Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ?
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Sujet: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ? Mer 3 Déc 2014 - 19:32
Ange calme ou démon déguisé ?
"Cessez de juger sur l'apparence. Jugez avec équité" [Jean VII-24]
Fin du cours, ponctué comme il se doit par Ekaterina posant bruyamment son livre de biologie sur son bureau. C'était ça, le vrai signal de sortie, pas l'horloge ou une sonnerie. Les élèves commencèrent à rassembler leurs affaires et à sortir, en silence, sans chahut. Parce que c'était des A. Parce que c'était un cours d'Ekaterina aussi, dont le regard glacé suffisait à arrêter sur place un élève et même un lézard livrant un LMS en douce.
La nonne s'assit à son bureau, se contentant de quelques coups d'œil ombrageux pour monitorer la sortie de classe. Elle jeta un regard laconique sur les copies du contrôle surprise du jour, dégainant son imployable style plume rouge. Enfin, surprise, pas tant que ça : les cours de la religieuse étaient quasiment toujours assortis d'un contrôle. Elle croyait fermement au vertu du contrôle, de la répétition et malheurs à celui qui ne saurait pas sa leçon... Mais vu qu'elle avait affaire aujourd'hui à l'élite de l'école, elle s'attendait à une bonne fournée. Enfin, pas trop mauvaise... Sur le plan purement scolaire et en écartant les absentéistes dorés ou écarlates qui osaient encore la défier, elle avait constaté qu'il n'y avait pas tant de différence que ça entre les classes. Preuve que bien cadré et mené à la baguette, n'importe qui pouvait réussir (ou au moins avoir la moyenne). Certes, il ya avait encore un ou deux points de plus de moyenne générale en faveur des violets, mais ce n'était guère étonnant vu que la classe d'élite attiré les génies, les travailleurs et bénéficiait d'un meilleurs environnement de travail. Elle soupira. Certaines idées de Ruthel la laissait encore perplexe après tout ce temps.
Un nom sur l'une des premières copies la tira de ses pensées et de ses corrections mécaniques. Margaery Stilevski. Un sourire amusée traversa son visage balafré. La jeune fille était encore là, vu qu'elle avait eut la joie insigne d'être tirée au sort aujourd'hui pour ranger les lames de microscopes utilisées dans la leçon. Ekaterina croyait à fond dans l'implication de ses élèves dans l'enseignement et la vie en classe. Rien de tel que des corvées pour souder un groupe ! Il faut dire que c'était ce qu'avait connu la nonne lors de son éducation religieuse...
"Mademoiselle Stilevski, venez me rejoindre..." commença-t-elle de sa voix de stentor, y ajoutant au dernier moment et un peu en retard un ton plus doux. Généralement, être appeler au bureau du professeur Bianchi, surtout après la classe, ce n'était pas bon signe. Pas bon signe du tout. Le genre de signe qui annonçait une gueulante à faire trembler les murs. Aussi la nonne se recomposa vite fait un visage plus ouvert, moins professoral. Néanmoins, les derniers élèves se hâtèrent de sortir, de peur des dégâts collatéraux, si engueulade il y avait.
La jeune fille s'avança (que faire d'autre quand une nonne de presque deux mètres vous le demandez ?), probablement en train de passer nerveusement en revue ce qu'elle aurait bien pu faire pour susciter l'ire de la prof de bio. La nonne lui dédia un sourire encourageant, ce qui était bizarre (elle ne souriait pas souvent, et pour tout dire, avec sa balafre, c'était presque encore plus inquiétant.) "Prenez une chaise." ordonna-t-elle. "Je sais que vous n'avez pas cours après et j'aimerais vous parlez cinq minutes."
Voilà encore une anomalie : un élève en faute restait toujours debout, abasourdis et honteux quand la nonne lui hurlait dessus de sa voix de sergent-major. Là, aucun signe d'énervement ou de colère ne pointait sous sa soutane noire.
Alors que Margaery s'installait, la religieuse en vint au fait, d'une voix étonnamment douce et amicale. "Je savais bien que votre prénom inhabituel me disait quelque-chose..." déclara-t-elle, mystérieusement. "Je n'ai fait le rapprochement qu'aujourd'hui, quand j'ai reçut une lettre de collègues inquiètes..."
Ekaterina se racla la gorge, cherchant comment présenter la chose. Elle rêvait d'être la conseillère, et pas que spirituelle, de ses élèves mais hélas, son physique hors-norme et son enseignement rigide avait tendance à faire se fermer ses ouailles...
