Sujet: Only need myself || Ekaterina Sam 30 Mai 2015 - 1:06
Depuis qu'elle est arrivée à Prismver, il y a quatre mois, elle n'a jamais autant eu l'impression de vivre des journées longues et interminables. C'est peut-être le fait de vivre littéralement dans cet établissement qui éveille en elle un tel sentiment, le fait de devoir considérer sa propre école comme son foyer, sa maison, son petit chez-soi. Ou alors, peut-être est-ce le fait de retrouver des enseignements qu'elle a déjà assimilés chaque jour, qu'elle a déjà entendus et testés ; oh, il ne faut pas croire que cet ennui est dû au "mauvais programme" établi par Prismver ; du point de vue des A, en tout cas, ce programme est même d'excellente qualité et irréprochable — sauf pour les classes inférieures, mais elle en était cruellement indifférente. Toutefois, lorsque l'on a sauté deux classes dans le passé, autrefois confondue avec une surdouée, et que cette fois-ci, on est placée dans une classe qui correspond au bon âge, forcément on s'ennuie. Forcément, on retrouve des souvenirs. Forcément, les heures passent au ralenti.
Forcément. Et même en écrivant le futur, elle ne peut accélérer le temps.
Cependant, elle ne s'en plaint pas. Elle refuse de s'en plaindre car elle se retrouve enfin dans un groupe de jeunes de son âge. Elle se fondra enfin dans la masse ; on la laissera enfin tranquille ; elle ne déteindra plus au milieu des élèves de son année. Et c'est tout ce qu'elle demande. Alors non, elle ne se plaint pas de sortir d'un cours de biologie dont le sujet lui est extrêmement familier. Elle ne s'en plaint pas même si l'institutrice dégage quelque chose de fort peu commun — on ne croise pas tous les jours des nonnes catholiques qui enseignent la théorie de l'évolution. Tout de même, cette adulte l'intrigue bien plus que les révisions qu'elle subit ; son attention s'est focalisée durant toute la période sur son attitude et la personnalité unique qu'elle dévoilait. Oh oui, Destiny se souvient avoir connu des professeurs plus ou moins étranges dans sa scolarité ; mais Madame Bianchi bat sans conteste tous les records.
A découvrir, sans doute.
Mais pas maintenant. Là, tout de suite, il est l'heure pour elle de satisfaire sa dépendance et de calmer ses angoisses. Voyez-vous, lorsque votre peur atteint le stade de tourment et qu'une passion atteint le stade de nécessité, il devient un élément primordial du bien-être. En l'occurrence, Destiny doit consacrer du temps quotidiennement à sa 3DS pour être apaisée. Donc elle se pose dans un coin du rez-de-chaussé plus ou moins déserté par la population prismverienne et s'assied sur le sol, adossée contre un mur ; comme elle le faisait à Genève, seule, quand elle se cachait pour jouer tranquillement et éviter les autres. Elle ouvre sa console dépliable et démarre Kirby Triple Deluxe.
Et là, elle libère un soupir de soulagement.
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HRP : Même si actuellement, Desty est à l'intérieur, j'ouvre le RP à l'extérieur vu qu'elles vont sortir ;w;
Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Lun 1 Juin 2015 - 23:16
Lumière ≠ écran
"Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent." [Matthieu 19-13]
Le cours de biologie tirait à sa fin, à l'heure, parfaitement huilé. Enseigner aux A étaient presque trop facile, surtout qu'il s'agissait aujourd'hui de la partie "jeune" de la classe des privilégiés. Non seulement il y avait une majorité d'élèves travailleurs (à défaut d'intéressés), mais leur jeune âge rendait Ekaterina encore plus impressionnante et menaçante en comparaison. Rien de tel pour obtenir une salle de classe au silence monastique et aux élèves nerveusement penchés sur leurs feuilles (oui, chez les violets ils avaient tous des iPad à bureau virtuel offert par l'école, mais Ekaterina était contre ce genre de technologique, qui incitait trop à la paresse, un péché capital).
La nonne regrettait un peu que son apparente (enfin, c'était un peu plus qu'une apparence) sévérité impressionne tant, voire tétanise ses étudiants. Sous ses dehors de brute jésuite ne jurant que par la discipline et le travail, la professeur de biologie n'aurait rien eut contre quelques rires d'enfants et un peu de chaleur humaine. Ces élèves étaient après tout comme sa famille, même s'ils ne s'en rendaient pas compte. Malheureusement (et heureusement pour l'établissement) à l'inverse d'un Ruthel ouvertement Papa-poule, elle endossait plutôt le rôle de la sévère marâtre...
Alors que la fin de la leçon approchait, Ekaterina jeta un œil attentif sur sa classe occupée à scrupuleusement noter ses paroles (seuls quelques rappels et gros titre étaient inscrits au tableau : c'était à l'élève d'être scrupuleusement attentif et de prendre astucieusement note de ce qui était réellement important). Son regard d'aigle capta immédiatement une élève aux cheveux et yeux roses (ah, ces adolescents qui se cherchent...) qui regardait plus l'horloge que sa feuille. Oh, elle n'était pas la première, mais au vue des notes du dernier contrôle, ce n'était pas le genre à ne pas écouter ou à bailler aux corneilles... La religieuse fini par remarquer que ce n'était pas l'Horloge de la Libération que l'adolescente scrutait, mais elle-même, évitant juste que leurs regards ne se croisent. Etait la cicatrice (source de moult rumeurs amusantes mais aussi un poil fatigantes) qui la fascinait (ou la faisait frissonner) ? Vaguement curieuse et en se retenant de la rappeler à l'ordre, la nonne se glissa entre les tables, déambulant tout en ânonnant la fin de la leçon. Un coup d'œil discret lui apprit que la dénommée Myosotis Vermeil avait terminée de tout noter. De manière correcte et avec une certaine anticipation. Intéressant.
Elle était donc douée, mais visiblement s'ennuyait ou avait du mal à se concentrer. La nonne prit mentalement note de corser un peu le niveau de ses exercices. Et il lui faudrait apprendre un peu le goût de la jeune fille, histoire de trouver une leçon ou un exposé adapté. La professeur se targuait en effet de pouvoir personnalisé et intéressé la grande majorité de ses élèves (fusse en les secouant un peu). Mais pour l'instant, elle ne savait pas grand chose de mademoiselle Vermeil. La petite était calme, silencieuse, assidue mais semblant rester à l'écart des autres... Mais c'était souvent le cas des jeunes de cet âge, surtout intellectuellement doué. Et que dire du fait d'être plus ou moins contraint de changer d'établissement parce qu'on se découvre un don magique...
Ekaterina termina la leçon, donna un monceau de devoir en ignorant le concert de soupir des élèves et à l'instant ou elle referma son cahier de cours, la sonnerie retentie. Dernière recommandations (ou ordres, selon le point de vue) : ne pas hésiter à lui poser des questions (offre ignorée, une fois de plus), sorter en silence, ne pas courir, etc. Ekaterina n'avait plus de cours après ça. Elle allait pouvoir s'offrir un café dehors, vu la splendide journée.
La professeur de biologie termina de ranger la salle et la verrouilla (une obligation pour les salles de cours de A) et s'en alla, faisant claquer ses cahiers contre sa cuisse et terrorisant de son regard (et de sa carrure) les retardataires qui erraient dans les couloirs. Hélas, Chayton n'était pas en salle des profs. Par les hasards des emplois du temps complexes de Prismver, elle serait seule et condamné à siroter l'infâme breuvage que ces fous d'anglais oser appeler "café" face à une italienne... Elle s'en servit néanmoins une tasse (enfin un mug-souvenir de Lourde) et descendit, bien décidé à au moins apprécier le rare soleil de cette belle journée, tranquillement posée dans le parc. Peut être un petit footing après : la leçon avait été calme et elle avait de l'énergie à dépenser.
En descendant, elle aperçut calée dans un coin les cheveux couleur bonbon de sa jeune élève. Cette dernière était recroquevillée, seule et assise sur le sol, le dos courbait à mater l'écran d'une console portable. Un rictus agacé ourla les lèvres de la nonne (ce qui rendait sa balafre encore plus terrifiante). Elle n'aimait pas ces engins, source de distractions et d'escapisme pour des jeunes esprits encore malléable. L'univers créer par Dieu était emplis de merveille à découvrir, tant physiquement que culturellement ou psychologiquement... Surtout à un âge où l'on débordait d'énergie, où l'apprentissage était si facile ! C'était... triste de se limiter à la vision myope d'un écran, à parcourir des univers falots conçut uniquement pour distraire facilement le cerveau et rapporter de l'argent à leurs créateurs.
Bon, Ekaterina n'était pas non plus un monstre d'intégrisme et en temps que scientifique, elle ne pouvait nier les progrès de la technologie, fusse-t-elle au service du divertissement. Et ça valait mieux que moult jeu dangereux que seuls des adolescents à la recherche de sensation forte pouvait inventer. Elle même avec quelques jeunes séminariste avait gouté au piment de l'interdit à installer en douce quelques illicites programmes sur les PC vieillissant de son ancienne école religieuse. Mais elle avait l'impression que c'était tout de même gâcher un peu son temps et sa jeunesse...
La religieuse s'était machinalement arrêté pour réfléchir, fondue dans l'ombre de part son habit noir. Devait-elle intervenir ? La professeur avait beau se creuser la tête, mais le règlement intérieur n'interdisait en rien de glander dans les couloirs (il devrait). Le teint pâle, presque maladif et le début de cernes malsain la décidèrent. Pour le Bien de cette jeune fille en pleine croissance, elle devait intervenir.
Sa main, plus large que les deux de Destiny, fondit telle une serre d'un vautour surgit des ténèbres et s'empara de la console de jeu en un instant (Ekaterina n'étant tout de même pas un monstre, elle se débrouilla pour appuyer sur "pause" au passage).
