Sujet: Beautiful kind of pain | Charlie Ven 24 Oct 2014 - 0:25
Still a little piece of you dies, you scream
Brise moi les os chéri, brise moi les os. Déchire mon ventre et détruit mes mains. Tue moi. Bouffe moi. Réduit moi à néant. Juste une flaque visqueuse sur le carrelage de ta cuisine. Elle hurle Clove, à chaque coup dans son ventre, elle hurle Clove, à s'en péter les cordes vocales. Et elle aime ça. Putain ce qu'elle aime ça. S'abandonner à la violence, s'offrir à elle toute entière pour oublier. Ses os craquent et ses doigts prennent un angle incongru. Elle n'a même plus la force d'activer son don. Elle ne l'a jamais eu de toute façon. C'est bien plus qu'avec Nathan, c'est bien plus qu'avec Alessandra. Cette fois ci Clove espère y voir une fin, et le goût du sang dans sa bouche la fait rigoler, rire étouffé bien vite par un nouveau gémissement. Il sera triste Andromède, quand il la récupérera ce soir. Il sera fou Andromède, quand il verra qu'elle a encore déconné. Mais elle essaye, elle essaye tellement du mieux qu'elle peux. Elle a arrêter la drogue, elle a arrêté les cachets, elle tout arrêté pour lui. Pour lui offrir un semblant de normalité. Elle va en cours le matin et elle l'embrasse le soir. Humaine. Et pourtant, y a ce putain de mal de crâne qui la hante. Ces frissons la nuit, ces frayeurs nocturnes. Hallucination. Elle a essayé pendant longtemps Clove, de contrôler cette manie exaspérante à préférer l'autodestruction à l'autosatisfaction. Mais l'immobilité la ronge, le ventre vide et le sang propre, elle tourne, tourne, tourne comme une bête en cage. Elle est incomplète Clove. Pécheresse au milieu des anges, elle se camoufle, affichant un faux sourire et des mains blanchies à la chaux. Mais elle est mauvaise Clove. Menteuse. Menteuse. Démon. Y a tous ces vices qui la rongent, qui la déforment. Elle a besoin de faire pénitence Clove. Elle a besoin de sentir la poussière contre ses lèvres, l’asphalte contre ses dents. Pardon Andromède, celle que tu pense aimer est difforme. Et ce soir elle va tenter de se racheter. Alors Clove déambule. Clove ère ; Bouteille à la main, elle bois. Encore et encore. Fusillant une semaine de sobriété totale. La brûlure de l'alcool trop fort dans sa gorge est délicieuse. Cigarettes sur cigarette, elle fume à en étouffer. La tête lui tourne, un peu trop. Et le jeu commence. Elle sait comment faire Clove. Elle sait qui provoquer. Elle sait comment parler. Et très vite la danse commence. Chaque coup apporte le calme, la sérénité. Putain ce qu'elle aime ça. Cette violence animale, cet instinct primaire qui sommeil en chaque homme. Le réveiller. Oui, elle aime être cette proie qu'on dévore sans attendre. Qu'on lui brise la nuque ou les jambes, elle remerciera le ciel. La douleur la consume de partout, le sang, ses os, sa chaire, elle n'est plus qu'une masse détruite. Et Clove disparaît petit à petit du monde réel, basculant entre vie et coma. Oh, combien elle connaissait ce sentiment, cette douce agonie. Mais cette fois-ci c'était mille fois plus puissant. Cette fois ci Clove ressentait. Alors elle ferme les yeux, elle s'abandonne à la douceur du néant. Oubliant tout, la froideur de la rue ou la fraîcheur du vent, les insultes et la haine des autres. Et seule, inconsciente, Clove disparaît.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Lun 27 Oct 2014 - 14:24
keep it alive. we have to be greater than what we suffer
Qu’est-ce que je fiche ici ? Dans ce quartier pourri ? Putain d’Olive qui m’a demandé un service. Effacer ses plaies. À elle aussi. Ils n’en ont pas assez ? Je ne veux pas savoir ce qu’elle trafique. Ni pourquoi j’ai rappliqué. Pytha n’était pas là ce soir. Mal et Maxx rivés devant la télé. Etienne et Dixie enfermés dans leur chambre. L’escapade tardive était facile. Je ne dormais pas. Alors pourquoi pas ? Non, non, non. Pourquoi ? Je devrais vraiment me poser la question.
__ Si t’es énervée ou frustrée à cause d’un truc ‘Liv, pense peut-être à une autre façon de te déchainer. La prochaine fois, j’viens pas.
La Colombienne arque à peine un sourcil alors qu’elle se relève sans plus une seule égratignure. Et son visage narquois souligne qu’elle n’y croit pas un mot. Trop bonne, trop conne. Ouais on est d’accord.
Et elle se casse comme ça, sans un merci pour reprendre ses déambulations nocturnes. Je suppose qu’on se demande tous ce qu’Olive fabrique. Cette fille est un mystère. Et certainement une garce. Ou du moins une ingrate qui croit que tout lui est dû. Même si je reconnais que je devrais peut-être en prendre de la graine. … No way. Never.
