Nouveau départ ? || HEANNAH

Toc toc toc.

Heath tendit l’oreille derrière la porte, tête baissée, une main dans la poche de son jean. Il patienta un instant avant de relever le nez, hésitant un instant.

- ... Heu... Hannah ?, lança t-il à travers la porte, sans trop savoir à quel point il devait se montrer familier ou pas.

La porte s’ouvrit alors sur la jeune fille.

Elle était plus petite que lui. La peau légèrement halée, une véritable crinière pleine de reflets cascadait le long de ses épaules et de sa poitrine. Bonne poitrine, il fallait le dire. Elle avait une petite silhouette très équilibrée, aux yeux d’Heath plus mignonne qu’une superbe nana d’un mètre quatre-vingt aux jambes de rêve. Oui, il aimait les filles taille mannequin. Mais il les aimait comme des modèles, des standards de beauté certes très excitants mais finalement pas très... humains.

Hannah était une fille normale. Mais elle était belle, même si bien loin des mannequins de magazines et des actrices sublimes du cinéma. Elle était belle pour lui. Et ses yeux presque noir étaient si profonds qu’Heath eu du mal, pendant un instant, à s’en extirper.

- On peut discuter ?, parvint-il finalement à dire, sa main se levant et pivotant pour désigner du pouce l’intérieur de sa chambre.

Elle le laissa entrer. Faisant quelques pas, Hannah dans son dos, Heath glissa sa main sur ses lèvres, son regard courant sur le sol. A vrai dire il n’avait pas trop idée de ce qu’il venait faire là. Mais il était un garçon obéissant à ses pulsions, et elles l’avaient mené jusqu’ici.

Il se retourna alors vers elle. Il portait un jean noir - dans les poches duquel il glissa ses mains - un tee-shirt gris et son gilet rouge, ouvert.

- J’voulais m’excuser. Je... tu sais, j’suis un peu paumé là. J’me suis montré proche avec Gautier et Joach, et toi je t'ai presque zapée... et c’était pas vraiment respectueux.

Il n’avait pas pu garder ses mains dans ses poches plus de quelques secondes. Il avait ce besoin constant de les agiter en parlant. Il s’humecta les lèvres.

- Je sais pas ce qu’on a vécu toi et moi, et je  suis désolé. Désolé de pas m’en rappeler. On était peut-être très proches, ou... au contraire, peut-être qu’on se parlait pas beaucoup, je sais pas, j’en sais rien.

Ses mots s’étaient accélérés, son regard s’était perdu sur le sol,ses yeux clignants à répétition dans l’un de ces tics nerveux qui le caractérisait. Il releva alors les yeux sur elle, laissant tomber ses mains contre ses cuisses et hochant la tête doucement de gauche à droite.

- ... Peu importe. J’veux apprendre à te connaître., souffla t-il.

Il se rendit alors compte que sa formulation était peut-être étrange. Il ne savait pas comment se comporter. Il haussa les épaules, décidant d’être sincère et lui-même.

- T’es ma colloc’ et je sais pas si on l’était ou pas, mais je voudrais qu’on soit potes. ... En espérant que j’ai pas déja foiré ma chance.

« Ca me ressemblerait bien. » Se dit-il.

Il détourna son regard d’elle, ses yeux courant sur la chambre. Il y avait des photos de lui, et de loin, il ne pu s’empêcher de les regarder un instant. Et son regard fut alors attiré par quelque chose posé contre le mur, près du bureau. Il s’en approcha, s’accroupit, un sourire naissant sur ses lèvres.

Ses doigts effleurèrent le bois vieillis. Mais malgré les rayures, il reconnu le dessin.

- C’est ma planche... Tu skate ?, demanda t-il en levant les yeux vers elle. J’ai vu qu’il y en avait une plus récente dans ma chambre, je t’ai filé mon ancienne ?

Il reporta son regard sur le skateboard.

- Je l’adorais.

De nouveau, son regard vint trouver les photos de lui accrochées au mur. Ils devaient quand même être proches. Et il espérait sincèrement retrouver cela.

---

Go ahead and say goodbye,
I'll be alright.
Go ahead and make me cry,
I'll be alright.

T'as pas cherché à te morfondre trop longtemps. Tu devais faire le vide dans ton esprit. Chasser de ton esprit toutes les questions, doutes et autres pensées orientées vers Heath. Fallait se faire une raison, et tu t'en ferais une. Que ce soit compliqué ou non. T'as toujours été comme ça, c'était un de tes traits de caractère depuis tellement longtemps : ne pas se prendre la tête. Et tu ne l'as jamais autant fait depuis que tu l'as rencontré. C'est pas forcément sa faute, ou à moitié seulement.

Tu pousses un soupir, fouillant dans ton armoire pour trouver de quoi t'habiller. Tu sors un haut large, évitant soigneusement de regarder les derniers vêtements qu'Ulysse t'a fait acheter. Principalement des tenues un peu plus... féminines. Et qui montre un peu plus le corps, comme les shorts et les jupes. T'es pas encore à l'aise avec tout ça. Trop gênée. Tu enfiles donc un des t-shirts de ton armoire. Probablement celui de Kéane, ou d'Artus. Pas besoin d’Emmaüs quand on a une Hannah dans le coin, n'est-ce pas messieurs ? Puis tu passes un jean troué ici et là. Il est moins ample que ceux que tu portes en temps normal, mais tu restes assez libre de tes mouvements sans sentir une gêne.

Tu prends alors un instant pour te brosser les cheveux. Enfin... brosser est un grand mot. Disons que tu as plutôt ramené tes cheveux sur le côté sans vraiment les peigner avec soin. Résultat : toujours cette masse chevelue et légèrement ondulée. C'est alors qu'on frappe à la porte.

Ton regard se pose sur le bois, et tu restes silencieuse. La voix d'Heath te parvient alors. Tes doigts se crispent sur ta brosse, et tu retiens un juron. Pire, tu te retiens de l'envoyer promener. Parce que tu sais très bien que c'est pas sa faute s'il a oublié. Il aurait surement fallu t'attendre à ce qu'il vienne te parler à un moment donné. Tu inspires profondément pour finalement aller lui ouvrir la porte.

C'est la première fois qu'il entre dans ta chambre depuis que tu es là. Ses iris noisettes fixant tes orbes sombres, il finit par détourner la tête. Avant toi. Tu regardes alors ailleurs à ton tour, ne prononçant aucune parole. Juste pour voir par quoi il va commencer.

« J’voulais m’excuser. Je... tu sais, j’suis un peu paumé là. J’me suis montré proche avec Gautier et Joach, et toi je t'ai presque zappée... et c’était pas vraiment respectueux. »
« C'est pas grave. »

Ça n'a pas d'importance.

« Je sais pas ce qu’on a vécu toi et moi, et je suis désolé. Désolé de pas m’en rappeler. On était peut-être très proches, ou... au contraire, peut-être qu’on se parlait pas beaucoup, je sais pas, j’en sais rien. »

Tu ne réponds pas. Il finira par comprendre bien vite que ça n'a jamais vraiment collé entre vous. Toujours à vous disputer. Comme chien et chat. Comme un renard et un écureuil. Tu places une mèche de tes cheveux derrière ton oreille, finissant par croiser les bras sous ta poitrine. Tu te déplaces sur le côté, allant t'appuyer contre le rebord de ton bureau. Tu aurais du refuser de lui parler.

