InvitéInvité | Sujet: » As de Trêfle « Dim 6 Oct 2013 - 17:52 | | | INTERVIEW WITH A BLIND TEACHER ▲ |
NOM → Abel Deny Crane PRONONCIATION → ˈeɪbl̩ dɪˈnaɪ kreɪn NATIONALITE → Anglais, Londonnien ORIGINE → Irlandaise AGE → 24 ans SEXE → Masculin POUVOIR → Personnalisation des ténèbres ORIENTATION → Hétéro à tendance bisexuel DATE DE NAISSANCE → 13 juin PROFESSION → Professeur de Littérature ANCIENNETE → Trois semaines | « Mon pouvoir... Il est terrifiant. Il s’agit de la « Personnification des Ténèbres », c’est ainsi qu’on l’appelle, ici, à Prismver. Oh bien sûr, je peux vous en parler. La magie s’est déclenchée en moi très tôt, puisqu’à l’âge de douze ans, j’ai été victime pour la première fois de mon don. Oui, il s’agit d’un don qui, non maîtrisé, se retourne contre son porteur. Il m’a fallu quelques années pour ne plus être la propre victime de ma magie. Puis, j’ai réussi à le diriger uniquement contre mes camarades, en cours de Maîtrise du Pouvoir. Vous imaginez bien que les professeurs ne me laissaient pas m’entraîner bien longtemps, et se laissaient souvent être eux-mêmes les cibles des ténèbres. Mais, je m’égare. Je vais vous expliquer, du moins, essayer, de vous expliquer ce don.
Premièrement, il s’agit d’un pouvoir occulte. La seule personne qui peut en être témoin est ma victime. Elle doit se trouver proche de moi, bien que la notion de distance soit difficile à cerner pour moi, je dirais que, vous appelleriez ça, être « dans mon champ de vision » ... Alors, il me faut me concentrer sur elle. Plus j’en sais sur la personne, plus le don se montre puissant, les ténèbres voraces. Par la simple force de ma concentration, les cauchemars, les peurs, globalement les ténèbres apparaissent à ma victime. Imaginez comme une main qui viendrait piocher dans votre subconscient les pires horreurs, pour venir les matérialiser sous vos yeux. Oh, pas uniquement les yeux, non. Il y a des images, certes, mais également des sons, des sensations. Vos cinq sens sont sensibles à ces « illusions ». On me les a décrites comme fantomatiques et de taille réelles. Incroyablement réalistes. Je suis seul maître de la durée et de l’intensité de ces illusions. Bien-sûr, lorsque j’en suis moi-même la victime, vous imaginez qu’il m’est très difficile de faire cesser cela. (Il s’arrête un moment, semblant guetter un signe de ma part. Je lui pose alors la question qui me brûle les lèvres, non sans un peu de gêne. Il rit doucement.)
... Oh, vous êtes loin d’être le premier à me poser cette question, rassurez vous. Bien, comment rêve un aveugle de naissance hein ? Et bien... Voyez-vous, mon monde est fait de sensations. Odeurs. Sensations tactiles. Goût. Sons. Mes rêves et cauchemars sont faits de ces sensations. Je ne « vois » rien. Mais, de façon toute aussi floue que vous, je ressens des choses. Mes rêves sont faits d’informations captées par mes quatre sens, et mélangées dans mon subconscient, exactement comme vous, en excluant la vue. Ainsi, lorsque je suis victime de mon pouvoir, c’est la même chose. Je crois toucher. Je crois sentir. Je crois entendre. Je ne vois rien de « fantomatique », je n’ai d’ailleurs aucune idée de ce que vous voulez dire à travers ce mot, mais les sensations sont bien là dans mon esprit. Elles sont factices, mais dans ces instants, mon cerveau les croit réelles. C’est la meilleure façon dont je puisse vous parler de mon don, excusez-moi si cela reste très abstrait, et, l’un comme l’autre, nous préférons éviter une petite démonstration, pas vrai ? (Rires.)» |
