Does anybody need to chill out? [PV. Kamyl]

Putain d'habitude de merde. Kamyl fait partie de ces gens qui se fichent de beaucoup de choses. Presque tout. Mais il y a un détail sur lequel il est intransigeant. Il est incapable de porter un caleçon sale. Même s'il n'aime pas se doucher, qu'une fois qu'il est sous l'eau, il y reste des plombes, son caleçon doit toujours être propre. Et parce qu'il a trop traîné, ce matin quand il a ouvert son placard, Kam a eu la mauvaise surprise de voir son tiroir à sous-vêtement vide. Putain. Il n'y a qu'à lui que ce genre de chose arrive.

Ce constat l'oblige donc à changer quelque peu ses plans. Mettant en première ligne, le ramassage des fringues sales qui traînent par terre, n'oubliant rien sous le lit comme 90% du temps. Ce qui fait qu'il n'a presque jamais une paire de chaussettes complète. Une fois ceci fait, il faut qu'il mette la main sur la corbeille qu'il ne trouve jamais. Débattre avec deux ou trois de ses colocataires pour trouver la caisse à linge en question. Puis quand tous ces détails sont réglés, se rendre à la laverie. Quelle perte de temps.

Mettre son linge dans une machine. La lessive. Programmer la machine. Ne perdre aucune chaussette en chemin. La routine. Puis parce qu'il sait pertinemment que personne ne viendra lui piquer son linge sale, il se casse. Histoire de se persuader qu'il a des choses plus intelligente à faire que de regarder ses habits tourner dans le lave-linge.

Devant l'échec cuisant de sa tentative, il va juste vider sa vessie dans les toilettes les plus proches. Ces derniers lui laissant un très mauvais souvenir, il préfère ne pas s'attarder. Putain de lézard. Ne sachant trop quoi faire, il finit par se faire à l'idée qu'il va encore regarder la machine à laver droit dans les yeux. À attendre que le temps passe. La prochaine fois, il emmène un bouquin. Une résolution qu'il ne devrait pas avoir trop de mal à tenir. S'il n'oublie pas avant.

Quelle ne fut pas sa surprise en voyant qu'en revenant, la laverie n'était plus si vide. La silhouette de dos lui semblait même vaguement familière. La chance devait être avec lui, parce que c'est un vaguement familière positif. Devant lui se tenait Beryll dans toute sa splendeur. « Tu devrais savoir que c'est pas ici que tu trouves un bon truc à boire. » Son frigo par contre est un meilleur plan. Quand il pense à le remplir. Pas très souvent donc. « Salut mec. » Le plus jeune passe sur le 'la forme ?' suivit du 'quoi de beau ?'. Parce que franchement, qu'est-ce qu'il y a de beau dans une putain de laverie ? De plus, mater le linge des autres n'est pas toujours un bon plan. Kamyl a déjà essayé. « Il devrait installer un baby-foot ou un flipper ici. Même une table de ping-pong j'prends. Tournoi tous les week-ends à la laverie. J'suis sûr qu'ça f'rait un carton. » Se faire chier étant le sport national du coin, ça ne pourrait qu'occuper le peuple. « J'suis sûr que j'te bats au baby-foot. » S'il ne l'avait pas dite celle-là...

L'autre s'apprête à fumer. Il fume souvent. Pas que ça dérange Kamyl. Mais il a déjà pu le remarquer. C'est presque bizarre à voir. Kam n'a jamais vraiment compris comment les gens fumaient. La fois où il a essayé, il s'est carrément étouffé. C'est dégueulasse en plus. Le goût est affreux. Lui qui est déjà bien compliqué, ça n'aide pas. Néanmoins, la fumée de cigarette ne le dérange pas. Tant que ça ne pue pas le tabac froid, tout va bien. Voir Beryll rire, ce n'est pas nouveau non plus. Avec toute logique, la réponse à la provocation ne devrait d'ailleurs pas tarder. Voilà, qu'est-ce qu'il disait... « Ta gueule. » Ce n'est pas dit méchamment. « J'te bats où tu veux, quand tu veux ! » Forcément que ça allait repartir là-dessus. Il préfère faire abstraction de ce surnom qui, bien qu'il lui aille à la perfection, sonne très enfantin. Il a une tête à ressembler à un mioche ?

Beryll fuit vers l'extérieur. Probablement pour sa consommation de tabac quotidienne. Kamyl en profite pour jeter un œil à sa si précieuse lessive. Quelle plaie. Le jour où la machine à laver aura un programme rapide qui soit vraiment rapide, le brun sabrera le champagne. Il en a carrément marre de devoir attendre ici. Après avoir constaté que ce n'est pas encore pour tout de suite que son linge sera prêt, Kam se décida à rejoindre son ami dehors. Le mouvement de Beryll vers sa poche l'intrigue vaguement. « T'as trouvé un trésor ? » Le brun fait un vague mouvement de la tête vers l'objet en question. Peut-être des pièces sous le distributeur de tout à l'heure. Ça lui arrivait de faire ça avant d'arriver ici. Gratter avec sa règle pour trouver un ou deux sous. Même si la plupart du temps, il ne récoltait que des moutons de poussière... Quelle tragédie.

Plutôt que de s'adosser à côté de son aîné, Kamyl préfère shooter dans une pauvre canette qui traîne par terre. Celle de Beryll ? Bof. De toute façon, il s'en fiche carrément. Ce n'est pas lui qui ira faire un sermon sur le ramassage des ordures, etc. etc. Par contre, il commence à jongler avec cette dernière. À défaut d'avoir une occupation à disposition, il fait avec les moyens du bord. « Un match, ça t'dit ? » Ouais, du foot, devant la laverie, avec une putain de canette. On se croirait au bled.

Devant la fiole Kamyl est perplexe. Soit. Pour autant, il ne fait que hausser les épaules. Quoiqu’il arrive, il n’y touchera pas non plus. Quand bien même Beryll lui aurait proposé de la tester ‘pour voir’. Mais ce n’est pas le cas. La question ne se pose donc pas. Terminé bonsoir.

Se faire voler la canette de cette manière, c’est beau. Ce qui montre que Kam ne ressemble pas du tout à un joueur professionnel de football. En revanche, le sourire narquois le pousse au défi. Il ne se laissera pas faire. Les règles sont simples et lui conviennent. « Vendu. » Le brun s’apprête à défendre cette cage de but vu que son camarade possède la balle. Pourtant, ce dernier ne voit pas les choses de la même façon. Il jongle avant de laisser la balle au centre. Bien. Ce sera donc à celui qui la chope le premier. Kam ne perd pas de temps et s’empare de la canette. Le geste aurait pu aboutir à un beau but, s’il ne se faisait pas voler la balle au dernier moment.

Le bruit est métallique. Preuve en est que Beryll marque le premier point. La petite pique fait grogner le plus jeune. Néanmoins, il ne se laisse pas démonter. Repart à l’attaque. Court. Vite. Canette au pied. Se rapproche de l’entrée. Évite son camarade. Du moins, essaie. Il y arrive. Il s’apprête à tirer quand l’ombre de Beryll lui fait changer son mouvement pour reculer. Merde. Il aurait dû foncer. Fronçant les sourcils, il repart à la charge et tire. Advienne que pourra.

Échec. La canette heurte le chambranle de la porte. « Fait chier. » Mais ça se joue en quatre points et non quatre tentatives. Donc rien n’est joué. La balle au centre.