Shall I bite once or twice? [TERMINÉ]

T’es consciente que tu vas foutre de la merde. Mais avec cette fille, c’était à prévoir. Tu sais que vous vous cherchez mutuellement des noises depuis des lustres, mais là elle a dépassé une certaine limite. Qu’elle décide de boire autant suite à la perte des dons, c’est son problème, Colton avait pas à s’inquiéter pour elle. Étonnamment, c’est même pas à lui que t’en veux, c’est à cette A. Pour toi, elle avait prévu le coup juste pour te faire chier, elle avait trop bu et était restée sur le chat uniquement pour que ton copain se fasse du soucis pour elle et aille la voir pour être certain qu’il lui arrive rien.

T’aimais trop Colton pour laisser cette fille te le piquer sans rien faire.
Alors oui, t’es allée jusqu’à sa cabane pour la confronter sur ses idées de « génie ». Question que ce genre d’idée lui revienne pas. Et que ton mec reste ton mec. Si en plus il fallait qu’il s’intéresse à Abi, tu savais pas ce que tu ferais. Tu perdrais tes moyens, très certainement. Comme c’est le cas présentement, oui oui. T’as pas l’air trop énervée de l’extérieur, mais à l’intérieur tu bouillonnes comme un volcan, et l’éruption est très proche.

Donc tu toques. Quelqu’un te répond, tu demandes la chambre de MAD et te précipite dans la direction pointée pour régler tes comptes avec elle. Comme de fait, t’as eu de la chance, elle est encore dans la pièce. T’empruntes pas quatre chemins, t’es réputée pour être franche et directe alors tu ne fais pas abstraction à tes habitudes et lance d’un trait :



Tu te tiens encore dans l’embrasure de la porte, fulminante. T’es tellement pas habituée à te sentir comme ça, tu comprends pas non plus pourquoi tu réagis comme ça, mais t’avais trop besoin de lui faire comprendre le message pour te poser plus de questions sur le sujet. Les questions, ce sera pour plus tard.

Allýson

Abigail avait l'habitude de boire, et était donc par conséquent plutôt résistante à l'alcool. Toutefois, avec trois litres d'alcool dans le ventre, elle n'était plus très très fraîche. Et ça, les gens de la chatbox l'avaient bien compris. Il y avait d'abord Joy. Ah Joy... s'il y avait un mot ou bien une expression pour définir la relation des deux jeunes femmes, "pas top" serait un grand euphémisme. Il y avait aussi Warren, bien heureux d'être exempt de son don pour un petit temps, et enfin Colton. Colton qui, en plus d'avoir rendu son espèce d'enflammée de waterbender possessive à souhait, était l'auteur de ce charmant paysage que la rouquine avait découvert sur sa table de chevet ; De l'eau, une aspirine, une madeleine. La chatbox, d'ailleurs.

Elle venait juste de refermer son ordinateur après avoir constaté les dégâts. Quelques miettes de madeleine encore au coin de ses lèvres, une chemise noire beaucoup trop grande autour d'un petit débardeur blanc et d'un short noir d'encre, ses pieds enfouis dans une paire de chaussons blancs, serrant le bas de ses mollets fins comme de jolies bottines l'auraient fait. Elle sortait à peine de sa torpeur, Madeline, mais elle avait déjà les idées claires malgré de nombreuses questions restant en suspens. Elle avait été bourrée comme rarement. Pire, étalé sa beuverie. Encore pire, témoigné de l'amour à Joy. Apogée du cauchemar, Colton avait prit soin d'elle. Quoique, cette partie là n'était pas si cauchemardesque. Non, tout au contraire, MAD ne pouvait s'empêcher d'en jubiler. La D allait être furax. En revanche, la rouquine n'eut que très peu de temps pour imaginer un possible niveau de colère, un possible résultat, car sa porte s'ouvrit en trombe sur une brune à l'air étrangement familier et attendu. Tiens donc.

Abigail mit un peu de temps à comprendre les mots de la nouvelle arrivante, mais dès que ce fut fait, elle ne put retenir un sourire gargantuesque, presque effrayant. Alors comme ça, Joy voulait penser que la canadienne en avait après son copain ? Soit, soit, elle allait en avoir pour son grade. S'étirant avec nonchalance contre son lit, encore au sol, la petite pourrie gâtée inclina sa tête vers l'arrière avant de faire mine d'esquisser une moue plus sensuelle et pensive que désolée. Bientôt remplacée, cependant, par des mots acérés et un sourire de glace.

