Sujet: amicalement tienne. Mer 28 Sep 2016 - 14:27
▲▼ AMICALEMENT TIENNE.
Le mois de septembre était passé rapidement. La rentrée paraissait déjà très loin et les cours rythmaient désormais les journées. L’automne restait pour autant clément, et il arrivait encore au soleil d’illuminer les après-midis. Les feuilles des arbres s’habillaient lentement de leur parure de saison, et il n’était pas rare d’être secoué d’un frisson lorsqu’une brise froide traversait les jardins de l’académie. Elle-même commençait à ressortir sa vielle veste en cuir noir. Les bottines avaient remplacés les escarpins, même si le bruit de ses talons claquant au sol, se faisait toujours aussi bien entendre. Elle passa non loin de la serre, jeta un rapide coup d’œil aux fleurs dont les pétales commençaient à se fermer à cette heure. Elle ne croisa pas grand monde sur le chemin, la plupart des élèves étaient en train de diner. Quelques minutes plus tard, la jeune-femme se retrouva face au lac. Sa surface était calme, presque lisse, aucune onde ne venait troubler cette tranquillité. Elle en fit à moitié le tour et s’installa sur un banc en pierres sous un saule. Les branches s’épanouissaient et elles frôlaient encore le sol, le rideau de verdure masquant ainsi sa présence. Le dos appuyé contre le tronc, elle s’installa en tailleur sur la surface dure et froide. Un coup de vent fit danser l’arbre en même temps que son indomptable chevelure. Elle ne tarda pas à passer sa main dedans, les rejetant en arrière. Elle était arrivée en avance, son totem – cette montre en collier qui ne la quittait jamais – lui indiquait encore cinq minutes d’attente. Il serait pile à l’heure, elle le savait par avance. Joshua serait là, comme toujours.
Ils se connaissaient depuis longtemps, depuis leur arrivée au sein du pensionnat. Même classe, même âge. Plus accessible que la jeune-femme, il était parvenu à se rapprocher d’elle, et pour elle, il était devenu un pilier du quotidien. Ils se connaissaient bien, beaucoup même. Ils étaient amis, et il n’y avait rien à redire sur leur complicité. A la fin de la quatrième année, elle avait passé quelques jours en vacances chez lui, rencontrant ses parents et son environnement. L’année suivante, elle l’avait amené en Irlande, dans cette vieille bâtisse qu’avait retapé son père et dont elle avait hérité, et qui était son lieu à elle, son jardin secret comme dirait l’autre. Ils respectaient tous les deux l’intimité de l’autre, en tout ayant parfaitement conscience de ce qui se passait dans la vie de l’autre. Avec lui, Selina n’essayait pas de se canaliser, elle se montrait franche et familière. Quant à lui, il se livrait plus facilement et n’était pas avare en taquineries. Leur amitié restait aussi singulière. Ils avaient chacun été la première fois de l’autre. Tendresse et confiance. Il n’était pas question d’amour, mais de quelque chose s’inscrivant dans la durée, qui traversait les années, les changements, les échecs, les résolutions, les relations. Par la même, ce que les personnes autour d’eux prenaient comme de l’ambiguïté, n’était en fait que le résultat d’un lien profond, sans frontières aucune. Dans dix ans, et malgré le temps, la vie et leurs aléas, ils seront encore liés l’un à l’autre. Ils n’étaient pas d’accord sur tout et n’aspiraient pas aux mêmes choses, mais ils restaient là pour l’autre, se tempérant chacun à leur tour. Leur évolution propre ne changeait rien à cela. Si dans le domaine amoureux, Joshua se stabilisait petit à petit avec Leanne, Selina elle, continuait de se complaire dans les relations chaotiques, auxquelles généralement, elle coupait court. Son ami lui avait dit un jour qu’elle semblait toujours attendre quelque chose, comme si elle attendait un déclic pour quitter ce masque de froideur et laisser ce goût du contrôle absolu au placard. Elle marchait sur un fil, attendant de trébucher, sans se préoccuper du point d’arrivée. Joshua lui avait dit doucement que c’était triste, elle lui avait répondu qu’elle ne comprenait pas. C’était pourtant bien le cas, mais tous deux firent semblant de passer outre. Ils avaient chacun leurs failles, même si le jeune-homme était plus enclin à vivre avec les siennes. Finalement, s’ils avançaient chacun à leur propre rythme, à leur manière, aucun d’eux ne manquait jamais de se retourner pour savoir où se trouvaient l’autre. C’était ça, l’essence même de leur relation.
