Bonnie & Clyde | Alice

Les vacances ne signifiaient pas retour à la maison cette année. De toute façon, tu ne sais pas si cela aurait vraiment été une bonne idée. C'est vide et triste depuis que ta maman n'est plus là. Et tu n'imagines même pas toute la poussière qui a dû s'y entasser. Puis, ta réelle maison n'est pas à Hof. Elle est là où se trouve South. C'est ça la maison. Tu pourras peut-être aller la voir et faire une soirée en tête-à-tête bientôt. Car même si elle est dans le même pensionnat que toi, elle te manque. La complicité n'est plus la même depuis qu'elle n'est plus Vivian. C'est en pensant à tout ça qu'une furie blonde pénètre dans ton humble demeure pour te tirer de force à l'extérieur. Rapide tel un ninja, t'as tout juste le temps de capter ce qu'il t'arrive. Bien. Sortir. Avec des mots peut-être ? « Bonjour à toi aussi. Ça fait longtemps que je ne t'avais pas vu. » Pourquoi pas, après tout, ça t'empêchera de passer ta soirée, ta nuit plutôt, sur le tchat du pensionnat, à désespérer de ne pas avoir accès à Instagram et de voir que la population qui traîne dessus est légèrement flippante selon les horaires. Ça te permettra de te sociabiliser avec du monde. Ça va surtout te permettre de lâcher prise. Et tu en as besoin.

Alors tu laisses la jolie blonde te guider dans le dédale de la ville et tu ne fais que la suivre. De toute façon, tu ne sais pas où te rendre donc suivre reste la meilleure option. Vérifiant que tes poches contiennent bien le nécessaire pour une bonne soirée. Porte-feuille, clé du bungalow, cigarettes et briquet. Le tout, c'est de ne rien perdre. Ni ce qu'il y a dans tes poches, ni Alice. Surtout pas Alice. Pas après la disparition qu'elle a organisé récemment. Inquiétant pas mal de monde au passage. Dont toi.

La nuit est déjà bien entamée. À tel point qu'il est déjà tard. Ce n'est absolument pas un problème. Tu peux profiter de la fraîcheur de cette dernière. Ce qui n'est rien de moins que très satisfaisant. « Où m'emmènes-tu donc cette nuit ? » Ton expression faciale laisse suggérer un sous-entendu salace. Juste pour la déconne. C'est Alice de toute façon.

Doux mensonge éhonté. Tu passeras outre parce que tu n'es pas là pour jouer les psychologues de comptoir. Alors si Alice te dit qu'elle va mieux, tu la crois et tu passes à autre chose. Tu es sa conscience, pas sa mère.

Son rire résonne dans tes oreilles. Il t'est plaisant à entendre. Un son qui carillonne et qui donne le sourire. Ouais, Alice est de retour. La vraie, la seule. Ce que te prouve sa répartie. « En boîte ? Ça me plaît bien. » Elle ne se retient jamais de boire. Il n'y a pas de demi-mesure avec la blonde. C'est une facette chez elle qui te plaît assez. Tu n'as pas besoin de te retenir non plus. D'être parfait en apparence. Elle ne te juge pas. Pas que tu tiennes vraiment compte du jugement des autres. Cependant, tu es un rempart entre ces derniers et ta sœur. Tu fais donc quand même attention à l'image que tu dégages. « Te surveiller ? Au plus près possible. » Accompagné d'un clin d'œil. Sous-entendant que tu participeras volontiers à la beuverie et que tu ne louperas pas une occasion de te déhancher en rythme avec la musique diffusée. Même si elle ne ressemble pas à ce que tu aimes écouter. Avec un peu d'alcool, tout est prétexte pour bouger. L'immobilité étant un fléau pour tout être alcoolisé.

Entrer dans la boîte ne fut qu'une formalité à passer. Le premier verre est face à toi avant que tu n'atteignes le bar. Rapide la miss. Avec une sacrée descente. Tu n'attends pas plus pour l'imiter. Ça t'arrache la gueule. Mais c'est toujours l'effet du premier verre. Tu sens la progression de l'alcool dans ton œsophage. La brûlure caractéristique de l'alcool qui réchauffe. Dès le premier verre, il y a quelque chose en toi qui se libère. Ce petit rappel à l'ordre qui te souffle que tu ne seras pas bien demain matin, que tu vas galérer à rentrer et que tu vas regretter de boire autant ; il disparaît sans que tu n'en éprouves le moindre regret. Le contact d'une main sur la tienne te sort de ta transe sur la progression de l'alcool dans ton corps. Alice t'indique la piste de danse et sans plus attendre, tu t'empresses de l'y guider. « Vos désirs sont des ordres Ma Dame. » Te faufilant entre les différentes personnes présentent, tu ne lâches pas la main de la blonde avant d'arriver en plein milieu de la foule.

