Sujet: indigestion - owain Mar 26 Juin 2018 - 23:56
indigestion
Le coup de pied part presque automatiquement et la table vibre sous l'effet de sa colère. Son regard d'écarlate est posé sur le groupe qu'il toise méchamment et il quitte la salle d'un pas lourd, décidé, les mains fourrés dans les poches de son pantalon noir. Aujourd'hui est une sale journée, et étonnement, il est de mauvaise humeur - mais ces derniers temps, c'est pire que tout. L'explosion et le discours du Leader ont beau avoir semé la terreur, la plupart des élèves se sont rapprochés - et les E sont de plus en plus à arriver dans notre salle. Les tensions entre classes se sont atténués mais pas les liens d'entraide et les B accueillent bien trop souvent ces branleurs à son goût. Il n'aime pas ça, ces mesures idiotes.
Il n'aimait pas ces réflexions sans intérêt, cette entraide qui n'a aucun sens avec des gens qui n'en valent pas la peine. La méritocratie porte parfaitement bien son nom et il n'y a que les indignes pour s'en plaindre. Depuis peu de temps, Taari s'est mis à changer. Les engrenages étaient en place depuis des années mais tout s'est accéléré ; c'était comme une boule de neige qui grandissait à mesure qu'elle dévalait une pente - ses sentiments négatifs s'accumulaient au fur et à mesure comme s'il était victime de son propre pouvoir. Avant de le réaliser, il avait terriblement changé. Avant d'avoir pu se regarder dans la glace, il s'était transformé, de ses pensées, son comportement jusqu'à son regard qui dégageait ce mélange permanent de tristesse, de résolution et d'une colère sans fin.
En si peu de temps, ces E qu'il regardait avec compassion étaient devenus sujet à un agacement quotidien auquel sa classe avait fini par s'habituer. Il jetait des regards féroces, lâchait quelques remarques salées, souvent très violentes avant de se détourner et de sortir. Il aurait bien imposé son avis à tout le monde mais il n'était pas assez bête pour essayer de hurler sur une classe entière qui n'écouterait même pas ses paroles. C'était une perte de temps, et il n'aimait pas attendre - tant et si bien qu'il était rentré directement.
Encore sous le joug de l'adrénaline, il piétinait sur place dans sa chambre, cherchant à dissiper cette humeur nocive. Il détestait ces moments, ces gens, ces doutes qui le ramenaient en arrière ; il détestait avoir à réfléchir autant à ce qu'il était, à la façon dont tournait le monde et ce que devenait cette école où il espérait pouvoir régner. Ce monde était pourri ; depuis bien longtemps, il avait assimilé cette vérité qui l'avait débarrassé de ses nobles principes, principes idiots et réducteurs qui ne l'avaient mené à rien d'autre qu'une déception idiote et prévisible.
Les héros n'existent pas.
Les méchants, en revanche, sont une existence indémodable dont il est la preuve irrévocable - et il avait décidé de vouer sa vie à prouver la domination du Mal sur tout ce que pouvait représenter cette société corrompue. Il poussa sa porte si fort qu'elle frappa le mur derrière et fila jusqu'au frigo où il attrapa un paquet de pâtes marquées "NE PAS TOUCHER". La nourriture des autres ayant bien meilleur goût que la sienne, il s'affala sur le fauteuil le plus proche et prit une grande bouchée de ladite nourriture.
C'était ça. C'était ce qu'il était, ce qu'il aimait faire. C'était ce nouveau naturel qui le débarrassait de ses humeurs et qui le ramenait à cette satisfaction évidente d'imposer ses propres valeurs. Taari lécha ses lèvres avec satisfaction, empoigna sa fourchette pour une seconde bouchée quand il sentit une sensation étrange au creux de son estomac. Il cligna des yeux durant de longues secondes et réalisa, sans savoir s'il s'agissait d'une bonne ou d'une mauvaise nouvelle, qu'il n'avait plus du tout faim. C'était plus que ça - son estomac semblait affalé, vide, inexistant, comme si la sensation de faim n'avait jamais existé.
Le B examina l'écriture avec plus d'attention et reconnut les lettres si particulières de l'écriture d''Owain - s'il y avait bien capable d'une telle farce, c'était bien lui. Sans pour autant être amis, il s'entendait bien avec lui, dans le temps où ils étaient colombes, mais depuis l'explosion et son arrivée chez les Adler, ils s'étaient perdus de vue. Bien entendu, ils se croisaient quotidiennement mais ça n'allait pas plus loin que ça, comme si tous deux désiraient enfouir ces sentiments derrière une relation simple. Dans le cas de Taari, il désirait simplement s'éviter des prises de tête inutiles et il savait comme Owain pouvait être têtu de temps à autres. Pour autant, les choses n'étaient pas gênantes, et cette relation pourrait continuer pendant longtemps si aucun ne prenait la peine de se montrer honnête. Enfoncé dans le canapé, le plat grossièrement posé sur la table au milieu de la place, il attendit pendant des heures jusqu'à ce que le blondinet ne rentre dans le bungalow et l'interpella d'une voix morne, fatiguée par l'attente immobile.
- Hé, Owain. Ta bouffe est bizarre. Qu'est-ce que t'as mis dedans ?
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Sujet: Re: indigestion - owain Mar 3 Juil 2018 - 1:38
Indigestion
"Why the hell does my food keep disappearing-"
Y'a un petit malin qui s'amuse à prendre tes plats quand tu les laisses dans le frigo, et ça malgré tes NE PAS TOUCHER écrits au feutre et tes remarques générales. De toute façon t'as un sugar addict, un je-m'en-foutiste, une dévergondée (quoi que ça aie avoir) et un délinquant (sugar addict aussi) comme colocs. Niveau privation ou respect des autres,y'a mieux - et c'est pour ça...
...que t'as versé une potion changeuse de pouvoir dans tes pâtes à la sauce tomate et aux crevettes. Plat qui faisait office de piège à quiconque se servirait. Tu rentres assez tard ce soir, avec toi des bouquins de science fiction, tes cours dans ton pc ((que t'as ouvert puis que t'as désisté)), décidément plus occupé à lire tes romans qu'a faire un poster sur une application de suggestion de film.