"Jeune fille, vous allez vous abimez les yeux et la santé à scruter cet écran à longueur de temps. Sans parler de votre dos et de votre nuque." lança-t-elle de sa voix de stentor. "Vous êtes en pleine croissance et rien qu'à vous voir je sens votre corps hurlait son besoin de vitamine D. La journée est magnifique, pourquoi ne pas plutôt voir ce que ce monde a à offrir ?"
C'était à la limite de l'abus de pouvoir, cette confiscation et Ekaterina savait qu'il faudrait qu'elle le confesse et fasse pénitence. Mais à mieux regarder cette fille aux étranges yeux roses, toute malingre et blanche comme les fesses d'un bébé, elle savait que Dieu l'avait mit sur son chemin pour l'aider à se requinquer un peu (de force si nécessaire) et s'éloigner de ses addictifs écrans suce-esprit. Un enfant, c'était fait pour rire, découvrir, s'aventurer dans le monde. Pas pour rester calfeutrer à l'intérieur.
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Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Jeu 11 Juin 2015 - 6:59
EKATERINA • FIN MAI • # D5B9C1
Elle-même. Juste elle-même et rien d'autre. Rien de plus. La lumière qui jaillit de l'écran la calme, l'apaise ; même si dans son jeu, elle fait le nécessaire pour permettre à Kirby de pulvériser violemment toutes les petites créatures qui lui barrent la route, elle, elle est sereine. Étrange contraste, vous ne trouvez pas ? Pourtant, pas tant que cela : à cet instant, elle se sent libérée d'un poids, de tout ce qui pèse en permanence sur ses frêles épaules ; elle se défait de la réalité et des angoisses qu'elle crée, et parvient à l'oublier. Elle pénètre dans un autre univers où ses maux ne peuvent la suivre et de ce fait, n'existent plus. Pour fuir. Juste fuir. Fuir tous les problèmes parce que c'est plus facile que de les supporter. Lâcheté.
Alors imaginez que l'on vous retire ça, d'un coup, sans prévenir. Car c'est exactement ce qu'on lui a fait juste à l'instant. Une main géante vient de saisir sa 3DS, et la détacher de ses petits doigts sans difficulté. Par surprise, elle laisse échapper ce qui peut être le mélange d'un cri et d'un hoquet, comme si elle venait de frôler l'arrêt cardiaque. Une réaction quelque peu exagérée, qui pourrait provenir de sa dépendance à première vue. Mais pas tout à fait. Vous savez, quand la petite Vermeil avait atteint l'âge de huit ans, beaucoup de ses camarades la taquinaient en prenant sa console et en détruisant ses sauvegardes. Pour elle, c'était la fin du monde, de voir ses efforts passés réduits en miettes de façon aussi cruelle. Peut-être la peur de voir un souvenir reparaître. Peut-être... certainement.
Quand elle lève les yeux suite à sa stupeur, elle rencontre le regard de son institutrice en biologie. Une femme grande, imposante, intimidante.
— Jeune fille, vous allez vous abimez les yeux et la santé à scruter cet écran à longueur de temps. Sans parler de votre dos et de votre nuque. Vous êtes en pleine croissance et rien qu'à vous voir je sens que votre corps hurlait son besoin de vitamine D. La journée est magnifique, pourquoi ne pas plutôt voir ce que ce monde a à offrir ? dit-elle.
Ekaterina tenait le discours d'un individu tout à fait normal, à l'inverse de ce que pensait Destiny ; les mêmes conseils, la même morale, la même logique... Elle pensait pourtant que cette femme présenterait, en privé, une personnalité bien...différente. Atypique. Sortir au lieu de perdre son temps pour des futilités, ce sont les propos que chaque professeur ou surveillant lui sortaient. Même ses parents de temps en temps. “Il fait beau dehors ! C'est triste de ne pas en profiter. Tu vas t'abimer la vue, tu porteras des lunettes toute jeune !”
Et ils avaient eu raison... Elle a dû en porter pour lire depuis sa onzième année.
Destiny ne répond rien, se contente de réfléchir en affichant un visage presque coupable. Même si la morale est un concept beaucoup trop abstrait pour elle, elle sait qu'il n'est pas correct de manquer de respect à un professeur — et que ça lui attirerait des problèmes. De ce fait, elle se lève tranquillement en époussetant sa jupe, et suit Madame Bianchi à l'extérieur.
Et vient le moment tant redouté. Vous voyez, Destiny n'a aucune familiarité avec les manières d'engager une conversation, ni même avec les façons de sympathiser avec les autres. Alors, les angoisses, prisonnières au fond de son être, refont surface. Ces “Que dois-je faire ? Que dois-je faire ? Elle va s'ennuyer. Elle va se fâcher. Elle va m'en vouloir. Que dois-je faire ? Que dois-je faire ?” qui reviennent. Et ça lui fait peur, ça réveille son instinct de défense. Elle a envie de repousser la menace, de l'éloigner d'elle quitte à la blesser.
Alors elle la suit docilement, avec son regard éteint et blasé. Elle soupire doucement, calmement, tandis que ses paroles deviennent tranchantes.
— Et maintenant ? Vous voulez faire quoi ? De quoi voulez-vous parler ? demande-t-elle presque méchamment.
La ton de sa voix sonne presque comme un reproche ; et c'en est un. Elle veut surtout que Madame Bianchi la lâche sans résistance, qu'elle laisse son élève tranquille — et lui rende sa 3DS, au passage.
— Je vous préviens, même si j'ai quelques notions en biologie, ça m'intéresse pas de lancer une discussion là-dessus. Et la religion n'en parlons pas... prévient-elle brusquement.
Surtout la religion, à vrai dire. Réticente face à l'aspect morale et surtout très niaise de cette doctrine — de son point de vue —, Destiny ne s'intéresse pas au Christianisme, ni même aux histoires racontées dans l'Ancien Testament ou le Nouveau Testament. Elle connaît Jésus, sait que c'est le fils de Dieu mort sur une croix, et qu'il a ressuscité ; et encore d'autres personnages importants comme Abraham, Moïse, Noé et Judas. C'est tout ce qu'elle sait, et elle juge que c'est suffisant pour se forger son propre avis.
Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Sam 13 Juin 2015 - 23:28
Irréel VS Réel - FIGHT !
"Malheur à l'homme seul ! Car, lorsqu'il sera tombé, il n'aura personne pour le relever" [Ecclésiaste IV-10]
Lorsque la nonne s'empara tel un rapace de la console de Destiny, cette dernière émit un hoquet de surprise... Voir presque de douleur, comme si elle avait été frappé ou qu'on lui avait brutalement arraché une partie d'elle-même.
Pourtant, alors qu'Ekaterina débitait son discours sur les bienfaits du grand air, certes convenu mais nécessaire et véridique (au moins pour la religieuse), il n'y eut pas plus de réaction, à part un regard un poil coupable, et encore. Pas que coupable. Un regard... résigné. Et la nonne n'aima pas ça. D'habitude, un élève normal se serait récrié, aurait hurlé au scandale ou à l'abus de pouvoir, se justifiant qu'il n'avait rien fait (en effet, rien hélas dans le règlement intérieur n'interdisait de glander dans les couloirs avec un jeu électronique à la main),. Un élève un peu timide au contraire, se serait confondus en excuses et aurait baissé le regard, tout en cherchant comment récupérer son jouet de manière polie.
Mais la réaction de Destiny avait été trop... apathique. Et forte de certains autres indices et de son expérience, Ekaterina devinait qu'elle était malsaine. Elle avait bien fait de se mêler de ça. Restait à découvrir quel était réellement le fond du problème... Entrainant presque de force la jeune fille résignée, Ekaterina réfléchissait à la suite. Comment amener le petite demoiselle à s'ouvrir à elle, à lui confier ce qui la tourmentait ? Hélas, de part son physique impressionnant et sa rude sévérité, la religieuse savait par avance que les élèves avait du mal à s'épancher en sa présence... Ce ne serait pas facile, mais elle se devait d'essayer.
Une fois dehors et après un petit moment gênant ou aucune des deux ne savaient quoi dire, Destiny la surprît. "Et maintenant ? Vous voulez faire quoi ? De quoi voulez-vous parler ?" lança finalement sa jeune pupille d'un ton aigre. Qu'ils soient âgés ou non, en A ou pas, peu d'élèves (ni d'adulte d'ailleurs) osait interpeller aussi âprement l'impressionnante Ekaterina. Venant du sage petit bonbon rose qui restait le plus souvent silencieux dans son coin en classe, c'était étonnant, voire troublant. Mais bon, Ekaterina avait constaté que la jeune A n'avait au final pas sa langue dans sa poche. Plusieurs fois déjà, elle l'avait vu (et entendu) rembarrer avec violence ses condisciples. Et cela dénotait d'une profonde fierté... Qui était en contradiction totale avec son manque de réaction lorsque qu'elle s'était emparé de la console. Etait-ce juste une timidité excessive ? Ekaterina pouvait être un mur impressionnant pour un plus indécis, surtout s'ils étaient aussi jeunes que cette demoiselle...
La jeune fille poursuivit sa diatribe, Ekaterina se contentant de la fixer d'un air intéressé et bienveillant (un technique de confesseur), essayant de comprendre ce qui n'allait pas derrière ce regard rose. "Je vous préviens, même si j'ai quelques notions en biologie, ça m'intéresse pas de lancer une discussion là-dessus. Et la religion n'en parlons pas..."
