Sujet: Entre olives et champignons | PV Lun 15 Sep 2014 - 20:27
- Pizzaaaaaaaaaaaaaaa !
Se dandinant en allant de la porte d’entrée à la cuisine, Etienne posa deux grands cartons de pizza sur le comptoir de cette dernière. Il avait des écouteurs dans les oreilles et l’iPod de Dixie dans la poche de son pantalon d’uniforme. Mains libres, il ressortit du bungalow pour aller chercher son BMX - volé - qu’il rentra jusqu’à l’intérieur de sa chambre. ... Faudrait pas qu’on lui vole quand même. Y’avait des gens malhonnêtes dehors. Il déposa également l’iPod sur le lit, prenant soin de l’éteindre pour économiser la batterie.
- Y’a quelqu’un ?
Haussant un sourcil et fronçant le second, il tendit l’oreille, désormais planté au milieu du salon. Y’avait personne, ou alors ils restaient muets. Etienne haussa les épaules et sortit de sa poche la monnaie restante de ce qu’il avait emprunté au pot commun du bungalow, remettant cette dernière à sa place. Il prit alors les deux cartons de pizza qu’il déposa sur la table basse du salon, et ce n’est qu’à ce moment là qu’il vit le petit post-it qui y était posé: un mot des deux autres mecs du bungalow, indiquant qu’ils ne mangeaient pas là ce soir. ... Si il avait su. Bah, il en resterait pour le lendemain. Dixie n’était pas là non plus ce soir, il le savait, ils passaient leur temps ensemble. Mais ce soir, elle était avec une copine, et Etienne n’avait pas vraiment eu la motivation d’aller apporter le chromosome Y à la soirée fille qui s’annonçait.
Ne restait alors que (potentiellement) Charlie. Histoire de ne pas manger sa pizza en juif alors qu’elle était peut-être dans sa chambre, Etienne s’y rendit, toquant par deux fois à sa porte.
- Charlie ? Y’a d’la pizza s’tu veux.
Et sans insister pour ne pas déranger - ni rester comme un con alors qu’elle n’était peut-être pas là - il se rendit de nouveau dans le salon où il se laissa tomber dans le canapé. Il alluma la télévision, pris une part de pizza « forestière » et s’enfonça au fond du canapé. Il fit presque aussitôt tomber une olive qui embarqua un max de sauce avec elle, tâchant sa chemise d’uniforme qu’il n’avait pas quitté depuis la fin des cours. Etienne était toujours en grand manque de vêtements à lui, aussi le stock d’uniformes fournis par l’école était une bénédiction pour lui. La chemise avait un bouton ouvert, la cravate avait été jetée sur le lit: il était tout de même plus décontracté que ce que la classe imposait. Il récupéra l’olive fuyarde qu’il glissa sur sa langue, ramassa la sauce du bout du doigt qui suivit rapidement le même chemin. Et c’est à cet instant que Charlie apparue. Levant ses yeux bleus (ou verts) (ou gris) sur elle, il lui leva sa part de pizza en guise de salut, le doigt dans la bouche au moment T, ce qui ne l’empêcha pas de marmonner un:
Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 16 Sep 2014 - 12:08
Ça fait quelques jours maintenant que j’ai percuté. Que mes petites raleries quotidiennes à cause de ce ressenti de froid ambiant ne sont en fait que la température réelle de l’île que je découvre. Mon radiateur magique interne ne s’adapte plus du tout. Et ce n’est même plus une question d’émotions en vrac, mais il s’agit donc d’un changement de don.
Bon ok. C’est Monsieur Nygârd qui a vraiment décelé le truc. Puis Miss Peters qui en a rajouté une couche avec sa proposition complétement loufoque de venir dans ce « Fight Club » dont je n’avais jamais entendu parler d’ailleurs. Qu’est-ce que c’est que ce truc encore ? Ça m’intrigue autant que je m’en méfie. Mais j’irais jeter un œil quand même… Sait-on jamais.
Donc depuis quelques jours, je m’enferme dans ma chambre, alors que d’ordinaire, ma porte est plus souvent ouverte que fermée. Mais là… Tests in progress. Je fais quelques essais pour voir comment fonctionne la guérison. Posée sur le ventre en travers de mon lit, casque vissé sur la tête, je m’isole, concentrée. J’ai encore rien dit à personne, même si le pansement sur ma cuisse a soulevé quelques questions des deux délégués des poussins ce matin. Oui bah, j’y suis pas allée de mains mortes, du coup, ça a mis plus de temps que prévu à guérir. Mais à 10h : plus une trace. C’que c’est pratique quand même. Plus d’hématomes, plus de cicatrices, plus de rhumes. Mais il va falloir que je trouve un autre cobaye que moi pour utiliser la guérison sur autrui. Ça sera vraiment, vraiment utile.
Allez, dernier test avant d’aller manger… Parce que ça creuse un peu tout ça j’ai l’impression. Mon regard passe en revue les différents objets potentiellement dangereux que j’ai éparpillés sur la couette autour de moi. Mmh… Non, c’est bon côté entailles, je gère. Faut autre chose. Je lève les yeux vers mon coin de bureau, puis abandonne mon fournisseur de musique pour m’y diriger.
__ Briquet, briquet, briquet… J’en ai un quelque part normalement… Sursaut lorsqu’on toque à la porte. __ Charlie ? Y’a d’la pizza s’tu veux.
Je reste comme une conne silencieuse. Comme si j’avais failli être prise en flag’ en faisant une bêtise. Mais ce n’est que Étienne qui a rapporté le dîner. Un gargouillis de ventre me tanne pour céder à la tentation. J’enfourne le fameux briquet dans la poche de mon short en jean et je sors pour le rejoindre. Et oui. Même maintenant, alors que je me les pèle, je ne me défais pas de ma tenue décontract’ habituelle. J’suis juste obligée d’ajouter un gilet à ma tenue. Et puis c’est pas comme si c’était encore l’hiver.
__ Yoooo
Je lui souris pour toute réponse en m’affalant à côté de lui. Mes jambes s’étirent sur le bord de la table basse où mes pieds se font une petite place tandis que je me lance dans la difficile tâche qu’est d’attacher mes cheveux.
__ Fanks mour les bizzas. L’élastique dégage d’entre mes lèvres. On est tous seuls ?
Un mouvement de tête de sa part confirme l’affaire et je me sers d’une part de pizza... que je repose illico pour aller chercher des assiettes et des serviettes. Les objets de céramique et de papier sont posés dans la foulée sur les cuisses du C, puis je reprends ma place.
__ J’croyais que tu devais économiser tes fringues ?
Doux chahutage d’épaule. Parce que c’est cool avec Étienne. C’est décontracté. Pas de pression, pas de tension, pas de non-dits –surtout pas avec lui. Et ça fait du bien. Le p’tit nouveau du bungalow est le bienvenue. Son regard impartial mais acéré aussi. J’pourrais peut-être lui parler de mon nouveau pouvoir… Personne n'est encore au courant, vu que j’attends de maitriser un peu mieux l’truc. J’ajoute un peu de sauce piquante sur le bout de pizza que je vais dévorer tout en y pensant.
__ On pourrait peut-être aller faire quelques magasins avec Dixie pour que tu te trouves d’autres fringues. Je viens poker la superbe tâche huileuse qu’il arbore fièrement. J’t’avance de l’argent sans problème.
#ff6633 passé mi-septembre // ça m'a donné faim de parler de pizza
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 16 Sep 2014 - 13:35
▬ J’croyais que tu devais économiser tes fringues ? ▬ Ah, ouais, mais j’avais vraiment SUPER ENVIE d’me tâcher, pas pû résister., lâcha t-il avec un sarcasme qui aurait pu rappeler quelqu’un à Charlie. ▬ On pourrait peut-être aller faire quelques magasins avec Dixie pour que tu te trouves d’autres fringues. ▬ Si seulement j’pou... ▬ J’t’avance de l’argent sans problème. ▬ ...
Etienne marmonna quelque chose comme quoi ça le gênait, qu’il avait pas l’habitude de déprendre de qui que ce soit.
▬ Boah de toute façon ça va s’arranger. J’ai décroché un entretien dans un fast-food en ville., dit-il en se levant après avoir posé sa pizza dans son assiette, puis sur la table. Dommage que celui où j’ai bossé jusqu’ici n’existe pas, c’était une super référence sur mon CV. C’est pas n’importe qui qui bossait là-bas, le manager était vraiment séléctif, c’était pas la même qualité qu’ailleurs.
Il se dirigeait vers la cuisine, puis ouvrait le frigo.
▬ Du coup j’ai mis différents fast-food de New-York sur mon CV... Toute façon je l’aurai ce taff, quitte à harceler le mec et à lui déposer des burgers devant sa porte tous les jours; j’ferais n’importe quoi pour l’avoir ce job j’en ai beaucoup trop besoin.
Etienne travaillait avec acharnement depuis qu’il avait 16 ans, pour aider son paternel avec qui il vivait en duo. Il avait toujours eu son salaire, s’était toujours démérdé seul pour vivre, plus encore depuis qu’il était en études supérieures. Et à peine 15 jours après être arrivé sur l’île, il décrochait déja un entretien d’embauche. Ce n’était certes qu’un fast-food, mais c’était son domaine, tant qu’il ne vivait pas de l’art, écrit ou dessiné.
▬ J’vais m’inscrire au club de cuisine j’pense, et peut-être chercher du taff dans un restau... on a plus de coca ?
Il baissait la tête, se penchait, poussait les aliments du frigo pour finalement trouver la bouteille qui avait roulé au fond de ce dernier. Il la ramena au salon avec deux verres.
▬ L’avantage de mon don c’est qu’il est pas visible par les gens lambdas... ‘fin sauf si j’me blesse en cuisine, mais bon faut qu’on me voit, et qu’on me voit guérir instantanément... C’est pas l’truc le plus flagrant. Puis j’ai appris à être discret, j’peux me régénérer quand je veux alors suffit d’attendre le bon moment.
Il se laissa tomber dans le canapé, ouvrit la bouteille et les servit tout les deux.
▬ Et toi tu bosse quelque part ? Ah oui dans un café non ? Café-lecture c’est ça ? J’crois que c’est ce qu’Heath m’a dit. M’a dit qu’il avait fait de la maintenance là-bas. Et les photos ? T’a pas moyen d’trouver un job la-dedans ? T’a un sacré talent. ‘Fin j’trouve, et je m’y connais un peu.
Rose était passionnée de photos. Et lui était passionné d’elle.
Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 16 Sep 2014 - 18:08
__ Boah de toute façon ça va s’arranger. J’ai décroché un entretien dans un fast-food en ville __ Ouais mais tu peux pas aller à ton entretien avec des fringues tâchés… Tu m'rembourseras dès que t'peux...
