C'est le Destin qui l'a voulu !

Eden avait accepté avec joie de me raccompagner. Je m'étais présentée sur le chemin, chose que je n'avais pas faite auparavant. Elle aimait tellement son rôle de guide, qu'elle me décrivait chaque lieu devant lequel nous passions. Je souriais, parce qu'il fallait bien avouer qu'elle était très forte dans ce rôle. Elle avait l'air plutôt gentille en fait. Rien que d'y penser, j'ai rougi. Oui parce que ce n'était pas dans mes habitudes d'apprécier les autres. Alors ça me gênait. Je continuais alors de penser que cette fille voulait me mettre en confiance pour avoir la perte plus facilement. Oui, ça devait être ça... Et je ne me laisserai pas faire ! Ahah !

Je partais dans un grand délire. Nous sommes passées devant la piscine.

« Là-bas, tu vois, c’est la piscine extérieure. Si tu veux, on ira barboter dedans quand il fera plus chaud ! »

J'ai acquiescé, mais j'ai pensé à une toute autre chose au fond de moi. De l'eau. Enfin, de l'eau. Mon pouvoir allait peut être pouvoir me servir un jour. Enfin, si je parviens à me souvenir de comment l'utiliser, hein. Et puis utiliser l'eau d'une piscine pour mitrailler quelqu'un, c'était pas non plus très excitant. Mais bon, quand on a pas le choix..

« Et là, et là, c’est un jardin je crois ! On pourrait aller pique-niquer un jour… quand il fera plus chaud aussi ! Hahaha… »

J'ai continué d'acquiescer. Je ne pouvait pas franchement dire autre chose que « oui ». Alors je regardais l'endroit, avec un semblant d'intérêt. C'était grand quand même. Obligé, j'allais me re paumer dans pas longtemps.
On a continué à marcher, et puis d'un coup elle s'est arrêté. Le temps que je comprenne, je me suis arrêtée plus loin et suis revenue vers elle. Je m'apprêtais a lui demander ce qui se passait, et puis là...

« Allez, ferme les yeux, c’est une surprise ! »

J'ai pas eu le temps de réagir. Comme une andouille, j'ai fermé les yeux quelques secondes. Et puis on m'a pris par le bras et on ma fait courir dans tous les sens, ce qui m'obligea à rouvrir les yeux pour ne pas me vautrer lamentablement, ou me faire mal. On arrive devant un bâtiment, c'est alors qu'elle ouvre la porte, comme une furie. Avec l'élan, la porte à failli détruire le mur de derrière. J'ai pensé que cette fille devais avoir pour pouvoir d'être folle. Ou d'être étrange. Je ne savais pas trop.

« Tadaaam ! Bienvenuuue ! »

Alors là j'ai pas compris. Tout simplement parce que toutes ces actions venaient de se passer trop vite, et qu'avec ma tension plutôt faible, j'ai pas percuté.

« De que.. Hein ? »

« On vivra ensemble dorénavant ! »

Uh. J'avais pas dû bien comprendre. Venait elle de me dire que... Non ? On.. On vit dans le même dortoir ? La coïncidence était assez impressionnante. Je ne pu m'empêcher de vérifier le numéro du dortoir, des fois qu'elle aurait fait tout ça pour... pour me piéger !
C'était le bon. J'ai alors tout remis en ordre dans ma tête. Avant de souffler et d'enfin déclarer :

« Ah, on est dans... Le même dortoir, c'est ça ? Euh. Je ne sais pas trop quoi dire ».

Et puis j'ai avancé un peu, pour découvrir l'endroit. Je savais que mes affaires avaient déjà été déposées par des employés. J'ai soupiré de soulagement quand je les ai vues, au fond.
C'est alors que je me suis retournée vers Eden, et que de nouveau, j'ai, a moitié crié, plutôt de bonne humeur :

« Alors attends toi à en chier maintenant ma vieille ! Je vais te mener la vie duuuuuuure ! »

Suite à quoi j'ai eu un grand sourire, le sourire genre « je suis trop dangereuse », mais qui faisait plus clown qu'autre chose...