| « Han... Sadique cette question, non vraiment, je suis obligé ? (Je ris, et lui affirme que cela est nécessaire. Il soupire.) ... Bon. (Il réfléchi.) Je ne peux vous dire que ce qu’on m’a dit. Et oui, je dois une confiance absolue à mon entourage, pour ce qui est de mon aspect, mon look, et même les traits qui forment mon visage. Mmmh. Premièrement, il paraît que je suis grand. Je peux vous dire que je fais les trois quarts de ma bibliothèque, ou que je suis presque aussi grand que mon frigidaire. Je passe généralement les portes sans mal, mais la terre me semble basse lorsque j’ai à m’y asseoir. Les voix des élèves viennent d’en bas, et les voix des adultes me paraissent légèrement plus basses que mes oreilles, en général. Pour ce qui est de la corpulence... (il se tâte le ventre, je souris.) Ma foi je ne touche de masse de graisse nulle part, ni de muscle d’ailleurs, je suis un piètre sportif. Jeune, on me faisait parfois l’éloge d’épaules très larges, d’une carrure massive malgré mon poids plume et ma taille élancée. Un corps en « V » me dit-on toujours; même si j’ai beaucoup de mal à comprendre comment on peut associer un corps à une lettre, je leur fais confiance pour me trouver mes costumes, c’est tout ce qui compte ! (Rires.) Oh, et tant qu’à parler de look... jeune, on m’a dit « le jean va avec tout. » alors j’achetais des jeans en masse, et mes proches me choisissaient des tee-shirts allant à mon teint. Aujourd’hui, je porte des costumes pour les cours, et pour la vie de tout les jours, et bien écoutez, je n’ai pas quitté mes jeans et tee-shirts. J’ai probablement le look le plus banal qui soit, vous comprendrez que je n’attache absolument aucune importance à cela. Je m’habille de façon confortable, et parce-qu’il le faut, c’est tout.
J’ai évoqué mon teint. J’ai la peau « blanche », comme tout le monde ici, non ? C’est ça, on a tous la peau « blanche » en Angleterre non ? Bref, je n’ai aucune idée de ce que ça signifie, de même que la notion de pâle ou de bronzé, mais voila. Ma peau est « blanche ». C’est tout de même étrange de me dire que ma peau est de la couleur de la neige et du fromage, mais passons. (Je ris.) Ah, les cheveux. A l’adolescence, je suis allé chez le coiffeur avec une amie. Elle a décidé de ma coupe. Depuis, je retourne toujours chez le même coiffeur, et il me fait toujours la même coupe. Ca vous semble étonnant que je porte la même coupe depuis toutes ces années hein ? Pourquoi voudrais-je la changer alors que je ne peux la voir ? Encore une fois, je me fiche totalement de mon physique, tant que je parais soigné lorsque je me présente à mes élèves et à mes collègues, c’est tout ce qui importe. Ma coupe est donc... (il se touche les cheveux.) J’ai... J’ai ces grandes mèches devant, qui descendent jusqu’à mes lèvres. Derrière en revanche, c’est très court. Mes cheveux sont « noirs », enfin, vous dîtes « brun » il me semble. Ils sont très fins.
Quand à mes traits... Ils sont également « fins ». Je ne me laisse pas pousser la barbe, j’ai le sentiment que cela fait négligé, et puis, c’est désagréable. Comme vous le voyez, je porte des lunettes de soleil, parfois, même si je préfère m’en passer. Les élèves me demandent souvent pourquoi les aveugles portent des lunettes de soleil. Le savez-vous ? (J’avoue que non.) Et bien, contrairement aux voyants, nous ne recherchons pas la lumière. Nous pouvons vivre toute la journée chez nous avec nos volets fermés, cela ne change rien. Par ce comportement, nous réduisons grandement notre exposition à la lumière, et ce depuis notre naissance. Mais lorsque la lumière est présente, nous la ressentons, à travers nos paupières. Elle est alors désagréable pour qui ne s’est pas forcé à s’y habituer. Bref, passons, je m’égare encore une fois. Je pense avoir tout dit. Ah, mes yeux. Et bien, ils sont ceux d’un aveugle de naissance... On les dit « blanc cerclés de bleu », je ne peux qu’y croire. Est-ce que vous voulez les voir ? (J’acquiesce et l’observe se concentrer. Alors au bout de quelques secondes d’effort, ses yeux s’ouvrent, dévoilant deux iris blanches, floues, cerclées en effet d’un bleu-gris. Ses yeux n’ont pas de pupilles. C’est très déroutant pour moi, à la fois parce-qu’il y a quelque chose d’effrayant dans ces yeux sans pupille, et à la fois parce-qu’il est gênant d’observer le handicap d’une personne, sans que celle-ci ne puisse vous voir. Il referme finalement les yeux.) Je me suis efforcé, toute ma vie, à travailler ces muscles. Par fierté. Pour pouvoir dire « je peux ouvrir les yeux. » Ainsi, je peux les ouvrir beaucoup plus que la plupart des aveugles qui, n’ayant pas travaillé ces muscles toute leur vie, sont presque incapables d’ouvrir les yeux. C’est un peu comme faire des pompes quand on à aucun muscle. On en fais deux, et ça devient douloureux, on ne peut aller plus loin. C’est la même chose pour les yeux, mais les voyants ont du mal à le concevoir. Enfin, je pense avoir fait le tour, et plus que le tour de la question. (Sourire.) |