- Hé, Owain. Ta bouffe est bizarre. Qu'est-ce que t'as mis dedans ?
C'est beaucoup moins drôle que si c'était Alice ou Beryll. Beaucoup moins sujet à devenir la merde aussi - t'imagine pas ce que ça aurait fait si sous la colère, Alice aurait, tu sais pas, foutu le feu au bungalow. ((Tu te dis qu'en vrai tout le monde gratte tes plats et qu'il s'agisse de Taari à chaque fois n'est qu'un faible 1/5 - oui tu te comptes dans le tas)). T'entends aussi parler des dégâts que font le métronome de Bae, et tu sais pas pourquoi, voir Taari assis là cette possibilité à l'esprit n'a rien de rassurant.
- Mec, si y'a écrit qu'il faut pas y toucher c'est pour une raison. T'es là depuis combien de temps ?
T'sais histoire de vérifier, tu prends pas de risque avec la nature imprévisible du B. C'est le seul sans masque dans la coloc des fois et c'est chelou ((une fille en B vous a prévenu, histoire que Taari ne vous mente pas si vous lui demandiez directement ce qu'est son pouvoir)), on dirait que vous êtes membres de la secte dont il est le leader et seul membre autorisé à montrer son visage. Fin voilà, c'est pas tout le temps comme ça et bien heureusement. Peut-être gardait-il qu'a minimum l’extension du gaz dans la salle commune, le D n'en n'a aucune idée.
- Manger ce qui appartient aux autres ça fait partie des choses à faire dans ton agenda de bad boy reconverti ? C'pas très crédible comme affaire.
Tu t'assois dans le canapé également, dépose ton sac à tes pieds pour trouver place à côté de lui.
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Sujet: Re: indigestion - owain Sam 7 Juil 2018 - 14:58
indigestion
C'était Owain, bien entendu. Il avait vu juste et un maigre son d'amusement s'échappa d'entre ses lèvres scellés par le sentiment étrange de ce don qui parcourait son corps... qu'avait-il mis dans ces aliments ? Il aurait pu faire preuve de bien plus de présence physique si cette magie ne l'avait pas ratatiné. Avec son appétit, Taari avait perdu la motivation et l'envie d'agir.
Il était affalé dans la salle commune, le regard posé dans le vide sans vraiment faire attention à ce qu'il regardait ni même à qui il parlait. Le monde était réduit à une tâche d'encre floue, une toile de fond sans grand intérêt et il y avait cette sensation en premier plan qu'il essayait d'étouffer au sein de pensées aussi étranges qu'inutiles. Et au milieu de ça, il y avait ses souvenirs avec Owain. Leur relation pouvait évoluer mais rien n'effacerait le temps que ces deux-là avaient passé ensemble au sein des Colombe. Owain était un ex-compatriote, quelqu'un qui avait partagé ses idéaux, ses méthodes et qui s'était battu à ses côtés avant que Taari ne change d'avis.
Il était le seul à avoir changé, et peut-être par culpabilité, il avait mis de la distance. Il n'était pas non plus mauvais à son égard - pour cette même raison ? - et leurs rapports stagnaient dans cette neutralité permanente. Pour autant, Taari ne se retenait pas. Il avait ces réflexes, cette liberté d'agissement qu'il ne pouvait pas étouffer. Ce n'était pas tant une preuve qu'un acte envers Owain, parce que malgré cette dispute qu'ils avaient eu, il n'y avait pas de rancœur - du moins, pas de la part de Taari. Il n'était pas assez bête pour se comparer à la graine des pires personnes, et pour exemple, toutes ces personnes qu'il corrompait étaient parfois pire que lui. Il n'était pas assez bête pour penser qu'il était pire, parce qu'il avait une gentillesse dont il ne pouvait se débarrasser. Il avait ces racines enfouies qui avait construit ce qu'il était devenu - et si mauvais qu'il soit devenu, il ne pouvait pas s'en prendre à ses propres origines. Owain, par exemple, lui évoquait ses idéaux, ses bons côtés et les bons souvenirs - et elle, qu'il avait perdu.
- Quelques heures. J'avais la dalle, et pas la force de sortir.
Il dit ça comme si c'était naturel, comme si tout lui appartenait mais il serait capable de rembourser si Owain insistait vraiment. Quand il lui faisait face, il faisait face à ses propres doutes et il était incapable de dire quelle direction prendre, comment agir, quel choix effectuer. Tout ce qu'il savait, c'est qu'il serait définitif. Il ne pourrait pas se faire pardonner des actes qui serait autrement plus graves qu'un plat volé - et pourtant, c'est vers là qu'il se dirigeait. Malgré lui, malgré d'autres. Malgré tous ces gens qu'il laissait dans le doute sans pouvoir continuer à les aimer, sans pouvoir vraiment les abandonner. Sur cette frontière de souffrance qu'ils devaient surmonter - et Taari ne comprenait pas à quel point ce pouvait être pire d'entretenir un espoir capable de s'éteindre à tout moment, à mesure qu'il empirait.
- Tu te poses trop de questions. J'avais faim, j'ai mangé, c'est à peu près tout. Vu tout ce qu'a prédit Mr. le Leader sur notre futur, il y a bien plus matière à s'inquiéter, tu ne crois pas ?
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Sujet: Re: indigestion - owain Sam 7 Juil 2018 - 22:57
Indigestion
"When did it begin to shift inside ? What made you change your mind."
Taari est bien pessimiste, désillusionné - atteint peut-être d'un mal que tu ne pourrais expliquer. Tu le sens dans sa manière d'exprimer. T'as été perplexe de l'apprendre colombe, lui et ses remarques certain d'attendre l'hécatombe. Ce que ce fût. Vous vous étiez disputés : une mauvaise idée que c'était, rien ne protège d'une attaque interne.. Puis eut lieu l'attentat.