Eden s'était avachie sur son lit, et puis elle a répondu à ce que je venais de lui balancer.

« Comment ça tu vas me mener la vie dure ? C’est de la provocation là, nan ? »

Euh, comment dire. Cela pouvait effectivement être pris pour de la provocation dans le sens ou je la menaçais. SAUF que, moi, je ne fais pas que provoquer, j'agis. Alors j'étais sur le point de commencer de longues explications comme quoi j'étais quelqu'un de très dangereux et qu'elle allait vraiment morfler avec moi parce que j'allais lui faire mordre la poussière, elle parle, une nouvelle fois :

« Fais attention à ce que tu dis, p’tite naine verte ! Faith, attaque mordillage sur Lily ! »

Là, il y avait très clairement quelque chose qui ne m'avait pas plus du tout : Naine. Oui parce que le complexe d''infériorité sur la taille, voyez vous, je connais plutôt bien, et ce sujet est comment dire... Un peu épineux avec moi. Elle m'avait déjà traitée de « petit » auparavant, alors là c'en était trop. Du coup j'ai pas fait gaffe à ce qu'elle avait dit par la suite, prête à défendre ma petitesse.

Sauf que là, j'ai vu un machin, vous savez, ces reptiles moitiés glauques, qui font moitié peur ? Y'en avait un. J'étais au courant que ces machins étaient distribués a chaque élève au début de l'année, et pour cause je devais également en acquérir un dans la journée. Je n'en voyais pas l'intérêt, puisque de toute façon j'allais pas m'en occuper, il me ferait perdre mon temps plus qu'autre chose.

Bref, cet animal étrange et … étrange passa près de moi. Et là, il commença a me grimper dessus. Sur la tête. Et puis il bougea plus. Moi non plus en fait. Pas que j'aie peur des reptile, mais j'aime pas en avoir un sur ma tête, disons.

« Faith ! Qu’est-ce que tu fais là ? C’est pas le moment de renifler les cheveux de Lily ! »

Non c'est pas le moment effectivement ! Qu'est ce que les gens ont tous avec mes cheveux ! Voilà que même les lézards s'y mettent.
Bon, j'avais pu rester calme et immobile 30 secondes. Maintenant c'était plus possible. Je me mis à courir dans la pièce, faisant des slaloms autour des lits, secouant ma tête à tout va.

« Descend de là, sale bête ! »

Seule solution : m'écraser la tête dans un mur pour aplatir la bestiole. Alors je pris mon élan et donnai un magnifique coup de boule dans le mur. Ce que je fis en vain, parce que l'animal descendit avant. Je me suis fait mal en plus.

J'étais essoufflée, j'avais mal à la tête et j'étais décoiffée.
J'allais commettre un assassinat. Parce qu'un simple lézard n'avait pas à s'opposer à la génialissime personne que je suis.

« Je le savais. Ton but depuis le début, c'est de m'éliminer ! Tu ne m'auras pas ! »

Dis – je à l'attention d'Eden. J'étais dans un de ces états, on dirait qu'un poltergeist m'avait poursuivit pendant 2 jours. En vrai je m'étais juste battue avec un lézard pendant deux minutes. Et j'avais la t^te en bouille, chose qui bien sûr, je ne pouvais pas montrer, car étant indestructible !

Alors je suis partie vite fait chercher dans mes affaires. La moindre bouteille d'eau aurait pu faire l'affaire. J'en ai trouvé une. Et c'est décidé, j'allais me venger ! Alors je saisi la bouteille et en ôtais le bouchon. Je me concentrai du mieux que je pouvais. Alors l'eau sorti de la bouteille en un long fil d'eau.

