La porte claque. Soupir. L’oeil vide, je sors de ma poche un dépliant, observant la carte du campus. Mes yeux longent le chemin sous mes pieds, jusqu’au batiment principal. J’ai été à l’administration hier, en arrivant, mais j’me rappelle déja plus du chemin pour y retourner. Quittant le quartier des cabanes, j’avance, enfonçant mes mains dans mes poches de blouson. Du coin de l’oeil, je vois les différents cabanons défiler. Je ne les regarde pas. La gorge serrée, je déteste rester dans cette ignorance. C’est insupportable. Il faut que je sache. Mes pas me mènent bien vite au bâtiment, et j’entre, fuyant les regards des quelques élèves qui me dévisagent. Ils chuchotent. Je n’ai pas besoin de voir leurs gueules pour savoir la tête qu’ils font. Ca fait six ans que je les connais, ces regards. Mâchoire serrée, traits tendus, je trace ma route vers la cabine d’accueil, où la secrétaire est posée à l’arrache, mâchant du chewing-gum, les pieds sur son bureau. ... Sérieusement là ? Je ne relève pas. Mais si elle était une élève, je lui aurai volontiers dis ma façon de penser. «Bonjour. Je voudrais savoir dans quel cabane était mon cousin. ... Drew Bolton.» Heureusement que c’te fille a l’air d’avoir la capacité émotionnelle d’une petite cuillère. J’avais pas envie d’avoir à faire à un regard désolé, et de la pitié, encore et encore. Ma réponse acquise, j’fais demi tour sans un mot, retournant sur le chemin des cabanons.
Le regard des élèves est de nouveau pesant. Je remonte inutilement mon écharpe sur mon nez. Comme si ça pouvait cacher mon oeil. J’baisse ma casquette. On dirait un cambrioleur, j’fais tellement louche comme ça, haha. Au moins, si ça peut faire peur et qu’on me foutte la paix, c’est déja ça.
La mine sombre, j’avance, mes pas traînants sur le goudron, puis le sable. Mes yeux vérifient mécaniquement le numéro sur chaque porte. Je n’ai pas besoin d’aller bien loin, il est dans les premiers. Mon regard reste bloqué sur le chiffre, alors que mon corps se fige, mes mains toujours enfouies dans mes poches. Un. Deux. Je déglutis. Mon regard tombe sur le pas de la porte, légèrement sur le côté, où une fleur s’éteint dans un vase élégant. Une fleur de la veille, visiblement.
Alors quelqu’un vient encore déposer une fleur ici, tout les jours, ou au moins tout les deux jours ? Une sensation chaleureuse adoucit mon coeur. Un sourire triste vient étirer mes lèvres. Et puis, tout se trouble. Parce-que deux mois ne suffisent pas à panser une blessure. Quand à cette blessure là, elle est bien aussi douloureuse que celle qui hante mon reflet. Elle n’est pas visible, mais elle est là, en moi. La douce sensation de mon coeur devient serrement, et mes yeux me brûlent. La gorge nouée. La chaleur au visage. Et les larmes.
Je suis tombé à terre. Jambes pliées, les coudes sur les genoux, le visage enfoui dans les mains, je pleure. Je pleure sans craindre les regards, sans craindre les jugements, sans me soucier de mon attitude ridicule à pleurer, par terre, devant un cabanon. Parce-qu’à cet instant, je ne pense qu’à lui. Qu’à nous. Il était beau, Drew. Il était fort. Il était mon modèle.
Mes larmes coulent, mes sanglots sont bruyants. Je m’en contre-fiche. Qu’est-ce qui est important ? Qu’est-ce qui est plus important que cette douleur que je ressens, à cet instant ? Qui oserai me juger ? Des gens passent, en silence. Personne ne s’arrête. On respecte au moins le silence que la situation impose. Je serre le poing. La fleur prend feu. Et je souffre. Un mal de chien.
Un mal de clébard. Mais qui s’en soucie ici ?
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Sujet: Re: GHOST. Mar 26 Nov 2013 - 22:31
J’ai mal.
Oh putain de sa mère que j’ai mal. Un grognement s’échappe de ma gorge alors que je viens doucement étirer mes jambes encore humides de la douche chaude que je viens de prendre. C’était possible de choper des courbatures sans rien faire de sa journée, ou il faut vraiment être une championne pour que ça arrive ? Mes genoux craquent dans un bruit atrocement dégueulasse, et je passe une main dans mes cheveux mouillés, fixant mon reflet dans le miroir, forçant un sourire sur mes lèvres blêmes.
Cernes, disparues. Bleus, disparus. Signes extérieurs d’une quelconque santé mentale en chute libre : envolés.
C’est bon Sarah, tu peux cesser d’être un zombie aux yeux des autres – maintenant, tu auras l’exclusivité de ta fatigue et de ton agonie. A toi toute seule. Seule. Vive le cadeau. Rire amer. Je m’habille promptement, enfilant un slim noir et un chemisier blanc qui passaient par là, sortant de la salle de bain que je monopolisais depuis une bonne heure déjà. Mes yeux cherchent une quelconque présence humaine – mes yeux le cherchent lui mais ne rencontrent que le bordel organisé de notre chambre. Allez Sarah, c’est pas comme si tu t’attendais à ce qu’il t’attende pour sortir.
Après tout, ce n’était pas la joie entre lui et moi ces temps-ci.
Une vague soulève mon estomac alors que mes pensées se tournent vers Marwin. Marwin, Marwin, je suis désolée, mais je ne peux pas accepter tes caresses, pas plus que tes lèvres sur les miennes. J’ai besoin de temps Marwin. L’image de l’ennui passant dans ses yeux revient dans ma mémoire et me paralyse. Colère. Je l’entends encore partir et ne pas revenir de la nuit. Je m’entends encore serrer mes poings jusqu’à m’en faire craquer les phalanges – fumant cigarette sur cigarette pour ne pas succomber à la tentation d’écouter ce qu’il fait. Pourquoi avait-il fallu que je tombe sur un don donnant autant de migraines et cas de conscience, hein ?
Un bruissement me fait retourner brusquement à la réalité, et je vois Harry tranquillement en train de grimper sur mon lit. Lézard ingrat, je lui avais interdit de s’approcher de mes couvertures – mais bon, tant pis après tout.
Après avoir poussé un long, très long, soupir, j’enfile mes bottes et sort de ma chambre.
Un frisson parcourt ma colonne alors que le froid du couloir caresse mes cheveux trempés. Voilà Sarah, c’est ton premier retour à la réalité depuis l’accident. Soit forte Sarah. Tu peux le faire. Mes mains agrippent mes manches alors que je marche doucement dans le couloir.
Passant sans rien voir. Passant sans essayer de ne rien voir.
Parce que mon âme, elle, voit encore tout. Je sais, je sais combien de pas il me reste à faire avant de passer devant cette porte – la vérité me frappe avec une violence presque palpable, et je ne peux empêcher un tremblement, qui cette fois-ci n’a rien à voir avec le froid. La douleur vicieuse afflue dans mes veines au fur et à mesure que je me rapproche, et je serre les dents, je me mords les lèvres, j’enfonce mes ongles dans mes paumes. Désolée Marwin, je ne peux pas. Je ne peux pas encore.
Peut être ne le pourrai-je jamais. La souffrance que je porte au creux de mon ventre est encore trop forte, teintée d’une tiède amertume, pour que je l’ignore simplement. Elle ne disparaitra pas comme ça, Marwin – et le fait que je t’aime n’y changera rien. J’autorise mon esprit à placer un nom sur la souffrance, qui bout maintenant avec douceur dans tout mon corps.
Drew.
Mes yeux quittent le sol pour aller trouver la porte, pour aller le trouver lui – et je m’arrête brusquement.
Devant la porte, agenouillé près du vase au souvenir, il y avait quelqu’un. Une frêle forme tremblante, recroquevillée sur elle-même. Pleurant. Devant cette fleur que quelqu’un pose tout les jours en son nom. Devant cette fleur qui me faisait toujours mal au ventre – devant cette fleur que moi, je n’avais pas le droit de mettre. On n’accepte pas les offrandes souillées. Les autres élèves qui passent ont l’air aussi surpris que moi, mais continuent leur chemin, voyant que je suis là.
Allez Sarah, tu peux bien t’en occuper, après tout. – leur regard suffit à me donner la nausée.
Je m’approche à pas lents de la forme, que je soupçonne être un garçon. Un garçon que je n’ai jamais vu auparavant – et dont je n’arrive pas à apercevoir le visage, caché par une épaisse écharpe de laine.
« Hé. » Mes mots meurent sur mes lèvres. Mes yeux s’agrandissent. La fleur. Réduite en cendres. J’avale difficilement ma salive, allant poser une main sur l’épaule du jeune homme, parlant un peu plus fort cette fois-ci.
« Hé, ne reste pas là. » Silence gêné. Je remets rapidement une mèche de cheveux humide derrière mon oreille de mon autre main – avant de murmurer d’une extrême et précautionneuse douceur : «Si tu veux pleurer pour lui, ne reste pas là. Si tu veux, on peut aller dans ma chambre.»
Wow. Je me surprends moi-même. Je ne suis pourtant pas du genre à être gentille avec les inconnus – je ne suis pas pourtant du genre à être gentille du tout. Et pourtant, au toucher de cette épaule, je l’ai ressenti - me prenant aux entrailles en un putain d'éclair.
La mer déchaînée et ardente de la souffrance qui vibrait en lui.
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Sujet: Re: GHOST. Mar 26 Nov 2013 - 23:40
Leave me alone.