Ekaterina ne répondit pas tout de suite, mais désigna un banc où elle se laissa tomber, y invitant l'adolescente. Elle avait conduit la jeune fille à un de ses endroits favoris : on pouvait à la fois avoir une belle vision du parc tranquille déployant toute la beauté de la nature alliée au savoir-faire de l'Homme, tout en pouvant apprécier les impressionnants bâtiments du pensionnat de l'autre coté, avec son flot vivant et chamarré d'élèves. De plus, c'était sous la frondaison d'un arbre, ce qui permettait d'apprécier le beau temps sans risquer le coup de soleil. Tout le monde n'avait pas des racines italiennes... "Assieds-toi donc un instant pour profiter du paysage, de la réalité." répondit la nonne. "J'ai en effet envie de discuter un peu avec toi. Rassures-toi, ce n'est ni de la biologie, ni de Dieu. Je ne fais pas de prosélytisme. Il suffit de regarder et d'apprécier le monde pour voir Son oeuvre..."
Bon, Ekaterina se doutait bien que la petite demoiselle ne partagerait pas cette vision. Elle désigna d'un geste ample le parc lointain et la cours de l'école où chahutaient quelques élèves (beaucoup moins quand leurs regards croisa celui de la nonne). "Regarde ça ! N'est-ce pas plus vivant et intriguant qu'un monde en deux dimensions, scripté et à l'interactivité limité ? N'est-ce pas plus beau, plus gratifiant de se confronter au réel ?" poursuivit-elle, d'un ton qu'elle voulait engageant (mais son sourire involontaire ne faisait que mieux ressortir son horrible cicatrice). Bien évidemment, elle ne s'attendait pas à une grande réaction ou un acquiescement de la part de la jeune gameuse. Les adolescents semblaient le plus souvent incapables d'apprécier le présent et l'univers crée par Dieu. Il faut dire qu'ils voyaient la religion comme une sorte de carcan qui brimait la liberté de pensée qu'ils essayaient péniblement de construire. Souvent, il la croyait encore moyennageuse, obscurantisme...
La religieuse fit tournoyer la console dans ses amples mains, jetant un regard négligeant à la partie toujours en pause. "Mais je ne suis pas là pour juger ton hobby...solitaire." continua-t-elle, toujours avec son ton rassurant. "Cependant il faut que tu saches une chose, Destiny. Nous autres les professeurs, nous voyons et entendons bien plus que vous autres les élèves le pensez...Nous ne sommes pas des...comment est-ce déjà ? Ah oui ! Des NPC. Nous réfléchissons, déduisons et avons à coeur les intérêts de nos élèves, même si parfois ceux-ci refusent de l'admettre..." Et j'ai vu que tu étais seules la plupart du temps. Personne ne veux se mettre avec toi en binôme alors que tu es l'une des plus douée. J'ai entendu tes remarques acerbes envers certains de tes camarades, qui t'isolent encore plus, construisant une barrière-repoussoir envers autrui. Et ce n'est pas la première fois que je te vois t'isoler dans un coin, avec comme unique compagnon un gadget électronique.
Ekaterina ne pensait pas que la jeune fille souffre de brimades. Mais l'exclusion, d'autant plus en partie auto-imposée, pouvait faire aussi mal. Et c'était pour ça qu'elle avait décidée d'intervenir et d'essayer d'en apprendre plus. Mais il allait tout d'abord gagner sa confiance et quelque-chose disait à la russo-italienne que ce ne serait pas chose aisée. Bien que ce fut risqué, elle décida de jouer à un petit jeu, histoire de titiller la fierté et le répondant de la A.
"Je vais te rendre ta console, va." l'informa-t-elle d'un ton doux, mais décidé. "Mais j'aimerais savoir pourquoi tu y tiens temps et ce que tu y trouve. Hummm... Prouve-moi donc que j'ai tord, donnes-moi des avantages ou des arguments en faveurs des jeux vidéos. Si tu es convaincante, je te rends illico ton jouet. Sinon... Je te le rend aussi, mais après que j'ai repris ta partie." Bien sûr, la nonne n'avait pas l'intention de mettre sa "menace" à exécution. Elle n'était pas là pour tourmenter la demoiselle au cheveux roses. Elle était là pour stimuler son répondant, son esprit et ainsi mieux la cerner. Ses réponses donnerait à Ekaterina un meilleur aperçut de sa personnalité, loin du masque silencieux de bonne élève de A. Allait-elle relever le défi ou bien resterait-elle comme un lapin apeuré face aux phares d'une voiture ?
Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Sam 18 Juil 2015 - 23:44
EKATERINA • FIN MAI • # D5B9C1
Madame Bianchi s'est contentée de l'inviter à s'asseoir, avec elle, sur un banc du parc. Quant à Destiny, elle ne peut s'empêcher d'observer attentivement chaque recoin du parc qu'elle connait si bien. Ce que son institutrice semble ignorer, c'est que la petite a pour coutume de passer au moins une demi-heure dans ce parc chaque jour, en raison de son cruel manque de vitamines D. Cet endroit lui est très familier. Toutefois le banc où elle s'assied habituellement se trouve un peu plus loin, de ce fait elle observe les lieux sous un angle différent. Elle prend place à côté d'Ekaterina sans rien ajouter.
— Assieds-toi donc un instant pour profiter du paysage, de la réalité. J'ai en effet envie de discuter un peu avec toi. Rassure-toi, ce n'est ni de la biologie, ni de Dieu. Je ne fais pas de prosélytisme. Il suffit de regarder et d'apprécier le monde pour voir Son oeuvre... répond-elle calmement.
— Si vous le dites... soupire-t-elle, désintéressée.
— Regarde ça ! N'est-ce pas plus vivant et intriguant qu'un monde en deux dimensions, scripté et à l'interactivité limité ? N'est-ce pas plus beau, plus gratifiant de se confronter au réel ? continue-elle en souriant radieusement.
Destiny lève les yeux doucement et regarde au loin l'ensemble du parc, la végétation lui donnant un petit côté charmant et le soleil éclairant le tout. Une petite brise secoue les arbres ainsi que leurs feuillages verdoyants. Ce parc se fait régulièrement entretenir par les jardiniers de Prismver et cela se ressent dans ce rendu harmonieux.
Destiny soupire de façon inaudible.
Depuis combien de temps est-ce que je n'arrive plus à m'émerveiller devant ce parc ? Elle se le demande sincèrement. Au fond, elle est consciente qu'elle fait face à une petite merveille de la nature. Toutefois, ce spectacle s'est banalisé de son point de vue ; la magie s'est estompée au fil du temps pour devenir un élément du quotidien qui ne l'impressionne plus. La manière dont Ekaterina s'extasie la rend presque jalouse ; parfois elle pense sincèrement qu'en apprenant à apprécier les petites choses de la vie, elle serait plus heureuse. La seule chose qui y parvient, c'est cette console que fait tournoyer l'enseignante entre ses doigts. À l'instant où cette dernière jette un œil sur la partie mise en pause, Destiny se met à la fixer dans le but de la surveiller. Cela ne se remarque pas avec l'écran de pause, mais elle a atteint un boss ; et même si la licence Kirby ne regroupe pas des jeux de plateforme très compliqués, il est toujours frustrant de perdre bêtement, surtout lorsqu'on n'a plus d'autre vie. Cette frustration, elle l'a connue à de nombreuses reprises dans le passé. Elle espère qu'une croyante d'une religion connue pour sa miséricorde et son altruisme l'en épargnerait.
— Mais je ne suis pas là pour juger ton hobby...solitaire. Cependant il faut que tu saches une chose, Destiny. Nous autres les professeurs, nous voyons et entendons bien plus que vous autres les élèves le pensez... Nous ne sommes pas des...comment est-ce déjà ? Ah oui ! Des NPC. Nous réfléchissons, déduisons et avons à coeur les intérêts de nos élèves, même si parfois ceux-ci refusent de l'admettre... Et j'ai vu que tu étais seule la plupart du temps. Personne ne veut se mettre avec toi en binôme alors que tu es l'une des plus douées. J'ai entendu tes remarques acerbes envers certains de tes camarades, qui t'isolent encore plus, construisant une barrière-repoussoir envers autrui. Et ce n'est pas la première fois que je te vois t'isoler dans un coin, avec comme unique compagnon un gadget électronique. lui reproche-t-elle.
Destiny l'écoute assez attentivement, mais de l'extérieur, elle paraît presque désintéressée par ses propos. Comme si rien ne l'atteint, ne la choque, ne la fait réfléchir sur ses agissements. Elle sait très bien que les professeurs ne résument pas à de simples PNJ sans âme, qu'ils se soucient sincèrement de leurs problèmes et de leurs attentes — sauf pour certains D et E, cela dit. Tout au long de sa vie, Destiny était tombée sur des instituteurs qui s'inquiétaient pour elle, qui cherchaient à l'ouvrir un peu pour qu'elle puisse s'épanouir, comme une enfant normale. Sauf que le problème réside autre part. Elle tourne la tête à vitesse ralentie, d'un geste dénué de vivacité, les yeux entrouverts.
— Où est le problème ? lâche-t-elle.
Elle ne comprend pas, Destiny, d'où provient le problème. Comme l'a si bien dit Ekaterina, personne ne cherche à l'approcher. Personne n'a besoin d'elle, mais elle n'a besoin de personne en contrepartie. La petite se marginalise naturellement ; son isolement vient d'une volonté à fuir le contact. Elle ne souffre pas de la solitude, elle le vit même très bien. C'est voulu. À partir de ce fait, qu'est-ce qui poserait encore problème ? Pour quelle raison Madame Bianchi s'inquiète-t-elle si ce rejet est né des deux camps ? Cette situation lui convient pourtant à merveille...
— Je vais te rendre ta console, va. Mais j'aimerais savoir pourquoi tu y tiens tant et ce que tu y trouves. Hummm... Prouve-moi donc que j'ai tort, donne-moi des avantages ou des arguments en faveur des jeux vidéo. Si tu es convaincante, je te rends illico ton jouet. Sinon... Je te le rends aussi, mais après que j'aie repris ta partie. lui propose-t-elle.
