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| InvitéInvité | Sujet: home | zia Jeu 23 Juin 2016 - 10:48 | | L’argent n’était pas un soucis, très bien - le fait qu’une fille enveloppée d’un pouvoir et un gamin en kimono se baladent ensemble dans la rue, peut-être davantage. Concrètement, Shun n’avait pas honte des apparences et ses tenues exotiques en étaient la preuve-même, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander sous quelle tête apparaissait Zia aux yeux du monde. Ce n’est pas que ça le mettrait mal à l’aise de se balader avec un vieux type à ses côtés, ne serait-ce que parce que son grand-père était en ville et qu’il lui rendait régulièrement visite, mais s’il commençait à afficher le même sourire légèrement arrogant que déballe tout mec en présence d’une jolie fille alors que cette dernière ressemblait à un portugais de 40 ans, la situation pourrait paraître bizarre. Enfin, d’un côté, ça lui paraissait être un sujet difficile à aborder - alors il s’efforça de paraître le plus poli possible.
▬ Tu ressembles à quoi d’un point de vue extérieur ? Ce serait pratique d’éviter tout quiproquo en public, je pense.
Et puis, ce n’était pas tellement faux. Pas le moindre, en réalité - s’il pouvait éviter de passer pour un dingue en appelant par un nom de fille quelqu’un qui avait des chances de se faire passer pour Pierre Menez, il ne ferait pas long feu dans un environnement sain d’esprit.
Malgré tout, il se sentait mal à l’idée de faire payer la demoiselle, et bien qu’elle déclare que ce n’était pas un problème, il eut la juste réflexion qu’elle n’aurait jamais mentionné le cas contraire. Il quitta donc le quartier commercial par une rue étroite et s’enfonça aux coeurs des nombreuses habitations. Arrivé devant une modeste maison à un étage, il sortit une clef de sa poche et l’enfonça dans la serrure. Il ouvrit la porte, s’écarta pour laisser passer Zia et referma derrière lui. Elle devait sûrement se demander pourquoi il l’avait bien amené ici, et surtout, de quel endroit il s’agissait.
▬ C’est la maison de Mr. Wei, la personne qui m’a recueilli quand j’étais plus jeune. Il est venu habiter ici quand un traqueur m’a proposé d’aller à Prismver. Il m’a appris à lire à écrire et... c’est un peu comme mon grand-père, en fait.
Il ne pouvait pas l’appeler père, non pas à cause de l’âge, mais parce qu’il avait des parents, quelque part, et même s’il essayait de les détester pour ce qu’ils lui avaient fait, il n’y parvenait pas. Il savait que ce n’était pas tant leur faute - et les choses auraient pu bien plus mal tourner s’ils avaient gardé deux enfants.
▬ Je ne tiens pas à te faire payer alors je vais nous cuisiner un truc. Grandpa sera sûrement de retour ce soir donc mets-toi à l’aise comme tu veux.
Le jeune homme ôta ses chaussures et se dirigea vers la cuisine. Il prit quelques instants pour sélectionner des ingrédients nécessaires au plat qu’il désirait préparer avant de finalement commencer. Shun n’était pas un chef cuisinier mais il avait apprit quelques recettes intéressantes - comme quoi, l’éducation de Mr. Wei ne s’était pas limitée qu’à l’aspect scolaire. Il lui avait tout donné pour survivre, et Shun ne gâcherait pas cette chance. |
| | | InvitéInvité | Sujet: Re: home | zia Sam 2 Juil 2016 - 0:15 | |
go home ▬ Shun & Zia
Le plus surprenant restait qu'elle l'avait suivit sans aucune hésitation, elle qui d'ordinaire était si méfiante avec tout le monde, et elle avait beau retourner la situation mille et une fois dans sa tête : elle ne comprenait pas. Parce qu'il n'y avait objectivement aucune raison logique et évidente au fait qu'elle accepte de sortir, en pyjama et pieds nus, dans la rue pour le suivre avec ce petit sourire, infime mais pourtant bien présent, sur les lèvres. Sans savoir pourquoi. Ça la répugnait, et aussitôt elle l'enlevait ; s'il le voyait Shun saurait, probablement. Il le devinerait parce que c'était si facile de lire en elle au fond, malgré tous les efforts qu'elle faisait pour que ça ne soit pas le cas. Et s'il devinait, il saurait mieux qu'elle ses propres sentiments, parce qu'elle ne pouvait se permettre de ressentir autre chose que de la haine ou du dégoût ; parce que le reste elle ne connaissait pas. Elle avait tout oublié de l'amour et toutes ces choses gentilles comme l'amitié ou la tendresse. Y avait plus rien de ça en elle et, lorsqu'elle n'y pensait pas, ça lui convenait parfaitement. Alors elle n'y penserait pas aujourd'hui non plus. Adieu tendre sourire au bord des lèvres, ça n'était pas le bon moment.