Il fallait maintenant que je le dirige, au choix, sur le lézard ou sur Eden. Je n'eus pas le temps de me poser la question, que le jet tomba directement à mes pieds, mouillant mes chaussures. Voyez vous, j'ai enfin compris comment réutiliser mon pouvoir. J'ai vraiment beaucoup de mal à en faire quelque chose.

« C'était nul »

Dis je pour moi même, carrément énervée d'avoir fait une prestation publique aussi débile.

Nan mais Oh ! On se calme ouais !
Récapitulons.
Je venais de me prendre un lézard ignoble dans les cheveux. Qui sait, il aurait pu me faire pipi dessus qui plus est, ça aurait été encore pire. Mais bref.
Par la suite, je me suis cognée la tête en essayant d'écraser le lézard. Sauf que cette sale bête est descendue et que je me suis assommée toute seule.
Puis, j'ai voulu me venger en utilisant mon pouvoir. Sauf que, le début de prestation fut épatant, mais la suite fut moins rose. Une prestation digne d'un gosse de trois ans, honte suprême. Chose qui fit bien sûr beaucoup rire Eden, et pire, son idiot de Faith.

« Pas douée ! »

Sans blague. Je sais très bien que j'ai du mal à maîtriser ce don. C'était déjà un exploit que l'eau sorte de la bouteille, remarquez !

Et enfin, je venais de me faire vider une bouteille d'eau pleine sur la tronche. J'étais aussi trempée que le sol. J'avais envie de... De casser la pièce.

« T’as encore du chemin à faire, petite crevette ! »


Trop c'est trop.

En une phrase, j'étais redevenue « petite », et a présent j'étais une « crevette ». Je ne pouvais pas laisser la situation dans cet état. Oui parce que là j'allais me transformer en terroriste voyez vous. Le lézard m'aurait servi de missile.

« Non non. Une crevette c'est rose. Ma couleur préférée, c'est le vert. Et puis aussi, une crevette c'est faible. Et je suis forte ! »

N'avais je pas raison ? Je suis forte.
Et je comptais pas me laisser battre par une fille et sa bestiole laide. Alors j'ai pris les matériaux du bord. J'allais devenir un ninja. J'ai pris la couette de ce que j'estimais à présent être MON lit. J'ai arraché le drap avec, tellement mon geste était fait avec grâce et élégance !

Bref. J'ai pris ma couette.
Et c'est alors que, peinant a porter ma couette (j'étais bien cachée derrière, vu ma taille) ; j'ai foncé telle une bucheronne enragée sur Eden, oubliant son lézard monstrueux, pour la noyer sous ma couette. Chose faite, je retirai la couette, et dis avec fierté :

« ça, c'est pour m'avoir traité de crevette »

Et puis je suis allée cherchée mon oreiller et le lui ai balancé en pleine poire, rare fois où je réussi à toucher ma cible au lancer, d'ailleurs !

« Et çaaaaaaaa, c'est pour avoir dit que j'étais petite ! »

Ceci fait, je me suis vautrée, toujours avec élégance et finesse, sur mon... Matelas, seul survivant de mon attaque couette x oreiller. J'étais trop fière de moi, mais tous ces efforts (en soit inutiles) m'avaient beaucoup fatiguée.
« Tu vois, faut pas... Faut pas embêter Lily. »

Dis – je de manière presque inaudible, vu que ma tête était face au matelas.

AIE ! Mon dos ! Et vas y qu'elle me prenait pour une cheval maintenant !
Mais t'as cru que la vie c'était un kiwi ou quoi ma vieille ? Elle m'émiettait le dos, tout en me harcelant de « petite » . J'allais devenir Hulk, c'était clair. Mon dos quoi. Déjà que j'étais pas bien grande, fallait pas me mettre en kit, sinon y'allait avoir un soucis !

« Tagada Tadaga Tagada… ! Huu dada ! T’es fatiguée ? Tu veux une carotte ? »

Oh toi, t'es une fille morte.