Outre le fait que la menace lui a froncé les sourcils et qu'elle a jugé l'appellation de “jouet” rabaissant, Destiny n'a pu s'empêcher de soupirer calmement. Ses iris fixant le vide, elle remet une mèche rebelle à l'arrière de son oreille.
— Vous disiez pourtant ne pas chercher à juger mon “hobby solitaire”, n'est-ce pas ? Parce que j'ai l'impression que c'est ce que vous faites, en me demandant ça... répond-elle d'une voix vide d'expression.
Elle se met à jouer avec une mèche de cheveux, gardant une expression fort impassible et sereine.
— Il n'y a pas de raison objective qui me fait aimer ça particulièrement. Certains aiment le sport pour leur forme physique ou simplement parce que ça les défoule. Pour certains ce sera la couture, les mangas, les comics, l'informatique ou le dessin... Ce sont des préférences. argumente-t-elle.
Elle expire lentement en prenant son temps.
— Ce n'est pas comme si j'aimais ça pour des raisons logiques. Le fait que ça développe la dextérité, la coordination ou même la réflexion... c'est secondaire tout ça. Moi, j'aime les jeux parce que ça me détend, ça me plait, ça m'amuse. Ça me convient. C'est tout ce qui m'importe. poursuit-elle.
Elle lâche sa mèche de cheveux, lassée par ce jeu inconscient. Sans s'en rendre compte, elle pense même à appuyer ses propos avec une pique.
— C'est comme pour vous avec la religion : il est fort probable que je trouve les raisons qui vous poussent à y croire complètement absurdes. Pourtant, si vous la suivez c'est bien pour une raison, c'est bien parce que vous y croyez, non ? continue-t-elle avec un sourire presque moqueur.
Et elle se tait. Elle se demande brièvement si elle est parvenue à transmettre ce qu'elle voulait, ou si son discours improvisé était un peu maladroit ; l'argumentation n'a jamais été son fort, même si elle provient d'une pensée plutôt sincère après tout. Malgré tout ses raisons ne soient pas complètes ; elle a toujours considéré les jeux vidéo comme un univers varié, aussi bien que la littérature ou les mangas. Et il y a bien sûr ce sentiment d'évasion qu'elle ne réalise pas, ou alors, pas complètement. Il est hors de question de parler d'angoisses ou de fuite à une inconnue telle que Madame Bianchi. Elle en a déjà dit assez. Tout ce qu'elle trouve à ajouter, c'est d'avancer la paume de sa main, à plat, vers l'enseignante. D'un visage mélangeant victoire et frustration, elle regarde sa 3DS.
— Donc... je peux la récupérer ? demande-t-elle, presque comme un ordre.
Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Lun 20 Juil 2015 - 23:55
Player 2
"Heureux l'homme que tu châties, ô Eternel! Et que tu instruis par ta loi" [Psaumes 94-12]
Les merveilles du parc, la beauté de cette nature fournit par Dieu, domptée par l'Homme ne semblait guère émouvoir la jeune fille. Ekaterina se retint de pester devant cette génération incapable de lever le nez de leur écran. D'autant plus que c'était faux, elle le savait... Mais avec tant de sollicitation, tant de culture, de distractions, d'émotions mals filtrées par le média, comment pouvaient-ils seulement apprécier leur environnement et eux-mêmes à leurs justes valeurs ? Il faudrait qu'elle demanda à Chayton. Avec ses racines amérindiennes, il devait bien avoir un truc pour ouvrir les autres à la nature et à la spiritualité.
En tout cas, du coin de l'œil la professeur nota que Destiny avait au moins fait l'effort de regarder et qui sait, d'apprécier leur environnement. Mais bien vite, le regard de la jeune fille revint nerveusement se fixer sur l'objet confisqué par la religieuse. C'était un peu cruel de sa part, mais ne disait-on pas "qui aime bien châtie bien" ? Il faudrait tout de même qu'elle confesse ça... De son coté, Destiny ne semblait pas être consciente (ou plutôt ignorait volontairement) le coté autodestructeur de son addiction. Car oui, pour la nonne, cela commençait à ressembler à une addiction, certes légère et relativement bénigne, mais c'était le premier pas vers la pente glissante de l'exclusion volontaire, du rejet de l'Autre et du monde réel.
Mais pas sûr que la demoiselle le voit comme ça, loin de là apparemment. Le cocon douillet qu'elle s'était tissée pour s'isoler du monde ne serait pas facile à briser. D'ailleurs, Ekaterina ne le voulait pas vraiment : il était bon que chacun est un jardin secret, un moyen de lutter contre le stress et la pression. Le monde était la fois merveilleux et sources d'épreuves. Ce que la religieuse voulait, c'était que Destiny l'accepte et lui donne une chance. L'isolement ne donnait pas souvent de bon résultat, surtout sur un esprit aussi jeune, qui avait encore tant à découvrir, tant à apprendre.
La jeune fille soupira. Son regard était vide, ce regard vide de l'élève qui croit avoir retenu et compris une leçon qu'on lui rabâche encore, et qui va débiter d'une voix monocorde les réponses attendues. Elle allait subir, laisser passer l'orage. Cela inquiéta un peu Ekaterina : qu'avait bien pu subir cette toute jeune fille pour avoir ce regard si morose, si détaché ? Etait-ce juste un comportement blasé, une mollesse adolescente ? Ou bien y avait-il autre chose ? En tout cas, elle écouta sa réponse avec attention.
"Vous disiez pourtant ne pas chercher à juger mon hobby solitaire, n'est-ce pas ? Parce que j'ai l'impression que c'est ce que vous faites, en me demandant ça..." La nonne eut un rictus amusé. Elle ne s'attendait pas à cette attaque, surtout proférée d'une voix neutre et détaché. L'air de rien, elle aimait les gens qui ont du répondant. Par contre, il était intéressant que la jeune fille essaie de garder un ton modéré. C'était-elle trompé sur le mal être et le détachement qui semblait hanter la jeune fille isolée ? Mais la professeur de biologie avait bien remarquée que la demoiselle aux cheveux d'un doux rose n'était pas juste un gentil bonbon, usant de sarcasmes et d'invectives (peut être -probablement - un mécanisme de défense) pour apostropher ses camarades. Elle se tue donc, classant l'information dans sa tête et méditant sa réponse.
"Ce n'est pas comme si j'aimais ça pour des raisons logiques. Le fait que ça développe la dextérité, la coordination ou même la réflexion... c'est secondaire tout ça. Moi, j'aime les jeux parce que ça me détend, ça me plait, ça m'amuse. Ça me convient. C'est tout ce qui m'importe. " poursuivit Destiny, toujours calmement. Mais le fait qu'elle avait jusqu'à présent triturer une mèche de cheveux trahissait sa nervosité. Etait l'apparence sévère d'Ekaterina qui la mettait mal à l'aise ? Ou alors un tic trahissant la concentration de la petite fille, qui par son argumentaire essayait de récupérer sa chère console ? En tout cas, elle avait fournit une réponse, certes rapide et peu argumenté, mais une réponse quand même au "défi" de la religieuse. Pourtant... Cela manquait de passion, pour une droguée au jeu vidéo. Elle aurait dû défendre son hobby bec et ongle. Ou avec des arguments froid et cinglant. La nonne avait tout fait pour l'y pousser. Peut-être était-elle naturellement calme et préférait les argutie posée ? Ce serait un signe de maturité, mais... Cela ne cadrait pas, Ekaterina le sentait. Cette indifférence apparente la troublait.
"C'est comme pour vous avec la religion : il est fort probable que je trouve les raisons qui vous poussent à y croire complètement absurdes. Pourtant, si vous la suivez c'est bien pour une raison, c'est bien parce que vous y croyez, non ?" termina la jeune fille, laissant cette fois échapper un peu de sa probable frustration. La nonne sourit. Sa robe d'ecclésiaste était comme un aimant. A la fois armure, à la fois signal qui attirait immanquablement la curiosité de ses élèves, lui offrant de fait toujours un sujet de conversation. Mais pas pour l'instant : elle avait le sentiment qu'il ne fallait pas s'écarter du sujet de la conversation en cours. Elle préférait que Destiny se rebiffe et l'asticote plutôt qu'une plate indifférence.
"Peut être." concéda-t-elle. "J'imagine que seul Dieu pourrait se montrer parfaitement impartial. Mais ce n'est pas ton hobby, que je juge, ou plutôt qui m'inquiète. C'est le temps que tu lui consacres et l'isolation dans laquelle il te maintient. Visiblement, cela te fait du bien, donc je ne t'en priverais pas. C'est juste... Qu'il n'y a pas que ça dans la vie. La réalité et les autres ont beaucoup à apporter, même si c'est pas toujours facile. Je suis biologiste, je le sais : notre espèce est une espèce sociable. Privé de contact et malgré les éventuelles attelles qu'apporte la technologie, l'être humain s'étiole et dépérit s'il se retrouve isolé."
La nonne soupira. Elle espérait faire passer le message à son élève, mais n'était pas certaine d'y parvenir. Les adolescents avaient la tête dure, surtout s'il ne voyait pas où était le problème (par aveuglement ou mauvaise foi, voire par simple ignorance). Ekaterina était de la vieille école, regardant les envahissant gadgets électroniques, Smartphone et autre tablettes comme autant de choses suspectes. Elle avait beau être progressiste et combattre ses préjugés, il en restait quand même un petit fond, et elle préférait milles fois le contact humain à une discussion sur un forum anonyme ou via un SMS stérile. C'est pour ça qu'elle approuvait chaudement l'initiative de Ruthel d'avoir bridé ces technologies ici. L'idée des LMS était un compromis follement original et l'une des rares bonnes idées du directeur. L'écrit était un bon compromis, forçant à mettre plus d'émotion et de travail qu'un SMS bâclé accompagné d'un smiley. Mais difficile de faire comprendre ce genre de chose à quelqu'un issus de la "génération numérique" comme Destiny.
