Torse. Torse. Torse. SUEUR.

Torse. Torse. SUEUR.
feat. Evans Landway

Le jeune homme vint se stopper de chahuter avec Evans lorsqu'il se mit à abandonner, sans réellement le dire, la lutte. Il vint se coller au torse de Belpheus, qui restait bien penché pour que cela soit possible... et s'étonna même de venir caresser le torse du jeune garçon, transpirant quand même un petit peu à cause de l’entraînement, sans que cela le dérange pour autant.

« Tu aimes jouer comme on l'a fait ? »

Belpheus trouva la remarque très mignonne. Il ne sut pour le moment pas quoi répondre, n'ayant pas vécu ce genre de moment de complicité avec quelqu'un... ou du moins, sans l'intermédiaire de sa poupée. Il en eut plus jeune avec ses cousins... Mais pas depuis son entrée à Primsver... Et il avait presque oublié ce que ça faisait de jouer sans utiliser sa marionnette. Il esquissa un mince sourire et regarda droit dans les yeux le jeune blondinet.

Des paroles vinrent se dessiner sur ses lèvres, comme s'il avait oublié pendant quelques instant qu'il ne possédait pas de cordes vocales... en fait il avait oublié, mais pour une fois, il semblait dire quelque chose d’extrêmement sincère.. et il perdit immédiatement son sourire quand il se rappela qu'aucun son ne pouvait sortir de sa gorge. Pas que ça le rende triste, ayant toujours vécu sans il n'en ressentait pas réellement le manque... mais être coupé ainsi dans son élan avait quelque chose de relativement frustrant qu'il n'arrivait pas à décrire. Se redressant un petit peu, il vint faire suivre Evans dans son mouvement, l'ayant enlacé et le soutenant de ses deux mains dans son dos.

C'est là que Alice se redressa pour venir répondre un simple ; « Oui. » pour finir par retomber, laissant son maître câliner son ami. Une sorte de réconfort après l'effort. Ses yeux se fermèrent, il pose son front contre son épaule et resta contre son torse, à entendre les gazouillements des oiseaux, à profiter de sa chaleur et à sentir sa sueur.

Torse. Torse. SUEUR.
feat. Evans Landway

Il sentait la main de Evans lui caresser doucement le crane. C'était une sensation très agréable, qu'il comparait aux caresses de ses grands cousins, ou ses parents. Des choses agréables, de personnes proches. C'est là qu'il se souvint que, tout de même, la chaleur du foyer ça lui manquait tout de même un petit peu par moment. Il resta un instant dans cette position, à profiter simplement de la douce chaleur que cela lui produisait, en pensant à tout plein de choses à la fois. Son esprit étant en constante ébullition (chose pratique quand on est un A).

« Tu crois que je serais capable d'apprendre à lire sur les lèvres ? » sortit de ses rêves et pensées le jeune blond qui redressa doucement la tête pour regarder à nouveau droit dans les yeux son ami. Il ne s'en rendait pas réellement compte, mais alors qu'il réfléchissait, une main lui appartenant vint caresser la nuque de Evans. Le genre de petite attention qu'on ne peut pas remarquer si on n'est pas collé à lui, utilisant toujours cette marionnette pour contrôler le moindre de ses gestes.

Lire sur les lèvres n'était pas une mauvaise idée. Mais... même avec ses cousins il ne communiquait pas ainsi. Il utilisait le téléphone de son père ou du simple papier pour écrire ce qu'il voulait dire, quand Alice n'était pas encore là... Ils n'arrivaient pas à comprendre ce qu'il pouvait bien épeler avec le simple mouvement de ses lèvres. Seuls ses deux parents y arrivaient, alors Evans... Non, il n'allait certainement pas y arriver également.

« Je ne crois pas. J'arrive à le faire, mes parents également, mais c'est un travail de toute une vie, pas une apprentissage en claquant des doigts. » dit-il en ne faisant bouger que les voix respiratoires de sa poupée et en bougeant ses lèvres et mâchoires.

