Français, ça s'entend. Abel a quitté Paris, sa famille riche et son appartement bourgeois à l'âge de 14 ans. C'est à la fois l'âge ou il est devenu totalement aveugle, et l'âge ou son don de Sacrifice des Sens est apparut. C'est sans peine qu'il a abandonné tout ce qu'il avait : des parents trop occupés, trop arrogants, qui ont cru que le couvrir de biens matériels pourrait remplacer l'amour à lui offrir. Mais non. Abel a grandit ignoré par ses parents, il n'a pas reçu l'amour qu'il aurait dû recevoir en tant qu'enfant, qui plus est enfant unique. Seulement des jouets, de l'argent, et la plus grande liberté puis que ses parents avaient autre chose à faire que de se soucier de lui.
Mais il est toujours resté droit, si l'on met de côté sa tendance à fréquenter les draps de n'importe qui depuis longtemps. Abel a étudié à Prismver, en B, puis il a fait des études littéraires à Londres, en colocation avec Terry Clayton, de 18 à 24 ans. En novembre, cette année, il est revenu à Prismver car le professeur dont il était apprenti à Londres (l'auteur du livre d'Etienne Dobson) s'est suicidé. Il est désormais en colocation en ville avec Emma Lind, ancienne camarade de classe autrefois amoureuse de lui et avec qui il a passé une unique nuit.
Il a toujours l'air droit, dans son allure impeccable, raffinée : costume tiré à quatre épingles ou look très "bourgeois parisien", Abel est riche et ça se voit. Tout en lui, de son corps à son attitude, ses gestes et mimiques, tout est délicat, fin, calme, méthodique, appliqué. Méticuleux. Il est grand et maigre, sec. Il a un appétit d'oiseau et ne fait pas de sport. Il inspire une certaine fragilité.
Il est poète, sensible, délicat. Il aime les belles choses de la nature tels que les coquelicots ou un ciel étoilé. Quand il en a l'occasion, il n'hésite pas à utiliser son don pour les contempler, même si il ne peut pas le faire longtemps ; ce sont les seules choses qui lui manquent un peu, parfois. Voir la beauté de la Vie.
Abel a toujours préféré la nature non humaine à l'Homme. Il préfère être seul en pleine nature plutôt qu'en ville, préfère la compagnie des animaux à celle des humains. Solitaire.
Abel a ce que l'on pourrait appeler le
"spleen baudelairien." Une mélancolie inexplicable, l'ennui, le découragement, la solitude, l'absence de désirs, d'ambitions, d'espoirs. Plus simplement, ses proches le disent "éteint". Lui, il dit qu'il attend la mort, sans avoir le courage d'aller la trouver.
Alors en attendant, il s'occupe comme il le peut. Les journées sont horriblement longues, quand chaque minute n'est qu'ennui. Alors il se divertit avec Terry Clayton ou Johnny Corso. Il fait ses cours. Il joue un peu de basse. Il gère son bar en ville, le
Remains. Il joue avec son chien d'aveugle. Il sort en boîte de nuit. Fume, boit. Couche avec des inconnus.
Tout cela n'a qu'un but : combler le temps trop long. Et cet ennui, ce "spleen", il l'a depuis sa plus tendre enfance. Mais il était discret, calme, sage, et pas méchant. A la base.
C'est lorsque, ado, il est tombé amoureux de son meilleur ami, avec qui il est sorti, que les choses ont un peu changé. Jack est mort d'une overdose. Et Abel qui n'avait déja pas grand intérêt pour la vie est devenu cynique. Jusqu'alors, il se savait différent des autres mais les enviait : il voulait sortir de cet état de mélancolie permanent, être comme les autres, être heureux, même si il n'y parvenait pas. Mais après la mort de Jack, il s'est mis à ne plus envier les autres, et au contraire, à les juger pitoyables dans leur combat pour le bonheur. Il n'aime pas les caractères chauds, les passionnés, les impulsifs. Il juge de pitoyable quiconque est dans le drame, l'effusion des sentiments, car lui est éteint, et rien ne l'atteint plus. Son envie d'être comme les autres est devenu incompréhension, cynisme, dégoût et moqueries.
Alors voila, il vit comme ça. Ni gentil ni méchant, mais cynique et mélancolique. Poète éteint, âme égarée, jeune adulte sans passion, sans hargne ni joie de vivre. Pourtant, il est droit, sociable, abordable. Mais ni aidant, ni bien intentionné ; la plupart de ses relations ne sont qu'hypocrisie.
▬ Pro A (responsable de la classe) ▬ Patron du
Remains ▬