Pas de "je te l'avais dis" comme borné pouvait-il être lors d'une prise de tête. A prendre le rôle de celui qui extrapole, mais envisage les scénarios les plus mauvais pour préparer à la dure réalité, le B s'était fait une certaine réputation. C'était pas Alexis qui dans son sarcasme attendait que tu donnes tes solutions pour les massacrer et les démonter en une-deux ((best délégué btw no qualms whatsoever)), c'était dans la même idée mais différent. Disons si certains colombes étaient idéalistes ((Nicole)), d'autre terre à terre ((Leann, avec le temps)), Taari - c'le mec terre à terre mais dans un fossé de sept mètres. De son air edgy et ses froncements de sourcils quotidien, tu lui fais la remarque qu'il sera ridé à ses 25 ans pour déconner.
C'est parce qu'il te respecte assez pour pas te frotter avoir eu raison que t'as réussi à l'approcher à nouveau. L'explosion du hall, les débris dans tes bras, l'hospitalisation de Leann, l'absence du B à la clinique ce jour là, l'amie de la déléguée que t'as- ...Quoi qu'il en soit le plan avait foiré malgré que chacun d'entre vous était mobilisé pour vérifier les informations de non-mages invités. C'est pas écrit sur ta tête que t'es terroriste. C'est face à ce genre de truc que tu aurais aimé que ton pouvoir te serve, mais le terrorisme s'explique t-il, s'exprime-t-il de la même manière chez tout le monde ? Non.
L’événement a pris de l'ampleur, lorsqu'y s'est mêlé PUMA, la vice, le maire. Normalement plus de gens impliqués justifierait une supervision plus importante de l'école. Il faut cependant une tragédie pour préparer au pire ((et le nombre d'invités avait grimpé avec toute l'attention que prit le tout)). Les médias, en parle-t-on ? La radio dans ta chambre répétait les même conneries que tu t'efforçais à écouter juste pour t'emplir de ce sentiment de la péter derrière.
C'est le mur qui prend cher plutôt, et tes poings - les premiers jours, quand tu sortais pas. Quand une certaine force de vivre qui n'est pas la colère te reprend c'est l'alcool qui vite aussi, et t'invite très ((trop)) souvent Mckenna à boire. T'as d'ailleurs quelques soucis sur le fait de des fois pas te souvenir de ce dont vous parlez...?
ehm.
Taari te parle de la fête des Adler de l'autre jour, fatidique soirée où tu te met un coup de pied dans le cul pour te lever et faire minimum présentable. T'y étais allé et comprend que le B aussi. T'ignore si tu dois comprendre quelque chose de sa présence à une fête d'adler mais son absence à l'annonce de Leann, il n'y a pas que des Adler qui y étaient présents.
-"...Qui l'eut cru que l'assistant du prof d'art visuel serait venu du futur."
Une accroche, simple.
-"J'ai checké direct ces preuves sur son site, c'est carrément flippant - y'avait une entête de presse sur les Crane, des vidéos où j'voyais certains d'entre nous j'aime pas ça du tout."
Il range ses mains dans ses poches et hausse des épaules.
- "Rien n'approuve leur validité, tho. Si son groupuscule est fait de mages assez puissants, tout ça pourrait très bien être un coup monté pour que le Leader ait de nous ce qu'il souhaite."
La sensation au creux de l'estomac lui coupe sa réflexion, le maintient dans cet état de légume, comme si cette magie prenait le dessus sur son cerveau déjà éteint. La fatigue accumulée de ces derniers temps le rattrape comme s'il était enfin conscient de son corps et de sa personne après des mois d'une conscience enfouie derrière des idéaux si forts qu'ils en enterraient ses émotions. Il lui faut une seconde pour se tirer hors de la douleur entraînant de son estomac, de penser à autre chose que cette bouffe avariée, à vos problèmes sans intérêt que le Leader a englouti par sa seule arrivée. Il fait parti de ces personnes qui sont détestées, avec une influence telle que Taari en vient à vouloir le faire quitter le monde dans lequel il n'est jamais qu'un intrus. Il n'est pas certain d'à quoi ressemblera le futur avec lui, mais Taari reconnait les yeux d'un menteur.
Taari reconnait les mots de quelqu'un qui n'a rien à perdre et tout à voler - et il refuse de lui céder la moindre parcelle de ce présent. Il déteste le monde, c'est une certitude, ça résonne comme une évidence impossible à nier et pourtant, il a cette attache qui ne s'explique pas, ce refus de céder les rênes du futur à quelqu'un comme ça. Il est Adler, mais il n'adhère pas au Leader parce qu'il n'a pas abandonné, parce que ce serait comme une défaite et il ne veut pas se dire que tout est fini. Parce qu'en dépit de tout, il cherche toujours la paix, parce qu'il a cette âme enfouie d'une personne bienveillante et qu'il n'a jamais cessé, tout ce temps, de détester les gens avec de telles méthodes. Lui-même est devenu mauvais, détestable, violent, lui-même n'a cessé d'empirer et de baigner dans une haine grandissante mais Taari n'a jamais agit de la même façon que le Leader.
Mais... le ferait-il s'il le pouvait ? Sans doute. Certainement, même. Ce qui le gêne, ce n'est pas ça, et il se sent doublé par quelqu'un qu'il occupe la place qu'il voulait avoir - l'homme qui réforme un monde, quelles que soient les méthodes. Il a une pointe d'admiration qui se mélange dans de l'intense jalousie - et ce mélange a donné une opposition assumée, parce qu'il a trop de fierté pour adhérer à la cause de quelqu'un qui lui ressemble autant. Il refuse de penser qu'il sera un jour un simple partisan, suivant le leader qu'il aurait dû être en se contentant de cette place de consolation. Il refuse de céder, de se laisser engloutir par ce mouvement au nom de quelques photos trafiquées et quelles que soient les réponses, les vérités derrière ses actions, Taari refusera d'adhérer ou de lui faire la moindre pub. S'il doit faire quelque chose de bien dans sa vie, ce serait de se battre contre l'influence menteuse de cette personne qu'il déteste presque autant que lui-même - devant ce miroir qui le renvoie à son propre futur et qu'il a envie de détruire pour ne plus y voir ce reflet déprimant.