A 19h30 précise, Selina se redressa légèrement et plongea ses yeux orageux dans l’étendue bleue qui lui faisait face. Un mois s’était écoulé depuis leur dernier rendez-vous, où habituellement ils faisaient le point sur eux-mêmes et sur ce qui se déroulait à l’internat. Il lui sembla entendra quelqu’un, un pas familier qui frappait l’herbe du pied. Un sourire.
Sujet: Re: amicalement tienne. Mar 29 Nov 2016 - 11:01
L’atmosphère étrange de l’automne régnait sur l’île, nous baignions dans une aura orangée qui n’avait de chaleureuse que les couleurs. Je n’étais pas de nature frileuse, un simple pull fin et noir me suffisait amplement pour affronter les douces brises automnales. J’avais rendez-vous, pas n’importe lequel, un de ses rendez-vous qui me tardait d’avoir, une de ces personnes dont l’idée de les voir me rendait inhabituellement impatient et joyeux, limite nerveux. Malgré toutes ces années elle avait toujours cette emprise sur moi, une sorte d’attirance magnétique aux frontières bien définies. Le son de mes bottines écrasants les rares feuilles mortes me soutirait un sourire, je me revoyais gosse écrasant toutes les feuilles sèches passant dans mon champ de vision. Le campus était désert, à cette heure-ci, les étudiants étaient soit en train de manger, soit blotti au chaud devant une série. Je n’aimais pas arriver en retard, en général, je viens à l’avance, mais avec elle c’est différent, il fallait que j’arrive pile à l’heure. Tout est calculé, il me restait huit minutes de marche jusqu’au lac puis cinq minutes pour la rejoindre. Je savais déjà où elle s’était posée. Certaines habitudes restent.
Quand on nous connait, on peinerait à penser que c’est moi qui ai fait le premier pas vers elle. Elle avait ce petit truc qui la distinguait des autres, cette petite chose en elle qui m’a poussé à aller vers elle afin de provoquer le destin. Chose que je ne pense pas avoir refait avec quelqu’un d’autre. Et je n’ai jamais regretté cette décision, Selina, a été la responsable, de beaucoup de mes premières fois, elle m’a poussé à sortir de ma zone de confort de nombreuses fois. Je chéris nos instants vécus ensemble, bien que tout n’ait pas été toujours rose entre nous, il n’y a rien que je regrette. Elle doit être la seule amie que j’ai emmenée chez moi avant Leann, soit 7 ans après elle. Je ne sais pas pourquoi mais avec Selina, j’avais cette impression de sécurité, je pouvais être moi-même sans avoir peur d’être mal perçu, je pouvais me mettre à nu sans avoir peur d’être vulnérable, car je savais pertinemment qu’elle n’est que bienveillance envers moi. Le lien qui nous unit, nous paraît simple, pur et unique, mais pour les autres c’était chaotique, risqué, et bien trop ambigu pour être sain. Il était 19h29, j’étais proche de notre arbre. Discrètement, je me glissais, entre les feuillages du saule, pas besoin de regarder l’heure, à 30 précises elle se retourna et plongea son regard dans le mien. Nous nous n’étions pas vu depuis bien trop longtemps. Je ne pouvais m’empêcher de sourire comme un gosse. Impossible de rester sérieux avec elle. Je me pose à ses côtés, la prenant dans mes bras. « A tes côtés ? Jamais aussi bien. » je ferme les yeux, relève le menton, avant de perdre mon sourire, tel un enfant, les traits exagérés, prêt à lâcher une remarque avec un fond de reproche. « On ne s’est pas vu depuis bien trop longtemps. Ce n’est pas moi qui peux me téléporter… »
J’ouvre un œil vers elle, je la regarde en coin, guettant sa réaction. « Et toi alors ? Est-ce que cette discrétion cache quelque chose de plus profond ? » l’air suspicieux, je hausse un sourcil. Je la taquinais même si dans le fond, je m’inquiétais toujours un peu pour elle. « Que me racontes-tu de beau depuis la fin de l’été ? »
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Sujet: Re: amicalement tienne. Ven 2 Déc 2016 - 17:29
▲▼ AMICALEMENT TIENNE.
