Sujet: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Mer 13 Aoû 2014 - 23:16
HRP: Heath devient amnésique: on a effacé de sa mémoire les quatre dernières années de sa vie, soit tout ce qui s'est passé depuis son entrée à Prismver. Ce topic raconte la nuit du drame, son réveil, et ses premiers pas en tant qu'amnésique.
Cela faisait maintenant trois bonnes heures qu’Heath s’était endormi. Le calme régnait dans le bungalow en cette nuit d’été, tous ses colocataires étaient partis se coucher après une soirée des plus banales comprenant bières, canapé, télé et railleries. Fenêtre grande ouverte, le jeune homme dormait profondément, au milieu de son lit deux places, sur le ventre et des coussins plein les bras. Pas un bruit ne se faisait entendre dans le quartier des bungalows.
Pourtant Heath se sentit soudainement extirpé de son sommeil. Il lui fallut une seconde, un battement de cil, et il ouvrit les yeux après s’être retourné sur le dos.
Tout ce qu’il vit alors fut une personne penchée au dessus de lui et portant une cagoule sur le visage. Il se redressa brusquement mais une atroce douleur d’une rare intensité foudroya son crâne, si bien qu’il en perdit tout équilibre. Heath ne pu que se sentir lourdement retomber sur son matelas, sa vue se brouillant dangereusement jusqu’à ce que ses yeux ne se ferment d’eux-même. Il n’avait pas été capable d’émettre un son, ni même de réaliser quoi que ce soit, pris au dépourvu en plein sommeil.
Les dernières choses dont il eut conscience furent le rythme effréné des battements de son coeur et sa respiration saccadée.
Le jeune homme eut la sensation d’avoir dormi plusieurs jours. Couché sur le ventre, il sentit sous son cou et son torse ses deux coussins qu’il avait l’habitude de serrer contre lui la nuit. Le visage enfoui dans un troisième, il eut dans un premier temps du mal à ouvrir les yeux. La lumière ambiante et une sensation de grande fatigue l’empêchaient d’émerger.
Et lorsqu’enfin ses yeux trouvèrent le décor, un sentiment inattendu s’empara de lui en quelques brèves secondes: l’incompréhension.
Le jeune homme se redressa vivement pour s’asseoir dans son lit et son regard balaya la pièce dans le flou le plus total. Il saisit rapidement ses lunettes sur la table de chevet, mais les enfiler ne fit en aucun cas disparaître le trouble qui l’habitait en cet instant.
Il n’était pas dans sa chambre.
Son regard bondit de la cravate bleue sur la chaise à la peinture violette sur les murs. Il y était écrit des insultes, les messages semblaient prôner la suprématie des A. Son regard vrilla sur un tableau velleda sur lequel figuraient des noms qui lui étaient inconnus.
« Je suis dans le lit d’une fille », pensa t-il d’abord, baissant les yeux sur la couverture, faisant son possible pour se remémorer la veille. C’était le plus logique. Il avait bien vu, à travers la fenêtre ouverte, qu’il était à Prismver. Il avait du faire la bringue la veille et n’arrivait pas à reconstituer la suite des évènements l’ayant mené jusqu’ici.
Mais à cet instant, une réflexion l’interpella. Il fronça un peu plus encore les sourcils, relevant son regard sur la pièce. « Les élèves n’ont pas de chambres. » se dit-il, lucide. Il avait beau être nouveau à Prismver, il était persuadé de cela: il y avait les cabanons pour les plus jeunes, et les cabanes pour les élèves plus vieux. Seuls les studios des adultes possédaient des chambres séparées. Hors, il était bien là dans une chambre très privée, avec le pensionnat à vue par la fenêtre. Il commença à sentir les battements de son coeur, se demandant où est-ce qu’il avait bien pu atterrir - surtout en pyjama.
Heath se leva alors d’un bond, bien décidé à sortir de cette pièce pour comprendre. Mais sitôt eut-il quitté le lit que son regard se posa sur le mur au dessus de ce dernier.
Il eut alors la sensation que son sang se glaçait sur place.
Sur le mur, une dizaine de photos le représentait lui et un autre garçon. Il le reconnaissait, c’était un type de sa classe, lui aussi nouveau. « Joach. » Abasourdi, Heath laissa tomber un genoux sur le lit pour s’approcher des photos, les fixant, bouche grande ouverte et yeux écarquillés. Ils étaient mis en scène dans une dizaine de décors différents. Leurs cheveux n’étaient pas toujours de la même longueur, leurs habits étaient différents, mais leurs visage aussi.
Comme si il y avait là des années de souvenirs. Pourtant, lui n’en avait aucun.
Blême, Heath resta un moment désemparé devant ces photos dans l’incompréhension la plus totale. Il ne se souvenait d’aucune d’elle, et lui-même semblait différent sur ces clichés. Il eut la sensation d’y être... plus vieux ? Il déglutit, cligna des yeux, se redressa tandis qu’un réel sentiment d’angoisse commençait à s’emparer de lui. Il était dans la chambre de quelqu’un, quelqu’un qui possédait des dizaines de photos d’un “autre” lui. A la hâte, il saisit les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main et les enfila - il lui allaient parfaitement. Il posa sa main sur la poignée et freina son geste pour ouvrir doucement, sans arracher la porte à cause de sa nervosité.
Il fit alors face à un mur. A gauche, à droite, un couloir. Des portes. Et le silence. Il n’était jamais venu ici.
Son regard trouva une porte entrouverte au bout du couloir, une salle de bain. Il ressentit alors le besoin d’aller se regarder dans un miroir. Comme si voir son visage pourrait lui prouver qu’il n’était fou. Il s’engouffra dans la petite pièce, y alluma la lumière et s’enferma à clé.
Et pour la seconde fois, il fut violemment frappé en regardant devant lui.
Le miroir reflétait bien son reflet. C’était bien lui. Mais un autre lui. Son visage était plus fin, plus taillé. Plus mature. Quand à ses cheveux, Heath y porta une main tremblante: ils n’avaient jamais été aussi longs. Toute son adolescence, il les avait rasé, les gardant au plus courts, à ras du crâne. Mais il pouvait désormais voir et sentir des mèches épaisses, châtain.
Il n’avait jamais vu ce visage dans un miroir. Il n’avait jamais eu l’âge pour posséder ces traits.