- Un prof d'art visuel, hein. C'est pas là-bas qu'ils apprennent à retoucher les photos ?
Tout le monde se pose des questions et ça l'énerve parce qu'il aurait fait mieux, et ce sentiment du quotidien est présent plus que jamais au sujet du Leader. Il aurait fait de façon plus violente, plus lente, plus terrifiante. Il n'aurait pas fait comme ça. Est-ce que l'entrée du Leader est réussie ? Oui, et c'est ce qui l'énerve le plus, parce qu'il a l'impression d'être le seul à en voir les failles et il refuse de se laisser entraîner dans ce mouvement de doutes qu'il considère idiots. Tout le monde se pose des questions et ce sont les mauvaises, parce que tous ont déjà perdu à douter d'un futur auquel on ne pourra de toute façon rien changer.
- Si son groupe était puissant, il n'aurait pas besoin de nous. Il n'aurait rien dit. Il est venu ici seul, ou en minorité - aucun monomageia n'est assez puissant pour voyager dans le temps en gros comité. Autrement dit, il n'est pas menaçant, le problème est son influence.
Il soupire d'aise, appréciant l'idée de relayer ses propres pensées à quelqu'un. Il ne se doutait pas qu'Owain accepterait de lui faire la conversation, mais en y repensant, ils discutaient comme ça à l'époque des Colombe - pas souvent, et ils n'étaient pas intimes, mais ça leur arrivait. Avec lui, avec d'autres. Avec tous ceux qui partageaient ses pensées de l'époque. Avec une pensée pour sa mère, Taari conclut d'une voix plate :
- Si tu forces ton gamin à travailler, il travaillera une fois. Mais si tu apprends au gamin à travailler seul, il le fera tous les jours. Qu'il mente ou non, ça change rien. Le Leader veut sauver un monde dont il ne fait même pas parti et sans même lui demander son avis. C'est contre-nature, et ça repoussera juste l'échéance. Il veut tout contrôler parce qu'il est pas capable de faire confiance aux gens. Tant mieux, je lui fais pas confiance non plus.
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Sujet: Re: indigestion - owain Ven 13 Juil 2018 - 1:39
Indigestion
"If I told you you were right, then..."
Quelque chose s'est passé ici qui vaille qu'un homme voyage dans le temps, qui vaille qu'il soit plus important pour lui de venir ici entouré d'adolescent en pleines crise d'identité que de continuer sa vie. Il est là pour empêcher quelque chose, ou pour que quelque chose se produise le D n'est pas sûr. Il remarque la particulière amertume dans l'expression du B qui lui fait lever les sourcils.
-"Faut dire que le plan d'Adam est aussi brillant que dangereux."
Il récupère le plat de pâtes, certain que Taari allait maintenant réfléchir à deux fois avant de se servir. Tout ça est en marche déjà, quelques jours suffirent à cet homme pour marquer assez les mémoires pour que deux jeunes hommes ignorant son existence jusqu'à lors discutent de lui comme s'il était devenu le nouveau sujet en vogue ce serait mentir que de dire que ça ne change rien.
-"Il arrive de nulle part, nous expose cet avenir comme une fatalité sans en divulguer plus - ça tient l'attention de l'auditoire. Elle n'a aucun moyen de remettre en question ce qu'il dit, du coup elle est forcée de l'écouter. Cette ignorance rend la foule naïve à tous ces propos, ça peut lui permettre de l'allier à lui par les sentiments."
La peur suite à l'attentat est rassurée par ce sens de réunion : nous sommes tous des mages, une indéniable vérité présentée pour qu'on se sente à nouveau en sécurité. L'unité a ses bienfaits, mais au pire elle crée des groupes trop soudés pour écouter de nouvelles idées et être ouverts à de nouvelles possibilités. Comme la cohabitation humaine et non-mage, par exemple.
((Idée bien farfelue à avoir suite à un attentat, preuve du contraire. Il n'y a pas meilleur maître que le monde et les expériences qu'il nous offre, et pourtant y'a cet instinct en lui lui dictant qu'ils n'étaient pas si différents que ça.))
-"ça a son côté grisant de se sentir comme une communauté unie après toutes ces guerres de classes, et il s'en sert pour rediriger la menace sur les humains..."
La réalisation qu'ils devraient peut-être se préparer à la guerre lui fait serrer des dents. La guerre pour la paix, on aurait dit la guerre des classes mais à une échelle plus grande encore. Des conflits d'idéaux afin de changer un système ou non, tout ça pour instaurer une paix selon celle des gagnants. Sauf que dans ce schéma là les morts n'en ferait qu'augmenter, la souffrance également, le périmètre de personnes de même. Cela va au delà de gens envoyés à l’hôpital et quelques suicides dans un pensionnat.
Haha.
C'est horrible déjà de le dire comme ça.
-"A nous dire que nous sommes des victimes dans ce malencontreux incident et trop renforcer l'union des mages..."
Pas que ce soit faux, mais c'est pas le sujet.
-"...Certains mages vont vouloir se venger, face à cette injustice et dire que c'est pas eux qui ont commencé - ça va renforcer la discrimination déjà présente des humains pour ces derniers."
Le cercle vicieux, et le moteur dans tout ça ? La peur, l'incompréhension, le manque de communication, le manque d'information, la diffusion de mauvaises informations... C'est ce genre de moments qui lui rappellent pourquoi il préfère le cinéma au journalisme parce qu'au moins au cinéma tout est faux et tous le savent.
((Aux journaux la réalité est déformée pour rentrer dans une certaine boite acceptable et rester de l'entertainement pour l'auditoire))
-"J'crois pas que sa venue est sans sens, même pour repousser l'échéance."
Il sait pas comment marche le time travel, si ce sont des branches de la réalité qui existent de manière parallèle, s'il est écrit. Des pouvoirs tels que ceux d'Othello ou celui d'écrire le futur sous endenterait que c'est loin d'être le cas.