« Voila une question intéressante... Dieu, qu’il est difficile de faire une introspection improvisée... Mmh, je vais répondre en deux temps. Je vais commencer par un ensemble « extérieur », ce que les gens peuvent apprécier aux premiers abords, puis, j’irais plus en profondeur dans mes ressentis personnels. (Il me fait sourire avec ses plans, il s’agit bien là d’un prof : une annonce de plan, puis des écarts qui partent dans tout les sens !) Mmmh, je vous entend griffonner plus qu’il ne faut. Mais bref. Ce que l’on peut remarquer je pense, en premier, c’est que je suis une personne calme. Je sais généralement garder mon sang froid, il y a peu de sujets capable de me rendre impulsif. Je suis devenu solitaire avec l’âge, me plongeant dans mes livres, refusant les sorties, les rendez-vous. Je me suis renfermé sur moi-même et, même si je reste une personne sociable, j’ai du mal à m’attacher, je me présèrve beaucoup. J’ai perdu un être qui m’était très cher, et depuis, j’essai d’échapper aux sentiments, même si je suis bien conscient que cela est, d’une, impossible, de deux, que la vie en solitaire a bien moins de saveurs. Je suis donc devenu sage, finalement. J’ai pris conscience de la valeur de la vie, et j’ai cessé de crapahuter dans des situations dangereuses pour mon handicap. J’ai cessé de trop boire, de trop fumer. J’ai laissé tomber la drogue qui animait mes soirées de jeunesse, ici même, à Prismver, jouant avec les interdits. Le plus difficile a été d’arrêter de fumer. D’ailleurs, je ment un peu, je dois avouer que je craque encore régulièrement. (Rires) Mais la volonté est là. La vie est ce qu’il y a de plus précieux, et je m’efforce d’en prendre soin. Par là, je précise aussi que j’essai d’inculquer ça aux autres, qu’ils soient jeunes ou adultes. Je suis le mec trop sage, celui qui fait la morale, qui ne sait pas s’amuser. J’eu su, mais l’envie m’est passée de façon brutale.
Au travail, je suis passionné et impliqué. Je suis très ouvert à mes élèves, je m’assure que tous comprennent bien les idées, et encourage chacun. J’essai de transmettre ma passion de l’écriture et de la lecture... Malheureusement, la plupart du temps, ils sont bien plus intrigués par mes livres en braille que par les idées d’un auteur. (Rires.) Mais je ne désespère pas. Que chacun ait sa passion, je l’y encouragerai, quelle qu’elle soit. Je ne suis cependant pas un prof exemplaire. J’ai du mal avec la discipline, je peine souvent à me faire respecter et n’ait d’autre choix que de mettre l’élève dehors, ce dont j’ai horreur. Le problème, c’est qu’ils pensent que ma cécité est synonyme pour eux de liberté. Ils oublient que les aveugles ont une ouïe améliorée. Je ne vois rien mais j’entend absolument tout dans ma classe. Je sais qui est qui et qui fait quoi. J’en sais souvent trop d’ailleurs... Cette ouïe très performante me fait en apprendre beaucoup sur eux, contre mon grès et le leur. Alors, lorsque des choses m’interpellent, j’ai du mal à m’empêcher d’en parler à l’élève. Au moindre problème, qu’il soit de santé, de coeur, de famille, je dois en parler au concerné, et faire mon possible pour l’aider. Certains l’acceptent, je deviens donc leur confident et psy non officiel. D’autres me rejettent, je n’insiste pas. En tout cas, si certains reçoivent des convocations chez le psy sans avoir rien demandé, j’y suis parfois pour quelque chose... Oui, c’est mal, mais après tout, si je peux utiliser mon handicap pour aider, alors je le fais volontiers. L’important est le bien-être des élèves, avant tout.