Je dodeline de la tête en mâchouillant lorsqu’il parle de son fast-food de référence. C’est vrai que c’est con. Mais c’est surtout dément cette histoire. Incroyable. Étienne est incroyable. Il n’a pas seulement un pouvoir magique, il est simplement magique. Lui tout entier. Un pur produit de la sorcellerie qui a pris vie. Quand on y pense, c’est fou.
Mon talon vient légèrement battre l’air dans le vide -une des chansons qu’Étienne avait lancée ce matin et qui m’ait restée dans la tête depuis- lorsqu’il embraye sur sa technique d’attaque de l’employeur. Ça me fait doucement sourire. Parce que c’est pas du tout mon style. Il est plutôt agressif, mais au moins il sait ce qu’il veut et il s’en donne les moyens.
__ [...] j’ferais n’importe quoi pour l’avoir ce job j’en ai beaucoup trop besoin. __ T’inquiètes, avec une motivation pareille, tu vas l’avoir ce job. __ J’vais m’inscrire au club de cuisine j’pense… __ Oh cool… __ et peut-être chercher du taff dans un restau... C’est un bosseur acharné, peut-être que c’est pour ça qu’on s’entend bien. Mes lèvres s’entrouvrent pour demander quel type de restau il vise, mais il enchaîne direct. Une vraie pipelette, j’peux pas en placer une, didon. __ on a plus de coca ? __ J’sais pas… j’ai p’t-être rendue la bouteille invisible rien que pour te faire parler…
Boisson trouvée, je replie mes jambes contre ma poitrine pour le laisser passer. Je l’ai suivi du regard avec attention dès l’instant où il a parlé de son don. Ma curiosité piquée, je n’avais pas encore eu le temps de le questionner là-dessus. Mais maintenant, mon intérêt pour la chose avait doublement accru et s’avérerait certainement indispensable pour moi.
__ [...] Puis j’ai appris à être discret, j’peux me régénérer quand je veux alors suffit d’attendre le bon moment. __ Et euh com… __ Et toi tu bosses quelque part ? Ah oui dans un café non ? Café-lecture c’est ça ? J’crois que c’est ce qu’Heath m’a dit. M’a dit qu’il avait fait de la maintenance là-bas. Et les photos ? T’a pas moyen d’trouver un job là-dedans ? T’as un sacré talent. ‘Fin j’trouve, et je m’y connais un peu.
Rrroh, mais il va me laisser parler oui ? ‘tain, il a un de ces débits quand il s’y met. Pire que moi, c’est certain. Du coup, j’ai perdu le fil. Bon, j’vais lui répondre. Je finis ma bouchée. Ma langue passe rapidement sur mes lèvres pour grappiller un peu de piquant puis je m’essuie la bouche avec la serviette. Une gorgée de coca et une mèche de cheveux replacer rapidement derrière l’oreille plus tard…
__ Oui, c’est un « café-culturel ». Pas que lecture. Il y a une petite scène pour quelques concerts une fois par mois. La prof, Emma Lind y est une habituée. J’crois qu’elle sait même pas cuisiner un p’tit-déj, je la vois souvent à ce moment-là avant les cours quand j’fais les ouvertures. ... Oh mais sinon ! Si tu veux, j’peux voir pour qu’ils exposent tes dessins. Ils font ça pour les artistes locaux. Et ça tourne aussi tous les mois. Tu m’diras. J’suis sûre que ton style plairait au patron. Et même si c'est pas le cas, j'lui vendrais ton art comme une lettre à la poste.
Sourire en coin confiant, j'incline la tête comme pour appuyer mes dires qu'il peut me filer quelques dessins quand il veut. Puis je déglutis pour reboire une gorgée tout en me redressant dans le canapé et croise mes jambes en tailleur. Nouvelle fournée de pizza en main, à mon tour de monologuer.
__ ‘fin bref, j’suis serveuse. J’ai l’habitude. Ma mère et deux de ses… Léger blocage, mes épaules s’abaissent légèrement, mes muscles se crispent tristement. Ma tête aussi. Ma mère et une de ses meilleures amies tiennent un restaurant à la Nouvelle-Orléans. Elle fait ça en plus de son job d’infirmière, donc depuis aussi longtemps que j’m’en souvienne, je bats le pavé avec un plateau à la main pour aider. Et là… On a… besoin d’argent. J’essaye d’en envoyer tous les mois même si ça lui plaît pas.
Mon regard se pose dans la direction d’Étienne en même temps que mon sourire, mais j’évite royalement de croiser ses yeux clairs si directs. Léger soupire de contentement. Je replonge le nez dans ma pizza dans la foulée, puis me coupe la bouche à moitié pleine.
__ Mh ! Mais pour la photo… J’avale rapidement. J’sais pas. J’y crois pas trop pour l’instant. Un revers de main soulève les cheveux qui tombent devant mes yeux. J’ai rencontré des photographes professionnels fin août lors d’une escapade new-yorkaise avec Victoria. C’était intéressant. On a bien accroché et j’ai appris plein de choses que je veux mettre en pratique de mon côté d’abord. Je devrais peut-être faire un blog pour commencer. Mais vu qu’on n’est pas connectés au monde extérieur ici, ça n’a peut-être pas beaucoup d’intérêt en fait. J’verrais bien.
J’hausse les épaules. Advienne que pourra. Surtout qu’avec mon changement de don, peut-être que je devrais m’orienter vers autre chose de plus utile, de nécessaire. De mieux ? Le flot de paroles s’éteint là-dessus un instant, je me perds dans mes réflexions, les yeux dans le vague posés au-dessus de la télé. À des kilomètres de l’île.
__ Je… Je termine mollement ma deuxième part de pizza. Puis je me tourne soudainement vers Étienne. Mon corps entier à vriller sur le côté. L’assiette vide dans une main, ma cheville droite dans l’autre, je plonge mon regard caramel dans le sien. Sérieuse. __ J’ai changé de don. C’est arrivé ‘y a quelques jours. À cause de l’élève-mystère. Et euh… Je baisse le menton en soufflant un quart de seconde avant de relever mon visage et reprendre doucement. C’est guérison. J’peux peut-être devenir plus utile. Comment ça fonctionne toi ?
Un battement de cils. Un sourire. Un relâchement. Petit-à-petit, depuis mon retour de la Nouvelle-Orléans, je m’essaye à autre chose. Je tente de pousser mes propres barrières. Je m’ouvre un peu. Du moins, j’essaye. Et avec Étienne, ça vient un peu tout seul. Parce qu'il ne me connaît pas et il ne semble pas prêter attention aux rumeurs. Lui ne se sent certainement pas comme ça, ni aussi à l'aise, mais j'ai un peu le sentiment d'être à égalité. On pourrait danser sur les mêmes pieds. Et peut-être qu'il y aura un effet boule-de neige. Que sa confiance me contaminera un chouïa et me poussera vers ce que je veux vraiment.
#ff6633 passé mi-septembre
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 16 Sep 2014 - 23:07
▬ Oui, c’est un « café-culturel ». Pas que lecture. Il y a une petite scène pour quelques concerts une fois par mois. ▬ Nice ▬ La prof, Emma Lind y est une habituée. J’crois qu’elle sait même pas cuisiner un p’tit-déj, je la vois souvent à ce moment-là avant les cours quand j’fais les ouvertures.
Etienne acquiesca de la tête en mâchant, posant sa pizza pour essuyer la sauce autour de ses lèvres ainsi que sur sa main; elle commençait à lui couler jusqu’au poignet. Il notait l’infomation dans un coin de sa tête, bien qu’il ne pensait pas vraiment à l’exploiter. Etienne n’était pas un séducteur, en général c’est les filles qui venaient à lui et non l’inverse. Alors, il avait beau avoir le béguin pour cette prof, il ne ferait certainement pas une réelle approche (autre que ce dessin envoyé). D’une parce-qu’il ne faisait pas le premier pas (sauf avec Rose), de deux parce-qu’en plus, elle était plus âgée, et puis son professeur. Etienne n’imaginait pas quoi que ce soit entre eux, mais il était vrai que sa ressemblance avec Rose était troublante.
▬ ... Oh mais sinon ! Si tu veux, j’peux voir pour qu’ils exposent tes dessins. Ils font ça pour les artistes locaux. Et ça tourne aussi tous les mois. Tu m’diras. ▬ Ouep pourquoi pas. ▬ J’suis sûre que ton style plairait au patron. Et même si c'est pas le cas, j'lui vendrais ton art comme une lettre à la poste. ▬ C’est gentil., lui sourit-il avant de finir son verre de coca.
Elle lui parla par la suite de la Nouvelle-Orléans, et Etienne sourit à l’idée qu’elle soit - en principe comme lui - américaine. Il le savait déja, le point commun avait déja été établi, mais cela lui faisait toujours plaisir. Un mélange de plaisir, de nostalgie et de tristesse, comme tout ce qui se rapportait au Livre.
▬ On a… besoin d’argent. J’essaye d’en envoyer tous les mois même si ça lui plaît pas.
Ne lui avait-elle pas dit quelques minutes plus tôt qu’elle avait largement de quoi lui prêter ? Etienne se fit la promesse de ne rien lui emprunter, ou tout du moins de lui rendre avec intérêts, si elle venait à lui prêter de l’argent. Le sujet dériva sur la photo. Elle ne se sentait pas prête, commencerait timidement avec un blog. Elle était jeune, c’était normal. Il l’était aussi; ils avaient le temps de progresser et de se faire connaître. Etienne était un garçon qui allait de l’avant, à la fois optimiste mais réaliste. Il aurait pû tomber en dépression, continuer d’errer dans les rues, ne jamais se remettre du véritable drame qui éait arrivé dans sa vie. il avait tout de même perdu tout ce qu’il avait, que l’on parle de biens matériels ou de relations affectives. Etienne n’avait plus rien. Mais il allait de l’avant, et reconstruisait.
Alors, oui, il était bavard. Mais c’était plus que probablement pour ne pas sombrer.
▬ Oh toi aussi ?
L’élève mystère. On lui en avait parlé, ou il avait entendu par-ci par-là. Apparemment, beaucoup de monde était touché. Il se demandait comment l’élève choisissait victimes et changements. Si il avait des motivations, des plans, ou est-ce qu’il ne le contrôlait pas assez bien et laissait place au hasard. Charlie avait donc le don de guérison, et Etienne n’avait pas besoin d’être un génie pour imaginer qu’il était sensiblement proche du sien, à la différence qu’elle pouvait soigner les autres. ... peut-être que lui aussi, d’ailleurs. On parlait de régénération, et peut-être qu’au niveau le plus poussé, il pouvait ne pas se limiter qu’à soi-même.
A la question de la jeune fille, le garçon haussa les épaules doucement, levant à peine les mains dans un signe d’ignorance, tombé au fond du canapé. Il était calé.
