Sujet: You're the right kind of madness. Dim 25 Sep 2016 - 18:14
You're the right kind of madness.
Everybody tells me it’s about time that I moved on and I need to learn to lighten up and how to be young.
Aujourd'hui sera un jour avec. Tu prends le pouvoir en perdant le contrôle. Déjà certaines défenses s'évanouissent et la méfiance fond comme neige au soleil. Tu le sens de manière diffuse. C'est insidieux et agréable en même temps. Ta perception change. L'espace est en mouvement, ou c'est toi qui bouge, tu n'en sais rien. C'est carrément plaisant même. Cette sensation de détente et bientôt, un peu plus tard dans la soirée, tu sais que l'euphorie te prendra comme jamais un homme ne l'a fait jusque là. La comparaison te fait rire. Impossible de nier les effets. Ce lâcher prise au goût amer coule dans tes veines et fait briller tes yeux. Qu'est ce que c'est bon d'être hors de soi-même tout en étant toujours dans ce corps familier. Tu n'as pas perdu tout tes repères, c'est le juste milieu. Et aujourd'hui ça vaut le coup. Les mots se mélangent dans ta tête, et tes pensées lancinantes deviennent plus conciliantes, plus supportables. Ton lit ne t'as jamais paru aussi confortable, la texture du drap aussi douce. Tes muscles ne sont plus aussi raidis que d'habitude. C'est un encart à ton quotidien. Un encart que tu t'es permise judicieusement. Pas suffisamment alcoolisée pour faire éloge à l'inconscience, mais juste assez pour profiter, pour se sentir libérée. Bizarre. Pendant un instant, tu as cru entendre une chanson Disney. Tu fronces les sourcils, impossible de te rappeler. D'ailleurs, tu ne savais même pas que tu connaissais les paroles de dessins animés. Enfin bref. Tu retournes à la contemplation rêveuse du plafond. Merveilleux plafond. Les bouts de tes doigts s'engourdissent et tu sens la chaleur monter à tes joues. Tu souries toute seule. C'est cool.
Ton colocataire passe la porte du bungalow, il arrive à ta hauteur, fronce les sourcils. Silence. Tu lui fais un clin d’œil. Il te regarde, les yeux comme deux soucoupes. Il secoue la tête, perdu et perplexe. Tu te redresses tant bien que mal. Oula. Ça tourne. Très sérieusement, tu te postes devant lui. Tu prends un air fermé. Enfin tu crois. Ça ressemblait plus au visage d'un constipé fendu d'un sourire de travers. Tu lui donnes une tape sur l'épaule. Puis tu te diriges vers la salle de bain. Il ne comprend rien. Toi non plus. Adieu logique. Il reste planté là. Il pense à une hallucination. Tu te dis « le pauvre » puis « où est ma brosse ? ». Tu te regardes dans le miroir. Tes cheveux sont disposés dans un savant désordre. Tes yeux orageux brillent étrangement. Tu trouves ça pas mal. Merci whisky. Ton teint est pâle en revanche, et tes joues roses contrastent. Tu as envie de te mettre du rouge à lèvres. Un beau carmin. Pour une fois, tu ne trouves rien à dire à ton reflet. Peut-être que tu devrais, mais cet excès de confiance est si rare qu'il vaut le coup de ne pas s'en soucier. Tu sens que tu te sens bien.
Tu te souviens que tu avais envie de prendre l'air. Mais genre vraiment, et que tu t'es téléportée sans y penser plus que ça. Le fait que tu sois arrivée sans encombre tient du miracle. Heureusement que le lieu t'es familier. Une bourrasque de vent te frappe en plein visage. Tu savoures la sensation. Le toit est un endroit tranquille. Tout naturellement en hauteur, et tu aimes ça. Tu fais un pas, puis un autre. Ton équilibre ne s'est pas encore fait la malle. Tu sais que c'est idiot, mais la A en toi s'en réjouit. Puis tu n'es pas tout à fait dans ton état normal. Il y a quelqu'un. Enfin au début, ce n'était qu'une silhouette vue de dos. Une carrure masculine, des épaules d'homme. Il était assis, les pieds dans le vide. Mais ton regard a été attiré par autre chose. Une queue, couleur bleu, fouettant l'air. Fascinée, tu es restée à la regarder se balancer quelques instants. Tu t'es approchée. Silencieusement. Les chats sont toujours attirés par ce genre de chose. Gauche, droite. Droite, gauche. Toujours en rythme. Un sourire qu'on aurait pu qualifier de carnassier. Puis un geste vif. Tu l'as attrapé. Tu es contente et fière en plus de ça.
Tu redescends sur terre au même moment où tu rencontres son regard. Tu n'es pas assez soûle pour ne pas le reconnaître, et il ne passe pas non plus inaperçu. Tu ne sais pas vraiment ce qui t'as pris. Tu avais envie de jouer. Tu ne sais même pas pourquoi. Contre-coup. Tu sens la honte se profiler lentement. Bordel de merde. Tu te relèves, plutôt vite d'ailleurs. Léger vertige. Il faut reprendre le contrôle, tenter de reprendre contenance. Tu voulais dire quelque chose, histoire de prendre le pouvoir tout de suite et de passer à autre chose. Tu voulais opter pour quelque chose d'aussi sensé que possible, et tout naturellement, c'est des conneries qui sortirent de ta bouche.
