Raven is here. Do something if you can.

La mission avait été parfaitement préparée : les rôles donnés, chaque membre disponible avec sa propre part à faire, adoptée à ses caractéristiques - le tout orchestré dans un horaire avec le moins de risques possibles, c’est-à-dire la nuit. Miles n’avait pas vraiment dicté les opérations, pour être honnête. Il avait exposé l’idée et les membres avaient tour à tour trouvé des idées pour améliorer le projet. De base, il s’agissait d’un simple coup de pub : l’action à l’extérieure de l’île mettait en garde les humains et celle-ci consistait à montrer aux mages qu’ils étaient aussi concernés. Un dernier coup de pub, une première action ; deux objectifs mélangés dans une action unique. Ce qui embêtait Miles, c’est qu’il était celui-ci à être le moins en danger ce soir. Certains étaient sortis tagger. D’autres s’étaient rués au zoo pour mener une opération d’autant plus compliquée, et dans tout ça, Miles était cloué dans sa chambre, une bouteille dans les mains, son ordinateur portable dans l’autre.

Pirater l’intranet de l’école n’était pas moins compliqué (surtout depuis que l’île avait accès à internet : la défense était plus difficile face aux piratages - là où, quelques mois plus tôt, ils tenaient du suicide de l’anonymat) mais les connaissances en informatique de Miles étaient assez limitées. Il avait les bases ; il savait se dissimuler, suffisamment bien pour avoir créé les réseaux de Raven sans se faire prendre, mais ça s’arrêtait là. La différence, c’était sa seconde arme : la potion de changement de pouvoir que lui avait donné Théa, et avec le don de technopathe, l’américain serait en mesure de mener une attaque correcte. Ce n’était pas bien méchant, mais adblock était trop contraignant pour les pubs et Raven en nécessitait une grosse. Selon les écrits sur la bouteille, il fallait éviter d’avoir mangé avant (sous peine de tout vomir) et ne pas juger le goût de la potion.

Cette seconde partie ne s’avéra pas si facile lorsque Miles porta le goulot à ses lèvres : la potion était infecte. Il songea aussi fort que possible à la technopatie, et, incapable de visualiser les images d’un tel pouvoir, se contenta d’écrire le mot dans l’espace visuel de ses pensées. La douleur fut atroce, elle aussi - comme si une force intérieur projetait un vent froid sur ses organes pour les faire tous vibrer.
Il avait l’impression que son corps se transformait alors que ses circuits magiques étaient la seule chose atteinte. Il n’était pas certain qu’il ait le pouvoir auquel il ait pensé (il avait un risque, paraît-il - et il était prêt à le prendre.) mais l’avantage de ce pouvoir est qu’il était plus instinctif qu’autre chose. Autrement dit, le manque de maîtrise ne serait pas un problème. Lorsque Miles ouvrit son ordinateur et passa ses doigts sur le clavier, il sut que le changement avait marché. Il se rendit compte de toutes les possibilités - comme la satisfaction de comprendre le premier mécanisme d’une langue, et réaliser tout le chemin qu’il reste à parcourir. Il y avait d’innombrables choses, dans l’informatique, et durant quelques instants, Miles pensa à une autre solution. Il pensa à tout ce que ce pouvoir apporterait : changement d’identité, de photo, de dossier, disparition du monde civil. Il songea qu’en quelques instants, s’il oubliait le monde, se sauver lui ne serait pas un problème. Mais ce n’était pas le but de Raven.

Ce n’était pas son but, ni qui il était ; et aussi vite qu’il avait avalé le liquide, il se mit au boulot. Dans son état de connaissance, c’était un plaisir de pianoter sur son clavier. Une fois tout l’intranet de l’école spamé avec des bannières et autres pubs de Raven, avec l’icône du mouvement, Miles ajouta une touche ultime sur la page d'accueil :


Miles ferma son ordinateur. S’il restait trop longtemps, son talent et toutes les mesures ne suffiraient pas à le protéger. Il avait également préparé quelque chose en plus, dans le feu de l’action, quelque chose juste au cas où. Il n’en aurait pas besoin maintenant mais qui sait, dans un futur proche, il pourrait utiliser cette mesure extrême. D’ici là, sa tâche était accomplie. En accord avec le plan, il ne sortirait pas pour voir où en étaient les autres (bien qu’il ait insisté) : cette décision pourrait le mettre en danger et le groupe avait besoin de son leader. Malgré ça, il fut incapable de s’endormir, avec l’angoisse d’imaginer l’un des membres s’être fait prendre.

RP intrigue •• Août (cycle 3)