▬ Tu devrais enlever tes lunettes si tu te poses sérieusement la question.
Elle estimait ne pas avoir à l'égayer plus que ça, s'il voulait vraiment savoir alors un simple coup d’œil suffirait, autrement il assumerait. Il avait l'air d'être du genre à assumer à 100% après tout. Mais malgré son refus d'en dire plus, les regards des passants ne mentaient pas, eux. Grand sourire, quelques murmures ça et là. Ils ne se retournaient pas tous, évidemment, mais ceux qui le faisaient ne pouvaient s'en empêcher, parce qu'elle était belle Zia, c'est vrai. Vraiment belle avec sa longue chevelure brune, sa peau pâle et sa frange correctement coupée. Belle avec ce regard un peu perdu, ses traits fins et son regard en amande ; belle avec toute la douceur qu'elle dégageait et qui contrastait terriblement avec ce qu'ils ne sauraient voir. Tendre dans sa haine des autres, prête à faire une trêve sans raison juste pour éviter à Shun de passer pour un blaireau. Elle ne se comprenait pas.
Ils tournèrent au coin d'une rue pour quitter l'allée principale et s'éloigner des restaurants. Elle ne comprenait pas ça non plus, ce choix qu'il faisait.
▬ Tu nous emmènes où là ?
Méfiante sans en être réellement effrayée, elle aurait dû faire demi-tour sur le champ. Mais elle l'avait suivit, confiante dans ses capacités de défenses, persuadée que peu importe ce qu'il tenterait contre elle, elle saurait se défendre. Elle n'avait pas confiance et le suivait toujours pourtant, silencieuse et un peu en retrait, jusqu'à cette petite bâtisse qu'elle observa longuement, les yeux levés vers le ciel -empreint d'une mélancolie certaine dont elle ne saurait définir l'origine. Incompréhensible. Il lui faisait perdre la tête. Son regard effleura les murs vaguement, se posa brièvement sur les quelques objets qu'il croisait et lorsqu'elle l'entendit, sa voix laissa passer ce faire oh.. Un peu surprit, pas trop non plus -il ne fallait pas abuser. Mais l'histoire qu'il lui racontait semblait être le début d'un joli compte de fée, un peu à l'image de ceux qu'elle pouvait lire à l'orphelinat enfant. Elle n'aimait pas les comptes de fée, parce qu'aussi belle puisse être la fin, il y avait toujours un malheur trop vite arrivé ; un genre de drame dont seul les surhommes se remettaient, du moins elle le croyait et en avait eu la preuve plus d'une fois. Elle avait cru être comme eux, elle aussi. Elle s'était plantée et voilà où tous ces espoirs l'avaient menée. Déplorable.
Zia acquiesça d'un léger hochement avant de le suivre jusque la cuisine sans un mot. Elle se stoppa sur le pas de la porte, baladant son regard ça et là, découvrant de ses iris mornes l'endroit dans lequel il semblait prendre plaisir à vivre. Une sorte de second chez lui qu'il connaissait par cœur, un autre Prismver qu'elle aurait certainement aimé connaître, elle aussi. C'était simple, modeste mais si chaleureux pourtant, pas pour son décor, mais plutôt pour l'atmosphère qui y régnait. Même elle pouvait le ressentir, et à vrai dire ça l'effrayait un peu. Mais puisqu'elle y était, autant faire un effort. Un tout petit, pour une fois. Non ?
