Welcome to the jam [ft. Othello]

Il n'aurait refusé ça pour rien au monde. Tes défis, Owain, avaient à chaque fois ce quelque chose d'amusant, cette lueur qui l'animait. Parce qu'à chaque fois il était certain de gagner, même si ça n'était pas toujours vrai. Othello chaud comme la braise qui t'adresse un regard entendu, presque meurtrier tant l'impatience le tiraille et il a envie, tellement, tellement envie de jouer contre toi. De jouer tout court, faire un millier de paniers s'il le faut avant d'être épuisé. Il l'avait déjà fait, plusieurs fois. Pas avec toi mais lorsqu'il était seul après l'entraînement le soir, où qu'il ne voulait pas aller dormir. Othello qui a toujours eu peur d'aller dormir, s'améliorer pour compenser c'était plutôt bien, non ?

Ça expliquait ce magnifique panier à trois points.
Le sixième d'affilé, sans toucher l'arceau ni le panneau au-dessus.

Incroyable.

Un rire clair qui s'échappe et les moqueries sortent naturellement, tout autant que les tiennes à vrai dire et bon sang ce que ça faisait du bien. Othello qui se vante d'être le meilleur point guard du continent, Othello qui ricane à tes échecs, raille tes réussites mais dont l'esquisse plus fière que jamais ne quittait les lèvres. La compétition avec toi avait toujours ce quelque chose de palpitant, ce quelque chose qu'il adorait. Parce que malgré tout vous restiez amis, pas de jalousie, pas de rancœur, juste une dizaine de provocations à la minute dans les deux camps. Et les échanges s'enchaînent par vingtaine, les minutes s’égrènent, dépassent les heures.

Inspiration délicate, il a les yeux qui se ferment et la concentration qui grandit. Pourtant t'es toujours là pour l'empêcher d'aller plus loin, ce que tu pouvais être frustrant. Le diable étire l'esquisse, malicieux, consciencieux, sans réponse le geste s'allonge et le ballon quitte les doigts. Il vole si haut, une cloche parfaite.

Ah, roule sur l'arceau.
Mais tombe au centre finalement, encore une réussite.

Les épaules qui se haussent exagérément, une évidence Owain.

— Bien sûr que je suis beau gosse.

Flemme de courir après la balle, il en reprend une autre dans le casier juste à côté pour te la lancer fluidement.

— T'es pas mal non plus dans ton genre, tu sais.
Mais t'as encore des progrès à faire... et il rit seul de ses pensées un peu nulles avant de porter son attention sur le ballon dans tes mains.

— Si tu loupes les 3 prochains tu m'paies à manger. J'ai un estomac énorme par contre, alors nourri-moi bien.

Oh tu vas les perdre pas vrai ?
Et sans tricher, c'est ce qu'il te laisse sous-entendre, le regard avide et pesant.

hrp | Oui. jetem pardon pour l'attente fhgj,k

— John Cena t'es sérieux ? Ah oui, vraiment sérieux. Je savais pas tes goûts si bas mec, tu baisses pas mal dans mon estime là.

Et c'est qu'il avait l'air sacrément désolé de te l'annoncer en plus de ça, avant, bien entendu, de rire à nouveau. Comme un con parce qu'il n'a pas pour habitude de renier ce qu'il est, mais il se moque gentiment Othello, toujours gentiment quand ça te concerne. Bon, ça devient beaucoup moins sympa à l'instant où tu loupes ton premier panier. Bah alors, t'y tiens vraiment à m'payer le repas en fait hahaha ! Dit entre deux tapes dans le dos. Pas trop fortes bien sûr, mais tout est évidemment dans le but de te déconcentrer encore. Ou peut-être pas, ça avait l'air beaucoup trop naturel cette fois-ci. Malheureusement pour son estomac, tu réussis ton second tir, et c'est à ton tour certainement de te foutre de sa gueule exagérément décomposée. Les bras au ciel (ou disons plutôt au plafond), les jambes qui flanchent pour se retrouver à genoux sur le parquet, il mime quelques pleurs avant de finalement terminer en fou-rire, incapable d'être si dégoûté si longtemps.

