Ton sang sur un tableau ✖ PV JIM [Terminé]

La prof de maths. Objet de nombreux fantasmes. Ils étaient tous là, à baver devant elle. Ouais, Prismver avait ce don de recruter que des belles gueules, dans le personnel. Etrange hein ? En attendant, les mecs, bien qu’en A, avaient tendance à se laisser dissiper en cours de maths, face à la jolie prof aux cheveux roses. Ce n’était pas le cas de Jim. A fond dans son exercice, il fut le premier à le terminer, et voila dix minutes qu’il attendait que les autres finissent, faisant tourner son stylo entre ses doigts et murmurant les paroles de sa chanson du moment. Jess avait visiblement terminé elle aussi. Un regard, un sourire. Et puis le cours se termina. Comme toujours, Jim retint la prof quelques minutes : non pas pour la draguer, mais bien pour lui parler maths. Il avait poussé l’exercice plus loin, avait songé à une autre façon de le résoudre et lui en faisait part. Et comme souvent, il se rassit à sa place, sans rien ranger, alors que tout le monde, prof comprise, quittait la pièce.

Parce-qu’il était en A. Parce-qu’il fallait maintenir son niveau. Parce-que l’apprentissage - de quelque matière que ce soit - était une passion. Jim restait donc régulièrement, ainsi, à refaire ses exercices. Relire ses leçons. Aller plus loin. Mp4 sortit, écouteurs dans les oreilles, il bossait ses maths, chantonnant, car il n’y a qu’en musique qu’il était au summum de son efficacité. Faisant tournoyer son stylo dans tout les sens, bougeant la jambe en rythme, ses yeux parcouraient les lignes, les formules, les chiffres. Et bientôt, les fiches s’entassèrent autour du bouquin de cours et des autres bouquins de la collection personnelle du blond. Il mettait la même énergie au travail que dans ses fêtes - c’est ce qui faisait son niveau excellent, toutes matières confondues.

Finalement, il se leva, glissant son mp4 dans sa poche, écouteurs toujours sur les oreilles, et s’approcha du tableau, livre en main. Parce-qu’il ne voulait pas gâcher plus de feuilles, il se mit à faire de lui même les futurs exercices sur le tableau noir. Il adorait écrire dessus. C’était so old school. Jim aurait aimé devenir prof. Qu’importe la matière. Il serait un prof génial.

Concentré sur son exercice, bougeant en rythme, il alignait les formules, effaçait, réecrivait, faisait calculs et schémas à part. Raisonnement, réflexion poussée à l’extrême, Jim ne voyait pas le temps passer. Parce-qu’il prenait plaisir à se triturer le cerveau. Une occupation comme une autre, pour lui, alors que les autres étaient probablement bière en main ou ballon au pied. Jim n’était pas sportif. Il était fin, ni gras ni maigre, ni musclé. Juste grand et fin. Ses sports favoris étaient la danse en soirée et la musculation des cellules grises en journée. Rien d’autre.

Il effaça intégralement le tableau, recommençant son raisonnement après avoir bloqué. Mais de nouveau, le blocage, au même endroit. Émettant un léger râlement, il prit du recul, appuyant ses fesses contre le rebord du bureau le plus proche. Se caressant le menton et le bouc qui y naissait, ses yeux parcouraient chaque détail, son cerveau pédalait à mille à l’heure. Dans la concentration la plus totale, il se leva alors, et posant la craie sur la surface noir, dessina de nouveaux chiffres et symboles. Le son à fond, les yeux ne quittant pas la poussière blanche, il ne remarqua absolument pas l’entrée qui se faisait derrière lui.

Alors, il fut prit d’un violent sursaut lorsqu’il sentit une présence toute proche, mais n’eut pas le temps de réagir qu’il était déja plaqué violemment contre le tableau, face à... Skygge. « T’as une dernière volonté avant que je t’éclate la tronche contre ce putain de tableau ? » Son regard assassin. Ses traits dur. Ses dents serrées. Sa voix menaçante. Le rythme cardiaque de Jim s’accéléra légèrement, tandis qu’à ses pieds, le bouquin de maths venait de s’écraser. «... Heuuu je veux bien une bonne grosse cuite pour supporter ça... » Jim. Il comprit aussitôt, à la lueur qui traversa le regard de Skygge, que ça faisait partie des plus mauvaises réponses à donner. La surprise, la panique l’avaient fait lâcher ces mots d’un ton légèrement blagueur, même si la méfiance et une once de peur se lisaient sur le visage du fêtard. « Nan nan d’accord sérieusement heu, je peux savoir le problème... ?» S’empressa t-il d’avançer avant qu’il puisse avoir la moindre réaction, portant ses mains sur la sienne et essayant, inutilement, de reculer, n’ayant pour effet que de ressentir une douleur en bas du dos, là ou la barre en fer où s’empilaient les craies était fixée. Il déglutit, fronçant légèrement les sourcils en voyant que Skygge semblait le plus sérieux du monde. Ok, parfois, Jim, faut savoir être sérieux. «... Tu voulais une invitation à la dernière party ? Parce-qu’il y a pas de soucis hein, je t’invite aux prochaines sans hésitation...»

