Il me regarde étrangement. C’est en constatant un p’tit problème dans ma cabane que j’ai décidé de venir faire un tour ici. Pas que ce soit grave. J’suis juste encore pris pour un dégénéré mental. J’ai l’habitude. J’en voulais juste encore. C’était vital.
Je me suis retrouvé dans la totale incapacité à réfléchir il y a une petite heure. Faith étant en vadrouille, j’me suis tourné vers les bonbecs. Les sucettes, fils acidulés, chewing-gums. Le sucre quoi. Depuis hier soir, j’ai pas eu le plaisir d’y goûter. L’autre chieuse a tout bouffé. Une demi-journée sans sucre, je décède. Sur le champ. Elle le sait. Je sais qu’elle le sait. Elle sait que je sais qu’elle le sait. Je sais qu’elle sait que je sais qu’elle le sait, m’voyez. Et elle a tout bouffé.
Je suis particulièrement tenace. Quand j’veux quelque chose, je l’ai. Directement. Sans hésitation, je fonce. Alors j’ai foncé. C’était ma dernière chance de survie. L’infirmerie. J’ai bien repéré la chose, quand je m’y suis retrouvé par hasard après m’être un peu trop éloigné de ma twin il y a quelques temps. Vertiges, nez qui saigne, troubles de la vision, infirmerie. Je l’ai vue sortir ce gros carré de sucre de sa petite boîte. J’ai bavé. En étant dans les vapes. J’me rappelle de son emplacement. Ma vie était en jeu.
Alors, j’ai pensé que j’y étais obligé. J’ai pris mon lézard dans sa boîte d’allumettes privée, je l’ai fourré dans ma poche et direction infirmerie de Prism’. En toute discrétion, bien sûr. Ouverte, l’infirmière était occupée avec quelqu’un dans son bureau, et pas dans la “réserve”. Il me semblait que personne ne se trouvait dans la salle d’attente. J’ai avancé, doucement. J’ai ouvert l’armoire. Soulevé le couvercle. Plongé ma main dans la marmite salvatrice. J’ai saisi ce petit bout de paradis entre mon index et mon pouce. Le sourire aux lèvres, j’le contemple. Je tire la langue, détourne le regard.
C’est comme ça que j’me suis retrouvé dans une situation bizarre. Ce mec là, juste en face de ma gueule, j’le connais pas. Il est pas mal du tout d’ailleurs. Mais j’le connais pas. Et Faith va se foutre de ma gueule quand elle va entendre que j’ai encore été pris pour un drogué du sucre. Ou un débile heureux manquant de neurones. Je fourre le carré de sucre dans ma bouche. Quoi ? Faut pas déconner, maintenant que j’y suis j’y reste, j’ai mis le pied droit dans le plat autant mettre le gauche. J’esquisse un dernier sourire satisfait, comblé, et regarde plus sérieusement ce mec en me grattant le derrière de la tête. Puis comme si ça suffisait pas, j’me mets à parler. Avec un big-mama de carré de sucre dans la bouche, ça donne quelque chose d’assez ridicule. Encore.
AXEL ∞ « J’t’explique, y’en a qui chont dépendants de la clope, moi j’chuis dépendant du chucre. »
Un dernier sourire colgate, un petit salut de la main gauche. J’suis ridicule. Mais j’aime bien, et puis j’me fais rire intérieurement. Lulz.
Je lâche un long bâillement, passant ma main contre ma bouche et fermant un instant les yeux. Putain... J'ai envie de dormir moi, en plus, j'ai mal au ventre ! Cette journée est juste horrible, j'aurais dû m'y attendre vu comment c'est parti dès le matin.
Premièrement, mon réveil ne sonne pas, je suis donc en retard. Je me dépêche alors mais une fois en cours, je remarque qu'il me manque la moitié de mes cours. Deuxièmement, à la cafétéria... Je glisse sur je ne sais quoi, tombe et me paye la honte de ma vie. Vêtement tâché en plus de moi, passage à la douche pour la seconde fois. Et enfin sport. Je ne sais pas ce qui s'est passé, mais je me suis pris un sacré coup au ventre et me voilà marchant vers l'infirmière pour prendre un truc. Je n'aime pas la douleur. J'ai horreur de cette sensation où tu te sens mal...
