Idle Worship // [Kelly & Noly]

Idle Worship

kelly ft. nolwen

Oh, it's such a long and awful lonely fall
Down from this pedestal that you keep putting me on
What if I fall on my face?
What if I make a mistake?

Retentis, ô strident carillon, toi qui sonnes si joyeusement l'heure de la libération ! C'est  à ce son un flot d'élèves qui se déverse, minois colorés par l'excitation de retourner vaquer à leurs occupations diverses. L'approche d'examens en terrifie certes plus d'un, mais à cette inquiétude peu voire aucun ne mettront fin; et aujourd'hui encore moins. Les journées de cours qui s'achevaient tôt se faisaient de plus en plus rares, et d'une préciosité incomparable. Qui voudrait s'enfermer à travailler, même les plus studieux des bleus, en cette fin d'après-midi si gracieusement donnée ?

Cahiers sur ses bras empilés, crayons dans ses cheveux attachés, Nolwen franchit le seuil de sa salle sans un regard en arrière, adressant à tout va de simples au-revoirs à ses pairs. Elle ne s'arrête qu'une fois éloignée de la cohue des jeunes qui se bousculent, nullement désireuse d'y rester jusqu'au crépuscule. Elle ne veut pas se trouver coincée dans ce troupeau immobile, à jouer des coudes tandis qu'elle essaie et se faufile. La lenteur de ces gens est inconcevable, insurmontable, et l'hyperactive en elle se sent bouillonner.

Derrière le lourd velours, les fenêtres sont larges, donnant sur la petite cour. Nolwen range ses livres dans son sac, s'installe sur le petit rebord qu'elles abritent, retire ses crayons. Elle autorise son regard à s'aventurer, à se perdre plus loin que ses pensées. La vue du quatrième étage n'est pas exceptionnelle, mais de Prismver elle reste une des plus belles. L'hiver est arrivé, déshabillant les arbres et couvrant le sol de son blanc duvet. Tout est parfait.

Elle n'a pas à attendre bien longtemps avant que tous ne s'en aillent. Leurs rires s'éteignent progressivement au loin, et le silence à petits pas revient. Qu'elle chérit le calme qui l'envahit, sa nervosité qui finalement s'assoupit ! Elle se sait bien étrange, avec ses goûts si contrastés. Douceur et agitation, calme et vigueur. Elle aime ce qui est vivant, mais ses nerfs détestent le bruit constant. Comment aime-t-elle autant sortir, s'amuser et faire la fête, observer l'animation qui règne dans la ville, quand c'est le vide dans sa tête ?

Elle ne sait pas, elle ne sait rien, elle ne sait pas pourquoi elle reste là. Il y a bien Kelly, qui lui a donné rendez-vous, dont elle attend patiemment l'arrivée. Elle a bien vu son message, et évidemment qu'elle va l'aider.
Il a dit qu'il voulait lui parler, qu'en ses bons conseils toujours il croyait. Et pour n'importe qui elle le ferait, sur-le-champ elle répondrait. Mais Kelly, avec son adorable regard et ses fleurs, sur son visage les secrets de son coeur, c'est pour elle trop fouillis. Et elle s'est vue hésiter, envisager prétextes et excuses pour l'éviter. Elle ne se ment pas, elle tient à ce bout de chou, à le protéger. Mais c'est si compliqué, si lourd comme fardeau à porter, de lire cette reconnaissance dans ses yeux, cette sorte d'admiration qu'il ne devrait réserver qu'aux cieux. Elle n'en est pas digne, avec ses erreurs et ses secrets. Elle ne devrait pas en mériter.

Mais elle ne sait pas comment lui expliquer, sans jamais le blesser. C'est un masque d'indifférence que sa lâcheté revêt, futils espoirs de l'épargner envolés. Kelly n'abandonnera pas, aveuglé par son respect, et son coeur à elle a déjà perdu, ensorcelé par l'attachement qu'elle porte à cet enfant.
Alors comment s'en dépêtrer ?

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