Je me détourne, complètement hallucinée par son comportement. Et je me dis que je n’ai pas du tout ma place dans ce quartier. Je n’ai pas l’assurance d’Olive. Même si je peux me défendre avec les mots, je manque cruellement de force physique. Entre les filles qui sont au Fight Club et moi : la différence est de taille. Et je ne suis pas sûre de devoir les envier… Quoique j’ai toujours le souvenir impérissable d’Ulysse mettant à terre Nathan et ça, ça vaut son peson d’or.
Un tour, deux tours. Tous les coins de rues se ressemblent, mais c’est au moment où je commence à me repérer que je capte une silhouette familière. Une tête blonde que l’on pourrait décrire d’angélique si on ne l’avait pas déjà vu à l’œuvre. Incartade fracassante lors de la première opération de WIP. Ses combats acharnés et furieux dans les ruines. La dangereuse Clove.
Comment un être aussi beau peut-il se faire autant de mal ?
Le manège est bien là. Son cirque tout entier est à vif. Je l’ai vu, elle et sa provocante attitude. Elle qui se débat. Ange déchu ou démone des cieux. Ne me demandez pas pourquoi je la perçois comme telle, mais quiconque l’a déjà croisé au moins une fois a déjà eu au moins une fois cette impression : qu’on se brûlerait à l’approcher de trop près. Et c’est ce qu’Hercule a dû faire plus d’une fois. Il n’a jamais rien dit. Je n’ai jamais posé de question. Cela semble bien trop sensible. Mais il est clair qu’il y a quelque chose qui cloche entre eux. Tout comme il y a un facteur imprévisible et désagréable qui dicte à mon instinct de ne pas me mêler de leur histoire. Ça semble plus compliqué que mes propres relations. Alors c’est dire.
Mais quand le dernier coup tombe, je sursaute, recule. Le souffle coupé volontairement pour que son agresseur-agressé ne me remarque pas. Lâche. Main contre le mur, le stress est à son comble dans mes guiboles. Ne me lâchez pas, ne me lâchez pas. Le cœur bat à tout rompre dans ma cage thoracique. Assez fort pour avoir l’impression qu’il va l’entendre. Mais non. Il a déguerpi en partant dans l’autre sens, la direction opposée à la mienne. Lèvres pincées, j’inspire. Soulagée. Thank god.
Mes pas me mènent à elle. Touchées. Toutes les deux. Elle par son malheur. Moi par le sien. Elle respire. Je m’accroupie, observant ses blessures. Je prends son pouls au poignet comme je l’ai si souvent vu faire par ma mère. C’est faible. Elle semble si faible à présent. Et le contact sur sa peau fait réagir mon don naturellement. Je détecte l’étendu et la profondeur de ses blessures. Le sang et les plaies sur son visage ne sont que le sommet de l’iceberg. De multiples fractures ont brisé ses os. L’arcade sourcilière… Non, l’orbite. Son poignet, ses côtes… Oh god… Sa rate est perforée. Je me laisse tomber sur les genoux, plaçant immédiatement mes mains sur son ventre pour laisser couler mon don sur ses organes, ses os et ses muscles meurtris. Un à un. Yeux clos, concentrée, je sens la réparation opérer à travers mon propre corps. Ça n’avait jamais été aussi flagrant comme sensation. Vertigineux. Presque douloureux. Étourdissant de sentir ce phénomène résonner en moi. Ça prend beaucoup plus de temps que ce que j’ai soigné jusque-là. Ça m’effraie presque. Mais je pose mon regard sur son corps qui se réchauffe entre mes mains, quelques blessures ont déjà disparues et ça me pousse à persévérer. Come on Clove.
__ Wake up.
Les plaies cicatricielles internes se résorbent et la plus grosse fracture n’a plus lieu d’être. Mais il reste encore tellement à faire. Je grimace. Cille.
__ Come on Clove, give me a sign.
Sa tête bouge. Elle reprend conscience. Alors j’accentue le flot. Qu’il s’insinue plus vite, plus profondément pour qu’il ne reste que le sang à laver.
__ Va falloir faire mieux que ça si tu veux vraiment mourir. T’es pas encore assez déterminée.
Alors que moi, je le suis de plus en plus. Tu vas pas t’en sortir comme ça. Elle a peut-être sa rage. Mais j’ai aussi la mienne.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Ven 31 Oct 2014 - 22:28
Still a little piece of you dies, you scream
Douceur et douleur se mélangent. On la tire, on l'arrache, on la sort de sa chrysalide alors qu'elle n'est pas encore prête. Clove refuse. Elle évite les mains tendues, tentant de s'enfoncer un peu plus profond dans la désillusion. Elle ne veut pas, c'est bien trop tôt, beaucoup beaucoup trop tôt pour le renouveau. Elle n'a pas assez goûté à la saveur de la souffrance et si elle ouvrait les yeux maintenant, tout volerais en éclat : la douce béatitude du martyre, l'apaisement de la morsure du vent sur les plaies, tout. C'est comme un film passé à l'envers, Clove se sent remonter vers la surface, tout s'inverse, se retire et elle hurle d'un coup, trop choqué par la sensation. Elle a l'habitude Clove, qu'on la soigne de cette façon, mais ce n'était jamais aussi inattendu et ça avait toujours été son choix. Les yeux ouverts elle tombe nez à nez avec une jolie rousse penchée sur elle. La tête trop embrumée, Clove se contente de fermer à nouveau les yeux et de soupirer. Les mots de la jeune femme résonnent dans sa tête comme une cloche et Clove aimerait lui demander de se la fermer. C'est qui d'abord ? Hein ? Qui est-elle pour se ramener comme ça, la tirer de son sommeil salvateur ? Pour qui elle se prend. Instinctivement elle se mord la lèvre inférieur pour ne rien répondre tout de suite. Se relevant lentement elle se dégage doucement pour tâter son corps. Tous ses efforts réduits à néants. Tous. Sa pseudo tentative de sobriété comme son envie de crever dévastatrice. Il ne restait plus qu'un corps trop lisse, exempt de cicatrices, embrumé et courbaturé.