Je bâille de nouveau alors que je rentre dans la pièce, me frottant les yeux. Et je remarque rapidement que l'infirmière et occuper... Je grimace et me dirige d'un pas traînant vers la salle d'attente et m'arrête en penchant la tête sur le côté. Alors d'une, cela se voit que ce mec qui porte un masque fait cela en douce et de deux... Mais qui ira jusqu'à piquer du sucre à l’infirmière !? Je me retiens de rire, gloussant faiblement. C'est épique tout simplement. Le vol le plus drôle au monde est pas du tout crédible en plus. Il sourit, semblant satisfait alors qu'il mange son sucre avant de me regarder sérieusement.
- J’t’explique, y’en a qui chont dépendants de la clope, moi j’chuis dépendant du chucre.
Mouvement de main gauche en guise de salut et puis se grand sourire... Ce mec est il un p'tit rigolo ? Je lui souris à pleines dents et lui rend son salut.
- Tu sais que tu n'es pas du tout crédible en voleur ? Dis-je en riant légèrement.
??? ∞ « Tu sais que tu n’es pas du tout crédible en voleur ? »
Heeeeeeeeh. J’me gratte de nouveau le derrière de la tête, visage dépité. Comment ça pas crédible, j’vole très bien. S’il n’était pas venu j’aurais pris mon sucre et. Ok j’suis pas crédible.
AXEL ∞ « Je saaais… J’avais plus rien… Plus de sucre, de bonbons, de fruits… Je… *s’arrête et revient à sa dégustation* Buh. C’est tellement bon. T’en veux ? »
Je laisse paraître un petit ricanement en lui tendant un autre bout de sucre. Je le lui cède, et m’assois sur le siège à ma droite. J’explique brièvement, dans un élan d’envie de raconter ma vie, que sans un peu de sucre durant une demi-journée je décède. Que c’était une question de vie ou de mort. Histoire de m’enfoncer un peu plus dans l’art de la ridiculisation. J’envoie une question, je lui demande simplement c’qu’il vient faire ici. J’aime bien ses cheveux. Ça contraste tellement avec les miens. C’est fun.
Mon lézard se pointe, courant plus rapidement que jamais, me grimpe dessus. Je prends le message qu’il transportait à l’instant et commence à déplier le papier - qui a été froissé juste avant, une marque de ma soeur. Quelques mots écrits d’une main tremblante, frêle. “Sorry bro, i’m already gone. Je t’ai laissé un mot plus explicatif sur le lit, mais tu connais globalement la raison de mon départ. Je t’aime. En quittant la cabane, j’ai senti un vide. J’aurais pu te contacter mentalement si je le pouvais encore. Excuse-moi, mais je crois que ma décision a engendré une rupture du pouvoir. Reviens voir mom and dad bientôt, tu pourras me revoir uniquement à cet endroit. Je t’aime.”
Je baisse la tête, replie le bout de papier maudit et garde Njut dans la poche de mon jean, sa tête dépasse comme à son habitude. Il est docile, et moi détruit. Mais ce n’est pas une raison pour montrer mes faiblesses. Je relève la tête, l’air de rien, ce message avait coupé la réponse de ce bel inconnu.
AXEL ∞ « Excuse-moi tu disais ? C’était un message de ma jumelle, elle intervient toujours au mauvais moment du coup j’ai pas écouté ta réponse… Pourquoi t’es là ? »
- Je saaais… J’avais plus rien… Plus de sucre, de bonbons, de fruits… Je… Il cesse de parler, mangeant son sucre et profitant. Buh. C’est tellement bon. T’en veux ?
Il tend un sucre vers moi que je pris en le remerciant, souriant. Il est sympa ! Je le regarde s'asseoir sur un des fauteuils et je fis de même, mangeant le carré de sucre qu'il m'avait donné. Puis, le E me demande ce que je fais là et je lui réponds alors que j'avais mal au ventre et que je suis venu pour prendre un medoc' pour passer la douleur. Comme dis plus haut, je n'aime pas la douleur. Mais je n'avais pas remarqué son LSM arrivé et en me retournant vers lui, je le vit lire un message. Je penche légèrement la tête alors, il semblait... Triste ? Je cligne des yeux alors qu'il me regarde et me sourit, semblant faire comme si de rien n'était.
- Excuse-moi tu disais ? C’était un message de ma jumelle, elle intervient toujours au mauvais moment du coup j’ai pas écouté ta réponse… Pourquoi t’es là ? - Une simple douleur au ventre... Ça ne va pas ?