"Donc... je peux la récupérer ?" demanda la jeune demoiselle, d'un ton à la limite de l'arrogance, alors qu'Ekaterina réfléchissait encore. La nonne ne répondit pas tout de suite, faisant faire un tour à la console sur son doigts, tel un ballon de basket.
"Et bien... Tu as évoqué quelques points positifs : l'amélioration de la coordination neuromusculaire, de la flexibilité cognitive et la plasticité neuronale. Mais ajoutons à ça un effet antidépresseur, voire certain bienfait antivieillissement sur le cerveau ou la lutte contre la dyslexie. Tu vois, je n'ai rien contre ces jeux : ils apportent beaucoup... Mais uniquement si on y joue de manière modérée. L'abus des bonnes choses reste nuisible. Et je pense que les jeux vidéos sont bien meilleurs à plusieurs, en équipe..." La nonne sourit, mais ne rendit pas encore la console, une idée lui étant venue. Il y avait fort à parier que si elle le faisait la jeune fille trouverait une excuse pour s'enfuir au plus vite. Au contraire, elle se rapprocha d'elle, entrant dans son espace vital, dans sa sphère privée, la console à la main.
"Donc, bel effort, tu passes. Je te rends ta console... Mais juste après une dernière chose." termina la religieuse, faisant une petit pause dramatique avant de poursuivre. "Montre moi ton monde. Guide-moi dans ce jeu et laisse moi reprendre ta partie. Tu me dis que faire et comment le faire. Je vais peut être gâcher ta partie. Ou pas, ce sera selon ton enseignement et la clarté de tes explications. En tout cas, cela promet d'être amusant et riche en émotions. ça te tente ?" C'était un défis de taille et Ekaterina s'attendait presque à voir sa jeune élève virer au blanc pâle d'horreur. Elle espérait juste ne pas trop la taquiner ainsi... Mais c'était un moyen pour s'introduire un peu dans l'univers de la fille aux cheveux roses. Cela valait le risque de la braquer un peu. Pour rassurer un peu Destiny, la religieuse conta une petite anecdote de jeunesse, le temps que celle-ci prenne sa décision. Les élèves étaient généralement fan des historiettes de jeunesse de leurs professeurs, ayant du mal à s'imaginer qu'ils fussent jeunes un jour.
"Ne panique pas tout de suite, je sais - vaguement - m'en servir malgré mes gros doigts. J'en ai confisqué assez et la salle des profs peut s'avérer ennuyeuse quelquefois." commença la nonne d'un ton badin. "Et dans mon jeune temps, j'ai suivit nuitamment quelques hardis condisciples - des demoiselles, précisons-le - pour m'introduire en douce dans la pauvre salle informatique de mon pensionnat et faire une nuit blanche, une LAN party. A l'époque nous n'avions pas d'internet et nous avons dû tendre des câbles entre les machines et configurer les réseaux, ce qui nous a pris longtemps pour au final pas tant de temps de jeu que ça. Mais j'étais plutôt douée pour massacrer du démon hérétique ou mes consœurs - Dieu me pardonne - à la tronçonneuse. cette soirée vit beaucoup de petit règlement de compte se régler par écrans interposés... Le fait de risquer une semaine de colle et de corvées ajoutait un peu de piquant et de stress. Ah, folle jeunesse... Mais toujours est-il qu'on s'est bien amusées et qu'après ça notre groupe a été soudé comme jamais..."
Elle espérait que l'histoire ferait sourire la jeune fille ou la rassurerait un peu sur ses (maigres) compétences en matière de jeu vidéo. Mais Ekaterina n'était pas un monstre. Si malgré tout la jeune fille refusait et exigeait encore une fois sa console, elle la lui rendrait, bien qu'un peu à contrecœur.
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Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Sam 12 Sep 2015 - 23:00
don't come inside my mind
— Peut être. J'imagine que seul Dieu pourrait se montrer parfaitement impartial. Mais ce n'est pas ton hobby, que je juge, ou plutôt qui m'inquiète. C'est le temps que tu lui consacres et l'isolation dans laquelle il te maintient. Visiblement, cela te fait du bien, donc je ne t'en priverai pas. C'est juste... Qu'il n'y a pas que ça dans la vie. La réalité et les autres ont beaucoup à apporter, même si c'est pas toujours facile. Je suis biologiste, je le sais : notre espèce est une espèce sociable. Privé de contact et malgré les éventuelles attelles qu'apporte la technologie, l'être humain s'étiole et dépérit s'il se retrouve isolé. explique-t-elle.
Destiny soupire, parfaitement synchronisée avec le soupir de l'enseignante. Sauf qu'elle, c'est le message d'Ekaterina qui justifie ce geste ; une morale qu'elle a entendue de plus en plus au fil des années, surtout de la part de ses professeurs inquiets. Particulièrement cette phrase qui revient et revient : “Il n'y a pas que ça dans la vie.” Elle ne saurait expliquer pour quelle raison cette phrase l'agace. C'est peut-être le fait de l'entendre en permanence qui l'énerve. Ou alors, c'est parce qu'elle n'y croit pas au plus profond de son être. Peut-être. Qui sait ? Dans tous les cas, le fait que la nonne mette l'humanité toute entière dans le même panier l'étonne beaucoup. Même la petite Vermeil, qui a collé la même étiquette sur tous les êtres humains, sait dans le fond que c'est un petit peu plus complexe que ça, que ce n'est pas aussi simple. Peut-on vraiment dire que chacun d'entre eux périt s'il perd tout contact avec les autres ? Qu'est-ce qui prouve cette hypothèse ? Comment peut-on dire que tous les humains fonctionnent exactement de la même manière, alors qu'aucun n'a exactement les mêmes besoins et la même personnalité que son prochain ? Difficile à croire pour Destiny. Mais si c'est vraiment le cas, qu'aucun humain ne peut trouver la joie seul, elle doit être l'unique exception. La seule à n'avoir jamais souffert de la solitude, mais à y trouver la paix véritable.
Lorsque la petite rose lui demande sa console, Ekaterina ne répond pas ; cette dernière fait même tournoyer l'objet comme un ballon de basket. Cette manie lui fait limite frôler l'arrêt cardiaque, connaissant la fragilité et le prix de la console. Elle se retient de hurler contre la nonne, mais parvient à canaliser sa colère. Vivement qu'elle retourne dans les mains de la gameuse.
— Et bien... Tu as évoqué quelques points positifs : l'amélioration de la coordination neuromusculaire, de la flexibilité cognitive et la plasticité neuronale. Mais ajoutons à ça un effet antidépresseur, voire certains bienfaits antivieillissement sur le cerveau ou la lutte contre la dyslexie. Tu vois, je n'ai rien contre ces jeux : ils apportent beaucoup... Mais uniquement si on y joue de manière modérée. L'abus des bonnes choses reste nuisible. Et je pense que les jeux vidéo sont bien meilleurs à plusieurs, en équipe... continue-t-elle.
Un bienfait contre le vieillissement et la lutte contre la dyslexie ? C'est la première fois qu'elle entend ce genre de choses. Même en étant fanatique des jeux vidéo, elle a du mal à voir comment ils peuvent avoir ces attributs. À l'inverse, elle a plus souvent entendu que les jeux vidéo étaient plus sympathiques à plusieurs. Seulement, Destiny a toujours joué seule, préférant savourer ces moments forts en solitaire. Malgré son appartenance au club de jeux vidéo, elle reste seule, Destiny, toute seule. Si un membre vient de temps en temps la défier, ce n'est pas pour partager un bon moment avec quelqu'un d'autre qu'elle accepte. Non, c'est juste pour elle, pour savourer cette compétition qui rend l'enjeu plus palpitant. Juste pour elle. Et uniquement pour elle. Simplement par plaisir égoïste.
Oui, on peut dire d'une certaine manière que Myosotis est égoïste, très égoïste et réticente au contact d'autres personnes d'elle. C'est pour cette raison que lorsqu'Ekaterina se rapproche, Destiny fronce les sourcils, montre une sorte de dégoût. Les contacts physiques ne lui ont jamais spécialement plu ; elle a toujours eu l'impression de perdre une partie de sa liberté quand on l'approche. Ce n'est même pas une question de misanthropie, en réalité. Et comme Casimir est déjà assez pénible de ce côté, alors le fait de voir quelqu'un qui n'est même pas un ami, quelqu'un qui ne partage aucun lien, venir vers elle. C'est trop.
— Donc, bel effort, tu passes. Je te rends ta console... Mais juste après une dernière chose. poursuit-elle en laissant en suspens ses dires.
Destiny fixe l'adulte, assez intriguée mais aussi un peu méfiante ; sa nature paranoïaque lui a bien appris à craindre le pire.
— Montre-moi ton monde. Guide-moi dans ce jeu et laisse-moi reprendre ta partie. Tu me dis que faire et comment le faire. Je vais peut-être gâcher ta partie. Ou pas, ce sera selon ton enseignement et la clarté de tes explications. En tout cas, cela promet d'être amusant et riche en émotions. ça te tente ? demande-t-elle avec une touche d'enthousiasme.
C'est un geste de dégoût qui l'anime, une mine mécontente qui s'exprime. L'appellation de “monde” sonne très bizarrement dans son esprit inconscient de la réalité. Et pourtant, même si elle ne prend pas conscience de son addiction, elle est réticente à l'idée de lui céder sa 3DS. Destiny — en plus de ne pas aimer partager ses affaires — n'aime pas retrouver sa console dans les mains de quelqu'un d'autre, surtout pour y jouer. Ce doit être à cause de cette fois où une fille qui cherchait à l'approcher lui avait pris sa console ; elle n'était pas méchante et s'était simplement donné le droit de continuer la partie uniquement pour découvrir sa passion, pouvoir interagir avec la rose ; sauf qu'elle avait lamentablement perdu, et Destiny avait aussitôt récupéré son bien, s'éloignant en essayant de canaliser sa colère. Dès lors, elle s'était convaincue de ne pas laisser les autres — ou du moins, ceux qui n'y connaissent rien — toucher à ses propres parties. Sans compter les nombreuses fois où ses sauvegardes ont été écrasées sadiquement. Mais comment faire comprendre ce sentiment à cette bonne dame ? Il est hors de question pour la Suisse de se confier — surtout qu'elle a le sentiment que cette adulte commence à la cerner, et ça ne lui plait absolument pas.