« Crois moi, si je voulais crever.... Je m'y prendrais pas de cette façon. Je suis trop solide pour eux. »
Assise contre le mur Clove regarde la jeune femme. A quoi jouait-elle ? Pourquoi ? Se connaissaient-elles ? Elle venait de l'appeler par son prénom. Ha, Clove n'avait jamais été très physionomiste, préférant regarder le sol plutôt que les yeux. Pourtant elle lui rappelait quelqu'un. Après tout si c'était une élève de l'école, Clove avait déjà du la croiser. Sûrement. Au moins une fois. Mais bon.
« Pourquoi ? »
C'est une question lancée dans le vague, peut être en quête d'une explication à la combativité naissante dans les yeux de la rousse pendant que la sienne sombrait dix milles pieds sous terre. Ramenant ses genoux contre sa poitrine elle ne détache pas son regard de la jeune femme. Au fight club. Elle l'avait vu au fight club. Voila. Son nom restait un mystère par contre. Tant pis, pas comme si c'était l’énigme à résoudre de sa vie. « Pourquoi tu gache ton temps à tenter de t'occuper d'une cause perdue ? Les gens comme moi, on les laisse dans le caniveau. A leur place. A côté des déchets. »
Faux rire, qui se termine en quinte de toux. Clove pose sa tête contre le mur, tournant le dos à la jeune femme et appuie. Appuie. Appuie. Doucement son armure se faufile entre l'objet de la douleur et sa peau et le contact froid et inhabituel lui donne envie de pleurer. Charlie ? Charlie. Elle frappe du poing contre la pierre, encore et encore mais rien n'y fait. Rien. Le peut de contrôle qu'elle avait sur son pouvoir s'est envolé. Doucement elle tente de reprendre contrôle de son cœur avant de regarder Charlie à nouveau. « Au moins Andromède s'arrachera pas les cheveux en me voyant démembrée ce soir... »
Pardon Andromède, d'être une aussi mauvaise amante.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Sam 1 Nov 2014 - 15:42
keep it alive. we have to be greater than what we suffer
__ Crois moi, si je voulais crever.... Je m'y prendrais pas de cette façon. Je suis trop solide pour eux. __ Donc juste maso ? Ou c’est plus profond que ça ?
Tu crois vraiment que c’est avec ce genre de personne qu’il faut faire de l’ironie, Charlie ? Ou que c’est le bon moment ? Mes mains hésitent à la relâcher totalement alors qu’elle se recule pour s’adosser contre le mur. Avachie mais avec cette lueur inaccessible au fond des yeux. Troublant.
__ Pourquoi ? J’hausse un sourcil, perplexe. Pourquoi tu gâches ton temps à tenter de t'occuper d'une cause perdue ? Les gens comme moi, on les laisse dans le caniveau. A leur place. A côté des déchets.
Mon rire éclate. Et je mets bien vite un revers de main devant ma bouche pour contenir l’élan. Et la vue du sang sur mes mains m’y aide. Je me racle la gorge avant de partir à la recherche d’un mouchoir au fond de mon sac.
__ D’1) Ça devrait être à moi de demander pourquoi ? Pourquoi tu cherches la merde ? C’est une façon de se sentir en vie au moment où on est en train de se faire détruire ? Ou quelque chose comme ça ? Ce sont des questions que je me pose depuis longtemps. Depuis que je connais Pytha, depuis que je vois Gautier au Fight Club. Je ne comprends toujours pas totalement. Mouchoir entre les doigts, ma main reste suspendue en la voyant me tourner le dos et s’acharner, encore et encore. Je fronce les sourcils. De 2) T’as que te dire que j’suis idiote de te considérer comme un peu plus qu’une cause ou un déchet. De te voir… Comme un être humain. En peine. Ou alors, tu peux te dire que j’ai un certain attrait pour les ordures. À toi de voir la version qui te plaît le plus.
C’est pas comme si je pouvais vraiment contrôler le fait de prêter attention à tout. Je sais pas pourquoi je suis là. Mais j’y suis. On va pas philosopher. Je peux réparer, je le fais quand l’occasion se présente. Point barre. Mes mains se posent fermement sur ses épaules. Puis l’une d’elle force son menton à se tourner vers moi pour lui essuyer les traces de sang présentes. J’avoue que j’en profite pour continuer à distiller mon don au moindre contact.