Je l'avais bien remarqué, qu'il n'allait pas bien malgré le fait qu'il le cache derrière un sourire. Je faisais la même chose quand j'étais gosse, pour ne pas inquiéter ma mère. Je le regarde alors, légèrement inquiet et attendant une réponse de ça par.
Tout d’abord je n’entendais pas. Ensuite j’ai entendu. Puis vient la phase de compréhension, et je viens de comprendre. Maintenant, je suis totalement perdu. C’est la toute première fois que quelqu’un - en dehors de Faith - se soucie de ce que je peux ressentir. C’est perturbant, intéressant et flippant à la fois. J’hausse les sourcils, surpris. Je balbutie légèrement, regardant la porte, le sol, l’étagère, tout sauf lui. Je ne connais même pas son prénom, il devrait en avoir rien à carrer. Alors j’suis droit et franc d’habitude, mais là… Je suis censé lui répondre, honnêtement, devenir transparent ou juste esquiver la question ? Et personne n’est là pour me répondre, je vais devoir me démerder. Bordel, je déteste ça...
AXEL ∞ « Un LMS de ma jumelle, celle qui partage mon pouvoir, qui me dit qu’elle va poser son cul chez les parents et plus jamais revenir à Prism’, qu’elle est déjà partie et elle couronne le tout en m’annonçant qu’on a perdu notre pouvoir. Ça m’fous un peu mal, mais ça va. »
J’ai été franc, mais tellement pas sincère. “Ça me fous un peu mal mais ça va”, bordel Ax’ t’en as d’autres comme ça ? Ta soeur se casse, te laisse seul, te pète tes pouvoirs. Bien sûr, tout va très bien. Tout ce que j’espère, c’est rencontrer ce foutu fantôme du pensionnat. Je sais pas encore quand, ni comment, mais j’y arriverai. Il me redonnera mon don, et je pourrais de nouveau lui parler. Ou alors je vais encore avoir la poisse et me taper un pouvoir merdique. Axel, prépare-toi à faire pousser des champignons uniquement aux pieds des arbres. Et de pas pouvoir les toucher parce qu’en fait ils seront des hologrammes. Pff.
J’y pense, j’y pense… et je réalise que sans elle, je suis seul. C’est vrai, si j’m’attarde sur la question, je suis seul. J’l’ai elle, elle me connaît parfaitement, ensuite j’ai qui ? Des potes, ouais, des potes. Pas de famille, pas d’amis proches, rien, c’est incroyable de voir à quel point ma vie bascule au départ d’une seule personne… Je ressens quelque chose de… Je ressens rien; du vide, un grand vide intersidéral, de la peine, et ptet un début de dépression; et c’est bien la première fois. Enfin j’ai encore un espoir, celui qu’on a quand on réalise bien, mais pas totalement dans quelle merde on est fourré. Ouais, celui qu’on sait pertinemment qu’on ne le verra jamais pointer son cul. Et me voilà, rajoutant misérablement...
AXEL ∞ « Elle était… très importante pour moi en fait. J’ai du mal à réaliser qu’elle est partie, que j’ai plus de pouvoir. Je crois que quand je verrai que ses affaires ont disparues dans la cabane je comprendrai… J’ai pas hâte, aha. »
Et un autre sourire fait son apparition. Tout ça est très étrange.
Je cligne des yeux alors qu'il balbutie, regardant partout sauf moi. Il avait l'air d'hésiter, d'être pris au dépourvu voir surpris que je m'inquiète pour lui. Je le regardant tristement. Pour avoir perdu son pouvoir... Ce dernier devait être lié à celui de sa jumelle. Il essaie de faire paraître une nouvelle fois que tout va bien, il me sourit une nouvelle fois. Je le fixe sans rien dire, me mordant légèrement ma lèvre, je suis sûr qu'au fond, il devait souffrir. Je n'ai ni de frère ou de sœur, mais je sais très bien à quel point des jumeaux sont lié. Oui, il doit être anéantir... Je regarde autour de nous, puis lui et j'hésite avant d'aller le prendre timidement dans mes bras, le serrant contre moi et venant masser doucement sa tête.