▬ Ca marche tout seul... Mais avec de la concentration je peux ralentir, stopper ou accélérer le processus. Mmmh je suppose que la différence entre toi et moi, c’est que moi, les éléments se recréent, alors que toi ils se « réparent ». Si on nous coupe un bras, le mien repoussera, alors que toi, tu auras un beau moignon. J’imagine. Sur des blessures mineures, je pense que notre don est le même. Moi ça se recrée, et toi ça cicatrise, et ton corps - comme celui de n’importe qui - recrée les minuscules éléments manquant. C’est pour les blessures plus importantes qu’on est différents. Ah, et je peux reconstruire mes os, toi non. Et, je m’y connais pas en médecine, mais il doit y avoir des maladies pour lesquelles je ne ferais que régénérer des cellules malades alors que toi, tu pourrais les guérir.
Il haussa de nouveau les épaules.
▬ Tout ce que je peux te dire, c’est qu’il faut pas être trop dans l’émotionnel, ou trop fatigué. La fatigue joue encore plus sur notre type de dons parce-que ça touche le corps. Il faut pas que tu sois tendue. Il faut pas que t’ai faim, ou soif. Ou chaud. On a des magies corporelles, alors il faut que ton corps soit au mieux de sa forme. J’me suis cassé la cheville y’a quelques années, j’avais trop mal, impossible de me réparer tout seul. Mais depuis j’ai progressé, peut-être que j’y arriverai. Mais notre corps est compliqué, à ta place, je commencerai par m’entraîner sur des petits animaux. Tu devrais chercher un taff chez un vétérinaire, et discrètement t’entraîner sur les petits gabarits, comme ça t’a même pas à blesser toi-même des animaux pour t’entraîner. J’suppose.
Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mer 17 Sep 2014 - 20:30
__ Ça marche tout seul... Mais avec de la concentration je peux ralentir, stopper ou accélérer le processus. Mmmh je suppose que la différence entre toi et moi, c’est que moi, les éléments se recréent, alors que toi ils se « réparent ». J’acquiesce de la tête en déposant mon assiette vidée loin sur la table basse. [...] Et, je m’y connais pas en médecine, mais il doit y avoir des maladies pour lesquelles je ne ferais que régénérer des cellules malades alors que toi, tu pourrais les guérir.
Je me fige à cet instant en réalisant enfin ce que ce don pouvait impliquer. Je n’écoute la suite que d’une oreille distraite, le regard fixé sur le bois de la table, le carton de la pizza.
… Donc si ce changement de don avait eu lieu deux mois plus tôt, j’aurais pu soigner Abby. …
Mes poumons se sont stoppés dans leur fonction sous la crispation. Une boule se forme au fond de ma gorge. Je peine à déglutir normalement. Mais la voix grave d’Étienne à mes oreilles et ses mouvements que je capte du coin de l’œil remettent lentement en marche la mécanique classique. J’inspire. Je souffle. Et je récupère le fil en mettant de côté tout cela. De toute façon, c’est trop tard. Encore une fois. Et qui dit que j’aurais pas fait empirer les choses ? Ou que la bousculade avec cet élève-mystère à ce moment-là ne m’aurait pas donné un autre don ? Un truc totalement différent, encore plus inutile que celui d’avant. Non, je dois m’estimer heureuse de cette évolution et de ce que ça augure. Pas… Pas de regrets.
Pas trop.
__ [...] Mais notre corps est compliqué, à ta place, je commencerai par m’entraîner sur des petits animaux. Tu devrais chercher un taff chez un vétérinaire, et discrètement t’entraîner sur les petits gabarits, comme ça t’a même pas à blesser toi-même des animaux pour t’entraîner. J’suppose.
Je relève le nez vers mon colocataire pour le suivre des yeux.
__ J’ai lu que la régénération était l’une des formes de guérison possibles ou plutôt de… Ma tête vrille sur le sol, mon regard navigue dans le vide pendant que ma mémoire cherche. C’était quoi le mot qu’ils utilisaient… De remplacement. Une main se lève un peu pour appuyer le mot retrouvé. Ça serait le même « tissu » qu’avant qui revient. Sauf que de l’autre côté, il y a aussi la « réparation » comme tu dis. Et là, c’est un nouveau « tissu » qui remplace celui endommagé. Par un plus sain. Donc j’devrais pouvoir faire les deux à termes. J’hausse les épaules, sceptique. Je m’imagine pas trop réparer un os. Ça me paraît tellement hallucinant pour l’instant. … C’est pas très ragoutant tout ça. Nouveau soubresaut musculaire. Mais j’m’y ferais je pense. C’pas comme si j’avais pas un peu fréquenté les hôpitaux à cause du travail de ma mère pendant mon enfance. Faut juste se remettre dedans je suppose. C’est naturel après tout. La magie accroît juste la vitesse d’exécution du phénomène.
« Oui » de la tête comme pour m’auto-persuader. Oh god. C’que ça fait du bien d’avoir un peu de rationnel, quelque chose de logique auquel s’attacher. Enfin. Avec mon ancien don, c’était tout aussi naturel, mais tellement aléatoire que je contrôlais de moins en moins bien. J’aurais certainement fini en E à ce rythme-là. Tandis que maintenant, j’ai véritablement envie de m’appliquer et de progresser. J’pourrais faire tellement de choses…
Réalisation.
__ Hé mais… Et si j’me foire ? Tu crois qu’à l’inverse j’peux aggraver la situation ? Imagine le p’tit chien blessé si j’empire le truc au lieu de le soigner et qu’il en souffre ?? Ah non-non-non ! J’peux pas prendre ce risque. Faut que je trouve autre chose pour m’exercer.
Avancer de deux pas, reculer de deux pas. As usual. Mais c’est d’un chiant. C’est fatiguant. Heureusement pour Étienne, il ne m’a pas encore trop pratiqué. Bref. La lueur de panique dans mes yeux et dans mes gestes a très certainement trahi l’exigence, la pression que je me mets. À cela s’ajoute un marmonnage intempestif sur le fait que je ne dois pas me louper. Pas sur ça. C’est trop important. Je dois faire les choses bien ET du premier coup.
Dans mon élan d’inquiétude, mon dos s’est un peu plus enfoncé dans le canapé. Mes jambes se sont redressées, genoux contre la poitrine, talons contre fesses. Mon regard se pose à nouveau calmement droit devant moi, alors que je me perds dans mes réflexions en silence. De nouveaux gestes machinaux et inconscients se mettent en branle : une main qui tapote sur ma cheville, l’autre qui frôle le bout du nez avant de plonger dans la poche de mon jean pour retirer le petit objet de feu qui dérange.
__ P’t-être que M’sieur Clayton pourrait penser à quelque chose. La biologie c’est son truc après tout…
Le briquet tournoie sur ma cuisse entre mes doigts. Ma tête s’échoue contre le haut du dossier, mon regard reste baissé sur rien. J’ai balancé ça comme ça, tout bas, sans savoir si j’allais vraiment donner suite. Sans grande conviction non plus. Mais le sérieux de la question qui me turlupine est bien là, plaqué sur mon visage.
#ff6633 passé mi-septembre
InvitéInvité
Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Lun 22 Sep 2014 - 23:23
Etienne, Charlie & Heath • Mi-sept • #99b277#067790
▬ P’t-être que M’sieur Clayton pourrait penser à quelque chose. La biologie c’est son truc après tout…
Toc toc toc.
▬ Aaaaah !
Sourire éclatant, Etienne se lèva brusquement. Un petit saut de biche (ou plutôt de faon) pour passer par dessus la petite table avec ses grandes jambes, et il déboula sur la porte d’entrée qu’il ouvrit presque à la volée.
▬ Heeeey Heath, comment tu vas ? ▬ Salut mec. Bien bien.
Un check fut échangé.
▬ Bon, tiens, mon ancien téléphone. J’peux pas t’laisser avec la vieille merde de Dixie. ▬ Merci mec... Vraiment, t’es super. ▬ Ouais j’trouve aussi. Mais tiens, c’pas fini.
Heath ôta la bandoulière du sac en tissu qu’il avait sur l’épaule, le tendant à Etienne.
▬ C’est un peu lourd. ▬ ... C’est quoi ?, dit Etienne en saisissant le sac, sourcils froncés, sans comprendre. ▬ Mon ancien pc portable. ▬ Nan ! Nan Heath j’peux pas là, vraiment j’te jure c’est trop, ça m’... ▬ Tais-toi, t’a pas l’choix en fait. ▬ ... Mec... C’est bon Dix’ me prête le sien quand j’ai besoin... ▬ Elle a un Mac. Tais-toi et prends, j’m’en sers pas. Il m’sert que de disque dur externe, et des disques j’en ai déja quatre autres et j’ai rien à mettre dedans. Prends.
Heath lui tapota l’épaule, souriant, prêt à repartir.
▬ Nan mais viens, viens au moins prendre de la pizza !
Le B s’arrêta pour marmonner, disant à voix basse qu’il avait pas envie d’rencontrer du monde, qu’il avait la flemme, et qu’en plus si il y avait Dixie...
▬ Y’a pas Dixie. Y’a pas les gars, viens. T’a pas l’choix “en fait”. J’insiste.
Heath soupira et fit demi tour, entrant dans le bungalow. Il se stoppa alors net lorsque son regard tomba sur Charlie.
▬ Oh.
Un instant. Et puis un large sourire. Heath s’approcha et se pencha au dessus d’elle, déposant sa main sur son épaule pour lui faire la bise.
▬ Ca va 'Lie ? Qu’est-ce tu fais là ? ▬ Bah elle habite là ? ▬ Ah. Bah j’suis pas censé savoir., dit Heath en jetant un oeil à Etienne qui ramenait son nouveau pc et son téléphone sur le canapé, à côté de Charlie. ▬ Bah vous vous connaissez bien pourtant... ? ▬ Ouais ‘fin j’te rappelle que j’ai des petites pertes de mémoire..., lâcha Heath d’un rire franc, se laissant tomber à côté de Charlie. Bon j’reste pas longtemps, on part ce soir avec Joach (il se tourna vers Charlie) on va au Mexique, rencontrer son père. ▬ Rencontrer ? ▬ Ouais, Jo a deux mères, elles ont fait une fécondation in-vitro et là on va rencontrer l’père., dit Heath en mâchant sa pizza.
Etienne acquiesça, commissures de ses lèvres baissées, pour signifier qu’il avait bien compris. Il prit place de l’autre côté de Charlie et, à la demande d’Heath, ouvrit et alluma le pc portable.
▬ Je l’ai formaté, je t’ai réinstallé l’nécessaire. J’ai mis un raccourci vers l’intranet sur le bureau. Y’a juste un truc pendant l’allumage... , il posa une main sur le canapé, se penchant au dessus de Charlie pour montrer l’écran à Etienne. Là, à ce moment là, t’appuie sur une touche. T’a dix secondes. Si t’appuie pas il te lance une mise à jour d’un bordel, c’est chiant, bref.
Heath reprit sa place initiale, s’essuyant les mains dans la serviette devant lui. Il demanda (avec grand espoir) une bière, mais Etienne lui répondit qu’ils n’en avaient pas. Heath hocha la tête, semblant exaspéré - il chercha un soutien du regard auprès de Charlie dans la grande détresse que devenait sa vie devant ce manque de boisson vitale.