« J’ai voyagé dans le temps. » Absurde. Il s’humecta les lèvres, s’efforçant de garder lucidité et sang froid. Il ne manqua pas de se pincer, de se taper les joues pour vérifier qu’il ne rêvait pas, ou n’était pas victime d’une illusion. Mais tout était bien trop réel: rien n’était plus vrai que le souffle irrégulier et puissant qui gonflait sa poitrine. Il se releva alors hâtivement, revint affronter son reflet.
« Je suis Heath Dean Ackland. J’ai seize ans. Je suis nouveau à Prismver. » pensa t-il pour se raccrocher au plus sensé, aux souvenirs qu’il savait réels.
Mais le garçon qu’il voyait dans la glace n’avait pas seize ans. Et une sensation le rendant mal à l’aise lui soufflait qu’il s’agissait également d’une erreur. Il eut alors, sans pouvoir l’expliquer, la conviction qu’il était en effet plus vieux.
Déglutissant difficilement, son regard quitta son visage pour courir sur son épaule, à travers le miroir. Il était bien plus carré que d’habitude. Plus fort. Plus musclé. Plus masculin. Ses doigts s’emparèrent du bas de son tee-shirt qu’il souleva légèrement, déposant des yeux ronds sur les abdominaux qui se dessinaient sous sa peau.
Et puis, écartant son pantalon et son caleçon de son bassin à l’aide de son pouce, il jeta un oeil au nivau de son entre-jambes. Il haussa les sourcils, quand un bruit extérieur lui fit lâcher l’emprise et relever la tête: Il avait entendu des voix.
Le loquet de la salle de bain se déverrouilla et Heath sortit prudemment dans le couloir. Deux personnes discutaient de l’autre côté du mur. Deux garçons. Silencieusement, le jeune homme traversa le couloir, pieds nus, l’oreille tendue.
« Lors d’un voyage dans le temps, on conserve son apparence. » songea t-il, lui même abasourdi à l’idée d’avoir des pensées si absurdes. Il avait beau avoir le don de devenir invisible, tout cela était nouveau pour lui, et il peinait grandement à s’y faire. Mais il devait garder la tête froide, réfléchir avec autant de lucidité que la situation le permettait: il ne devait pas céder à la panique. Il devait être productif dans sa refléxion.
Il avait cependant beaucoup de mal à faire comprendre cela à son coeur qui battait la chamade tandis que ses mains ne cessaient plus de trembler.
Il devait voir Ashley ou Lenzo. Elles étaient ses seules amies ici, il les connaissait depuis avant Prismver, et contrairement à Neil, elles avaient un don et étaient par conséquent pensionnaires ici. Il devait les voir, persuadé qu’elles auraient des réponses. C’était la chose la plus logique à faire.
Pourtant, à cette idée, son esprit lui imposait la plus forte des convictions: il devait trouver Joach.
Troublé par l’obsession de devoir parler à ce garçon qu’il connaissait à peine, Heath s’était arrêté dans le couloir, une main sur le mur. Il redoutait de parler aux personnes présentes dans le salon, la panique s’emparait un peu plus de lui à chaque pas effectué vers eux. « Joach. Joach. Joach. » Plus il perdait son sang froid, plus ce nom s’imposait à lui. « Ce n’est que mon colloc’ » pensait-il, s’efforçant de penser à Joach et à ce qu’il était pour lui.
Mais là où il ne le voyait que comme un collègue de classe et colocataire depuis quelques jours, son coeur lui hurlait que Joach était bien plus que cela.
Heath apparût finalement dans l'entrebâillement de la porte, découvrant sous ses yeux un salon. Mais son regard se posa instantanément sur le garçon assis sur le canapé.
Il s’agissait de Gautier. Un garçon de sa classe avec qui il commençait à traîner.
Heath cilla, bouche entrouverte, se retrouvant stupide; il avait imaginé qu’on s'exclamerait devant lui, qu’il provoquerait la plus grande stupéfaction. Comme un voyageur du temps ou un extra-terrestre, n’importe, mais il s’attendait à une réaction à la hauteur du trouble qui l’habitait.
Mais rien. Rien de plus qu’une expression curieuse sur le visage du garçon qui le salua. Et, venant de la cuisine, une autre présence attira son attention. « Joach. » Le latino se tenait là, semblant interrogatif en observant Heath mais pas choqué. « Comme si tout était normal », songea t-il avec un pincement au coeur. Le jeune homme fixa Joach tandis que son coeur battait toujours aussi vite, la détresse s’emparant de lui un peu plus à chaque seconde. Il eut l’envie sordide de se jeter dans ses bras, pulsion qu’il chassa vivement de son esprit: il le connaissait à peine, de quoi aurait-il l’air ?
- Je... .
Heath songea alors avec ironie qu’il se retrouvait dans ce genre de situations surnaturelles qu’on voit dans les films, au moment où l’on raîlle lorsque le héros s’exprime mal, totalement perdu.
Et il l’était. Il ferma les yeux, cramponné avec force à l’encadrure de la porte. Malgré tout ses doutes et ses incompréhensions, il avait un instinct, une conviction forte: c’était précisément à ces deux personnes qu’il pouvait s’en remettre dans sa détresse.
- Je suis Heath Dean Ackland. Je viens d’arriver à Prismver. Je vous connais depuis quelques jours. Je ne sais pas où je suis, je ne me reconnais pas dans le miroir, et je ne me souviens pas des photos accrochées dans la chambre où je me suis réveillé.
Simple. Réaliste. Efficace. Terre à terre. Pragmatique. Direct.
Il ouvrit les yeux, inspirant, priant pour qu’ils n’hurlent pas de rire.
- ... Je crois que ma mémoire a 16 ans..., dit-il tout bas, conscient de l’absurdité de la suite à venir. ... Mais que mon corps est plus vieux.
Et à cet instant, il cru simplement pouvoir conclure qu’il était fou. Il les quitta des yeux pour se laisser tomber dos à l'encadrure de la porte, et baissa la tête pour empoigner ses cheveux avec force. Il ferma les yeux, espérant se réveiller une seconde fois.
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Jeu 14 Aoû 2014 - 1:32
Ce n’était censé être qu’une banale journée. Preuve irréfutable que les choses extraordinaires arrivent quand on s’y attend le moins, je m’étais levé avec l’idée en tête qu’aujourd’hui il ne se passerait rien de fascinant. Week-end, peu après le rendez-vous de Heath au bureau de Ruthel. Nous avions eu un compte-rendu total de la situation et, autant vous dire qu’après de telles nouvelles, le moral des troupes était au plus bas. Je m’étais fait mon propre bilan de la situation, et de toute évidence, nous étions plus mal que jamais. Si nous n’avions qu’une maigre chance de parvenir à redresser la situation, RTP était en position de force. Cette guerre nous prenait la tête, à tous, et j’avais décidé de mener un break. Une journée en ville, loin de ces inquiétudes, loin de toute cette tension. Quelques heures de détente - et pourtant, si tout s’était parfaitement déroulé, je savais que ça n’était que temporaire.