__ Au moins Andromède s'arrachera pas les cheveux en me voyant démembrée ce soir... __ Bah tu vois, un point positif. On lui évite la calvitie avant l’heure. Une autre main chasse une mèche blonde de son front alors que mon regard se pose avec attention sur les traits de son visage que j’ai presque fini de nettoyer. C’est généreux de notre part je trouve… Et mon regard vrille dans le sien. Incisif comme ma voix. De penser un minimum aux autres plutôt qu’à son p’tit nombril.
Je soupire et baisse les yeux sur ses mains. Et me recule sur mes genoux. Mes pieds s’écartent et je m’assois bêtement au sol, essuyant maintenant distraitement mes mains avec de nouveaux mouchoirs.
__ Crois pas que je juge. Tu fais ce que tu veux. Tu as le droit d’aimer te battre, mais il y a peut-être d’autres façons de faire. Moins risquées pour toi. Et moins inquiétantes pour tes proches. Mais comme je ne sais pas ce que tu cherches à trouver ou à prouver en agissant ainsi... J'incline la tête dans un acquiescement. C'est vrai que ça peut paraître ridicule, de te dire qu’il y a peut-être un juste milieu à avoir...
Je lève mon regard chocolat dans le sien, interrogatrice. T'en penses quoi ? Tu y as déjà pensé ? À changer pour gratter un peu de mieux ?
On est trop jeunes pour la fatalité. Ni pour un quelconque destin écrit dans les étoiles. Au contraire.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Dim 9 Nov 2014 - 19:54
Still a little piece of you dies, you scream
Qu'est-ce que t'y connais Charlie ? A sa vie ? A sa douleur ? A sa torture permanente d'être enfermée dans un corps qu'elle ne supporte plus. Qu'est-ce que tu sais Charlie ? Hein ? Tu vois la folie ? Tu vois la douleur ? Tu vois la tristesse et le désespoir qui coule dans ses veines à elle ? As tu déjà eu envie de crever ? Encore et encore, chaque jour des murmures malicieux au creux de l'oreille, incitation malsaine à faire le dernier pas ? Non. Tu ne sais pas. Tu ne connais pas. Tu ne peux pas. Tu n'as pas le droit. Elle a cette absence au creux du ventre Clove, absence qui ne l'a jamais quitté depuis son arrivée à Prismver, présente comme un membre à part entière de son organisme. Alors quand Charlie la soigne, contact après contact, l'absence se creuse un peu plus, encore et encore, et Clove a envie de hurler.
« Si ça te fais rire, tu peux te casser aussi. »
Elle râle Clove, avec ce regard haineux, comme un gamin qu'on a privé de son jouet. Ouai. Maso. Ca la décrit bien. Cette façon de se complaire dans la douleur physique ou morale, à rechercher un peu plus l'humiliation. Elle aime quand on la jette au sol, elle aime quand on lui écrase la tête contre le pavé, elle aime quand on couvre son corps d'insultes et de mépris. Putain ce qu'elle aime ça. Si tu savais Charlie, combien ça lui donne l'impression d'être vivante. Et puis c'est rire qui fuse, bien vite camouflé mais présent. Ca la pique au plus profond de son être. Vexée, elle aimerait envoyer son poing à la figure de la jeune rousse, mais ce serait mauvais. Et Clove n'avait pas le courage de détruire quelqu'un d'autre. A la place elle se contente de la fusiller du regard, déversant toute son aversion à travers un regard glacé.
« Ça t'intéresse vraiment ? De savoir pourquoi ? Si je me sens vivante après ça ? Ou c'est juste pour m'abaisser un peu plus et souligner ma stupidité ? »
Clove voudrait continuer à parler, mais la jeune femme s'empare de son visage et le pouvoir se déverse à travers elle. C'est une intrusion. Mais étrangement, Clove ne bouge pas. Clove ne proteste pas. Elle se contente de gronder légèrement, comme un animal méfiant, prête à mordre au moindre geste. Il n'y a rien de plus dangereux qu'un animal blessé, alors prend garde Charlie. Doucement, elle repousse la main de Charlie lorsqu'elle sent qu'il n'y a plus rien à faire. Elle ne veut pas. Elle ne veut plus. « Oui. Tu es une idiote. Ca je le confirme. »
Calmement Clove l'écoute, Clove la regarde. Charlie semble prête à se battre pour la voir quitter cette ruelle sur ses deux pieds. Et en même temps lui prodiguer une leçon de morale presque emmerdante. Testant son équilibre nouvellement retrouvé, Clove se lève pour vérifier son corps. Plus rien, plus aucune douleur, peut être quelques raideurs, vagues souvenirs du passage à tabac. Toisant de haut Charlie, elle hésite, entre partir en courant ou rester à philosopher sur sa vie de merde et son avenir de ratée. Fouillant ses poches, Clove en sort une cigarette qu'elle pose entre ses lèvres, et l'allume. La première bouffée est comme une libération.