C'est ce que j'ai pensé pile quand elle a dit ça. J'avais mal au dos, mal à la tête parce que je m'étais cognée, je m'étais fatiguée à la canarder comme une bourrine avec ma couette et l'oreiller.
J'étais CREVEE, et voilà qu'elle en remettait une couche !

« Arrête ça, arrête ça, j'ai maaaaaaaal »

Dis – je, la tête rentrée dans l'oreiller, serrant les dents.
Et puis la force est revenue en moi.
Par le pouvoir ancestral des gens de petite taille.
Je me suis retournée d'un seul coup, la virant de mon lit en un éclair. J'avais failli me rendre, vaincue, mais en fait non. Il en faut plus pour battre la jeune fille forte que je suis ! J'allais la BOUFFER ! Je suis trop forte pour elle de toute façon.

Alors j'ai ri en la voyant par terre. Je suis allée rechercher ma couette et mon oreiller, en mode furtif & rapide. Et puis je l'ai re noyée dessous, mais cette fois, en lui faisant une prise pour pas qu'elle puisse bouger. L’intérêt ? Il n'y en avait pas, si ce n'est qu'elle ne m'attaque pas pendant que je reprenne mon souffle. Et puis j'ai lâché la prise, parce que c'était autant épuisant que de courir un 1500.

J'ai toussé un pue, a bout de souffle. Et puis je me suis préparée, en mode ninja, a ce qu'elle prépare un truc. J'anticipais. Alors j'ai fait la pose ninja, je me suis concentrée à fond, et pis... J'ai attendu, et dit :

« Tu m'auras pas. Tu m'auras pas. Je ne me laisserai pas faire ! AHAHAHAHAHA »

Oui, j'étais devenue une psychopathe en un éclair !

Cette fille est cinglée.
Vraiment. Eden, elle est pas normale. Elle a eu un problème à sa conception, c'est pas possible. Cette fille est échappée d'un asile, je ne vois que ça ! JE SUIS EN DANGER, C'EST CLAIR.
Moi qui, avec toute la peine du monde, avait sacrifié mon dos et mes os pour ne pas que cette nouille se casse la tronche du lit... (oui bon ok, c'était un peu de ma faute mais bon...), la voilà qui pétait littéralement un câble.

« T’as voulu me bouffer toute crue, hein ! »

Je réfléchissais à ce que j'avais pu faire qu'elle aurait pris pour une tentative de cannibalisme.
Rien de tout pourtant.
Elle devenait littéralement folle. J'étais dans un état d'incompréhension tel que je n'ai même pas répondu. Mais elle continua dans son délire, à mon plus grand malheur :

« On. Ne. Bouffe. Pas. Eden. »

La voilà qui insistait sur chaque mot, comme si j'étais un petit de cinq ans à qui on rappelait les règles primordiales de vie en communauté.
J'en venais maintenant à penser qu'elle avait consommé de la drogue, je ne savais pas comment ni où, mais c'était la seule raison valable à son étrange comportement.

Je ne bougeais toujours pas mais elle venait à présent me tripoter la figure.
J'étais sur le point de me fâché encore plus que d'habitude. Parce qu'elle me tirait sur la tronche dans tous les sens et se moquait de moi. Qui plus est, elle m'empêchait de bouger.

« Eden. N’est. Pas. Une. Vache. »

J'AI DÉCOUVERT SON SECRET. Ni drogue ni quoi que ce soit. J'ai tout compris.

« Avoue, en fait ton pouvoir c'est de te transformer en vache, et ça te donne des troubles du comportement. C'est ça ? »

Je savais bien que mon argumentation pourrait paraître débile. Mais honnêtement, pourquoi me soutiendrait elle qu'elle n'était pas une vache si ce n'était pour ça ? Elle est peut être très complexée par la transformation en vache. Elle oublie peut être même qu'elle est sous forme humaine là...

Je souffrais, contrainte de faire des grimaces.
D'un seul coup Eden s'excusa et dit qu'elle devait être lourde. SANS BLAGUE. Elle me broyait les os là. Déjà que pour la secourir je m'étais amochée, et qu'en remerciement on me torturait encore ! JE SUIS UNE PAUVRE VICTIME ! Aidez moooooi !

