Eh coucou toi ! [PV Ulrich Mc-Cullen]

Ce jour là, c'était un jour bien spécial. J'avais décidé de mettre mon réveil assez tôt pour pouvoir aller m'entraîner au parc, sans tomber sur des hordes de touristes. Enfin, il avait sonné vers 10h quoi... En me levant, j'enfilai un peignoir pour traverser la chambre jusqu'à la salle de bains. Tranquillement, je pris une petite douche et enfilai des vêtements simples. Un jogging, un tshirt et basta. Je m'attachai les cheveux vaguement et sortis de la salle de bains pour me rendre à la cuisine. Je ne prenais un petit déjeuner que lorsque j'allais faire du sport ensuite. Non pas que j'aimais ça mais sinon, je tombais dans les pommes comme une fillette... Je m'enfilai donc des tartines, un bol de lait et un jus de fruits.

Enfin prête, je pris mon sac dans lequel je mis mon keikogi (ouais, le kimono quoi) pour me changer une fois tranquille, mes clés et mon lézard. J'enfilai mes baskets et sortis de chez moi en trottinant. Je profitais de la distance entre ma cabane et le parc pour commencer mon échauffement. Petites foulées donc...

Arrivée dans le parc, je me mis à la recherche d'un petit coin calme, le plus caché possible. Toujours en courant, j'arpentais le parc jusqu'à ce que mon cœur choisisse un endroit. Il y avait quelques petits arbres qui formaient comme un enclos et je passai donc à l'intérieur. Continuant à m'échauffer en douceur, je poussai même la chansonnette. La nuque, les poignets, chevilles, etc.

Une fois chaque muscle de mon corps chaud et prêt à travailler correctement, je regardai autour de moi. Il n'y avait apparemment personne. Alors j'enlevai rapidement mes vêtements pour enfiler ma tenue d'aïkidoka. Ouais, je trouve ça classe comme nom. C'est stylé d'être « aïkidoka » ! Je commençai à répéter les mouvements que j'avais travaillé pendant les vacances. Toute seule, c'était assez facile et complètement stupide à la fois, puisque nous sommes censés utiliser la propre force de l'adversaire pour nous défendre, mais c'était mieux que rien. Je voulais connaître ses mouvements à la perfection pour n'avoir plus qu'à m'adapter à mon partenaire la prochaine fois que j'en aurais un.

La tête prise dans ce que j'étais en train de faire, je ne prêtais pas attention aux légers bruits qui auraient pu m'alerter de la présence de quelqu'un. C'est pour cela que lorsque j'entendis une voix derrière les arbres, je laissai échapper un petit cri de surprise. Me retournant vers celui qui venait de parler, je reconnus Ulrich. Nous nous connaissions un peu et je l'aimais plutôt bien. Pourtant, je lui en voulais d'être apparu comme un ninja. Il avait les cheveux presque blancs, limite ils brillaient et je ne l'avais même pas vu s'approcher. Non pas que je critique ses cheveux hein, mais là, j'avais perdu toute crédibilité... Il fallait vraiment que je trouve un moyen de me contrôler quand j'étais sous l'effet de la surprise. Au mieux, j'étais prise d'un sursaut énorme, au pire je hurlais. Bonne moyenne... J'espérais aussi qu'il ne m'avait pas entendu chanter... Il faut avouer que je ne chantais pas le mieux du monde, et que c'est pour cette raison que je ne chantais que quand j'étais seule et que personne ne pouvait m'entendre, car comme la plupart des gens qui chantent mal, j'aimais bien chanter. Remarque, tout le monde aime bien chanter je crois. Avec un air faussement agressif, je vins vers lui.

« Je m'entraîne pour pouvoir tuer ceux qui me trouvent. »

Après avoir fait semblant de lui mettre un coup de poing de la mort, genre de coup qui n'existe d'ailleurs absolument pas dans l'aïkido, je lui souris et repartis un peu plus loin pour continuer à m'entraîner. Tout en l'ignorant royalement. J'étais plutôt forte pour ça. J'avoue que ça tapait sur les nerfs de beaucoup de gens, mais c'était drôle à faire. De toute façon, je voulais finir ce que j'étais en train de faire, et puisqu'il avait vu le début, autant continuer. Je brassais donc de l'air et me retournai de temps en temps pour voir ce qu'il faisait. Je m'arrêtai enfin, un peu essoufflée, et repris le même ton ironique que lui.

« Et qu'est-ce que tu fais là toi ? Il est tôt nan ? Me dis pas que tu as fait tout ce chemin pour moi, tu risquerais de me faire rougir...»