Son étreinte était chaleureuse et sincère. Il était le seul à se montrer tendre avec elle. Un des rares à penser que même elle, capricieux et changeant chat sauvage, avait parfois – sans le demander de vive voix – besoin d'une caresse. Elle ne le repoussa pas, souriant à ses propos. Il semblait toujours être heureux de la voir et portait sur elle un regard bienveillant. Elle se recula un peu et lui répondit posément, quoiqu'un peu amusée aussi :
« C'est peut-être moi qui peut me téléporter, mais c'est toi qui a un emploi du temps de ministre. »
C'était de bonne guerre. Tous deux se voyaient moins. Si jusqu'à récemment, ils avaient l'habitude d'avancer au même rythme, les choses étaient désormais différentes. Ils empruntaient chacun un autre chemin. Joshua était parvenu à ses yeux, à sortir sa tête hors de l'eau. Dans son cas, et en toute conscience, elle avait encore bien du mal à se hisser à la surface. Leur amitié persistait mais leurs cœurs s'éloignaient. Ils grandissaient tout simplement. Enfin, les décisions qu'ils prenaient, chacun de leurs côtés, n'étaient pas les mêmes. A ses pensées, son regard se fit plus doux. Leur lien se devait de rester intact malgré tout.
« Rien de bien nouveau dans mon univers. » Lui dit-elle en rejetant en arrière les mèches qui lui barraient le visage. « Quelques changements subtiles peut-être, mais rien qui ne vaille encore la peine de mettre des mots dessus. » Elle ne désirait pas lui cacher quoique ce soit. Mais qu'il s'agisse de sa rencontre avec Terrence, de son envie de rejoindre les S, ou encore ce qu'elle avait compris après avoir coupé les ponts avec Duncan, tout cela n'était pas encore assez clair dans sa tête pour qu'elle puisse en parler avec lui. De plus, il s'inquiéterait tout de suite et elle préférait garder ça pour elle pour le moment. Autant pour lui que pour elle.
Sujet: Re: amicalement tienne. Mer 14 Déc 2016 - 17:28
Elle était souriante et semblait relativement enjouée quant à mon engouement. C’était un fait, nous nous voyions de moins en moins, ce qui me faisait mal au cœur dans un sens, mais nous savions que cet éloignement physique n’impliquait en rien une érosion de ce qu’on ressentait pour l’un pour l’autre. C’était sûrement pour ça que je ne m’inquiétais pas de la voir de moins en moins bien que ça m’emmerdait profondément. « Pour toi j’annulerai tous les meetings du monde. » je pouffais, les yeux fermés, le menton relevé, tout sourire. On avançait à notre manière, j’ai su rebondir assez rapidement après la psychose de Nova, j’en ai même su tirer un bénéfice. Quant à elle… Je m’inquiétais énormément, mais je faisais de mon mieux pour faire mine de rien, elle s’ouvrira à moi quand elle s’en sentira prête. Elle répondit à mes questions, elle ne semblait pas incline à partager d’avantage, mon sourire s’effaçait discrètement. Quelques changements hein… « … pour le moment. » complétais-je. Je savais qu’il se tramait pas mal de chose de son côté, bien que je n’en ai pas l’air, j’ai les oreilles partout, dans les couloirs, les conversions ne sont pas si discrètes, on y apprend tant… Avec moi, les murs ont littéralement des oreilles. Je n’étais pas friand de ragots mais j’aimais savoir ce qui se tramait autour de moi, ça me permettait de m’adapter et… de mieux comprendre les gens, de réduire ce décalage constant qui me séparait des autres.
