Turn around, so the stars in your eyes can be the mirror of mines

La frénésie marquait ce bal de Noël, encore plus qu'à l'habitude avec toutes ces rumeurs de fermeture de l'école. Laurent n'était toutefois pas touché plus qu'à l'habitude par cet événement marquant de Prismver, trouvant les mondanités peu utiles à la vie d'un étudiant, mais il s'y présente tout de même question de garder les apparences et de passer un peu de temps avec ses amis. Ce dernier point est particulièrement important pour le B, qui se remet toujours de sa dépression. Loin de son point d’ancrage qu’est sa famille, le jeune homme n’a que ses potes pour lui changer les idées et ces petits moments sans drame lui permettent de prendre ses distances avec son ancienne réalité un instant.

Sauf que cette année, il n’y allait pas avec ses amis, mais avec une fille. Amelia. Laurent n’avait pas assisté à la scène dont elle avait été victime, mais il a entendu parler de l’acte qui avait été posé contre elle par une autre A. Protecteur, comme toujours, le Québécois l’a depuis gardée à l’œil subtilement en cherchant le meilleur moyen de la contacter et de lui faire savoir qu’il existait, qu’il serait là pour la protéger désormais. C’était plus fort que lui, même s’il ne la connaissait pas, il se devait de la défendre. Après avoir longuement hésité, il a envoyé son invitation à la violette – qui est la rosette plutôt pour Laurent et son daltonisme – pour le bal de Noël, se disant que ça ferait peut-être moins sorti de nulle part. Comme de fait, elle a accepté sa proposition, le gonflant de fierté.

Voici donc le B, sorti de la douche, passant une main dans ses cheveux rebelles pour tenter en vain de les placer correctement. Il lui restait environ vingt minutes pour se préparer avant de devoir se diriger vers le cabanon de sa cavalière. Vingt petites minutes pour enfiler son habit, soigneusement choisi pour l’occasion et adapté du mieux qu’il le pouvait pour s’accorder avec celui de la jeune fille. Laurent sourit face au miroir et s’attelle à la tache, domptant sa chevelure et enfilant son habit avec soin, veillant à ne rien oublier.

Le jeune homme quitte sa cabane avec cinq minutes d’avance, un petit bouquet d’orchidées blanches à la main pour sa compagne de soirée. Il n’avait pas pris de chance pour la couleur, ne sachant pas discerner le violet du rose et le vert du jaune, sans compter toutes les teintes se ressemblant qui finissent par lui passer largement au-dessus de la tête comme ses yeux n’en discernent aucune. C’est ainsi qu’il arrive, deux minutes à l’avance, au cabanon d’Amelia. Sa main toque trois petits coups à la porte et lorsque celle-ci s’ouvre sur la demoiselle en question, il ne peut retenir un large sourire.

- Salut ! Wow, tu es magnifique. Je t’ai apporté ça, mais tu peux les laisser ici si tu préfères pour pas avoir les bras encombrés quand il faudra danser.

Le jeune homme lui tend le bouquet, pas du tout gêné mais curieux plutôt de comment la soirée se poursuivra. Laurent désirait par-dessus tout permettre à Amelia de passer du bon temps sans soucis des autres et de l’opinion d’autrui, qu’elle puisse s’amuser comme n’importe quel autre adolescent présent au bal.

Il tend son bras sans perdre son sourire une fois Amelia prête, l’invitant à le prendre galamment pour se rendre sur les lieux de la fête. Juste avant de quitter, toutefois, le B souffle à l’oreille de sa cavalière :

- J’espère que tu es prête à t’amuser.

La tenue :

Nullement offensé par le refus de sa cavalière de prendre son bras, Laurent l’observe plutôt gambader et virevolter en souriant, s’amusant intérieurement de l’apparente insouciance de la demoiselle. Son offre était plus d’une nature formelle que l’objet d’un désir caché tel que celui de sentir la main d’Amelia contre son bras, chose qui aurait cependant pu être le cas d’autres garçons de l’académie. Il marcha donc le bras le long du corps sans se soucier davantage des bonnes manières, les présentations d’usage ayant été effectuées déjà, il ne restait au B qu’à traiter avec respect et politesse la A. Le brun sentait qu’à cette allure, il n’avait pas terminé de se faire surprendre par la violette.

Sur place, il se plie à la règle du verre d’eau en fronçant les sourcils, intrigué par ce que cachait une telle demande de la direction. Toutefois, Laurent est rassuré de voir qu’Amelia a choisi le chemin indiquant TAPETTE à sa place, ayant eu peur l’espace d’un instant qu’elle ait préféré braver le mystérieux défi alors que le jeune homme n’en ressentait pas particulièrement l’envie. Le bleu suit ainsi sa cavalière jusqu’à la piste de danse, où la demoiselle explique son comportement de plus tôt dans la soirée tout en l’invitant à danser.

Le brun hausse les épaules, montrant que le refus de sa jolie partenaire ne l’avait en rien vexé. Ses lèvres s’étirent en un sourire amusé alors qu’il lui répond en un rire.

-Avec plaisir, j’allais te l’offrir.

Ce qui était la plus stricte vérité d’ailleurs, le B ayant l’intention de profiter pleinement de la soirée avec la jeune femme. Pas dans un sens déplacé, bien entendu.
Conscient qu’Amelia n’aime pas particulièrement être restreinte dans ses mouvements, Laurent lui prend gentiment la main pour l’entraîner sur la piste de danse à sa suite, cherchant du regard un endroit pas trop occupé pour qu’ils puissent se laisser aller au plaisir de la danse sans craindre de marcher sur les pieds des autres élèves. Le jeune homme l’amène ainsi dans un coin pas trop isolé, proche des étudiants qui dansaient avec proximité pour ne pas faire sentir à la A qu’ils s’isolent du reste des élèves.

D’un geste rapide, il fait tourner Amelia sur place en riant doucement et commence à bouger au rythme de la musique, y allant franchement mais sans être bouffon ou encore ridicule. Le B savait bouger, bien qu’il ne ferait clairement pas carrière en danse. Il savait donc qu’il ne ferait pas honte à sa cavalière ce soir-là, pas en dansant du moins.

-Allez, montre-moi ce que tu sais faire.