-"Quoi qui justifie qu'il soit là, c'est quelque chose d'assez important pour que lui et son groupe soit présent à un pensionnat de mages. Y'a un événement sans précédent qui va se dérouler ici, va savoir quoi."
Ou une infinité de petites choses qui iront alimenter ce pourquoi il prépare chacun d'entre eux.
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Sujet: Re: indigestion - owain Sam 28 Juil 2018 - 10:20
indigestion
Le plan est aussi brillant que dangereux, c'est vrai. Et Taari a mis du temps à s'en rendre compte, à l'accepter, à accepter le Leader et la simple existence d'un esprit aussi mauvais que le sien. Le plan est brillant, brillant d'une absurdité si écœurante que le tahitien ressent à nouveau le dégoût de cet homme comme s'il venait d'arriver. À sa manière, il est différent de lui, encore plus différent qu'il ne l'était lorsque Taari avait encore un sens moral acceptable. C'était dire, c'était avouer la corruption naturelle d'un esprit comme le sien.
C'était dire, c'était avouer ces sentiments néfastes, l'acceptation de ce point de non-retour duquel nul ne pouvait me dire. C'était dire, c'était avouer. La tristesse de cette vie effritée.
Il y repense, à chaque fois qu'il en doute. Il repense à elle et à ce qu'elle représentait. Luce était brillante, Luce était vivante. Luce était le centre de son univers et l'unique chose qui maintenait ses espoirs en place. Aujourd'hui encore, il n'est pas certain de comprendre ce lien si unique, spécial, comme une fraternité. Elle était cette petite sœur qu'il n'a jamais eu, et qui semblait si proche de le sauver de lui-même. Ce qui la différenciait, c'est qu'elle n'avait jamais essayé de le sauver. Elle le faisait, simplement, en étant là, en lui offrant cette bouffée d'optimiste qu'il n'avait pas envie de contredire tant il voulait y croire. Aujourd'hui, sa seule certitude, c'est qu'il n'avait plus la moindre famille.
- Ouais. Quelque chose de gros se prépare. Il ne va pas se limiter à ça. Tout ce qu'on sait, c'est qu'il a besoin de son influence pour mettre son plan en place. Il suffit donc de lui couper l'herbe sous les pieds.
Il y a un moment gênant de silence le temps qu'il réalise. C'est comme à cette époque. Tous les deux, et il portait le même intérêt, ce ton entrainant, intéressé, lorsqu'ils cherchaient des plans d'action pour les Colombe. C'est comme dans le passé, et il se déteste d'agir comme ça naturellement alors qu'il s'était promis de tout effacer. Ta gueule Taari. Ferme ta gueule. Ses doigts crispés blanchissent, et son expression a beau demeurer impassible, il ne peut pas effacer les sentiments qui débordent de cette colère imminente. Il ne peut pas accepter de se laisser aller à ce qu'il s'efforce de rejeter depuis si longtemps, comme s'il acceptait de laisser le masque tomber.
- J'ai entendu dire que tu dirigeais les Colombe maintenant, mmh. Pourquoi pas. Je ne doute pas de la réponse, mais je veux quand même te demander : tu crois toujours en ces idéaux-là, en dépit de tout ce qu'il s'est passé ?
Il veut entendre sa réponse. Il veut savoir, Taari, à quel point il a changé comparé à Owain.
((Lorsque tu lui réponds, ses pupilles glissent en ta direction. Ses lèvres s'arquent en ce sourire satisfait et rassuré. Tu fus, pour tes absences, pour tes remontrances et cette dispute sujet aux interrogations d'Owain vis à vis du comportement que tu arborerais en sa présence. Il est fier d'y trouver autre chose que cette indifférence de ce dernier mois.))
Le 16 avril c'est le jour où il s'est décidé enfin de sortir de sa chambre après ce qui s'était passé aka la fête des Adler. Fin Mai il a cette conversation avec le B. Le 16 avril c'est l'anniversaire de Taari. Fin Mai il est élu, leader des Colombes.
((le monde est plein de petits détails qui font plaisir comme ça))
Y'avait pas de raison de se dire que Taari ne devait pas savoir. En soi, le D avait demandé aux membres d'en garder le secret, et même si le B semblait ces derniers jours absent des réunions, il eut été colombe un bon moment ((et l'est toujours, n'est-ce-pas ?))
-"ça serait un peu con d'élire un leader qui croit pas en la cause tu penses pas ?"
Il était en colère face à ses propres échecs, face à ce qui s'était passé, face à Taari face auquel il ne pouvait pas admettre qu'il eut été naïf. On pourrait lui dire que c'est bête d'avoir de l'espoir quand les faits sont différents. La vérité c'est que sans l'attentat, ce qui se saurait passé n'aurait pas tant marqué les gens.
C'est ça qu'il veut changer - ce qu'il faut c'est marquer les mémoires.
Dans tous ce chaos, et malgré ses propres doutes, ce qu'il y a de bien se fait oublier parce qu'on en voit pas les fruits des efforts fournis mûrir immédiatement ((ce qu'il faudrait, après tout, il est question d'épargner des vies de violences voire pire)). Il conçoit qu'à court terme, le pacifisme c'est accepter que les autres puissent trop profiter de cette approche - l'attentat est un parfait exemple.
Pourquoi ouvrir les bras à des gens pour se prendre des bombes dans la gueule ? Est-ce que se hisser là en leader des colombes après de tels actes, c'est être forcément un martyr ? Il est plus que conscient qu'un conflit sans précédent se prépare sous peu, qu'on ne l'écoutera peut-être pas. Qu'en adhérant à ses propos certains soient cible de violences, même. Lui le premier.
Est-ce que ça voulait dire qu'il faudrait oublier toutes ces idées pour autant ? Non. Un message ne peut pas se faire passer s'il n'y a personne pour le communiquer.
-"On était comme eux jusqu'à que notre don se révèle. Heck, certains E peuvent même être considérés comme de vulgaires humains comme tu les appelles tant ils maîtrisent pas leur pouvoir - ça empêche pas certains de s'allier à la cause qu'Adam avance."