La vie s’acharne. La vie s’acharne sur moi. Je maudis Dieu, Allah, Bouddha, tout ce que vous voulez. Allez vous faire voir, y’a personne qui nous protège, y’a personne qui veille sur nous. Ou alors mon Ange a moi s’est fait la malle, est bourré H24 ou je ne sais quoi. Mais putain, le job est pas fait. Faudra que j’m’en plaigne au grand boss quand toute cette blague sera enfin terminée. Je laisse tomber mes mains de part et d’autre de moi, fixant difficilement la fleur à travers les larmes qui rendent ma vue si floue.
Et à cet instant, mon esprit est tellement loin que je ne sens même pas le contact sur mon épaule, à travers mon pull. Quand à la voix, elle me semble lointaine. Qu’importe si c’est à moi que l’on parle. Oubliez-moi. Juste, oubliez-moi, j’ai rien demandé à personne. «Si tu veux pleurer pour lui, ne reste pas là. Si tu veux, on peut aller dans ma chambre.» Le contact se fait légèrement plus appuyé sur mon épaule.
Je bondis. Une gerbe de flamme vole au dessus de nos têtes, tandis qu’habilement, tel un félin, je m’extirpe de tout contact avec elle, me retournant en même temps que je me lève et m’écarte d’elle. Regard de braise. Drew savait glacer les gens d’un simple regard. Je ne suis pas comme lui. Je brûle, je brûle à l’intérieur, et la flamme ardente qui consume mon esprit embrase mon regard.
«Lâche-moi !» On ne me touche pas. Personne. Je suis répugnant, tout le monde fuit mon contact, et je le fuis aussi. Je ne supporte pas que l’on me touche. Personne ne me touche. «T’es qui toi ? ...Fous moi la paix.» Je parle comme une merde, avec mon méga accent français. Fouttu cookie magique. Mais déja, ma voix s’éteint. Parce-que je n’ai pas sa force. J’ai beau essayer de menacer, ma voix s’évanouie toujours. C’est plus fort que moi. J’essuie d’un revers de main rageux mes larmes, mais mon mouvement est brusque, et je suis maladroit. Ma casquette tombe, dévoilant mon visage. Je serre les dents, me baisse, la ramasse dans prendre la peine de la remettre. J’incendie la fille du regard, et passe à côté d’elle en lui donnant un violent coup d’épaule en passant. Je marche, furieux. Pourquoi ? Parce-que je ne voulais pas qu’on me remarque. Je ne voulais pas qu’on me témoigne la moindre attention. Je voulais juste être invisible. Une seule minute. Une seule minute ou l’on ne pose pas les yeux sur moi. Une seule minute de paix avec mon cousin.
Je m’arrête. Mes yeux glissent sur le sol, mais je ne le vois pas. Dans mon esprit, le visage de la fille reste, insistant. Je l’ai déja vue. Un souvenir fort. Où ? Quand ? Je cille, me retourne doucement, m’arrangeant pour ne lui offrir en vue que mon profil saint, bien qu’elle ait déja vu la face pourrie de mon visage. Sans lever les yeux vers elle, je parle doucement, du bout des lèvres. «Tu étais à son enterrement, pas vrai ?» C’est son ex. La seule nana de notre âge qui est venue à son enterrement. Donc la seule ex. Elle a dû compter pour lui plus que beaucoup d’autres, car Dieu sait que lui avait du succès.
«... Peu importe.» Je me tourne de nouveau dos à elle, enfonçant mes mains dans mes poches, reprenant ma marche, plus tranquillement. Quelle importance. Il est mort.
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Sujet: Re: GHOST. Mer 27 Nov 2013 - 20:47
On appelait ça se recevoir un retour de flammes. Et ceci (presque) sans mauvais jeu de mot. Ca m’apprendra à vouloir être sympa.
«Lâche-moi !» « Eh, on se calme- »
La voix chaude et énervée éclate dans le couloir, alors qu’une flamme jaillit tout d’un coup au dessus de nos têtes. J’étouffe un cri de panique et recule avec surprise – putain – c’était quoi ça ? Mes yeux errent d’un endroit à l’autre avec panique. Mains crispées. Prête à bondir et à mordre la première chose qui viendrait me toucher – posture défensive.
Puis soudain, la réalisation. C’est vrai Sarah, tu es dans un pensionnat bizarre rempli de gens étranges – il y a des fois où tu aurais presque tendance à l’oublier.
Le jeune garçon fait volte-face, et me regarde des ses yeux sombres. Son œil sombre car je n’en vois qu’un – et ma machoire se serre alors que mon regard perçant vient épouser le sien. Il y a quelque chose qui cloche, quelque chose qui dérange dans ce regard, quelque chose qui me fait froncer les sourcils sans trop savoir pourquoi, et je vois si peu son visage que je n’arrive pas à mettre le doigt dessus.
«T’es qui toi ? ...Fous moi la paix.» Sa voix s’éteint tout comme la flamme d’une bougie, et se perd dans le vide. Oh. Je manque d’esquisser un sourire à l’entente de cette faiblesse dans sa voix. Un sourire triste, amer. Je ne m’étais pas trompée. Lui aussi, c’est une âme blessée. Je peux sentir sa peine suinter de chacune de ses paroles, une colère fragile couvant sous les braises.
Lui, qui qu’il soit, tenait à Drew. Chaleur piquante au bout des doigts.
Je ne le connaissais pas, cependant. La curiosité s’empare de moi à l’idée d’en connaître plus – d’attiser mes souvenirs lugubres – d’enfoncer le couteau encore plus loin. Une joie morbide jaillit au fond de mes yeux, une étincelle sur le point d’être allumée … Refroidie par le bruit mat de la casquette au sol.
Le jeune homme ne brûlait pas que de l’intérieur. Le feu avait déjà consumé son visage, s’étalant en une grande marque au niveau de son œil gauche. Une marque de peau oscillant dans les tons rouges et violets – me rappelant affreusement mes propres cicatrices.
Déglutissement. Offrande, porte, souvenirs, Drew, cicatrices, douleur. La crampe s’insinue en moi, me faisant tourner la tête un instant. Je ferme les yeux une seconde. Il y a des matins comme ça où l’on a du mal à digérer son petit-déjeuner – surtout quand on se retrouve face à des morceaux de rêves brisés. A des éclats de sa personne éparpillée.
Un coup à l’épaule me fait reprendre conscience, je grogne. OH. On se calme j’ai dit, on arrête de faire son rageux. « Hé mais qu’est ce que -»
Et là, son profil m’apparaît. Et là, la sensation de déjà vu devient plus prenante que jamais – et j’ouvre la bouche pour dire quelque chose, quelque chose qui me revient, quelque chose d’enfoui. «Tu étais à son enterrement, pas vrai ?» Il me coupe avant même que les mots franchissent mes lèvres.
Il était là. Je m’en souviens. Des souvenirs sombres étranglent mon esprit. Moi dans ma robe noire, livide, immobile, muette, comme statue devant la tombe bercée par les embruns. Lui, de l’autre côté, là-bas, avec ceux dont les larmes coulaient. Avec ceux que Drew aime, aimait, avait aimé. Poing dans ma face, coup dans mes côtes, un hoquet s’étouffe dans ma gorge alors que je réalise ce que cela signifie. Il était avec sa famille. Il est de sa famille. C’est un Bolton.
Et déjà, mon regard vient chercher sur son visage les traits de Drew, ceux qui ont commencé à disparaître de mon cœur, ceux que j’ai voulu garder gravés en moi. Mes orbes brunes viennent filer sur sa machoire, ses lèvres, son nez – tandis que mon âme commence à trouver des ressemblances qui n’existent pas. Qui n’existeront jamais.
Tu te perds Sarah, tu t’éparpilles en morceaux.
Je réponds à sa question d’un simple hochement de tête. Supprimant l’envie de m’enfuir loin d’ici, loin de cet homme, qui était venu avec mon enfer personnel dans ses paumes.
«... Peu importe.» Je cille. Comment ça, peu importe ? Mes pas se précipitent à sa poursuite, et ma main vient de nouveau chercher son épaule. Sans même savoir pourquoi. Ce n’est pas un rêve n’est ce pas ? Ce n’est pas moi qui délire ? Je veux des réponses aux questions muettes qu’hurle mon cœur.
« Attends. » La prise autour de son épaule se raffermit, et je le tire vers moi pour qu’il se retourne, plantant mon regard dans le sien, me plongeant dans l’ambre liquide de ses yeux. Restant solide et de marbre face à sa mutilation.
« Que se passe-t-il ici ? Que fais-tu là ? Pourquoi ?» Ma voix est inquisitrice, ma voix est dure, et mes ongles viennent s’enfoncer dans la matière souple de son sweat avec violence.
Je ne suis plus amicale. Je ne suis plus gentille. La crainte nichée au fond de mon ventre, j’avance. Je veux savoir. Son prénom retentissant dans chaque recoin de mon âme. Drew Drew Drew Drew.
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Sujet: Re: GHOST. Mer 27 Nov 2013 - 21:40
Résignation.
« Attends. »
Je déglutis. Je ne veux pas avoir à faire à une ex de Drew. Que ce soit de près ou de loin. Rien que l’idée qu’elle ait pu le faire souffrir, ne serait-ce qu’une seconde dans sa vie, me répugne.
« Que se passe-t-il ici ? Que fais-tu là ? Pourquoi ?»