« ... Peu importe. J’veux apprendre à te connaître. »

Tu retiens un sourire presque ironique, amusé. Il avait presque eu le même discours, à ton arrivée. Sauf que ce qui le motivait, c'était de faire un effort pour Lys. Mais il l'a oublié. Alors peut-être devrais-tu lire ici un peu de sincérité ? Non, tu ne veux pas croire à ce qu'il dit. Il a avoué avoir eu le coup de foudre pour toi, et il est allé coucher avec Charlie. Tu veux pas lui faire confiance. Par peur.

« T’es ma colloc’ et je sais pas si on l’était ou pas, mais je voudrais qu’on soit potes. ... En espérant que j’ai pas déjà foiré ma chance. »
« Je croyais que tu voulais pas savoir ce que tu avais perdu ou gagné ? »

Le ton n'est pas agressif. Plutôt amicalement ironique. Un ton qui te surprend toi-même. Serais-tu en train de le ménager ? Probablement. Tu te redresses, te décollant de on bureau pour aller vers ta fenêtre. Tu l'ouvres pour laisser entrer un peu de fraîcheur en cette période estivale. Puis tu te hisses sur le rebord, t'y asseyant comme d'habitude. Tu peux bien te le permettre, c'est pas comme si tu étais au 5ème étage.

Tu remarques alors qu'Heath fixe ton grand panneau recouvert de photos. Dont certaines de lui. Et heureusement qu'il n'a pas accès à celles cachées sous ton lit avec celles de Lys, Joach, Charlie et compagnie. Tu te pinces la lèvre, regrettant de ne pas avoir retiré les photos de lui. Puis il semble attiré par la planche de skate calée contre le mur. Un cadeau à lui. Sa vieille planche. Depuis cette fois-là au skatepark, tu n'es jamais vraiment remontée dessus. Et t'as jamais eu le courage d'aller lui demander de t'apprendre. La première leçon s'était soldée par une dispute. Rien de bien réjouissant.

« C’est ma planche... Tu skates ? »
« Disons plutôt que j'arrive enfin à tenir dessus sans me vautrer. »
« J’ai vu qu’il y en avait une plus récente dans ma chambre, je t’ai filé mon ancienne ? »
« C'est l'idée. »

Tu continues à le regarder. Il semble heureux de retrouver sa planche. Dans un sens, il est toujours à l'époque où c'était sans doute sa seule planche. Sa préférée de cette période où tu ne le connaissais pas. Ou seulement à travers les quelques mots que Lys écrivait sur lui dans ses lettres. Tu descends alors de ton perchoir, le rejoignant rapidement. Tu attrapes la planche, la fixant un bref instant avant de lui tendre.

« Tu peux la reprendre si tu veux. Je sais qu'elle est importante à tes yeux. »

Tu ne le laisses pas vraiment le temps de réagir, la lui collant dans les mains avant d'aller t'asseoir dans un des deux poufs moelleux de ta chambre. Tu changes de place régulièrement, comme un animal tournant dans sa cage. Sans t'en rendre compte, il s'agit là d'un signe de ta nervosité. Et bien que ton visage n'affiche qu'un air plutôt inexpressif, ton corps, lui, est plus sincère.

« J'ai promis de respecter ton souhait. Je le ferais. Mais... »

De nouveau, tu changes de place. Et plutôt que de le regarder dans les yeux, tu regardes par la fenêtre, croisant les bras sous ta poitrine. Tu n'aimerais pas lui dire. Dans le fond, tu pourrais presque profiter de cette opportunité qui s'offre à toi. Saisir cette chance de devenir amie avec lui. Mais tu ne peux pas. Ce serait profiter de la situation, pas vrai ?

« J'peux pas te promettre que ça sera facile. »

Difficile de garder le silence alors que ton être te hurle de tout avouer. De faire comme si de rien n'était et de devenir amie avec lui. De saisir l'opportunité de tout recommencer. De savoir que ça finira sûrement par s'écrouler de nouveau.

- T’es ma colloc’ et je sais pas si on l’était ou pas, mais je voudrais qu’on soit potes. ... En espérant que j’ai pas déjà foiré ma chance.
- Je croyais que tu voulais pas savoir ce que tu avais perdu ou gagné ?
- ...Ca veut pas dire que je veux pas retrouver la même chose. ...Ou corriger le tir.

Le silence se fit de nouveau, pendant lequel Heath observait la déco - des photos de lui - et la planche de skate. Lorsqu’il la questionna sur celle-ci et qu’elle la lui colla contre le torse, il fronça les sourcils, maintenant l’objet entre ses bras.

- Tu peux la reprendre si tu veux. Je sais qu'elle est importante à tes yeux.
- Non.

Il observait la jeune fille sans trop comprendre. Elle semblait à la fois distante et mélancolique.

- C’est un cadeau, et ça me fait plaisir que tu l’ai si elle noue lie.

C’était dit tel qu’il le pensait. La jeune fille se dirigeait maintenant vers la fenêtre, et Heath posa la planche au sol pour s’y asseoir, ne cessant de l’observer. A dire vrai il avait du mal à détacher son regard d’elle. Elle était aussi belle que mystérieuse. Il avait la sensation qu’elle avait des choses à lui dire, mais qu’elle s’en empêchait. Il se fit la réflexion que cette situation devrait se reproduire pas mal de fois, et avec beaucoup de gens, dans les jours à venir. Respecteraient-ils tous son choix ? Etait-ce le bon ? Il baissa les yeux sur ses doigts qu’il tripota doucement.

Qu’importe, ce choix, c’était le sien.

- J'ai promis de respecter ton souhait. Je le ferais. Mais...

Heath la suivi des yeux lorsqu’elle changea encore de place. Lui était resté assis là mais elle ne tenait pas en place un seul instant.

- J'peux pas te promettre que ça sera facile.

Comment ne pas être intrigué ?

Il avait le désir brûlant d’écouter ce qu’elle avait à dire, de connaître la nature de leur relation. Sa beauté frappante n’aidait en rien à apaiser cela. Mais il avait aussi la crainte de savoir. Peut-être qu’il l’avait faite souffrir - elle avait l’air de lui en vouloir - ou peut-être qu’elle allait lui parler d’autres gens, et les premières pièces du puzzle seraient posées. Alors, il ne pourrait s’empêcher de courir après les autres pièces. Heath détestait n’être qu’à moitié dans l’ignorance; sitôt qu’il avait un pied dans quelque chose, il avait la volonté d’aller au bout. La demi-mesure le mettait mal à l’aise. Alors, désormais, soit il devait tout ignorer, soit il devait recomposer le puzzle de ces cinq dernières années. Soit donner beaucoup de temps et d’énergie pour comprendre ce qui lui semblait être une vie parallèle.

- J’comprend que ce soit difficile pour vous. J’vous demande de repartir à zéro avec moi alors que vous, vous avez rien oublié...

Il soupira.

- For fuck’s sake.