« Hm. Chai pas. Je me trouve quand même très altruiste de leur offrir l'occasion de se défouler de cette façon sur moi. Tu ne pense pas ? Je râle même pas. Ca rachète bien les ongles rongés et les cheveux arrachés non ? »
Non. Heureusement que Charles est parti. Il n'aurait pas supporté, il n'avait pas supporté. Cette autodestruction permanente. Nouvelle bouffée, plus familière, apaisante. Clove écoute. Clove rigole. Clove étouffe. Tu te fous d'elle pas vrai Charlie ? Tu te fous tellement d'elle. Tu ne la connais pas. Combien de fois faudra -t-il te le dire ? Lentement elle se baisse pour arriver à sa hauteur, yeux dans les yeux, elle a perdue son sourire. « Tu peux me juger. Vas y. Je n'attends que ça. C'est plus une question d'aimer se battre ou pas. C'est plus une question de danger ou non. C'est autre chose. Tellement autre chose. »
Clove murmure, Clove avoue, à demi-mots la vérité franchit ses lèvres, avec délectation elle recrache ce qu'elle pense tout fort.
« C'est ça ma vie, Charlie. Ma vie à moi. Ma vie de merde. C'est cette recherche constante d'une chose que je n'obtiendrais jamais. Je le sais. Et plus j'avance et plus ça me bouffe, là, dans ma tête. Je n'ai jamais été bonne pour l'équilibre. Tu sais quoi, j'ai pas envie de changer. J'essaye mais regarde le résultat.Pas très concluant non ? »
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Mar 11 Nov 2014 - 18:52
keep it alive. we have to be greater than what we suffer
Oui je veux savoir. Oui je veux comprendre. Qu’est-ce qui fait que tu donnes en pâture à d’autres alors qu’il y a une telle force qui grogne en toi ? Dans chaque mouvement, chaque geste. Tous tes muscles doivent hurler à la vie. Tu ne le sens pas ?
Mes lèvres restent mutines. Seul un sourcil tique lorsque Clove parle de son altruisme. Incrédule face à tout ce cirque. Que ça vaut bien quelques ongles rongés et quelques cheveux arrachés.
__ Tu peux me juger. Vas-y. __ Non.
Je ne détourne pas mon regard du sien. Au contraire, je m’y suspends.
__ ... C'est autre chose. Tellement autre chose. C'est quoi ? Qu'est-ce que c'est ? Dis-moi. C'est ça ma vie, Charlie. Ma vie à moi. Ma vie de merde. C'est cette recherche constante d'une chose que je n'obtiendrais jamais. Je le sais. Et plus j'avance et plus ça me bouffe, là, dans ma tête. Je n'ai jamais été bonne pour l'équilibre. Tu sais quoi, j'ai pas envie de changer. J'essaye mais regarde le résultat. Pas très concluant non ?
Quelques secondes s’égrennent dans l’air. Si lueur il y a dans le brun de mes yeux, j’ai la sensation qu’elle cherche à bondir dans les siens. Car elle m’a bouffé mon air. C’est une de ces filles qui ravagent tout sur son passage. Je le sais. Je l’ai tout de suite su. Dès que je l’ai vu. Et de plus en plus, à chaque combat au Fight Club, je l’ai vu faire. Éclatante Clove. Elle dézingue, Clove. Et elle ne s’en rend pas compte, mais elle pourrait tous nous bouffer.
__ Je ne te crois pas. Même si tout le monde peut dire que quelque chose cloche, je ne te crois pas. Est-ce que tu essayes vraiment ? On court tous après quelque chose. C’est ce qui fait qu’on avance malgré les détours. Et tu le sais que tu ne vas pas t’arrêter comme ça de courir. En plus tu l’as dit toi-même, tu es trop solide.
Mais faut-il qu’elle se laisse bouffer elle-même pour autant ? Pour repartir de zéro ? J'en sais rien.
__ C’est pas n’importe quel équilibre qu’il faut trouver, mais le tien. Personne n’a à te juger ! Je me redresse vivement. Et même si ma première réaction a été celle de me comporter comme si j’étais un de tes amis d’être inquiète, de me préoccuper de ce qui t’arrivait alors qu’on se connaît à peine… Ça c’est ma tare. Je pointe ma poitrine du doigt à cet instant. Parce que j’ai été celle qui a subi l’auto-destruction d’un proche. Je sais le mal que ça fait. Et ça me révulse d’être à nouveau le témoin de ce genre de choses.
Sourcils froncés, bras croisés. Je suis plantée sur mes deux jambes. La sévérité claque comme un boomerang de colère.
__ Tu souffres ? Mais ceux qui sont autour de toi aussi. T’es pas toute seule Clove. Ça serait trop facile. Ouais, ça serait tellement plus simple si on était seul au monde et sans rien autour pour nous porter des coups. Sans personne pour nous cogner l’âme ! Mais la vie n’est pas comme ça et crois-moi, moi aussi parfois je crève d’envie que ça se passe autrement. Que tout s’efface pour ne plus rien ressentir. Mais en étant aussi irresponsable, il n’y a pas que toi que tu piétines. Mais aussi tous ceux qui sont liés à toi. Alors montre un peu de respect. Assume d’être là et bien vivante !