Vous l’aurez compris... Je suis un papa poule qui ne s’assume pas, qui fait la morale, qui tient les enfants par la main pour ne pas qu’ils tombent. Je suis pareil avec mes amis, même si, depuis quelques années, je dois dire que cette case de mes relations est plutôt vide. Une autre case vide, c’est celle des relations intimes. Et oui, devinez quoi, les aveugles, c’est pas ce qui attire le plus, même si dans ma jeunesse je m’en suis quand même bien sorti côté lit. Non, pas d’amour, jamais, je veux dire avec un grand A. Depuis que j’ai terminé les études à Prismver, il y a eu quelques filles, des passages rapides, des relations ni nombreuses, ni intenses. Je ne cherche plus, comme avant, à me prouver des choses. Je ne cherche plus rien, en vérité. J’ai mon métier. Mes élèves. Mes collègues. Je suppose que j’ai tout ce qu’il faut... (Je ne peux cependant ignorer son air triste depuis qu’il parle de ses relations, mais je préfère ne pas remuer un couteau dans une éventuelle plaie.)
Bref, je vais désormais tenter une introspection plus profonde. (Il prend un temps pour réfléchir, je songe moi même à la difficulté de cet exercice.) Je n’aime pas les animaux. Ils sont imprévisibles. Oh, bien-sûr, mon chien guide est bien plus qu’un animal. C’est... Ce chien est ma vie. Bref, je n’aime pas les choses imprévisibles. Les choses désordonnées. J’ai mes rituels, mes habitudes, mes façons de faire. Je n’aime pas que cela soit perturbé. Je n’aime pas les surprises, les anniversaires, les traditions. Mais je suis tolérant. Très tolérant. Je pense que chacun fait sa vie comme bon lui semble, aime ou détèste ce qu’il souhaite. Nous n’avons pas à nous juger les uns les autres. Plus que tout, je souhaite que les gens soient heureux. Je suis peut-être naïf. Facilement exploitable, bien que peu osent le faire rapport à mon handicap. Je n’aime toutefois pas être pris pour un imbécile. Je suis sévère. Oui, à la fois tolérant et sévère. Je respecte ce que l’on est, mais pas forcément ce que l’on fait. Mon plus grand défaut est probablement la rancune. Je ne pardonne pas. Je le sais pourtant, tout peut-être pardonné, mais je n’y parviens pas. C’est peut-être là un trait de mon immaturité, qui reste présente dans certains aspects de ma personnalité. Je suis également très jaloux. Je suis à la fois froid et rigide, mais pourtant rassurant. On me dit être une présence apaisante.
Il est malgré tout des sujets qui me fâchent. L’injustice. La mort. La violence. La drogue. L’inconscience. Je n’aime pas prendre part aux débats, je préfère de loin les écouter et me faire mes opinions. Je n’aime pas me battre pour faire passer une idée - si la personne souhaite rester dans l’ignorance, qu’elle fasse, je ne m’y épuiserai pas. Je suis moi même très têtu, il est difficile de me convaincre. Il y a cependant beaucoup de choses pour lesquelles je n’ai simplement pas d’opinion, grâce à ma grande tolérance. Je suis généreux. Attentionné. Attentif. Diplomate. Je respecte les gens et suis moi-même humble. Lorsqu’une personne m’est chère, je suis d’une loyauté sans faille. Je. ... Je donnerai ma vie pour sauver une personne que j’aime profondément. (Un silence.) J’ai mes défauts. Rancunnier, comme je l’ai dis. Jaloux, susceptible, pessimiste, désinvolte. Tout est question de contexte. Enfin, je suis très carthésien et pragmatique. | |
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« Mon histoire... Elle commence à cet instant ou ma mère m’a pris sur ses genoux pour me dire cette phrase : « Abel, les gens ne sont pas comme toi. » Elle m’a alors expliqué que les gens pouvaient voir des choses. Qu’ils étaient capable de faire quelque chose que je ne pouvais pas faire. Cela apportait des réponses aux nombreux questionnements que j’avais déja en tête. Pourquoi est-ce que, dans la cour, on refusait que je joue avec le ballon. Pourquoi est-ce que j’étais le seul à taper sur une machine bruyante, en classe, alors que, chez les autres, j’entendais quelque chose courir sur le papier. Pourquoi est-ce que j’étais seul.
J’ai finalement passé mon enfance à lire des livres. Un jour, une petite fille s’est approchée de moi, dans la cour. Elle s’est assise à mes côtés, et m’a demandé comment je faisais pour lire les yeux fermés. Je lui ai expliqué que je lisais avec mes doigts. « Mais y’a rien écrit sur ton livre...» Elle est finalement partie, et ce jour là, j’ai compris que je serais toujours plus ou moins seul, dans ce monde ou la vue n’existe pas.
