« I KNOW YOU WANNA GO TO HEAVEN BUT YOU'RE HUMAN TONIGHT » ◆ FT CLARYLes mondes se mêlent juste là, sur les pavés, entre deux couleurs de pierre qui s'affrontent sans gagner. Sans en finir. Et l'ensemble est morose, comme ton esprit contre ta peau, qui s'agite en tempête dans ta boite crânienne. Les vents ne sont pas puissants pour un quelconque amusement. Seulement pour les idées noires. Plus de cent, plus de mille, innombrable. Et ces grains sombres se perdent les uns contre les autres alors l'air les déplace, les assomme. Ils se frottent, et toi tu te frottes à une réalité que tu ne désignerais pas par le mot agréable.
Non, bien loin de là.
L'habituel sarcasme s'est planqué sous tes pieds, bien écrasé au fond du gouffre. Il s'y abimerait presque, tiens. Tu fais comme s'il n'y avait rien autour de toi, en toi, contre tes réflexions les plus infimes. Comme si ce n'était rien. Toute cette.. situation. Inédite, certes. Mais bien lointaine d'une sorte de découverte pleine de curiosité et d'excitation. Tellement rien à voir. Ce serait bien si ça se finissait. D'une manière ou d'une autre. Particulièrement commode.
Une quelconque rue se balade et s'écrase sur tes semelles. Ça ressemble légèrement à du chewing-gum. Sauf que ce n'est pas particulièrement rose, et encore moins sous les pâles lueurs des trois péquenots de lampadaires paumés ici. L'automne ne vous tombe pas encore dessus. Alors aucun rouge aux dorures flamboyantes n'acquiesce en crissant sur ton passage. Dommage. Ça rendrait bien plus intéressant le froid glacial qui rentre dans les tendons et veines.
Ce serait bien un peu de couleur.
Et comme tes plus grands espoirs de désespéré fonctionnent si bien, la vie s'est remise à fonctionner, les sons à monter aux oreilles, les teintes à peindre une toile aussi noir qu'une nuit sans lune. Il en faut de la pigmentation pour se rendre visible dans une purée de poix aussi foncée, il en faut des cris et des bruits. Tu aimes bien la nuance de vérité que tu ressens, ou du moins l'absence de mensonge.
Au moins un peu de bonheur dans cette bagarre.
Bagarre de ruelle. Une de mots et de coups. Pas si intéressant. Et pourtant il suffit de passer devant pour se glacer et s'arrêter, se figer d'horreur. Ou de fureur. Au choix. L'un n'étant guère pire que l'autre, les possibilités se valent amplement. Tu ne sais pas tellement ce qu'il se passe, ce qui l'a poussé à pareille ignominie.
Tu sais juste que cela revient à appuyer sur le bouton rouge.
Boum.
Les phrases deviennent folles, les syllabes timbrées, ton corps liquéfié. Tout est arrivé à un point de non retour. Enfin, si, il y a toujours le retour d'inclus dans le colis, disons que cette fois-ci, ce sera un petit peu plus délicat très chers. C'est le cas de le dire quand l’inquiétude développe ton jeu d'inconscience. Elle en fait naître des centaines de racines, bien fines et puissantes, capable de tordre tout, mettre le bazar.
Tu n'as jamais apprécié cela.
Mais parfois, il faut savoir jouer.
« Clarissa, qu'est-ce que tu fous, là ? »
Délicieux, cette vulgarité. Si rare dans ta bouche.