▬ J'avoue que ce n'était pas si mal joué, bonjour à toi Joy. Tu n'as pas croisé ton copain en arrivant ? On a passé la nuit ensemble. Oh, tu as raison, Colton est un type vraiment génial... Un rire amusé t'échappa malgré ta contenance, et en contexte, il sonnait plus hautain. C'était incroyable cette nuit. Presque trop facile. Je crois que même l'alcool ne pourra jamais me faire oublier ce moment... j'en frissonne encore. Vous l'avez déjà fait ensemble ? Parce que sinon prend un siège, je serais ravie de t'apprendre ce qui t'attends...

C'était totalement hypocrite, faux et différent de la Madeline honnête et franche. Mais tu avais une bien trop belle occasion de lui faire du mal, même avec des mensonges définitivement plus gros que ton propre ego. Tes yeux n'avaient pas quitté cette Joy manquant définitivement de contenance et de toute l'essence de son prénom.

Vas-y. Mords moi si tu l'oses, pitoyable petit toutou.

Respire, Joy.

C’est ce que tu te répétais comme un mantra pour te calmer, sans cesse, juste pour être certaine de ne pas exploser. Elle te cherchait, et elle avait su toucher la corde sensible. Pourtant, t’avais confiance en Colton, tu savais qu’il te ferait jamais un coup bas dans le genre. Il savait. Et puis, il était pas comme tes ex connards, il avait un cœur et une tête sur les épaules. Mais l’imaginer avec Madeline, l’imaginer la toucher, la… Eurk. Sur le coup, tu te retiens de vomir, retenant réellement la gerbe en toi. La fidélité, tu y tiens un max, surtout maintenant que t’as une relation sérieuse. La partie rationnelle en toi te crie qu’elle fait ça uniquement pour te provoquer, que ce n’est pas vrai, mais tu vois trop rouge pour l’entendre.

Tu ne te battras pas par contre. T’es pas ce genre de fille, et tu veux pas montrer à la A qu’elle te fait du mal. Y a d’autres moyens pour toi d’en arriver à lui faire comprendre ton point. T’as jamais été une personne violente, au contraire, alors tu ne lui feras pas ce plaisir de te voir sortir de tes gonds. Tu lui réponds donc, après avoir ri un bon coup :



Tu souris d’un air suffisant, jusqu’à ce que ça te percute. Qu’en fait, dès que les pouvoirs seront de retour, la mauve pourra faire ce qu’elle veut de votre couple. Après tout, elle peut prendre votre apparence non? Elle pourrait faire absolument n’importe quoi.
Tu deviens livide. Et tu perds ton sourire assez rapidement. La seule idée de perdre à jamais Colton, ça te donne l’impression de suffoquer. De perdre une partie de toi trop importante pour te permettre de survivre. Vous étiez déjà passés par tellement de trucs, il fallait vraiment que MAD s’en mêle? Parce que tu le sais bien, si elle se rapproche de ton mec c’est uniquement pour te faire chier. Tout est prémédité dans ce jeu auquel vous participez toutes les deux, tout est pensé pour que vos mauvais coups atteignent leur cible. Mais cette cible ne doit en aucun cas être Colton.
Tu fixes Madeline d’un air absent, et souffle d’une voix faible :



Tu n’étais pas jalouse d’elle, comment le pourrais-tu? Colton peut voir qui il veut, c’est pas de tes oignons, mais si la personne en question est MAD, c’est qu’elle a prémédité un truc et qu’elle a voulu qu’il s’intéresse à elle pour une raison en particulier. Il ne peut en être autrement, et ce pour t’atteindre encore plus. T’étais incapable d’en vouloir à celui qui avait conquis ton cœur, tout devait nécessairement être la faute de celle qui manigance trop de choses. Nécessairement.

©Allýson

Tu étais restée calme sur ta position. Mollement appuyée contre le lit, ta tête contre le matelas. Pourquoi, comment aurait-il pu en être autrement ? Tu restais calme et détendue. Tu n'avais rien à te reprocher de toute façon. Que Joy puisse crier, pleurer, rire ou même partir n'y changerait rien. En dehors d'un petit grondement intérieur envers la brune qui ne semblait avoir aucun scrupule à crier contre une jeune fille ayant la gueule de bois, tu ne ressentais rien pour elle. Ainsi, lorsqu'elle éclata de rire suite à ta petite provocation, tu restas de marbre, sans sourciller et en gardant le calme le plus olympien, le plus serein, le temps de la laisser terminer son éclat de rire.

N'étant même pas fendillé, le masque d'indifférence que tu arborais resta bien plaqué contre les joues délicatement piquetées de tâches de son qu'étaient les tiennes. Mais alors qu'elle commença à s'exprimer verbalement afin de te prouver l'inefficacité de tes mots, elle te fit malgré elle te rendre compte de quelque chose. Récupérant alors, amplifiant, le sourire suffisant avec lequel elle te toisait, tu ne pus retenir un éclat de rire tandis qu'elle se décomposa littéralement. Si imprudente, Joy, si fragile au fond. Si drôle, aussi.

