Ce qui est sûr c'est que le silence ne régnera pas dans cette pièce [PV Law.]

Elissy ne faisait que de se balader depuis ce matin. Et il était aux alentours de dix-huit heures, il faisait déjà sombre à l'extérieur. Elle ne ressentait l'envie de rien faire, sauf peut-être de se retrouver en compagnie d'un beau jeune homme ne serait-ce que vingt minutes. "Non mais oh!" vous dirait-elle alors qu'elle le penserait déjà.
Assise sur un banc à regarder les gens passer, elle eut un déclic en voyant une certaine personne. Une garçon avec les cheveux noirs et frisés (généralement elle ne s'intéresse pas à ce genre de mecs, mais elle s'ennuie trop pour rester à rien faire.) Avec une certaine moustache bien taillée en effet. Et des yeux... D'un bleu si profond ! "OMAGAAAAAD JE SUIS EN TRAIN DE BAVER PU... Merde il se barre..." Hum. Imprévisible est-elle oui. De son regard sournois elle s'était levé pour le suivre par de multiples couloirs dont elle ne connaissait même pas l'existence. Elle prenait soin de rester dans l'ombre, toujours souriante et faisant peurs à des gens qui la fixaient bizarrement. Elle était fière de son coup jusqu'à ce que sa "victime" entre dans une pièce immense.

La jeune fille se racla la gorge et entra à sa suite, refermant la porte derrière eux.

-Oh, quelle surprise, moi aussi je voulais venir étudier au... Au... Enfin ici tu vois !

Elle ne cherchait même plus à se cacher. Elle avait maté les belles petites fesses du gars sur son chemin, il faut l'avouer. Et là elle prenait place sur une table, les jambes croisées et le dos droit, un beau sourire charmeur aux lèvres. Il ne se retournait pourtant pas, ayant peut-être deviné ce qu'elle voulait ? Aucune idée de la part de la blonde. Elle passa une main dans ses cheveux avant de redevenir à peu près normal, faisant un tour de la pièce en regardant les murs. Depuis son arrivée elle n'avait jamais mis un pied ici, et l'endroit la déstabilisait fortement. C'est une D quoi, elle n'a pas envie de connaître des expériences avec d'autres personnes. Enfin, des expériences dans ce lieu ! les expériences en collaboration avec son entourage, elle connait. Adjugé vendu ?

-Bon oké j'avoue je sais pas où on est.

Elle ne soupira pas pour autant, restant figée devant une affiche avec pleins de lettres et de nombres qui lui donnaient mal au crâne. Puis l'odeur aussi. Certes le "BG" sentait bon mais les produits utilisés durant les dernières 24 heures n'avaient pas accepté de s'enfuir par la fenêtre. Bref, elle s'était dit qu'il valait mieux se contenter de ça. Elle était dos à l'autre qui devait être de l'autre côté de la pièce, refusant pour le moment montrer son visage avant qu'il ne l'informe de son charmant petit nom.

Elle défilait... Quelle salope. Lentement qui plus est ; élancée sur cette folâtre luxure à la cleptomanie insoupçonnée. Sa putain de vie rasait de près ses cils sobrement taillés, frôlant la nuance de ses iris ténébreuses et froides, alors qu'elle venait de toucher le fond. Elle était finie, disparue, oubliée. Il en était contraint, bientôt, la neige de Décembre ne serait qu'un amas de cristaux sans importance, bibelots de la nature esseulé voyant s'élever haut le ciel les rayon de chaleur. La droite, puis la gauche. Il n'avait pas de temps à perdre, puisqu'il en avait gagner. Plus question pour lui de se défiler si vicieusement, une nouvelle fois. L'Erreur ? Il n'aurait plus son bénéfice, il l'avait tellement commise, bafouée. Espiègle et pimpante, il se contentait de la balancée en guise de viande rouge aux charognards des règles, elle qui s'était dérobée sous sa paume. Désormais, il était livré à lui-même ; lui et sa merde. Qui a dit que jouer le rôle d'un rebelle à long terme demeurait comme aisé chaque jours flinguant le temps ?

