« can you hear the sound of the sea ? » • zendaya

can you hear the sound of the sea ?
feat. Gautier

Elle ne faisait rien. Strictement rien. Et ce depuis des jours. Pourtant avare de son temps, Zendaya le perdait à se morfondre seule sous ses couvertures. La mort lui courrait après, et elle en avait assez de fuir. Elle était lasse de cette bataille ; de cette course que le monde s'amusait à qualifier de perdue d'avance. Ainsi qu'à cruellement le lui rappeler. Tous. Ils se réjouissaient tous de la jolie comédie dramatique en laquelle se transformait sa vie. Tandis qu'elle se fourvoyait, eux se moquaient amèrement de cette jeune femme aux allures puériles. Alors Zendaya, poussée par ces railleries, ne vivait plus. Et en était presque soulagée ; elle pouvait se reposer dessus ; elle avait enfin trouver les excuses valables à tout abandonner, celles qu'elle cherchait depuis si longtemps.

Mais ça, c'était ce que la rouquine se forçait à croire ; ce qu'elle tentait vainement de faire avaler à ses sinistres pensées. Zendaya voulait échapper à la grande faucheuse qui la poursuivait depuis toujours ; mais elle ne le pouvait pas. Alors elle s’était mise à hurler de frustration, à pleurer la rage qu'elle éprouvait face à son incapacité à continuer comme elle l'entendait. L'écho lui avait répété sa plainte, révélant enfouie dans son cœur une profonde douleur. Personne pour lui ordonner de la fermer. Le silence et les ténèbres ne se trouvaient plus qu'autour d'elle, mais bien à l'intérieur de sa personne. Ils l'envahissaient, créant en son sein un vide insondable. Mais un agréable effluve de parfum d'homme ô combien familier remontait doucement jusqu'à ses narines au fur et à mesure que la demoiselle s'agitait dans son lit.

▬ Cale... laissa-t-elle échapper dans un inconscient murmure d’apaisement.

Enfouissant un peu plus son nez dans son oreiller, la jeune femme soupira. Elle avait complètement oublié que le blondinet lui avait rendu visite la veille au soir, tentant inutilement de la faire sortir hors de la cabane. Sur le coup, il l'avait sérieusement énervée. Mais à présent, son absence se faisait insupportable. Elle l'aurait voulu là, à ses côtés, dans son lit. Ça lui déjà éviterait d'apparaître en abrutie finie à renifler ses draps comme si une simple odeur pouvait la sauver. Zendaya n'aimait pas Cale ; elle l'adorait. Mais ça, la rouquine le lui montrait bien trop peu.

Lorsque que le parfum du beau-gosse-blond-sous-lequel-toutes-les-filles-trépassent se fit imperceptible, la jeune femme se découvrit pour ensuite traîner mollement son corps jusqu'aux douches. Une fois propre, elle s’était mise à fixer son reflet dans le miroir : yeux cernés, teint blême, regard vide, sourire fade. Elle se sentait pitoyable, se trouvait misérable. Et ses longues mèches humides n’arrangeait rien à son apparence. Vêtue d’un large sweat rouge et d’un simple short en jean, on voyait bien qu'elle s'était habillée parce qu'elle devait le faire. Parce que le nudisme n'était pas permit (*meurt*). Zendaya, pour la première fois, se fichait de renvoyer l'image lamentable de son âme souillée. Puis elle aperçu soudain une inscription noire dans la partie intérieur de sa cuisse gauche qui plongea son cerveau dans une méditation bancale :

« Cale, mon mari ♡
luv luv B) »

Du marqueur. Ca ne partirait pas.

▬ Ah, Zendaya ! Ca faisait un moment.
▬ Mh, répondit-elle d'un air nonchalant en resserrant ses jambes, paniquée ; elle ne voulait pas avoir une des groupie du blond aux talons. Blond qu'elle finira par étrangler un jour, soit dit en passant.

Et c'est suite à une discussion dont elle n'avait strictement rien suivi qu'elle s'était retrouvée à l'aquarium, sans trop bien savoir quoi y faire. Elle s'était juste défilée ; elle avait fui les deux connaissances-psychopathes-fangirls qui l'avaient traînée jusqu'en ville. En tous cas, la rouquine appréciait le calme de l'endroit, et elle n’aurait certainement pas trouvé mieux pour sa première sortie après sa profonde déprime. S'enfonçant doucement dans le hall, Zendaya repéra rapidement une tête brune secouant à son oreille l'un des coquillages provenant du bassin devant lequel il était posté. La jeune entremêla les doigts de sa main gauche avec les pointes de ses cheveux dans le bas de son dos en s'approchant discrètement du jeune homme, qu'elle trouvait pour le coup complètement abruti. Arrivée à ses côtés, elle se pencha lentement à son oreille libre :

▬ Ton coquillage, tu ferais mieux de le bouffer, ça serait plus utile, le taquina-t-elle gentiment avant de se redresser, la main toujours dans son dos.

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