Encore une fois, je fais un mouvement d’épaule, me dégageant de son emprise. Réflexe, habitude, je ne supporte pas ça, et c’est déja la deuxième fois. Elle part déja avec un mauvais point, si en plus elle s’entête à me toucher, ça va pas aller. Je soupire et, agacé, sans la quitter des yeux, je lève ma main à la hauteur de nos visages, mais assez loin, et fait jaillir une flamme vers le ciel, qui disparaît une seconde après. Je détourne le regard, parce-que je suis toujours le premier à baisser les yeux, qu’importe qui me fait face. Et puis cette fille m’agace.
« Notre grand-mère avait un don. On a hérité de la magie tout les deux. » Je m’apprête à en finir là, à la laisser ici, mais je suis incapable de bouger. Malgré toute l’indifférence que je m’applique à mettre dans mon regard et mes expressions, je suis, comme toujours, trahie par mes émotions. Et de nouveau, mes yeux s’humidifie légèrement.
«... Je ne savais même pas qu’il avait un don. » Je cille. « Et lui ne saura jamais que, comme lui, j’en ai un. » Mal au coeur. Nous étions liés par ça, tout les deux. Je ne me suis jamais senti aussi proche de lui que depuis que je sais tout ça. Mais il n’est plus là pour partager ça avec moi. Je suis seul. Mes yeux vrillent sur la fleur, ou ce qu’il en reste. Les larmes me viennent de nouveau. « Marcher dans ses pas sans lui est un enfer. » J’ai dis ces mots purement et simplement, fixant cette maudite fleur, murmurés pour moi-même. Chaque parcelle de lieu que je découvre, je le vois, au même endroit que moi. Je l’imagine, partout autour de moi. Et j’ai mal. Je quitte la fleur des yeux. « On peut aller où tu veux. Je n’peux pas rester devant ce cabanon plus longtemps. » Et je me résigne, malgré toute la sauvagerie que j’ai essayé de mettre entre elle et moi. Simplement parce-que je ne veux pas être seul.
Pas maintenant.
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Sujet: Re: GHOST. Jeu 28 Nov 2013 - 22:00
Il se dégage de ma poigne une nouvelle fois, et mes sourcils s’arquent légèrement. Il n’aimait pas être touché. Il n’aimait pas être regardé. Il n’aimait pas qu’on lui parle – il était transparent. Contrairement à Drew, il avait l’air d’être une personne qui n’arrivait pas à cacher ses émotions - Sarah, je t’avais dit d’arrêter de comparer. C’était clair, limpide, mais je m’en foutais complètement. L’anxiété et la peur avaient pris raison de moi, et je me retiens de pousser un soupir exaspéré et une remarque cinglante. Désolée mon chou, mais le monde ne tourne pas comme on le désire, il fait même tout le contraire – alors ne t’attends pas à ce que je me plie sagement à tes exigences – je te regarde, et tu ne m’empêcheras pas du contraire.
Un flamme apparaît entre nous, crépite dans ses yeux. Oh là, pas de violence, surtout avec une jolie fille comme moi – mes sourcils continuent de se froncer, formant une ride entre mes yeux. La ride inquiète, fatiguée, diminuée. La flamme s’éteint et j’avale ma salive, mes yeux toujours empreints de cette dureté d’acier. Il baisse les yeux, et mes mains se crispent en un soubresaut d’impatience. Je n’ai jamais été quelqu’un possédant des nerfs d’acier, et j’avais tendance à m’emporter rapidement. D’ailleurs, je me serais sûrement mise à le secouer avec fougue – pour peu que la peur diffuse n’était pas en train d’anesthésier chacune des parcelles de mon corps. Pour si peu.
« Notre grand-mère avait un don. On a hérité de la magie tout les deux. » J’hoche doucement la tête. Oui.
Je savais déjà que Drew tenait son don de son aïeul, il n’y avait rien de nouveau là-dedans. Je reste suspendue à ses lèvres, fébrile pour je ne sais quelle raison. C’est vrai ça, pourquoi ? J’ai si besoin de me souvenir de lui ? J’ai si besoin d’avoir mal ? L’attirance maladive que j’ai envers la douleur est forte au point que j’en viens à devenir menaçante envers un parfait inconnue ? Franchement Sarah, qu’est ce que tu es ? Le garçon pleure, lutte contre ses larmes gênées mais pures. Et toi, à côté, tu viens réclamer plus de peine, plus de mal, plus de douleur. Tu es monstrueuse Sarah.
«... Je ne savais même pas qu’il avait un don. Et lui ne saura jamais que, comme lui, j’en ai un. » Les mots trouvent écho dans mon cœur, et je m’adoucis. Dans un autre lieu, dans un autre temps, je l’aurais sûrement pris dans mes bras – sa tristesse pour Drew était si authentique qu’elle coulait en chacun de ses mots. Chacun de ses souffles. Je ne peux m’empêcher de sourire amèrement, ajoutant pour moi-même, à mi-mot « Lui-même en venant ici ne savait même pas qu’il avait un don. Si insouciant, c’était rageant. »
Les souvenirs doux et âcres de cette époque oubliée refont surface brusquement, et je me mords la lèvre pour ne pas … pas quoi d’abord ? Hurler ? Pleurer ? Chanter ? Faire quelque chose pour dénouer le nœud coincé dans ma gorge, pour noyer la plainte, le sanglot qui vient échouer sur mes lèvres ? « Marcher dans ses pas sans lui est un enfer. » Et cet enfer, c’est moi qui en ait créé les flammes. Je respire doucement, masquant la tempête tonnant en moi. N’intériorise jamais tes émotions, jamais. – désolée Anshu, je ne peux pas. Je suis une criminelle, et je ne peux me dévoiler au grand jour. Tout ce que je peux faire, c’est serrer les poings, mordre mes joues pour rester calme et de pierre devant ce cœur encore inaltéré.
Tu es pitoyable Sarah, tu es menteuse.
« On peut aller où tu veux. Je n’peux pas rester devant ce cabanon plus longtemps. »
Je relève la tête et lui offre un sourire sans joie. Un sourire mort. En passant à côté de lui, ma main vient chercher son poignet – avant de se souvenir qu’il est un animal blessé qui ne veut être touché. Mes doigts viennent donc s’accrocher au bout de sa manche, simplement. Je n’ai pas l’âme de m’occuper de ses complexes, je suis déjà bien assez occupée avec les miens. Je le guide rapidement dans les couloirs, lançant des regards noirs d’encre aux passants qui posent leurs yeux curieux – si malsains- sur nous – sur lui ; chuchotant mon prénom, étonnés. Je leur jette un dernier regard glacé avant de nous faire rentrer dans ma chambre. A tous les coups, ça va encore faire gonfler les rumeurs tout ça. Migraine en vue.
Voilà Sarah, ta première sortie de retour dans le monde des vivants, te voilà déjà revenue au point de départ. Tu es si faible.
« Assied-toi là. » - je murmure platement, lui indiquant mon lit sur lequel Harry est en train de se prélasser. Je le chasse d’un sifflement rauque, me dirigeant vers ma commode, l’ouvrant et sortant une canette de coca. ‘Chier, il y a plus de bière. Grognement. « Tiens. » Je la place directement dans ses paumes, m’asseyant en face de lui, jambes croisées, regard fixé sur ses larmes limpides. Frisson.
Et maintenant, Sarah, tu fais quoi ? Tu trouves un moyen pour qu’il arrête de pleurer ? Mais tu trouves ces larmes si fascinantes, si plaisantes. Tu essayes d’arrêter les spasmes d’appréhension qui secouent tes frêles épaules ? Tu aimerais tellement t’en griller une, mais tu n’aimes pas enfumer ta chambre. Alors tu restes plantée là, silencieuse. Toi qui es pourtant grande gueule …
« Si tu veux te débarbouiller, la salle de bain est par là. » je dis délicatement, comme si la moindre parole brusque risquait de le faire exploser – lui et son pouvoir brûlant. Puis soudain, je me rends compte de quelque chose. Quelque chose de stupide. Qui me fait afficher un léger sourire sur le coin de mes lèvres. « En fait, comment tu t’appelles ? »
Oui, donne-moi un nom, afin de chasser son fantôme de ma tête. Donne moi un nom afin de conjurer le sort qui m’entrave. Je t’en prie.
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Sujet: Re: GHOST. Jeu 28 Nov 2013 - 23:09
FEAT. SARAH
Mais Sarah n’est pas jolie.
« Lui-même en venant ici ne savait même pas qu’il avait un don. Si insouciant, c’était rageant. » Je ne sais rien. Je ne sais rien de son histoire ici. La découverte de son pouvoir. Comme il l’a vécu. Ce qu’il a ressenti. Tout ce qui concerne cette tranche de sa vie m’est totalement inconnu. Tout ce que je sais, c’est qu’il avait le don de l’esprit impénétrable. Ce qui ne m’étonne pas de lui.
Je lui propose de partir, je ne veux pas rester ici. Mais il est certain que je marcherais ici tout les jours. Tout les jours, je passerai devant cette fleur. Et tout les jours, je vérifierai qu’elle est là. Ma vie est décidément bien triste. Je frissonne lorsque je sens ses doigts sur mon poignet, mais me radoucis aussitôt lorsque je vois qu’elle fait l’effort de le lâcher, se contentant de tenir mon vêtement. J’apprécie le geste, même si quelque chose me dit qu’elle ne s’y plie que parce-que mes joues sont trempées et mon coeur lourd. M’essuyant de nouveau d’un revers de manche, je lui emboîte le pas, et nous nous éloignons de la cabane de Drew. Qui ne l’est d’ailleurs plus, son nom a simplement été retiré de la liste, sur la porte, et remplacé par un autre. C’est aussi simple que ça. Mais pas pour nous.