Je regarde autour de moi, vaillant à ce que personne nous voient, bon, on est seul, mais si quelqu'un rentre en même temps... C'est que les sous-entendus viennent vite fait tout comme les rumeurs ! Mais je n'avais aucune arrière pensée, je veux simplement le réconforter, le consolé, faire en sorte que cette douleur s'aténu, lui montré qu'il n'est pas seul et que même si on se connait depuis quelque minutes, je pourrais peut être l'aider. Je continue de masser sa tête, le serrant avec plus de conviction, le regardant, le nez dans ses cheveux noirs. D'ailleurs, ils sont si doux ses cheveux. Je ferme les yeux, continuant ce lent geste que me faisait parfois ma mère quand je faisais un cauchemar ou bien pour d'autre raison pour me consoler. Un geste si apaisant... Ô comme maman me manque d'ailleurs... J'aimerais tant la revoir. J'ouvre lentement les yeux et le regarde alors, le serrant toujours contre moi et ne cessant pas de masser sa tête.
Doublement perturbant. Cet inconnu aux cheveux blonds se rapproche, me prend dans ses bras en posant une douce main innocente sur ma chevelure, et me masse lentement le dessus du crâne. Un frisson me parcourt la tête. Pas un frisson du genre “ouh lala j’ai peur”, mais plutôt “wah ça détend”. Sauf que je suis perturbé. Je le connais pas, et il me rappelle tellement ma mère. Je crois que ça s’appelle l’affection, mais j’ai du mal à le discerner. J’ai quand même une once de surprise, de recul envers lui... Et il sent bon. Ouh là. Le rouge me monte légèrement aux joues. Il regarde autour de nous, et il a raison. Si quelqu’un entre, on est élus “gays les plus entreprenants du pensionnat” d’office. Genre j’vois bien les affiches “même à l’infirmerie, leurs fantasmes ne s’arrêteront donc jamais !”... Hem.
Pas que ça me dérange, mais. Attends. Son uniforme est violet… C’est un A. C’est un A ?! Mouvement de recul brutal, je ne lui ai pas fait mal en tout cas, par contre moi j’me suis cassé la gueule par terre. Et maintenant, affalé sur le sol, je me redresse à l’aide de mes deux mains et reste à moitié allongé sur le sol, je le regarde avec de grands yeux. Ah pu-
AXEL ∞ « -TAIN OH MON DIEU UN A T’ES UN A T’ES UN A. UN A QUI M’FAIT UN CALIN EN PLUS J’AVAIS PAS VU. »
RESPIRE. Respire Axel. Respire. Voilà… J’ai rien contre les A… Joke, j’ai tout contre eux. Tout, et je crois aux exceptions. Mais je pensais pas les rencontrer comme ça. Et en plus j’ai aimé son câlin, et son odeur, et sa main douce, et omg, omg, omg. Un médecin… Le mec qui demande un médecin en pleine infirmerie, faut l’faire. Je souffle un coup. C’est l’heure de me calmer. Si Faith savait ça, je me ferais littéralement défoncer. Pire, j’pourrais jamais avoir une progéniture. Et elle accrocherait mes balls au-dessus de son lit… Mais cela n’arrivera jamais, she’s definitely gone… Me voilà de nouveau en train de gueuler des conneries en anglais, j’ai pris l’habitude de mon père.
AXEL ∞ « Oh shit, what the hell is going on... How i couldn't see this fucking uniform seriouslyyy… J’suis désolé, on pourrait croire que je suis un peu dérangé là-haut, mais c’est… C’est totalement vrai. J’ai du mal avec les A. Du mal à croire aux exceptions, alors quand j’en vois tu te doutes bien que, hew… »
Je me gratte - encore - l’arrière du crâne, tout rouge. Là c’est plus des joues rosées que j’ai, c’est des tomates. Tomato-man. Ketchup-sur-pattes. Je baisse les yeux, fronçant légèrement les sourcils, m’assois en tailleurs, encore sur le sol. Je fais la moue, comme un gamin qui boude. Je ne boude pas vraiment, je suis juste… perplexe, et pas spécialement fier d’avoir gueulé comme un taré. J’ai trouvé ça mignon. Un A me fait un massage crânien et je trouve ça mignon, j’ai du mal à digérer. Putain Axel, retire toi l’idée de la classe de la tête… t’as une exception devant tes yeux, c’est pas souvent.
Je soupire d'aise, je me sens rougir peu à peu, continuant toujours de masser sa tête et de le serrer. Je fus agréablement surpris qu'il ne me rejette pas, je souris légèrement et le temps s'écoule peu à peu et d'un coup brusque, il se recule de moi, tombant ensuite. Je cligne des yeux, le regardant avec incompréhension.
