Tout ce qu'il me faut ▬ ft. Riley Evans.

Tout ce qu’il me faut

C’est encore une journée comme les autres qui se prépare. Et oui, décidément, ces temps-ci, j’ai un peu l’impression de tourner en rond, comme un petit poisson dans son bocal. C’est dingue, limite si je ne deviendrais pas folle. Se lever. Déjeuner. Se brosser les dents, s’habiller. Partir en cours avec mon petit sac à dos, pas si petit que cela au final, car il est blindé de livres empruntés, de cahiers remplis de mes notes, et bien d’autres choses que j’ai dû mettre dedans sur le moment, sans vraiment regarder si cela me serait utile un jour. Une petite routine bien installée au final, mais qui commençait à me peser, au bout de cinq ans.

Il faut bien avouer aussi que ce n’est pas facile tous les jours. Tous ces gens qui chahutent dans les couloirs, qui crient, se bousculent. Qui vous bousculent. Et puis, même pas une excuse. Bande de malotru, franchement, si ça ne tenait qu’à mon courage et ma force d’esprit, j’en aurais mises, des torgnoles. Mais voilà. Je suis faible. Réservée. Et tellement invisible. C’est presque comme si je faisais partie intégrante des murs. Oh, il y a bien eu quelques tentatives d’approches, ces derniers temps. Mais il faut dire que ces choses m’intéressent tellement peu que je n’y fais pas plus attention que cela.

Bien décidée à suivre le programme de la journée, je m’engageais alors dans les queues devant les salles de cours, pour suivre ce train-train quotidien. Informations. Apprentissages. Etudes de cas. Perfection dans nos dons. Ah. Cette partie était celle que je détestais le plus. Bah oui, voyez-vous, j’ai beau être une tronche niveau études, dans ce domaine, je suis une vraie bille. Et malheureusement pour moi, je suis pour l’instant la seule détentrice de ce pouvoir. Alors personne pour m’aider. Ouais, un drame. Mon petit drame personnel. Mais bon, au moins, je m’en sors toujours mieux que certains, ça c’est sûr.

Et ce que j’entends par là, tout simplement, c’est que mon don n’a pas vraiment de conséquences « graves ». Ok, le mec va dire la vérité. Mais ça s’arrête là. Ce n’est pas comme l’autre là, que j’ai croisé une fois, se transformant en phoque. Oh, qu’est-ce que j’ai pu rire sur le moment. Non mais imaginez un instant. Il drague une fille et PAF. Ou pire. Il réalise un besoin naturel et BOUM. Ah, le carnage. Ouais, je vois que vous commencez à comprendre. Bon, ce n’est pas tout, mais la fin des cours approche, et on a un temps libre dans notre emploi du temps, pour une fois.

Dis Machine… Tu vas faire quoi après les cours, me questionne une personne que j’ignore totalement. Car, vois-tu, on fait un Action ou Vérité spécial, et on aurait besoin de tes services…
Il se moque, je le vois bien. Bougre.
Laisses tomber Jack. C’est une brelle c’te meuf. Une vraie cassos inutile, pouffe une grognasse rousse à côté de celui qui m’a interpelé.

Ni une, ni deux, je fourre tout en vrac dans mon sac, et file comme un courant d’air, faisant mine de ne rien avoir entendu. Alala, la jeunesse. De vrais imbéciles. Vous voyez pourquoi je ne fais aucun effort avec les gens ? Ils n’en donnent pas l’envie. Et puis il suffit que vous n’entriez pas dans des cases bien prédéfinies pour que l’on se moque de vous. Tsss. Une vraie bande de gamins. Pourvue que tout cela se finisse. Et vite. Sans demander mon dû, je parcours l’établissement pour me diriger vers la Tour Annexe, là où se trouve la bibliothèque.

Et quelle bibliothèque, mes aïeux ! Un vrai bijou. Vous pouvez trouver de tout comme du n’importe quoi. Des livres de cuisine, des comptines pour les enfants, tout ce qui a un lien avec l’Histoire. Les religions diverses et variées. Franchement, si vous ressortez d’ici sans trouver votre bonheur, c’est que vous n’avez vraiment fait aucun effort de bonne volonté. Une fois arrivée, je me précipitais à l’accueil et farfouillais dans mon sac.

Bonjour ! C’est pour rendre des livres que j’ai emprunté. Merci bien , je m’exclame tout en tendant une demi-dizaine de livres.

Pour la forme, le bibliothécaire me remercie et me demande si j’ai besoin d’aide pour trouver ce qu’il me faut. S’ensuit un échange d’une dizaine de minutes sur ce qui pourrait m’intéresser. Pour tout vous avouer, j’ai déjà en tête un métier que je désire faire. Le même que le sien. Parce que je me sens ici comme chez moi. C’est vraiment comme ma deuxième maison. Alors certes, il n’a pas beaucoup de conseils à me fournir, si ce n’est de pouvoir connaitre beaucoup de livres, dans à peu près tous les domaines existants, pour pouvoir conseiller les autres.

Sans demander plus de choses, je fouine dans les étages et dans les étagères. Il y a tellement de choses. Ah, et puis ce dernier étage, qui est inaccessible, mais qui doit posséder tellement de petits trésors. Mais bref, je m’égare. Sans regarder le titre ni la couverture, je prends le premier livre qui me tombe sous la main, d’un volume assez important, et me dirige vers une table pour m’y installer.