Bande d’égoïstes ! Ton vrai combat n’est pas ici dans cette ruelle puante ou dans ses ruines. Parce qu’on a tous quelque chose à gagner si on s’en donne les moyens. Sinon rien n’aurait de sens. Et autant tous se tirer une balle tout de suite. Bordel.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Ven 21 Nov 2014 - 20:01
Still a little piece of you dies, you scream
Elle parle Charlie, elle hurle Charlie, elle crache Charlie. C'est des mots enfoncés comme des couteaux, un a un dans son cœur, essayant de mettre à jour l'irréalité de sa situation. Elle n'aimait pas ça Clove, qu'on tente de lui expliquer le comportement à avoir face à l'adversité. Ça lui faisait mal, mal à la tête, mal dans les os, mal dans tout son être. Ca lui rappelait des choses, des disputes houleuses, violentes, avec une ombre floue. Nom au bout des lèvres, elle essaye de le cracher, pour s'enlever ce goût de souvenir qui envahit sa bouche. Non. Charlie est différente. Elle n'est pas comme les autres à fermer les yeux sur sa décadence, pas comme Andro qui tente vainement de sauver les apparences ou bien John qui essayait du mieux qu'il pouvait de la maintenir à al surface. Charlie arrivait avec les grands moyens, avec la corde et les poulies pour la sortir de là.Mais Clove n'était pas prête. Pas encore. Pas tout de suite, c'était beaucoup trop tôt. « Je n'ai fais que ça, essayer. Encore et encore. »
Silence. Elle continue d'écouter le flot de paroles, chaque mot la frappe. Comme une claque. Elle semble hurler entre les phrases : réveille toi Clove, réveille toi putain. C'est le moment d'arrêter de faire des conneries. Mais Clove se bouche les oreilles. Clove ne veut pas. Clove n'a pas le courage. Clove est une lâche malgré tout ce qu'elle d'afficher quotidiennement.
« Effacer les choses ne rend pas la vie plus belle Charlie. »
Elle le savait. Avec ces pilules avalées, tous ces black-outs, trop de tout. Elle avait des jours entiers disparus de sa mémoire et pourtant elle ne se portait pas mieux. C'était même pire. Cette impression de sentir sa vie se disloquer entre ses doigts. Plus aucune solidité, tout était fluide. Gazeux. Et puis les derniers mots sont comme un coup final. Bim prend ça dans ta gueule Clove. Mais Charlie avait tellement tord, pour la première fois depuis le début de leur discussion. Un pas puis deux elle se rapproche pour lever les yeux vers le regard brûlant de la jeune femme. Sourire tordant sa bouche, c'est un rictus désespéré qu'elle lui offre.
« J'ai jamais été vivante Charlie. Jamais. »
Une larme, puis deux, rageuse Clove les effaces de ses joues. Mais ces dernières sont bien vite remplacées. Et voilà. C'était reparti. Doucement, elle tombe au sol, accroupie elle prend sa tête entre ses mains et se laisse aller. « Je suis folle. Tellement folle. On me tend la vie comme on tendrait un os à un chien. Mais je suis incapable de l'attraper. Ca me rend folle. »
Voix brisée, misérable. Finit la Clove qui se tenait droite. Il ne reste plus que la loque qu'elle est réellement. Aveux. « Je suis folle et égoïste... Je sais que je blesse tous ces gens. Encore et encore. Mais c'est tellement bon de recommencer... »
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Mar 25 Nov 2014 - 18:17
keep it alive. we have to be greater than what we suffer
- J'ai jamais été vivante Charlie. Jamais. Torsion générale. Je ne comprends pas. Comment peut-elle dire ça ?! Elle est là. Devant moi. Elle respire, bordel ! Ne confonds pas les choses ! - Qu’est-ce que tu racontes Clo...
Ça gronde dans mon palpitant. Explosion imminente… Tuée dans l’oeuf par la déferlante visible soudainement sur son visage. Mon corps se fige dans son élan. Et elle, elle tombe.
Ses premiers mots bouffés par la douleur de son être m’atteignent de plein fouet. L’émotion se propage, mord certainement mon propre regard baissé sur la combattante. 'Y a erreur sur le tableau. Je ne suis pas plus droite, forte ou confiante qu’elle. L’image est fausse.
- Je suis folle et égoïste... Je sais que je blesse tous ces gens. Encore et encore. Mais c'est tellement bon de recommencer...
Je cille et m’accroupis illico à sa hauteur. Mes mains glissent sur ses joues pour sécher ce qui n’a de cesse de couler et y restent. Mon regard se plante à nouveau dans le sien. Elle le verra que je ne suis pas aussi sûre que ça. Qu’elle m’a touché profondément, mais que j’essaye quand même de tenir bon. As usual. My own way.
- Bienvenue dans la réalité. Notre monde est fou. Notre monde est égoïste. Tu y es à ta place. On l’est tous. Sans chapeliers, rien ne tournerait. Je l’enlace vivement comme pour ne lui laisser aucune échappatoire, me préparant à son rejet. Continue Clove. Ne t’arrête pas. Continue d’essayer. Ne t’arrête jamais. Parce qu’un jour, tu vas dépasser tout ça sans t’en rendre compte. Un jour tu ne seras plus ton démon tapis dans ton ombre.
Un jour, tu seras aussi brillante qu’un de ces putain de chevaliers en armure. De ceux qu’on admire à travers les contes pour enfant. Tu l’es peut-être même déjà sans t’en rendre compte et c’est parfait. Mais un jour ça viendra. Tu réaliseras sur quoi tu te tiens. Poing levé. Adversaire à terre.