Elle s'approcha pour s'arrêter à deux pas de sa silhouette concentrée.
▬ Je peux aider si tu veux.. J'ai erm. Je sais cuisiner aussi... Je crois, qu'elle allait ajouter. Tellement hésitante Zia.
Parce que quitte à ne rien comprendre autant aller jusqu'au bout. Les réponses viendraient peut-être, elle y croyait vraiment.
© YAM for Prismver
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| | | InvitéInvité | Sujet: Re: home | zia Mar 2 Aoû 2016 - 13:18 | | En y réfléchissant bien, la situation était plus gênante qu’il n’y paraissait. Shun n’avait pas réfléchi à ce qu’il venait de faire, mais inviter une fille chez lui, ce n’était pas la meilleure idée qu’il ait eu. Non, ce n’était pas vraiment une mauvaise idée. Zia était agréable. Simplement, c’était plus gênant qu’il ne le pensait - et si son grand-père revenait dans cette intervalle, il ne voyait pas d’excuse à lui donner. Il resta interdit une seconde, outils en main, se demandant ce qu’il venait de faire. Shun n’était pas quelqu’un de très réfléchi.
C’était un fait. Il agissait toujours spontanément, pas simplement parce qu’il n’était pas capable d’une réflexion aussi approfondie que d’autres personnes, mais parce qu’il préférait agir ainsi. Il n’aimait pas les grandes prévisions, les plans trop poussées et le manque de suspense des vies organisées. Shun vivait à l’instinct. C’est pour cette raison que Zia était là, parce qu’il le voulait, et il avait beau risquer d’attirer l’agacement d’un grand-père qui pourrait ne pas aimer ce genre d’invitations, Shun ne regretterait pas. Enfin, il avait beau se prendre la tête à ce propos, il se pouvait également qu’il apprécie l’idée - c’était la première fois qu’il en avait une de ce genre, étant donné sa vie sociale compliquée. Il prit une inspiration silencieuse et se concentra sur sa cuisine quand Zia vint à son encontre, visiblement hésitante - soutenant l’évidence qu’elle n’était pas plus à l’aise que lui. Cette image faillit lui arracher un sourire, mais Shun n’en eut pas la possibilité - ses yeux rivés dans ceux de la demoiselle, il la détailla du regard pour la première fois. Ici, il pouvait le faire sans crainte. Chez lui, il n’y avait qu’eux.
Personne pour les interrompre, pour la juger, personne à fuir ou de qui vouloir se déguiser. Shun s’écarta pour lui laisser de la place sur son plan de travail, un maigre sourire sur son visage si troublé.
▬ Je te laisse t’occuper des légumes.
Il lui tendit un couteau et fit glisser le saladier plein jusqu’à elle. C’était une situation étrange. Presque trop normale. Quand vous passez quelques siècles dans l’anormalité, le quotidien finit par vous paraître plus incroyable que tout - et Shun appréhenda, avec une incompréhension teintée d’une certaine joie, cette situation dont lui avait tant parlé son grand-père. Il ne l’avait pas cru. Il s’était toujours demandé s’il lui était possible de vivre quelque chose de normal après de telles expériences - et cette journée tendait à lui faire croire que non. Alors tant pis si ce n’était que pour cette fois-là.
Au fond, Shun n’en moquait. Il avait accepté son destin tragique dès lors qu’il avait comprit qu’il n’était qu’un catastrophe que le passé refusait de conserver - et dans ce pessimisme, un jour de paix lui suffisait amplement.
▬ J’aimerais bien savoir pourquoi tu te caches aux yeux de tous. Je veux dire, ça m’étonne, tu es très bien comme ça alors… s’il y a un problème que je peux aider à régler.
C’était maladroit, mais l’intention y était. Il jeta ses lunettes, décidé à faire le premier pas dans cette relation qu’il voulait sans mensonge. Shun se moquait bien qu’elle mente au monde. Mais il ne voulait pas qu’elle ne lui mente. |
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