De son côté, Etienne observait l’écran, les raccourcis du bureau. Et parce-qu’un silence venait de’ s’installer et qu’il était d’un tact incroyable, il lança d”un ton léger, sans quitter l’écran des yeux, les deux pieds dans le plat:
▬ Vous êtes sortis ensemble vous deux nan ?
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 11:22
Perdue dans mes réflexions, mes doigts s’agitaient tout seul autour du briquet, faisant craquer la petite roulette de temps à autre. Geste frénétique. J’aime bien ce bruit. C’est Sarah, Jim et Morgan qui me viennent instantanément en tête. Je n’entends donc que d’une oreille distraite qu’on toque à la porte. Et de toute façon, l’enthousiasme d’Étienne nous coupe toujours l’herbe sous le pied. Il semble adorer accueillir les gens. Il pourrait être dans le commercial ou effectivement, la restauration lui colle plutôt bien. Vivant auprès de lui depuis peu, je le vois comme quelqu’un de plutôt chaleureux et d’ouvert. Une opinion peut-être faussée, j’en sais rien. En tout cas, il a très vite été à l’aise. C’est sûr qu’il n’a pas connu le fait d’avoir un S parmi nous, mais ça m’étonnerait que ça l’ait dérangé plus que ça finalement.
Dérivations, dérivations. Je ne fais pas attention à ce qui se joue et se dit sur le pas de la porte. Ne reconnaissant pas la voix de Heath qui filtre pourtant de temps à autre. Mon esprit se vide petit à petit, décompresse tandis que je fais naviguer –sans y prêter vraiment attention- la paume de ma main sur la source de chaleur. Sur cette petite flamme. Mes pieds gigotent, ça fourmille dans mes veines. J’étire une jambe sur la table basse, puis vient dissimuler rapidement un bâillement. Et c’est quand je finis par me demander ce que fabrique Étienne et qui est à la porte, que l’invité surprise débarque.
__ Oh.
Sourcils haussés, lèvres entrouvertes, nos regards se croisent pendant un instant, jusqu’à ce qu’il vienne naturellement taper la bise. À peine le temps de lâcher un « Salut. Ouais ça va. Et toi ? Et ouais, je vis ici avec ta chère et tendre petite sœur. ». Une réaction tout ce qu’il y a de plus normale en somme. Mais c’était sans compter la pipelette d’à côté. Ça doit être la pleine lune, parce qu’ils sont incroyablement bavards ce soir. Je ne peux pas en placer une. Ok. Ça m’arrange bien de me terrer dans le silence alors qu’ils s’installent -à l’aise- chacun à côté de moi. Mais quand même.
Et puis, mon regard et mon visage vrille légèrement sur Heath à l’évocation de Joach. Battements de cils pour digérer la petite info, alors qu’en fond, mon ancien colocataire explique à mon nouveau colocataire les tenants et les aboutissants familiaux du Jojo.
__ C’est bien pour Joach. Et c’est cool que tu l’accompagnes. Il a besoin de toi. Il va stresser. J’espère que ça va bien se passer. Sourire narquois, alors que je penche en avant en dépliant mon autre jambe pour récupérer mon verre. Puis je me renfonce dans le canapé, chevilles croisées sur le rebord de la table. En même temps, vu la personnalité, ça peut pas être un connard…
Enfin j’espère. Et je finis le nez dans mon coca.
Puis Heath s’étale un peu en travers de moi. Mouvements réflexe, j’ôte rapidement le verre à mes lèvres qui se pincent et mes jambes se soulèvent. Crispation générale. Respiration bloquée. Puis il reprend sa place après avoir montrer une manip’ à Étienne. Si je suis de trop, pas de problème je me casse. Parce que à ce rythme-là, je peux dire adieu à la soirée tranquille, posée. Qui rêverait d’être pris en sandwich entre un type qui sort tout droit d’un roman et un mec amnésique ? Allez, on lève la main. Abstention générale dans l’assemblée. Je souffle. Dans tous les cas, c’est certainement le revers de médaille d’avoir un coloc’ trop sympa et trop sociable qui comprend pas les sous-entendus… Il a pas pigé que je voulais qu’il joue les cobayes pour mon nouveau don. Il risque rien lui. Si je foire, il se régénère tout seul. Mais non. Trop heureux avec son nouveau joujou. C’est bien un mec.
Je roule des yeux pile au moment où ça parle de bière. À gauche, on est déjà passé à autre chose. À droite, l’absence de ce breuvage est synonyme de supplice. Je dodeline alors doucement de la tête, parce que c’est tellement prévisible. À gauche, il a parlé trop vite. À droite, il a encore un maigre espoir.
__ Mais si y en a. T’as pas regardé. ‘fin il en reste au moins une à Mal’. __ Vous êtes sortis ensemble vous deux nan ?
Et je manque de trébucher en m’emmêlant les jambes dans celles de Heath, parce que comme une bonne poire, j’allais la lui chercher cette bière. L’anglais a ce geste réflexe de vouloir me rattraper mais je reviens sur mes deux pieds toute seule.
__ Sortir ensemble aurait été un trop grand concept à assumer. Donc la réponse est non., lâchais-je sèchement en m’éclipsant dans la cuisine pour revenir presque aussi vite.
Main tendue avec la bière désirée et le décapsuleur vers Heath. Mon regard tombe sur lui.
__ Désolée, c’est ça ou rien.
Sous-entendu : c’est pas la même marque que ce que tu bois d’habitude, faut faire avec. Main libérée, elle s’abaisse sur ma cuisse tandis que l’autre main s’élève pour pointer du pouce ce qu’il y a derrière moi.
__ Bon, j’vous laisse parler ordinateur et nouvelles technologies. J’vais prendre ma douche.
Je m’étais plus adressée à Étienne qu’autre chose, mais mon regard s’était ensuite planté dans celui de Heath, moins froid.
__ Bon voyage à Joach et toi. Faites gaffe à vous. Vous savez c’qu’on dit sur le Mexique…
« Ce qui se passe au Mexique, reste au Mexique ». Enfin un sourire, puis la retraite dans ma chambre pour délaisser mon gilet et choper mes vêtements de nuit. Je pénètre la petite salle de bain dans laquelle je jette un peu vivement le condensé de tissus sur l’évier. Mais évidemment, il y a un bug dans l’équation. Je ressors et me cale dans l’encadrement, tout en essayant de réparer le problème en perdant patience dessus.
__ Étienne ! Les mecs ont encore coincés le verrou ET la poignet cette fois. Tu peux venir ?
#ff6633 passé mi-septembre // Renard de merde va !
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 12:47
Etienne, Charlie & Heath • Mi-sept • #5F7744
▬ ... ok. ▬ Ca, c’est fait., lâcha Heath avec amertume en portant le goulot à ses lèvres.
Charlie venait de s’eclipser, et après sa réponse, ils étaient restés comme deux cons à la regarder fuir, incapables de dire un mot. Heath et Etienne n’étaient pas les plus vifs sur ce genre de choses. Et tandis que le second haussait les épaules en reprenant une part de pizza, le premier ruminait, le regard dur planté droit dans le mur d’en face.
▬ On est d’accord que c’était un reproche ? ▬ C’était carrément un reproche. Après, j’suis pas expert en sous entendus et subtilités... ▬ Moi si. C’en était un.
▬ Étienne ! Les mecs ont encore coincés le verrou ET la poignet cette fois. Tu peux venir ? ▬ J’arrive ! ▬ J’vais y aller moi ▬ Han ? Sûr ? Et ta bière ? ▬ Je l’emporte.
Heath se leva, bien moins enjoué que lorsqu’il était arrivé.
▬ T’es sûr que tu veux pas rester un peu ? ▬ Nan c’est bon. Elle m’a gavé., soupira t-il en balayant l’air d’une main. ▬ Vous avez des choses à régler... ▬ No shit Sherlock..., balança Heath en empoigna déja la porte.
Il se saluèrent dans quelques mots, après quoi Etienne rejoint Charlie.
▬ Tu l’a fais fuir, t’es efficace, y’a que Dixie qui arrive à le dégager si vite., lâcha Etienne avec légèreté en se glissant entre Charlie et la porte, couteau à la main. Il m’a dit de te dire que « comme amie, on a vu mieux ». Oeillade sur elle, il leva la main en signe d’innocence. J’fais que répéter. Heath & Etienne, amitié collaborative très mature incoming.
Etienne était très débrouillard et un brin bricoleur: c’est lui qui avait trouvé la solution au problème de verrou de la salle de bain. Glissant le couteau dans un endroit précis, tournant le verrou de l’autre côté en même temps, puis calant le couteau et faisant un mouvement sec avec la poignée; il dû s’y reprendre à plusieurs fois mais parvint à rendre le système de nouveau fonctionnel.
▬ J’ai l’droit d’entendre la version longue ? Toi et Heath.
Curieux, curieux petit Etienne. Il était accoudé à la porte, bras croisés, petit sourire aux lèvres. Ce mec adorait les potins, les petites histoires entre X et Y, il suivait les sagas irl de ses proches avec grand intérêt. Mais plus qu’un Gossip Boy, il pouvait aussi se révéler être un véritable conseiller, une oreille attentive, capable de suggestions pertinentes et d’analyses extérieures intéressantes.
▬ J’suis pas psy, mais y’a pas vraiment besoin de l’être pour voir que t’a un grand besoin de vider ton sac. Bref, tu sais où m’trouver.
Un geste de la main balancé, et Etienne s’éclipsa en direction du salon pour commencer à tout ranger.
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 15:09
__ Tu l’a fais fuir, t’es efficace, y’a que Dixie qui arrive à le dégager si vite. __ Sorry pour ton nouveau grand pote si il trouve, là, une raison supplémentaire pour pas trop trainer dans le coin : j'assume la responsabilité. Mais il s’en remettra. __ Il m’a dit de te dire que « comme amie, on a vu mieux ». J’fais que répéter. Un sourcil se hausse. __ C’est pas nouveau. Il a juste plus l’habitude. Et p’t-être que comme ça, il…
Mes lèvres se scellent, je ravale ma salive. Soudainement muette. Il changera peut-être d’avis avec sa théorie du « let’s be friends again ». Et alors que je devrais peut-être regarder ce que bidouille Étienne pour pouvoir le refaire –il ne sera pas toujours là, mes pensées partent ailleurs.
Oui, j’ai dit qu’on pouvait essayer. Mais en y réfléchissant, ça me paraît bien présomptueux de sa part. Je le connais un peu le renard. Du coup tanpis. Je profite clairement de mon avantage dans la situation pour le recadrer. Je ne prendrais pas de pincettes quand quelque chose ne me plaira pas. Ainsi, on évite les perches tendues. Et il devra faire avec. Point barre.