Mon regard se pose sur la nuque de Sarah. Je comprend parfaitement pourquoi Drew est sorti avec elle. Ne serait-ce que physiquement. Elle est atypique. Elle est maigre, à coup sûr frôlant l’anorexie, et Dieu sait que Drew aimait les filles compliquées. Elle est brune, ce qui a toujours été sa préférence, et à une coupe courte, comme il les préférait. Un look atypique. Une marche atypique. Quelque chose de rebelle. Quelque chose qui a du chien. Je reconnais bien là le caractère de Drew, pour s’intêresser à ce genre de fille. Je marche, à peine derrière elle, me demandant quelle a été leur histoire. Ils se sont probablement aimé. Mais tout de même quittés. Qui a rompu la magie ? Qui a blessé l’autre ? Sûrement vaut-il mieux que je ne sache rien, c’est mieux ainsi. « Assied-toi là. » Et me voila sur son lit, une canette de Coca-Cola en main. Je murmure un remerciement, soupirant en faisant claquer le métal de la canette. C’est étrange d’être là, avec elle. J’aurai à la fois un milliard de choses à lui demander, et à la fois, je n’ai pas envie de parler de Drew. J’aimerais au moins m’enlever ce poids de la tête, même si, c’est certain, c’est difficile, en sa compagnie à elle.
« Si tu veux te débarbouiller, la salle de bain est par là. » Je suis du regard son geste, acquiesce, et timidement, me lève. Son offre est plus qu’alléchante. J’ai chaud, à force de pleurer, et les larmes asséchées sur ma peau rendent cette dernière salée, cassante.
Me positionnant face au lavabo, j’ignore le miroir qui me fait face. J’ouvre l’eau froide, et m’asperge le visage. Une fois. Deux fois. Je frotte. J’efface. J’efface ma peine. Coeur, reprend ta rage quotidienne si ça te chante, mais cesse d’être broyé par la tristesse. Je m’asperge de nouveau, gardant les coudes posés sur les rebords du lavabo, tête baissée, laissant l’eau dégouliner de mes mèches mouillées et de mon menton. « En fait, comment tu t’appelles ? » Une seconde. Je vide mon esprit. Ferme les yeux. M’accorde une seconde de plus, pour apaiser ma souffrance. Drew est mort. Vis avec ça, désormais. « Corentin. » Aaah, ce R. Ce R bien français. Je souris à la prononciation de mon simple prénom. Je tourne la tête vers elle, qui s’est approchée dans l’encadrure de la port de la salle de bain. « C’est le seul mot que ce fouttu cookie magique n’arrive pas du tout à transformer. » Pour le reste, je parle un anglais parfait grâce à ce système, mais on sent mon accent français. Fortement. Mais lorsque je dis mon prénom, chaque syllabe, chaque lettre reste intacte. Je me redresse, lui demande à son tour son prénom. Et après avoir obtenu sa réponse, je croise les bras, me tendant légèrement en regardant autour de moi, gêné. Bien bien bien. Je suis donc là, avec cette Sarah, dans sa salle de bain. Bon bon bon... Je bredouille quelque chose comme quoi j’ai oublié mon coca, sur sa table de nuit, et me glisse près d’elle pour sortir de la salle de bain, me contorsionnant presque pour que nos corps n’entrent aucunement en contact. C’est maladif, je le sais. Je ne supporte pas ça, et avec les filles, c’est pire, car la timidité s’ajoute. J’ai tendance à perdre mes moyens avec les jolies filles.
Mais Sarah n’est pas jolie. Elle est... atypique.
Je saisis mon coca, restant debout au milieu de la pièce. Comment suis-je arrivé là déja ? Ah oui, elle me conseillait d’aller pleurer ailleurs. Mais je n’ai plus envie de pleurer. Je suis fatigué de pleurer. Quelque chose attire mon attention. Un carton. Il y a des tas de choses écrites dessus. Et dedans, des vinyles. Je souris, le fixant quelques secondes. Mais je ne dis rien. C’est tout de même moi qui brise le silence, au bout de quelques secondes, quittant le carton des yeux et portant ma canette à mes lèvres. « Sont sympas tes collocs ?»
A quoi tu penses Sarah ? Tu es pitoyable Sarah. Eprouver de la compassion pour lui car il est lié à Drew ne changera rien. Plus je prends conscience de ce que je suis en train de faire, plus je me déteste.
Je n’aurai jamais proposé à quelqu’un d’inconnu de venir dans ma chambre – et encore moins donné à boire. Les gentilles attentions, la fragilité, la douceur, tout ça n’étaient que les fruits de mon écrasante culpabilité. Parce que quoi Sarah ? Tu crois qu’en étant sympa avec lui il sera capable de te pardonner au moment où tu devras tout révéler sur toi et Drew ? A force de chercher les sens cachés à toutes mes actions, j’en perds le fil. Je me noie. Putain, depuis quand j’étais devenue comme ça ? Ca ne me ressemble pas. Je le regarde silencieusement nettoyer son visage, effacer ses traces de larmes. Respirer. Tout en lui dit qu’il lutte contre quelque chose – quelque chose de lourd. Un éclair de pitié mêlé d remord passe dans mes pupilles. Ne t’approche pas de lui Sarah, tu vas le détruire, comme tu l’as fait avec Drew. Comme tu l’as fait avec tous ceux sur qui tu as posé tes mains – avoue que ce ne sont pas des réussites.
« Corentin. » Le prénom résonne contre les murs carrelés de la salle de bain blafarde, et je penche ma tête légèrement sur le côté. Prénom étranger. « C’est le seul mot que ce foutu cookie magique n’arrive pas du tout à transformer. » Je rigole doucement, essayant de trouver d’où cet étrange prénom pouvait provenir – me risquant à peine à le prononcer. Je ne tenais pas particulièrement à me foutre la honte. Puis soudain, un souvenir. Brumeux, diffus, coloré à en pleurer – un éclat de bonheur qui saigne ma douleur. Ce prénom, cette personne, Drew m’en avait déjà parlé, même si je ne l’avais écouté que distraitement, trop occupée à m’abandonner dans ses bras. Une bouffée d’amertume me brûle à cette pensée. Contrôle ton cerveau, Sarah.
« Tu ne serais pas son cousin français ou un truc du genre ? Il me semblait qu’il m’avait parlé de quelque chose comme ça …. » L’incertitude transparait dans ma voix aussi clairement que sur mon visage. Après tout, tous ces souvenirs sont difformes, enjolivés, et teintés de regrets. Déjà pourris jusqu’à leur essence par la noirceur de mon âme.
Il me demande mon prénom, et j’avale ma salive avant de le lui dire, simplement. Sarah. Ou celle qui a déchiré les ailes de ton cousin, celle qui l’a poussé dans l’abysse et qui s’est complu à le voir ramper pour elle à ses pieds. Je suis contente que Corentin ne me connaisse pas. Si contente. Trop contente. Que c’en deviendrait un plaisir coupable, pour peu que l’anxiété m’empêchait d’en profiter.
L’anxiété, partout dans cette pièce, même en lui. Sa voix sort en un filet timide, et il s’empresse de sortir de la salle de bain, évitant par tous les moyens de me toucher. C’est gauche, c’est nerveux, c’est mignon. C’est effrayant. Effrayant à quel point même avalée par ce flot d’émotions, ce grand sourire moqueur s’étale sur mon visage – Sarah, même rongée par un mal, reste Sarah. Rien ne sert de se concentrer sur la douleur, il faut apprendre à faire avec.
Les mains dans les poches de mon slim, faisant claquer mes talons sur le parquet – mouvement calculé, détendu, ou presque. Je respire de nouveau, observant le jeune homme perdu au milieu de la pièce, sa boisson à la main. La vision me fait sourire encore, de manière plus douce. Chaleur au creux de mon ventre.
Il était exactement le genre de personne que Drew, le Drew de Sarah, aimait. Tais toi Sarah.
Il me regarde, je suis ses yeux jusqu’au carton posé près de mon lit. Me glaçant au passage – il ne doit pas savoir. Ou s’il le sait, c’est qu’il cache bien son jeu. Son jeu cruel. Le faible sourire qu’il me jette fait fondre toutes mes suspicions, et mes épaules se détendent. Mon regard las traîne sur les écritures du carton. Les miennes, les siennes, les nôtres, paroles qu’on avait écrites, et quelques mots de ses parents. Aujourd’hui encore, je me demande pourquoi je laisse ce carton ici, trainant aux yeux de tous. Je croyais pourtant avoir surmonté tout ça.
« Sont sympas tes collocs ?»
…
Je manque de faire la grimace du siècle, passant une main rapidement dans mes cheveux pour cacher le fait que je sois au bord d’exploser de rire – mais pas d’un rire amusé, non, d’un rire désabusé. Je réponds avec malice.
« Non, ce sont des boulets. Surtout celui qui dort là » - je réponds caustiquement en désignant le lit de Marwin. Les vengeances basses et idiotes, c’est petit. Mais qu’est ce que ça fait du bien. J’affiche un grand sourire, et vais m’asseoir sur mon lit, en face de Corentin, planté debout avec sa canette. Rigide, droit comme la justice.