- TAIN OH MON DIEU UN A T’ES UN A T’ES UN A. UN A QUI M’FAIT UN CALIN EN PLUS J’AVAIS PAS VU.
Je le regarde, souriant alors à la vue de ses réactions. J'aurais dû m'y attendre après tout ! D'ailleurs, je fus étonné qu'il ne l’ait pas remarqué depuis le début. Sans doute trop perturbé par son manque de sucre et... Par le départ de sa jumelle. Je ris légèrement en le regardant et en l'écoutant. Il était surpris, déboussolé, avait du mal à croire que c'est bel et bien un A qui avait réagi ainsi devant un E. Mais pour moi, il n'y avait aucune classe, pour moi tout le monde doit être égal et je me fiche qu'il soit un E enfin de compte. Je me lève alors qu'il se met en tailleurs, toujours par terre, essayant de remettre les idées en place dans sa tête. Je m'agenouille en suite face à lui, souriant timidement.
- Je comprends, mais vois-tu... Je ne suis pas comme eux.
Le voilà, agenouillé en face de moi, le sourire aux lèvres. Super en plus il se fout de ta gueule, Axel. Je croise mes mains et trifouille mes doigts, détournant le regard vers la porte de l’infirmière qui est certainement en train de pratiquer une opération de la cervelle à son patient vu le temps qu’elle prend, je suis encore légèrement rouge, et tente d’oublier le passage où j’ai pu penser que son câlin était… relaxant. Bref.
Je bafouille un “ça j’ai remarqué…” dans ma barbe - inexistante vu que j’me rase. Je sais qu’il n’est pas comme eux. Je l’ai remarqué quand... Je l’ai remarqué tout à l’heure. Pendant un court instant il m’a fait oublié Faith, alors que je venais de recevoir ce foutu bout d’papier… C’est drôle. Alors je ricane, avec le sourire en coin. Il va me prendre pour un taré à rigoler tout seul, si c’est pas déjà fait. Le pire dans tout ça c’est parce que je suis nerveux. Mes mains le montrent. Alors j’arrête de les bouger, il va me griller. Je ne sais pas vraiment quoi répondre, j’ai encore du mal à m’y faire. La question est, est-ce que je peux vraiment lui faire confiance ? C’est ça mon problème. Et si jamais je me mettais à lui confier deux-trois trucs, qui se trouvent modifiés et qui circulent dans tout le pensionnat… ce serait la merde. Mais j’assumerai. Alors je vais passer outre le fait qu’il soit de la classe la plus dégueulasse de Prism’, et éventuellement pouvoir le regarder en face. Au pire s’il me saoule je lui enverrai des punchs. Il n’a pas l’air très costaud. Moi non plus, mais je le suis, j’ai de beaux biceps, de belles plaques de chocolaaaat… et c’est pas le moment de me vanter.
Par chance, quand je repose mon regard sur son visage qui me parais pourtant encore parfaitement innocent, une voix nous coupe dans notre thérapie anti-racisme-interclasse.
CHIEUSE ∞ « Bizarre je pensais qu’il y avait… Ah ! C’est vous, entrez. Axel, je m’occupe de vous juste après. »
C’est l’infirmière. Elle s’adresse à monsieur le blondinet. Je me relève, lui également, m’adresse un simple regard sympathique, censé me mettre en confiance. Il faut que j’évite de lui dire que je l’attends, vu la scène dans laquelle nous a trouvé l’infirmière - moi par terre, lui juste devant moi, agenouille - il faut que je reste discret, sinon elle va encore se croire dans un yaoi c’te… Je l’aime pas, je l’aime pas non. Elle m’a donné qu’un putain de demi-sucre, quand j’avais des petits problèmes. Elle est radine c’te fille. Et désagréable. Tout ce qu’elle veut, c’est finir son boulot le plus vite possible. C’est “bonjour, vous êtes stressé ça va passer, au revoir”.