Il avait l'air d'avoir vraiment cru à mon coup de poing et ma petite pique l'avait fait rire. Tant mieux, au moins il ne se moquait pas de mes talents de chanteuse ou de mon entraînement. Et à mes conneries, il répondit par une énorme courbette. Un regard d'azur hein ? Comme toutes les filles face à un compliment (oui, même ironique, c'est un compliment) je lui souris et je ne fis pas attention quand il m'attrapa la main. Il embrassa d'abord délicatement le dos de ma main, mais il fut beaucoup moins délicat quand il me balança par terre. Il s'affala sur moi bien que j'essayais de me débattre en criant. Son visage juste au dessus du mien me donnait envie de lui mettre un coup de tête, mais ce n'était pas dans les règles de mon art. Remarque, écrabouiller quelqu'un non plus... Mais bon, ce n'était pas une façon de se battre pour une fille.

J'arrêtai de crier quand il reprit la parole.

« Néanmoins, ce n'est qu'un pur hasard que je te croise, jeune ninja »

Soupirant et faisant mine de m'être calmée, je lui laissais une seconde de répit.

« Et qu'est-ce que tu fais là alors ? »

Je rassemblais finalement toutes mes forces et mon âme pour enfin réussir à le pousser. Lui tirant le bras, je le fis rouler pour reprendre le contrôle de la situation. Enfin au dessus de lui, je lui ébouriffai les cheveux en souriant d'un air triomphant. Histoire d'être sûre qu'il ne recommence pas, je lui tenais les mains au dessus la tête et je m'assis carrément sur son ventre. Je lui pinçai le ventre avec ma main libre.

« Alors, on t'a jamais dit qu'il fallait pas attaquer un ninja ? »

Malheureusement, ma victoire fut de courte durée. Il avait réagit à mes chatouilles, je l'avais senti. Mais il avait assez de force pour me renvoyer au sol. Je le vis faire une espèce de roulade et cette fois je ne pus m'empêcher de me moquer de lui, laissant échapper un rire. Il fut stoppé par Ulrich qui me bloqua à nouveau, mais complètement cette fois. Ma seule défense fit de lui mordre légèrement l'épaule. Enfin il me lâcha et vint s'installer à côté de moi. Je soupirai en reprenant un peu mon souffle. Ok, fin de la première manche, mais si il croyait qu'il allait s'en tirer comme ça, il se fourrait le doigt dans l’œil. Surtout que ce qu'il disait me donnait encore plus envie de lui faire bouffer l'herbe.

« Si je t'ai pas aujourd'hui, je t'aurais demain... »

Et je réfléchissais à une vengeance. Pas quelque chose de méchant, bien sûr, mais un moyen de le faire basculer. C'était d'ailleurs tout l'art de l'aïkido, se servir de la force de l'autre, mais lui il n'attaquait pas comme dans les cours, et puis je n'étais pas si douée que ça... Je sentis qu'il me regardait. Je tournai alors la tête vers lui pour planter mes yeux dans les siens. Ils étaient vachement bleus en fait, je n'avais jamais remarqué.

« Ça t'arrive souvent de venir jouer les Myamoto Musashi, à t'entrainer seule et solitaire comme ça ? »

Sourire. Pour me donner de la contenance, je me retournai pour me retrouver sur le ventre et m'appuyai sur mes coudes.

« J'aime bien m'entraîner dans le parc. Et puis même si c'est pas terrible pour la pratique, ça me détend d'être un peu seule... »

Je lui disais la vérité, mais pourtant sa présence ne me dérangeait pas. Certes, je n'avais pas eu le choix puisqu'il était arrivé par surprise, mais je n'avais pas envie de partir ou de lui gueuler dessus pour qu'il se barre. Alors, comme je ne savais plus quoi dire, je lui repinçai le ventre avec un air innocent.

Je l'avais à peine touché qu'il avait déjà fait un mélange entre un saut et une roulade sur le côté pour s'éloigner de moi. Je lui riais au nez quand je reçus un... Truc sur la tête. C'était lourd et c'était noir. Un poids d'un autre genre vint s'abattre sur moi. Et il retournait mon attaque contre moi en plus. Je me tortillais comme une anguille en hurlant. Enfin il me lâcha et je le poussais un peu plus loin. Essuyant les larmes qui étaient montées à mes paupières, je me redressai sur mes coudes. Il secoua mes cheveux et je tapai sur sa main pour qu'il la recule. Ce n'était pas que je n'aimais pas qu'on y touche, comme beaucoup de filles, mais c'était plus pour exprimer mon mécontentement. C'était bas de faire ça à une femme en détresse... Il se leva et reprit ce qu'il m'avait balancé. C'était donc un manteau.