«T’inquiète, je vais pas te manger.» - Je lance en le fixant, amusée. L’invitant à s’asseoir à côté de moi d’un regard. Essayant de détendre cette atmosphère encore trop étrange à mon goût du mieux que je peux. Harry vient se rouler sur mes genoux, et je fais mine de l’ignorer, le virant de temps en temps d’une pichenette sur le nez. Ce silence gênant signifie qu’il faut que je lance une conversation. « C’est ton premier jour ici ? J’espère que les gens ne t’ont pas fait trop peur, ils sont un peu tarés sur les bords, mais tu finiras par t’y habituer. »
Petit à petit. S’habituer. Recommencer. Avancer.
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Sujet: Re: GHOST. Mar 3 Déc 2013 - 15:03
feat. SARAH
« [...] il a réellement quelque chose de fascinant [...] »
A l’annonce de mon prénom, elle semble réfléchir, me confie que Drew lui avait déja parlé de moi. Je confirme; c’est bien moi le cousin français, plus jeune de quelques mois à peine. Le fait qu’il lu ait parlé de moi me fait chaud au coeur - Drew n’était pas du genre à exprimer ses tendres sentiments.
Nous sommes finalement de retour dans la chambre, dans un silence gêné que je brise en parlant de ses collocs - que visiblement elle n’apprécie pas tant que ça. Moi les miens m’ont l’air sympathiques, même si la fille, Ulysse, est assez étrange. Je ne leur ai que très peu parlé, fuyant le cabanon le soir en me promenant à travers le campus. Ainsi, lorsque je m’assieds sur le lit, mais assez loin d’elle, je réfléchis aux questions qu’elle vient de me poser, buvant une gorgée.
J’ai rencontré Hamish, mon voisin en cours. Il est distant, discret, mais il a l’air sympa, je pense qu’on s’entendra bien, même si je me sens très différent de lui. C’est la seule personne à qui j’ai un peu parlé. Ah non, pas la seule... « Ca fait que quelques jours que je suis là. Et non je n’ai rencontré personne de bizarre... Enfin, sauf ce type dans la salle des miroirs... Visiblement c’était le... le copain de Drew. » Je baisse les yeux sur ma canette. J’ai toujours du mal à y croire. « Je savais pas que Drew était... Fin, qu’il avait un copain. Ce type avait l’air vraiment amoureux de lui, ça m’a fait de la peine. Quand je lui ai dis que j'étais son cousin, il m'a sauté dessus, m'a senti et touché les cheveux, j'ai même cru qu'il allait m'embrasser... » C'est vrai que question cheveux, rien à dire, nous avions la même tignasse Drew et moi. Même coupe de cheveux, même épaisseur, même difficulté à les coiffer. Les miens ont à peine plus de reflets châtains alors que les siens étaient simplement bruns. Souvent, quand on traînait ensemble et qu'un adulte de la famille passait, il nous ébouriffait les cheveux en même temps, nous rappelant encore une fois que l'on avait vraiment la même crinière, surtout au toucher. Je finis par me lever de nouveau, gêné, faisant les cent pas; je suis incapable de tenir en place, étant donné que je suis hyperactif. « Il m’a prit mon pouvoir avec une facilité déconcertante... C’est vraiment flippant quand on y pense... Il me l’a rendu mais j’aurai presque préféré qu’il le garde... » Continuant de me remémorer ce qu’il s’était passé là-bas, j’observe distraitement les quelques objets traînant sur les étagères.
« Il a dit qu’il ne me ferait pas de traitement de faveur, j’vois pas trop ce qu’il veut dire mais bon. En tout cas, il a réellement quelque chose de fascinant. Il a l’air vraiment puissant. Je veux qu’il m’apprenne à maîtriser mon pouvoir, je passerai tout le temps qu’il faut avec lui pour ça. Et dès que j’en aurais la maîtrise, je partirais d’ici. » Une seconde. Un soupir. « Enfin, j'espère qu'il acceptera de s'occuper de moi... »
Je crois que tout ça est en train de devenir dangereux.
Je crois que je commence à m’amuser, alors que je ne le devrais pas. Sous aucun prétexte. Mais comment faire ? Cette gêne qui transparaît dans chacun de ces mouvements est trop attendrissante – elle me donne l’envie irrésistible de la taquiner. Je me mords la joue pour ne pas poser un de ces sourires déviants sur mes lèvres alors qu’il s’assied sur le lit, à distance plus que respectable. Quoi, je suis si impressionnante que ça ? C’est quoi cette réaction de vierge effarouchée ? Reste digne, Sarah – arrête de jouer. Tu sais bien que ce n’est pas le moment. Tu sais bien ce que ça fait de s’amuser quand on a le cœur déchiré. Ca finit toujours mal.
« Ca fait que quelques jours que je suis là. Et non je n’ai rencontré personne de bizarre... Enfin, sauf ce type dans la salle des miroirs... Visiblement c’était le... le copain de Drew. » Reste digne Sarah. Stoïque. Reste…. Quoi ? Mes yeux s’agrandissent, et ma bouche s’entre-ouvre en surprise, alors que je pose ma tête sur mes mains pour mieux l’écouter. Il parle d’Anshu. Il a rencontré le Prince. Il … « Je savais pas que Drew était... Fin, qu’il avait un copain. Ce type avait l’air vraiment amoureux de lui, ça m’a fait de la peine. Quand je lui ai dis que j'étais son cousin, il m'a sauté dessus, m'a senti et touché les cheveux, j'ai même cru qu'il allait m'embrasser... » Oh mon dieu. Je n’en peux plus. J’explose de rire, me tenant les côtes, me renversant sur le lit au passage. J’explose de rire, d’un rire rauque, sans joie, tordu. Dérangeant. Et bien, moi qui avais des scrupules … vraiment, Prince, tu ne perds rien pour attendre. Je n’aurais jamais pensé que tu sois du genre si … rapide ? Non franchement. Je me rassois rapidement, l’invitant d’une main à continuer, lui intimant de m’ignorer – tout est normal.
Tout est normal, une flamme nouvelle vient juste de s’allumer en moi. Prince, tu es bien naif de croire que je ne réagirai pas - ou m'avais tu simplement oubliée dans ton royal égoïsme ? Tu sais pourtant à quel point je déteste les provocations, et comment je m’arrange pour m’y jeter la tête la première hm ?
Corentin se lève nerveusement, parcourant la pièce comme un fauve en cage. Désorienté, perdu. Il doit commencer à sentir l’odeur malsaine qu’a prise l’atmosphère. Le sourire du chat de Cheshire n’a toujours pas quitté mes lèvres, et ma tête se repose dans mes mains. Continue mon petit, continue. La manière dont il décrit Anshu éveille une subtile pointe de jalousie en moi. Mélangée de fierté. Tout est si étrange. Je m’étais toujours demandé comment le Prince arrivait-il à hypnotiser ses proies de la sorte, c’était … fascinant. Oui c’est ça, fascinant, il avait trouvé le mot parfait pour le décrire. J’enrageais, de manière que je ne comprenais pas trop moi-même – Bien sûr que si tu comprends Sarah. C’est toujours cette histoire de compétition entre le Prince et toi. C’est toujours ce refus de céder quoique ce soit – même si c’est de la peine, du dégoût, de l’affection. Et maintenant ? Et maintenant, une personne liée au fantôme de notre vie était apparue. Et maintenant ? Et maintenant, commençait la douce bataille qu’on s’était promise, il y a de cela pas si longtemps. Corentin ? Il n’avait rien demandé. Et pourtant, sans le savoir, il commençait lentement à devenir le centre de nos deux destinées.
Pauvre chose.
Un rire enjôleur s’échappe de ma gorge alors que je me lève d’un mouvement gracieux. Féline, je m’approche comme au ralenti de lui, dont le regard est occupé par détailler le contenu de mes étagères. Les muscles tendus, mais le pas léger, j’arrive. Doucement, tout doucement, je me retrouve à près de lui. Distance polie. J’articule avec amusement, mes lèvres frémissant pour se retenir de pousser un gloussement sordide.
Sarah, quand tu joues, tu es toujours un peu effrayante.
« Tu sais, Drew était aussi gay que toi – et pourtant il sortait bien avec Anshu. Tu sais pourquoi ? Parce qu’Anshu était dangereux. Parce qu’Anshu était un prédateur. Qu’il était fascinant. Et qu’une fois qu’on se fait attirer dans sa lumière de malheur, il est impossible de s’en sortir. » Comme une phalène prise au piège par la lueur blafarde d'un néon. Sans un bruit je tourne autour de lui, rendant l’atmosphère soudain inquiétante, théatrâle. Un frisson d’excitation parcourt ma colonne. C’est méchant Sarah, c’est mal – mais c’est si bon. Sentir le poids de chacun de mes mouvements me rend bien. Me rend vivante. Je me retrouve de nouveau devant lui, et je plante mes yeux dans les siens. Un mélange liquide d’amusement, de peine, et d’excuse traverse mes pupilles – alors que l’une de mes mains vient enserrer un de ses poignets. « Qu’est ce que tu as dit déjà ? Il t’a senti et touché les cheveux ? » Je chantonne presque, alors qu’une vague soulève mon cœur – Sarah, tu es une imbécile. Et pourtant … Ma main libre vient caresser ses cheveux, s’agripper à cette tignasse désordonnée – alors que l’autre tient toujours fermement son poignet. Tu ne t’échapperas pas. Mes doigts glissent lentement près de son oreille, suivant la forme de sa mâchoire, longeant sa clavicule, avant de se poser sur son torse. Mon front vient trouver le sien. Sourire dérangé sur mes lèvres – je t’avais prévenu qu’ici, il n’y avait que des gens bizarres. « J’ai même cru qu’il allait m’embrasser … » Je me rapproche un peu plus, tout près, trop près ; mon nez épousant le sien, nos souffles s’entremêlant. Mes doigts fermement plantés dans son torse. Jouer avec le feu. Je me décale légèrement, et vient poser mes lèvres au départ de sa mâchoire, sous son oreille gauche. Dans un long baiser glacé sur cette peau brûlante.