Je n’avais pas dormi de la nuit.
Avec tout ce qu’il arrivait, je ne pouvais pas trouver le sommeil. Cette nouvelle nous avait à tous porté un coup dur, et si notre amitié, nos convictions, et la volonté inébranlable de Heath nous permettait de garder le cap, ça n’était pas facile. J’avais déçu un nombre incalculable de personnes, et bien que j’essaie de jouer la carte de l’indifférence, tout commençait à se faire ressentir sur le long terme. Mes amitiés chutaient les unes après les autres, cette toile sociale que j’étais si fier d’avoir construit s’effritait jour après jour. Je sacrifiais tout pour RED, mais je ne savais pas si j’aurai la foi de continuer jusqu’au bout. Je savais qu’Heath le pouvait, et que par extension, ce serait le cas de Joach. Seulement, j’étais convaincu de ne pas être de leur calibre - de ne pas avoir une telle volonté.
Il fallait l’avouer, j’avais beau être le plus violent de la bande, j’étais très certainement le plus fragile mentalement. De temps en temps, la présence des autres me rassurait, me rappelait que je n’étais pas seul malgré tous ces liens que je perdais. C’était exactement ce dont j’avais besoin - bien que ça me faisait chier de l’admettre. Je quittais la chambre de Crystal -squattage éternel- et me dirigeais vers le bungalow de Heath. Un pas ferme, le visage fermé, même si au fond, le verre se fissurait déjà - la volonté mise à mal par ces éternelles oppositions, par ces péripéties qui n’en finissaient pas. Nous bossions pour les autres, c’est vrai, mais l’absence de récompense commençait sévèrement à peser. Je ne pris pas la peine de frapper, enfermé dans mes pensées, m’asseyant machinalement sur le canapé, comme un réflexe.
Ces « réunions » matinales étaient loin d’être inhabituelles. Joach était déjà là - je le saluais avec un sourire ; nous n’avions jamais été particulièrement proches, bien que nous étions amis, mais j’avais l’impression que ça devenait de plus en plus le cas avec RED. Tout ça, c’était grâce à Heath, il fallait le dire - et cette pensée fit naitre un sourire franc sur mon visage tandis que nous l’attendions. Je n’eus pas le temps de lancer la discussion que sa porte s’ouvrit brusquement, laissant place à un Heath à l’expression étrange. Comme perdu, dénué de son sourire habituel, et l’éclat de son regard avait disparu. Quelque chose n’allait pas - c’est sa voix qui me laissa d’autant plus perplexe.
« Je ? » Mes sourcils se froncèrent. Somnambule peut-être, où était-il simplement déprimé comme je l’étais au réveil ? Il ferma les yeux et mon regard croisa celui de Joach une seconde - il était aussi sceptique que moi. Je voulus avancer quelques mots à son égard, mais il prit la parole. Sa voix était si perdue que je savais que ses mots n’auraient su être plus sincères, et c’est ce qui m’horrifia. Une sueur froide me parcourut la colonne vertébrale tandis que ses mots prenaient leur sens, tandis que la situation, dans toute sa véracité, m’apparaissait. Je n’avais même pas envisagé le mensonge ou la comédie, parce que j’avais appris à connaître Heath et à ne plus douter de sa parole. Pour une raison ou pour une autre, il semblait croire qu’il venait d’arriver - comme si son esprit était revenu à l’époque de ses 16 ans. Je laissais couler quelques secondes et respirais fortement tandis que sa voix vint confirmer mes pensées.
Je ne le connaissais pas à cette époque - et l’idée qui ne se souvienne pas de moi, de RED, me faisait égoïstement flipper.
Mon regard se posa à nouveau sur Joach - son expression était semblable à la mienne, mais je savais qu’à l’intérieur, c’était bien différent. Il était plus proche de Heath qu’aucun d’entre nous, et ce choc allait sûrement l’affecter terriblement. C’est cette pensée qui me redonna contenance, la pensée de voir mes deux amis ainsi séparés malgré toute leur complicité - personne n’avait le droit de nous enlever des années de vie. J’avais envie de me lever et le frapper, de faire rentrer à nouveau en lui toutes les souvenirs de ces dernières années. J’avais envie de tout régler en un instant - mais s’il y a bien quelque chose que j’avais retenu ces dernières semaines, c’était de ne pas agir sur un coup de tête. Je me penchais en avant, reprenant mon calme.
« T’as raison Heath, tu n’as pas 16 ans. Tu as 20 ans et tu es ici depuis 4 ans. Pour une raison que j’ignore, tu n’as pas l’air de te souvenir de ces années que... ces photos représentent. »
Je déglutis, cherchant mes mots. D’ordinaire, Heath était celui qui nous rassurait, aujourd’hui il semblait que les rôles étaient inversés. La première idée qui me vint fut une amnésie - je marquais un temps de silence, jouant avec mes doigts, geste réflexe sous la pression. Je n’arrivais pas à le croire. Au moment le plus crucial de notre combat, notre leader tombait - et j’avais appris à ne plus croire aux coïncidences ici. J’étais certain que c’était l’oeuvre d’un opposant, comme du fait que ce fait n’allait pas tarder à être ébruité. Il fallait arranger ça au plus vite, dussions-nous y passer des jours.
« Je suis Gautier, et c’est Joach. On est amis depuis un moment, enfin, vous en particulier. Est-ce que… tu as tout oublié ? Tu ne te souviens plus de rien ? »
Question rhétorique - bien sûr que ce n’était pas le cas. Mon regard soutenait le sien, cherchant à le rassurer. En ces instants, je ressentis tout le poids qu’il portait depuis des années, tout ce combat qu’il cherchait à gagner - le fait d’être leader, de porter les espoirs de tous ces jeunes. Mes lèvres se serrèrent et je refoulais les quelques larmes qui menaçaient de pointer tant je refusais de faire face à cette réalité - me sentant presque coupable, durant un instant, de vouloir lui rendre ses souvenirs et ce poids si grand qu’était RED. Qu’allions-nous faire ?