Quelle situation de merde. Il se leva, remettant la planche à sa place. Une main sur la nuque, il bailla. C’était trop pour lui, tout ça, dès le réveil.

- Bref, si ça te tente, je t’apprendrai le skateboard. C’pas bien compliqué.

Keep going. Il était inutile de se prendre la tête. Heath avait la capacité de mettre les choses de côté, de traîter les problèmes un à un au moment venu. Il avait cette force qui consistait à garder un esprit clair pour se concentrer sur l’essentiel.

- En tout cas, t’es super jolie.

Il avait balancé ça sur le pas de la porte, après avoir saisi la poignée et lancé un regard en arrière, vers elle. Il souriait.

- J’te le dis parce-que me connaissant j’ai déja dû te le dire. Ca doit pas être une grande surprise pour toi.

Il haussa les épaules.

- Je pense pas que t’étais ma petite amie, je m’en souviendrais. Par contre j’suis assez certain que j’en avais grave envie.

Libéré de la souffrance d’Ulysse. Libéré des tourments vécus avec Charlie.
Libéré de RED, de sa condition de rouge frustré.
Libéré de l’abandon de Neil.

Heath allait bien. Mieux que bien. Ce nettoyage cérébral avait du bon, bien qu’il n’en ait pas vraiment conscience. Et quand il mettait de côté les troubles qu’allaient subir son entourage, iIl se sentait simplement heureux, tranquille, bien dans sa tête (quoi que troublé par l'évènement) et bien dans ce nouveau corps dans lequel il se sentait désirable. ... Encore plus qu’avant.

Appuyé, contre la porte ouverte, il fit un signe de tête, souriant. Il était en chaussettes, un pied perché sur l’autre.

- Et j’sens que c’est toujours le cas.

Il haussa les épaules sans se départir de son petit sourire à la fois amusé et plein d’assurance.

- Vais m’recoucher. Cya.

Il balança un clin d’oeil comme il en faisait souvent à ses amis, et quitta la pièce en refermant derrière lui, sans un regard en arrière.

---

Et tout semble recommencer. Comme quelque chose d'inévitable. Comme si ça devait arriver, qu'importe ce qu'il se passe. Le voilà qui te propose de t'enseigner de nouveau le skate. Comme avant. La seule différence étant que ce n'est pas son désir  de vouloir faire des efforts pour Lys qui le pousse à te proposer ça. Tu te mords la lèvre. Faire du skate est toujours quelque chose qui te fait énormément envie. Et peut-être qu'il serait mieux de saisir cette chance.

Mais aucun mot ne sort d'entre tes lèvres. Tu ne parviens pas à faire ce pas vers lui. Par peur d'être à nouveau rejetée. Et quand il se lève, tu sais qu'il va partir. Que tu laisses passer ta chance. Un nouveau départ pour vous. Mais tu sais comment ça finira, et ça te fait peur. Car tu as un caractère bien trop énervant pour quelqu'un comme lui. Et vice versa sans doute. Mais, au fond de toi, tu te surprends à vouloir que ça marche.

« En tout cas, t’es super jolie. »

Tu écarquilles les yeux, tournant la tête vers lui. Tu tombes de haut. Il plaisante ? Tu attends presque qu'il te dise qu'il plaisante, qu'il voulait juste voir ta réaction. Mais non. Il sourit. Sincère, honnête. Tu détournes la tête, sentant la gêne s'emparer de tes joues. Comment peut-il être aussi peu fair-play ? Aussi injuste ? Et pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur lui cette amnésie ?

« J’te le dis parce-que me connaissant j’ai déjà dû te le dire. Ça doit pas être une grande surprise pour toi. »

Tu secoues négativement la tête, en guise de réponse. Il t'avait parlé d'un coup de foudre. Mais pas qu'il te trouvait jolie. Tu ne l'es pas. Contrairement à Charlie. Tu n'as rien à envier à la rousse. Rien. Tu es une sauvage. C'est lui qui l'a dit. Et maintenant il dit que tu es jolie. Alors que t'es probablement la fille la plus banale qui soit. Ni la plus moche, ni la plus jolie. Une fille normale. Tu te sens rougir, usant de ta crinière pour te dissimuler.

« Je pense pas que t’étais ma petite amie, je m’en souviendrais. Par contre j’suis assez certain que j’en avais grave envie. »

Là, ce sont les mots de trop. Tu traverses la distance vous séparant, le poussant pour sortir. Tu ignorais qu'il puisse être aussi gênant. Tu émets un grognement en guise d'explication. Et tu ne le regardes pas. Parce que tu sais qu'il a réussi à te faire rougir. Et que tu n'es pas entièrement persuadée qu'il soit totalement honnête.

Toujours se méfier des renards.

« Et j’sens que c’est toujours le cas. »
« ...Arrête de dire des trucs pareils ! »

Il annonce alors qu'il va se coucher et tu refermes la porte derrière toi, te laissant glisser contre elle pour rejoindre le sol. Il n'a pas le droit d'être si... si... Tu te flanques une claque pour reprendre tes esprits. Tes doigts viennent se glisser dans tes cheveux et tu fermes les yeux.

Tu le réalises enfin.
Heath ne te laisse définitivement pas de marbre.
Il te fait de l'effet. Il t'en a toujours fait.
Au départ, il te mettait hors de toi. Et maintenant, Hannah ?

Et, sans prévenir, tu sens tes vêtements glisser contre ta peau. Ta peau se recouvre de poils et tu finis sous tes vêtements. Te voilà écureuil. Tu pousses un couinement agacé avant de te dégager des tissus. Tu te frottes le bout du museau par réflexe avant de bondir sur ta chaise, regagnant ensuite ton bureau. Tu galopes ensuite sur la surface lisse, regagnant rapidement la fenêtre.

Tu bondis dans l'herbe faisant le tour du bungalow. Une seule destination. Tu trouves une fenêtre entrouverte. La sienne. Tu grimpes jusqu'à la fenêtre, la poussant avec ta patte avant d'entrer dans la pièce. Tu regardes autour de toi. Heath est là, debout dans sa chambre. Il ne t'a pas remarqué. Tu l'observes silencieusement. Et il se couche. Les oreilles tendues tu t'approches.

Aussi agile et silencieuse que l'écureuil que tu es, tu rejoins le matelas. Tu te poses dans un coin, le regardant dormir. Tu es prête à décamper si jamais il te voit. Même s'il ne fera probablement pas le lien entre la Hannah humaine et l'écureuil qui le stalke en train de dormir. Tu regardes autour de toi, attirée par une odeur de nourriture. Tu grimpes sur le bureau, trouvant rapidement un paquet de chips ouvert.

Et instinct d'écureuil oblige, tu en prends une pour la grignoter. Puis une autre, et encore une autre. Un écureuil a toujours faim et stocke toujours dans ses joues. Tu t'immisces dans le paquet pour prendre une autre chips, ressortant pour la grignoter tranquillement.

Et tu aperçois Heath, les yeux ouverts. Tu le fixes. Il t'a vu cette fois. Immobile, tu n'oses pas bouger. Un couinement s'échappe de ta gorge.