Sans le réaliser j’étais perdu dans mes pensées, je fouillais dans ma mémoire des bruits de couloirs pouvant me mettre sur la piste pour deviner ses préoccupations… Mais Selina interrompit ma recherche et m’expulsa de mon palais mental en passant sa main dans mes cheveux. Elle me rassura, et son sourire m’apaisa aussitôt. Puis je relevai un air de malice dans son regard. J’allais passer à la casserole… Et en effet, une fois sa question posée, je soupirais longuement. Ce petit voyage remontait à presque six mois… Il y avait tellement de choses… par où commencer ? « … Coupable… » lâchai-je sur un ton amusé. « Par où commencer ? … hmmm… Je t’ai dit que ma mère, après la Grande Révélation, a pété un câble et a quitté la maison en nous traitant d’aberration ? » je racontais tout ça avec une absence d’émotion qui pouvait choquer, mais c’étaient des faits, ça s’est passé ainsi, rien ne sert de pleurer. Et puis, si je devais exprimer ne serait-ce qu’une émotion quant à cet épisode, ce serait le dégoût. « Elle m’a téléphoné, furieuse que je ne lui ai pas prévenu de ma venue, avant de me traiter de menteur, trait que je tenais de mon père pour la citer. J’ai hésité à l’envoyer chier, mais je lui ai laissé sa chance… sa colère s’estompe lentement mais sûrement… et j’ai pu déduire de notre conversation qu’elle a recommencé à parler avec mon père… » Ethan, mon père, extraverti, souriant et aussi intelligent que bienveillant… « Mais bon je sais que ce n’est pas ce qui t’intéresse le plus n’est-ce pas ? » je la regarde du coin de l’œil, un petit sourire narquois. Elle parlait de Leann forcément. Mais j’avais envie de la faire languir. « Si ça t’intéresse tant que ça… mon père a été approché par les services secrets britannique, il me l’a appris ce weekend-là. » son don le rendait fait pour ce genre de travail… L’analyse vectorielle, ou la lecture de schéma j’ai toujours trouvé ça incroyable… Bien qu’il ait entrepris la lourde tâche de me l’enseigner, je n’arriverai jamais à sa cheville. Selina savait avec quoi rimait longue mission pour mon père, on avait ce rituel étrange de se battre pour se montrer que quoiqu’il arrive, on pouvait se débrouiller l’un sans l’autre… ce weekend là il a failli me briser les côtés en me prenant par surprise… je lâche un rire dans un soupir en repensant à notre affrontement dans le noir au premier étage de notre maison. « Leann hein ? » Après tout, toutes les filles que j’ai pu fréquenter, de près ou de loin, se devaient d’avoir l’approbation Selina, un gage de fiabilité j’imagine ? « Je ne lui ai pas dit que mon père était à la maison… Elle était dans un état de panique absolu quand il a ouvert la porte. Mais bon tu le connais… il l’a rapidement mise à l’aise… Un peu trop même… il lui a montré les photos de notre été… tu fais partie de la famille dans un sens, ta présence est fortement ancrée chez nous… alors forcément… ça a parlé de toi. » je lui souris tendrement, c’était vrai, Selina était une partie intégrante de ma vie, elle fait partie de ce que je suis, de ce que j’étais, de mon histoire, et ça, c’est immuable. « Même que ma mère a confondu Leann avec toi au téléphone, c’est elle qui y a répondu, je dormais… Je te raconte pas sa tête… En même temps ma mère… elle était encore plus paniqué qu’en rencontrant mon père… En plus elle était furieuse après moi… ce qui n’a pas aidé. » je ris en repensant à la scène, sur le coup je ne riais pas, mais avec le recul… c’est vrai que c’était marrant.
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Sujet: Re: amicalement tienne. Dim 18 Déc 2016 - 20:30
▲▼ AMICALEMENT TIENNE.
Selina écoutait attentivement son ami. La situation familiale de ce-dernier s'était dégradée par la seule faute de la mère de Joshua. Elle connaissait les redoutables conséquences de l'intolérance, mais à ses yeux, dans pareille situation, c'était l'égocentrisme maternel qui était la cause de tout. La jeune-femme ne s'était jamais entendue avec la mère du brun. Cela datait de leur première rencontre déjà. Un mélange d'antipathie et de froideur. Néanmoins, elle ne se permettait pas de juger non plus. Il aurait été mal placé d’émettre une opinion connaissant sa propre situation. Son père était mort et elle ne s'en était jamais remise. Ce lien fusionnel ne lui avait pas rendu service mais même en connaissance de tout ça, elle continuait à entretenir le souvenir dans tout ce qu'elle faisait. Il y avait sûrement une part d'idéalisation dans cet était d'esprit mélancolique, mais cela était tel que ça faisait partie du poison qui l'engourdissait et qui la perdait en elle même. Quant à sa propre mère, elle avait refait sa vie et si leurs rapports étaient apaisés, la présence de l'autre était toujours source de douleur. Elles ne savaient pas vivre ensembles, tout simplement. La tendresse était là mais impossible à exprimer. Le temps passant, rien ne changeait et Selina avait fini par se complaire dans cette situation. Certaines choses se devaient de ne pas évoluer. Féline, elle n'était pas très famille en soi.