InvitéInvité
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Jeu 14 Aoû 2014 - 4:15
AMNÉSIE
Fatigue. Joach ne cessait de penser à toutes ces choses qui sont arrivées en si peu de temps. RED. RTP, avec leur leader plus qu’étrange. Le passage en B de Heath, Gautier et lui-même. Tout allait beaucoup trop vite, mais il se devait de suivre. Pour RED. Pour les E. Pour Heath. Chaque matin il se lève, toujours prêt à défendre ses idéaux. Et à chaque fois qu’il ouvre les yeux, cette guerre est la première chose à laquelle il pense. Une véritable obsession. Une source d’angoisse. Alors il s’est levé tôt, a quitté le bungalow pour prendre un peu l’air et se changer les idées. Trouver un coin isolé et y rester quelques minutes, quelques heures pour cogiter tranquillement. Seul. Et c’était un détail important. Qu’il soit seul.
RED. Une alternative qu’on lui avait servi sur un plateau d’argent pour oublier Johanna. Tellement impliqué que le suédois n’avait pas répondu à sa dernière lettre. Que lui dire de toute manière? Lui mentir en affirmant que tout allait bien? Rien n’allait. Rien du tout. Et finalement, le basané en avait déduit qu’elle n’avait pas besoin de savoir tout ça. Après tout, ce qui se passait à Prismver ne la concernait plus désormais. Elle devait avoir d’autres chats à fouetter que de s’en faire pour eux. Tout ça pour dire qu’il n’avait pas la foi de lui répondre et que s’il devait le faire, Joach omettra volontairement certains détails.
Joach soupire. Penser à la cousine de Morgan n’était pas la meilleure façon de se vider l’esprit. Mais, il fallait t’y faire jeune homme, tes problème tu ne les oublieras pas, même pas l’espace de deux minutes. Nonchalant, il rentre au bungalow pour constater qu’Heath n’est toujours pas debout. À vrai dire, il ne savait même pas quelle heure il vivait et honnêtement, le brun n’en avait pas grand chose à faire. C’était un week-end comme un autre où le temps n’avait pas vraiment d’importance. Du moins, c’est ce qu’il avait pensé. Lui qui attendait avec impatience le réveil de son ami, lui qui comptait tant pour lui. Il savait qu’à son arrivée, les problèmes qui le rongeaient prendraient bien moins de place.
Mais c’est Gautier qui arrive en premier. Anciennement capitaine de l’équipe de basket. Ce gars qu’ils avaient appris à connaître, qui était devenu un véritable ami et qui les suivait dans leurs actions. Que ce soit avec RED ou Entropy. Aux yeux du suédois, Gautier était réellement devenu une personne de confiance. « Salut mec. Ça roule? » Il devait être aussi crevé que lui. Ils l’étaient tous sans doute. Heath se manifeste peu après, le visage de l’ancien E s’illumine. Il s’apprête à le saluer, naturellement, comme tous les matins. Mais, Heath le devance. Il prend la parole. Lui déballe tout cela avec tant de sérieux. Abasourdi. Il croise le regard de Gautier. « Sympa ta blague. J’ai failli y croire. » Dit-il en affichant pourtant un sourire mal assuré.
Joach échange de nombreux regards avec ses deux camarades, perdu, désemparé. Un sourire qui s’efface petit à petit alors qu’il considère le sérieux de Gautier. Joach le fixe longuement, secoue légèrement la tête. Arrête de me regarder comme ça. Je sais que c’est faux. Je t’en prie Gautier, me regarde pas comme ça. Faute de pouvoir le lui dire par la penser, il tente de faire passer tout ça par contact visuel. « C’est une blague, pas vrai Heath? » Espoir. Parce que la vérité est trop douloureuse pour qu’il l’accepte. À ce moment-là, il ne pense pas à RED, non. Il pense égoïstement à tout ce qu’ils ont pu vivre ensemble, tout ce qu’Heath semblait avoir oublié. Mais, c’est impossible, hein? « Je t’en prie Heath, dis-moi que c’est pas vrai. » Désespoir. Et des larmes peut-être qui naissent aux coins de ses yeux posés sur l’amnésique.
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Jeu 14 Aoû 2014 - 10:29
Le sommeil avait eu du mal à pointer le bout de son nez. La faute à qui ? A quelques fêtards, comme bien souvent. On taira les noms car leurs identités sont évidentes. T'es donc endormie très tard, roulée en boule dans ton lit, comme l'écureuil que tu es. Et le sommeil s'était emparé de toi peu à peu.
Puis le matin est arrivé. Ne fermant jamais tes rideaux, et encore moins tes volets, la lumière du jour vient caresser ton visage encore endormi jusqu'à parvenir à te réveiller. Tu t'étires de tout ton long, bâillant à t'en décrocher la mâchoire. Tu te hisses, sans appui, te redressant pour t'asseoir au bord du lit. Tu laisses quelques poignées de secondes planer, le temps d'émerger. Des voix masculines te parviennent. Probablement une des ces éternelles réunions matinales de RED. Si seulement ils avaient pu choisir un autre quartier général.
Non pas que tu désapprouves leurs idées. Plutôt les méthodes. Bien que, il faut l'admettre, elles soient convaincantes. La preuve, Heath, Joach et Gautier sont passés en B. Aha. T'as pas trop compris le sens de ce passage soudain à une classe si haute. Tu déplores effectivement les conditions d'éducation des E, mais en faire passer trois en B du jour au lendemain, c'est pas ce que t'appelle une solution. Ça ne changera en rien les conditions des E. A ton humble avis en tout cas. De toute façon, tu es bien trop diplomate et surtout bien trop discrète et "je me mêle pas des affaires des autres" pour aller dire quoi que ce soit.
T'as d'autres chats à fouetter. Comme assimiler le fait que Charlie ne t'ait pas dit pour elle et Heath, alors que, toi, tu te confiais à elle. Ou encore que Heath qui s'est déclaré à toi alors qu'il a couché avec Charlie peu de temps après. Menteur, truand. Aujourd'hui encore, tu les éviteras soigneusement. Tu ne hais pas Charlie, tu lui en veux, tu te sens trahie. Quant à Heath... disons que ça fait bien plus mal que tu ne l'aurais pensé. Tu ne peux plus affronter son regard noisette. Ou tu ne le veux plus. Parce que c'est probablement mieux comme ça ?
Mieux pour qui, Hannah ?