- Nous sommes souvent notre pire ennemi. Donne-toi du temps pour y faire face. C’est ton endurance qui est à l’épreuve. Tu as besoin de toutes tes forces, et tu vas même devoir en piquer chez les autres. Parce que se dépasser soi-même, c’est le plus dur…
Mais c’est ce qu’il faut pour contrôler son fou sur l’échiquier, imposer un rythme de croisière à notre monde jusqu'à ce que cela convienne à notre coeur. Deeply. Ça sera instinctif, un ressenti hautement personnel. Un jour, on se rendra compte que ça y est, c’est bon, on est bien là.
- Tu ne veux pas perdre face à ça quand même ?, dis-je en me détachant d’elle.
Le défi fier dans la voix et les yeux. Pas un seul instant j’ai oublié à qui j’ai affaire. Elle a la rage de vaincre dans le sang, Clove. Elle ne se bat pas, elle combat. Et c’est bien pour ça que je lui ai parlé de cette façon alors que je n’y connais strictement rien. Je ne suis pas une oratrice hors pair comme d’autres dans mon entourage le sont. Mais la preuve en est, que leur influence est là, en moi.
- Laisse-toi être influencée. Ne sois pas fermée à ce qui t’entoure, Clove., ajoutais-je simplement.
Les autres fous nous font évoluer. C’est une danse. On est juste parfois sur des terrains différents.
- Et si il faut que je vienne tous les jours dans ton bungalow pour t’ouvrir la porte et te pousser dehors pour voir d’autres gens, je le ferais.
Open up. Think outside the box. And don’t give up.
C’est facile à dire, j’en ai bien conscience. Je commence à peine à le comprendre et à l’appliquer moi-même. Et mon maigre sourire n’y changera rien. Je me recule en détournant enfin mon visage d’elle, à la recherche d’un mouchoir propre dans mon sac. Et à cet instant, je me dis que j’espère sincèrement que ceux qui disent que certaines blessures sont trop profondes -trop près de l’os pour être soignées-, ont tort. Que malgré les efforts, elles continuent de saigner… Et bien j’espère que ceux-là se trompent. Pour toi, comme pour moi.
‘Cause, someday, perhaps... we’re gonna be champions.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Dim 30 Nov 2014 - 15:58
Still a little piece of you dies, you scream
Elle ne semble pas comprendre Charlie. Pas comprendre la douleur qui la ronge depuis qu'elle est née. Le fait de se sentir à moitié exister, autre partie dans l'ombre, tirée vers l'enfer. Avant,il y avait Charles pour la soutenir, Charles pour lui voler ses émotions, les transformer en un calme complet, apaisement total ou presque. C'était comme ça qu'elle avait réussi à rester la tête hors de l'eau. Bn sang, ce qu'il lui manquait. Clove s'en rendait compte maintenant : sans son frère elle n'était plus grand chose. Et c'était affreusement douloureux. Larme après larme, Clove abandonne. Elle s'abandonne à la tristesse et au chagrin, défenses détruites par une rousse qui ne s'y attendait même pas. C'est tout ce qu'elle a retenu depuis la rentrée qui explose enfin sur le pavé. Ses yeux glaces contre le brasier de Charlie, Clove voit trouble, Clove voit double. Incapable de se reculer, incapable de la rejeter, elle se laisse faire sans mot, se contentant de hoqueter en silence. Et quand Charlie l'enlace, Clove s'agrippe, Clove s'accroche, mains tenant fermement son haut, le tissus entre ses mains semble brûlant, vivant. Bien plus qu'elle en tout cas. Ne pars pas Charlie. Ne disparaît pas. Elle étouffe Clove dans son univers tordu, elle en peux plus Clove. A deux doigts de déconner encore, comme cet été, comme il y a plus d'un an. Alors reste Charlie, parle Charlie, si elle ne répond pas à tes paroles c'est parce que Clove essaye d'assimiler ce que tu lui hurle. Et lorsque l'étreinte prend fin, la jeune fille tend un court instant le bras avant de se retenir. Ce n'est pas elle. Elle n'est pas comme ça. Aussi faible. A pleurer, à crier, à demander de l'affection à la première personne qui lui montre de l’intérêt. Les derniers mots de Charlie résonnent dans sa tête et un maigre sourire apparaît sur ses lèvres abîmées. Sourire tordu mais sourire bien présent. Elle renifle, essuie les dernières larmes dans sa manche usée avant de regarder Charlie. « Je ne perd jamais Charlie. Même quand j'ai l'impression d'offrir la victoire aux autres. »
Vite remise, Clove ferme un instant les yeux pour se calmer. Chasser les derniers relents de détresse , les écraser entre ses doigts. Et tout recommencer. Mais Charlie a su employer les bons mots. Les mots qui éveillent en elle son instinct de guerrière, cette soif de combat qu'elle a au fond d'elle, cette envie de détruire tous ceux qui se dresse en face d'elle. Instinctivement sa peau se recouvre d'une pellicule argenté, armure qu'elle n'a pas su enfiler pour se protéger un peu plus tôt. La froideur du liquide contre sa peau la rassure.