Ses paroles s’échouèrent dans le silence de la pièce, et à peine les mots furent ils évanouis que Jim eu, tout juste, le temps de voir son poing en grande vitesse venir s’écraser sur son visage. Il eut à peine le temps de fermer les yeux et encaissa, sa tête emportée par le coup heurtant le tableau à l’arrière de son crâne. Mal. Machoire serrée, Jim rouvrit les yeux, cillant, hésitant.

Plus de sourire. Plus de pétillement dans le regard. Un regard mauvais. Mauvais, mais craintif. Il entrouvrit les lèvres, sentant sa joue chauffer sous le coup puissant qu’il avait du encaisser. La douleur était présente, comme imprégnée dans sa peau. Regard vif, et, pour la première fois depuis très, depuis trop longtemps, la colère. L’injustice. Un regard fougueux, qu’on ne connaissait pas dans ces iris couleur noisette, au quotidien rieuses.
« Arrête de jouer à l’innocent. Tu sais parfaitement pour quelle raison je suis ici. »
«... Je.»

Alors, Skygge saisit sa main. Jim frissonna, s’attendant sincèrement à ce qu’il lui pète le poignet. Mais il n’en fit rien, si ce n’est de lui donner un papier. Jim fronça les sourcils, baissant les yeux sur le petit morceau de papier froissé, presque déchiré. Qu’est-ce que... Il déplia le coin, l’approchant légèrement de son visage, posant sur Skygge un regard méfiant.

un certain mois de septembre

 Je viens à peine d'apprendre la nouvelle et je m'empresse de t'envoyer ce LMS. Il semblerait que ce blond qui t'es si cher, ce Cale, aie eu une relation plus que privilégiée avec un certain Jim de A -qui n'est même pas chou. Je parle bien évidemment de sexe. Cette trahison mérite, je le pense, une juste punition, et je prendrais un certain soin à faire en sorte que justice soit rendue. Une chose aussi "adorable" que l'amour ne doit pas être souillée par des mensonges.
Avec toute mon affection


« What the f... » Il dû relire une seconde fois le papier, son cerveau si intelligent étant trop abasourdi pour en saisir tout le sens à la première lecture. « Tu croyais pouvoir me cacher ça encore longtemps ? T’es vraiment la pire des ordures. Je vais te faire regretter d’avoir posé tes mains sur lui. » Jim leva un regard incrédule sur Skygge, en tombant des nues. Il était tellement choqué que cette vieille histoire ressorte, et surtout de cette façon, qu’il ne trouvait même pas les mots, ses idées s’embrouillant totalement dans son esprit tant il ne s’attendait pas à ça.  

« Je vais faire de ton existence un enfer, enfoiré. Mon nom, t’es pas prêt de l’oublier, tu peux me croire sur parole.»
« Mais t’es con ou quoi ??! »

Nouveau coup. Jim poussa un gémissement de douleur, portant la main à son nez, ses yeux humides observant le sang qui perlait alors sur ses doigts. Mais merde ! Jim le poussa inutilement, les deux mains sur son torse, essayant de se dégager de là, mais n’eut pas plus d’effet qu’une fourmi essayant de déplacer un rocher. La colère prit alors le dessus sur la peur, et il leva enfin les yeux vers lui, abandonnant l’idée de le pousser. Il écarta les bras, essayant d’expliquer la situation à cette grosse brutasse.