Et là, la musique te met en transe et tu la laisses guider tes mouvements. T'es plutôt bon danseur, mais tu ne te lâches vraiment qu'avec plus d'alcool dans le sang. En revanche, tu gardes un œil sur Alice. Qu'elle ne s'enfuit pas avec le premier mec qui l'aborde. Quitte à paraître possessif. Tu te donnes le droit de l'être à ce stade peu avancé de la fête. Tu lâcheras la bride plus tard. Vous avez le temps.

Danser, c'est s'exposer. Alice ne s'en prive jamais avec cette touche de sensualité qui émane de ses gestes. Et tu vois toujours ce spectacle avec plaisir. Tu croises ses yeux et tu ne peux t'empêcher de sourire. Ce genre de soirée t'a presque manqué. Non, ça t'a carrément manqué. Alors que la blonde flirte déjà, tu ne t'autorises pas à te laisser au jeu de la séduction maintenant. Trop tôt. Pas assez d'alcool. De toute façon, tu ne cherches rien de sérieux dans ce genre de plan. Si tu te mets à chercher l'âme sœur en boîte, tu n'es pas rendu.

Quand après une gorgée d'alcool volée, Alice revient vers toi, tu ne peux t'empêcher de rire en la rattrapant. « T'es déjà éméchée pour te vautrer ? » Le rire qui te parvint à travers la musique répond très bien à ta question. Oui, elle commence. « Au bout du dixième verre faudra que j'te porte ? » Le tout accompagné d'un clin d'œil. C'est déjà arrivé. Mais c'est aussi arrivé que vous soyez tous les deux dans un état misérable. Tellement qu'avancer accroché l'un à l'autre représentait le parcours du combattant.

La demoiselle te lance par la suite sur une chorégraphie improvisée. Pourtant, tu suis. La danse, c'est ton truc. Alors suivre n'est pas si difficile. T'y prends même ton pied. Rentrant dans son jeu, tu ne peux te retenir de répliquer. « Attention tes chevilles, tu vas plus pouvoir bouger ton corps après. » Vous vous charriez, c'est comme ça que ça se passe entre vous. Tu ne vois cependant pas les regards autour de vous. Trop concentré sur les mouvements que t'impose la miss. Avec ton jugement alcoolisé, tu peux affirmer que vous pouvez passer pro tous les deux.

Au bout d'un moment, ton corps réclame une pause. « C'est ma tournée. » Et tu as soif. Le ravitaillement te prend un petit moment. C'est qu'il y a du monde au bar. À tel point que tu perds ton amie dans la foule. Bof, tu n'es pas petit et tu es blond. Elle ne peut pas ne pas te retrouver.

En attendant de revoir la blonde, tu te poses au bar, faisant durer le plus longtemps possible ton verre. Pas que tu sois radin ou que tu ne veuilles pas te prendre une cuite, mais tant que tu ne sais pas ce qu'il en est de ton amie, ta bonne conscience te retient de trop en faire. T'es du genre bon pote en vrai. N'abandonnant pas les personnes avec qui tu viens. Tu mériterais le prix du meilleur pote à emmener en soirée. Pas que tu sois très porté sur le Sam qui reste clean pour ramener tout le monde, mais au moins tu ne perds pas les gens avec qui tu viens. À condition qu'ils ne soient pas trop nombreux non plus. Il ne faut pas trop t'en demander.

Quand une jolie brune t'aborde, tu n'as pas la force ni l'envie de la remballer. La discussion est fluide et tu pourrais presque vouloir la poursuivre. Et plus si affinité. Pourtant, tu captes une grande blonde qui zigzague jusqu'à toi. Tu as retrouvé le colis perdu. Ou plutôt, c'est lui qui t'a trouvé. Elle n'a pas vu que tu n'étais pas seul, mais ce n'est pas grave. Tu prends congé de cette brune en douceur. Tu n'es pas un bougre non plus. Puis tu te tournes vers Alice quand elle se met à rire. « Peur de quoi ? Du grand méchant loup ? » Ce qui n'est pas insensé avec quelques grammes d'alcool.