Tu te lèves donc, ajustant ton t-shirt trop large. Un coup d'oeil dessus. Il est récent celui-ci. Probablement à Artus, ou à Kéane. Faudrait quand même le rendre hein. Un simple bas de pyjama -dévoilant tes mollets- complète le tout. Les cheveux dans un état chaotique -pour pas changer- tu sors de ton antre, bâillant de nouveau. Et c'est, encore au radar, que tu salues vaguement les trois garçons présents dans la pièce par un "salut" et un geste de la main.
Ils sont silencieux. Probablement attendent-ils que tu repartes pour reprendre la conversation. C'est peut-être pas plus mal. Tu as deviné la présence d'Heath. La tension est surement là. Aucun regard pour lui, tu vas te servir une tasse de chocolat chaud. Tu te hisses ensuite sur la pointe des pieds pour attraper ton pot de beurre de cacahuètes. Arachides obligent, il faut mettre ça hors de portée de Heath pour pas qu'il fasse une réaction allergique. Beaucoup d'efforts pour rien, selon toi, sachant qu'il sait encore lire une étiquette. Mais passons. Tu attrapes la brioche, découpant deux tranches.
Et le silence règne toujours, semble durer. Alors qu'il ne s'agit que de quelques secondes, finalement. Tu te sens intruse dans ton propre bungalow.
« Je me sauve, et vous laisse à votre réunion de généraux. »
Tu te retournes, prête à partir avec ton petit déjeuner, lorsque ton regard s'arrête sur Joach. Il a les larmes aux yeux. Le truc improbable. Joach c'est la crème des crèmes. Même s'il réussit toujours à te faire cuisiner des trucs en utilisant une méthode bien à lui, il reste une personne extrêmement adorable et gentille. Comment on peut faire pleurer un gars comme lui ? Tu reposes ton petit déjeuner, plantant ton regard perdu dans celui de Gautier. Lui et Joach semblent... sceptiques, inquiets. Perdus. Et, dans le cas de Joach, presque brisé.
Si Gautier a levé les yeux sur toi, Joach, lui, ne cesse de fixer devant lui. Tu suis son regard, sachant pertinemment ce que tes yeux vont trouver. Heath. Il est à quelques pas, dos contre l'encadrement de la porte, mains dans les cheveux, les yeux baissés. Tu fronces doucement les sourcils. Y a quelque chose qui cloche. Surtout vu les réactions de Joach et Gautier.
« Il se passe quoi ici ? »
Gautier semble être le plus apte à te répondre. Il t'explique brièvement, la gorge nouée, ou encore hésitant. Comme s'il préférait ne pas y croire. Et vu la teneur de la chose, y a de quoi. Ça explique effectivement l'état de Joach. Et, à ton tour, tu fixes Heath. S'il a oublié jusqu'à son lien avec Joach, ça veut également dire qu'il t'a oublié. Tu refuses de laisser la détresse envahir tes traits et c'est la gorge nouée que tu inspires profondément.
« Bon, on se calme, il y a forcément une explication, d'accord ? »
Tu fais un pas vers Heath, hésitant en chemin. Est-ce une bonne idée ? En temps normal, tu aurais pu croire à une ruse du renard. Mais faire de la peine à Joach, c'est incompatible avec Heath. Tu reprends ta route, te plantant devant Heath. Ça fait mal d'être si proche, mais c'est pas le moment de penser de façon égoïste pour une fois. Ta main se pose sur l'avant-bras d'Heath.
« Calme-toi, ça va aller. Tu n'es pas seul. »
Tu attends un instant avant de l'entraîner jusqu'à Joach, t'écartant ensuite. Tu inspires, croisant les bras sous ta poitrine.
« Joach, t'es celui qui compte le plus pour Heath. Et vice versa. Y a absolument aucune chance qu'Heath t'ait oublié de sa propre volonté, d'accord ? »
Ça ne peut pas être de son propre chef, c'est impossible. Tu refuses d'y croire. Surtout s'il est persuadé d'avoir 16 ans. A cette époque, tu ne le connaissais même pas. T'étais tellement loin d'ici. Et la détresse, l'angoisse te gagne peu à peu. Il existe un tas de dons ici. Quelqu'un avec la capacité de pouvoir effacer les souvenirs des gens doit forcément exister à Prismver. Ce qui veut dire qu'on est en sécurité nulle part ? Qu'on doit se soumettre docilement à dieu sait qui sous peine de voir nos souvenirs effacés ? Révoltée, angoissée, tu leur tournes le dos, t'appuyant contre les meubles de la cuisine.
« F-faisons le point tous ensemble. Asseyez-vous à table, j'vais préparer du café. »
Et c'est presque tremblante que tu attrapes les tasses.
Et c'est presque au bord de l'explosion que tu prépares le tout, dos aux autres.
Et c'est presque une torture de devoir ravaler ses larmes par fierté.
Et c'est un supplice de savoir qu'Heath t'a oublié.
HRP:
s'il y a un souci, vous me le dites hein ;w;
InvitéInvité
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Jeu 14 Aoû 2014 - 12:28
- Sympa ta blague. J’ai failli y croire.
Heath déglutit et releva la tête vers Joach. Le regard qu’il plongea dans le sien fît blêmir le latino. Ce dernier sembla abasourdi, et c’est l’autre brun qui prit la parole. Il était visiblement celui ayant l’esprit le plus clair à cet instant, dans cette pièce.
- T’as raison Heath, tu n’as pas 16 ans. Tu as 20 ans et tu es ici depuis 4 ans.
Le jeune homme eut l’impression de recevoir un coup de massue dans le ventre.
- Pour une raison que j’ignore, tu n’as pas l’air de te souvenir de ces années que... ces photos représentent. Je suis Gautier, et c’est Joach. On est amis depuis un moment, enfin, vous en particulier.
Heath dériva de nouveau son regard sur celui dont il se sentait inexplicablement proche. Voir la détresse dans ses yeux lui donnait l’impression d’avoir une pierre à la place du coeur, tant celui-ci était lourd.
- C’est une blague, pas vrai Heath ? - Est-ce que… tu as tout oublié ? Tu ne te souviens plus de rien ? - Je t’en prie Heath, dis-moi que c’est pas vrai. - Je me souviens de vous., coupa t-il brutalement.