Ça lui brûlait la bouche, cette substance comme liquide ; verdâtre et parsemée de poudre bleu, son nouveau dentifrice. Ardemment, il brossait ses dents. Les encoignures furent astiquées tandis que les résidus furent exterminés. Une marre d'eau sur le visage, il lui reste le sommet d'une tâche de savon à l'angle de son visage qu'il expédie en enfer. Prestement, il détourne les yeux à son réveil sonnant comme les cloches de la place principale. Elle ne lui est plus accordé, cette faveur de temps et d'excuse. Alors il se dépêche, il pioche dans son armoire abreuvée de tissue un tee-shirt grisâtre taillé en épis surmonté d'une jacket sombre. Un jean gris d'enfiler tombant sur ses chaussures et il rehaussait son élégance d'un sac en bandoulière diagonale. Ses quatre cent pas étaient lourds et longs, cela se ressentait en ce début hivernal. Bonjour à l'inlassable froid, il tamponne son téléphone portable à sa poche arrière, vérifiant qu'il y gésir. Rassurer, il emboîte le pas.

Sa démarche est décadente, fignolée et charismatique. Elle chasse la poussière de bois, arrogante et légère. Elle se disperse sous le courroux de l'empressement du jeune afro-américain, optant pour le parc, raccourcissant son trajet à la dérive des sentiers de sables mêlé à la terrine brune. Le vent lui arrache la peau, auparavant baignée dans la crème. Ses poils du visage, convenablement dessinés sur son menton sente l'après-rasage ; il cocotte. On ne voit que lui, pourtant il est imperceptible. On ne sent que lui, alors qu'il embaume tout juste. Son bras balance en avant, il est en retard. Il ne sera jamais à l'heure, même si il se dépêche. Cependant persiste. Sécher les cours un mois entier est tellement satisfaisant, reposant, les reprendre est harassant, c'est indéniable. Et il se sait suivit, il n'est pas dupe, il est loin de l'être. La présence qui marche à ses arrières la suit telle une ombre indécente dont on ne peut se défaire, l'irréalisable légende de Peter Pan. Alors sa cadence ralentie, peu à peu, comme il le souhaite finalement puisqu'il est maître de ses décisions. Sachant que ce n'est qu'une perte d'espoir, la caille enguirlande ses talons là où le vent l'emporte, c'est-à-dire, dans les tréfonds méconnues des couloirs de Prismver, poussant la première porte sur laquelle il tombe. Tant pis pour sa reprise, songea-t-il, sa journée allait de toute évidence, débutée sur les chapeaux de roue.

Inexpressif, il gagne une place rapprochée de la fenêtre. La salle du laboratoire étant vide, la lycéenne aux cheveux d'ocre s'installe à ses arrières ; il l'entend brayer ? Matinale. Elle ne lui siffle que quelques mots de sa voix suave et féminine, lui, tapotant de l'index sur les bordures de table. Cette fois, son expression est plus qu'audible, elle résonne à ses tympans :

« Bon oké j'avoue je sais pas où on est. »
« À vrai dire, je n'en sais pas plus que toi. »

De son répondant si démarqué, aussi glacial que mature, il tourne sur sa chaise qu'il place face à sa table, dégradée par l'influence de feutres et crayons. Se démunissant lentement de son sac qu'il pose au sol, il jette un regard subjectif sur la cour, grattant l'arrière de sa nuque l'air pensif.

« Tes parents ne t'ont pas apprit qu'il ne fallait pas parler aux inconnus ? Ça peut être dangereux. »

Elle le regardait, réfléchissant à ses paroles avant de venir s'asseoir sur la table juste devant le jeune homme, histoire d'observer de mieux son visage. Elle n'avait pas envie de répondre à celui-ci. La raison était que parler de ses parents la chamboulait, mais il fallait qu'elle dit quelque chose, qu'elle prononce quelque chose sur un ton soit neutre, soit glacial. Elle opta pour un troisième, celui de la gentillesse un peu trop exagérée.

-Pour tout te dire, non ils ne me l'ont pas appris. Le dangereux ne me fait pas peur tu sais.

Elle souriait du mieux que possible, essayant de ne pas finir déstabilisée par la conversation. Pourquoi ce garçon avait-il choisi de parler inconsciemment du "Petit Chaperon Rouge et Le Grand méchant Loup", et pourquoi à Elissy ? Elle aurait bien voulu l'envoyer dans les roses noires pour lui porter malheur sur le coup. Et puis le faire croiser un chat noir ainsi que le pousser sous une échelle. Elle détestait parler de famille, tout simplement. Elle trouvait son passé bien trop dur à supporter pour cela. Elle lâcha un léger soupir avant de river ses yeux sur l'extérieur. La fenêtre blanche faisait assez ressortir la froideur de l'extérieur, ce qu'elle appréciait assez bien.