C’est méchant ? C’est la bonne tactique ? Faible doute. Non-non. Heath fuit les confrontations comme la peste. Donc si il sent le sac de noeuds, il va se casser et pas chercher plus loin. Potes. Mais à longue distance comme ça. Ou pas potes du tout, si ça le fait chier. Je fronce les sourcils, bras croisés. Bah, c’est une façon comme une autre de passer à autre chose.
On verra bien.
Haussement d’épaules, fatiguée, en guise de conclusion à mon monologue intérieure, je me détache de l’encadrement de la porte pour admirer le résultat et tester en live. Ok. Je m’extasie un petit peu devant tous les talents d’Étienne. C’est pratique d’avoir un mec aussi couteau-suisse dans le bungalow.
__ Super merci ! __ J’ai l’droit d’entendre la version longue ? Toi et Heath.
Renfrognement direct. Je reste silencieuse, prête à retourner immédiatement dans ce cocon appelé salle-de-bains.
Heath c’est comme le Fight Club. Avec la même première règle. Celle à laquelle ma conscience, mon inconscience et mon subconscient ont adhérée très… trop facilement : ne pas en parler. D’ailleurs c’était la base même de notre… relation. Au tout début. Alors pourquoi changer ? Pourquoi en parler ? Je ne vois pas le but. Je ne comprends tout bonnement pas ce regain d’intérêt pour tout ça. Est-ce que je me mêle de la vie des autres, moi ? J’ai autre chose à faire. Comme maîtriser mon nouveau don par exemple. Et j’ai pas envie de ressasser ça indéfiniment. Et les autres devraient penser comme moi. (ça serait tellement plus simple ô monde rempli de belles licornes)
__ J’suis pas psy, mais y’a pas vraiment besoin de l’être pour voir que t’a un grand besoin de vider ton sac. Bref, tu sais où m’trouver. Je file illico dans son sillage. __ J’suis pas d’accord. Mon sac va très bien ! Et je repars aussi sec. La porte m’échappe des mains, claquant très légèrement dans mon dos. La douche m’accueille sans perdre de temps. Même si en réalité, je vais y passer un temps certains sous cette douche.
Bah oui. Comprenez ma douleur, maintenant faut aussi j’apprenne à me sécher les cheveux. Déjà que eux et moi c’est la guerre, mais là ça va devenir un calvaire. Bref. Je ressors une demi-heure plus tard. T-shirt vaguement plus large sur les épaules, shorty plus court et bordé de dentelles : une combinaison qui ne va pas vraiment ensemble. J’ai plus à faire gaffe. Pas avec une Dixie dans la coloc’. Et puis ils ont qu’à grandir un peu. ‘fin surtout l’adorable mais timide Maxxie.
Étienne est en plein essai sur son nouvel ordi quand je viens me poser à côté de lui. M’asseyant de travers, mon épaule s’enfonce dans le canapé et je replie mes jambes sur le siège.
__ Désolée… Pour tout à l’heure. J’voulais pas hausser la voix. C’est sympa de ta part de vouloir écouter.
Sourire maladroit alors que ma main dérive à nouveau sur mes chevilles calées devant mes fesses. Je baisse les yeux, puis le menton en inspirant.
__ Je… Je parle pas. ‘fin pas dans le sens biblique, tu t’en doutes. Mais de moi. J’y arrive pas. Ou difficilement. Je finis par hocher de la tête pour moi-même. Je sais que je dois apprendre et faire des efforts. Mon amitié avec Ashley a subi les conséquences de mon enfermement. Et ce n’est peut-être pas la seule. Mais c’est pas facile. J’suis pas douée dans pleein de choses, mais là, j’excelle.
Large sourire triomphant. J’ai levé les yeux dans les siens. Bien évidemment faussement fière. Mais tout s’éteint rapidement.
__ Pour le sujet Heath, c’est pareil. Et voilà.
J’inspire profondément. Mon coude vient se caler en haut du dossier et ma main vient se perdre dans mes cheveux, les emmêlant doucement plus qu’autre chose.
__ Et en plus, c’est bon, on va pas tortiller 107 ans dessus. C’est juste que je me suis sentie prise au piège entre vous deux. Alors j’ai pas eu beaucoup de tact pour dire la vérité. Sur l’offensive ou la défensive ? Allez savoir. Tout comme toi d’ailleurs ! C’est d’ta faute aussi. Faut apprendre à lire les atmosphères.
Un brin railleuse, ma voix est restée cette fois douce. Et je croise les bras en roulant des épaules. Incertaine. J'sais pas faire et je suis pas sûre qu'Étienne soit le bon interlocuteur. Si ils sont potes, ça va être une personne de plus au milieu du bazar. Encore un mis en porte-à-faux.
__ Vaux peut-être mieux que tu...
Et une main sort de sous ma poitrine pour mimer le recul ou plutôt le fait que je le pousse à rester loin de moi. Un sourire s'étire malgré moi. Il y a des automatismes plutôt durs à enrailler. Même si on le veut, parfois ça prend juste du temps.
#ff6633 passé mi-septembre
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 16:24
Etienne & Charlie • Mi-sept • #5F7744
▬ J’suis pas d’accord. Mon sac va très bien ! ▬ Ouais, ma paire de boobs aussi...
Clac. Etienne hocha la tête, sourire amusé aux lèvres. Elle y croyait même pas elle-même, comment était-il censé, lui, y croire ? Il saisit les deux cartons de pizza et les ramena en cuisine. Les deux part restantes furent mises dans un tupperware au frigo, les cartons pliés et posés à côté de la poubelle, proprement. Il ramassa les serviettes qu’il jeta à la poubelle, lava les assiettes, passa un coup d’éponge sur la table avant de se caler de nouveau dans le fauteuil, verres et coca toujours à disposition. Il s’allongea alors, pieds sur la table basse, prenant ses aises. Etienne n’était pas un colocataire type « squatteur » comme pouvait l’être Heath: quand les autres étaient là, il passait le plus clair de son temps dans sa chambre, seul ou avec Dixie, discret, à n’embêter personne. Mais puisqu’ils n’étaient pas là, les autres, il en profitait pour squatter un peu ce canapé sur lequel il venait finalement peu. Il constata qu’Heath lui avait déja tout configuré comme il fallait; ça n’aurait pas été un problème. Sans être un geek, Etienne savait faire le minimum en matière de technologie. Autonome et débrouillard: il pouvait vivre seul, il l’avait fait pendant longtemps.
La douche continuait de couler, et lui avait ramené le Mac de Dixie dans le salon. Clé usb passant de l’un à l’autre, il s’appropriait doucement la nouvelle machine, y déposant ses effets personnels virtuels: cours, mais également images d’artiste (photos, créations traditionnelles ou digitales) et musiques. Ces musiques que Dixie haïssait et dont elle se moquait beaucoup parce-que la plupart étaient du mauvais rap ou rnb français des années 90-2000. C’était son genre à Etienne, il aimait les rythmes, l’esprit; il n’allait pas s’en cacher pour essayer de plaire à la masse: il assumait ses “goûts de merde”, et c’était devenu un bon sujet de plaisanterie. Avec les deux Ackland, d’ailleurs.
Si il assumait ses goûts, en revanche, Etienne devait avouer qu’il aimait être à la mode. Il était plus attiré par le Mac de Dixie que par le pc d’Heath, parce-que c’était plus “fashion”. Plus design. Plus tendance. Etienne était cette bouée flottante entre le “in” et le “out”, un jour vêtu d’un baggy horrible et rappant sur des musiques horribles, le lendemain vêtu à la pointe de la mode, ouvrant son Mac et écoutant LA musique internationale du moment. C’était comme ça, son ancienne vie. Ici, il faisait comme il pouvait, avec ce qu’il avait. Et puis, entre ce “in” et ce “out”, il y avait son lien avec l’art, connu de tous, entretenu chaque jour soit par des croquis dessinés où qu’il soit, soit par ses recherches durant des heures entières sur des sites communautaires d’artistes. C’était ça, Etienne. Un mélange de vieux, de neuf, de branché, de ringard, d’artiste, décalé ou non. Finalement, un medley formant un être sarcastique mais accessible, sociable mais mystérieux. Peut-être qu’Etienne pouvait être représenté par ce flou artistique original, décalé et insaisissable que Charlie affectionnait tant.
▬ Désolée… Pour tout à l’heure. J’voulais pas hausser la voix. C’est sympa de ta part de vouloir écouter. ▬ Y’a pas d’mal. ▬ Je… Je parle pas. ‘fin pas dans le sens biblique, tu t’en doutes. Mais de moi. J’y arrive pas. Ou difficilement. Je sais que je dois apprendre et faire des efforts. Mais c’est pas facile. J’suis pas douée dans pleein de choses, mais là, j’excelle. ▬ On a tous nos points faibles., dit-il en haussant les épaules, lui accordant un regard et un sourire brefs. ▬ Pour le sujet Heath, c’est pareil. Et voilà. Et en plus, c’est bon, on va pas tortiller 107 ans dessus. C’est juste que je me suis sentie prise au piège entre vous deux. Alors j’ai pas eu beaucoup de tact pour dire la vérité. Tout comme toi d’ailleurs ! C’est d’ta faute aussi. Faut apprendre à lire les atmosphères. ▬ Justement, la vôtre est claire. Y’a rien qui m’emmerde plus que de tourner autour du pot. Même quand c’est les autres qui le font... Surtout quand c’est les autres en fait.
Sourires doux échangés. Et puis, elle lui demanda suggéra ce « Vaux peut-être mieux que tu... » en miment de l’écarter d’un geste de la main. Lui la fixait, l’ordi toujours sur les genoux. Il fit exprès de la laisser essayer de finir sa phrase, tout comme il fit exprès de la couper net au moment ou il sentit qu’elle trouvait les mots.
▬ Que je... reste loin des coeurs et des esprits d’un Morgan, d’une Sarah et d’une Charlie fermés comme des huîtres ? Que je reste en dehors et loin de tout ça, de vous, seul dans mon monde comme un mec sorti d’un roman qui a perdu absolument toutes ses relations parce-que celles-ci n’ont jamais existé ?
Il hocha la tête doucement de haut en bas, sourire inversé en revenant à son écran.
▬ ‘Sounds great.
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 20:45
__ ‘Sounds great.
Bouche-bée. Gêne-au-cœur. Pénaude, je me retrouve bien conne là. Soupire profond. Je me penche vers lui pour tenter de capter son attention malgré l’écran.
__ Voilà. Je me désigne vaguement avec ma main. Belle preuve d’égoïsme. J’ai oublié. J’suis désolée Étienne.
Retour dans le fond du canapé. Je souffle. Main dans les cheveux que je mets clairement en vrac puis sur une paupière que je frotte avant de dériver sur ma mâchoire et dans mon cou. Parce que je sais pas quoi dire d’autre, de plus et encore mois par quoi commencer. Le nœud est là, au fond de la gorge. Bien serré, bien accroché à la trachée.