Ressaisissons nous, voyons.
En fait non. Eden venait maintenant prendre la couette et se rouler dedans.

« Regarde ! Je suis un caca tout blanc ! C’est marrant, hein ? Hahahahahaha ! »


Un. Caca. Tout. Blanc.
Décidément, cette Eden était folle. J'essayais pourtant de reconnaître un quelconque caca dans son déguisement, mais elle ressemblait plus à une momie...
Je tournais la tête sur le côté, tentant d'analyser le moindre détail.

« Eden. Tout vas bien se passer. On va t'emmener dans un endroit où tu vas rencontrer des gens comme tois. Tu seras prise en charge, d'accord ? »

Dis – je , désespérée par la tournure des événements. Puis je me redressai, et je m'éloignais doucement d'elle, comme si elle allait me bondir dessus et que je devais fuir le plus vite possible.
Cette fille est folle. Eden est folle.

C’est peut-être l’apparence juvénile de Lily ou bien mon pseudo syndrome de Peter Pan qui se manifeste, qui me pousse à agir de manière aussi idiote et enfantine. Oui, c’est vrai. Ce n’est pas commun, ni correct, pour une fille de mon âge de se comporter comme une mioche de six ans qui ne sait pas encore faire la différence entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas. Je dois vraiment être insupportable quelques fois… Mais ça me plaît. Heureusement que les gens comme moi existent. Sinon, le monde se verrait beaucoup moins joyeux. Imaginez un monde sans imbéciles heureux de mon genre. Les gens souriraient mais ne riraient pas souvent de très bon cœur. Oui. Ça coule de source : j’apporte rires et joie.

Et pourtant, mon numéro du caca blanc taille XXL n’a pas l’air de faire rire Lily. Au contraire, elle a l’air contrariée, fatiguée, exaspérée. J’ai même l’impression qu’elle a vieilli de quelques années, l’espace de quelques secondes. Mémé Lily. Et je souris à cette pensée alors que Perruque Verte me débite tout un discours qui se veut compréhensif, m’assurant qu’on m’emmènerait quelque part où je retrouverai des gens comme moi, que je serai… prise en charge ? Minute. Est-ce qu’elle parle d’un hôpital psychiatrique ou d’un quelconque asile pour fous ? Je suis peut-être idiote mais je ne suis pas encore bête ! Est-ce qu’elle pense vraiment qu’il me manque des cases ? Je baisse alors la tête, comme si j’étais blessée par ses paroles vexantes. Est-ce que j’ai l’air si bizarre que ça… ? Minute. Se pourrait-il que les autres me perçoivent de la même manière également ? D’habitude, les gens venant de me rencontrer ont deux types de réactions : soit ils me disent d’emblée que je suis lourde et qu’ils en ont rien à faire de moi (ce qui me fait rire à chaque fois et m’incite à les coller davantage), soit ils se mettent à faire des bêtises et les quatre cent coups avec moi. Mais, Lily doit être la première à penser que je suis atteinte. Je me décide, à ce moment-là, à relever la tête pour l’affronter du regard. La pauvre a tellement peur de moi qu’elle s’est retirée à quelques mètres plus loin. A cet instant précis, j’ai bien envie de me rapprocher lentement d’elle tout en lui assurant que je ne suis pas folle, que je vais très bien dans ma tête, que, non, je n’ai pas le pouvoir de me transformer en vache et que, par conséquent, ça n’engendre pas des troubles du comportement dans mon système. Sauf que. Sauf que l’attitude et la crainte de Mémé Lily me donne vraiment envie de me jouer d’elle. Une plaisanterie, ça devrait pas lui faire trop de mal. Alors, je laisse échapper un rire sadique, à la limite du glauque tout en dévoilant un regard inquiétant.