-Et puis si on ne parle pas aux inconnus, comment peut-on avoir des connaissances, des amis, et tout le tra la la ? Sérieusement le Petit Chaperon Rouge est démodé.

Elle s'était remise à sourire en plantant son regard vairon dans celui bleu de "l'inconnu". Son but ? Aucun. oui d'accord elle avait réellement un but il y a quelques minutes mais patience. Il ne faut pas brusquer les choses, oh non ! Ce serait un beau gâchis. Il faut savoir s'informer plutôt que sauter directement sur la proie, eh oui.

La blonde fouilla la pièce du regard. Malheureusement elle n'avait pas pris son sac de cours. Sauf qu'elle s'en moquait puisqu'elle n'avait vraiment pas envie de travailler une matière qui lui était inconnue, et encore moins dans une grande salle vide, ou presque. Travailler est un art, un art qu'elle n'a pas encore acquis ou pas spécialement. Son art favori ? Voyons quelle question ! D'ailleurs zappons cette interrogation. Cela pourrait choquer certaines personnes, notamment la cervelle de la blondasse qui à ce moment-là était en train de tourner en rond, s'ennuyant à mourir. De l'action... Oui, elle souhaitait de l'action ! Et elle n'allait sûrement pas tarder à la faire naître.

D'un pas rapide elle vint s'installer à côté du brun sans se soucier de son opinion. Elissy en profita également pour regarder tranquillement ses yeux. Elle trouvait fascinant qu'un regard d'océan puisse montrer autant de chose. Il faut avouer qu'elle ne sait pas identifier les émotions, sauf en suivant le ton sur lequel on lui dicte des choses plus ou moins intéressantes.

Tant de sympathie... C'était débile, ridicule, burlesque. Heureusement que la politesse ne faisait pas partie de leurs desseins personnels, il aurait détester ça. À vrai dire et depuis peu, Law se fascinait pour l’abdication : sa manière désintéressée de considérer tel ou tel choses l'y contraignait. Ce qui était bon à jeté se voyait triangulé une formidable place aux limbes de la déchetterie. En l’occurrence, si elle aurait la malchance de l'ennuyer, il ne ferait pas de différence entre elle et une simple babiole soutirée d'une vieille quincaillerie.

Non, elle ne l’intéressait pas. Elle l'énervait. Il entendait sa voix étouffée par la pression de l'air bruire sur une pupille fenêtrée, latente... C'était à lui qu'incombait cette décision à l'envoyer chier ou non. De force ou de gré, il finirait bien par tonner de sa voix macabre solennelle le fond de sa pensée, instinctive. Et puis, c'était qu'elle parlait beaucoup, la blondine mignonnette qui avait fait perpétué son inlassable rituel de retards matinaux.

« Pour tout te dire, non ils ne me l'ont pas appris. Le dangereux ne me fait pas peur tu sais. »

Son auriculaire tapotant sur le marbre d'une table montée à quatre pieds résonnait en écho perturbateur dans la salle vide et close de l'extérieur. C'était l’incessant bourdonnement d'une hâte solitaire et mélancolique, elle exprimait sa lassitude et son impérieux désarroi. Sa voix, tout juste dégrossie, était enrouée. Il se la racla. Jouant sur les notes graves et trapues de celle-ci, il faisait basculé son sac à languette sur ses genoux, contre-balançant sur sa chaise de bois réchampie à l'aide d'une paire de diagonales métalliques. Law s'engagea à un ton ironique et moqueur :

« Tiens donc... On nargue la peur ? Que c'est mignon... Tu ignores réellement ce qu'est le danger. »

Un regard taquin chavirant sur l'hymne d'un rire psychédélique falsifié ; voilà ce que l'on pouvait pouvait lire son sur visage. Un rictus, puis deux. Cela en devenait arrogant, presque misogyne, lui qui méprisait l'insouciance de la faiblesse.