« Tu savais que le bleu symbolisait le rêve, l'inconscient ? C'est la couleur de l'évasion, de l'imagination. Dans certaines cultures, c'est aussi la couleur de l'âme et donc de la vérité. C'est une couleur très profonde en fait. »
Nouveau silence. Malheureusement, tu n'as pas encore assez dessoûlé pour être totalement atterrée. Mais tu sens venir l'embarras et la situation confortable. Tu passes la main dans tes cheveux. Ce sera finalement un jour sans. Au loin, ta dignité s'apprête à partir en voyage.
Sujet: Re: You're the right kind of madness. Dim 25 Sep 2016 - 20:11
you're the right kind of madness, the kind we love to fear and we fear to love »
Tu es un fils de l'enfer, chaperonné par les flammes brutes et construit de pierres de cendres. Dans la beauté de ce monde et cette vie que tu peines à parcourir, on te ronge, tu te ronges, et tu laisses cette beauté te paraître irréelle. L'enfer sur terre. Ici aussi ? ma beauté, l'enfer c'est de se lever tout les matins et de ne pas savoir pourquoi t'es là. Ou même qui tu es. C'est ce qu'il ce passe. Pourtant tu t'étais promis, en scellant tes poignets de ces nouvelles marques tatouées et cette boucle à l'oreille, que tu saurais chevaucher les rennes qui fusent sur l'autoroute de ta vie. Et, sans le vouloir, tu es subjugué par tout ce qui s'accélère peu à peu. Tu réfléchis du moins, tu penses, tu essayes. Après tout tu n'as jamais pu accepter de pas essayer. Essayer quoi ? À quoi bon. Celui qui te décrit pour les marécages de ton âme restent croupis futile de but. Tes écouteurs vissés aux tympans t'emportent sur un tempo majestueux. Le vent te secoue, il risque même de te balayer. Tu avais volé entre les couloirs la vue trouble, incapable de percevoir les couleurs qui se mélangeaient en symphonie psychédélique. Un écrin de peine. Tout ce que tu pouvais percevoir était fait de noir et de blanc. Seule une des couleurs les plus vives captait ton attention, un écarlate explosif. Merde, tu ne voyais même plus le bleu de ton corps. La perdition, voilà ce qui te tuait. Tu avais perdu Arsène, tu avais perdu la joie de vivre. Tu avais été assailli de vérités qui te démontrait que tu n'étais pas le fils de tes parents, tu avais perdu une raison de continuer. Le suicide ? Tu ne valais pas le suicide. Même dans ces instants opaques tu restais fier et réaliste, tu n'offrirais pas à la mort le privilège de te serrer entre tes bras. Tu relativises, souffle, dégaine une clope de l'arrière de ton short tombant et la coince entre tes dents. Elle s'allume aussi vite que tu l'épuises. Déprimer, non, ça te fait pas planer. Ni l'amour ni la haine ni la simple idée d'être le seul avec ta gueule ne te comblerait, alors quoi ? Tu souffres les jours et innove une existence faite de rebondissements. À ces idées, ta queue taillée en pointe s'agite, avant d'être refrénée, empoignée comme on s'accroche à une corde qu'on ne veut plus lâcher, qu'on ne peut plus lâcher. Tu penses reconnaître ce parfum qui chatouille tes narines et se glisse dans ta bouche. « Arsène ?... » Putain, lâche l'affaire. Elle te cintre dans ses paroles, tes écouteurs glissent. « Tu savais que le bleu symbolisait le rêve, l'inconscient ? C'est la couleur de l'évasion, de l'imagination. Dans certaines cultures, c'est aussi la couleur de l'âme et donc de la vérité. C'est une couleur très profonde en fait. » Médusé, comme asséné de coups rêches. Elle te réveille et te souffle le contraire d'un mensonge, un absolu. Tout ce que tu vois, c'est ces cheveux voguer sur son visage leurré de noir et de blanc. La couleur de ses lèvres t'assènent, elles brillent comme une rose d'un rouge feu. Les flammes de l'enfer, tu les revois. Évasif, inconscient, imaginatif, profond et sincère... Tu lèves un sourcil puis feignes à sourire. « L'amour, la haine, la vie et la mort. Le luxe, la puissance, la tentation. Voilà ce que signifie le rouge sur tes lèvres. À moins que je fasse fausse route, t'es censée incarner ces valeurs... Tu souffles un écran de fumée. Mais le rouge ne va pas à tout l'monde. » Tu ranges tes écouteurs et posent tes pieds aux sols. « Est-ce que tu viens d'attraper ma queue là ? »
Sujet: Re: You're the right kind of madness. Dim 25 Sep 2016 - 22:19
You're the right kind of madness.