« ...Arrête de dire des trucs pareils ! »

C’est ce qu’elle s’était exclamée avant de le foutre à la porte.
Well. Il savait franchement pas quoi en penser, aussi, logique, il décida... de ne plus y penser. « Personally I'm a fan of ignoring a problem until eventually it just goes away. » Planté au milieu de sa chambre, il avait désormais l’explication. Une amnésie. Alors il y avait là autour de lui cinq ans d’une vie oubliée.

Ses yeux parcoururent la pièce. Les photos de Joach et lui. Au dessus du bureau, il y avait d’autres visages. Il détourna volontairement le regard; il n’avait pas envie de ressentir de nouveau la sensation de connaître quelqu’un. Il était fatigué, ne voulait pas faire face à de nouvelles interrogations. Pas tout de suite. Son regard glissa sur le pc sous son bureau. Nouvelle tour. Nouveau matos. L’envie dévorante de découvrir l’avancée technologique de ces cinq dernières années. Les nouveaux jeux. Internet.

Il se sentit soudainement atrocement vieux, dépassé. Horrible sensation pour un fanatique de l’high-tech comme lui. Mais il prendrait le temps, plus tard, de découvrir toutes ces merveilles. Pour le moment, tout ce qui lui importait, c’était de se vautrer dans son lit, et c’est ce qu’il fit.

Il se sentait épuisé. Probablement était-ce son esprit. Un cerveau non content d’un tel dysfonctionnement. Quand à son humeur, maintenant qu’il avait quitté Hannah, il se sentait blasé.

On lui avait arraché cinq ans de sa vie d’un claquement de doigts. Et il allait devoir faire avec. ... Qu’y pouvait-il ? Pas grand chose à priori.

Allongé sur le ventre en travers de son lit, il ferma les yeux. Peut-être avait-il besoin de retrouver ses esprits - sans mauvais jeu de mot. C’était comme si l’information lui montait enfin au cerveau. Une amnésie de cinq ans. C’était tellement absurde qu’il ne parvenait pas à l’encaisser. Il était comme dans un état second. L’esprit vide, sans émotion.
Un légume.

A cette pensée il rouvrit les yeux brusquement. ... Et si on lui avait pris autre chose ? Si on l’avait rendu stupide, incapable de réfléchir ? On avait manipulé son cerveau, tout était possible. Son coeur battait légèrement plus vite désormais, visiblement plus perturbé à l’idée d’avoir perdu sa capacité de réflexion plutôt que ses amis. Son regard fut alors attiré par une bestiole sur son bureau, un fuckin... écureuil ? Ok, c’était mignon - ça ne l’empêcha pas de retirer sa chaussette pour le lui lancer dessus. Heath n’était pas vraiment un mec à animaux - les chiens passaient, le reste, c’était pas son truc. Incroyablement insensible au monde animal, il n’eut aucun remord à avoir fait fuir la bestiole. Il se leva, toujours perturbé à l’idée d’avoir un autre dysfonctionnement cérébral. Il piocha une poignée de chips goût barbecue, les enfournant dans sa bouche avant de saisir le rubik’s cube qui traînait sur le bureau. Levant ses yeux au plafond, il le défit, tournant les blocs dans tout les sens. Lorsque ce fut fait, il se baissa pour allumer sa tour et se laissa tomber sur son - plus que confortable - fauteuil de bureau. Et il entreprit alors de résoudre le cube pendant que l’ordinateur s’allumait.

Mémoire. Logique. Il résolvait les étapes une à une, rapide, efficace. Et au bout de quelques minutes, le bloc était reconstitué. Ca ne voulait pas dire grand chose, mais le voila qui était déja un peu rassuré. Nouveau regard vers la fenêtre - l’écureuil venait de réapparaître. Il leva les yeux au ciel en râlant, ignorant par la suite l’animal, s'intéressant à son écran. C’est à cet instant que Joach fit irruption dans la pièce, refermant la porte derrière lui.

- ... Alors, t’a parlé à Hannah ?
- Yup., lâcha Heath en pivotant sur son siège pour se tourner vers Joach, Rubik’s tournoyant entre ses mains.
- ... Et ?, demanda Joach en allant s’asseoir sur le lit. Heath haussa les épaules.
- J’lui ai dis que j’voulais la connaître. Qu’on soit potes.
- C’est tout ?
- ... Et que je la trouvais canon. Maaaan, tu t’y attendais ? Tu m‘connais si bien que ça ?, lança t-il avec un sourire et une mine impressionnée.
- J’te connais mieux que ta propre mère.
- Flippant.
- Et t’adore ça.
- J’avoue., lâcha Heath dans un sourire.

Joach sembla hésiter un instant, se frottant les mains avant de demander:

- Et elle t’a dit quoi ?
- Que j’devais pas dire ce genre de choses. Un truc comme ça.
- Mmh.

Heath observa son ami, pivotant légèrement son siège dans un sens, puis dans l’autre, hésitant à son tour. Il était horriblement frustrant de se plier à sa propre décision.

- J’suis sorti avec elle ?
- Nan.
- J’ai mes chances ?

Joach secoua la tête en souriant sincèrement, amusé.

- T’es pas croyable. A peine réveillé d’une amnésie et tu pense déja aux filles...
- J’croyais que tu me connaissais ?
- J’te connais. Et ça te ressemble parfaitement.
- Bah voila., acheva Heath dans un haussement d’épaules et un sourire taquin. J’vais pas me morfondre quinze ans dans mon lit. C’est fait, c’est fait. J’passe à autre chose.
- T’a raison.
- Alors, j’ai mes chances ?

Joach hésita un instant, se mordillant la lèvre. Puis, il leva les yeux vers lui. Une lueur taquine traversa le fond de son regard, comme une excitation. Il sourit.

- Ca va pas être facile, mais ouais, j’pense que t’a grave tes chances.

Heath arbora ce petit sourire prétentieux qu’on lui connaissait bien. Mais Joach soupira, se relevant.

- Sache juste que... T’es un sacré bourreau des coeurs. J’veux dire, tu l’es resté. Ca a même empiré. Bref, t’a quelques filles qui... sont pas insensibles à toi., il leva finalement les mains en signe d’innocence. J’dis ça, j’dis rien ! Promis, j’en dis pas plus !

Heath lui sourit, et une minute après, Joach était dehors. Le B laissa alors tomber sa tête en arrière, fermant les yeux un instant.

Poussée d’adrénaline. Il rouvrit les yeux, se leva et sortit à son tour de sa chambre. Machine arrière, il marcha de nouveau dans le couloir, revint jusqu’à la porte d’Hannah où il toqua. Une fois, deux fois. Il hésita un instant, et ouvrit finalement la porte tout doucement, passant son visage dans l'entrebâillement avec prudence.

Elle n’était pas là. En revanche, il y avait ses vêtements, juste là, à ses pieds. Ses sous-vêtements, aussi.
...Interesting.

---

Tu t'attendais pas vraiment à ce qu'il se lève et cherche à te faire du mal. Même si Heath n'a jamais été un grand amoureux des bêtes, c'est pas vraiment le genre à leur faire du mal par plaisir. Mais disons que tu t'attendais pas à te prendre sa chaussette dans la tronche. Tu aurais volontiers attrapé le vêtement pour le déchiqueter avec tes griffes, mais il amorce un mouvement. Instinct animal oblige, tu bondis hors du bureau, regagnant l'extérieur.