Je me détache brusquement, mordant mes lèvres. Le laissant là, debout, perdu. « Anshu est dangereux. Je suis dangereuse. Tu devrais éviter de nous fréquenter, jeune homme – en sera tu seulement capable ? » Je recule à grands pas, me laissant tomber sur le lit, un grand sourire sur le visage. «Ah. Et j’ai menti. » Mon corps s’écrase dans les couvertures, et mes yeux viennent trouver le plafond délavé alors qu’un ultime rire secoue mon corps avec malice. « Je serais sûrement capable te manger, après tout. »
Voilà Sarah, tu t'es laissée consumée par ce jeu qui te détruira, et comme toujours, ça se paiera. Comme une bougie, tu finiras par fondre - et à te complaire dans des remords et regrets. N'apprends donc tu jamais de tes erreurs ?
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Sujet: Re: GHOST. Mar 3 Déc 2013 - 22:16
feat. SARAH
« [...] C’est de la sorcellerie. [...] »
J’essai de rester stoïque, même lorsqu’elle se met à éclater d’un rire démentiel. Je ne cherche pas à comprendre, me contentant de froncer les sourcils, agacé de ne pas comprendre la raison de sa soudaine hilarité. Une fois calmée, elle me fait alors signe de continuer. J’hésite. Je suis mal à l’aise. J’ai l’impression qu’elle sait des choses, qu’elle me juge. Je ne connait pas l’homme dont je suis en train de parler. Je ne fais que supposer, donner mes impressions... Mais elle reste immobile, m’écoutant attentivement, et jugeant chacune de mes paroles, sans que je n’arrive à déterminer à quoi elle pense exactement. Ca m'énerve. Ca m'énerve. Je veux savoir. Si il y a bien quelque chose que je déteste, c’est être en dehors du coup. Ne pas comprendre ce qui se passe autour de moi. J’ai simplement l’impression qu’elle connaît Anshu bien mieux que moi - ce qui ne serait pas difficile. Alors quand elle se lève, je me tais, déglutis, attendant les explications, planté comme un piquet, la regardant approcher. Mon regard est méfiant. J’ai l’impression, soudain, d’être un renard, un renard blessé regardant le chasseur s’approcher. Ce sourire dément, ses prunelles intenses... A quel sauce vais-je être mangé... ? Je me mord la lèvre, ne sachant absolument pas à quoi m’attendre; qu’il est difficile de faire face à des inconnus. Surtout quand ces derniers ont décidé de laisser planer une brum de mystère autour de moi.
« Tu sais, Drew était aussi gay que toi – et pourtant il sortait bien avec Anshu. » « Je ne suis pas... ! » « Tu sais pourquoi ? Parce qu’Anshu était dangereux. Parce qu’Anshu était un prédateur. »
Mes traits se durcissent un peu plus, je ne comprend pas ce qu’elle raconte. Comment dangereux ? Fait-elle allusion à sa puissance magique ? Quel intêret d’être amoureux d’un type dangereux ? « Qu’il était fascinant. » Fascinant... Ce mot fait écho dans mon esprit; ne l’ai-je pas moi-même employé il y a une minute ? Oui... Anshu m’a, en quelque sorte, tapé dans l’oeil, mais pas dans le sens qu’on imagine... C’est juste. Il est impressionnant; sa prestance, son charisme, son aura de magie... C’est tout.
« Une fois qu’on se fait attirer dans sa lumière de malheur, il est impossible de s’en sortir. » « Il n’y a aucune raison que je me fasse... »
Je m’arrête, haussant un sourcil, l’observant tourner autour de moi. L’oeil farouche, je n’aime pas sa manière de faire. J’ai toujours eu horreur d’être le centre de l’attention, et la voir tourner autour de moi comme ça me crispe. Je maintiens néanmoins mon regard dans le sien, sans savoir où j’en trouve la force. Peut-être est-ce parce-que je sens qu’elle joue avec moi, et que je n’aime pas ça. Elle s’arrête devant moi, me saisit le poignet. Raaah, combien de fois faudra t-il lui faire comprendre que. « Qu’est ce que tu as dit déjà ? Il t’a senti et touché les cheveux ? » A nouveau, une main étrangère dans mes cheveux. Mes paupières tombent, alors que je m’efforce de garder mon calme, ma tête emportée par ses mouvements. Ils sont à la fois tendres et fougueux. J’inspire, rouvrant les yeux, posant sur elle un regard de braise. Mais la braise devient éclat, alors que son geste devient caresse sur ma peau, du bout du doigt. Je la fixe, en oublie de respirer. Je sens son doigt glisser le long de ma mâchoire tandis que je lève légèrement la tête, la fixant toujours, intensément. Et je sens de violentes vagues de frissons me parcourir dans tout les sens, sans arrêt. Son doigt glisse le long de ma gorge. Je ferme les yeux, inspire profondément. C’est comme entrer dans de l’eau glacée. Sa main descend toujours plus, et j’avoue que je me demande vraiment comment tout cela va se terminer. Je me sens soumis, tellement soumis. Mais je n’y peux rien. C’est la première fois qu’une fille me touche en six ans. C’est comme une découverte. Effrayant et fascinant. « J’ai même cru qu’il allait m’embrasser … » Nouveau frisson. J’ai chaud. J’ouvre les yeux, osant à peine les poser sur elle. Elle est diabolique. Elle m’a amené jusqu’ici, me réconfortant, et il a suffit que je parle d’Anshu pour qu’elle change brutalement, devenant une toute autre personne. Une femme fatale. Une chasseuse, et moi, je suis clairement une proie. Une proie faible. Mon coeur violente mon torse alors que je vois son visage s’approcher. J’ai chaud. Beaucoup trop chaud. Nos nez se touchent, je recule, mais sa prise sur mon poignet m’empêche de bouger d’avantage. Je suis comme désarmé, j’ai la sensation que mes muscles ne répondent plus aux signaux de détresse qu’envoie mon cerveau. Je sens son souffle pénétrer l’interstice entre mes lèvres, m'électrisant. Une odeur de cigarette. De café. Une odeur à la fois âcre et terriblement enivrante. « Qu’est-ce que tu... » j’aurai pû être soulagé tandis qu’elle décale son visage, mais s’en est presque pire. Elle fait désormais face à ma cicatrice, la frôlant. Cela m’écoeure pour elle, et je ferme les yeux, comme si cela pouvait la faire disparaître. Mais non. Elle est bien là. Et le baiser qu’elle dépose sur ma mâchoire est lui aussi bien réel. Frissons. Ses lèvres sont froides. Douces. Trop douces. J’ai la sensation que mon coeur peut exploser d’une seconde à l’autre tant le stress s’est emparé de lui. Et à cet instant, plus rien d’autre n’existe que ces lèvres sur ma peau, près, si près de ma plus grande blessure.
Elle se retire. S’éloigne.
Je respire. Je respire et, le regard presque aveugle, me laisse tomber contre le mur derrière moi, et je m’y laisse glisser, tombant assis sur le sol. Qu’importe que j’ai l’air ridicule. Qu’importe que j’ai l’air coincé, apeuré ou soumis; je suis bien incapable de penser à tout ça. Actuellement, j’ai l’impression de revivre, comme né une seconde fois. Parce-que, enfin, un être humain m’a montré du désir, ou tout du moins quelque chose de factice y ressemblant. Qu’importe. Je suis comme tout les hommes. J’ai besoin de ça. J’ai besoin de cette chaleur humaine, qui ne m’a jamais enveloppée. Me remettant petit à petit, sa voix me parvient. Elle aura sûrement compris. Compris ce que j’ai fais, ou plutôt, n’ai pas fait. Une telle réaction face à un simple baiser sur la joue en dit long. Je baisse les yeux, honteux. J’aurai préféré me montrer fort, me montrer grand, beau et séducteur, comme Lui. Mais je ne suis pas lui. je ne le serais jamais. Elle me parle. Je cille. Je comprend, désormais. Lorsqu’elle parlait de la dangerosité d’Anshu, elle ne faisait pas allusion à la magie. Idem pour elle. Il ne s’agit pas de magie.
C’est de la sorcellerie.
Doucement, je me lève. Je fais un pas, puis deux. Je pourrais sortir. Je pourrais l’engueuler. Je pourrais pêter un cable, comme toujours. Dragon ambulant. Et pourtant. Pourtant, ce n’était peut-être qu’un jeu pour elle, mais pour moi, ses gestes avaient un sens plus fort qu’elle ne le croit. Je m’approche, jusqu’à être debout devant elle, qui est allongée. Nos genoux se touchent, alors que je la domine de toute ma hauteur. Mon coeur bat à tout rompre.
« Comment trouves-tu la force de me faire ça, avec mon visage répugnant... ? » Je veux juste comprendre. Comprendre pourquoi elle a été la seule à me faire ça en six ans. Pourquoi elle est la première à s’approcher si près. Pourquoi ce baiser si près de ma cicatrice.
Sa réaction fut à la hauteur de mes attentes – et une satisfaction fulgurante traversa mon corps. Mes iris vinrent caresser l’ambre de son regard, et il s’écroula contre le mur, tordant mon sourire en une grimace encore plus démente. Ses frissons et son souffle tremblant de désir parviennent à mes oreilles. Délectation. C’était ça la réalité, c’était ce son, tordu et vicieux – c’était tout ce qui me rendait vivante en cet instant.