"J'aimerais savoir si tout allait bien pour vous, si après tout ce temps vous vous plaisez parmi nous, au pensionnat et dans votre classe..." poursuivit-elle, sortant une lettre de son bureau. "Cela rassurerait certaines de vos vieilles connaissances. Ce sont les sœurs de votre précédent pensionnat d'Ecosse qui m'ont écrit, quand elles ont appris que j'enseignais désormais à Prismver."
Même avant d'intégrer Prismver en tant que professeur, Ekaterina passait pour avoir deux spécialités auprès de ses collègues religieux : sa passion pour l'enseignement à haut risque et...autres choses que l'on murmurait sans trop y croire... sa connaissance des phénomènes et personnes... étranges. De fait, les pauvres bonnes sœurs qui avait accueillit Margaery semblaient la voir comme l'incarnation du démon, autour duquel se passait parfois des choses étonnantes et suspecte. Bref, elles avaient cherché conseil par courrier auprès de leurs supérieurs, qui avait transmit ça d'Ekaterina. Et incidemment, quand les Traqueurs de Prismver avait contacté la nonne pour lui confirmer le don de la jeune Stilevski, Ekaterina leur avait conseillé de transférer la jeune fille ici.
"J'ignore ce que vous leur avez fait dans votre jeunesse, mais vous les avez... marquées." termina-t-elle, mentant un peu, ses collègues ayant été plus qu'explicite (et surement en exagérant). "Mais elles se souviennent encore de vous et s'inquiètent." Enfin, il était plus exact de dire qu'elles s'inquiétaient plus pour Ekaterina et les autres élèves, la lettre récente lui demandant même si elle avait exorcisé le démon. cela faisait soupirait le coté scientifique de la nonne. Elle jeta un regard analytique sur la jeune fille. Non, décidément, elle n'avait rien d'un démon. Ces notes étaient même honorables.
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Sujet: Re: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ? Jeu 4 Déc 2014 - 18:00
“ Ange calme et froid ou démon déguisé ”
Extérieurement, Margaery affichait une expression des plus calmes alors qu’elle rangeait soigneusement chaque lame de microscope dans son étui. Intérieurement, elle avait des envies de meurtre. Apprendre, assouvir son désir de connaissance, découvrir avaient toujours fait partie de sa récompense à suivre assidûment un cours et c’était sûrement ce qui faisait d’elle cette élève si studieuse et appliquée. Mais ranger des lames de microscope. Quel en était l’intérêt ? Elle se garda toutefois de poser la question à quiconque car les simples mots comme « entraide » « communauté » ou « solidarité entre élèves » lui donnaient la nausée. Elle, penser aux autres ?
Un sourire sarcastique se dessina sur ses lèvres fines mais il s’effaça une seconde après lorsque le professeur Ekaterina Bianchi l’invita à la rejoindre d’une voix puissante qui fit froncer les sourcils de la jeune fille accompagné bien malgré elle d'une expression teintée d’inquiétude. Si la nonne savait lire dans les esprits et venait d’entendre ses pensées, elle pouvait très probablement songer à la peine de mort pour sa personne. « Mais elle ne sait pas le faire » tenta-t-elle de se rassurer tout en s’avançant vers son professeur de biologie pour prendre place sur la chaise en face d’elle, légèrement angoissée.
Pourtant, Margaery n’avait jamais été une personne impressionnée par les autres. Bien au contraire, personne ne l’impressionnait en vérité. Sauf Ekaterina Bianchi. Parce que personne ne pouvait s’empêcher de ressentir une pointe d’angoisse en la voyant. Imposante, capable de crier sur un élève à en faire trembler les murs, la jeune fille se gardait bien de l’agacer et quand elle se retrouva face à elle, les mains croisées sagement posées sur ses genoux et le dos bien droit, elle ne put s’empêcher de s’alarmer sur son avenir imminent.
— C’est à quel sujet ? demanda-t-elle poliment d’une voix qu’elle espérait dénuée de toute émotion. — Je savais bien que votre prénom inhabituel me disait quelque-chose… Je n'ai fait le rapprochement qu'aujourd'hui, quand j'ai reçut une lettre de collègues inquiètes (elle se racla la gorge mais Margaery ne saisit pas l’occasion pour parler, préférant la laisser s’expliquer et ne voyant absolument pas où elle allait en venir). J'aimerais savoir si tout allait bien pour vous, si après tout ce temps vous vous plaisez parmi nous, au pensionnat et dans votre classe (elle sortit une lettre de son bureau dont Margaery ne distingua pas la provenance mais qui attisa sa curiosité ainsi que le changement de ton soudain de la nonne, plus amical, presque doux, ce qui ne la soulagea pas plus que cela). Cela rassurerait certaines de vos vieilles connaissances. Ce sont les sœurs de votre précédent pensionnat d'Ecosse qui m'ont écrit, quand elles ont appris que j'enseignais désormais à Prismver. J'ignore ce que vous leur avez fait dans votre jeunesse, mais vous les avez... marquées. Elles se souviennent encore de vous et s’inquiètent.