Il ne supportait pas de voir la tristesse dans leurs yeux, et pire que tout, il se sentait presque fievreux à l’idée de faire souffrir Joach. Il voulu lui dire ce qu’il ressentait, il avait besoin de lui faire comprendre, mais il fut interrompu lorsqu’une personne passa devant lui pour entrer dans le salon, filant jusqu’à la cuisine.
Une fille, en pyjama. Une colocataire qu’il n’avait jamais vu. Un lourd silence plomba la pièce alors qu’elle se préparait son petit-déjeuner, comme si de rien n’était. Heath était complètement perdu, et il baissa les yeux sur ses pieds nus pour encaisser ce qu’avait dit Gautier. Il eut une sensation de vertige.
- Je me sauve, et vous laisse à votre réunion de généraux.
Heath ne comprit pas le sens de cette phrase et n’y accorda aucune importance. Il fixait ses pieds, ne cessant de se répéter les mots de Gautier. « Ici depuis quatre ans. Ne se souvient pas de ces années. » C’était donc purement et simplement une amnésie. Un cinquième de sa vie venait de s’envoler.
- Il se passe quoi ici ?
Heath n’eut ni la force ni l’envie de parler à cette inconnue. Il l’avait à peine suivie des yeux quand elle s’était éloignée vers la cuisine et depuis, n’avait même pas cherché à poser les yeux sur elle. Gautier prit alors la parole pour résumer cette situation absurde. Sonné, Heath vint de nouveau passer sa main sur son crâne, encore une fois surpris par la longueur des cheveux qu’il y rencontrait.
- ...Bon, on se calme, il y a forcément une explication, d'accord ?, tenta l’inconnue après un temps.
Heath se rendit alors compte qu’il ne cherchait pas d’explication. Il avait compris ce qu’il se passait: c’était une amnésie. Point barre.
Chercher la raison de cette dernière lui semblait futile. Tout ce dont il avait besoin, c’était de rassurer Joach.
Les pieds de la jeune fille entrèrent dans le champ de vision d’Heath qui leva enfin les yeux sur elle.
Elle était belle. Probablement la plus belle fille qu’il ait vu. ... Du moins, pour ce dont il se souvenait.
- Calme-toi, ça va aller. Tu n'es pas seul.
Sa voix lui paru être la plus douce du monde.
Heath se laissa entraîner, passif, désorienté. Si d’allure il semblait être d’un calme olympien, il ne pouvait ignorer la lourdeur qui pesait sur ses épaules, son estomac, et surtout son coeur. Il avait l’impression de porter le poids de ces quatre ans oubliés. Et c’était lourd, très lourd.
- Joach, t'es celui qui compte le plus pour Heath. Et vice versa. Y a absolument aucune chance qu'Heath t'ait oublié de sa propre volonté, d'accord ?
Cela lui semblait logique. Heath aimait beaucoup trop avoir le contrôle et ses pleines capacités de réflexion pour s’infliger lui-même un tel trouble. Et vu la sensation de coeur broyé qu’il ressentait en posant les yeux sur Joach, il était évident que, lui non plus, il n’aurait jamais souhaité l’oublier.
La jeune fille s’éloigna d’eux, et désormais près de lui, Heath ne pu s’empêcher de prendre subitement Joach dans ses bras. Au diable les jugements, Heath n’en avait jamais eu rien à faire. A cet instant, tout ce qui lui importait, c’était ce geste.
Il ressentait le besoin vital de rapprocher son coeur au plus près de celui de Joach.
Il le serra avec force dans ses bras, et lorsqu’il sentit qu’il lui rendait le geste avec la même intensité, Heath eut l’impression qu’un énorme poids s’envolait. C’était comme si tout cela n’avait plus aucune importance, comme si tout était en ordre. Il était à sa place.
- Je t’aime, bro... plus que tout.
Heath fut stupéfait par les mots qui venaient de s’échapper de ses lèvres dans un murmure. Ils étaient sortis d’eux même. Pourtant, il ne les regretta pas; l’étreinte s’en fit plus forte encore et il su que c’était une vérité partagée.
Il aurait voulu ne jamais se défaire de cette étreinte.
C’est pourtant lui qui amorça le geste de recul, doucement. Une main derrière la nuque de Joach, il plongea son regard dans le sien une nouvelle fois. Il fit alors tout ce qui était en son pouvoir pour rassurer son ami par cet échange.
- Tu m’a toujours., souffla t-il en étirant un sourire. Tu m’aura toujours. Peu importe ce qui se passe.
Il était certain de ce qu’il affirmait. La seule évidence qui s’imposait à lui avec une puissance qui dépassait tout entendement. On avait beau lui avoir volé quatre ans de souvenirs cérébraux, ce ressenti, c’est dans son coeur, dans ses tripes, dans tout son être qu’il était. Il adressa une petite tape amicale sur l’épaule de Joach et le quitta enfin des yeux.
Tout lui paraissait tout à coup bien plus léger.
La jolie fille s’affairait dans la cuisine, leur préparant des cafés. Elle avait l’air troublée, même si elle faisait de toute évidence son maximum pour rassurer tout le monde. Il ignorait totalement la relation qu’ils pouvaient entretenir, peut-être était-il très proches ? L’idée que ça puisse être le cas alors qu’il ne la reconnaissait pas le fit culpabiliser. Mais il avait le sentiment que si elle avait été si proche, il s’en serait rappelé. Comme il se rappelait de Gautier. Il se dirigea vers le canapé et se laissa tomber à ses côtés.
Il y avait quelque chose de fort qui l’unissait à ce garçon. « La confiance. », songea t-il, sans pouvoir se l’expliquer. Il avait juste la sensation qu’il pouvait s’en remettre à lui pour quoi que ce soit. Qu’il pouvait lui confier n’importe quoi. Peut-être même sa propre vie. Il jugeait le garçon un peu plus jeune, et au fond de son regard, avait l'impression de déceler un certain respect. Il se surprit à imaginer une certaine admiration, mais ne comprenait absolument pas ce qu’il pouvait y avoir d’admirable chez lui. Il en conclu qu’il se faisait des idées et se contenta de se fier à ses ressentis: il pouvait lui faire confiance, et il avait un étrange besoin de l’orienter. D’être là pour le guider.
... Heath se surprit à penser de façon légère: si il était un guide pour certains, alors les pauvres étaient bien mal barrés.
Le jeune homme adressa un sourire rassurant à Gautier et le gratifia d’une main sur la nuque.
- Faîtes pas ces têtes, j’ai pas l’SIDA.
Il releva brusquement le regard sur Joach, yeux écarquillés.
