Trying to say, fuck everything | TRENT

Narcisse ne savait plus vraiment pourquoi il attendait devant la porte. S'observant dans le reflet de la vitre, il rajusta son débardeur beaucoup trop décolleté et passa une main dans ses cheveux pour leur redonner la forme désiré. Ok. Il était parfait. Ptêtre un peu trop en fait. Il aurait sans doute du enfiler une chemise propre et un pantalon descend, sa cravate dorée nouée autour de son cou. Mais depuis qu'Anshu avait évoqué l'idée de lui mettre un collier, Narcisse n'était plus vraiment motiver pour s'enserrer le cou avec quoi que ce soit. Et puis de toute façon se serait criminel de cacher un torse aussi parfait non ?
Bref. En attendant, il était là, planté comme un piquet, hésitant à frapper ou non. Tout avait commencé avec une connerie. Tout commençait par une connerie de toute façon. Il était entrain de faire tourner en bourrique un petit première année encore tout frêle sur ses jambes : son sac à dos entre ses mains, il jouait son rôle d'emmerdeur de première à la perfection. Et puis c'était drôle de voir le gamin s'incliner devant lui et d'embrasser ses chaussures puis de l'appeler maître. Il devait vraiment tenir à son sac s'il était prêt à se ridiculiser de la sorte. Sauf qu'un pion était venu tout gâcher. D'habitude Narcisse arrivait à les éviter mais cette fois ci l'adulte était coriace. Un peu trop à son goût. Et de fil en aiguille il s'était retrouvé convoqué chez le psy nouvellement arrivé et toute absence serait signalée à son paternel. Super.Vraiment super. Si jamais son géniteur avait vent de ce qui se passait réellement au pensionnat, Narcisse passerait le moment le plus agréable de sa vie : fer et cuir, il entendait déjà la ceinture de son père claquer. A vomir. Donc Narcisse avait traîné sa (magnifique) carcasse jusqu'au bureau du psychologue en question.
Il n'avait jamais aimé les psy, leur façon de jouer un rôle, de faire semblant d'être à l'écoute, de penser avoir gagné la partie parce qu'on s'asseyait en face d'eux sur une chaise. Enfin qu'importe. Il lui raconterait ce qu'il voulait entendre, s'autoflagellant en expliquant à quel point il était un être humain faible et manipulé, il verserait quelques larmes et ne reviendrait plus jamais.
Bref, c'était parti pour le show.
Narcisse ouvrit la porte, entrant dans un bureau vide. Ok. Pas de psy en vue. C'était du sérieux tout ça. Cherchant la lumière du regard, il localisa l'interrupteur et alluma la pièce. Pièce banale. Sombre. Vraiment mal décorée et de très mauvais goût. Ptin. Si seulement le psychologue avait pu être une femme. Tout cela aurait été beaucoup plus amusant. Quoi que. Un homme aussi ça pouvait le faire. Enfin, il était pas venu pour ça et depuis quelque temps Narcisse n'avait plus trop l'esprit à la drague et autres conneries. Entre les merdes avec Sonera et celles avec Anshu il ne savait plus sur quel pied danser et c'était carrément nouveau pour lui.
S'installant dans ce qui semblait être le fauteuil personnel du psychologue, Narcisse posa avec satisfaction ses pieds sur le bureau et commença à siffler. Autant faire les choses bien non ? Comme ça quand le fameux monsieur entrerait, il aurait vu sur sa magnifique personne, dominant dans le siège du pouvoir. Quoi de mieux pour une première impression ? Bon et il penserait sûrement qu'il avait affaire à un petit merdeux de première. Ce qui était tout à fait vrai. Narcisse était un chieur et cet entretient le faisait royalement chier.

« Que me vaut l'honneur de ta visite, petit prince ? »

Oh. Ooooh. merde. C'est un beau morceau qu'il a sous les yeux. Un très très beau morceau. Le genre qui ressemble foutrement à son père. Même regard dur, même posture dominante. Un instant Narcisse pense à se lever d'un bond, de se mettre au garde à vous et de baisser les yeux pour ne plus jamais les relever. Que dire, que dire, les vieilles habitudes ont la peau dure. Mais à la place, Narcisse enfonce un peu plus son derrière délicat dans le fauteuil, change la position de ses pieds et se tourne pour observer le nouvel arrivant. Le psy. Alors c'était lui. Bien différent des autres. Très différent. Ptêtre qu'il arriverait à faire quelque chose ici ? Il connaissait un ou deux élèves qui auraient bien besoin de soutient. Pas qu'il en ai quelque chose à faire....
Silence.
Et Narcisse se souvient que la Montagne lui a posé une question. Qu'est-ce qu'il fait là hein ? Se redressant sur son siège, il enlève les pieds du bureau pour pouvoir faire face à Trent. Offrant au psychologue son sourire le plus charmeur qu'il a en réserve, il passe une main dans ses cheveux. Séduction, acte, jeu de rôle. Cette brute ne tirerait rien de lui. Pas aujourd'hui. Non. Aujourd'hui c'était lui qui allait s'amuser.

« Oh ? Pour une fois qu'on considère ma visite comme un honneur. Merci. Ça fait du bien un peu de reconnaissance. »

Léger rire, il adresse un clin d’œil malicieux à son interlocuteur. Bien sur qu'il sait que c'est des conneries. Il est sur que derrière la fumée de sa cigarette, il pense déjà à lui en foutre une dans la tronche. Mais il ne le touchera pas. Il ne peux pas de toute façon. Il n'a pas le droit. Et il s'assurera que ça n'arrive pas.

« Hmm en fait j'avoue que c'est pas vraiment une visite de courtoisie. Moi même je sais pas trop ce que je fais là, j'ai reçut cette petite note hier matin »

Fouillant dans sa poche, il tire sa convocation pour un rendez vous avec le nouveau psychologue. Bruissement du papier, Narcisse la roule en boule et la jette aux pieds de Trent. Oups. Haussant les épaules et prenant son air le plus innocent il reprend, moqueur.

« Franchement monsieur, je n'ai aucune idée de ce que je fais là. Il doit y avoir une erreur. Vous pensez pas ? »

Alors Trent, tu vas faire quoi ? Lentement, il se retourne face au bureau et pose à nouveau ses pieds sur sa surface lisse. Provocation.