Tu gambades dans l'herbe pour aller grimper dans le premier arbre qui passe. La hauteur, seul refuge d'un animal si petit. Seul endroit rassurant d'où l'on peut voir les grandes choses. Perchée sur une branche, tu observes la chambre d'Heath. Il semble bouger, s'installer et bidouiller dieu sait quoi. Il attaque son paquet de chips et, estimant que le danger est passé, tu descends de ton perchoir.

Mission du jour : le griffer pour le punir de jeter ses fringues sur des animaux qui ne vous ont rien fait.

Tu bondis donc agilement sur le rebord de la fenêtre. C'est alors que Joach choisit ce moment pour entrer. Mais il ne te remarque pas. Ou fait semblant de ne pas t'avoir vue -et reconnue. Tu les écoutes parler. De toi. Le ton de Joach est comme si cette discussion était la suite d'une précédente. Parlaient-ils souvent de toi ? Non. Que dire sur toi à part que t'es chiante et invivable ?

« Alors, j’ai mes chances ? »

Tu fixes Heath. Et si tu le pouvais, tu aurais pris son oreiller pour l'étouffer avec. Mais t'es obligée de te contenter de ton aspect d'écureuil. Prête à lui bondir dessus, c'est Joach qui te coupe dans ton élan.

« Ça va pas être facile, mais ouais, j’pense que t’as grave tes chances. »

Tu manques tomber de ton perchoir, fixant Joach avec des yeux ronds. Tout ce que tu t'évertues à cacher serait finalement aussi clair que de l'eau de roche ? Tu clignes plusieurs fois des yeux, complètement dépassée. Tu te frottes le museau avec tes deux minuscules pattes. Joach rappelle alors qu'Heath est un bourreau des coeurs. Serais-tu finalement un de ses futurs trophées de chasse ? Probablement.

Tu retournes dans l'herbe, avançant en relevant la tête de temps à autre, au moindre bruit suspect. Sa perte de mémoire n'a pas que du bon. Il se croit encore probablement prêt à faire tomber les filles à ses pieds. Alors qu'il s'était calmé. Pour le peu que tu as compris. Mais là c'est un nouveau départ pour lui. Personne ne dit qu'il ne retombera pas sous le charme d'Ulysse. Puis Charlie. Il ressentira sûrement ce qu'il a ressenti à cette époque là, pour elles.

Tu tournes un moment dehors avant de te décider à rentrer. Histoire d'attendre de reprendre forme humaine à côté de tes fringues. Qu'on te voit pas nue quoi. Tu retournes alors dans ta chambre, bondissant par la fenêtre ouverte. Tu rejoins le sol en douceur, et tu attends simplement. L'effet ne devrait pas tarder.

C'est alors qu'un bruit te fait sursauter. On toque à ta porte, et tu es bien incapable de répondre. D'autant plus que tu n'as pas verrouillé ta porte à clé, ce que tu fais les 3/4 du temps. La porte s'ouvre sur Heath. Tu te figes alors que ses yeux tombent sur tes vêtements, et sous-vêtements.

Panique. Tu cours vers tes affaires, bondissant par dessus avant de passer entre les jambes du brun. Tel un animal apeuré, tu te réfugies dans la première pièce ouverte. La salle de bain. Tu n'entends pas Heath te suivre. Encore heureux. Quoique...

Tu commences à sentir une sensation étrange, comme des muscles qui s'étirent. Et tu commences à t'élever. Bientôt, tu te tiens sur tes deux jambes, nue et plus gênée que jamais. Tu regardes autour de toi. Tu trouves des sous-vêtements qui terminent de sécher. Des culottes seulement. Tu en enfiles une, c'est déjà ça. Autre coup d'oeil. Une chemise à carreaux. Rouge. Celle d'Heath. Y a qui lui qui porte ça ici. Tu grognes, regardant ailleurs. Rien d'autre. Chacun à ses propres serviettes éponges. Les tiennes sont dans ta chambre. Tu râles, te résignant à passer la chemise d'Heath. Tu boutonnes le vêtement qui te descend suffisamment bas pour cacher le plus gros. Mais tes jambes restent à la vue de tous. Et t'as beau tirer sur la chemise, ça change rien.

Tu passes la tête en dehors de la pièce. Personne. Coup d'oeil vers ta chambre. Heath n'est plus là, la porte semble fermée. Coup d'oeil à gauche, puis à droite. Et tu sors sur la pointe des pieds, le plus rapidement et silencieusement possible. Tu rejoins ta chambre, abaissant la poignée avant de regagner ton antre. Tu refermes la porte immédiatement derrière toi, soupirant de soulagement.

Et tu te retournes, croisant le regard d'Heath. Clignement d'yeux. Silence gênant. Tenue gênante. Tu pousses un cri mêlant surprise et profonde gêne. Et tu lui balances un coussin qui traînait par terre avant de te retourner, totalement prise de cours. Tu sens la chaleur envahir tes joues et toute ta tête.

« Ne me regarde pas ! Retourne-toi ou je te crève les yeux ! »

Tu n'oses pas bouger, tentant néanmoins de rapprocher tes affaires en tendant la jambe jusqu'à eux.

« Je... j'peux savoir ce que tu fiches dans ma chambre ?! »

Tu peux parler Hannah...

Tu te mords la lèvre, te retenant de ne pas te laisser envahir par tes émotions. Tu inspires, presque au bord des larmes. Parce que tu ne peux plus supporter que le destin s'acharne sur toi. Parce que tu ne peux plus supporter son regard noisette sur toi. Parce que tu meurs d'envie que tout soit plus simple. Parce que tu aimerais être différente. Plus belle, avec des courbes là où il faut. Pour plaire. Lui plaire. Pour la première fois, tu as honte de ton corps. Pour la première fois, tu aimerais vraiment disparaître dans un trou de souris. Pour la première fois, tu fais attention à tout ça. Pour la première fois, tu aimes.

Tu attrapes ton pantalon, l'enfilant rapidement. Tu ne prends pas le risque d'ôter la chemise, par peur qu'il se retourne à cet instant précis. Et parce que se changer en sa présence, c'est tout sauf une bonne idée. Tu pivotes sur le côté avant de te retourner complètement vers lui. Tu te pinces les lèvres.

« Pourquoi es-tu ici... ? »

Heath resta bouche bée.

Hannah se tenait juste là, contre la porte. Elle se tortillait sur elle-même, tirant sur sa chemise - la sienne, à lui ?! - Incrédule, il ne pouvait détacher son regard d’elle, pire encore, ne pouvait s’empêcher de le laisser courir sur son corps à moitié nu. Le réveil fut brutal; un cri, un coussin s’échouant contre son bras dressé en rempart avant l’impact.

- Ne me regarde pas ! Retourne-toi ou je te crève les yeux !
- Je... Qu’est-ce que tu... ?, balbutia t-il.

