Le destin dans nos crayons ? [PV Josh C.]

Bzzzz…. Bzzzzz…

Le réveil. C’était le réveil et il sonnait. Son bruit était flou, et stressant. Mais où-était-il ? Oui, ne pas savoir où est un réveil est stupide. Que voulez-vous ? Jessyca se leva et tapa un grand coup de ses mains dans l’oreiller. Le bruit cessa, laissant planer un silence encore plus précédent que le bruit de la nouvelle technologie. Ses pieds tapèrent le sol jusqu’à la salle bain.

La jeune fille se dépêcha d’ouvrir la porte en la laissant cogner le mur. Elle balança ses habits propres sur l’étagère, comme d’habitude, et claqua la porte pour être tranquille. Elle la barra à clés, comme à son habitude et se déshabilla lentement devant la glace. Elle se regardait comme si elle regardait un monstre. Oui, elle se croyait moche en plus d’être méchante. Et aujourd’hui ça c’était encore plus amplifié que la veille. Elle devait déprimer, mais pour une raison inconnue. Ces temps-ci ça arrivait tout le temps. Sûrement la raison pour laquelle les gens, et surtout ses colocataires, l’évitait. Elle s’en moquait après tout, alors pourquoi continuer à détailler ça ? Elle se glissa sous la douche et alluma l’eau, la laissant froide. Puis elle la fit tourner au brûlant, au point que la salle d’eau fut envahie d’une brume épaisse. Jessyca s’amusa à dessiner sur la vitre brumeuse. Elle s’ennuyait à mourir, alors elle avait invoqué un rat en plastique pour s’amuser. Elle lâcha un sourire, un des sourires qu’elle ne gardait que pour elle-même. Mais elle ne devait pas traîner, car à la première lueur du jour elle voulait aller développer son pouvoir du côté des plantes. Elle n’avait jamais eu l’idée d’en dessiner, elle estimait donc que c’était une bonne idée. En repensant à ça elle ne mit pas longtemps à sortir habillée et sèche de la salle de bain. Elle avait emporté un croissant pour manger là-bas, et courait déjà avec un sac à dos neuf dans les couloirs. Rappelons-nous que le dernier sac qui était précieux pour elle avait fini dans l’eau des égouts, à cause de conneries ridicules.

Ses pieds claquaient contre le sol, jusqu’à ce qu’ils atteignent l’entrée des serres et qu’ils reprennent un rythme singulier, normal. Le souffle de la petite n’émettait pas de brume, le printemps revenant tranquillement sur le Monde. C’était une bonne raison de particulièrement s’intéresser à la pousse des feuilles ou des fleurs, aux éclosions et d’autres choses de nature diverses. Les papillons aussi allaient doucement revenir, au gré du vent, au gré de la nature. Un nouveau sourire se planta sur ses lèvres à la vue des magnifiques couleurs qui revenaient. Tout allait être parfait, comme dans un conte de fées dans quelques semaines. Et il était impossible de manquer un tel spectacle. Mère Nature nous a gâtés, il faut en profiter avant qu’elle ne reprenne tout ce qu’il lui appartient.

Jessyca aurait voulu lâcher un mot, une petite expression mais elle ne put le faire, comme souvent. Comme toujours. Sauf peut-être dans les égouts. Avait-elle vraiment lâché ce nom ? Elle n’en savait rien. En tout cas, elle refusait d’y penser et de cesser de remuer les lèvres dans le vide. Elle se déplaça dans l’endroit jusqu’à se retrouver au milieu d’arbres et de fleurs, pas trop mal cachée. De toute façon il n’y avait pas d’endroit mieux pour s’installer, alors elle n’avait pas le choix. Elle déposa sur le sol son sac et installa une petite couverture pour s’asseoir dessus. Elle regardait rapidement autour d’elle pour regarder les différentes plantes qui s’offraient à elle. Elle opta pour une rose de couleur étrange, un lys énorme et une minuscule plante carnivore. Le tout prêt, elle saisit son crayon et son carnet de dessiner, pour tracer lentement les formes des trois plantes côte à côte. Elle jetait des coups d’œil, mangeait, dessinait. Elle ne pensait plus à rien, ne faisait ressentir aucune émotion. Elle termina son œuvre quelques minutes plus tard avant de la colorier, alors que le soleil était levé. Il devait être huit heures certainement, oui environ huit heures. Et sa main passa au-dessus de la rose, qui presque aussitôt prit forme sur le papier, en taille réelle, avec les couleurs dont elle l’avait coloriée.

Quelque chose se fit entendre, mais Jess était trop concentrée à regarder la rose face à elle. Elle n’était pas si mal, elle pouvait donc dire qu’elle avait un sacré coup de crayon !

Puis d’un coup, on lui arracha un cri et elle se plaqua dos au sol. Une plante lui avait caressé le cou alors qu’elle ne s’y attendait pas. Et c’était du lierre. Etrange, elle n’en avait pas vu en arrivant, et encore moins un lierre qui bouge. Elle l’observait s’agiter devant les yeux. Intriguée, elle attrapa un bout de la plante et se releva. Elle observa chaque feuille et comprit. Elle comprit que cette plante n’était pas naturelle, que le lierre venait d’une feuille. Il semblait à l’œil normal aussi vrai qu’un vrai, mais Jessyca avait appris à travers ses dessins à comparer la réalité à ce qui a été créé par la magie.

Elle lâcha les feuilles et s’avança jusqu’à voir un jeune homme, un peu plus vieux qu’elle. Elle l’observa. Grand mais pas trop, avec un teint de poupée de porcelaine. Jessyca aurait pu apercevoir un sourire sur son visage, et elle plongea son regard brun dans le sien, qui était gris. Tout autant que ses cheveux. La petite trouvait ça étrange mais garda le silence, comme à son habitude. Elle soupira et recula de quelques pas. Elle regardait d’où venait le lierre. D’un dessin. Ses yeux s’écarquillèrent un peu avant de regarder le garçon de la tête aux pieds. C’était la première fois qu’elle avait à faire avec quelqu’un possédant le même pouvoir qu’elle. Elle ne savait pas quoi faire, elle était là, en train de le fixer sans trop comprendre. Comment était-ce possible ?

Bizarrement, elle n’avait pas envie de lui faire de mal, ce qui était rare. Elle recula pour aller fermer son carnet de dessin et la rose qui était apparue disparu sans prévenir. Elle ne le rangeait pas, estimant que ça n’en valait pas la peine. Après tout, il avait sûrement déjà compris ce qu’elle faisait et quel était son pouvoir.

Elle saisit un carnet différent du premier et écrivit une phrase dessus : « On a le même pouvoir où j’me trompe… ? ».

Elle tendit le carnet au garçon, en gardant le crayon dans la main. Il devait sûrement se demander si elle protégeait sa voix ou quelque chose du genre, mais la fille aux cheveux châtains ne dirait rien, elle inventerait certainement un mensonge, comme elle avait l’habitude. Elle jeta un coup d’œil autour d’eux. Ils étaient seuls en plus. Les gens ne devaient pas avoir envie de venir bosser auprès des plantes. Bizarrement, cette pensée arracha un sourire narquois à la petite fille. Son regard par contre, était fixé sur les fleurs autour. En vérité, elle inventait une sorte de plan si jamais il tentait de l’attaquer par un quelconque moyen.