— Ne panique pas tout de suite, je sais - vaguement - m'en servir malgré mes gros doigts. J'en ai confisqué assez et la salle des profs peut s'avérer ennuyeuse quelquefois. Et dans mon jeune temps, j'ai suivi nuitamment quelques hardis condisciples - des demoiselles, précisons-le - pour m'introduire en douce dans la pauvre salle informatique de mon pensionnat et faire une nuit blanche, une LAN party. A l'époque nous n'avions pas d'internet et nous avons dû tendre des câbles entre les machines et configurer les réseaux, ce qui nous a pris longtemps pour au final pas tant de temps de jeu que ça. Mais j'étais plutôt douée pour massacrer du démon hérétique ou mes consœurs - Dieu me pardonne - à la tronçonneuse. cette soirée vit beaucoup de petits règlements de compte se régler par écrans interposés... Le fait de risquer une semaine de colle et de corvées ajoutait un peu de piquant et de stress. Ah, folle jeunesse... Mais toujours est-il qu'on s'est bien amusées et qu'après ça notre groupe a été soudé comme jamais... raconte-t-elle.
Destiny demeure stupéfaite. Complètement interdite. Bien qu'elle sache depuis un moment déjà que Madame Bianchi est assez spéciale, elle ne s'est pas attendue à ce genre de choses. Elle n'aurait jamais soupçonné une nonne catholique de faire des nuits blanches pour massacrer ses amies virtuellement avec une tronçonneuse. Jamais. Règlement violé et massacre sanglant. Ah, si Ekaterina arrive de mieux en mieux à la cerner, Destiny, elle, a l'impression de moins en moins comprendre son interlocutrice. Ses yeux légèrement écarquillés restent braqués sur la blonde, accompagné de son sourcil arqué par l'incompréhension. Le silence qui s'ensuit lui indique que c'est à son tour de prendre la parole. De ce fait, elle soupire, avec un petit air arrogant.
— Vous vous permettiez de continuer les parties de vos propres élèves sans aucune honte ? Je pensais pourtant que les membres du personnel devaient se montrer respectueux. lâche-t-elle d'un ton qui mélange déception et sarcasme.
Pour la première fois, même elle, même Destiny a ressenti une forme de compassion ; cette frustration que ressentirait chaque joueur en voyant leur partie — leur parcours, leur aventure — violée. Mais outre cette information qui l'a choquée sur le moment, la gameuse sait très bien que la religieuse cherche à la mettre en confiance, à la rassurer sur ses compétences. Chose plus ou moins réussie. De plus, la jeune adolescente veut bien croire l'histoire de son interlocutrice. Tout devrait bien se passer.
Sauf... qu'il y a cette petite chose enfouie dans son subconscient qui persiste. Cette petite chose qui la rend craintive, nerveuse. Elle-même ne saurait le décrire, l'exprimer correctement, mais elle sent que quelque chose la retient de céder la clé de son univers. Destiny sent le besoin d'être sur la défensive. Alors, elle commence à dessiner une sorte de petit sourire sarcastique sur son visage, en fixant Ekaterina. L'élève paraît confiante et détendue.
— Je veux bien croire que vous avez un minimum d'expérience dans le virtuel. Mais je n'ai presque — voire jamais — entendu parler de LAN party avec des jeux de plateforme. Elle ramène ses pieds sur le banc, enroule ses jambes avec ses bras — une manie qu'elle a adoptée quand elle est assise. Son visage montre toujours cette même assurance. Le jeu, qui est en marche, est un jeu de plateforme. Ces jeux demandent une bonne coordination des doigts et une bonne maîtrise. Même avec des explications claires, si vous n'avez pas les bons réflexes, ce sera Game Over. Confiante, et toujours détendue. Ça aurait été possible si c'était un RPG, mais là, ce serait comme se tirer une balle dans le pied : la défaite est certaine. affirme-t-elle avec conviction.
Elle se redresse sur le banc, se tournant vers la bonne dame. Elle tend sa main, en gardant une allure sereine mais stricte.
Avoue-le, Destiny. Tu ne t'en rends peut-être pas compte. Mais la vérité, c'est que tu n'es tout simplement pas prête à dévoiler ton monde.
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HRP : blblbl je me voyais très mal obliger Destiny a accepté le défi .w. Sinon, tu connais les raisons de ce retard ^^'
codage de whatsername.
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Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Sam 19 Sep 2015 - 16:24
IRL Playthrough
"Et maintenant, mes fils, écoutez-moi, heureux serez-vous si vous suivez mes conseils. Ne rejetez pas mes avertissements, tenez-en compte et vous deviendrez sages." [Proverbes 8:32–33]
Il était amusant de suivre les changements d'expressions de la jeune fille, pourtant si maitresse d'elle même, alors qu'Ekaterina discourait ou lui racontait ses anecdotes de jeunesses. Cela lui permettait de se faire une meilleure image mentale du caractère de la jeune fille. Ces soupirs las face aux diatribes de l'adulte, dénotant un désaccord blasé, un "oui, oui, j'écoute" alors qu'il n'en était rien... Rien de très nouveau face à une adolescente, déjà convaincue d'avoir raison et qui écoutait un discours qu'elle jugeait sans doute ressassé (il était peu probable qu'Ekaterina soit la première à remarquer sa passion pour les jeux vidéos qui frisait avec l'addiction). Mais ce n'était pas parce qu'Ekaterina énonçait des évidences qu'elle avait forcément tord. Et ces regards gênés, voire écœurés quand la nonne se rapprochait... Signe typique de celui qui se repliait sur lui-même, mal à l'aise avec cette preuve si primitive de l'existence d'autrui. Et bien sûr, la colère, pourtant bien contenue (avait-elle peur de la réaction de l'adulte ?), envers cette situation injuste où l'avait plongée la professeur, l'adulte abusant de son pouvoir. Pourtant, pas d'explosion, pas d'appels outrés à l'injustice. Surtout du silence et du sarcasme. En tout cas, l'évocation du passé de la nonne, ainsi qu'une de ses transgressions avait réussit à la déstabiliser et la surprendre. Pour un temps.
La jeune fille choisit d'abord de réagir par l'agression arrogante. "Vous vous permettiez de continuer les parties de vos propres élèves sans aucune honte ? Je pensais pourtant que les membres du personnel devaient se montrer respectueux." lança Destiny d'un ton venimeux. Il en fallait bien plus pour désarçonner la religieuse, qui hésita un instant sur la réponse à apporter. Ou plutôt, sur le ton à lui donner. Elle pouvait se draper dans l'imposant manteau de l'Autorité, gueuler comme un putois sur la jeune fille qui osait employer pareil accent désobligeant contre un membre du corps professoral tout en appelant au respect... C'était particulièrement efficace quand on était enveloppé dans un habit noir et impressionnant et qu'on était taillé comme une rugbywoman. Mais affirmer aussi brutalement son ascendant de part son statut serait surement contre-productif. La nonne voulait que Destiny sorte de sa coquille d'asociale, qu'elle abatte ces murs de sarcasmes et d'auto-isolement dans son monde numérique. Ce n'est pas en jouant à la professeur outragée par une élève qui ose lui répondre qu'elle y arriverait.
Elle décida donc de répliquer elle aussi sur un ton cynique, y mettant juste un peu d'humour froid. "Non, bien évidemment." rétorqua-t-elle calmement, un sourire de requin ornant son visage balafré, le rendant encore plus inquiétant. "D'habitude, je me contente juste de confisquer leurs jouets et de leur donner une punition. Que je double quand ils se mettent à chouiner." Son sourire s'agrandit, pour bien montrer qu'elle plaisantait... à demi. "Et qu'en classe, bien sûr... D'habitude, je ne me mêle pas des distractions des mes élèves, tant qu'elles ne sont pas dangereuses... Je ne me suis emparée de ta console que pour pouvoir te parler un peu en tête à tête et voir exactement ce qu'elle représentait pour toi."
Et elle représentait visiblement beaucoup. Beaucoup trop. La nonne eut un autre sourire, songeant à l'autre partie de la remarque de la demoiselle. "Quant au respect... C'est une illusion courante. La majorité des élèves, et hélas certains professeurs, emploient ce mot bien à la légère. Le respect n'est pas une chose due, automatique, même si certain facteurs en forment la base. Majoritairement, c'est quelque-chose qui se gagne, s'échange. Par exemple, le respect que tu as pour moi, du fait que je sois une adulte et une professeur, est ternit par le fait que je me mêle présentement de quelque-chose qui selon toi ne me regarde pas, et qu'en plus je t'ai arbitrairement privé d'un objet très important. De même, le respect que j'ai pour toi est ternit par le fait que tu tentes de me provoquer, sans doute dans le but d'abréger au plus vite cette conversation."
Laissant la demoiselle aux cheveux roses réfléchir à cela, Ekaterina attendit patiemment de voir si Destiny allait au final accepter sa proposition, son défi. Si elle le faisait, cela serait un bon signe. Si elle refusait, la nonne allait devoir creuser un peu plus... La jeune fille affichait encore un sourire un rien trop sarcastique, mais semblait un peu plus ouverte. Peut être que leur discussion et les aventrues de jeunesse de la religieuse avait enfin ouvert une voie (avec la subtilité d'un coup de rangers dans la porte) vers le monde intérieur de l'élève. Restait à voir qu'elle serait sa décision finale. Qu'un introverti vous fasse confiance n'était jamais gagné, surtout quand on était quelqu'un d'aussi... visible et impressionnant qu'Ekaterina.