Et c’était mal.
C’était mal – et même bien plus. Mais ce sentiment de puissance était si enivrant, si doux, si fermement ancré dans mon cœur meurtri qu’il paraissait juste, si juste. Cette part de moi me dégoûtait et m’avait toujours dégoût – était-ce vraiment possible d’être si malsaine ? Pouvais-je vraiment jouer avec un cœur si pur juste pour me protéger ? Si mauvaise, si cruelle, il n’avait rien demandé lui, et pourtant j’étais en train de le souiller. Sinueusement, sans prévenir. Au final, je ne valais pas mieux que le Prince – et je m’en étais toujours douté. Mais je m’en foutais à présent.
Parce que je n’avais plus à être belle devant personne. Parce que celui qui me pensait dotée de pureté est définitivement parti – buvant les dernières gouttes d’innocence qu’il me restait. Maintenant, je n’étais plus que ça. La jeune fille immorale, souriante et joueuse allongée sur le lit. Prise de folie et d’absurdité – un monstre. Un monstre délicieux. Et pourtant, j’avais beau avoir perdu les limites qui me définissaient, le nœud sanglant sous mes côtes étaient toujours là, brûlant de plus en plus fort. Me remplissant de cette sublime douleur qui est celle de faire le mal. Manquant de me faire hurler au moindre moment.
Mais je ne pouvais pas crier, pas tant que cette tragédie n’était pas terminée, pas tant que la pauvre victime du destin n’avait pas quitté les planches. Pour être honnête, je pensais qu’il serait parti. Parti en criant quelque chose comme quoi j’étais folle, et qu’il ne voulait plus jamais me voir – je me serais contentée de rire, rire de toutes mes forces. Il n’aurait pas répliquée et s’en serait allé, claquant la porte. Et plus jamais il ne m’aurait parlé. Et plus jamais il ne ce serait laissé prendre à ce jeu stupide que j’avais instauré. Et plus jamais il ne m’aurait donné l’occasion de le souiller. Après ça, je me serais sentie pitoyable, mais heureuse ; car dans mon égoïsme naturel je me serais targué du fait que je l’avais sauvé. J’aurais tranquillement apaisé ma conscience comme j’en ai l’habitude, disant que tout cet acte était pour son bien, et non pas pour mon désir sordide de me sentir intéressante. Tout aurait été parfait. Tout serait rentré dans l’ordre…. Quel fol espoir.
J’en avais presque oublié qu’il était un Bolton, et que les Bolton avaient cette volonté, toujours présente, gravée au plus profond de leur être. Son regard vient retrouver le mien alors qu’il me domine de sa hauteur, nos genoux se frôlant en un contact électrique. Je me sens mal, frustrée, déçue. Pourquoi continuer alors que ça n’a pas de sens – pourquoi ne pas abandonner ?
« Comment trouves-tu la force de me faire ça, avec mon visage répugnant... ? »
Je serre ma mâchoire alors que je sens la fragilité transparaître dans ses mots. Je n’arrive jamais à faire la méchante jusqu’au bout, décidemment. Ce doute, cette incompréhension – je les comprends à la perfection. Et ce parce que je me trouve dans le même cas que lui, sauf que je ne le montre pas – je ne me permet pas de le lui montrer.
Je n’ai pas trouvé ce baiser répugnant. Cruel, sadique, violent, dérangeant, avide mais pas répugnant. «Arrête de te complaire derrière cette image que tu as de la laideur. » Mes mots claquent, durs. Ils ont perdu cette pâte sucrée et mielleuse qui les entourait plus tôt. Je le transperce du regard, et rajoute plus doucement. « La laideur n’épargne personne, qu’elle soit marquée physiquement ou mentalement. La seconde étant la pire de toute. » Je me redresse, arrivant en position assise, mes yeux toujours accrochés aux siens. « Mais si tu veux vraiment comprendre pourquoi … » Tout en murmurant ces paroles, je prends délicatement une de ses mains, et la pose près de mon cou, juste sous ma clavicule. La forçant à frayer un passage à travers les premiers boutons de ma chemise, qui s’ouvrent en silence. Je fais descendre sa main jusqu’aux prémices de ma poitrine, avant de la baisser près de mes genoux. Toujours serrée dans la mienne.
Je prends une grande respiration silencieuse. Sarah, tu es folle, Sarah, pourquoi fais-tu ça ? Tu te fais mal.
Je le laisse contempler l’ébauche d’un de mes plus grands secrets, et ma gorge se serre malgré moi. C’est de la folie, ce n’est même plus marrant, même plus excitant. Je sais qu’il comprendra, je sais qu’il réalisera – qu’il arrivera à voir cette couleur de chair blessée qui dépasse à peine de l’ouverture de la chemise. Stratégie brutale que de celle de ne laisser entrevoir que ce qui peut donner envie d'en voir plus. Au fond, je n'ai sûrement pas envie de faire ça. Mais je sens que je peux le faire, sans crainte. Car s'il existe des personnes pouvant les voir, il en ferait partie. «Tu veux en savoir plus ? ... Tu peux toujours continuer.» Mon visage arrive à composer un sourire enjôleur et doux, et je porte sa main toujours présente dans ma poigne à mes lèvres.
Air carnassier.
Désolée Drew. Je suis en train de corrompre un ange, comme je l’ai fait avec toi. Désolée. Mais ce ne qu’en faisant ce genre de chose que j’arrive à avancer. Que j’arrive à sentir ce cœur battre dans ma poitrine. Férocement.
InvitéInvité
Sujet: Re: GHOST. Mer 4 Déc 2013 - 19:00
feat. SARAH
« [...] essayant de refroidir la lave qui coule dans mes veines, [...] »
«Arrête de te complaire derrière cette image que tu as de la laideur. » Je fronce les sourcils, sur la défensive, me renfrognant légèrement.
« Je ne me comp.» « La laideur n’épargne personne, qu’elle soit marquée physiquement ou mentalement. La seconde étant la pire de toute. »
Je détourne le regard, la tête. Elle a raison. Mais l’avantage de la laideur intérieur, c’est qu’elle n’empêche pas les gens de vous approcher. Même si, au final, ils vous fuient, ils ne se heurtent pas à une barrière dès le départ. Elle se redresse, assise. D’ici, j’ai une vue plongeante sur son décolleté, sur lequel mes yeux vrillent une seconde avant de ciller. J’essai également d’oublier le fait qu’elle fait face à mon bassin; une situation dérangeante. Mais alors que je m’apprête à me reculer, elle me saisi la main. Me fixe. Ce contact ne me dérange plus. Comme si je commençais à m’habituer à elle. Et de toute façon, j’ai bien compris qu’il était inutile de la fuir. Alors, elle dépose ma main près de sa clavicule, forçant mes doigts à effleurer sa peau. Je fronce les sourcils, mes yeux valsant entre les siens et nos mains. Et me fixant toujours, elle fait glisser mes doigts sur sa peau froide.
Plus bas. Un bouton cède. Frissons. Plus bas. Un deuxième bouton cède. Mes muscles se tendent un à un. Lorsque le troisième bouton se détache, je cille, puis ferme les yeux, inspirant, essayant de retrouver une contenance, essayant de refroidir la lave qui coule dans mes veines, et brûle littéralement mon esprit.
J’ouvre les yeux. Prémices d’une cicatrice. Elle s’étend, telle une toile d’araignée, une toile de velours, disparaissant derrière le fin tissu recouvrant le reste de sa poitrine. «Tu veux en savoir plus ? ... Tu peux toujours continuer.» Je lève les yeux sur elle. Une seconde. Deux. Et doucement, mes prunelles ambres retracent le chemin arpenté par mes doigts brûlants sur sa peau de marbre, alors que je m’efforce de garder une expression neutre. Mais je suis trop expressif, et la flamme dansant dans mes yeux me trahit. Parce-que ses paroles et ses gestes ne sont pas innocents. Même moi, je peux comprendre. Mais pourquoi ? Pourquoi moi, pourquoi maintenant ? Je me mord l’intérieur de la lèvre, cille alors qu’un nouveau bouton cède, cette fois sous l’unique force de mes propres doigts. Je distingue clairement les volumes. La profondeur. Comment se concentrer sur une cicatrice, qui est pour moi une banalité du quotidien, quand s’offre à moi la vue si exceptionnelle d’un décolleté plongeant. On me laisse le voir. On me laisse le toucher. On me l’offre. J’avale le trop plein de salive s’étant accumulé sur ma langue depuis quelques minutes. Et, tremblants légèrement, mes doigts, autonomes, glissent sur sa peau. Descendent, d’une lenteur infinie. Juste le bout de trois doigts. Ils suivent la courbe avec délicatesse, grimpant le mont magnifique d’une délicatesse infinie. Comme un trésor. Mais arrivé à mi-chemin, je m’arrête.