Deux sentiments totalement paradoxaux se percutèrent dans l’esprit agité de la jeune fille. Elle était à la fois terrorisée de voir son passé chez ces harpies de nonnes ressortir mais ne pouvait s’empêcher de s’enorgueillir de les avoir marquées. Si elle avait même pu faire autre chose que simplement les marquer – les pendre, les brûler ou même les vendre au Diable – elle n’aurait pas hésité une seule seconde. La seule chose qu’elle avait pu se contenter de faire par simple vengeance d’une décision dont les nonnes n’étaient même pas responsables (mais c’était un détail qu’elle occultait généralement de son esprit) avait été de les hypnotiser. Pourtant, nombreuses de ses tentatives n’avaient été que des échecs, car trop en colère, trop affectée, trop submergée pour réellement se concentrer.
Toutefois, il n’avait suffit que de deux succès et de quelques autres tours de sa part dont elle était si fière pour semer la panique au sein de ce groupe qu’elle haïssait de tout son être. Leur accent, leur dévotion à ce Dieu qu’elle méprisait. Elle n’avait toujours eu que du dédain pour les croyants qui ne juraient que par Lui, elle qui s’était construite toute seule, sans l’aide de personne, elle qui avait rapidement compris que la connaissance pouvait vous rendre bien plus important que les autres si elle s’avérait être utilisée avec intelligence.
Elle revint brusquement à la réalité et scruta son interlocutrice d’un regard partagé entre la curiosité et l’ennui du sujet abordé. Il ne fallait pas qu’elle montre à son professeur ce trop-plein d’émotion qui semblait déborder d’une seconde à l’autre. Il était absolument inconcevable qu’elle dise quoi que ce soit à propos de ce pensionnat, pas même si Ekaterina avait pris un ton moins professoral, presque conseillère.
Elle ne parlait de cela à personne. Jamais.
— Vous m’excuserez auprès d’elles de ne pas leur avoir envoyé une carte postale, finit-elle par répondre d’une voix douce car elle ne désirait absolument pas énerver son professeur de biologie mais où perçait très aisément le sarcasme.
Margaery voulait que la conversation s’arrête là. Parler de ce pensionnat, de ces nonnes qu’elle maudissait chaque jour pour les quelques mois passés en leur présence, de ce passé qu’elle redoutait, avait la mauvaise manie de l’affecter et tout ce qui l’affectait la rendait détestable. Pourtant, elle ne pouvait s’empêcher d’être poussée par la curiosité, de savoir. En quoi Ekaterina était-elle liée à ces nonnes ? Quel était leur réel lien ? Était-ce elle qui l’avait fait venir à Prismver ? Pourquoi ne lui en parler que maintenant ? Que savait-elle de son passé finalement ? Que lui avaient-elles dit ? Et pourquoi avait-elle ce désagréable sentiment que son professeur essayait de l’aider, elle qui n’acceptait de secours de personne ?
Elle inspira pour reprendre le contrôle de ses pensées, ayant le sentiment qu'elle perdait totalement le contrôle de la situation.
— Vous pourrez leur annoncer la Bonne Nouvelle que je me plais énormément ici, ajouta-t-elle en se retenant de préciser que même si elle avait été battue, frappée ou pire à Prismver, elle n’aurait quand même jamais franchi de nouveau les portes de ce cloître maudit en Ecosse.
Elle n’avait pu s’empêcher d’employer ce terme spécifique de « Bonne Nouvelle », plus parce que le sarcasme avait toujours été son seul moyen de défense que par réel désir d’énerver son professeur qu'elle respectait. Cependant, elle retint sa respiration, un mélange d’excitation et de peur la traversant fugacement. Elle ne pourrait s’en vouloir qu’à elle-même si son professeur entrait dans une colère noire.
Sujet: Re: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ? Jeu 11 Déc 2014 - 22:40
Ange calme ou démon déguisé ?