((tout est question de savoir rallier les masses à sa cause))
S'il existe une infime chance que sa voix soit écoutée, même s'il faut que ce soit en pleine guerre, il veut se faire entendre. Non, il se fera entendre.
-"J'ignore pas les dégâts qu'une poignée d'extrémistes ont pu faire parce qu'on leur a laissé la voie libre, mais voir l'humain comme un ennemi juré parce qu'une minorité s'est exprimée anti-mage va envenimer les rapports et conforter les deux parts dans cette idée que la communication n'est pas possible."
S'il y a quelqu'un qui peut l'entendre et partager son avis alors, c'est un combat gagné.
Ce serait con, oui. Tu as raison sur ce point, Owain. Il a beau s’opposer à sa manière de penser, Taari ne peut pas nier ce point ni même la logique qui fut la sienne quelques temps auparavant. Il a beau chercher à haïr ces idéaux naïfs au point d’en être devenu un total opposé à son propre combat, il ne peut rejeter l’entièreté de ce que son passé signifiait pour lui. Il ne peut oublier ses raisons, sa raison qui l’a emmené là, la personne qui l’a poussé dans les bras de ce désespoir. Il ne peut l’oublier, et chaque discussion sur cette explosion le détruit un peu plus, grignote les restes de sa volonté pour le faire basculer dans une haine qui n’a cesse de grandir. Il ne peut revenir en arrière parce qu’il a beau se souvenir des armes de son amour pour le monde, il n’en tire qu’une douleur immense, exponentielle devant laquelle tout l'optimiste des autres personnes semble bien dérisoire.
Il se souvient, et rien ne sert de le détester, rien ne sert de lui rappeler, de chercher à pointer du doigt le ridicule de ses actes, parce qu’il sait ; Taari est conscient, lucide dans ce changement drastique, Taari réalise, qu’importe les conséquences, il a juste cessé de s’en soucier. C’est parce que rien n’égalait son amour pour les autres que sa haine semble si inaccessible. C’est parce qu’il était si bon que le désespoir est plus profond, plongé dans une obscurité si lointaine qu’il ne faudrait pas moins qu’elle pour l’en sortir, elle qui est partie à tout jamais et qui lui manque cruellement. Il revoit les derniers mots, son visage souriant, la défense d’une cause en laquelle il n’avait qu’à moitié foi. Il s’enferme dans cette solitude lointaine pour y oublier son passé, mais c’est Aiata qui l’attend, qui semble le tirer vers une lumière dont il avait oublié la douce chaleur. Elle n’est pas différente, et quelque part, ses paroles le ramènent à des sentiments encore plus enfouis, si différents. Elle n’est pas Luce, et Taari le sait bien. Elle n’est pas plus une remplaçante, parce que Luce était comme une petite sœur, comme une étoile à protéger. Et malgré ça, sa relation avec Aiata est un mystère, un sentiment nouveau qui semble être devenu fade à la lumière sombre de ses pensées. Elle garde ce sourire authentique, provoque en lui ces picotements chaleureux dont il essaie d’ignorer l’existence. C’est au-delà de l’amitié, il le sait depuis toujours mais il refuse de se laisser aller à des émotions qui pourraient le détruire. À cet amour, qu'il veut renier.
C’est ça les dégâts, Owain. C’est ça qu’ils lui ont pris, beaucoup trop de choses pour qu’il n’en garde la simple envie de revenir en arrière. C’est cette bonté qui a disparu dans l’explosion, la certitude de pouvoir encaisser les retours de cette cause qu’il aimait.
- Admettons que tu aies la bonne réponse. Une vie commune, le monde en paix, les responsables en prison. Tu penses vraiment que je pourrai vivre plus sainement ?
Que le monde se termine ou qu’il reparte du bon pied, il ne serait pas capable de s’en soucier. Quoi qu’il advienne des autres, de l’univers, il ne veut même plus y penser. C’est une honte qu’il assume et qu’il transforme en une force, et pourtant, il ne peut s’empêcher de penser au visage de ces quelques vestiges du passé. Il pense à Aiata, aux quelques témoins de ses sourires, du garçon en face de lui avec qui il a partagé plus de choses qu’il ne cherche vraiment s’en souvenir. Comme si le monde était à la hauteur, Owain. Comme s’il pouvait rattraper son existence à elle, ces moments avec toi ou les sourires d’Aiata. Comme si c’était suffisant, comme si sept milliards de vie, un bonheur si grand pouvait déterrer celui qu’il a enterré derrière cette colère virulente, un mensonge permanent. Comme s’il pouvait admetttre, revenir en arrière, poser la moindre pierre dans la construction d’une paix dont il avait autrefois rêvé.
- Je les tuerai, ces extrémistes. Et je leur prendrai ce qu’ils m’ont pris, à nous, comme paiement. C’est absurde, et alors ? Je sais bien que ça n’a aucun sens, Owain. Je sais que ça n’arrangera rien, au contraire, mais j’en ai rien à foutre. J’arrive pas à m’en foutre, à vrai dire. Et je ne vois pas comment le monde pourrait être plus important qu’elle l’était.
Il n’a même pas haussé le ton, à vrai dire. Sa colère est contenue et il est las, détruit par des espérances trop grandes alors qu’elles se limitaient à elle. Taari s’en moque, et c’est une punition, parce qu’il aimerait tant pouvoir continuer à se battre, à s’en soucier, à aimer ce décor qu’il est incapable de regarder. Taari déteste, lui plus que tout, et il détruit ce qu’il a le plus cherché à protéger maintenant que l’essentiel a disparu de sa vie. Il ne veut pas se venger parce qu’il n’estime pas avoir le droit de mener la justice, pour lui, lui qui n’était pas là. Il énonce ses désirs comme un rêve impossible, sans faire un pas vers eux, vers cette vengeance, vers le pas final de la mort de son être du passé.