Nouvelle oeillade, et Heath pu ressentir une bouffée de chaleur s’emparer de lui. Il eut la sensation qu’elle n’était pas dû qu’à l'embarras, au vu de l’effet que lui faisait la vue de ce corps dénudé, uniquement vêtu de sa chemise à lui. Il cilla à répétition, tic nerveux des yeux, détourna ces derniers en positionnant son bras entre eux et elle. Qu’elle soit sûre qu’il ne regarde pas, qu’il soit certain de ne pouvoir regarder.

- Je... j'peux savoir ce que tu fiches dans ma chambre ?!
- J’en sais rien, j’voulais...

Mais les mots ne vinrent pas. Voulait quoi, Heath ? Il fixait désormais le sol sous ses pieds, s’étant tourné dos à elle le temps qu’elle mette une tenue correcte. ... Pour leur bien à tout les deux. Bordel, mais qu’est-ce qu’elle fichait avec sa chemise ? Ca aussi, il lui avait offert ? Sérieux, ils n’étaient jamais sorti ensemble ? Quelle fille se trimballait à moitié nue avec la chemise d’un mec, si elle n’était pas et n’avait jamais été avec lui ?

- C’est ma chemise que t’a là ?
- Pourquoi es-tu ici... ?

Il se retourna vers elle, levant les mains pour s’exprimer, comme d’habitude, entrouvrant les lèvres - mais elle écarquilla les yeux, fixant la main du jeune homme avec des yeux ronds.

Il tenait un petit carnet vert.

Heath baissa les yeux sur l’objet, balbutia.

- Je... J’ai rien lu, il était ouvert, j’ai vu mon nom alors...

La jeune fille fondit sur lui pour lui arracher le carnet, et instinctivement il chercha à se protéger, faire face à une crise. Il levait ses bras, se protégeant d’éventuelles frappes.

- Sérieux, mais qui tient encore un journal intime ?!

Fautif, le Renard prit la main dans le sac chercha à s’éloigner d’elle, rejeter la faute, se décharger de toute faute.

- Évidemment que quelqu’un finit par tomber dessus, c’est fait pour, à quoi ça sert sinon d’écrire ça, tu peux pas te contenter d’y penser ?

Il avait haussé le ton, sur la défensive. Heath était passé maître dans l’art de se créer des problèmes, et le voilà qui s’illustrait avec brio.
...Déja.

- Y’a mon nom dedans, évidemment que je vais lire, n’importe qui lierai, tu crois quoi ?!

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Tu esquives sa question avec brio. C'est déjà assez gênant d'expliquer que t'étais nue et qu'il fallait te trouver des fringues, donc expliquer pourquoi sa chemise à lui. Il ne t'aurait sans doute pas cru. Il ignore quel est ton don puisque, à l'époque, vous ne vous connaissiez même pas. Alors comment il réagirait en apprenant que l'écureuil à moitié stalker et toi ne faisiez qu'un ? Et que, par dessus le marché, tu te retrouvais nue après chaque retransformation. Tu n'es même plus en mesure de savoir s'il savait ce dernier détail.

Il tend les mains et tu te crispes. Dans sa main, un carnet vert. Ton journal intime. Que diable fait-il avec ça ? Tu le regardes avec des yeux ronds, la bouche légèrement entrouverte. Il était venu fouiner ? A-t-il lu son contenu ?

« Je... J’ai rien lu, il était ouvert, j’ai vu mon nom alors... »

C'est déjà bien trop. Tu te précipites vers lui pour venir récupérer ton petit calepin. Mais il est sur la défensive, comme s'il s'attendait à un éventuel coup de ta part. Aha, son corps a pas oublié la gifle visiblement. Il sent le "danger" potentiel que tu représentes. Ou il sent que t'es une vraie sauvage. L'un ou l'autre. Tu sautilles une fois à droite, une fois à gauche pour tenter de récupérer ton bien, la panique s'installant bien vite à nouveau.

« Sérieux, mais qui tient encore un journal intime ?! »
« Ça te regarde pas ! Rends-moi ça ! »

Il cherche à imposer une distance, à s'éloigner de toi. Mais tu refuses de lâcher prise et de lui laisser la possibilité de fuir avec. Ou pire, de le lire. Il faut absolument que tu le reprennes. Ce sont tes pensées, tes sentiments que tu as couché sur le papier. C'est ta seule manière d'exprimer ce que tu ressens tout en le gardant pour toi.

« Évidemment que quelqu'un finit par tomber dessus, c’est fait pour, à quoi ça sert sinon d’écrire ça, tu peux pas te contenter d’y penser ? »
« Tu peux pas comprendre ! »
« Y’a mon nom dedans, évidemment que je vais lire, n’importe qui lirait, tu crois quoi ?! »

Tu te mords la lèvre pour empêcher les larmes de s'échapper de tes yeux. Il peut pas comprendre ce que ça fait de n'avoir jamais eu d'amis. Il peut pas comprendre ce que ça fait d'avoir peur d'approcher les autres. Il sait pas ce que c'est de se sentir rejeter parce qu'on change carrément de forme. Il sait pas ce que c'est que de perdre une confidente à qui on disait presque tout et qui ne rendait pas la pareille. Il ne sait pas ce que c'est. Il ne sait rien.

Et, à trop vouloir récupérer ton carnet, tu l'as fait reculer vers tes piles de livres entassés, faute d'étagères. Il trébuche, tu attrapes son poignet. Mais la différence de poids et de corpulence te fait basculer aussi. Tu t'écrases à moitié sur lui, et lui sur tes livres. Autant dire qu'il y a plus confortable. Tu te redresses, remarquant la trop grande proximité de vos visages, de vos corps.

Tu déglutis le plus discrètement possible. Ton instinct te demande de t'écarter en vitesse. Ta raison t'ordonne de profiter de la situation pour reprendre le carnet. Et ton coeur bat à tout rompre, contredisant les deux entités précédentes. Tu finis par suivre ta raison en premier, arrachant le carnet de la main d'Heath avant de te redresser pour t'éloigner. Tu finis par te laisser tomber à moins d'un mètre de lui, dos contre ton lit.

« Tu demandes à ce qu'on ne te révèle rien sur ce que t'as oublié, et t'es le premier à vouloir lire le journal intime de ta colocataire. Normal qu'il y ait ton nom. Normal que je parle de toi. » Tu ne le regardes pas, les yeux rivés dans la direction opposée. « Tu peux pas comprendre, Heath... »

Un silence s'installe. Qui semble durer une éternité. Silence durant lequel tu finis par abandonner le carnet sur ton lit, derrière toi. Silence durant lequel tu remarques que tu portes toujours sa chemise. Sans soutien-gorge. Tu attrapes chaque pan de la chemise, croisant tes bras par dessus ta poitrine.

« Je te rendrais ta chemise. J'ai pris le premier truc qui venait dans la salle de bains, c'est tout. »

Tu te justifies, comme pour prouvé que ce n'est que le fruit du hasard. Mais, dans le fond, si t'avais cherché un peu plus, t'aurais sans doute trouvé un autre vêtement. Autre que sa chemise à lui. Et tu as du mal à l'accepter, mais tu te sens bien dedans. Son odeur est présente sur toi à présent. Ce qui a pour effet de te déboussoler encore plus.