« C’était y’a plus d’un an qu'on a couché ensemble bordel ! Tout le monde est au courant et lui et moi on a pas de problème avec ça ! J’pensais que tu savais, tout le monde le sait, merde, pourquoi tu viens me faire chier maintenant avec cette histoire ?! » Mauvais mots. Joue avec le feu. Parce-que Jim, la diplomatie, le sérieux, les conflits, tout ça, il sait pas gérer. Insouciant. Inconscient. Il cilla tout de même amorçant un geste de protection au moindre geste que fit Skygge. Colère. Peur. Oui, bien-sûr qu’il avait peur. Son coeur battait à deux mille à l’heure. Mais merde, c’était quoi ce bordel qui lui sautait à la gueule d’un coup ?! La panique lui donnait du mal à s'exprimer, si bien qu'il n'avait même pas pensé à préciser que c'était en soirée, genre, dans le feu de la fête et des drogues, que Jim a tendance à un peu trop consommer.

La surprise sur son visage. Skygge tombait de haut. Très haut. Alors tout le monde le lui avait caché. Cale compris. Merde, il jouait tellement au con, voila où ça les menait. Skygge avait beau être un gros dur, Jim sentait la douleur en lui, au fond de ses yeux, et dans chacun de ses muscles.

« T’as vraiment cru que t’allais t’en tirer avec ta pauvre excuse ? »
« C’est la vérité. » Répondit Jim aussitôt, d’une voix basse, le regard mauvais, essuyant le sang qui perlait de sa narine.
« Pourquoi je devrais croire un mec comme toi ? Si c’était vraiment il y a un an, pourquoi je ne l’apprends que maintenant ? La personne qui m’a envoyé ce LMS venait de l’apprendre aussi, visiblement. »

Jim plissa les yeux, sceptique, et voulu répondre mais de nouveau, Skygge l’agressait. Il grimaça lorsqu’il sentit son dos heurter le tableau, et déja, il sentait ses pieds quitter le sol, tandis qu’à son cou, les poings lui maintenant le col l’étouffaient. Il serra les dents, regardant Skygge avec haine. Parce-que, si il était le roi de la fête, le mec probablement le plus enjoué de Prismver, il ne supportait pas en revanche l’agression, la colère, surtout dirigée contre lui. Il n’était pas compréhensif. Il était égoïste. Profite de la vie ou crève. Ceux qui ne partageaient pas son point de vue, il ne pouvait rien pour eux, et qu’ils lui fouttent la paix. Qu’on ne vienne pas entâcher son joli monde rempli de musique entraînante et de confettis. C’est ce que Skygge faisait. Il venait troubler sa tranquilité, sa joyeuseté à toute épreuve. Il déferlait tel un tsunami sur la rave party qu’était sa vie. Et, pire que tout, il s’en prenait physiquement à lui. Car les mots blessants, Jim n’en avait rien à faire. Trop heureux. Trop fier, au fond. Trop intelligent. Trop malin. Trop détaché. Les mots ne pouvaient l’atteindre. En revanche, les coups le pouvaient. Et Skygge avait parfaitement compris tout ça. Le regard de Jim s’était fixé au dessus de l’épaule de son agresseur. Une forme, un peu plus loin, commençait à apparaître. Chojub. Concentration. Le petit diablotin était invoqué dans ce monde, mais seule la concentration de Jim en avait le pouvoir. Ainsi, lorsque Skygge le plaqua de nouveau contre le tableau, afin de récupérer son attention, la forme du diablotin disparû, faisant ciller Jim qui n’eut d’autre choix que de reporter une pleine attention sur la menace.

« Alors dis-moi pourquoi je devrais t’épargner alors que tu as posé tes mains sur Cale ? T’as cru que j’allais accepter ça ? En rire ou le prendre à la légère ? C’est mal me connaître. »
« J’ai rien cru du tout puisqu’à l’époque t’étais PAS avec lui. Mais tu sais quoi ? Vas-y, frappe -moi, c’est que des coups, j’en ai rien à carer. Par contre le fait que tu fasse pas confiance à Cale aujourd’hui, ça c’est grave. T’es persuadé que c’est récent ? Alors t’a aucune confiance en lui, encore aujourd’hui. Mon pote t’aime, et toi t’es là comme un chien en train de renifler la moindre trace de tromperie. Tu le mérite même pas si t’es pas fouttu de croire en son amour. Frappe-moi j’en ai rien à fouttre, frappe le mec qui se l’est tapé y’a plus d’un an alors qu’il était drogué, frappe si ça peut te soulager, mais en sortant, va te faire soigner, sérieusement. »

Colère. Parce-que Jim, c’est un gosse. Un gosse qui joue au con. Rien de plus.