__ Pffouuuu… Mes joues se gonfle dans un nouveau souffle. Euh. D’accord. Mais tu vas le regretter, j’en suis sûre.
Visage dépité, totalement prise au dépourvu et encore une autre infinité d’émotions liées à la crainte passe sur mes traits. Mon genou débute un battement léger, certainement synchronisé avec mon pouls. Et c’est comme ça que je commence.
Je lui parle d’Aaron, de l’overdose, de mon arrivée sur l’île. Et je tente de lui resservir le même discours mécanique que le résumé fait à Heath. À quelques détails près.
Ulysse. La majestueuse. Plus belle, plus élégante, plus intelligente, plus forte. Un diamant. Et plus que de la jalousie, plus que ce complexe d’infériorité qui s’accroche, c’est une forme d’admiration pour la personne toute entière qu’il faut voir-là. « Même si quand on a travaillé ensemble dans la boutique de lingerie, j’la jouais décontract’ et à l’aise, j’étais tout bêtement impressionnée par cette fille. Faut que tu la connaisses. »
Facile, c’est la coloc’ de Mo’ et Sarah. Doux sourire qui se gomme bien vite. Car j’enchaine difficilement sur Thomas, puis Nathan. Je galère, je rame vraiment à en parler de ces… Deux violents détails que j’ai pris soin de passer sous silence, en espérant que Joach, Ashley ou Gautier n’en aient pas parlé à Heath en voulant bien faire. Car c’est toujours délicat. À m’approcher, j’ai seulement autorisé Pytha, Sarah et très maladroitement Morgan. Enfin, c’est quand même vite-dit. On ne s’étalait pas sur le sujet. Et c’est Sarah qui a pris physiquement soin de moi la deuxième fois. « Je me suis braquée avec Ashley, un peu avec Jim aussi. … Ah et si. Heath dans un sens aussi. Mais on en a parlé juste une fois. C’était tout récent et je pense que ça l’a choqué de voir que j’ai eu peur de lui… ».
Mécanisme machinal, je tente une feinte de dédramatisation en souriant, relevant enfin le visage vers lui. « Ah bah tu vois, j’suis pas si fermée que ça en fait. » Mais l’expression sérieuse ou du moins attentive d’Étienne me refait baisser la tête. Dossier sensible. Le fait d’avoir été frappée. À deux reprises. Je me sens toujours déraisonnablement humiliée, honteuse et coupable. « J’ai cru que si je me taisais, tout irait bien. Comme si rien ne s’était passé. Parce que ce genre de trucs, et bien… ça n’arrive pas aux filles comme moi. Ni à mes amies proches… »
Je laisse ma phrase, déjà si faiblement prononcée, mourir sur elle-même. On verra si Étienne parvient aussi à dégommer un premier gond du coffre-fort interne de Sarah.
__ Bref.
Ma voix s’est relevée plus forte comme pour contrecarrer ces sourdes frayeurs, ces peurs sinueuses, cette déception de soi… Mais surtout, pour embrayer sur autre chose. Car je ne suis toujours pas convaincue qu’en parler m’aiderait. Plus j’en parlerais, plus ça me montrerait que ça a été réel et il suffit de ça pour que la peur ne me glace le sang. Mais je ne crois pas qu’Étienne puisse bien prendre ce type de réflexion, lui qui est si lié à ces notions. L’imaginaire et le concret.
En reprenant –parce que m’interrompre serait vécu comme un souffle brutal et me ferait certainement fuir dans ma cage-, j’en viens vite à Pytha et l’effet bénéfique de ses mots, de sa volonté à mon égard… « Il est de toute façon trop bien pour moi. » … Puis la Nouvelle-Orléans et ce qui s’y est passé, pendant et après. Ma mère, Abby, Connor, Agnès. Et Heath -toujours l’invité qui s’incruste- et Pytha, encore. RED est rapidement abordé, mes inquiétudes à peine effleurées. Mais au fur et à mesure que je mettais des mots sur tout ça, beaucoup de choses se mettent en branle et tremblent : ma nervosité, mes erreurs, mes regrets et mes angoisses –ah oui les crises d’angoisse plus ou moins gérées grâce à Maxxie et compagnie, ça je n’en parle pas par contre.
__ Voilà. La version longue. Qu’on peut résumer aussi comme ça : j’ai commencé. On a joué aux cons, aux égoïstes. On a lâchement pas su s’y prendre par la suite et on a impliqué des gens autour de nous. J’ai… J’ai… Je les ai blessé parce que je suis comme je suis. Heath a même pleuré. Pytha a hurlé à en activer son don. J’suis tellement nulle que je leur ai fait du mal. Et j’dis pas que j’ai ruiné leur vie ou quoi. Faut pas exagérer. J’ai pas autant d’impact. Et ils en verront d’autres. Mais…
Oscillation. Dans mon discours. En moi. Une barricade est tombée. J’ai retenu un hoquet dans mon apnée, une bouffée d’air aussi rude que la roche. Et j’ai balayé illico la larme qui dévalait la pente pendant le repli physique. J’ai commencé à m’agiter, à reculer sur le canapé.
__ J’ai pas vécu de grands drames qui peuvent justifier quoique ce soit. Mais je foire tout. C’est tout. Et je reprends du poil de la bête lentement. C’est si automatique… Donc désolée, mais à ta place, peu importe que tu doives tout recommencer à zéro ou pas… Mais je ferais au moins attention à bien choisir qui j’approche et dans quoi je m’embarque. Perso, je voudrais me co… 'fin ça ne concerne que moi hein.
Maigre sourire. Il a bien dû comprendre ce que je voulais dire. Ça ne sert à rien d’en dire plus. C’est bon, c’est fini. Quelques petits reniflements à répétition, je déglutis et mes yeux se rivent sur le bout de canapé entre nous.
__ Et t’inquiètes pas pour Heath. Ça va se tasser tout seul. Ou du moins, j’vais tout faire pour et puis c’est tout.
Et puis c’est tout. Écho dans ma tête qui claque les portes une à une. Mes pieds touchent terre et je me lève pour me servir un verre d’eau. Elles n’ont pas eu le temps de tomber ces armes dressées, ces larmes blessées. Mais la paume de ma main vient quand même frotter ma joue, comme si le corps reconnaissait la peine toujours présente d’avoir été… d’être si… Nulle. Oui c’est le bon mot. Dérisoirement nulle.
Bah voilà, je savais que parler de moi, c'était pas bon. Ça ne m’allait pas. Un bras croisé sur mon ventre, ma main enserre le verre transparent alors qu’un doigt sévère vient tapoter dessus. Vague-à-l’âme. Mâchoire serrée, j’en viens à me redemander ce que je fous-là finalement. Pfff. Marre. Je réalise seulement maintenant à quel point je suis instable comme nana. Certainement pour ça que je me raccroche si facilement à certaines choses pragmatiques comme mon job de serveuse ou que je m’obstine, même si je suis dans le faux.
I definitely need maturity.
Je me retourne vivement pour le voir là. Et légèrement directive, la voix un peu plus forte, moins fragile.
__ Ah mais je tiens à rappeler une règle de base à tout lien. Un minimum de réciprocité.
Regard franc. Parce que si moi je donne des billes, t'as intérêt à en donner, sinon c'est même pas la peine d'essayer de continuer. Ça va pas fonctionner. Et c'est l'expérience qui parle. Plus que ce que je crois d'ailleurs.
#ff6633 passé mi-septembre
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mar 23 Sep 2014 - 22:32
Etienne & Charlie • Mi-sept • #7E9762
▬ Tu l’aura, ta réciprocité. Promis, le moment venu, j’te raconterai le conte de fées d’Etienne Dobson. Mais en attendant...
Il posa l’ordinateur sur la table basse et se leva. Il se servi un verre de coca qu’il ramena vers elle, le posant sur le comptoir avant d’y appuyer ses coudes, face à Charlie. Il l’observa quelques secondes de ses yeux gris-verts avant de baisser ces derniers sur ses mains. Et jouant avec ses propres doigts, il dit doucement, lèvres humides:
▬ Georges, mon auteur, m’a mis une phrase dans la tête. Je sais pas si ça existe en vrai, mais c’est mon leitmotiv, j’imagine. C’est « ce qui ne noue tue pas nous rend plus fort. »
Une oeillade sur Charlie lui confirma que ce dicton existait bel et bien dans le monde réel. Il poursuivit.
▬ Et si... Au lieu de noircir le tableau, tu voyais le bon côté des choses ? J’veux dire, dans tout ce qu’on fait, y’a du bon et du mauvais. Rien n’est tout blanc ou tout noir. Tout dépend de la vision que t’a des choses.
Il tira le tabouret vers lui pour y déposer ses fesses, jouant à faire tourner son verre de Coca entre ses doigts, manches relevées sur ses bras et son regard alternant entre Charlie et le verre.
▬ Ta conclusion de tout ça c’est que t’es nulle ? Il hocha négativement la tête, faisant la moue en regardant les décorations sur le mur, comme réfléchissant. J’le vois pas comme ça, perso.
il fronça les sourcils, essayant de se remémorer ce que d’autres lui avaient confié.
▬ Est-ce que Morgan est nul parce-qu’il a fait souffrir son ex ? Est-ce que Jim est un monstre parce-qu’il a fait du mal à... la fille dont j’ai oublié le nom ? Est-ce que Sarah est nulle parce-qu’elle a eu des emmerdes amoureuses par dessus la tête et a probablement fait souffrir ces types autant qu’elle a souffert ?
Il haussa les épaules.
▬ Si on est nuls dès lors qu’on fait du mal autour de nous, alors tu peux être rassurée: on est tous aussi nuls les uns que les autres. Son coude glissa légèrement sur le côté et il cala son visage dans sa main, appuyé sur le plan de travail en la regardant. T’a l’air dans une période où tu vois que les ombres des photos de ta vie. T’en oublie qu’elles aident à sublimer la lumière.
Leur intérêt commun pour la photo aidant à la métaphore, Etienne poursuivit son explication en baissant les yeux sur ses doigts qui, comme les mains d’Heath, s’agitaient cependant plus discrètement sur le plan de travail. Comme si il écrivait.
▬ T’a perdu un être cher. Celui que t’aimais. « Grâce » à cette épreuve, t’es une fille qui sera toujours clean, qui touchera pas à la drogue, qui prendra soin de ses amis qui en consomment. Plus généralement, ça t’a donné une hygiène de vie et un respect de ton corps et de ta santé. Qui, soit dit en passant, est un esprit qui t’aidera à mieux maîtriser ton don. Une véritable force. Tu seras pas la conne qui va sniffer pour faire sa belle et se faire accepter. Tu seras la meuf intelligente qui sait la gravité que peuvent avoir ces trucs. Ca, et le reste, toutes ces merdes mauvaises pour nous. tu pourra te regarder dans la glace et te dire que t’es clean, et pas influençable. Moi j’trouve ça important.
Il déglutit, passa à la suite.