De toutes façons il finira par avoir son repas.
Vous n'en aviez pas encore terminé, pas vrai ?

Un ballon que tu lances dans ses mains une fois redressé, et les règles tombent, le niveau monte d'un cran.

— Ohoo... Voilà qui devient intéressant.

T'es un petit malin Owain, parce qu'il sait à quel point tu peux être doué dans ton rôle de défenseur. Pas plus que lui mais bon... À en juger son sourire mauvais, y avait de quoi s'inquiéter. Un oeil à l'horloge murale, à peine la minute passe-t-elle à la suivante qu'il se lance à l'assaut du panier espérant marquer en moins de soixante secondes de match, un record qu'il rêverait de réaliser. Mais t'es un peu chiant alors tu le colles et tu le laisse pas faire. Ça l'agace, les sourcils se froncent, et il se concentre. Il se concentre si fort parce que c'est une compétition. Un duel.

Et Othello est un très mauvais perdant.
Vraiment.

Nouvelle tentative avortée dans l’œuf. Il recule, tente de contourner, ça marche pas non plus. Et feinter pour l'instant serait bien trop dangereux, t'es trop près.

hrp | ;;

C'était censé être pour rigoler, à la base, un simple défit comme vous en aviez sans doute fait -parce qu'il avait arrêté de compter au centième- des milliers. C'était pour passer le temps, pour s'amuser, simplement dans le but d'être avec toi, là, tranquillement tu sais ? Si tu lui demandais, je crois qu'il serait incapable de te dire comment ça a pu devenir si sérieux. Sans aucun doute il rigolerait, une main derrière la tête en mettant ça sur le dos de sa compétitivité -un peu trop grande faut l'avouer. Pour Othello tout est prétexte à évoluer, ce sont des choses qu'il ne dit pas mais il le ressent intensément dans chaque geste, dans chaque souffle, chaque respiration. Rien ne reste figé dans le temps, à part les images qu'il encre, et c'est bien pour ça qu'il le fait d'ailleurs, sur le papier grâce à son appareil photo. C'est pour ça qu'il te pousse Owain, qu'il te tire, qu'il te bouscule. Parce qu'il avance si vite mais il refuse de te laisser derrière, tu le mérites pas. Tu es quelqu'un de bien, Owain.

C'est pour ça qu'il est là avec toi.
3 minutes.

Toujours rien. Aaah, ça l'énerve si fort qu'il en a le visage tout crispé, mais dans son regard elle y est toujours cette envie de gagner, de tout son corps s'émane ce besoin de se surpasser. Alors il se recule encore, dribble à gauche, à droite, tente de te contourner et il danserait presque devant toi pour qu'un peu il y ait de la musique dans l'air. Les secondes qui s’égrènent alors qu'enfin il te passe. Plus que 2 minutes et à nouveau tu le bloques mais c'est pas grave il tire quand même. Et il se loupe royalement en allant récupérer la balle, de justesse avant que tu ne la touches toi.

1 minute.
Et il a réalisé peu avant la fin qu'en réalité ce défit était pas du tout équitable, qu'hormis son évidente et écrasante supériorité (sans oublier l’ego surdimensionné qui va avec), il a toujours eu 80% contre 20. Mais il y fait pas attention, parce que c'est toi qui l'a décidé alors c'est à toi d'assumer. Il dira rien. D'ailleurs il dit rien quand à nouveau il tire et que cette fois la balle passe l'arceau. 46 secondes avant la fin, il a gagné et c'est un sourire qu'il t'adresse, fier pour te chercher, provoquer ce qu'il cherche à te faire sortir depuis si longtemps -autre chose que du dégoût, sans savoir si il y était parvenu. Parce que fier il ne l'était plus particulièrement, maintenant qu'il avait remarqué. Pour cette fois il ferait semblant, valait mieux ne pas trop creuser pour l'instant.

— T'auras l'droit de poser avec moi quand j'serai champion du monde mec, t'inquiète.

La sueur au corps il se laisse tomber sur le sol, souffle lentement tout en s'étirant.

hrp | désolée pour l'attente jtm fort fort fort ;;