Sujet: Vide de sens || ANTHASIA Ven 14 Nov 2014 - 13:40
Vide de sens
Il écarte une nouvelle personne sur son chemin, ne prête même pas attention au regard de défi que le type lui a lancé et poursuit sa route, le regard fixé droit devant lui. Ca fait un petit moment qu’il fait plus attention aux détails, qu’il punie plus ceux qui s’amusent à mal le regarder. Avant, il suffit d’un mot déplacé pour regretter, un regard teinté de ne serait-ce qu’une once d’arrogance pour se voir corrigé par sa majeste le doré. Prenant son travail très à coeur, refusant de laisser passer le moindre écart dans une peur béante de se voir abandonné. Il avait peur Orest, il avait peur d’être mis de côté, il avait peur que l’on se détourne comme il l’avait fait pour Lukas.
Il avait peur d’être à son tour le martyr comme il avait déjà pu l’être auparavant. Frisson qui parcourt sa peau lorsqu’il y accorde quelques pensées, il accélère le pas, s’écarte de la foule, la soudaine peur le rend impulsif. Il hésite pas à pousser, à pousser pour s’éloigner à pousser pour s’isoler. Partez. Reculez. Pendant ces quelques secondes, le contact lui semble répugnant et dangereux. Comme l’instinct d’un animal menacé, il s’écarte, un simple regard en arrière avant de définitivement se détourner.
C’est bon Orest. T’es loin de tout. Il aura suffit de quelques secondes, et le masque est reconstruit.
Là c’est bien, là c’est parfait. Le visage fermé, les yeux d’obsidienne inexpressifs et cruels dans une expression de mensonge si parfaitement dessinée. Il se sent presque ridicule à fuir comme ça au nom d’une peur qu’il pensait avoir surmonté, il se sent faible comme c’est rarement le cas. Lui qui faisait tout pour être fort, lui qui avait même tout fait pour oublier. Bien joué Orest, tu t’enfermes dans ta propre faiblesse. Dans ta propre dépendance. T’attends pas à oublier tes démons si tu te reposes dessus pour exister.
Il soupire, lève la tête vers le plafond, repense à ces derniers jours. Ca fait un petit moment qu’il n’a rien fait, il est au bord du gouffre. Il a fait les pires choses et n’a pas encore été démasqué, c’est sûrement qu’une question de jours avant qu’il ne se fasse renvoyer. T’as peur de ça Orest ? T’as peur de perdre tout ce mal sur lequel tu fais que te reposer ? T’as peur de perdre le peu d’attaches dont tu te sers pour avancer ? Faut être lucide Orest, tu t’en sortiras pas sans Nova. Faut être réaliste Orest, tu surmonteras jamais ça seul.
Et c’est la colère qui vient étouffer toute cette anxiété. Il avance dans le couloir, cherche quelqu’un contre qui la diriger. Il lui faut quelques minutes pour s’en rappeler et puis il s’est décidé, il repense aux LMS d’Ackland qu’il a même pas eu la foi de corriger. Ca lui semblait tellement futile, ça lui semblait tellement stupide. Et puis, c’était bien le dernier qu’il devait aller frapper. Les consignes étaient claires et il n’allait pas risquer de lui rendre toute la mémoire qu’il lui avait volée - surtout maintenant qu’il ne pouvait recommencer.
Nouveau pouvoir, nouveaux problèmes. Et de nouvelles heures passées à s’y entraîner. La télékinésie n’avait pas duré longtemps, juste assez pour qu’il puisse la maîtriser. Et maintenant il était paumé, paumé et effrayé avec une envie soudaine de se venger sur quelqu’un qui ne lui avait rien demandé. Mais Joach était le meilleur ami de Heath et ça suffisait pour en faire une cible de choix - faire regretter au bleu son insolence envers les dorés. Il se redresse, prend ce faux air décidé, déterminé, il traverse le couloir rapidement jusqu’aux bungalows et n’a même pas besoin de s’embêter à chercher. La première porte est ouverte presque trop violemment, il renverse l’étage près de la porte de ce salon déserte, balaie un instant l’endroit du regard. Où es-tu Heath. Où es-tu Joach. Laissez-le défendre la fierté qu’il a depuis longtemps perdu.