▬ Ulysse est un diamant ? Bien, tant mieux pour elle. Et alors ? La vie c’est pas une course à qui brille le plus fort. Regarde Morgan et son mec. J’pense que tout les deux on connait la valeur de Morgan, malgré tout le “merveilleux” qui entoure Jim. Mais là tu fais exactement comme lui: tu te sous estime au profit d’une autre. Sans raison valable. Tu peux pas comparer un photographe de guerre avec un photographe de rue, comme tu peux pas comparer Ulysse avec Charlie.
Il bu une gorgée, réfléchissant à la suite, se remémorant ses mots.
▬ Deux types t’on frappée. Ok. Bah t’es debout, en bonne santé, et en plus maintenant tu peux te guérir toi même. Si c’est pas une force ça, si c’est pas une victoire et une évolution positive, je sais pas ce que c’est. Peu importe la raison pour laquelle ils ont fait ça: c’était un mauvais moment, c’est passé. T’a eu un crash, la voiture est réparée, tu peux recommencer à rouler. L’important c’est de pas faire de la voiture une phobie qui te bloquera à vie. Surtout quand derrière un élève mystère t’offre une voiture de course. Tu saisis ?
Œillade, nouveau haussement d’épaule.
▬ On te frappe, tends l’autre joue. Soignes-toi et ne baisse pas les yeux. On croit te blesser, mais au contraire, on fais que te renforcer. C’est ce genre d’épreuves qui font de nous des machines de guerre dans la vie, pas juste des ados apeurés qui oseront jamais rien. Et quand au « ça arrive pas aux autres », c’est plutôt « on sait pas que ça arrive aux autres » qu’il faudrait dire. tu sais pas tout, comme les autres savent pas tout de toi.
Nouveau manège des doigts sur la table, une glissade, un cercle.
▬ Ce mec, Pytha. C’est pas parce-que tu l’a déçu qu’il est trop bien pour toi. Il leva les yeux dans les siens, pour être sûr de se faire comprendre. T’es une belle personne Charlie. Ca se ressent. La preuve, tu prends tout sur toi, tu prends tous les maux du monde et culpabilise pour tout le monde, t’es prête à porter les erreurs et les travers de tout ceux que tu connais pour que eux se sentent plus légers. t’accepte de noircir ton tableau pour que les autres aient des couleurs plus éclatantes. C’est ça qui fait de toi quelqu’un de bien. Ca, mais aussi tes épreuves, ces forces que tu soupçonne pas, tout ce que ton vécu t’a apporté. T’aura beau essayer de me convaincre du contraire, tu seras jamais crédible. T’es une âme belle et, je pense, très forte. t’en a peut-être juste pas encore conscience.
Il pointa du pouce la porte par dessus son épaule.
▬ Toi tu le vois pas, mais ces mecs le voient pour toi. Pytha, Heath. Aaron, Morgan. Et les filles, Ashley, Sarah. Si t’étais si nulle et monstrueuse, t’aurai pas tout ce monde autour de toi. Et j’suis sûr que j’en connais pas la moitié. t’a peut-être déçu Pytha, il mima des guillemets, « le vertueux » mais ça l’empêche pas d’aimer la belle personne que tu es. Même chose pour Heath, à voir sa réaction de toute à l’heure, il a beau jouer au cowboy, ça crève les yeux que tu comptes pour lui, bien plus qu’il voudrait le faire paraître. Tu les as déçu, blessé ? Et alors ? Ca arrive ? Un écrivain peut faire un livre médiocre qui sera torpillé par la critique, ça n’empêche qu’on connait la valeur de l’artiste et qu’on sait qu’il a le talent de faire mieux. Toi t’a le talent de faire mieux. Montre-leur. T’a foiré ? Tu te rattrape. C’est jamais trop tard, t’a encore au moins soixante-dix ans à vivre, t’a pas le droit de t’arrêter là en disant “j’ai raté, c’est fini”. Tu t’es cassé la gueule en sautant une haie ? Recommence. Cours plus vite et saute plus haut. T’es pas la conne sur le côté qui regarde les autres courir en rêvant, qui ose pas, qui s’arrête à son premier échec. Toi t’es la nana qui se relève et qui s’entraîne, t’es la nana qui réussi le parcours et qui terminera première si elle y met du sien. Si t’y met la même volonté que dans ton travail ou tes photos. Pourquoi tu travailles si t’es si nulle ? Pourquoi tu fais de l’art ? Empare toi de cette confiance et applique là à tout ton monde. Et brilles. Brilles comme Jim, comme Ulysse. Qu’est-ce qui t’en empêche ? Rien. Absolument rien.
Il déglutit. Il avait serré le poing sans s’en rendre compte. Il se tapota la tempe avec l’index.
▬ Tout est là. T’es jeune, t’es méga canon, t’es en bonne santé, t’es débrouillarde, t’es artiste, t’es sensible, attentive, affectueuse, à l’écoute, empathique, douée, droite, intelligente, créative, autonome, mature.
Il s’arrêta, reprenant son souffle.
▬ T’a un coeur qui bat et du sang qui coule dans tes veines. Et tu sais aussi bien que moi que, rien que ça, ça mérite qu’on se donne à fond et qu’on saisisse de nouveau notre chance. Cours mieux, cours plus vite, apprends à sauter plus haut. Casse-toi la gueule et recommence. C’est jamais trop tard. Surtout quand on a la volonté profonde de faire le bien autour de soi.
Codé par Liixi4
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mer 24 Sep 2014 - 11:35
Les premiers monologues d’Étienne me plongent dans la perplexité la plus totale. Sceptique et dubitative, je ne cherche pas à rétorquer, je le laisse dire et faire tout me resservant un verre d’eau avant de m’installer à mon tour sur un de nos tabourets haut. Pour ce face-à-face qui se joue. Mon menton s’échoue sur le genou que viens de replier devant moi. Et je dépose le verre à moitié plein sur le tabouret à côté de mon pied.
__ Est-ce que Morgan est nul parce-qu’il a fait souffrir son ex ? Redressement illico. Mon genou s’abaisse. Je m’insurge. __ Quoi ?! Mais non ! __ Est-ce que Jim est un monstre parce-qu’il a fait du mal à... la fille dont j’ai oublié le nom ? __ Ashley. Et non. Évidemment. __ Est-ce que Sarah est nulle parce-qu’elle a eu des emmerdes amoureuses par dessus la tête et a probablement fait souffrir ces types autant qu’elle a souffert ? Mains levée en guise d’abandon. __ … Okay, okay, je vois. __ Si on est nuls dès lors qu’on fait du mal autour de nous, alors tu peux être rassurée: on est tous aussi nuls les uns que les autres.
J’ai tourné la tête, mais mon regard en biais est tout de même venu se poser sur lui. Vexée qu’il en remette une couche en pointant cet état de fait qui ne m’était pas du tout venu à l’esprit. Mais ce sentiment s’efface lorsque la référence à l’univers de la photo surgit dans son discours. Le nez se retrousse et un timide sourire vient s’installer...
__ T’a perdu un être cher. Celui que t’aimais. [...]
… Avant de dégringoler. À cause d’Étienne, mes montagnes-russes émotionnelles prennent une autre dimension. C’est presque effrayant. Et le mot « Grâce » me chiffonne. Ça ne me plaît pas. Je fronce les sourcils et préfère nicher mon nez dans mon verre, n’écoutant que très vaguement la suite, vu que ça parle de drogue.
__ Ulysse est un diamant ? Bien, tant mieux pour elle. Et alors ? La vie c’est pas une course à qui brille le plus fort. __ Hey là, on s’calme. J’te corrige tout de suite, j’cherche pas à briller. Rien à cirer.
Mais il ne m’entend pas ou du moins poursuit en faisant tout comme. Je m’en fiche de marquer les esprits ou non. D’avoir des millions d’admirateurs ou non. D’être appréciée par beaucoup de gens ou par seulement une poignée de personnes –à vrai dire, je suis plus à l’aise avec la deuxième hypothèse. Tout ça, ça importe peu. La citation d’Oscar Wilde (l'image en en-tête) qui me vient tête à ce moment-là résume tout.
Mais l’évocation du nom de Morgan me radoucit. Parce que Étienne a bien saisi le personnage. J’acquiesce doucement de la tête. Puis je dodeline naïvement en entendant la suite. Je ne suis pas certaine de vouloir m’attarder sur une possible ou impossible comparaison entre Ulysse et moi. Je l’admire, je la respecte. Je pense qu’elle l’a compris depuis l’interview avec Jim. Ou pas. Qu’importe. Ça s’arrête-là. Fallait pas chercher aussi loin. Et tout en buvant moi aussi une gorgée d’eau, je crains un peu la suite, lorsque très droitement, il reparle de mes agresseurs. Et je suis bien malgré moi en apnée jusqu’au mot final.
__ [...] Tu saisis ?
Franc sourire masqué par un léger rire. C’est malheureusement clair comme de l’eau de roche.
__ Et quand au « ça arrive pas aux autres », c’est plutôt « on sait pas que ça arrive aux autres » qu’il faudrait dire. tu sais pas tout, comme les autres savent pas tout de toi.
Je ne prends pas la peine d’acquiescer parce que j’ai dû mal m’exprimer tout à l’heure. Il a compris de travers. Mais lui à trouver les bons mots pour coller à ce que je voulais dire.
Et il reprend de plus belle. __ Ce mec, Pytha. C’est pas parce-que tu l’a déçu qu’il est trop bien pour toi. __ Non, pas besoin de ça pour… __ T’es une belle personne Charlie. Ça se ressent. Réflexe immédiat : détourner le visage sur le côté, comme si ça retiendrait le flot de paroles d’Étienne de parvenir à mes oreilles, à mon cerveau. __ La preuve, tu prends tout sur toi, tu prends tous les maux du monde [...] Ouais enfin, faut peut-être pas abuser, j’ai jamais dit, voulu, ni même faire ça. Qui pourrait d’ailleurs ? C’est pas humain. Faudrait penser à être réaliste aussi et arrêter les divagations. __ T’aura beau essayer de me convaincre du contraire, tu seras jamais crédible. T’es une âme belle et, je pense, très forte. t’en a peut-être juste pas encore conscience.
Je déglutis difficilement comme si la pilule avait du mal à passer. Comment il fait pour déblatérer autant de bêtises sans ciller ? Il est pas croyable. Et alors que mon ancien don n’est plus, je me tape une bouffée de chaleur. Je souffle. La main dans la nuque et dans les cheveux. C’est que c’est fatiguant cet exercice.
Et je-ne-suis-pas-du-tout à l’aise.
__ [...] Si t’étais si nulle et monstrueuse, t’aurai pas tout ce monde autour de toi. __ Euh… j’ai jamais dit « monstrueuse », hein. Quand même. Oui, j’essaye (encore) d’en placer une. Même si pour le coup, il n’a pas tort. Et je ne leur facilite pas la tâche en plus. Avec mes départs impromptus, mes périodes silence-radio et tout le toutim. ‘fin tout ça c’était très récent. Peut-être un peu justifié pour que ça s’apaise tranquillement entre deux rumeurs merdiques. __ [...] mais ça l’empêche pas d’aimer la belle personne que tu es. Ah. Pas le temps de corriger la phrase au passé. Too late. Tu vas devoir revoir ta copie sur Pytha.