« Je réitère ma question : pourquoi t'es ici ? T'ignorais que j'avais un journal intime. Même le futur-ancien toi l'ignorait. T'es tombé dessus par pur hasard. Ou alors tu fais juste dans la violation de vie privée désormais. T'as quoi à dire pour ta défense ? »

Chute. Ses mains s’écrasent sur les tranches des livres, tout s’écroule et lui avec. Coudes au sol, il sent les derniers livres encore en place dans son dos, les autres sous son coude, sous ses fesses. Mais c’est pas ça qui capte son attention, non, elle est toute dirigée vers elle. Hannah s’est écroulée sur lui, mains sur son torse, corps collé contre le sien, visage à quelques centimètres. Ils se regardent une seconde, retenant leur souffle. Elle se relève, fuit, lui la suit du regard, ne parvient à s’en détacher tout de suite - il en reste allongé, en oubliant presque sa condition; il ne se redresse que quelques secondes plus tard. Et restant assis, il la quitte enfin du regard, soufflant, attrapant les quelques livres qui traînent pour les empiler grossièrement derrière lui.

- Tu demandes à ce qu'on ne te révèle rien sur ce que t'as oublié, et t'es le premier à vouloir lire le journal intime de ta colocataire.
- ... Tu crois que c’est facile de fermer les yeux ? D'être le con ignorant ?
- Normal qu'il y ait ton nom. Normal que je parle de toi.

Il détourne son regard, d’abord dans le vide, puis sur le mur où il y a les photos de lui. ... Photos d’eux. A bien y regarder, les autres aussi sont là. Il attrape ses mains, coudes sur les genoux, jambes repliées.

- Tu peux pas comprendre, Heath...

Il tourne le regard sur elle, presque vexé. Elle n’a qu’à lui expliquer, non ? Elle le crois trop idiot pour comprendre les choses ? Mais pour comprendre quoi d’ailleurs, de quoi elle parle ? Il baisse les yeux sur ses mains. Est-ce que ça va être aussi bordélique avec les autres ? Ne ferait-il pas mieux de tout réapprendre ? ... D’assumer ce qu’il était, bien qu’il n’ait pas du tout la conscience d’avoir fait quoi que ce soit ?

Ses mains se détachent, viennent empoigner ses cheveux alors qu’il baisse la tête entre ses bras, fermant les yeux. Il est passé par différents états depuis son réveil; l’inconscience, le doute, le bien-être, la confiance; c’est maintenant l’angoisse qui le gagne.

Et il n’a pas l’habitude de l’angoisse, Heath.

- Je te rendrais ta chemise. J'ai pris le premier truc qui venait dans la salle de bains, c'est tout.
- C’est pas important., souffle t-il sans relever la tête.

Il prend conscience, Heath. Il prend conscience du mal que peuvent ressentir les autres. De leur trouble. C’est tellement plus confortable de fermer les yeux, Heath. D’être égoïste, comme tu l’a toujours été. Penser aux autres, c’est souffrir pour eux.

Souffrir pour les autres. Se battre pour les autres. Des pensées qui font écho dans son esprit, sans qu’il ne parvienne à saisir à quoi elle font écho. Se battre pour les autres ? Heath ne l’a jamais fait. Il n’a toujours pensé qu’à sa gueule, il sait qu’il ne peut pas changer le monde, il n’en a pas la prétention. ... Alors pourquoi cette sensation d’empathie et de générosité lui est familière ?

- Je réitère ma question : pourquoi t'es ici ? T'ignorais que j'avais un journal intime. Même le futur-ancien toi l'ignorait. T'es tombé dessus par pur hasard.

Il hausse les épaules, sans se sortir du cocon formé par ses bras.

- Ou alors tu fais juste dans la violation de vie privée désormais. T'as quoi à dire pour ta défense ?

Il lève les yeux, lui lance un regard mauvais. Pour sa défense ? Le Renard n’aime pas être jugé, plus que tout, Heath ne supporte pas qu’on lui mette sous le nez les conséquences de ses actes, qu’on s’attende à des excuses, qu’il soit sensé regretter. C’est pour ça qu’il fuit toujours, qu’il assume ce Renard et envoi promener les victimes. C’est pour ça qu’il a quitté Ulysse en coupant les ponts avec elle. C’est pour ça qu’il s’est éloigné de Neil après avoir couché avec lui. Pour ça qu’il flirt avec Holly au lieu de dire clairement les choses à Charlie.
Pour ça qu’il a toujours eu peur que les sentiments d’Hannah soient réciproques.

Parce-que, le truand qu’il est fait parti intégrante de lui. Il l’assume.
Et il s’aime beaucoup trop ainsi.

- Et toi, t’a quoi à me dire ?

Il a levé le menton vivement vers elle, le regard dur. Parce-qu’il a bien sentit qu’il y avait un malaise. La façon dont elle lui a planté le skate dans les bras, la distance qu’elle impose, ses petites phrases mystérieuses.

- Si t’a quelque chose à me reprocher, dis-le clairement. J’veux pas savoir mon passé pour pas me prendre la tête avec, mais si au final j’me la prend quand même avec tes attitudes, autant aller droit au but.

Cette fois, il ne détourne pas le regard.

- Nan, tu sais quoi ? Encore mieux. Je t’ai fais souffrir ? Je t’ai déçu ?, il écarte les bras. Bah désolé. Voila. J’peux rien te dire de plus. J’ai pas envie d’assumer quelque chose que j’ai même pas la sensation d’avoir fait. Et de toute façon, si je l’ai fais, c’est comme ça. J’suis comme ça, et me connaissant, j’devrais pas regretter de choses parce-que j’devais avoir de bonnes raisons de les faire. Alors, si tu pense que je me suis comporté comme un connard, bah c’est que ça doit être le cas, c’est ce que je dois être.

Il se lève, lui balance un regard.

- Take it easy.

Et il se détourne d’elle, saisissant la poignée pour se tirer de la chambre.

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« Et toi, t’as quoi à me dire ? »

Tellement de choses, et si peu de temps. Si peu de courage. Tellement peur, presque tétanisée. Tu ne sais pas mentir, tu as toujours été honnête. Et pourtant... tu as tellement peur des conséquences que tu préfères te cloîtrer dans ton mutisme. Tu sens son regard posé sur toi, mais tu regardes le sol devant toi. Incapable de supporter son regard probablement en quête de réponse, énervé, ou encore perdu. Ou peut-être tout ça à la fois.

« Si t’a quelque chose à me reprocher, dis-le clairement. J’veux pas savoir mon passé pour pas me prendre la tête avec, mais si au final j’me la prends quand même avec tes attitudes, autant aller droit au but. »

Il a raison. C'est son choix de ne rien vouloir savoir. Son choix encore de faire avec, de vivre avec un trou de mémoire de 5 ans. Et tu as promis de ne rien dire. Mais ton comportement vient, encore une fois, gâché tout ça. T'aurais pu saisir cette chance de nouveau départ. Tu devrais Hannah, tu aurais dû. Probablement aurait-ce été douloureux pour toi, mais il ne faut pas être égoïste, Hannah. Maintenant c'est trop tard. Et tu t'en mords déjà les doigts.