« Bon. Eh bien. Tu connais mon secret maintenant… Tu m’en vois désolée mais je ne peux plus te laisser en vie… »

Je lève doucement ma main droite vers elle, comme pour vouloir la choper et l’étrangler, tout en entamant une démarche de momie. Avec un peu de chance, peut-être qu’elle se mettra à genoux pour me supplier de lui laisser la vie sauve, les larmes pleins les yeux. Ou peut-être bien qu’elle s’évanouira sur le coup. Ou peut-être qu’elle s’échappera de la cabane pour ne plus jamais revenir. Quoique, la dernière option ne m’arrangerait pas beaucoup.

Je commençais un peu à me demander ce qui se passait sous mes yeux. Eden prenait soudainement un air bien plus sérieux, bien plus mystérieux, chose que je n'avais jamais vu chez elle. Bizarrement, je n'avais pas si peur que ça. Dans la mesure ou c'est une andouille, et que les andouilles ne sont jamais dangereuses. Je me méfiais tout de même, sait on jamais, dès fois qu'elle veuille soudain me trancher la gorge ou un truc de ce genre quoi.

Et en fait, sa réponse à tout bonnement dépassé l'entendement. Je ne m'attendais vraiment pas à ça. Elle avait un ton très sérieux, lorsqu'elle m'annonça clairement qu'il fallait qu'elle m'élimine parce que j'avais découvert le pot aux roses. Alors honnêtement, j'ai trouvé ça très gros à avaler. Le fait qu'elle serait schizophrène et que son autre coté soit encore plus obscur que Dark Vador. Je doutais, mais d'un autre côté, je me disais que les gens ici étaient tellement cinglés que c'était tout à fait probable. Je commençais donc à me dire qu'Eden était vraiment malade.

Le temps que je réfléchisse et tente d'analyser les troubles du comportement d'Eden, cette dernière vint s'approcher. Je ne faisais pas attention à elle alors je ne bougeais absolument pas. Jusqu'à ce qu'elle soit proche à un tel point que je voyais sa main droite tendue sous mon nez. Je levais les yeux vers elle, en plein incompréhension. Attends là, elle va essayer de m'avoir ? Avec sa petite main là?

J'ai ri. Oui, Eden, tu n'étais pas la seule à avoir un rire démoniaque, voilà ce à quoi je pensais. J'étais un petit démon en ébullition. Elle ne me faisait pas peur, même si elle me surprenait et que je ne m'attendais pas à une telle réaction. je continuais de rire, toujours avec un air sadique à souhait.

Puis j'ai arrêté, j'ai pris sa main qui se tendait vers moi et je l'ai rebaissé, remis à sa place. J'ai soupiré, toujours en tenant sa main. Et puis j'ai pris un air neutre. Et j'ai saccadé les mots en parlant, exactement comme elle l'avait fait quand elle disait n'importe quoi:

« On. Ne. Lève. Pas. La. Main. Sur. Lily. On. Ne. Tue. Pas. Lily. »

Puis j'ai lâché sa main et pris un air sérieux, genre l'air d'une maman qui gronde sa fille. Et j'ai repris, un peu moins sérieusement:

« T'as cru faire quoi là? Tu fais pas peur ma p'tite Eden, mais c'était bien tenté quand même . »

"Hein? T'as cramé qu'elle faisait la comédie?" PAS DU TOUT. J’espérais simplement qu'elle fasse la comédie, et donc je bluffais, c'était très différent.
Suite à quoi je soupirais pour la énième fois et la regardai dans les yeux, histoire de bien montrer que moi, j'étais pas une trouillarde, et qu'en plus, je n'étais pas faible. bah oui, moi j'aime bien dominer les gens, qu'ils aient peur de moi. Alors quand les autres tentent de renverser la situation, forcément, ça me fait tout drôle. Mais ça ne dure jamais, ahahah!

Parmi mes trois options, j’ai omis la possibilité que Lily puisse rester totalement immobile face à ma menace de la mort qui tue.