C’est à douze ans que mon don s’est déclenché. Je faisais beaucoup de cauchemars. Et puis, j’ai commencé à faire des cauchemars en étant parfaitement réveillé. J’ai été voir quatre psychologues différents. Aucun ne pouvait l’expliquer. Et puis, sans le vouloir, j’ai commencé à attaquer les autres enfants, avec ce don. Nul ne pouvait deviner que c’était moi, mais je ne pouvais ignorer que j’étais toujours là lorsqu’un enfant faisait une crise semblable à la mienne.
Un jour de grande peine, je fus pris d’une colère sans précédent. Mon don s’est attaqué à ma mère. Elle a crié, pleuré. Elle est tombée à genoux. Ces souvenirs sont très flous, je ne me rappelle que de mon père essayant de la calmer. Il m’a emmené dans ma chambre, pour éviter que j’entende cette crise d’angoisse, mais au moment ou j’étais hors de portée de ma mère, ses ténèbres se sont dissipés. Ils ont fini par croire qu’il y avait quelque chose avec moi. Abel, première victime des Hommes. Peut-être était je un enfant maudis. Mes parents, très croyants, ont essayé de lutter contre cette idée, plutôt que de m’ammener chez un médecin ou quoi que ce soit de réaliste. Les crises se poursuivaient autour de moi, et mes parents faisaient l’autruche, parce-que c’était plus simple, et surtout, parce-que ça les effrayait complètement.
Et puis, un jour, peu avant mes treize ans, deux hommes sont venus frapper à notre porte. Ils étaient très calmes, très compréhensifs. Ils ont fait allusion aux cauchemars, aux ténèbres qui m’entouraient, qui touchaient mes proches. Ils ont alors parlé de la magie. de Prismver. Ils ont eux même fait démonstration de leur don, mais je ne sais toujours pas aujourd’hui de quoi il s’agissait. Quelque chose d’assez convaincant, puisque mes parents ont, après un temps, accepté l’idée que je possède, comme eux, un don. Moi, le petit aveugle londonnien, j’allais faire mes affaires pour partir dans un pensionnat. Loin de mes parents.
Je fis alors mon entrée à Prismver, où je fus classé en B. Les premières semaines, mes parents étaient autorisés à me rendre visite, fréquemment. Et puis, par la suite, c’est moi qui sortait, pendant les vacances, pour les retrouver. Nous étions tous rassurés : Prismver était une très bonne école, même pour un handicapé. Je me sentais moins seul. Là-bas, nous avions tous une particularité. Nous étions tous originaux. Ma cécité ne m’excluait plus autant qu’avant. Je me suis alors fait mon premier véritable ami. Il s’appelait Josh. (Son ton est soudainement grave. Je me tais, buvant chacune de ses paroles.) Il devint très vite mon meilleur ami. Et plus que ça. Josh était mon frère. Et surtout, il était mes yeux. j’avais pour lui une confiance absolue. Il était mon âme jumelle. Peu après, nous avons rencontré une jeune fille, en D. Elle s’appelait Guess. Elle avait un caractère bien trempé, mais nous l’adorions. Alessandra a rejoins notre groupe, dans les mêmes temps. Nous étions tout les quatres inséparables. Nous avons grandit ensemble, avec pour seuls amis, ce groupe. Nous étions plus liés que quiconque. Une véritable famille. Nous nous estimions plus encore que nos familles respectives. C’était nous quatre, et rien d’autre.
