A supprimer. ô/ |Listen to your heart, when he's callin' for you ♫ | Darren Spike. ♥

Bâillant aux corneilles, je m'étirai en enfilant mes vêtements de la journée. A savoir un jean pourpre, un débardeur blanc, une veste de la même couleur que mon pantalon, des bottes noires le tout complété par mon collier représentant une fée dont je ne me séparais jamais. Aujourd'hui, j'avais prévu d'aller faire un tour à la salle de musique, histoire de jouer un peu de piano. Après tout, ça faisait depuis mon arrivée au pensionnat - c'est à dire deux semaines - que je n'avais pas laissé mes doigts parcourir la surface douce et froide de mon cher compagnon. Ça me manquait de ne pas jouer, ce fut alors avec enthousiasme que je sortis de ma chambre, tout en fermant la porte.

Désormais assise devant mon piano mes doigts se mirent à danser sur les touches doucement, gracieusement. Je me mis alors à jouer ma chanson préférée, j'entrai dans ma bulle sans me soucier de ce qui était autour de moi. Alors que mes doigts entamaient une danse, les paroles sortirent toutes seules de ma bouche, en une douce mélodie claire.

« I know there's something in the wake of your smile. I get an notion from the look in your eyes... »

Je ne savais pas que je savais chanter, enfin pas de sortir des mélodies juste comme celles-ci. Il faut dire que quand j'étais petite je chantais comme une casserole, m'enfin ça personne n'était obligé de le savoir. Le doux vent d'été qui passait par la fenêtre ouverte réchauffa un peu la salle dans laquelle il faisait un peu froid, il fallait le dire. Je continuai de ma voix douce et claire.

« You've Built a love but that love falls apart. Your little piece of heaven turns to dark. »

Les notes du piano se firent plus insistantes, plus fortes et plus rapides. Je fermai les yeux et me laissai aller au rythme des temps, jouant à l'aveugle ce que je n'avais pas fait depuis très longtemps. Les seuls moments où j'arrivai à m'évader en quelques sortes étaient quand je jouait du piano et quand je lisais. Ce n'était pas la même chose, mais ça me procurait le même effet de bien être.

« Listen to your heart when he's calling for you. Listen to your heart, there's nothing else you can do. »

Puis les notes devinrent plus douces, comme les ondulations régulières des vagues d'un lac sous le vent. Je rouvris les yeux, le regard lointain comme si j'étais ailleurs, ce qui état le cas et entonnai la fin du refrain.

« I don't know where your going, and i dont know why. But listen to your heart before. You tell him goodbye »

Puis le silence, je pose mes mains sur les genoux et soupire. Cela faisait deux semaines que je n'avais vu ni ma mère, ni mon père, ni mon petit frère né il y a quelques mois. D'ailleurs je ne savais pas à quoi ressemblait ce dernier, je n'avais vu que des photos et encore, il devait avoir changé depuis. Je ne voulais pas l'avouer avant, mais je devait le reconnaître. Ils me manquaient. Une petite larme roule le long de ma joue, suivie pas ses autres semblables qui tombent sur mes genoux, mouillant mon jean. Je n'y fis pas attention et relevai la tête, puis me dirigeai vers le fenêtre où je m'accoudai. Puis je lâchai un petit soupir.

Je laissai mon regard errer quelques instants sur ce paysage. De la fenêtre, je voyais quelques branches qui tentaient tant bien que mal de me cacher la vue, mais je parvenais tout de même à distinguer la surface miroitante de l'océan. Quelques oiseaux volaient de ci et de là, laissant tomber quelques plumes dans le ciel. Des fois, j'aimerais vraiment être un oiseau. Imaginez un instant pouvoir voler, sentir le vent caresser votre peau. Voler sans se soucier de rien, regarder le monde de haut. J'étais tellement plongée dans mes pensées que je ne fis pas attention au bruit de la porte qui s'ouvrait, ce fut alors une voix qui m'en tira.

« Tu as une voix assez jolie. »

Je me retournai, et me retrouvai en face d'un jeune homme. C'était un garçon aux cheveux blancs comme neige comme si le temps avait décoloré ses cheveux. Mais ce qui retint le plus mon attention chez lui ce fut ses yeux. Ses yeux vairons, l'un bleu comme le ciel et l'autre marron comme l'écorce d'un arbre en été. Ouioui, j'aime faire des comparaison de ce genre, ça m'aidais à garder en mémoire la tête des gens. Je souris doucement et lui répondis doucement.

«Merci. »

Je le regardai aller s'installer devant un piano. Enfin son piano sûrement, les membres du club de musique possédaient chacun leur instruments. Je le regarde caresser les touches du piano puis vais m'installer à nouveau devant le mien en le fixant.

« Au fait, dit-il en jouant une mélodie sur l’instrument, je me nomme Darren, enchanté. »

Puis il se met à chanter.

« Easy come, easy go, that's just how you live
Oh, take, take, take it all but you never give
Should've known you was trouble from the first kiss
Had your eyes wide open, why were they open? »

Je reconnais la chanson qu'il chante, Grenade de Bruno Mars. Il m'était arrivé de la jouer plusieurs fois, je souris alors et me mit à continuer après lui.

« Gave you all I had
And you tossed it in the trash
You tossed it in the trash, you did
To give me all your love
Is all I ever asked
Cause what you don't understand. »

Je replace rapidement une mèche derrière mon oreille et continue à jouer avec douceur.

« Is I'd catch a grenade for ya
Throw my hand on the blade for ya
I'd jump in front of a train for ya
You know I'd do anything for ya. »

Puis mes doigts s'arrêtèrent de danser sur les touches blanches, et je me tournai vers Darren et ses cheveux blancs et je lui dis en souriant.

« Moi c'est Daphné. Tu joues depu.... BOUCHES TOI LES OREILLES.»

Je n'ai que le temps de lui crier cet ordre, car quelques quarts de secondes après j'étais à genoux par terre, les mains plaquées contre mes oreilles en train de secouer la tête avec une grimace de douleur. Je sais que mon pouvoir était en train de se déclencher, c'est pourquoi je tentai de retenir mon cri quelques secondes de plus, mais sans grand succès. J'espérais pour ses tympans que Darren avait écouté mon ordre et se bouchai les oreilles, car il risquait d'y laisser l'ouïe si il ne le faisait pas. Un long cri mêlant hurlement du loup, plaintes de l'enfant abandonné et hurlements de douleurs sortis de ma bouche. Les volets claquèrent, les rideaux ondulèrent avec force puis je me roulai en boule au sol, en secouant la tête tout en continuant de pousser mon cri strident. Je devais avoir l'air d'une folle là, roulée en boule par terre à secouer la tête. Je fermais les yeux, en tentant d'ignorer les cris de lamentation de la personne qui était en train de mourir, qui était en train de chercher le passage vers l'au delà. Puis mes lamentations cessent et je reste là, allongée par terre tremblante. Je serre les poings, me roulant un peu plus en boule puis continue de fermer les yeux avec toute la force qu'il me restait.