- ... J’ai pas l’SIDA hein ?
Mais bien vite rassuré, il se détendit, se laissant tomber au fond du canapé à côté de Gautier.
Il était le premier étonné de voir à quel point l’étreinte avec Joach avait dédramatisé la situation à ses yeux. Finalement, c’était plus difficile pour eux que pour lui. En dehors du fait qu’il allait être perdu un moment et qu’il n’avait plus conscience de tout ce qu’il avait bien pu faire, il se sentait relativement bien. A ses yeux, il avait découvert son don il y a peu, et était excité à l’idée d’apprendre à devenir invisible. Ashley et Lenzo étaient quelque part au pensionnat, et il “rencontrait” avec Joach et Gautier deux amis visiblement de très grande valeur. Sa colocatrice était canon, et lui-même - qui se trouvait déja parfait à l’époque - se voyait désormais comme plus que parfait. Ces quatres années gagnées par son corps lui allaient à ravir.
Visiblement la personne - ou la chose - qui lui avait volé ses souvenirs avait laissé en place sa très grande assurance. Celle qui lui donnait la force d’avancer, et de toujours se relever, quoi qu’il arrive.
La jeune fille dont il ignorait toujours le prénom posa un plateau sur la table basse, et avant qu’il ne voit la situation se mettre en place, ils étaient déja tous là, réunis autour des cafés.
Heath eut alors le sentiment qu’il n’était pas sur la même longueur d’onde que les trois autres. Il se redressa, appuyant ses coudes sur ses genoux et prit la parole, ses mains s’agitant comme d’habitude autant que ses lèvres.
- Heu... Ecoutez... Ca va peut-être vous paraître bizarre mais..., il glissa son regard sur chacun d’entre eux, s’assurant d’avoir pleinement leur attention. Je ne veux rien savoir. Rien du tout.
Il ne parvenait pas à se l’expliquer lui-même, mais il suivait son intuition. Un désir très égoïste, mais si ces personnes le connaissaient, alors elles l’aimaient aussi pour cet égoïsme qui le caractérisait. Il saisit la tasse posée devant lui, remua cuillère, supposant que la jeune fille devait connaître son goût et l’avoir correctement sucré. Il poursuivit, le regard plongé dans le liquide noir.
- J’veux pas... avoir conscience de ce que j’ai perdu. J’veux vivre normalement et sereinement, pas en étant floodé par des regrets, que ce soit des choses que j’ai perdu ou des actes que j’ai pu faire. C’est probablement égoïste et injuste envers vous, mais pour moi ces quatre ans n’existent pas, et n’ont jamais existé.
Il releva les yeux sur eux.
- Et j’voudrais que vous respectiez ça. Que vous me laissiez vivre ma vie sans influences, sans hantises, sans questions, sans regrets. J’veux pas savoir qui j’étais... dans ce passé ou ce futur, appelez ça comme vous voulez. C’était un autre moi, et je veux pas vivre en courant après lui pour être à sa hauteur ou rattraper ses erreurs.
Il posa la cuillère sur la table. Il ne songeait pas à d'autres connaissances que ces trois là, Ashley et Lenzo. Il était persuadé de n'avoir qu'eux, étant donné son caractère très solitaire, jugeur et asocial.
- La flemme., il but une gorgée chaude. Si vous me connaissez, vous savez que je supporte pas d’avoir la tête pleine de ce qui n’est pas essentiel. Et pour moi cette “vie” ne l’est pas. Et, si vous me connaissez réellement, vous savez aussi que je suis très fort pour me créer mes propres problèmes. J’ai pas besoin de cumuler les miens à venir et ceux de... l’ancien moi.
Il leur adressa alors un sourire assuré.
- Faîtes moi confiance., il détourna le regard sur Joach, lui donnant un coup amical à l'épaule. Par contre, toi, va falloir me raconter tout nos moments. J'veux tout savoir sur nous deux et le bonheur qu'on se procure. Voir des photos. Des vidéos. Tout ce que tu as. Il tourna la tête vers Gautier. Et toi aussi, si on a passé de bons moments.
#d03a29 • HRP: A tout les lecteurs: je tiens à le jouer dans cette optique là, alors je demanderai à ses connaissances de jouer le jeu et de ne pas lui parler de RED, des filles (sauf les concernées qui diront ce qu'elles veulent, ou voyez avec elles) etc. Bref pas de LMS ou autre acte "bienveillant" pour l'aider à retrouver la mémoire (ou alors on en parle avant), merci ~ ♥
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Jeu 14 Aoû 2014 - 14:58
Deux choses étaient à présentes certaines. Heath avait une amnésie, et il se souvenait de nous. Joach et moi. Si pour lui, ça n’était pas étonnant, mon cas me surprenait davantage - bien que je ne prenne pas la peine de m’attarder sur ce genre de réflexions. Il y avait plus urgent à régler, il fallait trouver une solution à ce problème. Je restais silencieux tandis que Joach prit la parole, désorienté comme je m’y attendais. S’il y a bien quelque chose à ne pas toucher, c’était ça, cette amitié insurmontable. C’est pour ça que nous ferions tout pour lui rendre la mémoire, quitte à devoir remettre notre combat à plus tard. J’étais prêt à sacrifier des choses pour RED, mon amitié avec Heath n’en faisait pas parti. Aujourd’hui, il n’avait pas besoin de savoir tout ça, pas besoin de s’inquiéter avec ce qui ne le regardait pas.
Il était en B, et pour lui, c’était une chance de se débarrasser de ce poids. Je restais donc silencieux jusqu’à l’arrivée d’Hannah, en pyjama, elle aussi interloquée. Je pris quelques secondes pour lui résumer brièvement la situation, bouleversé. La voir me faisait du bien - comme un souffle chaud devant cette amnésie, le soulagement de voir quelqu’un que je connaissais d’avant Prismver, comme une valeur sûre. Ce fut à elle de prendre la parole pour tenter de rassurer Heath et Joach, aussi calme qu’à l’accoutumée. Je me plongeais dans mes pensées, leur laissant un moment pour se retrouver. Une étreinte, des mots réels et une sincérité qui m’arracha un sourire alors que je leur adressais un regard. C’est alors que tout m’apparut enfin pour de bon.
C’était à nous de prendre les choses en main.
