Une bibliothèque pour un aveugle ? C'est juste pour être un peu au calme

Des hauts et des bas, dans la vie tout le monde connaissait ça, n'est ce pas ? Serait ce me plaindre que de penser que j'ai plus de difficultés que les autres ? Non, je ne me plaindrais pas de cette manière tout simplement parce que je m'étais résigné : j'étais aveugle et alors ? Je n'y pouvais rien et cela ne m'empêchais pas de vivre n'est ce pas ?
Évidemment que j'avais plus de difficultés à m'intégrer que les autres mais je n'en faisais pas tout un plat. J'essayais de faire avec parce que, de toute manière, je n'avais pas le choix et c'était ainsi que je devais avancer. Cependant, les couloirs et les salles de classes, lorsqu'il y avait des bavardages, alimentaient les difficultés que je pouvais avoir et je me rendis compte que j'avais le besoin vital d'une chose : d'être un peu au calme.
Soudain, un aboiement. Haru ? D'après la tension dans le corps de mon chien, je devinais que celui ci attendait quelque chose. Peut être que je daigne avancer pour le suivre ? Sûrement mais... Pour aller où ? Si je m'en souvenais bien et, si je croyais ce que mes camarades de classes disaient, nous avions une petite heure de libre :

« Oui, tu as raison Haru, il faut que j'arrête d'être constamment dans mes pensées. Pourrais tu m'emmener à la bibliothèque ? Tu sais déjà comment y aller n'est ce pas ? Je compte sur toi. Au pire, fis toi à ton odorat et suis l'odeur du papier. Apparemment, si j'ai bien compris ce que les autres ont dit, il faut aller au premier étage et la tour est reliée à un pont. Prêt à exécuter cette mission Haru ? »

Un aboiement sec me fis sourire, c'était comme si mon chien me disais : « oui bien sûr que j'accepte cette mission ! ». Il se mit en route et je n'eus plus qu'à me laisser guider, comme je le faisais habituellement. Cependant, le trajet ne fut pas si simple que ça puisque beaucoup d'élèves allaient et venaient donc Haru était perdu devant les différents odeurs qui attaquaient son museau. Cependant, à force de persévérance, nous finîmes par arriver à destination.
Heureusement d'ailleurs puisque je commençais à avoir mal aux jambes à force de marcher, de courir, toujours guider par l'odorat de mon chien qui, je le savais, faisait de son mieux pour me guider : d'ailleurs, je ne m'en plaignais pas. Au contraire, j'étais plutôt heureux de l'avoir comme compagnon.
Soudain cependant, Haru poussa un autre type d'aboiement et je m'arrêtais. À force d'habitude, je savais que cet aboiement signifiait qu'il y avait un obstacle devant moi. Maintenant, c'était à moi de deviner de quoi il s'agissait :

« Hum... Nous devons être arrivés dans la tour à présent... Cet obstacle... Serait ce une porte, Haru ? La porte de la bibliothèque peut être ? »

Un aboiement me répondit alors que je tendais l'oreille. Apparemment, il s'agissait bien de la porte de la bibliothèque parce que je pouvais entendre, au loin, des élèves qui râlaient en disant qu'il ne voulait pas aller en salle de retenu et, d'après ce que j'avais entendu – encore une fois, si j'avais bien compris – la bibliothèque se trouvait à coté de la salle de retenue.
Content et fier de mon chien surtout, je tendis la main et réussis à tourner la poignée de la porte en demandant :

« Excusez moi ? Il y a quelqu'un ? »

Tout était silencieux : après tout c'était peut être normal puisque la bibliothèque était censé être un endroit de calme ou les élèves étudiaient. Cependant, j'entendis Haru renifler. Il y avait donc quelqu'un mais s'il ne répondait pas, je ne pouvais pas le savoir