Tu as tout gâché, une nouvelle fois.
Depuis le départ, c'est toujours lui qui a fait le premier pas avec toi. Comme tous les autres.
Et tu continues à te braquer. Parce que tu as peur. Peur de souffrir.
Égoïste petite Hannah.

« Nan, tu sais quoi ? Encore mieux. Je t’ai fais souffrir ? Je t’ai déçu ? Bah désolé. Voila. J’peux rien te dire de plus. J’ai pas envie d’assumer quelque chose que j’ai même pas la sensation d’avoir fait. Et de toute façon, si je l’ai fais, c’est comme ça. J’suis comme ça, et me connaissant, j’devrais pas regretter de choses parce-que j’devais avoir de bonnes raisons de les faire. Alors, si tu penses que je me suis comporté comme un connard, bah c’est que ça doit être le cas, c’est ce que je dois être. »

Tu te mords la lèvre alors qu'il se lève. Oui, finalement, il devait avoir de bonnes raisons de coucher avec Charlie alors qu'il s'est déclaré à toi. Nique la logique. Comme c'est frustrant d'être la seule de vous deux à savoir. Mais tu dois faire avec. Prendre un nouveau départ. Et faire en sorte de ne plus rien ressentir. Devenir "potes" comme il dit. Juste ça, rien que ça. Tu ne peux pas espérer plus. Tu te surprends même d'envisager cette option de "plus".

Il prononce ses derniers mots et s'apprête à sortir. Et ça ne prend qu'une fraction de seconde dans ton esprit, dans ton corps. Tu n'as pas le temps de te lever, mais ta main attrape son poignet, le retenant. Et maintenant, tu te maudis silencieusement. Car tu ne sais pas quoi dire.

« ...reste. S'il te plaît... »

Il semble renoncer à sortir. Pour le moment. Il reste debout mais semble avoir lâché la poignée de la porte. C'est déjà ça, pas vrai ? Tes doigts autour de son poignet, tu finis par le libérer après un moment d'hésitation, par peur qu'il s'en aille. Alors autant tout dire maintenant avant qu'il sorte, pas vrai ?

« Je... désolée. »

Tu cherches les mots, n'affrontant déjà plus son regard noisette. Tu te sens mal à l'aise, une boule au ventre. Nerveuse et déstabilisée. Tu finis par soupirer, te levant. Être plus ou moins à sa hauteur est moins intimidant que de rester au sol. Ta main glisse sur ta nuque et tu inspires, prenant finalement la parole de nouveau.

« J'ai... enfin... disons que je ne suis pas... en position de te reprocher quoi que ce soit. Je n'ai même... pas le droit de te critiquer ou... de te dire quoi faire. C'est juste que... » Coup d'oeil au journal intime. « C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour... me confier. Me vider la tête. Eviter d'y penser tous les jours, toutes les heures. Un exutoire, si tu préfères. »

Tu quittes l'objet des yeux, trouvant finalement son regard que tu soutiens. Mais pas longtemps.

« Et c'est important pour moi alors... je me suis emportée. Parce que j'ai eu peur. »

Tu finis par t'asseoir sur ton lit, silencieuse. Tu aimerais pouvoir en dire plus, mais c'est déjà bien assez. Tu attrapes le carnet que tu glisses sous ton oreiller. Tu le changeras de place plus tard.

« Et je pense pas que tu sois... un connard. Juste... un mec trop maladroit. Et idiot. » Et inconscient de l'impact de ses actes. « Et moi... une fille trop... sauvage. » Pour reprendre tes mots.

Tu secoues la tête, inspirant profondément. Tu te sens un peu soulagée. Même si tu n'as pas pu lui dire tout ce que tu avais sur le coeur. Tu ne pourrais pas. Il a oublié. Pour lui, rien ne s'est passé. Mais tu ne peux pas oublier. Tu pourrais réussir à mettre ça de côté, mais l'oublier, non. Pas pour le moment. Le temps fera son oeuvre.

« Ne te prends pas la tête. Ne fais pas attention... à moi, ou à mon comportement. » Légère pause. « C'est ce que tu as de mieux à faire, je pense. »

Pour ton bien.
Et le mien.

Heath sentit la main douce d’Hannah saisir son poignet. Il baissa les yeux sur elle juste avant de tourner la poignée.

- ...reste. S'il te plaît...

Il ressentit à cet instant une vague d’affection envers elle. Et de nouveau, l’observant, il ne pu s’empêcher de remarquer combien elle était jolie. Hannah s’excusa alors, et se justifia à propos du journal. Il hocha la tête négativement, son regard courant sur le sol.

- Nan mais j’m’en fou, tu fais c’que tu veux..., marmonna t-il.

Il ne lui reprochait pas réellement de tenir un carnet, ce serait insensé. Ni même d’écrire son nom dedans. C’était purement et simplement son mécanisme de défense: attaquer l’autre. Retourner les esprits, manipuler la situation à son avantage. C’est ainsi qu’il procédait toujours, ce n’est pas pour ça qu’il fallait réellement tenir compte de ses remarques.

Heath était capable de dire les pires choses sans en penser un mot; le Renard était prêt à tout lorsqu’il se retrouvait coincé dans un piège.

- Et je pense pas que tu sois... un connard. Juste... un mec trop maladroit. Et idiot. Et moi... une fille trop... sauvage.

Heath détourna son regard sur la fenêtre en enfouissant ses mains dans ses poches. Sa langue glissa sous ses dents, pensif. Personne n’était parfait, et il n’y avait rien à relever. Si elle le jugeait maladroit et idiot, c’était son choix. Il trouvait fatiguant et inutile de s’acharner à lui prouver le contraire. A ses yeux, il ne pouvait pas se juger mlaladroit avec les filles: il n’avait jamais tenté d’avoir une copine. Il s’était toujours contenté d’aventures sans lendemain, bien souvent des copines d’Ashley avec qui il flirtai tout au plus une semaine, sans se prendre la tête. Et lorsqu’il les quittait, c’était sans remords ni regrets. Au plus loin qu’il se souvienne, Heath ne s’était jamais pris la tête pour une fille. Tout était très simple avec elles.
Parce-que rien n’avait jamais été sérieux.

- Ne te prends pas la tête. Ne fais pas attention... à moi, ou à mon comportement. C'est ce que tu as de mieux à faire, je pense.
- ... S’tu le dis., lâcha t-il après quelques secondes de réflexion.

Il état lui-même, Heath. Fuyant les problèmes et les prises de tête. Fuyant les conflits, les sentiments. Il se contentait d’être lui-même, l’esprit clair, force tranquille. Un jeune homme qui se contente d’avancer sereinement sur le chemin de la vie, enjambant les obstacles avec sang-froid et lucidité.
... Si il savait à quel point Prismver était rempli d’obstacles plus grands les uns que les autres.

Il soupira soudainement, secouant la tête, affichant une mine plus légère. Un bâillement le prit et il s’étira.

- Bon. J’vais m’doucher. Tu m’fais un topo de la vie ici après ? Genre, qui fait les courses quand, les trucs à savoir, tout ça.

« Ces choses dont je me branle éperdument et que j’écouterai même pas mais qui seront un bon prétexte pour repartir de zéro. », pensa t-il.

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