Poussant un peu sur tes mains, contre le sol, tu donnas une petite impulsion sur tes pieds afin de te relever. T'époussetant rapidement, repoussant tes cheveux sur le côté, tu noyas ton regard dans le sien d'un seul geste de menton vif. Pliant, dépliant tes doigts, ajustant ton allure de panthère, pas feutrés contre le sol. T'approchant, encore et encore, jusqu'à te coller à elle. Saisissant ses doigts, y entremêlant les tiens avec assez d'aura pour qu'elle ne puisse rien y faire. Tu soufflas doucement dans son cou, manifestant que fragile comme une feuille qu'elle était, cela aurait pu servir à la chasser de ton chemin. Tes lèvres s'incurvèrent dans un joli sourire en coin, moqueur et amer. Tout ce que tu veux te semble à porté de main. Simple, si simple, si grisant que l'intérêt s'infuse autre part.

« - Joy McCullen. » murmures-tu.

Ton regard glisse le long de son cou, inquisiteur, avant de se figer contre ses pupilles. Ses yeux paraissent presque éteints. Elle a perdu de sa contenance, ça c'est sûr.

« - Dégage de ma chambre, Joy. Dégage avec ta faiblesse et tes requêtes. Tu ne m'intéresses pas si tu es aussi faible, alors dégage. »

Au final, tu ne peux te retenir d'exploser à nouveau de rire. Tu recules d'un pas, et tu inclines légèrement la tête sur le côté, tout en croisant tes bras sous ta poitrine. La jugeant, la jaugeant de haut en bas. Une D dans toute sa splendeur. Au final, tu es déçue. Tu lâches un soupir et détourne ton regard d'elle pour revenir t'asseoir, sur ton lit cette fois.

« - Et bah alors, elle est sourde ou quoi ? Si tu tiens tant à rester, rappelle au moins ton copain qu'on puisse s'amuser un peu. Ou sers-moi de repose-pieds au moins. Pff, les pauvres de nos jours... »

Elle te fait peur, et pas qu’un peu. Tu ne sais jamais ce qui passe par la tête de cette A, et c’est bien le problème. Un instant elle sera mielleuse et celui d’après une furie sans merci. Ainsi, quand elle se relève, tu t’attends au pire. À une gifle, à une insulte, à un rire ou une moquerie, mais non. Tu t’attendais pas du tout à ça, et c’est d’autant plus effrayant en sachant que vous n’avez jamais eu de proximité de la sorte. Ce n’est pas une chose normale qui se passe là, elle doit certainement cacher son idée pour qu’elle heurte davantage lorsqu’elle l’exécutera.

Et comme de fait, cet ordre prononcé d’un trait t’atteint beaucoup plus que tu ne l’aurais cru. T’es une faible, certainement. Parce que ton cœur est entre les mains d’un autre, il ne peut en être autrement.  Ça, ça ne te blesse pas, t’es consciente que d’aimer ça peut affaiblir autant que ça peut donner des forces. Mais savoir que tu perds ton intérêt parce que tu es faible, c’est autre chose. Tu ne cherches pas à intéresser Madeline, pourquoi le ferais-tu? Vous n’êtes pas amies, ce serait donner de l’importance à quelqu’un qui n’en mérite pas. Cependant, si elle pense ça, est-elle la seule à le faire?

Tu ne réalises pas que tu es restée plantée là sans un mot tout ce temps, pas avant qu’elle n’éclate de rire pour te rappeler de partir ou de te « rendre utile ». Inciter Colton à te tromper sous tes yeux avec cette garce, c’est pas de l’utilité selon toi. Et ce serait trahir l’amour que lui-même t’avait donné.
Tu t’apprêtes à sortir, tu le sais, mais tu ne comptes pas partir en chien abattu avec la queue entre les deux jambes. Tu dois partir la tête haute.

Alors tu plantes ton regard durci dans le sien, pour lui faire comprendre que tu ne comptes pas abandonner de sitôt. Tes lèvres s’étirent en un léger sourire et tu te tournes sans un mot pour quitter la pièce et retourner dans ton bungalow. Parler après ça, ce serait gaspiller de la salive pour une cause perdue. La A ne ferait qu’à sa tête, comme d’habitude, mais au moins tu savais à quoi t’en tenir comme coup bas de sa part. T’espères par contre qu’elle ne mettra pas son plan à exécution, parce qu’autrement Colton et toi alliez en voir de toutes les couleurs.
Parce que même le plus grand des amours ne peut pas toujours guérir lorsqu’il se croit trahit.

©Allýson