Je me contente de sortir de la pièce, et attendre la perle rare des A sur le mur situé à côté de la porte, formant l’angle. Je replis mon genou droit et pose mon pied droit sur celui-ci, ainsi que ma tête, je ferme les yeux en soupirant longuement. Là ça va, c’est après que ça va être compliqué à supporter. Rentrer à la cabane, l’appeler par son prénom en guise d’espoir vain, me rendre compte qu’il est vraiment vain et finir ma soirée agenouillé près de mon lit, la tête dans les bras, à retenir mes larmes pour elle, par réflexe, comme si elle allait encore les sentir couler… Sans qu’il ne se passe quoi que ce soit. Au moins, il me reste son sourire sur une photo. Peut-être ai-je réellement besoin de m’ouvrir à quelqu’un. Peut-être qu’il faudrait que ce soit lui. Ou peut-être pas. C’est tellement compliqué...
Il joue avec ses doigts, ne me regardant pas et fixant toujours ailleurs alors que je lui souris toujours. Je me demande à quoi il pense, à comment il va réagir juste après. Va-t-il tout de même me rejeter ? Va-t-il penser le contraire que je lui avais dit ? Non, je ne suis pas comme eux et je ne souhaite aucunement d'être comme eux. Je le regarde toujours, me perdant dans mes pensées. Je l'entends marmonné un "ça j’ai remarqué…" Et ensuite, il ricane. Je fronce les sourcils, penchant la tête sur le côté et l'interrogeant du regard. Rit-il suite à une de ses pensées ? Je souris au coin, me demandant une nouvelle fois à quoi il pense. Puis il relève la tête vers moi, je lui souris toujours et une voix se fit alors entendre.
- Bizarre je pensais qu’il y avait… Ah ! C’est vous, entrez. Axel, je m’occupe de vous juste après.
Je grimace... C'est l'infirmière qui s'est daigné de sortir de son bureau. Je soupire et me relève donc avant de rentrer à contre cœur dans la pièce, j'en avais oublié mon mal de ventre, qui malheureusement, revient à la charge. Elle me file de quoi faire passer la douleur à mon grand soulagement et je finis par sortir de la pièce et je ne le vis plus. Je cligne des yeux, le cherchant un peu partout et finissant par le trouver.
Je commençais à m’endormir… Et me voilà réveillé, par une voix douce, qui ne m’est plus inconnue. J’ai déjà oublié où je suis lolz. Je rouvre lentement les yeux, et je le vois. Le blondinet. Ah, on me communique une information. Lev Kazandov. Lev… ure ? POPOP-. J’ai de la chance que tout ça se trouve dans ma tête, sinon il m’aurait un peu beaucoup défoncé en entendant cette blague vaseuse. Je fais uniquement des blagues sur les prénoms que j’apprécie. Il se serait appelé Gertrude là j’aurais moins rigolé, j’aurais plutôt eu mal pour lui. Je m’égare à nouveau. Je souris en coin, sans relever la tête, mes yeux le fixaient, plissés légèrement de par ma tête penchée vers l’arrière.
AXEL ∞ « Axel Max Limb, classe E, pouvoir inconnu. C’est stylé dit comme ça… il me faut des infos sur ce fantôme du pensionnat… »
C’est à demi un appel à l’aide. Un appel, pour dire que je veux quelqu’un auprès de moi durant ma quête. C’est à lui de le saisir - ou pas. On verra bien où cela me mènera. Un lien avec un A. Pour une raison qui m’est inconnue, je semble attaché à lui. Je pense que c’est le mot. En quelques minutes, je me suis attaché étroitement. C’est ce qui m’intrigue, et j’ai envie d’en savoir un peu plus sur lui. Tout en subtilité. Ce blond me rappelle vaguement Faith… Ces yeux, d’un bleu si intense, j’ai l’impression de me regarder droit dans les yeux, comme avec elle… Je veux oublier. Pour ce soir. Je veux tout oublier.
AXEL ∞ « Et maintenant, on reste dans le couloir ? Il faut bien que j’essaie de connaître une exception des A, j’compte pas t’lâcher maintenant. J’veux en apprendre plus. Mais pour l’instant, j’ai juste besoin de me changer les idées… Je ne supporte pas avoir l’esprit occupé par.. des bullshits... »
Mon timbre de voix est redevenu un tant soit peu rauque et blasé. Le sucre se dissimule dans mon corps, et je retombe en enfer. Dans ma tête. Je ne peux pas faire semblant de pouvoir tout surmonter seul, surtout pas en ce qui la concerne. Cette fois, j’ai besoin d’aide. Et même si ça me fais bien chier de l’admettre, c’est le cas. Peut-être que j’ai moi aussi besoin d’un peu de remontage de moral, parfois… Et peut-être que je ne peux pas y arriver seul.
