ce qu'ils ont à te dire - owain, amelia & jack

Le trajet n'avait pas été si long, finalement. Il aurait été bien bête de perdre mon temps à courir si je n'avais plus l'énergie, en arrivant, d'activer mon don, et cette chère immortelle n'était pas assez bête pour se laisser détraquer sans rien dire - elle voudrait attendre que tous les acteurs soient sur scène pour décider du dénouement de cette tragédie.
C'était louable, mais aussi inutile. L'issue serait la même.
J'avais filé directement à la salle des A en chantonnant, décidée à garder ma bonne humeur quelles que soient les circonstances ; malgré les interventions de tous ces insectes, pour sublimer cette œuvre d'art.

What a glorious feeling, i'm happy again~
Et je sautille jusqu'à cette salle de classe où le garçon est déjà arrivé. Owain Baxter, je sais beaucoup de choses sur toi. Mais tu n'es pas ma priorité ce soir. C'est elle... et je la regarde, je vois ses yeux brillants sur le point de fondre et je cours vers elle pour l'enlacer.

- Madame la prof, vous êtes si belle dans cet état. Laissez-moi en terminer, je sais que vous le voulez. Ce serait moins cruel.

Mes yeux se ferment tandis que je profite de la chaleur de ce contact humain sans bouger d'un millimètre. Le monde semble s'arrêter, quelques longs instants défilent tandis que Jack fait son entrée pour parler à son tour. Mes sourcils se froncent, mon étreinte se resserre. Je m'écarte pour écouter les paroles de Cassandra et mon sourire a disparu.
Quelque chose ne va pas. Mes yeux se posent sur Owain, silencieux, puis décryptent l'expression de Jack. C'est ça. Ça vient de là.

- Jack. Arrête tes mensonges.

Je laisse mes bras tomber le long de mon corps.
Il a menti, avec ce faux réconfort, avec cette hypocrisie et elle semble presque résolue. Plus rien ne va. Elle n'a plus cet éclat de désespoir - c'est une résolution presque heureuse. Je chasse la colère qui brûle dans mes yeux, respire durant une seconde. Un jour, ce sera son tour, pour avoir troublé ma propriété. Je vide ma tête, attrape délicatement ses épaules et pose un regard amusé vers l'enseignante d'astronomie :

- Je ne suis pas certaine mais il est très probable que votre corps vieillisse d'un coup sec et tombe en poussière. De plus, il n'y a aucune chance qu'il recommence à vieillir à une allure normale.

Je marque une pause pour observer l'élève de D, resté silencieux depuis tout ce temps. Restera-t-il donc sans broncher, peu importe les paroles prononcées ? Je passe mon bras autour des épaules de Cassandra et désigne les deux autres élèves :

- Je suis venue à votre demande, votre décision ne me regarde pas. Mais je ferai payer tout mensonge qui viendrait la troubler. C'est à vous et vous seule de choisir.

Je ne crois pas au destin, à une force invisible et indémodable dont nous ne sommes que des conséquences grossières. Je ne pense pas que tout soit écrit, que nos choix soient faits depuis longtemps et que notre conscience ne soit qu'un mensonge. Je ne crois pas à tout ça, mais d'une certaine manière, je connaissais la réponse de Cassandra avant même de venir ici. Je savais que l'attrait des ténèbres et d'une fin presque attendue ne faisait pas le poids devant les instants présents.
Et à ces mots, la conclusion était proche.
Je m'écartais doucement pour m'asseoir sur la table la plus proche en observant la scène avec un sourire d'intérêt. Peut-être que je l'avais mal jugé, celui-là. Il savait faire preuve de délicatesse lorsque la situation l'exigeait.

Cependant... ses mots me laissaient confuse. Responsable ? Meurtre ? Mes sourcils se froncèrent tandis que le silence reprenait ses droits et que ma réflexion s'intensifiait.
Responsable - malgré la demande de Cassandra ?
La réponse m'échappait. La logique attirait ma curiosité sur une pensée que je n'étais pas en mesure de saisir.
Au nom de leur lien ? D'un attachement entre eux ?
La vengeance était un concept qui m'échappait et je détestais l'incompréhension.

- Ça ne me dérange pas d'attendre. Je sais que vous me le redemanderez.

Un maigre sourire vint accompagner ma remarque, signe de ma sincérité. Pour une raison obscure, je sentais une sensation agréable au creux de mon estomac, une joie imminente comme si le présent était encore mieux que le résultat escompté.
En posant mon regard sur Owain, je comprenais. C'était lui, le facteur inattendu qui avait permis au futur de s'embellir.
Je m'avançais pour une nouvelle étreinte et vins mordre doucement son oreille, déversant un peu de mon pouvoir dans ce geste à mi-chemin entre danger et affection, afin de détraquer son pouvoir pour les heures à venir.

- J'ai hâte de te voir à l'œuvre.

Je m'écartais avec un gloussement après cet instant de contact et me dirigeais vers la sortie de la salle avec un geste de main en direction de l'enseignante. Je connaissais sa réponse, et je n'avais plus rien à faire ici.