En revanche, concernant Joshua, les choses étaient différentes. Sa mère avait failli et certains mots ne sont pas excusables. En outre, la rancœur de son ami était plus que justifiée. A l'opposé de cela, il y avait Ethan, ce père aimant et juste. La jeune-femme visualisa dans sa tête, les traits de l'adulte. Le courant était directement passé avec lui. Il l'avait accepté aux côtés de son fils comme une évidence. Il l'avait aussi accueilli chez lui le plus naturellement du monde. Ils avaient d'ailleurs une passion commune, taquiner Joshua et le sortir de sa zone de confort. D'ailleurs quand celui-ci lui annonça qu'Ethan avait été approché par les services secrets britanniques, elle n'en fût pas étonnée. Elle savait le père de Joshua extrêmement doué dans la maîtrise de son pouvoir. De plus, il était plein de ressource. Selina l'appréciait beaucoup et il arrivait encore qu'ils se donnent des nouvelles s'en passer par le brun. Cependant, pour une fois, elle prit l'initiative d'arrondir les angles.
« On a qu'une seule famille tu sais » commença t-elle doucement. « Ta mère est ce qu'elle est. Elle pâtira de ses erreurs un jour, si ce n'est pas déjà le cas. » Elle préférait rester honnête malgré tout. Les paroles faussement réconfortantes et sans fond n'avaient pas leur place entre eux. « Sache prendre du recul. » Elle termina en souriant : « En plus, tu as un père qui déchire et ça, c'est quelque chose qui ne s'invente pas. »
Selina savait que son ami était brillant et qu'il savait faire la part des choses. Néanmoins, elle n'ignorait pas non plus qu'il était sensible et qu'il n'oubliait jamais rien. La discussion sur ce sujet était close, mais qu'il soit capable d'en parler aussi librement était déjà une très bonne chose. Joshua était quelqu'un de fort, quelqu'un croyant à la nature humaine. En cela, ils étaient différents. Mais Selina avait conscience que c'était un atout et que son ami resterait droit en toutes circonstances. C'était maintenant au sujet autrement épineux de la petite-amie d'être abordé.
Elle écouta donc sagement ce nouveau récit. Sans prendre la peine de dissimuler un sourire carnassier, elle se prit à regretter d'avoir loupé ça. Elle s'imagina débarquer chez le père de Joshua pour le dessert. Cette scène fictive la fit rire intérieurement. Aux propos de son camarade, Leann lui paraissait affreusement timide et effacée. Comprenant tout de même la gêne qu'avait pu ressentir la jeune-fille lorsque le dragon de mère de son petit-ami l'avait pris pour elle, elle tacha de se montrer un peu plus compatissante.
« Ça n'a pas du être facile de se retrouver en territoire inconnu » plaida t-elle tranquillement.
Elle ne fit pas de commentaire sur l'album photo ou tout ce qui avait attrait à son ombre planant autour de Joshua et de son environnement. Ce n'était pas la première fois que leur relation apparaissait comme un problème pour la compagne ou le compagnon de l'autre. Elle reconnaissait que sa sensibilité féminine et sa jalousie seraient piquée dans pareille situation. Faire abstraction de leur lien n'était pas chose aisée. De plus, il était de notoriété publique qu'ils étaient sortis ensembles. Compatissante, elle ajouta : « Tomber sur ta mère n'a pas du faciliter les choses non plus. Manquerait plus qu'elle ait croisé ta sangsue de voisine aussi ! » A ses mots, le regard de son meilleur ami fut équivoque. Elle comprit le message et éclata de rire aussitôt. « La pauvre, elle n'aura pas été épargné. » Elle tenta tant bien que mal de reprendre son sérieux, ayant l'impression d'écouter un sketch. Son rire finit par rejoindre celui de Joshua. Il avait joué de malchance.
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Sujet: amicalement tienne. 
Mer 28 Sep 2016 - 14:27