À son tour, il se présente et rapidement, je sais pourquoi il souhaite avoir des infos sur le fantôme du pensionnat. À ce qui parait, il peut redonner ou changer les pouvoirs d'un élève, mais encore... Il faut le trouver ! Personnellement, je n'en ai pas la moindre idée. Je me demande où il se trouve... Je regarde Axel, réfléchissant, je pourrais sans doute l'aider ?
- Et maintenant, on reste dans le couloir ? Il faut bien que j’essaie de connaître une exception des A, j’compte pas t’lâcher maintenant. J’veux en apprendre plus. Mais pour l’instant, j’ai juste besoin de me changer les idées… Je ne supporte pas avoir l’esprit occupé par.. des bullshits...
Je souris alors, ne faisant trop attention à sa voix que devient peu à peu rauque et blasé. Je lui fais signe de me suivre jusqu'à un banc pas loin et je m'assois. Je ne n'aime pas trop rester debout. J'attends qu'il fasse de même alors que je remets correctement ma cravate.
- Je suis Russe et j'ai 18 ans. C'est ma 8e année ici et mon pouvoir est Triton. Concernant le fantôme, je veux bien t'aider si tu veux.
Je lui souris toujours, je suis quelqu'un de très souriant, rare les fois où je ne le suis pas. Je voulais l'aider, à trouver ce fantôme, mais aussi à se changer les idées. Oui, je saurais là pour lui. Je regarde devant moi, m'étirant un peu avant de me frotter les yeux, note à moi-même : se coucher plutôt. Faut vraiment que j'arrête de trainé trop tard le soir sur des MMORPG. Mmh... C'est sans doute là 10e fois que je me dis ça, mais je continue... Bref. Je le regarde à nouveau.
Il sourit faiblement avant d’aller s’installer sur un banc non loin de nous. Je le suis, traînant quelque peu les pieds… Va falloir que j’me remotive si je veux arriver à quelque chose. Je m’assois, les mains dans les poches, tête basculant un peu vers l’avant. Il arrange sa cravate. Je tourne la tête et le regarde brièvement avant de replacer mon regard au sol. Bel uniforme, porté dans les règles, tout bien en ordre… En y réfléchissant un peu, il est en quelques sortes le contraire de Faith, qui elle, est mon exacte sosie. Axel, le mec désordonné au possible, mal peigné pour ne pas dire “pas du tout”, portant toujours une cravate totalement défaite, et le col ouvert jusqu’au milieu du torse - si ce n’est un peu plus haut, toujours les mains fourrées dans les poches, il n’y a que le pantalon et les godasses qui restent en règles. C’est pas trop mon truc, les uniformes. Trop sérieux, trop strict, alors je m’y mets à l’aise. Enfin ce doit être une particularité des élèves de la classe E, j’imagine. Il a beau dire qu’il n’est pas comme ceux de sa classe, il en a pourtant l’apparence vestimentaire.
Je le regarde de nouveau, intéressé par sa courte présentation. Un jeune Russe de 18 ans. Au moins, on a le même âge c’est déjà ça. Un sourire en coin se matérialise sur mes lèvres, lorsque j’entends ce mot… “triton”. Je l’imagine, chantant sur un rocher au bord de la plage, avec sa petite queue de poisson. C’est très virile… Et je suis méchant.
AXEL ∞ « Triton… C’est pas commun. Ça doit être fun ! J’ai ton âge, mais c’est ma septième année. Pour ce qui est du fantôme, je t’oblige à rien hein, mais un p’tit coup de main m’aiderait grandement. »
J’me sens un peu comme à la sortie d’une longue nuit blanche. Un coup de barre, voilà, j’cherchais le mot. Mais l’idée de retrouver mon pouvoir - ou un pouvoir tout court - m’attire. Et me réveille, tandis que Lev s’étire. Je laisse s’échapper un ricanement plutôt grave, il ne lui manque que les oreilles de chat pour que ça colle, il a une manière de bouger et de s’étirer très féline, c’est fun. Une question émerge dans ma tête : “par où on commence ?”. Sans m’en rendre compte, je la lui ai posée à voix haute. Avec ma voix de bonhomme fatigué. Je sais pas c’que j’ai, j’ai une voix habituellement medium, et je me retrouve dans les basses là. Voire plus bas. Ça donne un petit côté mafieux, c’est creepy. Avant qu’il ne réponde quoi que ce soit, j’ajoute discrètement.