"Quand vient l'orgueil, vient aussi l'ignominie; Mais la sagesse est avec les humbles." [Proverbes 11:2]
Son élève fini par répondre à son invitation (qui oserait la décliner de toute manière ? Même les plus je-m'en-foutistes ou rebelles des E avaient tendances à faire tendance à faire profil bas devant une nonne chaussée de rangers aussi grande, voire plus, qu'eux). Visiblement, la convocation ne l'enchantait guère malgré son demi-sourire, pas plus d'ailleurs que le fait d'avoir été l'heureuse élue nominée au rangement. Mais en bonne jeune fille bien élevée, Margaery, s'approcha et s'installa près de la religieuse.
"Vous m'excuserez auprès d'elles de ne pas leur avoir envoyé une carte postale." fini par répondre la demoiselle. Elle affectait une voix sérieuse et calme, la voix d'une première de la classe, d'une douce jeune fille obéissante... Mais dans laquelle perçait quand même un peu de morgue typique de l'adolescence et un sarcasme certain. C'était à la mode dans cette génération, l'ironie et le sarcasme. La rébellion douce (ou plutôt acide) des intellos. Ekaterina n'était pas sûr d'aimer ça, elle qui préférait avant tout la franchise et l'affrontement verbal direct. Une bonne colère, une engueulade et tout était dit, on crevait l'abcès et on pouvait se pardonner et reconstruire. Les railleries et le sarcasme étaient vicieux, un pourrissement des relations. Fausse bonne humeur, fausse gentillesse, tout en distillant du poison verbal. C'était un chemin qui risquait de mener vers l'isolement, vers une conviction fausse de supériorité et vers le mépris facile.
En tout cas, l'inimité entre Margaery et ses consœurs écossaises était donc surement respective. Ce n'était pas trop étonnant, si on en croyait les lettres affolés de ses pauvres bigotes, visiblement dépassé par une enfant à problème... Et qui avait sans doute réagir avec toute la rigueur (ce qui était bien), l'intolérance (ce qui l'était beaucoup moins) et l'incompréhension dont savait parfois (hélas encore trop souvent) faire preuve l'enseignement religieux.
Pourtant, à regarder Margaery, difficile de l'imaginer en "démon" ou même en gamine à problème. Cela titillait la curiosité de la professeur de biologie... Mais amener Margaery à se confier sur son passé allait sans doute être très difficile. Ekaterina avait l'expérience l'enseignement et des adolescents et il n'avait fallut qu'une phrase pour juger que la A serait du genre à s'enfermer derrière un masque de politesse froide et calme, subissant les interrogatoires éventuels avec une fausse soumission teintée de sarcasme qui ne lui apprendrait probablement rien. Il allait falloir être plus subtil que ça et la mettre en confiance.
En tout cas, la mention de son passé avait apparemment plus troublée la jeune fille qu'elle ne s'y attendait.
Après s'être recomposé un masque de bienséance, Margaery continua, toujours sur le ton de la froide ironie. "Vous pourrez leur annoncer la Bonne Nouvelle que je me plais énormément ici" souffla à nouveau la A, laissant à nouveau percer le sarcasme dans sa douce voix. Ekaterina ne put s'empêcher d'éclater d'un rire bruyant. Les élèves passaient leur temps à balancer des piques sur sa religion. Elle portait l'habit et ne faisait pas un mystère sur sa Foi inébranlable, même ici en tant qu'enseignante de biologie, mais sans jamais laisser la religion venir se mêler de son enseignement. Du coup, la provocation sur le thème de celle-ci la laisser totalement insensible, voire juste un peu amusée quand c'était bien fait, comme là, et ne troublait pas son cours.
"Oh, comptez sur moi !" répondit-elle avec un large sourire. "Je leur dirais que vous avez forgé ici une voix mielleuse, digne du Serpent." Elle soupira, reprenant son sérieux. "Je ne sais pas ce qu'il y a entre vous et mes collègues. Pas exactement." laissa-t-elle tomber de sa voix grave, professorale. "Mais... à leur façon, que tu jugeras sans doute idiote et bigote, elle s'inquiétaient réellement pour toi. Peut être pas de la bonne manière et elles n'ont sans doute aboutit qu'à te rendre plus méfiantes envers la religions, le professorat et les autres. Mais même si mes Sœurs ont été dans l'erreur, ou pas d'ailleurs, je n'ai eut que des ouïs-dires, ne les méprise pas et au contraire tend leur la main du Pardon."