"Je veux bien croire que vous avez un minimum d'expérience dans le virtuel. Mais je n'ai presque — voire jamais — entendu parler de LAN party avec des jeux de plateforme." commença la jeune fille d'un ton docte. Ainsi elle avait choisit d'intellectualiser le problème, de trouver une justification plausible pour elle et pour l'adulte afin de refuser. Mince. Bon, ce n'était pas non plus complètement inattendu. Voyons voir ce que Destiny allait trouver comme argument... Intérieurement, la nonne souriait : formé à l'école jésuite, les jeux de logique et les débats lui plaisait grandement. Et plus la petite demoiselle se justifiait, argumentait et discutait, plus la religieuse échangeait avec elle et pourrait mieux la cerner.
"Le jeu, qui est en marche, est un jeu de plateforme. Ces jeux demandent une bonne coordination des doigts et une bonne maîtrise. Même avec des explications claires, si vous n'avez pas les bons réflexes, ce sera Game Over." Logique, bien que la jeune fille aux cheveux roses sous-estimait l'adulte. Comme toujours. Ekaterina n'était certes pas une gameuse, mais elle doutait que Destiny ai la moindre idée de l'acuité des réflexes de la nonne boxeuse. Mais l'argument se tenait : la religieuse n'avait guère d'expérience avec les jeux vidéos, sans parler de ses grosses paluches peu adaptées aux contrôles fins d'une console portable. La nonne pouvait balayer ça avec un ou deux arguments de son cru mais ne dit rien, préférant étudier la position et le visage de Destiny alors qu'elle parlait. Et ce qu'elle voyait ne lui plaisait pas. D'un coté, la voix et le visage de la demoiselle reflétait l'assurance de l'expert qui maitrise son sujet, la confiance en soi de celui qui maitrise son élément de prédilection. Mais de l'autre... Une position refermait sur elle même (probablement inconsciente), un replis sur soit pour rejeter l'autre, pour le fuir. Tout comme ses arguments n'étaient là que pour fuir la désagréable proposition de l'adulte. Décidemment, il faudrait qu'elle creuse un peu plus le passé de Destiny. Son langage corporel démentait de manière trop abrupt ses propos, son masque de pseudo-assurance.
"Ça aurait été possible si c'était un RPG, mais là, ce serait comme se tirer une balle dans le pied : la défaite est certaine." termina la petite fille, affichant une inquiétante certitude. Curieux, ce pessimisme. Même en prenant en compte le fait que Destiny sous-estimait probablement la nonne, pareil renoncement avant même d'avoir essayé était troublant. Etait-ce le fait que la partie semblait si vitale pour elle ? Qu'est-ce qui la gênerait le plus : la perte de temps de devoir tout refaire ou le fait qu'une incapable d'adulte s'était immiscée dans son monde et y avait foutu le bordel ? Ou était-ce le fait qu'elle ne voulais pas envisager l'impossible : que leur collaboration pourrait triompher de ce jeu ?
Alors que la professeur de biologie réfléchissait à tout ça, Destiny reprit la parole. "Rendez-la moi, maintenant." commanda-t-elle d'un ton sec à l'adulte. Pas de "s'il vous plait.". Peu de gens aurait osé parler à Ekaterina sur ce ton, ce qui amena un étrange sourire sur le visage torturé de la nonne. Son apparence pouvait tellement facilement bloquer les élèves. Mais visiblement Destiny arrivait à dépasser ça. C'était à la fois un point positif et un brin inquiétant. Ce ton sec, presque avide... Etait-ce l'addiction qui parlait ? Ou une provocation de plus en mécanisme de défense.
La nonne refit faire un tour à la console entre ses doigts, réfléchissant. C'était mesquin, c'était Mal, c'était volontairement mettre la jeune fille sur les charbons ardents. Elle devrait le confesser plus tard, mais Ekaterina voulait aussi rendre un peu la monnaie de sa pièce à la petite chipie couleur bonbon. "Hummm... C'est demandé avec tant de délicatesse..." commença-t-elle lentement. "Et tu juges plutôt durement mes compétences, sans les connaître, sur des a priori." Il était temps d'arrêter de torturer la jeune fille. Secouer un peu les élèves pour les faire réagir et sortir de leur cocon de certitudes, oui. Abuser et briser, non. Après un ultime tour acrobatique entre ses doigts monstrueux, elle tendit soudain la console à la demoiselle, intacte et toujours en pause. "Mais je vais respecter ton avis. C'est toi la pro, après tout." termina la nonne. "C'est dommage, j'aurais voulu voir ce que notre team aurait donnée..."
Mais n'allait pas croire que la nonne avait abandonné. Ce n'est pas parce que Destiny avait récupéré son bien qu'elle allait pouvoir échapper à l'Inquisition Catholique. La nonne se rapprocha encore de la jeune fille sur le banc (bien qu'elle ai noté le malaise de celle-ci : les introvertis fuyaient souvent le contact physique), scrutant ostensiblement l'écran du jouet numérique. "Mais il est vrai que je connais peu ce genre de jeu..." poursuivit-elle d'un ton volontairement joyeux. "Du coup, montres-moi. Voyons comment tu bats ce jeu. Et quand tu jugeras que tu peux abandonner ta partie, sauvegarder ou je ne sais quoi, tu pourras peut être me laisser la place sur un niveau facile... Je me ferais un plaisir d'essayer de prouver que tu m'as sous-estimé."
HRP:
Ah, ah, tu m'as déjà vu pressé ?^^ Prends ton temps, comme d'habitude.
InvitéInvité
Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Sam 14 Nov 2015 - 1:01
don't come inside my mind
Ekaterina propose une définition du respect assez intéressante ; inconsciemment, elle résume plutôt bien la notion du respect du point de vue de la jeune fille. Ceux qui ne la dérangent pas sont, en effet, généralement épargnés ; ceux qui osent l'approcher de trop près, au contraire, ne méritent rien d'autres que son mépris. Du moins, ça, ce serait le cas si Destiny fonctionnait logiquement. Car la demoiselle profite parfois de son statut de A pour embêter, sans raison, quelques D et surtout des E. Oh ! Ces personnes ne méritent en aucun cas son mépris pourtant, certains ne lui ayant jamais parlé ; dans la même logique, Ekaterina ne mérite pas le respect qu'elle lui accorde. cependant, son statut d'adulte la protège des répliques cinglantes que Destiny lui aurait réservé s'il s'agissait d'un simple élève.
Et aussi parce qu'elle détient toujours sa DS. En réalité, elle a pensé que son argumentation suffirait à lui faire lâcher l'affaire. Lui prouver par A plus B que son jeu vidéo ne lui est pas permis d'accès. Toutefois, Madame Bianchi semble hésiter, pensive. Sans compter qu'elle continue cette détestable habitude de faire tourner cet objet si fragile.
— Hummm... C'est demandé avec tant de délicatesse... Et tu juges plutôt durement mes compétences, sans les connaître, sur des a priori. dit-elle lentement.
Destiny semble peu ravie de sa réponse, impatiente. Perdant toute la patience dont elle peut faire preuve. Heureusement pour ses nerfs, l'adulte lui tend sa chère console.
— Mais je vais respecter ton avis. C'est toi la pro, après tout. C'est dommage, j'aurais voulu voir ce que notre team aurait donné... continue-t-elle.
Oh, pas Destiny. Elle, elle est ravie de pouvoir tenir à nouveau son morceau de plastique entre ses petits doigts. Ravie également de s'être débarrassée de la proposition de son enseignante. Mais la vérité, c'est que la A souhaite désormais s'en aller, maintenant qu'elle a retrouvé son bien. Malheureusement pour elle, son interlocutrice se rapproche encore, et se penche au dessus de la Nintendo 3DS. Destiny l'observe du coin de l'oeil, suspicieuse et légèrement mécontente.
— Mais il est vrai que je connais peu ce genre de jeu... Du coup, montre-moi. Voyons comment tu bats ce jeu. Et quand tu jugeras que tu peux abandonner ta partie, sauvegarder ou je ne sais quoi, tu pourras peut-être me laisser la place sur un niveau facile... Je me ferai un plaisir d'essayer de prouver que tu m'as sous-estimée. propose-t-elle avec entrain.
C'est sérieux...? Elle n'aurait pas pensé qu'une femme aussi banale s'acharnerait autant sur elle. Elle n'aurait pas pensé attiser la curiosité d'une enseignante, éveiller l'intérêt d'une parfaite inconnue. C'est rare il faut dire, et assez atypique pour l'intriguer. Et dans un sens, elle ne supporte pas ça. Les gens qui cherchent obstinément à s'infiltrer dans son esprit afin de la cerner parfaitement. Elle a du mal à les supporter. Il faut dire qu'elle a toujours préféré rester tranquille, toute seule ; et si possible, vivre ainsi toute sa vie : sans avoir à faire la moindre interaction avec quiconque. Mais, Ekaterina semble vouloir la retenir entre ses griffes encore un moment. Alors, Destiny ouvre sa console toujours sur pause. Elle reprend sa partie, là où elle s'est arrêtée. Ah, oui, c'est vrai. Elle se battait contre un boss en forme de fleur géante, nommé Queen Sectonia. Destiny fait tout d'abord mine de ne pas s'intéresser à Madame Bianchi, se battant contre son boss un peu plus difficile que les autres — normal quand on se rapproche de la fin. Toutefois, toujours en regardant l'écran, elle parle.
— Pourquoi autant vous obstiner ? Vous vous comportez toujours comme ça avec vos élèves ? demande-t-elle sereinement.