Toujours dans tes bras, elle te demande, c'est quoi la suite du programme. « Déjà, t'as un verre qui t'attend. » Dis-tu en le lui tendant. Tu lui as promis, tu ne vas pas te défiler maintenant. Et si elle n'en veut pas parce qu'elle a trop bu, tu te feras un plaisir de l'ingurgiter. « Ensuite, j'ai putain d'envie d'une clope. » Mais pour ça t'es obligé de faire un tour dehors. Alors t'aides ta blonde à avancer sans trop se cogner dans les autres. Riant allègrement quand elle bouscule un peu trop fort quelqu'un. Une fois arrivé à destination, tu prends un grand bol d'air. Il fait presque trop frais dehors par rapport à l'intérieur. En ouvrant ton paquet de clopes t'en offre une à la demoiselle. Fumer, c'est partager.

L'entendre glousser à partir d'un certain nombre de verres est monnaie courante pour toi. Ça n'a donc rien de choquant qu'elle le fasse une fois la cigarette en main. Tu profites qu'elle ne bouge pas trop pour la lui allumer. Avant qu'elle ne te brûle par inadvertance. Si elle le fait exprès, c'est qu'il est temps de rentrer. Après ça, tu allumes la tienne et tire une taffe salvatrice. La nicotine est ton moteur en soirée. Autant que l'alcool. Probablement plus que l'alcool en fait. Ça importe peu. Tu compenses en ne touchant pas à ton paquet le reste du temps. Pour toi, c'est le bon deal.

Le surnom pourri qu'elle te sort, attire suffisamment ton attention pour que tu la fixes, l'incitant à continuer. Pas sans une petite vengeance avant. Tu tires une nouvelle taffe, conservant la fumée le plus longtemps possible, tel un drogué en manque, avant de la lui souffler à la figure. Souriant de la tête qu'elle fait. « Dis-moi tout Lili. » Ok, la répartie est tout aussi pourrie que le surnom. Mais, et ça, ça fait tout, ça rime ! Il en faut peut pour être heureux.

Cependant, tu ne t'attendais clairement pas à ça. Tu ne savais pas que ça pouvait l'intéresser. Et parce que tu n'as plus vraiment de filtre entre ton cerveau et ta bouche quand t'as bu, tu le ressors plus ou moins tel quel. « T'es intéressée ? » Petit haussement de sourcils suggestif. Tu flirtes, Tyler. Pourtant, ce n'est que du délire. Enfin, tu crois.

Tu ne peux que rire devant le comportement de gamine d'Alice. Aucune patience. « Dis-moi. » Parce que même si tu ne voulais pas savoir, elle te le dirait. Alors autant l'encourager. En lui souriant. « C'est bien d'être difficile. » Le jeu n'en vaut pas la chandelle quand c'est trop facile. Pour toi en tout cas. Puis ça correspond bien à ton style de nana. Résumable en deux mots. Intelligente et fêtarde. Plus intelligente que fêtarde au passage. Pourtant, ce n'est pas ainsi que tu aimerais le dire. Et sans filtre servant de rempart avant ta bouche, tu préfères t'abstenir. Jusqu'à ce qu'elle n'insiste.

Tu sens que ça va être marrant au moment où une main se fait entreprenante. Invasive. Totalement Alice. Tu ne te trompais pas. Dès qu'elle ouvre la bouche, tu sais ce qu'elle va dire. Ce n'est ni un excès de confiance ni de la prétention. C'est le jeu. La suite logique. Ton sourire s'étire. Et tu l'entends rire encore plus. Elle est belle quand elle rit. C'est un fait. Nettement plus que quand elle se fâche et fait des conneries.

Puis vint le retour de la gamine. C'est fou comme elle passe d'une facette à une autre quand elle a trop d'alcool dans le sang. Mais ce n'est que plus amusant. Si elle retire sa main de ton torse, elle ne se recule pas pour autant. Au contraire, elle avance encore. Réduisant la distance entre vous. Ta clope et largement finit à ce stade. Tes deux mains sont libres. Tu laisses donc la droite jouer avec une mèche de cheveux de ton amie. Tu es tenté de la taquiner en lui disant que tu es raide dingue des brunes aux cheveux courts. Même si ce n'est pas vrai. « Mon type de nana hein.. » Tu repousses encore un peu l'échéance. Jouant avec la patience, ou plutôt l'impatience, de la blonde. Tu laisses le silence s'étirer encore une seconde avant de lui répondre. Enfin. « J'aime les filles qui ont du caractère. » Tu déplaces ta main vers sa joue. Flattant cette dernière d'une caresse légère, tout juste effleurée. « Avec une pointe de sensibilité. » Tu descends ta main vers ses lèvres. « Qui savent ce qu'elles veulent. » Touchant légèrement le dessous de sa lèvre. « Je déteste le rouge à lèvres sur mes chemises. » Tu n'as pas pu t'empêcher de la sortir celle-là. Avec un sourire moqueur, mais surtout amusé. Tu joues Tyler.

Advienne que pourra.