AXEL ∞ « Un verre et des recherches, ou des recherches et un verre ? »
J’ai l’habitude de boire avec ma soeur, et pour ma soeur. Si je dois l’oublier, ça se fera progressivement. Et puis c’est toujours bon, un petit verre de vodka ice avant ou après un plan “retrouvage de fantôme”. On pourrait monter un club pour ça. Club parano du paranormal. Hem.
Je hoche la tête en riant légèrement. Je lui dis que c'est vrai, c'est assez fun sauf quand tu reviens en humain et que je lui dois une fière chandelle à mon pouvoir ! Ouais... En y repensant, je ne regrette pas de l'avoir et heureusement qu'il s'est manifesté à ce moment-là ! Je lui dois la vie... Je tourne mon regard vers lui et m'empresse de lui répondre :
- T'inquiète pas ~ Perso, je ne me sens pas du tout obligé. J'ai envie de t'aider.
Je le fixe avec sincérité et petit à petit, je regarde un peu son apparence globale et rougis légèrement. J'aime beaucoup comme il est vêtu, au moins, il peut être décontracté alors que moi, je suis obligé d'avoir une tenu parfaite. C'est parfois chiant, d'avoir la cravate bien serrée, les boutons des chemises bien tous fermer, une veste sans pli. Ça me fait rappeler l'époque où je devais être tout aussi bien vêtu quand mon père venait nous rendre visite. J'avais une envie soudaine de le reprendre dans mes bras et de lui masser de nouveau la tête. Ouiii, j'en ai tellement envie ! Il est trop mignon... J'ai chaud là d'un coup. Oh, Lev ! Faut te reprendre là ! Il va se demander pourquoi tu le fixes bizarrement et avec cette rougeur aux joues ! Putain, je rougis ! Il va sans doute se faire des idées... Stooooop. On ne panique. Je respire un beaucoup et me gifle mentalement avant de le regarder avec un grand sourire.
- Un verre et des recherches, ou des recherches et un verre ? - Eh bien... Pourquoi pas un verre avant ?
Mon cœur bat trop vite là... Je suis à deux doigts de me gifler réellement pour reprendre contenance. Je soupire longuement, souriant toujours. Biiiiien, ça se calme peu à peu.
Un rictus au niveau de mon oeil droit se fait discret, mais je l’ai senti passer. Ce doit être la surprise, de tourner la tête vers Lev et de voir qu’il rougit. Alors, je sais pas ce que j’ai dit, il a certainement interprété ma demande de verre d’une façon différente que ce que je voulais lui faire comprendre, j’en sais rien m-. Ah ok ma tenue. J’suis con moi. “Gnagna c’est peut-être ce que j’ai dit qui le fait rougir”, bordel Axel t’es à moitié à poil à part ça, c’est rien. Narmol. ‘Tain j’te jure… Et le rouge me monte aux joues, légèrement - encore une fois, parce qu’il me fixe encore droit dans les yeux au moment où je parle, et moi aussi. Les échanges “yeux dans les yeux”, ça me stresse, surtout s’il sourit. Je détourne le regard et acquiesce sans rien laisser paraître. Il soupire, un autre ricanement de ma part se fait entendre : la nervosité. Je ris quand je suis nerveux, pratique.
AXEL ∞ « Donc un verre. Je te suis, je mettrai pas les pieds dans ma cabane avant trois ans je crois. J’vais manger de l’herbe, dormir avec mon lézard dans sa boîte d’allumettes et boire l’eau de la rivière. Joke. »
Un blanc. J’en sais rien, j’ai parlé, et y’a eu un petit blanc. Tout petit, mais je les sens passer. Ah si je sais pourquoi. C’est encore ambigu ce que je viens de dire. Pourquoi, parce que j’suis un gros enfoiré de boulet simplement. Achevez-moi, kss… Je rajoute l’air de rien.
AXEL ∞ « Et après, on cherche par où ce fameux ghost ? »
Je suppose qu’il doit se cacher un peu partout... Même, peut-être qu’ils sont plusieurs. Est-ce que ce mec est réellement un putain de fantôme, ou juste un clochard qui réside dans les couloirs du pensionnat… En attendant, j’arrange ma cravate, comme lui. Et je boutonne ma chemise en mode stressé. J’aimerais éviter une éventuelle partie de balls.
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Sujet: More Sugar 
Mer 11 Mar 2015 - 21:27