« Mes parents y arrivent, mes cousins ont essayé mais même avec tous les efforts du monde, ils n'arrivaient pas à faire sortir quoique ce soit d’interprétation correcte. »

Belpheus se mit à soupirer. Pas pour une raison particulière, juste soupirer pour soupirer. Il revient à la position qu'il avait au début, front contre son épaule, tout en continuant de lui faire des papouilles dans le haut du dos et dans la nuque, lui grattouillant également un petit peu les cheveux. Cette position le plaisait, et il se sentait réconforté et en sécurité dans les bras de son ami. Comme une envie de rester éternellement contre lui vint le prendre aux tripes, une sorte de sentiment d'affection et de douceur qu'il ne comprenait pas tellement, mais dont il appréciait les vertus.

« Désolé. »

Torse. Torse. SUEUR.
feat. Evans Landway

Toute une vie pour atteindre ce but, le comprendre rien qu'en regardant ses lèvres... une bien belle ambition. Que Belpheus ne pouvait considérer que comme honorable. Il se laisse faire, porté par le câlin, sans rien rajouter après cette courte remarque. Le silence était tout de même un de ses plus grands alliés, alors il allait rester à leur cotés le temps de la séance de tendresse. Son esprit se vida à nouveau, pendant un très bref instant, car il s'agissait d'une chose tellement rare qu'il ne pouvait pas se laisser aller à ces caprices.

La voix de Evans, et surtout le sens de ses paroles vinrent l’interpeller. « Et.. quand tu réfléchis.. T'entends une voix dans ta tête ? »

C'était une bien bonne question. Et Belpheus fut totalement surpris par celle-ci. C'était si soudain, et si... troublant. Il se remit d'un seul coup en question, se reculant, ne touchant plus peau contre peau son ami. Il essaya de faire abstraction de ce qui l'entourait pour penser à cette question. En l'espace d'un silence de quelques courtes secondes, il eut le temps de se faire tout l'historique de cette voix dans sa tête, quand il pensait. Personne ne peut penser sans avoir cette petite voix. Belpheus supposait que les gens normaux avaient celle qu'ils possédaient lorsqu'ils parlaient -donc légèrement différente que celle que les autres perçoivent, mais tout de même, leur propre voix!-. Chose que Belpheus ne possédait pas. Il n'a jamais pu sortir le moindre son. La moindre parole. Et il bloquait totalement aux chuchotements, comme si les cordes vocales étaient utiles pour atteindre ça (ce qui était concrètement faut, mais un blocage reste un blocage).

Mais quelle était sa voix ? Belpheus releva très légèrement le regard pour venir atteindre les beaux yeux bleus de son compère.

« Je ne pense pas réellement savoir. » reprit par sa suite Alice. « Enfant, je crois que j'avais celle qui ressemblait à celle de mes cousins, comme si au fur et à mesure que je grandissais, je m'adaptais à la voix que j'aurai pu avoir. »

Il se stoppa, se mit à réfléchir, réfléchir.

« C'est comme si dans mon esprit, ma voix n'était pas fixe. Je n'arrive pas réellement à avoir une voix qui m'appartienne, car celle que j'ai en pensant ne m'appartient pas concrètement. Ce n'est pas la mienne, je l'ai entendu, et je la recréais naturellement, car je ne puis penser sans une petite voix dictant mes pensées. »

Le jeune homme vint se souvenir d'un passage de sa vie où sa voix était similaire à celui d'un acteur à qui il s'était identifié dans une série TV. A une fois, à une voix d'un de ses cousins, à une autre, une voix d'un adolescent qu'il avait entendu par hasard dans la rue. Naturellement, il réussit à l'adapter pour parler avec toutes les syllabes existantes.

« Actuellement, c'est comme si c'était encore en mouvement. Parfois, j'ai cette voix monocorde d'Alice que j'adapte en la rendant vivante, car je suis vivant, moi... Et parfois c'est.. une voix d'adolescent. Parfois les deux, car on peut très bien penser, avoir une musique dans un coin de son esprit, et penser à autre chose. Le cerveau est très flexible pour ça... ...Mais tout ça pour dire que... Non, je n'ai... J'ai une voix, mais... pas à moi. ». Et c'est à la fin de cette phrase que Belpheus soupira, laissant retomber Alice sur le sol.