Elle continue de jouer, contrôlant Kirby qui doit constamment changer de plateforme et battre deux petites fleurs volantes. Le tout avec des graphismes très colorés, mais pas en 3D — Destiny ne veut pas spécialement ruiner davantage sa vue.
* * *
HRP : Tu peux m'en vouloir pour ce mini-pavé mwahaha 8D
codage de whatsername.
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Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Mar 24 Nov 2015 - 23:11
Come to the light
"Malheur à celui qui est seul et qui tombe, sans avoir un second pour le relever." [Ecclésiaste 4-10 ]
Il était à la fois amusant et inquiétant de suivre les expressions de la jolie frimousse de l'élève aux cheveux bonbon une fois qu'elle eut récupérée son jouet électronique. La faire poireauter était un rien cruel, mais Ekaterina espérait avoir ainsi toute son attention.
Mais dès qu'elle eut la console en mains, la petite demoiselle se replongea avec extase dans son monde numérique, ignorant superbement les remarques de l'adulte, fuyant déjà vers d'autres aventures digitales... Ekaterina ne se laissa pas démonter (peu de chose pouvez la décourager) et continua à babiller ton en suivant l'air de rien le jeu de la petite. Qui sait, elle accepterait peut être réellement de l'y initier.
Le combat coloré (quelle étrange idée de lier ainsi violence et mignons personnages...) semblait basé essentiellement sur les réflexes et la vitesse d'exécution, ainsi que l'usage d'armes saugrenues. Peut être il avait-il aussi une répétition des les attaques à esquiver ou contrer, mais Ekaterina était trop novice pour le noter et l'analyser correctement.
Les probabilité qu'elle même réussisse à manier aussi bien la petite boule rose servant d'avatar à son élève était... moyenne. Faisable, mais sans garantie de succès. Pas étonnant que la petite est doutée d'elle. Destiny la surprit à s'adressant à elle alors que le combat faisait rage. Avait-elle tant d'agilité et d'expérience qu'elle pouvait se permettre de se déconcentrer un peu ? En tout cas, Ekaterina fut ravie que la jeune demoiselle lui parle quand même un peu une fois sa console récupérée.
"Pourquoi autant vous obstiner ? Vous vous comportez toujours comme ça avec vos élèves ?" interrogea la Destiny, d'un ton doux qui ne trompa pas un instant la professeur. Voilà qu'était de retour le masque de politesse, de bonne élève sérieuse et silencieuse. Avec, vu la question, un brin de remontrance, comme pour remettre à sa place l'adulte qui avait dépassée les bornes. Ekaterina commençait à cerner un peu mieux la jeune fille, aussi elle médita un instant sa réponse, suivant des yeux les pixels colorés.
"Hummm... J'ai mes têtes." fini par dire la nonne, avec un sourire de requin pour montrer qu'elle plaisantait et un petit temps d'attente pour ne pas trop déranger la joueuse. "Ah, comme j'aimerais avoir le temps de découvrir chacun de mes élèves, comme j'adorerais avoir la sapience pour les aider à résoudre leurs problèmes, la sagesse pour leur transmettre mon expérience... Mais hélas, seul Dieu est omniscient et omnipotent. Alors, je fais au mieux..."
La professeur de biologie laissa un instant durer le silence. Cette réponse convenue ne correspondait pas vraiment aux réelles interrogations de Destiny. Aussi, Ekaterina décida d'être plus directe. Elle avait de toute manière toujours était pour la franchise et attaquer billes en tête.
"Mais ce n'est pas ce que tu veux réellement savoir. Ce que tu souhaites connaître, c'est — pardonne mon français — pourquoi cette putain de prof m'a coincée moi et me dérange, bouscule mes habitudes, envahit ma bulle, mon espace vital et essaye de me comprendre alors que j'ai rien demandé et que je suis très bien comme ça !" La nonne avait envie d'ébouriffer les cheveux roses pâle de son élève avec affection, mais se retint, ne voulant pas gâcher la partie en cours de la joueuse (cette guêpe/fleur/truc n'en finissait pas de changer de méthode d'attaque). Elle soupira néanmoins, de manière bien exagérée, puis poursuivit après un temps, toujours sur un ton amical et amusé.
"Là, je devrais insérer une diatribe du genre les jeunes, tous les mêmes ou un poncif du style je fais ça pour ton bien, mais on va s'en dispenser..." commença la professeur de biologie. "Bien que ça soit pas faux, dans les deux cas. J'ai pleinement conscience que je t'ennuie — doux euphémisme — et que je me mêle de ce qui ne me regarde pas. Mais c'est le privilège des adultes et la croix des enseignants. J'ai jugé, oui jugé, peut être à tord ou à raison que ton... addiction est un peu fort... Ta passion glissait vers l'inquiétant, d'autant plus que tu sembles résolu à repousser la très grande majorité de tes camarades. Et ça, cela m'inquiète. Sincèrement."
La nonne s'écarta enfin de la petite demoiselle., dépliant son immense et inquiétante carcasse. Même si elle fit quelques pas, elle ne s'éloigna guère... Pour l'instant. "Je t'ai transmit le message, je crois, y allant un peu fort pour briser ta bulle. Mais j'ai toujours été pour la franchise et le rentre dedans... Bon, considères-toi comme sermonnée. A toi de voir comment prendre mon outrecuidante intrusion dans ton monde. Tu peux l'ignorer, avec bien sûr le risque que je remette mon gros nez dans tes affaires, ou le traiter par le dédain de l'adolescence outragée — qui suis-je pour critiquer ta façon d'être — ou au contraire y réfléchir et en tenir compte, surtout que je te crois plutôt maline. La méfiance, l'arrogance et le cynisme ne conduise qu'à un isolement malsain. Ce dernier te parait certes souhaitable apparemment, pour une raison qui m'échappe, mais crois-en l'expérience d'une vieille nonne bourlingueuse qui a vu défiler quantité de gamins... La solitude fini toujours par peser. Toujours. Nous ne sommes pas une espèce sociable pour rien !"
La religieuse termina son discours par un geste d'au-revoir de la main. "Fin du sermon sur la montagne, je te libère." conclut-elle. Et sciemment, après quelques pas, elle se retourna pour poursuivre. "Et si jamais tu veux parler de quoi que ce soit, ou me montrer comme une boule rose tabasse une guêpoplante géante, je serais toujours là. Je parie que je me fais ce boss en moins de trois essais..." Et sur cette bravache, Ekaterina se retira enfin.
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Sujet: Re: Only need myself || Ekaterina Ven 18 Mar 2016 - 7:25
Don't come back ▬ Ekaterina
Tu n'as jamais apprécié que l'on tourne autour du pot, Destiny. Tu n'as jamais compris cette mauvaise habitude de ne pas aller au vif du sujet, ajoutant des éléments inutiles dans la discussion, alors qu'il serait bien plus pratique de répondre directement à la question. Car ses problèmes, ses complexes et ses désirs t'intéressent autant que le dernier “exploit héroïque” de Casimir. Sans compter qu'en athée convaincue, cette référence à la religion t'exaspère. Mais finalement, tu supposes que c'est normal de s'inquiéter pour ses élèves ; après tout, c'est bien pour cela qu'elle est payée.
Toutefois, elle finit par te révéler qu'elle sait qu'elle t'embête. Elle sait qu'elle t'ennuie et envahit ton espace privé. Et alors que tu l'écoutes, une forme de colère intérieure brûle dans ta poitrine. Elle t'a un peu surprise pour le coup, Destiny, mais plus que l'étonnement, c'est l'agacement qui domine. Ekaterina a tout compris. Ton ressenti, tes émotions, ton fonctionnement... Elle a tout compris. Et pourtant, même en étant consciente de la nuisance qu'elle représente, elle s'obstine à te chercher ; elle s'obstine à creuser. Toujours, toujours plus. Et ça, ça te dégoute énormément. Car finalement, cette obstination n'est guidée que par une opinion subjective — celle de penser agir pour ton bien, Destiny. Celle de s'imposer dans ta bulle protectrice et d'en souligner le danger sans réellement te connaître. Aussi bien que sa propre religion, Destiny, les jeux vidéo constituent cette part de sacré qui te rattache à ce monde instable.
Comment pouvez-vous vous permettre de juger ? L'importance que je rattache aux jeux vidéo devrait être la même que celle que vous rattachez au Christianisme. Vous devriez me comprendre au lieu de me juger, non ? Surtout en étant chrétienne — n'est-ce pas vous qui prêchez “l'amour et la compassion” après tout ? Ou alors, vous ne suivez pas votre religion ; mais dans ce cas, qui êtes-vous pour me juger ? Hein ? Hein...?
Allez-vous-en.
Vraiment, la mentalité des autres est incompréhensible. Surtout qu'elle avoue elle-même qu'elle a peut-être jugé à tort ton addiction. Par réflexe, ton visage devient blasé pour lui faire comprendre ce que tu penses d'elle. Vous voulez m'aider, mais vous n'êtes même pas sûre, Madame ? Vous vous fichez de moi ? Tu es un peu dure, Destiny. Surtout que tu peux te calmer, maintenant qu'elle s'écarte de toi. Cependant, elle ne part pas tout de suite ; elle te livre une sorte d'avertissement quant à ta passion obsessionnelle. Et aussi concernant la façon dont tu t'isoles, Destiny. L'espèce humaine est sociable, comme elle le dit ; mais tu accueilles une nouvelle fois cette thèse avec désintérêt. Et même si sa dernière phrase est clairement une invitation à sympathiser, chaleureuse, tu sembles réticente à l'idée de la revoir.
— Au revoir. souffles-tu.
Et tu reprends ta partie, comme si de rien n'était. Maintenant que la menace s'en est allée, ta journée peut reprendre son cours. Au moins, tu es fixée sur un sujet : ce n'est certainement pas l'amour chrétien qui guérira tes souffrances passées.