« Et puis si on ne parle pas aux inconnus, comment peut-on avoir des connaissances, des amis, et tout le tra la la ? Sérieusement le Petit Chaperon Rouge est démodé. »

Il appréhendait son opinion immature. Un avis était un avis... Une moue légèrement grimaçante, puis, il laissait son visage s'agrémenter d'une supériorité délinquante. Elle n'était qu'un incrédule déclin sur cette détérioration de sérieux, un jeu d'échecs métamorphosé en distraction séductrice. Faire croire à la manipulation. Renverser les fils avant de les inverser, ils s’emmêlent de nouveau, encore et encore... La patience de l'impatience, l'homme qui n'aimait pas tourner autour du pot brisait aisément l'argile dans lequel il était potelé. Il l'approuve d'un signe de tête apathique.

« Des connaissances dis-tu ? Mais le monde n'est que délits et foutaises. Tant de visages défilent aux multiples facettes ; comment distinguer le vrai du faux. Telle est la question. Après tout, de nos jours, qui peut juger de ce qui est démodé ou non ? »

Il exprimait une courte pause, en y profitant pour extirper de sa poche, un paquet de chewing-gum sans sucre qu'il abandonna sur le plat de la table, puis, se rassied, face à elle. Déballant silencieusement la friandise de son papier d'emballage qu'il se met aussitôt à mâchouiller à grands bruits.

« Tu te considères comme le petit chaperon rouge ? Devines donc qui sera ton servant grand méchant loup...? ♥ » Soufflait-il de son inaudible voix ténébreuse en mystifiant l'extrémité de son menton qu'il relâchait au rythme des secondes.

Elle écouta chacun de ses mots, commençant à prendre un malin plaisir à entendre sa voix. Une voix bien masculine, très carrée, que le jeune homme utilisait froidement mais avec une grande touche de charme. Elissy prenait cela comme une sorte de provocation. Elle était chaude bouillante là. Mais vous ne saurez jamais chaude bouillante de quoi. Son sourire ne la quittait pas, et ses yeux restaient rivés sur la créature devant elle.

-Serais-tu un beau rebelle mon cher ?

Elle l’observait mâcher bruyamment son chewing-gum. Souhaitait-il la saouler ? L’énerver jusqu’à ce qu’elle pète un câble ? Si oui il n’allait pas être déçu. Lui, un grand méchant loup ? Tant mieux, elle aimait bien les loups solitaires comme lui. Elle n’avait pas de tarif ? Non. Alors voilà s’il souhaitait d’un peu de compagnie il pouvait lui sauter dessus sans problèmes.

La jeune blondinette s’était approchée dangereusement de lui pour toucher de son index sa joue et ses lèvres. Puis elle s’était de nouveau reculé ; souriant toujours de cette manière étrange et trop charmante. A vrai dire, sa voix ténébreuse lui avait donné envie de toucher la moindre parcelle de sa peau. Le pauvre. Il devait être sur les nerfs non ? Après tout cela ne la dérangeait pas. Elle aimait bien faire chier le monde. Elle trouvait ça si cool.

Sérieusement, elle se leva et fit de nouveau quelques tours dans la pièce. Elle ne voulait rien faire et n’avait rien à faire de toute manière. Elle ne voulait pas bosser. Et ce laboratoire lui foutait un peu les j’tons. Elle imaginait déjà le gars en train de lui sauter dessus pour lui couper la gorge juste parce qu’elle l’énerve. Excellent.

Elle revint se placer à côté de lui. Elle le regardait sans savoir quoi dire, elle pensait trop pour cela. Ne disons pas ce sur quoi ses pensées divaguaient. Parlons plutôt d'autre chose. Savez-vous que le réchauffement climatique peut causer des dommages forts ? Donc la mort d'hommes par milliards. Voyez-vous, ce ne serait peut-être pas de refus dans un sens puisque nous sommes trop pour continuer à vivre dans un siècle.

Bref. Son sourire quitta ses lèvres et elle attendit patiemment une réponse de la part du brun trop ténébreux à son goût. Elle aurait bien voulu que ça langue se délie d'une autre manière que ce qu'il avait fait. Épargnons les détails. Imaginez-les et ce sera parfait.

-Serais-tu trop solitaire au point de renvoyer chez elle une belle créature comme la Vénus de Milo ? Aucun rapport. Ce n'est pas grave. En tout cas tu as un très beau visage tu sais.

Nouveau sourire ravageur par la belle. Décidément, elle voulait son repas habituel...