Ekaterina ne savait pas trop si ce genre de discours pouvait toucher la jeune fille, mais en bonne catholique, elle croyait au Pardon et aux secondes chances. Elle pourrait appuyer ça de toute son autorité professorale, ordonner à sa pauvre élève d'écrire une lettre repentante, puis la corriger et lui dire de recommencer sérieusement pour lui ôter toute raillerie. Mais ce ne serait sans doute pas la bonne solution. La nonne voulait plutôt essayer de comprendre cet élève que ces consœurs avaient qualifié presque en tremblant de "démoniaque", insinuant même une éventuelle possession... Et qui se révélait être en apparence une jeune fille intelligente et équilibrée. Elle voulait que l'idée d'écrire une lettre de pardon vienne d'elle même à Margaery, mais ce n'était pas gagné...
Elle leva la main, soupirant à nouveau "Je sais. Tu va me dire que tout cela n'est pas mes affaires, voire que j'outrepasse mon statut de professeur pour me mêler de ton passé et de ta vie privée..." Un sourire amusé lui traversa son visage couturé. "... Mais j'avoue être curieuse de ce que tu as bien pu faire à mes consœurs un peu coincées. Même si je ne le parais pas maintenant, la sagesse m'étant venu au fil des années, j'ai aussi eut quelques moments dans ma jeunesse où j'ai... relâché la pression que peut occasionner le rude enseignement catholique." Une petite exagération, Ekaterina avait bien quelques bêtises honteuses d'ado qui trainaient au fond de sa mémoire, mais globalement elle avait toujours été une bonne élève, gentille et dévouée. C'était ça ou passer pour la brute de service, avec son physique. Ses plus grandes erreurs étaient venues plus tard, lorsque sa Foi avait vacillé fasse à l'injustice criante de ce monde.
"Si je me mêle de ça aussi, c'est que je me sens partiellement responsable de ta venue ici. " continua la professeur de biologie. "Tes anciennes chaperonnes écossaises m'ont consulté et les Traqueurs de Ruthel m'ont confirmé l'existence chez toi d'un don magique, aussi j'ai lourdement insistée pour que l'on te propose cet établissement. Heureuse donc qu'il te plaise et que tu te sois brillamment hissée dans la classe la plus avancée."
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Sujet: Re: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ? Jeu 25 Déc 2014 - 17:13
“ Ange calme et froid ou démon déguisé ”
Devant le rire franc et bruyant de son professeur, Margaery ne put s’empêcher de hausser un sourcil. Elle avait beau avoir été éduquée pour être sage et bien élevée en société, la jeune fille n’avait jamais appris à être drôle et encore moins à provoquer l’hilarité dans son entourage. Bien au contraire, son sarcasme, qui laissait souvent croire aux autres qu’elle pensait ce qu’elle minaudait, avait plus tendance à agacer qu’à faire rire. Son haussement de sourcil s’accentua lorsque son professeur compara sa voix à celle d’un serpent. Elles avaient fait la même chose, ces nonnes tellement naïves, à la comparer à la tentation et à tout ce qui pouvait se rapprocher du mal. Ce n'était finalement pas la première fois qu'on dressait d'elle un portrait très loin de celui d'un ange.
— Je ne sais pas ce qu'il y a entre vous et mes collègues. Pas exactement (elle avait lâché cette phrase d’une voix grave qui donna à Margaery le sentiment que la conversation prenait une autre tournure). Mais... à leur façon, que tu jugeras sans doute idiote et bigote, elle s'inquiétaient réellement pour toi. Peut être pas de la bonne manière et elles n'ont sans doute aboutit qu'à te rendre plus méfiantes envers la religions, le professorat et les autres. Mais même si mes Sœurs ont été dans l'erreur, ou pas d'ailleurs, je n'ai eut que des ouïs-dires, ne les méprise pas et au contraire tend leur la main du Pardon.
« Oh non, ça ne commençait pas si mal pourtant » songea Margaery. Elle se retint de lever les yeux au ciel, plus par habitude d’avoir été reprise à faire ce geste au pensionnat que par réel désir de ne pas froisser son professeur. Le Pardon. Comme si tout ne se réglait qu’avec le Pardon. Le pardon ne la ferait jamais revenir chez elle. Le pardon ne ferait jamais comprendre à ses parents à quel point elle avait été malheureuse d’être séparée si jeune de ce pseudo-cocon familial, à quel point elle s’était sentie trahie d’être éloignée de sa maison, de sa gouvernante Emma et même de ce stupide chat. Tout ça parce qu’elle avait utilisé son pouvoir sur Emma et qu’ils avaient jugé cette pauvre fille incompétente à s’occuper d’elle alors qu’elle avait probablement dû être la seule personne à la connaître. Et à ce moment, ses parents n’avaient pas pardonné. Personne n’avait pardonné.
Alors pourquoi devait-elle pardonner, elle ?
— Et pourquoi devrais-je m’excuser ? finit-elle par dire, la tête légèrement penchée sur le côté.
