You're The One That I Want | Mila

Tu ne t'es même pas rendue compte, avant de déranger ta camarade, que cette dernière a changé d'activité. Peut-être qu'elle va se replonger dans son livre ? À la base, c'est probablement pour ça qu'elle est venue d'ailleurs. Et tu vas ne faire que de l'ennuyer. Surtout qu'elle a l'air profondément passionnée par... les maths. Quelle horreur. Ton toi intérieur s'horrifie de cette découverte.

Le commentaire qu'elle fait sur toi te rassure. Aider son prochain n'est pas l'adage de tout le monde. Et tu as bien du mal à réclamer quand tu en as besoin si tu ne connais pas la personne. Mais n'empêche... Tu ne vois pas en quoi, c'est distrayant. Toi-même, tu le ferais sûrement de bon cœur. Mais ce n'est pas pour autant que l'activité te divertirait. Il ne faut pas non plus que la personne en face te fasse peur. Si tu n'es pas à l'aise, tu n'as aucune chance d'être efficace, ni même utile.

Tu sautes presque de joie quand tu entends que Mila t'autorise à t'arrêter là. Enfin, ce ne sont pas ses mots. Elle t'autorise à prendre une pause. Sous-entendant que tu devras t'y remettre à un moment ou un autre. Tu prends néanmoins compte du conseil avisé qu'elle te donne. Même si tu n'aimes pas lire tes cours le soir. Il va falloir que tu changes un peu tes habitudes Charlotte. Tu ne t'en sortiras jamais sinon.

Tu pouffes à la fin de sa tirade. « Non, tu n'as effectivement pas cette autorité. Mais je t'écouterai quand même. » Tu lui offres un timide sourire. Tu l'apprécies bien cette demoiselle si similaire à toi et pourtant tellement différente. À sa dernière question, tu prends le temps de réfléchir. « Mh... » Tu as probablement des trucs chiants à faire dans ton cabanon. Comme du rangement. Sauf que la motivation n'est clairement pas présente pour ce genre d'activité. « Non, j'ai rien de prévu. » Même si tu aimerais bien apprendre à faire des motifs licornes sur tes ongles. Comme les modèles que tu as dénichés sur internet. « On peut continuer à discuter si tu as fini également. » Indiquant d'un timide mouvement de la main le livre de mathématiques près de Mila. Après ce qui te semble être une approbation, tu lâches la bête. Effacé la timidité, place à ton plus grand défaut. Ta curiosité ne supportera pas plus longtemps de rester dans l'ignorance. « Tu es originaire d'où ? » Parce qu'elle a un joli prénom, mais tu ne sais pas du tout d'où ça peut venir. De plus, Prismver est un rassemblement de nationalités et de cultures différentes. C'est chouette à découvrir. « Tu connaissais les pouvoirs avant de venir ? » Il doit bien y avoir d'autres personnes qui ont été surprises d'apprendre l'existence des monomaegias. Surtout d'en être.

Naples !? Mais c'est une super belle ville ça. T'es sûre de toi. T'en as déjà entendu parlé et... tu ne sais plus où. Peut-être dans un de ces reportages que ton père regarde le dimanche... En plus, c'est vers la mer ? Ça doit être trop bien. La plage, le sable, les coquillages et les constructions de château-fort dans le sable. L'invasion de l'ennemi quand une vague vient détruire la fortification. Tu rêves éveillée. Tu n'as jamais été en vacances à la mer... Cependant, tu n'es pas envieuse à ce point Charlotte, tu sais faire la part des choses. « Han ! T'es italienne ? Mais c'est trop beau comme langue ça ! Et l'Italie, c'est juste à côté de chez moi ! » Enfin, tout est relatif Charlotte. Chez toi, ce n'est pas toute la Suisse non plus. Mais quand tu commences à côtoyer toutes les nationalités, l'Italie est vraiment très proche de ton pays. Le fait que ta camarade habite le pays voisin du tien, c'est vachement cool. Tu aimes l'idée. « Bon par contre, je connais pas du tout ta ville... » Tu ne peux pas être parfaite non plus. Surtout, que tu es déjà nulle en géographie suisse avec tous les cantons alors celle des autres pays, c'est inenvisageable. Il ne faut pas trop t'en demander sur le sujet. « J'viens de Suisse moi. Bon pas celle qui parle l'italien du coup... Ni celle qui parle allemand. Mais j'habite pas loin de Fribourg, si tu vois où c'est. » Autant donner le nom de la ville la plus proche. Parce que le nom de tes petits patelins, c'est du chinois pour les autres. Tu vas éviter d'en donner plusieurs d'ailleurs. Tu n'as pas vraiment envie de justifier plusieurs lieux d'habitation ni de parler de tes parents divorcés. Ce n'est jamais un sujet évident pour toi. De plus, Mila n'a pas parlé des siens. Autant ne pas amener le sujet du tout.