Taari n’est plus là, Owain. Quelque part, c’est une autre personne qui a pris sa place, qui l’a poussé dans le ravin d’une haine dont il ne peut trouver la source. Il est perdu, prisonnier des émotions qui l’ont toujours guidé, d’une pureté trop grande pour qu’il ne puisse la garder intacte. Tout lui semble clair, à présent, du début de sa vie au terme d’une corruption dont il ne pouvait mesurer l’envergure, et il s’exprime, avec cette sincérité qu’il a enfoui, mais dont les échos parviennent à maintenir ses derniers fragments en place.
- J’ai perdu espoir dans une cause qui n’est pas capable de protéger le plus important pour moi. Mais tu sais, je ne pense pas que tout cela fut en vain. Et je compte bien sauvegarder le peu de choses qu’il me reste. Je t’inclue là-dedans, Owain. Je te considère comme un ami.
C’est justement pour ça. C’est justement parce qu’il est encore lui-même. Mais c’est aussi parce qu’il a changé, c’est aussi parce qu’il est bien différent, remodelé par cette douleur qui ne s’en va pas, par un passé dont il ne garde que les mauvais côtés. Il ne ment pas, Taari. Et ceux qui restent le renvoient à tout ce qu’il a perdu, à ce qu’il désire vraiment. Il n’est pas assez mature pour chercher à protéger ou pour mettre ses ressentis de côté - il laissera le spectre de la vengeance mener à bien ses projets quitte à se perdre dans ses propres émotions. Il se vengera des responsables quitte à être détesté de tous, mais il y survivra, sans regrets ; il se laissera tuer, le sourire aux lèvres, soulagé d’avoir pu faire payer à ceux qui le plongèrent dans ce deuil dont il ne se remettras jamais.
Cette méchanceté quotidienne n’est pas vaine, au fond. C’est un combat quotidien mené contre lui-même, c’est un rappel à l’ordre, une culpabilité qui se mue en un plaisir mauvais. Taari refuse de laisser son image le trahir et sa bonté être synonyme d’une faiblesse qu’il a appris à détester, à force de se laisser oublier.
- Je me moque de porter tous les maux du monde. Je ferai ce qu’il faut pour protéger ce qu’il me reste, quitte à les abandonner ou à les détester. Quitte à brûler ce monde.
Non, rien de ça n'est par maturité. Owain finit par ignorer les horreurs qu'ont causé l'attentat. S'il était arrivé un truc à sa famille, il en serait pas là. Le sort décide qu'il fait partie des familles pas ((physiquement)) détruites par la tournure des choses et que justement ça fait de lui une personne assez impliquée mais distante pour survivre à ce qu'être leader des colombes signifie
Il eût l'impression des fois qu'on lui en voulait pour ça. Ne pas avoir été directement touché par la tragédie du deuil. Il n'y a pas plus grande douleur pour lui qu'on lui dise qu'il ne puisse pas comprendre.
Etait-ce son ego peut-être, habitué de son captain obvious et sa science infuse - ou cet aspect narcissique de sa personne qui fait qu'il se mêle de tout et n'importe quoi même quand ça le regarde pas. Que valent ses mots s'il n'a pas vécu la même chose que son interlocuteur ? Qu'il ne puisse pas comprendre comme on aurait besoin qu'il comprenne ?
Il peut pas s'empêcher de voir ça comme un échec de sa part. Et pourtant, ce n'est pas comme si le concept de vengeance personnelle lui échappait. C'est en ce moment qu'au niveau personnel, Owain remarque qu'il ne peut rien faire pour Taari.
((Qui plus est, es-tu en train de dire agir pour le protéger ? Il se souvient de quelqu'un qui a fait ça pour au final l'abandonner. Quelque chose dans ce que tu lui dis lui fait comprendre que tu serais capable de bien pire pour "protéger le plus important". Mais hey, son instinct a peut-être tort.))
-"Tout ce que j'ai c'est des solutions à long terme et crois moi quand je te dis que ça me pète les couilles. J'ai pas les solutions immédiates à tes problèmes, Taari. Et de toute façon à vrai dire j'ai les solutions aux maux immédiats de personne. C'est le gros défaut du pacifisme ça prend un temps et c'est pas garanti de marquer autant que la violence."
C'est que ça se saurait si les gens adhéraient à ce en quoi il croit après une putain d'explosion.
-"Y'a rien d'absurde dans le sentiment de vouloir se venger, les mecs c'était des meurtriers. Ceux là s'en sortis morts, mais franchement mourir pour leur cause c'est presque admirable pour eux."
Il n'y a pas qu'eux, là il ne faut pas faire l’amalgame.
-"Ils méritent de finir leur vie emprisonnés à regretter leur existence."
((Pause))
-"Ou du moins, à se soigner pour repentir."
InvitéInvité
Sujet: Re: indigestion - owain Mer 1 Aoû 2018 - 22:40
indigestion
Ils méritent de finir enfermés à regretter leur existence. Les mots sont sortis, et qu’importe s’ils les a retirés au profit de quelque chose de plus bienveillant, ce sont ses véritables sentiments. C’est comme ça que Taari le perçoit, et peu importe sa vengeance, peu importe, le leader des Colombe, peu importe le monde et le Bien comme le Mal. Sa nature s’est dévoilée, un instant durant ; la vérité a fleuri, au milieu de toute sa bonté, montrant une facette de sa personnalité que jamais Taari n’avait vu auparavant. C’est ça, c’est le chemin qu’il a suivi ; c’est ce qu’il est devenu à force de s’enfoncer dans un doute permanent, dans une faiblesse si regrettée qu’il a décidé de reprendre sa vie en main. Le problème, jusque là, c’est que les siennes étaient déjà couvertes de sang - pas de meurtres, cependant, ses péchés étaient assez lourds pour qu’il ne puisse se regarder dans une glace sans voir le poids de sa propre culpabilité. Submergé, enfoncé, il disparaissait derrière un ensemble d’émotions si profonds qu’il avait décidé d’en oublier l’importance.