Il ne fallait pas qu’Ekaterina sache pour le couvent. Que toutes les mauvaises farces qu’elle avait pu faire à ses sœurs n’étaient que le résultat d’une haine profonde envers un choix dont elles n’étaient nullement responsables. Margaery s’était vengée sur elles parce qu’elle n’avait pu le faire sur personne d’autre. Et puis, parce que ces nonnes semblaient vouloir la ranger dans un modèle de sainteté qui lui donnait la nausée. Pourtant, la jeune fille ne pouvait rien leur reprocher, à part d’avoir été les gérantes d’un lieu qui pour elle signifiait l’enfer. Elle ne reconnaîtrait jamais qu'elles aient pu l'aider dans quoi que ce soit mais elle occultait une grande partie de la vérité en les dépeignant comme des harpies.
Margaery s’apprêtait à ajouter quelque chose mais son professeur leva la main, comme si elle s’était attendue à des contestations de sa part. Elle cessa de croiser ses mains, intriguée. Peut-être n’avait-elle pas bien jugée Ekaterina. Sa curiosité habituelle reprit le dessus et elle se contenta de se renfoncer dans son siège, son esprit vraisemblablement plus enclin à la discussion que quelques minutes auparavant.
— Je sais. Tu va me dire que tout cela n'est pas mes affaires, voire que j'outrepasse mon statut de professeur pour me mêler de ton passé et de ta vie privée... (un sourire traversa les lèvres du professeur et la jeune fille remarqua à quel point sa cicatrice sur la joue droite était visible tout en se demandant rapidement ce qu’elle avait bien pu faire pour avoir cela) ... Mais j'avoue être curieuse de ce que tu as bien pu faire à mes consœurs un peu coincées. Même si je ne le parais pas maintenant, la sagesse m'étant venu au fil des années, j'ai aussi eut quelques moments dans ma jeunesse où j'ai... relâché la pression que peut occasionner le rude enseignement catholique.
Margaery cligna des yeux, étonnée. Elle s’était sûrement attendue à un sermon de la part de son professeur ou à des questions presque malsaines sur ce sujet parce qu’elle en avait justement fait un sujet tabou à son arrivée à Prismver et que ce n’était pas la première fois qu’on lui demandait de raconter ce qu’elle avait bien pu faire là-bas. Mais à des confidences de la part de son professeur. L’espace d’un instant, elle eut envie de lui raconter ce pensionnat maudit, cet éloignement forcé de ses parents dont elle doutait chaque jour qu’ils l’aiment encore ou de sa gouvernante dont elle était la cause involontaire de son renvoie. Elle voulut lui dire à quel point avoir été une bonne élève studieuse ne l’avait pas ramené chez elle, en Russie. A quel point son pays, sa langue, ses livres lui manquaient et que rien à Prismver ne pouvait combler sa mélancolie.
Elle voulut lui dire tout cela.
Mais elle ne le fit pas.
— Alors, c’est en quelque sorte..(elle s’humecta la lèvre) donnant-donnant ? Je vous raconte l’un des jolis tours que j’ai pu leur faire et vous m’en apprenez d’autres ?
Sa voix était un mélange de sarcasme et d’un mince filet d’espoir. En le formulant ainsi, elle avait presque le sentiment d’être obligé de raconter son passé pour en apprendre un peu plus sur celui de son professeur. Et elle était curieuse. Margaery songea un instant qu’Ekaterina l’avait probablement déjà remarqué et qu’elle en jouait mais elle ne s’attarda pas sur cela.
— Il est possible que j’ai utilisé mon pouvoir à des moments… (elle choisit avec soin ses mots) cruciaux dans la vie d’une bonne soeur, confia-t-elle à son professeur et sans vraiment le réaliser, elle avait baissé la voix, comme si en parler la rendait mal-à-l’aise, comme si tout ce qu’elle avait essayé d’enfouir allait resurgir.
Elle s’apprêtait à devoir poursuivre lorsque son professeur continua :
— Si je me mêle de ça aussi, c'est que je me sens partiellement responsable de ta venue ici. Tes anciennes chaperonnes écossaises m'ont consulté et les Traqueurs de Ruthel m'ont confirmé l'existence chez toi d'un don magique, aussi j'ai lourdement insistée pour que l'on te propose cet établissement. Heureuse donc qu'il te plaise et que tu te sois brillamment hissée dans la classe la plus avancée.
Sa respiration s’arrêta.
