hidden interest // edea

C'est le doux son d'un amusement lointain qui résonne en écho à chacun de mes pas. On pense de moi que je ne suis pas ponctuel et ce n'est pas faux - tout en illustrant le désintérêt que sont les concernés.
Je ne suis à l'heure que lorsque je suis vraiment intéressée, et aujourd'hui, j'ai dix minutes d'avance.

Mon esprit déjà hyperactif semble surchauffer malgré l'absence de pensées parasites ; il ne demeure en ligne de mire qu'un nom et un objectif bien précis - celui d'Edea, la petite sœur de mon centre d'intérêt actuel, Owain.
Je peux sentir le goût sucré des courants d'air qui me traversent à mesure que j'avance dans les couloirs, et mon corps, entraîné par cette impatience, semble déborder d'une énergie malsaine.

Intérêt aussi mauvais que malsain, et malgré tout, j'y mets toute la volonté que je possède - c'est ainsi que j'ai toujours agit. Une détermination au-delà de toute autre. Le représentant du Bien n'est pas toujours le gagnant, surtout dans un monde assez tordu pour se détacher de la pureté de ces notions - et c'est ainsi que je me noie dans mes plaisirs personnels, en ignorant totalement la conséquence de mes actes au-delà de ma propre satisfaction.

Que le monde brûle, si mes yeux se délectent des flammes léchant les moindres espoirs humains ; qu'il baigne dans le bonheur si c'est ce qu'il en coûte pour atteindre ma plénitude.
Au fond, je me moque de ce que mes désirs incombent, et si l'univers-même doit être le sacrifice pour obtenir mes propres réponses, je m'en débarrasse volontiers.

Tandis que j'arrive dans le bâtiment des dortoirs, je me pose la question. Devant l'immensité de mon but et ma facilité à tourner le dos au reste de la création, suis-je donc fausse, dans ces jours quotidiens ? Cet intérêt lunatique n'est-il donc qu'une hypocrisie sans faille que seul mon objectif impossible saurait dévoiler ?
En arrivant jusqu'aux cabanons, je n'ai pas la réponse, mais cette question me semble idiote à mesure que le désir se mêle à l'impatience de rencontrer la cadette de cette famille.

Sans vraiment m'annoncer ni prévenir, je pousse la porte du cabanon et balaie la salle du regard.
Je n'y trouve qu'une personne, une blondinette avec un ruban dans les cheveux : le portrait craché d'Owain. Bingo. J'enjambe les quelques mètres qui nous séparent au nom de quelques pas et viens lui tapoter la joue avec l'index.

« Oh, tu es réelle ! Et tu es jolie. Je le savais. Edea Baxter. Tu veux aller au bal de Noël avec moi ? Non, attends. Je ne suis pas venue pour ça. Dis-moi tout sur ton frère et toi, je veux vous connaître par cœur. »