« Cherche pas gamine, je suis le meilleur. Mais je t'autorise quand même à m'appeler Maitre ! »

C'est ça ouais. Il pouvait toujours sourire, avec son petit air hautain. Je me relevai difficilement et enlevai l'herbe qui s'était accrochée partout sur moi. Je resserrai ma ceinture en tirant un coup sec dessus.

« C'est facile d'attaquer des gens plus faibles ! Malotru. »

Je plantai une dernière fois mon index dans son ventre. C'était vraiment trop drôle de le voir se tordre comme ça. Le forçant à se rasseoir, je me postai en face de lui et pris son manteau pour l'examiner. Il y avait des endroits où un genre de coque de protection était placée. Il faisait du catch ou quoi ? Merde, j'avais rencontré ce mec plusieurs années avant et je ne savais presque rien de lui. Si ce n'est qu'il était en classe B et que j'aimais bien ses cheveux... C'était léger, oui. Je lui redonnai son manteau en faisant attention d'éviter toute attaque pouvant venir de lui.

« Pourquoi il est renforcé ? »

Suite à ma question, il me lança un regard entre l'amusement et le mépris. Il soupira très fortement et me regarda comme un professeur regarde une élève. Ah, ainsi c'était des trucs de moto... Il est marrant lui, je n'avais jamais fait de moto alors connaître les équipements... Je n'avais pas tout écouté à son histoire de Marcel le chauffard mais j'avais saisi le gros du truc. J'imaginais Ulrich en gros sac intact alors que tout le reste de son corps était brisé. C'était glauque mais plutôt marrant. Une espèce de bouboule avec des yeux bleus et des cheveux longs.

« Ah ouais, pas sympa Marcel... »

C'était tout ce que j'avais trouvé à dire. Je me laissai tomber sur le dos et contemplai les quelques nuages blancs qui passaient au dessus de nous. Me rendant soudain compte que je ne m'étais pas étirée du tout à cause de monsieur et de ses enfantillages, j'attrapai mon pied et rabattai ma jambe vers moi. Je comptai à voix haute, jusqu'à 30, et fis de même avec l'autre.

« Mais.... T'as une moto ?? »

Je me redressai sur mes coudes, ayant enfin capté. En même temps, il n'allait pas se balader comme ça sur son vélo... Je me mis à le fixer exagérément en me demandant ce qu'il avait d'autre à cacher. C'était impossible de louper autant de chose sur quelqu'un que l'on est censé connaître un peu... J'avais super envie d'essayer à présent et j'espérais qu'il ne cherchait pas à être seul, parce que ça allait être dur pour lui... Parce que si je voulais quelque chose, je savais l'obtenir.

"Un peu, que j’ai une moto ! Une magnifique Ducati 749 Dark de 2004, une cylindrée de 748cm², 103 chevaux dans le moteur, 6 vitesses et une vitesse de pointe avoisinant les 280km/h … Un pur plaisir cette moto !"

Il avait dit ça avec l'air aussi fier qu'un coq et pour le faire redescendre, je lui tapai doucement sur la tête. Et puis je n'avais pas compris la moitié de ce qu'il avait dit. Ducati, ok, c'était une marque... De 2004, ça allait aussi, mais les chevaux, les vitesses... Attendez, il avait vraiment dit 280km/h ? Il s'était mis à penser, sûrement à sa moto... Ah les hommes et leurs véhicules... Tous pareil... Alors pendant qu'il rêvait, j'essayais de l'imaginer, sa moto. Enfin, c'était à peu près toutes les mêmes non ? Le secouant, je le tirai de ses pensées

« 280 ? Mais t'as déjà été aussi vite ? Ne mens pas ! »

Avant de me répondre, il ressortit son sourire fier et me proposa ce que j'attendais.

« Oui je veux ! »

Sans lui laisser le temps de réagir, je lui sautai dessus et attrapai son manteau. Je me relevai en le mettant. Avec ma meilleure allure de pétasse, je me mis à marcher dos à lui, pour faire demi tour quelques mètres après. Je lui fit un clin d'oeil et revenai vers lui pour m'arrêtter à un mètre de lui, dans un déhanché digne de Beyoncé (ou pas).

« Il me va ? Je peux monter avec ? »

Je finis en lui envoyant un baiser et me rassis en face de lui, comme si de rien n'était, mais toujours avec le blouson sur le dos.