C’était donc ça, la raison de son entrevue avec son professeur. Ekaterina était tout simplement curieuse de savoir comment la petite fille qu’elle avait tirée de ce pensionnat s’en sortait, coupée de tout contact familial et emprise à une haine intense envers tout ce qui concerne la religion. Margaery ne sut pas discerner si son professeur ressentait de la fierté de l’avoir sortie du couvent ou l’attente d’une quelconque reconnaissance de sa part ou bien de la simple curiosité. La seule chose que la jeune fille comprit, c’est que c’était parce qu’Ekaterina avait lourdement insisté pour qu’elle soit dans cet établissement qu’elle n'avait pas pu retourner dans sa Russie natale. Si ces harpies n’avaient pas consulté son professeur, si les Traqueurs de Ruthel n’avaient rien confirmé et si personne ne s’était préoccupé de son existence, les nonnes auraient bien fini par demander à ses parents de la reprendre et elle serait revenue. Malgré les compliments qu’ajouta son professeur sur le fait qu’elle se trouvait dans la classe la plus avancée et qui en temps normal aurait flattée son ego, cela ne masqua pas ce qu’elle avait dit précédemment et ce à quoi son esprit s'attachait.
Sans Ekaterina, elle ne sera pas là.
Elle se recomposa une expression froide et distante, presque honteuse d’avoir été l’espace de quelques minutes ouverte à la discussion. Elle ne pourrait jamais être ouverte à la discussion sur ce sujet.
Jamais.
— Je ne suis pas certaine que reparler de tout cela change quoi que ce soit à la situation actuelle. Je suppose que vous avez fait ce qui était probablement le plus juste.
La seule chose dont elle était certaine, c’était que ce couvent, ces nonnes et tout ce qui se rapporte à l’Eglise méritaient de brûler.
Sujet: Re: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ? Sam 10 Jan 2015 - 12:45
Ange calme ou démon déguisé ?
"Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés" [Matthieu 6-12]
Le rire d'Ekaterina surpris visiblement son élève. Bien, cela lui permettrait peut être de ce mettre à l'aise. Par contre, le discours sur le Pardon et les suggestion de la religieuse eut l'air de l'ennuyer, voire même de l'agacer un brin. "Et pourquoi devrais-je m'excuser ?" laissa tomber laconiquement Margaery.
Ekaterina eut un petit sourire en coin en écoutant la réponse de la jeune A. Ah, ces adolescents ! Rien n'était jamais leur faute. Et même si ce n'était pas le cas, il voyait toujours le pardon ou les excuses comme une faiblesse, voire une atteinte à leur honneur. S'excuser en premier ? Jamais de la vie ! Toujours à vouloir le respect, comme s'il était dû, comme s'il ne fallait pas aussi (et d'abord) l'accorder aux autres. Ils ne comprenaient pas que pardonner, s'excuser en premier était plutôt une preuve de maturité, une main tendue vers la réconciliation, vers le dialogue. Décidément le concept de miséricorde était dur à faire entrer dans certain crâne. Faire le premier pas était toujours ardu, surtout en cet âge de sensibilité à fleur de peau, mais n'en était-ce pas encore plus gratifiant ? Le regard de la religieuse se perdit un instant sur la salle de classe des A, à présent vide. Curieusement, c'était avec les A et leur opposé, les E, que ce genre de concept prenait le moins. Entre l'élite (souvent autoproclamé), les nantis et les exclus, les rebelles. Peut être était-ce là un test imaginé par Ruthel, ce système d'éducation bizarre étrangement nivelé. Les élèves pourraient-ils dépasser leurs différences, se pardonner leurs offenses ? La nonne avait trop vécu pour y croire et était dubitative, même si en son cœur, elle gardait l'espoir. Tout comme elle gardait l'espoir qu'un jour Margaery s'ouvre au Pardon et à la discussion... Mais Ekaterina n'était pas (pas trop) du genre prosélyte et ne forçait pas ses visions du monde aux autres. Elle laissa donc la question de son élève en suspend. Qu'elle y réfléchisse elle-même serait d'ailleurs surement plus profitable. A la place, elle se contenta d'un sourire à la fois bienveillant et énigmatique (une spécialité des religieux).