Heath parut bien plus détendu dès lors qu’il s’était montré honnête avec Joach. Rassuré, bien que toujours inquiet, je fis de même, laissant un sourire glisser sur mes lèvres. Au moins, il gardait le même humour et la même personnalité, c’était un bon début. Ses paroles ensuite ne me surprirent pas vraiment. Il ne voulait rien savoir, et bien que ces mots étaient durs à accepter, ils étaient réels et compréhensifs. Pour lui, c’était comme se coltiner les problèmes d’une autre personne sur le dos - et bien que ce soit globalement ce qu’il ait fait ces derniers mois, personne ne pouvait lui imposer ça. Je rivais mon regard sur le plafond, écoutant chacun de ses mots. C’était sa décision, et elle était sans appel. Je regardais les autres un moment, attendant de voir s’ils allaient parler en premier, mais comprenant que ces mots étaient peut-être encore plus durs pour eux. Ces années n’avaient pas existé, par conséquent, nous n’avions qu’à les reconstruire.
« J’comprends et je respecte ta décision, on te dira rien. Ah par contre, tu prenais la branlée au bowling, ça t’as pas le droit de l’oublier. »
Sourire, tandis que mon regard croisait le sien. Il ne se souvenait peut-être plus de son passage ici, mais c’était toujours la même personne. C’était toujours Heath, éternel ami, grand-frère, maitre jedi, leader. Avec ou sans souvenir, je n’hésiterai pas à lui confier mes choses les plus précieuses, et ça, c’était quelque chose qu’aucune amnésie ne pourrait nous enlever. Après tout ce qu’il avait fait pour les autres, il avait le droit de s’accorder ce repos. Je trouverai un moyen de lui rendre ses souvenirs, mais d’ici-là, je refusais de lui laisser la responsabilité de RED sur les épaules ou des cours qu’il faisait pour les autres. Ces derniers, j’en prendrai la charge - et je savais que Joach saurait se montrer aussi mature qu’avait pu l’être Heath. Nous n’avions plus de chef, mais notre volonté était toujours présente, et nous ne baisserions pas les bras.
Alors, j’emmerde bien fort toute cette guerre qui nous a enlevé ces années d’amitié. Je sais que Heath n’aurait pas voulu que l’on abandonne son combat ou que l’on cherche à se venger ; nous tiendrons simplement les reines avec droiture, jusqu’à son retour.
« Ah, simplement. T’étais en E, t’as upgrade en B y’a peu de temps avec Jo’ et moi, donc te goure pas de salle quand t’iras en cours si t’es paumé devant tes deux cravates. »
Je me penchais pour me saisir du café, remerciant Hannah avec un sourire franc. Je n’avais jamais été fan de café, mais j’en avais bien besoin. Le goût amer me fit ciller un instant mais me parut plus supportable qu’il n’avait pu l’être en 17 ans. Grandissions-nous ?
InvitéInvité
Sujet: Re: AMNÉSIE D'HEATH || TRÈS IMPORTANT Mer 20 Aoû 2014 - 21:06
Vous vous regroupez près du canapé. Les garçons sont proches, mais tu restes un peu à l'écart, comme à ton habitude. T'as jamais trop été dans des groupes. Et puis, à part Gautier, tu ne peux pas vraiment prétendre être proche d'Heath et Joach. C'est pas parce que tu vis avec eux que tu es proche d'eux. C'est pas parce que Joach est adorable que vous êtes proches. Et c'est encore moins parce que Heath a eu le coup de foudre pour toi, ou encore parce qu'il ne te laisse pas aussi indifférente que tu le penses, que tu es proche de lui. Il n'a techniquement plus aucun souvenir de ça, donc autant considérer que ses "sentiments" sont morts, n'est-ce pas ?
L'ambiance est presque pesante. Tu devines sans mal qu'aucun de vous ne sait quoi dire. Et tu es la moins bien placée pour avoir quelque chose à dire. Alors tu te tais, préférant garder le silence. Un bras calé sous ta poitrine, l'autre plié, tu tiens ta tasse de chocolat chaud, songeuse. Quatre ans de souvenirs perdus, ça risque d'être dur à le lui faire rappeler. Mais, au besoin, tu accepterais de participer.
C'est alors qu'Heath s'exprime, attirant toute l'attention sur lui. Encore plus j'entends. Vous le fixez silencieusement pendant qu'il parle. Et lorsqu'il manifeste son désir de ne pas vouloir retrouver la mémoire, de ne pas vouloir savoir ce qu'il a perdu ou gagné, ta main se crispe sur ta tasse et ta mâchoire se serre. La gorge nouée, tu détournes la tête, faisant mine de regarder par la fenêtre.
Ça te fait l'effet d'une claque. Il a heureusement compris que Joach était, est et sera toujours le plus important pour lui. Comme quelque chose d'immuable, indissociable de lui. Et il a aussi compris que Gautier était important pour lui. Tu te pinces l'arrête du nez pendant que Gautier s'exprime à son tour.
C'est plutôt douloureux, désagréable comme sensation. Déjà lorsqu'il s'est écarté de toi, le soir de la fête de Jim, alors que tu avais besoin de lui, de son soutien, ou même une tape sur le dos. Puis après sa déclaration. Tu as fini par l'éviter, bien sûr, mais il faut se rendre à l'évidence : Heath te rejette. Et son amnésie tombe à pic.
Plus rien ne le lie à toi. Il ne se souvient même pas de Lys. Alors t'es rien de plus qu'une nana qui vit dans le même bungalow que lui. Haha, ça fait mal hein Hannah ? Pourquoi ça fait mal selon toi ? Creuse un peu, la réponse est pas si loin que ça. Tu la vois ? Encore un effort.
Gautier tente un peu d'humour. Comme à son habitude. Tu regrettes presque qu'il n'ait pas été à côté de toi. Sa présence t'aurait rassuré. Mais tu es seule, à l'écart. Un petit écart qui s'est transformé en gouffre. Tu te redresses, allant déposer ta tasse dans l'évier, puis tu reviens, posant tes yeux sur Heath une fraction de secondes.
« Je respecterais aussi ta décision. »
Parce que c'est mieux ainsi. Pour toi, et pour moi.
Tu regardes alors Joach, puis Gautier, avant d'aller vers ta chambre.
« N'oubliez pas d'en parler à Natsson. Pas sûre qu'il digère que son deuxième meilleur ami l'abandonne. »
Et tu refermes doucement ta porte derrière toi. Tu t’appuies contre elle, te laissant doucement glisser jusqu'à t'asseoir au sol. Tu inspires profondément une fois qu'ils ont repris la conversation. Tu fermes les yeux.