Puis notre paperboy national se perds dans une longue métaphore, en lien avec l’athlétisme et mêle saut d’obstacles, endurance et certainement un peu de sprint aussi. J’avoue. J’ai décroché. J’ai perdu le fil. En plus, il radote. Ça va, j’ai compris le message. Leçon suivante please.
__ [...] Toi t’es la nana qui se relève et qui s’entraîne, t’es la nana qui réussi le parcours et qui terminera première si elle y met du sien. Mon regard se relève dans le sien, surprise par tant d’affirmations. Si t’y met la même volonté que dans ton travail ou tes photos. Pourquoi tu travailles si t’es si nulle ? Heey… Pourquoi tu fais de l’art ? Hooola. Stop papillon. Légère révolte qui gronde dans mes muscles, dans mes yeux. De quoi j’me mêle. J’fais ce que je veux. Mais rien ne filtre de ma bouche. Parce que j’ai pas le choix. Il continue le bougre. Et un vœu un peu improbable me traverse l’esprit à ce moment-là : ne jamais revivre ça avec une Ashley dans la même pièce. À eux deux, ils m’achèveraient sur place.
__ Empare toi de cette confiance et applique là à tout ton monde. Et brilles. Brilles comme Jim, comme Ulysse. [...] __ P’tain, mais qui a dit que… __ Tout est là. T’es jeune, t’es méga canon, [...] … je voulais briller. J’écarquille les yeux, le disque dérape. Qu’est-ce qu’il raconte ?! C’est de pire en pire. Et il bronche toujours pas. Et alors là, pour dissimuler la gêne occasionnée par l’amoncellement de conneries qu’il lâche : je descends du tabouret et m’éloigne pour faire les cent pas. Cherchant clairement à ne pas entendre. Alternant signe désapprobateur de la tête, yeux levés ciel. « N’importe quoi. » Mains dressées dans le vide pour lui faire signe d’arrêter. Avant de reprendre la ronde. Gardant pour moi les adjectifs contraires que je pourrais placer à chaque chose qu’il vient de dire. Jeune > ok. N’importe quoi pour les deux termes suivants. Débrouillarde > ok, mais dépend pour quoi. Artiste > la blague. Parce que je fais mumuse avec un appareil photo ? Sensible > trop, c’est chiant. Attentive > pas toujours, pas assez. Affectueuse > Morgan et Gautier diraient peut-être le contraire. À l’écoute > vite-fait, toujours pas assez. Empathique > faux. Douée > t’as vu ça où ? Droite > tordue. Intelligente > dans la moyenne et encore, dépend pour quoi. Créative, autonome > redite, lâche l’affaire. __ [...] mature. __ Ha ! Je le désigne du doigt. Puis moi et mime le petit manège que je viens de faire. Là, tu t’goures royalement.
Ou. T’as juste un problème avec ce qui ressemble de près ou de loin à un compliment Charlie. Mais passons.
Passons, car les deux phrases d’après calment tout de suite mes pulsions d’emmerdeuse contrariante.
__ T’a un coeur qui bat et du sang qui coule dans tes veines. Et tu sais aussi bien que moi que, rien que ça, ça mérite qu’on se donne à fond et qu’on saisisse de nouveau notre chance. [...]
Il y a un relâchement direct dans mes épaules. Ma respiration se calme. Parce que je le rejoins totalement là-dessus lorsque mes pensées pour Aaron et Abby me hantent –dans le bon sens de la vie.
__ Mais d’où…
Une main sur la hanche, l’autre bat l’air jusqu’à ma cuisse, mes lèvres s’humectent… Je n’ai toujours pas décidé de le regarder dans les yeux. « D’où tu sors ? » ai-je presque lâché. Tout en finesse moi aussi. Mais je finis par croiser les bras, faussement mécontente, pour enfin diriger mon visage sur lui.
__ Et c’est combien pour la leçon de vie ? …
Sourcils haussés, je fais mine d’attendre –impatiente- une réponse digne de son speech, mais je souris avant et viens grimper sur la petite barre en bas du tabouret pour mieux l’enlacer.
__ On devrait tous avoir un paperboy chez soi -pour reprendre l’expression de Sarah… Ou pas. Je resserre difficilement mes bras sur sa carrure. Tu suffis. Mais en tant qu’unique spécimen en ton genre, faudrait pas qu’on te kidnappe. Je me détache, restant pourtant dans cet équilibre précaire pour m’adosser et m’accouder au comptoir. Lui faire face. Yeux dans les yeux. Tu nous manquerais. Et on se sentirait seuls dans notre monde.
Surtout sans ce babillage que tu peux nous sortir. Un battement de cils. Je lui souris doucement, puis redescends de là rapidement. Ou comment dire « Merci. Je t’adore malgré tes tirades un peu longuettes. » Ça suffit la psychanalyse pour ce soir. Personnellement, j’ai eu ma dose pour un bout de temps. It’s certainly time to process.
J’embarque nos verres –même si il n’a pas vidé le sien, et me « réfugie » près de l’évier pour les laver. En équilibre sur une jambe, pied gauche sur la cheville droite, à l’équerre. Je marmonne tout de même assez fort en haussant les épaules, roulant du dos, remuant la tête frénétiquement.
__ Bon, j’sais… j’sais pas si tout ce que tu as dit va faire son effet, porter ses fruits, tout ça, tout ça... Parce que ça fait beaucoup à digérer. Et j’suis un diesel moi. En plus, j’suis moyennement d’accord avec certaines choses. Et puis, et puis… comme si je pouvais retenir TOUT ce que tu as dit ?!
La gratounette et le liquide-vaisselle mousseux épongent l’embarras toujours présent. Défouloir. Mais je finis par lever la tête pour le regarder par-dessus l’épaule.
__ P’tit conseil pour tes prochaines fois : prévois plusieurs séances.
Sourire amusé. Un clin d’œil pétille. Je reviens sur ma tâche et rince les deux objets.
__ Question : tu écris aussi en plus de dessiner et chanter ?
Verres posés sur le séchoir. Mes mains mouillées s’appuient une seconde sur le rebord, bras tendus avant que je ne me tourne soudainement vers Étienne.
__ Ah et je proscris le mot « belle » de ta bouche en ma présence ! Pichenette mouillée en direction de son visage. 5 Prism dans le pot commun dès que ça t’échappe. Sinon, j’te fais bouffer tes jolis croquis par les trous de nez. Coup de hanche pour le bousculer en raillant.
#ff6633 passé mi-septembre // blblblbbl t'es folle, tu le sais ça ? Et si on s'occupait de ton cas maintenant ? 8D
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Sujet: Re: Entre olives et champignons | PV Mer 24 Sep 2014 - 12:23
Etienne & Charlie • Mi-sept • #7E9762
BONK.
Ca, c’est l’bruit qu’à fait le front d’Etienne en venant s’écrouler sur le comptoir. Parce-qu’il a capté. Le bruit de l’eau, les frottements de l’éponge parviennent à ses oreilles, et lui fixe le comptoir juste au bout de son nez, écroulé dessus, soudainement silencieux. Et le coeur tout à coup effroyablement lourd.
▬ Bon, j’sais… j’sais pas si tout ce que tu as dit va faire son effet, porter ses fruits, tout ça, tout ça... Parce que ça fait beaucoup à digérer. Et j’suis un diesel moi. En plus, j’suis moyennement d’accord avec certaines choses. Et puis, et puis… comme si je pouvais retenir TOUT ce que tu as dit ?!
Il se redresse, hoche la tête négativement, toujours en silence, dans son dos. Elle a pas à retenir. ... En vrai elle avait même pas à écouter... Il se lève et s’approche. Elle lui parle avec légèreté, et une fois près d’elle, elle l’éclabousse, le chahute. Il force un sourire qui s’évanouit aussitôt, lève les yeux au ciel, et finalement à ses côtés, recommence le manège: son front vient heurter le placard devant lui et il reste ainsi, comme soudainement vidé. Une oeillade gênée sur elle, entre le mec désolé et le gamin bougon, un peu gêné.
▬ C’était une discours.
Charlie lui fait signe qu’elle avait cru comprendre.
▬ Non j’veux dire, un vrai discours. Un monologue. Ecrit. Par Georges. Il pend une bouffée d’air, se retournant et déposant cette fois l’arrière de son crâne sur les hauteurs du placard. Ca m’arrive des fois. Quand j’suis dans une situation similaire au livre, j’ai ce... truc qui revient. Comme une marionnette... , il baisse les yeux. Un personnage. Je répète les mêmes mots, j’adapte deux trois détails. Ca m’est arrivé avec Morgan l’autre jour, que je prenais pour Dane, mon meilleur ami. Et toi t’a eu le droit au discours que j’ai sorti à Britt un jour, dans les cuisines du fast-food.
Il hausse les épaules, nouveau coup de tête contre le placard, lève les yeux au ciel.
▬ Vous vous avez l’instinct de survie, moi j’ai l’instinct de... “vas-y mec c’est ta scène, récite ton texte”.
Nouveau roulement des yeux, après quoi un éclair passe dans ces derniers, qu’il baisse rapidement sur la (minuscule 8D) Charlie:
▬ Mais c’est quand même vrai hein ! J’le pensais ! Tout ce que j’ai dis ou presque, c’était pour toi sur le moment ! Et j’continue d’le penser, mais c’est que c’était presque la même situation et tu m’a fais penser à elle et c’est sortit tout seul... J’me disais bien aussi que ça m’venait trop facilement. Comme si j’te connaissais d’puis toujours. ... Pfff...
Il soupire, se redresse, se casse. C’est la meilleure ça, le voila prisonnier des actes d’un personnage. Aucun doute que si il fait face à une petite falaise au dessus de l’eau, il sautera, parce-qu’il l’a fait dans le livre. Si il croise une personne qui ressemble physiquement à Justin, il la haïra, parce-que c’était écrit. Et si il rencontre une fille semblable à Rose... Son coeur s’accélère le temps de deux cognées pendant lesquelles ses joues s’embrasent. La prof de musique. Damn it.
▬ J’suis programmé... J’suis écrit, tu parles d’un destin.
L’énervement lui picote le cou, il ferme son pc et le glisse sous son bras. Jeté de pouce vers sa chambre, regard vaguement balancé sur Charlie.
▬ J’vais dans ma piaule... Désolé pour la tirade merdique...
Il a honte, mais surtout, ça le fait chier. Pour lui et pour les autres. Nez dans ses pompes, il se traîne jusqu’à sa chambre dans laquelle son premier reflex est d’attraper un crayon et de chercher son carnet; il en a laissé la porte ouverte, trop concentré sur le besoin d’évacuer ce malaise qui l’a pris. Lunatique.