Après qu'Ekaterina est expliqué sa position et fait part de son intérêt sur son passé, semant chez Margaery les graines de la curiosité. "Alors, c'est en quelque sorte..(elle s'humecta la lèvre) donnant-donnant ? Je vous raconte l'un des jolis tours que j'ai pu leur faire et vous m'en apprenez d'autres ?" Il fallut tout l'entrainement de séminariste de la religieuse pour ne pas éclater d'un rire franc et donner une tape dans le dos à la jeune fille. Voilà une idée qui était bien digne d'une A ! Décidément, il y avait bien chez cette jeune fille un esprit plus complexe et intéressant que celui d'une beauté froide qui jouait à l'ange tranquille. Ekaterina n'avait pas honte de son passé et des quelques erreurs et péchés qui l'entaché (elle n'était pas une sainte, même les religieux ne sont que des hommes). Quelques anecdotes choisies pourraient en effet peut être lui ouvrir les portes du passé ou de l'âme de la jeune fille, ce qui lui permettrait de mieux la comprendre... Mais d'un autre coté, Ekaterina n'aimait pas l'idée. Trop... mercantile. Partager son passé, exposé ses défauts et ses fautes (fussent-ils enterrés bien loin dans les sables du temps et depuis longtemps pardonnés) devrait être une démarche volontaire, désintéressé. Un partage, oui, mais sans notion de valeur, sans rien attendre en retour : presque un don. La partie cynique (ce devait être son coté scientifique) de son esprit lui rappela alors qu'elle se mentait un peu à elle-même : si elle révélait quelques anciennes histoires de son jeune (ou moins jeune) temps, ce serait sciemment, pour encourager Margaery à faire de même et donc pour satisfaire sa propre curiosité. Hypocrisie, donc. Mentalement, la nonne récita quelque prière, sachant très bien (à son âge on commençait à se connaître) qu'elle y céderait, tout comme Adam et Ève finirent par croquer la pomme : la connaissance était un appel irrésistible pour l'être humain... Mais la miséricorde du Seigneur était infinie...
"Ah, ah ! Cela fait un peu marchands du Temple comme façon de voir les choses, mais je n'ai rien contre compter une ou deux anecdotes de jeunesse. Comme comment j'ai intégré pour un temps l'équipe de boxe masculine de mon collège par exemple..."
Mais avant cela, elle révéla à Margaery son implication dans son transfert ici, croyant ainsi établir une base de confiance avec son élève. Curieusement, la jeune fille se figea suite aux déclaration d'Ekaterina. "Je ne suis pas certaine que reparler de tout cela change quoi que ce soit à la situation actuelle. Je suppose que vous avez fait ce qui était probablement le plus juste." déclara-t-elle d'un ton posé. Un ton qui sonnait artificiel, distant, presque froid, tout comme sa posture. Ekaterina sentait qu'elle avait touché un point sensible, sans savoir exactement lequel. Alors que la discussion prenait peu à peu la voie de l'échange, Margaery s'était soudain fermée comme une huître. La religieuse avait envie de la secouer, de briser ce masque distant à coup de poings et de gueulante. Fantasmes, bien sûr, jamais Ekaterina ne lèverait la main sur un élève. Colère. Et Orgueil. Des péchés capitaux. Si Ekaterina cédait à la curiosité, elle ne tomberait par contre pas de ce genre de travers.
Elle hésita : devait-elle simplement laissé repartir la jeune fille, maintenant que celle-ci avait remit son masque d'indifférence et avait explicitement indiquer qu'elle ne voulait plus en parler ? Clore là pour laisser se décanter les choses et revenir là-dessus un autre jour ? Cela pourrait être une bonne idée, mais Ekaterina avait toujours été une femme d'action, qui n'avait rien contre l'opposition et la confrontation.
"Oh, mais si mon enfant, parler change tout." répondit-elle, parodiant un instant volontairement l'attitude d'un confesseur, avant de reprendre un ton un brin plus sérieux. "Garder pour soit certaines chose ne peut amener qu'au ressassement. Qu'il est aisé pour quelqu'un de s'auto-persuader, de croire que son point de vue est le bon. Le dialogue avec autrui permet d'ouvrir d'autres options, de voir le passé et le futur sous un autre angle. Et même si on ne les écoutent pas, conseil et avis d'autrui offre un changement de paradigme qui peut être salutaire. Oui, j'ai cru faire ce qui était juste et bon pour toi en appuyant lourdement ton envoi ici. Vu que tu le supposes simplement m'en fait donc maintenant douter...Mmmhhhh... Pourtant, je ne crois pas que tu es voulu rester au pensionnat religieux... Donc toi, que l'on a jugé peut être à tord trop jeune ou pas assez informé pour être consulter, qu'aurais-tu vraiment voulu, toi ?"
HRP:
Nul besoin de s'excuser, je ne suis pas à la minute ! ^^ Et j'espère que toi non plus, j'ai été encore plus long à répondre... Désolé.
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Sujet: Re: Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ?
Ange calme et froid ou démon calculateur dissimulé ?