Ta langue se délie facilement. Il faut avouer que tu es nettement plus intéressée par Mila et sa vie que par tes exercices de bio. Saleté d'exo. Tu préfères t'émerveiller en imaginant la maison de ta camarade. Tu la vois comme une maison traditionnelle dans un quartier piéton où tu vois très bien une grand-mère passer sa journée dans la rue à entretenir un parterre de fleurs. Un sourire rêveur fleurit sur tes lèvres. Ça doit être bien de vivre dans un tel endroit.

Quand la demoiselle te fait part de son don, tu crois rêver. Ce n'est pas possible. Vous avez le même don ! C'est génial ! Tu ne peux empêcher ton sourire de s'agrandir avant de t'empresser de répondre. « Moi aussi, je peux contrôler le temps ! C'est trop bien ! C'est une rencontre du destin ça. » Et tu y crois. Vraiment. Et ça te rend tellement euphorique. « Enfin, j'ai du mal avec la météo du coup, mais ce sont les aléas du pouvoir... » Mais ça, elle doit l'avoir aussi. « Du coup, j'me demande, si on essaie toutes les deux de faire un temps différent, lequel serait effectif... » Probablement celui de Mila vu que tu n'as aucun contrôle. Ce test sera pour plus tard. Dans longtemps. Très longtemps.

Tu ne te vexes absolument pas de la méconnaissance de Mila. Après tout, toi-même, tu n'es pas plus calée en géographie. Chacun ses points forts, cette matière est clairement un point faible pour toi. Que ce soit celui de Mila, ce serait une forte coïncidence. Amusant.

Avec l'explication de la rousse, tu comprends ton erreur. Tes lèvres forment un 'O' parfait. « Oh ! Je pensais... Vu que j'ai... Enfin, c'est pas grave. » Tu te sens un peu conne de t'être emportée pour un point commun que vous n'avez finalement pas... Cependant, ta déception est de courte durée. Tu restes fortement intriguée par son temps à elle. « Comme le tic-tac d'une horloge ? » Cette fois, tu veux être sûre de ne pas être à côté de la plaque. Et tu penses déjà à quel point ça pourrait être amusant de faire chanter plus souvent le Coucou Suisse. Même si des fois, il t'énerve un peu.

Face à la proposition, t'es totalement enthousiaste. « Ouais, carrément ! » Influer sur la chronologie du temps ça en jette. « Même si je ne peux pas le voir, rien que de savoir que ça s'est passé, c'est déjà en connaître plus que les autres. » Parce qu'eux, ne sauront même pas qu'il y a eu manipulation de l'écoulement du temps. T'es excitée comme une puce là. C'est presque digne d'un film d'espionnage. Où actuellement, tu jouerais le rôle de l'acolyte du personnage principal. Même si ce n'est pas très flatteur, ça te convient parfaitement. « Je vote pour ! »

Par contre, tu deviens admirative quand la miss t'explique qu'elle a les capacités d'aller en A. Tu te sentirais presque stupide toi, avec tes classeurs que tu n'arrives pas à ranger... Stupide, mais pas envieuse. Tu es contente des facilités qu'éprouve la demoiselle.