Au diable, ces normes idiotes. Au diable, cette bonté, ce respect, cette entente mutuelle ; dès lors qu’il avait perdu tout ce qui comptait pour lui, le reste n’avait plus d’intérêt. C’était la limite de son implication, de ses bons côtés, de la gentillesse qu’il prétendait avoir et des bonnes paroles qu’il adressait au monde. Ce monde, au fond, qu’était-il s’il y demeurait seul ? Sans sa mère, sans Luce, sans un modèle ; sans l’espoir d’un peu de tranquillité, de cet esprit aussi pur que courageux dont Aiata était la seule vestige restante. Il parlait souvent de ça au pluriel, mais il savait, depuis longtemps déjà. Il n’y avait qu’elle, il n’y avait plus qu’elle ; et dans sa tête, elle lui apparaissait comme un mélange entre les morceaux restants de sa propre estime et un sentiment incompréhensible qu’il n’éprouvait nulle part ailleurs.
Elle semblait évoquer tous ses bons côtés, à elle seule. C’était cette impression qu’il retrouvait chez Owain, et quand il lui parlait, assis dans l’espace commun du bungalow à réfléchir sur le discours d’un voyageur temporel, il lui semblait qu’il pouvait y croire. Quand il avait ses discussions, il aimait sincèrement ce monde, comme à l’accoutumée ; il voulait espérer, mais il y a bien longtemps qu’il en était devenu incapable. Rien n’était absurde, là-dedans, Owain le dit lui-même ; mais la révélation lui fit un choc, et pourtant, Taari resta meurtri dans un silence d’outretombe, coincé dans un calme si inattendu qu’il eut l’impression de mourir, une fois encore. C’est alors qu’il réalisa, lorsque ses mots traversèrent son cerveau, c’est lorsque le déclic se fit qu’il comprit à quel point il était pourri, à quel point il avait tourné le dos à ses valeurs depuis longtemps et à l’image d’une petite sœur perdue dont les échos ressemblaient davantage à une excuse.
Parce que ça lui était égal.
Il restait impassible, et il se fit violence pour ne pas hausser les épaules avec cette nonchalance écœurante ; et il aurait voulu hurler, pleurer, se faire vomir, tout pour s’éviter de rester cloitré dans un silence qui le dégoûtait autant que sa propre personne. Il aurait voulu lui rendre ce qu’il lui devait, et ça lui était impossible, impossible de même en éprouver un remord, parce qu’il s’en moquait ; parce que ces bonnes mémoires demeuraient mais ses sentiments étaient imperméables à cette vérité, à ce qui aurait dû être une déception, au moins, mais qui le laissait indifférent. Il était pourri, et ça lui était égal, comme le reste, comme tout ce qui était parti, et comme sa mère, peut-être, parce que chaque chose perdue devait être oubliée et il ne lui restait qu’un ami et une fille trop douce pour qu’il n’ait même pas le droit de la sentir respirer.
- J’y crois plus. J’ai essayé. Les dernières semaines, je me battais déjà pour trouver une motivation à revenir aux Colombe, mais c’est juste pas possible. J’ai vu trop de bonnes personnes prendre dans la gueule pour croire que le pacifisme puisse être récompensé.
Quelque part, il le sait depuis longtemps. Depuis que son père est parti, et ce, avant même la prison, depuis que l’innocence et la bonté ont été remplacés par cette personne aigrie et bouffée par la boisson. Il connait ça, Taari. Et il suit le même chemin, corrompu, détruit jusqu’à la moëlle. Il s’est déjà demandé si son propre don était à la base de tout ça - mais c’était impossible. Cette magie, cette malédiction n’était qu’un coup du destin, une ironie cruelle et la dernière preuve de sa nouvelle certitude. Dieu existe; Dieu a toujours existé. Mais s’il y a bien une chose que Taari savait, c’est que Dieu le détestait.
- Pas de rancœur, on va se battre chacun pour notre cause. Nos morales sont différentes, mais nos buts ne le sont pas autant. Même si on peut pas travailler ensemble, c’est pas une raison pour se détester. Du moins, je crois.
Il ne va pas te retenir Taari. Simplement parce qu'a ta place il serait parti depuis un bail, trahi par des idéologies qui furent les siennes un temps celles qui se brisent la seconde on l'on tend un cadeau pour qu'il soit rendu empoisonné. Lorsque tu lui dis partir par fatigue et perte d'identification dans ses idéaux d'un jour, Owain ne peut que te regarder.
Simple, et puis de toute façon il aimait pas trop longtemps se prendre la tête. C'était des colocs s'ils vivaient leur vie quasiment ensemble mais qu'il avaient ce genre de discussion tout les jours ça serait invivable psychologiquement parlant.
-"Si on se saquait pas et devait changer de bungalow ça serait grave chiant."
((Il t'aime bien, malgré tout parce que vous teniez ces propos toujours respectueux et qu'aucun de vous ne va étaler l'autre avec ces idéaux comme l'unique réponse au problème que pose tout ce qui se passe. Un passé commun, un but pas si différent - tu vois pas pourquoi tu aurais à l'affronter.))
Mine rassurée et sourire viennent prendre la place sur l'expression du D, aisé face à cette tournure de discussion, finalement de ce si peu de différence. Présent, certes. Il n'avait aucune idée de quoi le B était capable Owain, et restait protégé de cette nature, ou du moins arborait une certaine ignorance face à ses éclats de colère ((qu'il trouve justifiés de sa part et donc qu'il n'oppose pas)), il ne disait rien mais le D voyait.
Tant qu'il pouvait reconnaître un bout de Taari quelque part, il n'interviendra pas.
-"J'ai piégé le plat de pâtes avec une potion de changement de pouvoir."
Histoire de lui tenir au courant, une preuve de confiance qu'il ne lui avait pas accordé avant - resté alors vague vis à vis de la question du B sur son repas. Parce qu'il craignait ce bout d'imprévisibilité, ce qui avait fait que ça avait cassé un moment et là qu'ils parlaient comme si de rien était.
Owain se dit qu'il peut lui parler ainsi parce que le B le laisse. Mais sans compter que ces mots le touchent encore, de par ce passé commun.
-"J'piège certains plats, et boissons on pourra filmer ceux qui tombent dedans si ça te chante "
Un rire, et un comme il en a pas eu depuis un moment - ça fait du bien.