A mi-chemin, m’apercevant qu’elle reste impassible malgré ma main qui s’approche petit à petit de sa gorge, j’ai hésité à poursuivre. Se peut-il qu’elle ait tellement peur que ses jambes ne répondent même plus à son cerveau ? Et si elle se met soudainement à uriner sous le coup de la peur ? Ma plaisanterie amicale tomberait complètement à l’eau puisque ça ne serait plus vraiment drôle. Non. Lily ne ferait jamais ça. Ça serait réellement ridicule. Totalement. Soit. Je continue. Elle lève les yeux. Elle rit. D’un rire à glacer le sang d’un zombie. D’un rire menaçant. D’un rire sadique. Encore plus que le mien. J’avoue m’être arrêtée dans mon geste, sur le coup de la surprise. Son rire s’est alors évanouit par la même occasion. A la minute suivante, elle saisit ma main d’un air méchant et la rabaisse, la replaçant près de ma cuisse. Je suis son mouvement des yeux, quelque peu déconcertée par le fait que tant de sérieux et de calme puisse émaner d’une si petite personne, qui en plus de tout ça, n’est pas censée être crédible avec ces cheveux verdâtres.

« On. Ne. Lève. Pas. La. Main. Sur. Lily. On. Ne. Tue. Pas. Lily. »

Et je dois dire que le ton qu’elle adopte en prononçant ces mots me fait assez peur. Je m’apprête à articuler quelques misérables mots et pourtant, à chaque mouvement que je fais faire à ma gorge, c’est une douleur qui me répond. J’ai gardé la bouche ouverte trop longtemps. Alors, au lieu de parler, je déglutine. Mais même en déglutinant, j’ai peur de m’étouffer avec ma propre salive. Vraiment, ça ne me ressemble pas ça. C’est moi qui suis censée embêter les autres, sans recevoir de vengeances venant des victimes. Vu. J’embête, je jubile et je disparais. Mémé Lily. Je la fixe dans le blanc des yeux. Comme un anaconda guette sa proie. Ou plutôt comme une proie surveille son prédateur pour être plus juste. Je crois même que je pourrais battre le record de la personne qui tient le plus longtemps sans battre des cils. Et je pourrais entrer dans le Guinness Record. Quoiqu’il en soit, je suis tellement concentrée sur ses pupilles – vertes d’ailleurs – que j’ai failli ne pas sentir ma main se faire libérée de son emprise.

« T'as cru faire quoi là? Tu fais pas peur ma p'tite Eden, mais c'était bien tenté quand même. »

Je n’ai pas répondu. Pas dans l’immédiat. L’équilibre des forces s’est renversé en un rien de temps. C’est pas croyable. Lily a tout l’air d’une grande sœur qui gronde sa sœur. Alors que je suis sûre et certaine que je suis beaucoup plus âgée qu’elle. Et puis, j’ai comme l’impression que Lily est du genre bagarreuse. Comme ces je-m’en-foutistes qui peuplaient mon ancienne école. Le genre… brute, quoi. Minute. Je délire. Comment une petite fille comme elle pourrait être une brute ? J’émets un soupire déçu, hausse des épaules et me retourne, tout en croisant mes bras derrière la tête.

« Pas marrant. T’étais pas censée réagir comme ça. »

Me dirigeant vers mon lit, j’ai ramassé la couette, qui maintenant me faisait réellement penser à un excrément blanc – Eurk -, pour ensuite la remettre à sa place. J’ai jeté un coup d’œil rapide au bagage de Touffe Verte et j’ai soupiré de nouveau. Mais cette fois-ci, c’est un soupir de culpabilité. Je ne sais pas combien de minutes, voire combien d’heures se sont écoulées, mais Lily n’a même pas pu ranger ses affaires et s’installer comme il se doit. Je me suis tournée à moitié vers elle, sourire aux lèvres à présent, en désignant ses affaires d'une inclinaison de la tête comme pour lui dire qu'il est temps qu'elle s'installe pour de bon.