça le perdra de se montrer aussi émotif vis-à-vis de ce qu’il ne comprend qu’à moitié - des histoires vagues, à peine saisies, une impulsivité aux rennes de ses agissements absurdes.

« Comment tu peux te satisfaire de ça ?! »

Il a la voix que la colère déforme. C’est triste à voir tout ça, triste à comprendre. C’est tellement triste - et cette pensée submerge aussitôt l’agaçement, son point se desserre et son visage plonge vers le sol, ses traits relâchés, formés par une tritesse qu’il semble presque éprouver à sa place. Lui aussi, il aimerait se débarrasser de poids - il aimerait se moquer de tout ça, pouvoir vivre une vie heureuse sans éprouver de regrets ou le sentiment d’un égoïsme sans nom. Il aimerait être une personne froide, malhonnête peut-être si ça pouvait l’aider - et pourtant le voilà à essayer de comprendre, à la limite des larmes, parce qu’il est rien de plus qu’un idiot sincère.

« Je comprends rien à tes malheurs, je sais bien, ce sera peut-être le cas même si tu m’expliquais tout. J’ai pas de conseil à donner, au fond tout ce que je peux faire c’est quelques vannes en espérant faire sourire les gens. Je suis aussi inutile que têtu et je peux simplement pas ignorer quelqu’un qui semble aussi triste, même si j’ai rien à t’apporter. »

C’était stupide, irréfléchi, irrationnel et mal venu, mais c’était dit. Il était inutile, mais il avait l’avantage de le penser, et c’était peut-être sa plus grande et unique qualité.
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MessageSujet: Re: enchaîné à son destin — opale   enchaîné à son destin — opale 1400359500-clockDim 6 Nov 2016 - 23:49
Elle souffle, souffle, souffle pour regagner contenance. Dans sa tête, elle compte. Un, deux, trois, quatre, treize, onze, six, huit, neuf, quinze. Le cerveau ne peut pas se concentrer sur des chiffres dans le désordre et paniquer en même temps. C’est l’un ou l’autre. Depuis un an, elle gère ses crises comme ça. Ou en courant, musique bombardant ses oreilles. Ou en regardant des films et des documentaires sur les mystères de l’espace. Mais ça ne les empêche pas de survenir pour autant. Problème à l’envers.

Sa main quitte sa bouche. Son regard quitte le chinois. Elle ne se sent définitivement plus menacée. Il ne lui fera rien. Elle l’a compris maintenant. C’est juste un emmerdeur qui fourre son nez partout. Ça doit être dans sa nature. Elle en connaît d’autres des comme lui. C’est ce qu’elle se dit en se redressant, le dos à nouveau droit et fier et cette gestuelle de princesse lissant ses cheveux inconsciemment. Mais c’est sa voix en magma qui l’oblige à vriller une nouvelle fois ses iris sur lui. Les sourcils à peine froncés par une certaine sévérité.

– Tu ne sais pas de quoi je me satisfais., répond-elle illico, rude, intraitable. Je ne t’ai rien demandé. J’t’ai pas demandé de savoir, d’attendre des explications, de donner des conseils, d’être attentif ou de m’ignorer. Tu fais ce que tu veux si tu as du temps à perdre.

Les bras croisés sur son ventre, elle est maintenant tournée face à lui avec ce port de tête impérieux. Neutralité. Vide. Il manque quelque chose sur la façade arrogante qu’elle affiche. Bien sûr que quelque chose cloche avec elle. Elle ne se dit pas “qu’est-ce que ça peut faire à un étranger ?”, même si elle pourrait. Elle se contente des faits. Qu’elle n’a pas de bol de tomber sur des enquiquineurs aux bonnes intentions. Et elle ne pense même pas une seconde à son colocataire Hiroki dont la malchance diffuse pourrait être à blâmer. Sa paranoïa ne s’étend qu’à elle. Égocentrique. Égoïste. Pessimiste. Pas sûre de l’adjectif qui collerait le mieux. Elle ne voit que ce qu’elle veut, que ce que les mécanismes protecteurs de son cerveau lui indiquent.

– Aujourd’hui n’est pas un bon jour. Essaye à nouveau demain si ça te chante., ajoute-t-elle d’une voix désintéressée au possible. Mais il faudrait être sourd pour ne pas entendre le venin enlacé à ses mots.

Pourtant, derrière tout ça, il faut deviner ce libre-arbitre qu’elle autorise, qu’elle accepte. Comme si d’une certaine manière, elle le respectait tout de même un peu. Elle le laisse être comme il est. Elle ne le bridera pas. Loin d’elle, l’idée de le forcer à quoi que ce soit. Elle n’a rien d’un tyran qui impose ses caprices -même si dans la sphère intime, elle peut être autoritaire. Si il est si têtu qu’il le dit, il reviendra peut-être et elle l’accueillera comme elle peut à ce moment-là.

– Ça n’a rien de personnel, Shun., conclue-t-elle. Et c’est vrai. Elle n’a rien à lui reprocher, il n’est pas en tort. Il n’a rien fait de mal, à part mal tomber et insister. Mais si il ne cède pas, elle le fera pour lui. Du moins c’est ce qu’elle pense. Aussi vite reparti, aussi vite oublié, alors que son prénom s’est tout de même noté dans un coin de sa tête.

Puis d’une certaine façon, d’avoir relâché son pouvoir ainsi, ça l’a soulagé d’un poids, d’une tension, la pression qui la tourmentait depuis plus d’une semaine. Mais Opale n’est pas du style à se défouler sur n’importe qui, juste à cracher de temps à autre, à menacer aussi.
Il lui avait offert l’occasion d’évacuer un trop-plein qu’elle confinait de plus en plus mal. Elle tient à nouveau bien sur ses deux jambes. Elle devrait peut-être lui dire merci rien que pour ça. Mais elle ne dit rien. Se détourne sans plus de cérémonie. Pour elle, l’histoire est déjà close. Mais comme pour beaucoup de choses, Opale se trompe. Il faut juste avoir les manières et la patience pour le lui démontrer, au risque de briser un peu plus sa fragilité...

##483d8b © Gau


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