Et puis, nous sommes devenus des adolescents. Les fêtes. Les cigarettes. L’alcool, un peu, puis, beaucoup. Et la drogue, douce, à laquelle nous touchions tous un peu. Mais Josh, lui, ne s’est pas arrêté à ça. C’était un garçon plein de vie. A toujours faire la fête, toujours s’amuser. Nous faisions les quatre cent coups. Ils m’entrainaient dans des situations parfois dangereuses pour moi. Mais c’était notre groupe. Nous vivions pour les excès, pour les dangers. Nous avons fais quelques nuits de garde. Et puis, lors de notre cinquième année, nous avons fait la connaissance de Nemesis. Un nouveau, arrivé en cours d’année. Il était plus vieux. Agé de 18 ans, et nous 16, nous avons eu le coup de coeur pour ce grand dur, ce rebel. En fait, c’est Guess, qui nous l’a ramené. Ils se sont trouvé au lit, une relation purement charnelle au début, devenant amitié. Elle nous l’a présenté, et nous l’avons apprécié. Il faisait presque partie intégrante du groupe, malheureusement, il y avait de légères tensions avec Josh. Surtout après que Nemesis et moi ayons eu une aventure d’un soir. Josh, par vengeance, probablement, par jalousie, par possession envers moi continua d’aller toujours plus loin dans les excès. J’essayai de le calmer, mais au bout d’un moment, il n’était plus récupérable. Il était allé trop loin. Nous lui disions toujours « Fais attention Josh, ton coeur. Tu fais une hyper tension grave, pour ton âge. Fais gaffe, mec. » Nous lui demandions d’arrêter la drogue, car là où nous consommions simplement des drogues douces, lui était parti expérimenter les dures. L’excès, toujours l'excès. Ca lui a été fatal. un soir, nous nous amusions, une soirée comme une autre. Nous n’étions pas dans l’enceinte du pensionnat, mais en boite. A la sortie de la boite, nous avons été à l’hotel, comme souvent. Une soirée trop arrosée, une erreur. Puis, il a continué avec ses merdes. Nous lui avons demandé d’arrêter, c’était déja trop pour ce soir. Il sortait avec Alessandra, mais elle n’en pouvait plus de ses excès. Et puis, nous étions proches elle et moi, c’était parfois ambiguë, même si il n’y a jamais rien eu. Ce soir là, elle a voulu rompre. Ils se sont disputé. Continuant dans les excès, il a prit sa seringue, pour faire passer sa rage, et s’est injecté son truc. Il s’est alors mis à trembler. Du liquide blanc sortait de sa bouche, ses narines. Prit de spasmes, il est tombé à terre. Je ne pouvais le voir, mais je comprenais. Je comprenais tout. Les cris des filles. Les gémissements de Josh. Il répétait « Mon coeur... Mon coeur...» Je me souviens m’être levé. J’ai couru à la fenêtre, et j’ai hurlé le nom de Nemesis, qui était en bas, avec un ami, dehors. Car malgré qu’il ait quitté Prismver depuis deux ans, il restait notre ami. J’ai hurlé son nom, je tremblais. Je pleurais. La porte s’est ouverte à la volée. J’entendais Nemesis au dessus de Josh. Grâce à son pouvoir, il allait calmer les battements de son coeur. Il allait calmer son hyper tension. Il allait réussir, et le sauver. Parce-que Josh ne pouvait pas mourir.
(...)
L’enterrement à eu lieu quelques jours après. C’était également la fin de notre dernière année à Prismver. Nous avons chacun pris des chemins différents. Pour ma part, il était hors de question de revoir Nemesis. La seule chose qui me tenait en vie était la haine que je pouvais ressentir pour lui. Elle n’avait pas lieu d’être, mais elle atténuait ma peine. Il était plus simple d’avoir la rage que de pleurer. Ce n’était pas la faute de Nemesis. C’était la faute de Josh. Uniquement de Josh. Mais je ne pouvais accepter cette idée.
Je suis parti en études de littératures, les livres m’aidant à m’échapper. Mais la nuit, des cauchemars m’assaillaient. Et le jour aussi. Mon don fut détraqué après l’accident. J’en étais la première victime. Puis, le peu de fois que je voyais Guess et Aless, mon don s’en prenait à elles. Il nous faisait à tout les trois revivre le cauchemar de cette nuit la. La mort de Josh. J’ai finalement décidé de rompre tout liens avec elles, afin que nous nous en sortions. Je n’ai jamais revu Guess depuis. Quand à Aless, nous avons repris contact un an après. Parce-que nous avons vécu des choses, et que, nous ne pouvons pas nous passer les uns des autres. Finalement, sa présence m’a énormément aidé à m’en sortir par la suite. J’ai finalement récupéré le contrôle de mon don après un temps.
Mes études de littérature ont été couronnées de succès, et j’ai alors accompli ce dont je rêvais depuis des années : devenir professeur de Littérature à Prismver. (...) Ma parole, vous pleurez, Jake.» (... Ma gorge est nouée. Je ne peux parler. Il sourit. Ce que je retiendrai de cet homme, c’est la sensibilité qu’il dégage. Une sensibilité, comme je n’en ai jamais vue dans ma vie.) |
LIX
22 ans
TC de DREW BOLTON & JIM T. REED
REBOOT de PEPPER BOLTON (devenue pré-déf)
Le code est pas parfait mais je fais de mon mieux pour apprendre ♥
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