La remarque suivante te déstabilise elle. Tu ne sais pas si tu dois te vexer ou si c'est juste une approche brute et sincère. Dans le doute, tu vas éviter de créer un nouveau quiproquo. Puis, ça ne ferait que te desservir de mentir. « J'ai des camarades de classe. On ne peut pas vraiment appeler ça des amies. Ni même des copines. » C'est vrai que ta voisine en classe est sympa avec toi. Mais une fois sortie de la salle, c'est terminé et elle retourne à ses activités de D intégrée. Ce que tu n'es pas. « Non... C'est pas mon genre... » Parfois, tu aimerais. Histoire de ne pas être en décalage avec tout le monde. Pour que les autres ne se rendent pas compte que tu n'as pas ta place ici. Que tu es différente. « Je ne sais pas s'il y a une classe où je me sentirais bien... » Peut-être les B ? Ils ont l'air d'être des gens normaux et plutôt neutre. « Je trouve ça bizarre de catégoriser les gens en classe... » Là où tu étais avant, tous les niveaux étaient mélangés. Ça aidait les plus en difficulté comme toi à réussir et ça incitait les autres à aider ces personnes-là. « Tu t'y sens bien toi, dans ta classe ? » Mais si elle a les moyens d'aller en A, elle te dira peut-être que non. « J'veux dire, les gens sont sympas là-bas ? » Si tu dois t'améliorer, tu y atterriras forcément là-bas.

Tu comprenais parfaitement qu'il soit difficile de qualifier autrement son don quand on utilise toujours les mêmes termes. Toi, tu n'es pas capable de réfléchir instantanément à une alternative. Un de tes éternels problèmes, surtout en anglais, que tu ne maîtrises pas du tout.

Écoutant attentivement le point de vue de ta camarade, tu hoches la tête. Peut-être oui que les C t'iraient. Objectivement, tu penses que la mentalité des B est plus proche de la tienne. Néanmoins, ça implique d'être à l'aise en cours et avec ton pouvoir. Ce n'est pas demain la veille que tu y arriveras. Même en priant tous les soirs. Quoiqu'il te serait plus utile de travailler plutôt que de prier. Mais il te semble plus facile de prier. Plus accessible. Pas sûre d'obtenir plus de résultats, mais le principal, c'est d'y croire.

Tu n'envies pas spécialement la position de Mila non plus. Comme toi, elle ne semble pas intégrée dans sa classe. Sauf que les raisons sont tellement différentes. Deux extrémités d'une même situation. Ce qui ne t'empêche pas d'être contente pour elle. « Tant mieux pour toi si tu as cette possibilité. Surtout si c'est ce que tu veux. » Tu as déjà entendu parler de certains élèves qui préfèrent rester dans leur classe plutôt que de changer même s'ils en ont le niveau. Quel gâchis. Toi, tu donnerais tout pour avoir cette chance. Ça voudrait dire que tu serais plus intelligente. Socialement parlant, c'est un plus. T'en es persuadée.

La sollicitude dont faire preuve la miss te touche particulièrement. « Merci. » Elle a l'air de croire en toi. Alors que vous ne vous connaissez même pas. Ce n'est pas pour ce que vous avez parlé cette après-midi que vous pouvez vous targuer de tout connaître sur l'autre. Alors tu es touchée.

Puis, l'Italienne aborda le sujet de la démonstration de son pouvoir. Là, comme une gamine face aux cadeaux emballés dans du papier brillant sous le sapin de noël, tu t'agites avec impatience. Tu as hâte de voir ça. Excitée comme une puce d'avoir une prestation privée. Pourtant, tu ouvres de grands yeux face à la demande de Mila. Regarder la montre oui. La laisser tomber volontairement... « Mais elle va se casser ! » Tu n'as pas pu retenir ta réflexion. Ce serait vraiment dommage d'abîmer un tel objet. Heureusement que ce n'est pas un miroir, sinon vous en auriez pour sept ans de malheur. Pourtant, tu ne l'empêches pas de le faire. Tu es curieuse du résultat tout de même. Alors quand elle te dit qu'elle y va, tu ne fais que hocher la tête. Et quand Mila lâche sa montre à gousset, tu ne la quittes pas des yeux, mais tu ne peux retenir ton reflex de te pencher pour essayer de la rattraper. Tu penses réussir, mais... la montre n'est plus là. Tu clignes des yeux. Plusieurs fois. Avant de regarder tes mains puis celles de Mila alternativement. Plusieurs fois. La montre s'est téléportée ! « Ah ! » Après les maigres explications, tu reviens à toi. « C'est génial ! T'as eu le temps de récupérer la montre avant qu'elle tombe c'est ça ? C'est trop bien. J'ai rien vu. Mais vraiment ! J'imaginais rattraper la montre, limite je l'ai senti et pouf plus rien. » Tu n'y comprends pas grand chose, mais l'émerveillement compense allègrement.