Je retire alors ma main, inspirant avec force, me rendant compte de l’apnée physique et mentale dans laquelle j’étais. J’entoure mon corps de mes bras, me saisissant mes propres côtes, haussant les épaules sous un frisson violent. Je recule, détournant le regard. Un pas. Deux. « Arrête. » Je cille, me retourne, déglutis, m’éloignant un peu plus à contre-coeur, poussé par les quelques forces que je parviens à retrouver. Et je fuis vers la salle de bain, poussant un profond soupir, laissant la porte ouverte derrière moi. Je pose délicatement mes mains sur la céramique, puis m’appuie sur elles, me penchant légèrement en avant. Je sens les muscles de mon dos s’étirer un à un, mon corps sort doucement de sa torpeur. Mais mes yeux s’immobilisent sur mon reflet. Et je me regarde. Ce que je ne fais jamais. Je la regarde. Cette marque. Amertume. Colère. Injustice. Tristesse. « Je ne suis pas Drew. » Il faut qu’elle le comprenne. Qu’elle l’accepte. « Je ne serais jamais Drew. Lui était beau. Séduisant. Désirable. Je ne le suis pas. Alors ne joue pas avec moi comme si je l’étais. » Ma voix s’est éteinte. Je songe alors à ce qu’elle a voulu me faire comprendre. Sa cicatrice est aussi une plaie, pour elle, mais ça ne l’empêche pas d’être fière, sûre, séductrice. Mais la sienne est cachée. Il est néanmoins certain qu’elle doit haïr se regarder nue dans la glace, tout comme je suis en train de le faire avec mon visage. Il est certain que dans ses moments intimes, avec les garçons, elle doit ressentir le mal être que je ressens. Il est certain que c’est une faiblesse pour elle, et pourtant. Elle a l’air si forte. Si sûre.
Je me regarde, toujours. Je n’y arrive pas. Ca fait six ans que je vois ce reflet. Six ans que je le hais. C’est long, six ans, et si quelque chose avait pû me redonner confiance en moi, ce serait arrivé. Car on y a mis les moyens. J’ai vu des tas de psychologues. J’ai mis du maquillage. Rien n’a jamais réussi à me retenir dans ma longue chute vers le dégoût et la haine de ma propre personne. Et pourtant. Pourtant je suis un garçon comme les autres. J’ai les mêmes envies, les mêmes besoins. Moi aussi, je craque pour les jolies filles. Si Crystal savait qu’elle est l’objet de mes fantasmes. Probablement ne m’adresserait elle plus la paroles. Moi aussi, je laisse mon regard se perdre dans un décolleté, une paire de jolies fesses. Et moi aussi, aussi régulièrement que les autres, quand ma solitude se fait trop lourde, je touche mon propre corps. Caresses. Désir. Imagination. Plaisir. Comme tout les autres, je vais à la recherche de ces sensations vitales. Et comme tout les autres, je me soulage de mon écrasante solitude.
Plus que les autres.
L’eau froide coule sur mes doigts, le long de ma paume. Je ferme le robinet, me passe la main sur le visage, fronçant mes traits, frottant, comme pour effacer. Effacer quoi ?
J’ai chaud.
Je finis par m’écarter du lavabo, venant m’accouder à l’encadrure de la porte, croisant les bras. Je la regarde. Qui es-tu, bon sang ? «... Ca t’arrive souvent, de mettre la main des inconnus dans ton décolleté ? » Certes, il y a amertume et cynisme. Accusation. Mais il y aussi un air las, lent, traînant. Résigné. Curieux, aussi. Je veux savoir qui elle est. Je veux comprendre, car à cet instant, je suis juste dans le noir le plus total, lorsque j'essaie de cerner ce qu’elle est.
Une folie immense et imposante, qui se reflète dans l’ambre incrédule de ses yeux – ma folie.
La plus naïve partie de mon âme espère qu’il n’ira pas plus loin, frissonnant à l’idée d’en dévoiler plus. Mais à force de me jeter dans éperdument dans de tels jeux, je savais que ce genre d’espoir n’avait pas lui d’être. Une fois que la pierre commence à rouler, il devient impossible de l’arrêter. L’intensité avec laquelle il fixe cette partie blessée de mon être me fait vaciller, et ma détermination flanche doucement alors que mes pensées anticipent ce qui va venir.
Ses doigts ardents effleurent ma peau, et mes ongles viennent s’enfoncer dans le matelas. Une vague soulève mon ventre.
Et alors quoi Sarah ? Les seuls contacts physiques que tu avais pu accepter étaient celles qui avaient pour but de te réconforter. Des étreintes de peine, des caresses sur les joues. Tout le reste, tu l’avais banni. Tu t’étais même engueulé avec Marwin pour ça putain ! Qu’est ce que tu fous Sarah ? Tu vois très bien que ce brûle dans les yeux de Corentin est bien plus que de la curiosité – c’est du désir. Pourtant, tu ne pensais pas être capable d’en inspirer autant, et si rapidement. Mon cœur se serre sous son contact. J’étouffe un souffle acéré - contemplant la soif dévorante qui s’empare de ses pupilles. Se mélangeant à la mienne. Voilà ce qui finit par arriver quand on veut jouer.
Ses doigts prennent une assurance précipitée, et je ne décroche pas mon regard de son visage – ses yeux d’ocre déjà saoulés. Chavirés. Ils, plus que ses mains sont ceux qui me déshabillent – et malgré toute l’habitude que je peux avoir dans ce domaine, je ne peux m’empêcher d’avoir mal. Pire même, un peu peur. Encore quelque chose de fragile que je m’empresse d’emprisonner – le monstre ne peut montrer aucune faiblesse. Je frissonne en même temps que ma peau s’anime sous ses doigts, mordant mes lèvres pour ne pas me défaire brusquement. Tu invites, tu assumes Sarah. Le chemin tracé de ses doigts laisse sur ma peau une marque cuisante -
J’ai chaud. Et un doux picotement vient réveiller chacun de mes muscles tendus – immobiles.
Il se défait brusquement – violemment, et je mets quelque secondes avant de la voir devant moi, prostrée, reculant doucement. Griffant ses côtes. « Arrête. »
Je cligne des yeux, perdue dans un brouillard si épais qu’il en trouble ma vision. Je me mords la joue pour reprendre contenance, et parvenir à afficher un air détaché et impérieux, qu’il ne prend même pas le temps de voir, s’enfuyant dans la salle de bain.
Un. Deux. Je commence enfin à comprendre ce qu’il vient de se passer – et dans un spasme viscéral, je m’écroule de nouveau sur le lit, tremblante. Je viens poser mes bras sur mon visage, profitant du noir pour me calmer. Et pour essayer de comprendre – pourquoi pourquoi est ce que j’ai fait ça putain ? Une envie de crier se forme au creux de mon ventre mais je la réprime d’une main sur ma bouche. Ma tête tourne, mon esprit s’emmêle. Va à Marwin, va à Drew, va à Anshu, va à Djez, va à tous ceux que mon cœur convoite dans sa cupidité infernale. – C’était possible d’avoir encore de la place ? Aucune explication, aucune réponse claire ne m’arrivait au cerveau dans cet océan d’émotions. Il y avait juste la douleur enfouie, qui remontait telle la lave d’un volcan. Puis, comme sous l’eau, une voix teintée d’une reproche aigre.
« Je ne suis pas Drew. » « Je sais. » La voix éclate, posée et morne, se fêlant sur la fin. Je sais. Je savais. Drew n’es pas comme ça, et Drew n’aurait pas agi comme ça – de même que je n’aurai jamais osé faire de même devant lui. Il n’est pas Drew, et pourtant, c’est encore ce désir – ce désir de possession si malsain qui s’infiltre dans mon cœur. D’une part, j’aimerai qu’il soit à moi, qu’il remplace ce vide que la perte de Drew m’avait laissé, et d’une autre, j’aimerai qu’il soit heureux. Qu’il fuie. Qu’il n’ait plus jamais à croiser le chemin de quelqu’un comme moi. – Ah, tellement de contradictions.
« Je ne serais jamais Drew. Lui était beau. Séduisant. Désirable. Je ne le suis pas. Alors ne joue pas avec moi comme si je l’étais. » Mes tremblements se sont arrêtés. Et j’offre pour seule réponse à cette voix brisée un silence qui tombe comme une chape de plomb. Ce n’est pas si simple – si seulement c’était si simple. Tout ça appartient à une force que je ne contrôle pas, que je n’arrive même pas à cerner – la force de la passion. Le temps semble s’arrêter alors que je ne bouge pas, toujours allongée sur le lit, mes bras obstruant la lumière. Chemise ouverte sur ma poitrine. Elle me pique, me consume doucement juste là où ses doigts se trouvaient quelques minutes plus tôt. J’en ressens encore la tiède chaleur. Sa voix venant de plus près me fait sortir de ma léthargie, mais je reste paralysée dans cette position. Anesthésiée.
«... Ca t’arrive souvent, de mettre la main des inconnus dans ton décolleté ? » La réplique m’arrache un sourire, et je réponds avec une malice plus douce, plus traînante que la dernière fois « Je ne pense pas non. Il faut dire que je trouve peu de gens qui ont le cran de rester jusqu’à ce moment. » Je respire doucement, sentant la moiteur de mes paumes – avant de lancer platement. « Désolée. » Rire sarcastique et blessé.« Je fais vraiment tout à l’envers hein ? » Vraiment, qu’est ce qu’il doit en penser lui ? Le pauvre, il doit être complètement dérouté. Peut être même dégoûté.
L’air glisse sur mes cicatrices et me fait serrer les dents. Irritation.
Je laisse glisser mes bras le long de mon corps, aveuglée par la soudaine lumière de la chambre, clignant des yeux plusieurs fois en direction du plafond. Mes doigts viennent s’enfoncer dans la douceur de la couette. Un rire s’échappe de mes lèvres.
« Au moins, tu ne pleures plus, c'est déjà ça. »
Tu es certes bonne à rien, Sarah, mais au moins tu avais réussi à faire quelque chose correctement – aussi pitoyable cela puisse être.