« Je n'ai pas besoin des autres. Du moins pas besoin de gens en plus. Je sais déjà sur qui je peux compter. »
Sa voix se fait plus froide. Subtilement, Clove change pour un visage impassible, seul ses sourcils froncés peuvent la trahir. Elle n'aime pas l'idée que Charlie décide de venir se mêler de sa vie maintenant. Elle a toujours joué cavalier seul. Presque. « Pourquoi tu fais ça Charlie ? Ca te fais du bien sur la conscience de s'occuper des autres comme ça ? »
Clove se rapproche doucement, elle n'est pas menaçante. Juste curieuse. Elle essaye juste de comprendre pourquoi il existe des gens comme elle. Avec cette rage au ventre et cette passion pour l'instant. Dans la lumière des lampadaires, la chevelure de Charlie ressemble à un feu de joie. Et Clove a envie de s'y brûler, ne serait-ce qu'un instant. Mais elle se retient.
« Et toi, quand est-ce que tu commencera à prendre soin de toi ? »
Charles, Charlie. Étrangement ressemblant. Et si similaire sur ce point la. Alors cette phrase qu'elle lui offre, c'est celle qu'elle lui répétait toujours, à lui, quand il la berçait contre sa poitrine trop maigre, entre ses bras trop fins. Trop fragile.
Sujet: Re: Beautiful kind of pain | Charlie Lun 1 Déc 2014 - 17:47
keep it alive. we have to be greater than what we suffer
- Je n'ai pas besoin des autres. Du moins pas besoin de gens en plus. Je sais déjà sur qui je peux compter. - ...Si c’est que tu penses...
Un drôle de sourire s’allie à ce murmure. Parce qu’il m’arrive encore de me dire la même chose. Je ne peux pas être aussi hypocrite. À quoi bon forcer ? Ça ne marcherait pas. Ça doit venir tout seul, de soi-même et petit à petit. Même si parfois ce sont d’autres qui nous poussent. Pour ma part, ce fut le cas doucement. Des petites choses, des mots, de Victoria, de Sarah, de Gautier, d’Hannah et d’Étienne.
“Que je... reste loin des coeurs et des esprits d’un Morgan, d’une Sarah et d’une Charlie fermés comme des huîtres ? Que je reste en dehors et loin de tout ça, de vous, seul dans mon monde comme un mec sorti d’un roman qui a perdu absolument toutes ses relations parce-que celles-ci n’ont jamais existé ? ‘Sounds great. ”
Il y a des choses qui touchent au bout d’un moment. Je travaille encore dessus. Sur mes peurs. Que d’autres personnes réveillent en jouant avec. La famille, John, Hadès.
Mais ça fait partie du jeu. Faut faire avec. Le coeur serré, j’inspire durement en plantant mon regard dans le sien.
- Tant que tu laisses vraiment entrer ceux que tu as choisi, c’est déjà bien..
C’est dit doucement. Simplement. Presque confiante.
- Pourquoi tu fais ça Charlie ? Ca te fais du bien sur la conscience de s'occuper des autres comme ça ? - J’en sais rien. Peut-être. Si ça marchait. Si je leur apportais vraiment quelque chose. Peut-être que oui, ça me ferait égoïstement du bien..., dis-je en inclinant légèrement la tête sur le côté, réfléchissant sérieusement à la question alors que le prédateur s’approche.
Une affection simple, mais débordante. Une façon de protéger ce qui me semble important. Ceux qui sont précieux. Tout bêtement. Essayer de chérir autant se faire que peut. La vie est déjà bien assez dure et imprévisible, non ?
Et pourtant, en réalité, je ne suis pas celle qui devrait clamer tout ça haut et fort. C’est ridicule. Je suis ridicule. Mes défauts me rattrapent toujours. Et font tout foirer. Alors si ça se trouve, tu y arriveras bien mieux que moi, Clove.
- Et toi, quand est-ce que tu commencera à prendre soin de toi ?
Surprise. J’ai un léger mouvement de recul, lèvres entrouvertes.
- Parce que je donne l’impression que c’est pas le cas ? Désolée de décevoir mais ça va. Je prends soin de moi.
J’ai le petit-ami et le don parfait. Je progresse dans ces deux domaines. Normalement. Je dors mieux. Je fais du sport. Je fais plus de photos. Je mange convenablement. Je, je… Message publicitaire a arrêté d’urgence. Les tâches et les déchirures du passé sont toujours là. Ça ne s’efface pas parce qu’on le veut.
Un fin sourire étire mes lèvres.
- Je suis pas la plus stable ou la plus solide qui soit, mais je sais où sont mes limites. Enfin je pense… Faut pas s’en faire pour moi, j’m’adapte., dis-je en haussant les épaules.
Honnête. J’fais ce que je peux, c’est tout. Je fais ce que je peux pour que les autres ne s’inquiètent pas pour moi, qu’il n’y ait pas de raisons à cela. Donc tout va bien. Nouveau sourire. Je me relève. Comme si de rien n’était. Comme si j’avais décidé que c’était la fin.
Le feu se refroidit quand il s’agit de brûler pour soi-même ? Fais les choses qui doivent être faites. Se contente de son minimum qui le ravit. Ne demande pas plus de bois par crainte qu’on lui prenne tout d’un coup, si il y a de la demande.
- On ne rentre pas ensemble je suppose... Un regard droit devant vers la rue d’à côté. Un regard en biais sur la blonde. Ne te reblesse pas. Au moins pour ce soir...