Le changement de sujet te surprend. Genre beaucoup. Enfin, pas qu'elle change, mais... Ton amie ? Une telle déclaration te fait rougir. Tu n'es pas habituée. Tu ne sais pas quoi répondre. Ta timidité t'aurait empêchée de faire une telle demande. Tu relèves la tête que tu n'as pas eue conscience de baisser. Remarquant que Mila aussi rougit. Oh. « Hem... » Tu ne sais pas comment dire ça. Tu es un peu démunie. « Je... » Ta gêne est palpable. « ...Oui. » N'étant pas à l'aise, tu bégayes. « Je veux... b-bien ? » Tu es tellement hésitante, que ta phrase passe pour une question.

Tu l'as sagement écouter. Ne l'interrompant pas. Tu avais en réalité peur que Mila se rétracte après sa demande. Comme si tu vois bégayer lui avait fait changer d'avis. Comme si tout à coup, tu n'étais plus digne de cette amitié. Alors tu attendais presque la sentence. Ça te briserait le cœur d'avoir affaire à un changement d'avis si vite. Cependant, tu sais très bien que tu n'es pas forcément la meilleure amie qu'on puisse avoir. Trop hésitante, trop passive, trop gênée, trop petite, etc. Trop tout. Mais tout dans le négatif.

Alors quand la demoiselle termine, tu t'empresses de confirmer que c'est ce que tu veux aussi. Que t'es juste horriblement gênée par la situation. Que si elle est comme toi, elle doit s'en rendre compte. Pourtant, elle a une facilité à te parler que tu n'as pas encore. Ça veut dire qu'elle doit être sérieuse. « Non non non. Ce n'est... pas trop soudain. Enfin si... Mais... ça ne me dérange pas. » Au contraire, tu es heureuse de t'être fait une amie. Une qui tu espères durera jusqu'à la fin de ta scolarité. « Et je veux vraiment... être ton amie. » Parce que c'est vrai.

Le contact avec ta main te fait sursauter. Tu n'es pas habituée à ça. Pas avec des inconnus. Néanmoins, une petite voix dans ta tête te souffle déjà que Mila n'est plus une inconnue. Tu sais où elle habite, tu sais ce qu'elle aime, tu connais son pouvoir et tu sais qu'elle est fiable. Ce qui est déjà pas mal pour une personne que tu viens de rencontrer. Tu réalises d'ailleurs, que tu en sais plus sur elle que sur toutes les autres filles que tu côtoies. Que ce soient tes camarades de classe ou tes colocataires. Si ça ce n'est pas une preuve. Tu ne dois pas laisser passer ta chance. Tu ne ferais que de le regretter par la suite. Alors tu souris, timidement, mais c'est un sourire quand même. « T'es pas... folle ? » Enfin, ce n'est pas de la mauvaise folie. « Juste passionnée, je dirais. » Tu as aussi des passions qui te font passer pour une folle aux yeux des autres. #licorne et autres joyeusetés.

Tu rougis en songeant à la déclaration qui t'a été faite. C'est la première fois que quelqu'un désire réellement être ton amie. Et non pas juste par convenance. En réalisant ça, tu ne peux empêcher un sourire de fleurir sur ton visage. Un vrai, heureux et sincère. Tu serres un peu la main qui tient la tienne. « T'as pas envie d'aller manger un truc ? » Tu changes complètement de sujet, mais toutes ces émotions t'ont creusé l'appétit. Et Mila t'a avoué aimer les pâtisseries. Tu ne vas pas louper une occasion pour en partager avec elle.