Everybody tells me it’s about time that I moved on and I need to learn to lighten up and how to be young.
Il y a des choses qu'on ne peut pas ne pas voir, des choses qu'on ne peut pas ne pas sentir. Il y a ce parfum dans l'air, cette drôle d'impression. Tu ne parviens pas à mettre un nom dessus, ça reste abstrait, indéfinissable. C'est une sensation. Impalpable, insaisissable. Ça te parcourt le corps comme un frisson. C'est comme un temps d'arrêt, comme si on avait appuyé sur le bouton pause. C'est comme une bulle. Tenue, fragile, légère, fascinante. Cette fois-ci, rien à voir avec l'alcool. Il y a que le goût amer qui persiste. Il y a ce moment, cet infini étrange. Tu n'es plus toi, enfin c'est ce que tu crois. C'est rare cet instant de presque sérénité, cet instant où tu te sens presque bien sans vraiment savoir pourquoi. Tu sens qu'il y a quelque chose à voir, à sentir. Ça t'échappe encore, ça te glisse entre les doigts, mais c'est bien là. Tu sais que ça n'a pas de sens et pourtant ça te prendrais bien au cœur.
Il a de la répartie. Il emploie les mots comme on caresse. C'est piquant aussi. Il embraye sur le rouge, celui de tes lèvres. Cette touche de couleur comme une marque d'insolence. Il t'envoie la fumée de sa cigarette dans le visage. Ça fait comme un écran, comme un voile entre vous deux. Tu ressens que ça symbolise quelque chose, ou peut-être que tu as trop bu et que ta perception des choses vacille un peu. Le rouge, le bleu. Ça laisse des traces. Il se laisse glisser, atterrit souplement sur le sol. C'est comme s'il s'agissait d'un brusque retour à la réalité.
« Est-ce que tu viens d'attraper ma queue là ? »
Sur le coup, ça te prend un peu de court. T'en aurais presque oublié ton petit moment d'égarement. Tu n'as pas trouvé mieux comme expression. Puis tu as le sentiment que ça atténue la honte, comme une douche froide pour faire baisser la fièvre. Tu sens que si l'alcool s'estompe doucement dans tes veines, il est encore maître de certaines de tes réactions. Sinon, jamais tu n'aurais imaginé répondre par un sarcasme bien tendancieux. Tu te mords la lèvre, tu te passerais bien de cette situation où tu n'es pas à ton avantage et où il n'y a aucune échappatoire. Alors tu prends le parti de l’honnêteté, enfin presque.
« Disons que... Elle n'arrêtait pas de se balancer. Tous ces mouvements, c'était hypnotisant. C'était comme une invitation. » Tu viens à penser qu'il allait te prendre pour une folle, partir rapidement, avec un dernier regard interloqué et méprisant. Tu passas ta main derrière ta nuque, vrilla ton regard au sien. « J'ai un peu bu en fait. » Ce fût dit comme dans un souffle. Ce n'était pas vraiment une révélation, tes joues roses et tes yeux brillants pouvant en attester. Sans parler de ton attitude. Tu ne voulais pas jouer le rôle de la petite-fille prise en faute. Déjà parce qu'il était bien loin le temps où tu étais une enfant et qu'inventer une histoire, n'en n'aurait été que plus ridicule. Il était presque aussi ancien que toi à l'académie. En tout cas assez pour savoir quel genre tu étais habituellement. Il avait une idée sur toi, comme tu en as avais une sur lui, comme tout le monde ici, au pensionnat. Tu pensais prendre un risque contrôlé, mais manque de chance, tu t'étais révélée sans le vouloir. Gamine étrange et lointaine. Quant à lui, tu étais encore assez lucide pour voir la mélancolie envahir ses traits. Ce n'était pas ton moment, pas plus que c'était le sien apparemment. La situation prêtait quand même à rire. Tu haussas les épaules, frôla son épaule quand tu passas à côté de lui, et appuya ton dos contre le mur aux pierres froides. Tu constatas qu'il ne te suffirait pas d'un saut pour t'y asseoir. Tu te sentis petite, tu n'aimas pas ça. Tu n'en laissa rien voir de ce postulat subjectif, tu fixa son dos, et divagua.
« J'aime l'odeur de cigarette. J'aime retrouver cette odeur sur des vêtements aussi. » Tu faillis ajouter l'adjectif masculin, mais tu te gardais encore de faire des confessions. C'était des détails comme ça, qui ne prenait sens que pour toi. « Mais je ne fume pas. D'ailleurs je ne veux pas fumer. Je trouve ça infect en bouche. » Tu prononças ses mots comme une énonce une vérité, sur un ton sans appel. Il n'y avait pas de logique. Tu relevas la tête, le ciel de fin d'après-midi disparaissait lentement au dessus de vous. Un bleu sombre commençait à s'étendre maintenant. Une nouvelle brise parvint à t'atteindra. La chaire de poule fit son apparition sur tes bras nus. Tu frissonnas, cette fois-ci de froid.