SOS d'un chien en détresse [3 août 2018] - pv Owain

Tim ne dessine pas aujourd’hui. Du moins pas tout de suite. Il cherche quelqu’un, un petit vicieux adorant se planquer dans des endroits exigus. Il traque Green, son lézard. Les deux complices se sont lancés dans une énième partie de cache-cache. Et le reptile est de plus en plus malin pour dégoter de bonnes cachettes. En début, il se contentait de se poser derrière un arbre. Puis il a commencé à se fondre dans les végétaux des jardins. Pour en arriver à fusionner avec la nature et devenir indétectable faisant trainer les parties des heures.

Tim a vérifié sous chaque plante, derrière chaque souche sans réussir à mettre la main sur son animal. Il se demande s’il a encore innové. Cela l’étonnerait à peine tant la bestiole est intelligente. A force marcher sous le soleil tapant, le garçon s’essouffle. Il envisage l’abandon et de rentrer à son cabanon afin de se désaltérer, son lézard reviendra tout seul. Néanmoins, l’idée ne lui plait guère. Il craint de voir Green le narguer pendant des semaines voire de lui quémander des fraiser afin de le récompenser de sa victoire. Alors il se donne une ultime chance. S’il se rate, il s’avouera vaincu.

Tim a pris la direction du lac. Futé, il s’est dit que s’il faisait chou blanc, l’air gorgé d’eau le rafraichirait. Il arrive sur place. Il se remémore immédiatement pourquoi il n’y vient jamais. C’est bruyant, beaucoup trop à son goût. Des camarades de classes profitent de la météo et se baignent. Il est résigné d’avance. Il ne peut pas rester ici. C’est bien trop insupportable pour lui. Il s’apprête à faire demi-tour et retourner au pensionnat quand il aperçoit un chien l’approcher. A son passage à proximité, le canidé l’ignore complétement et le bouscule presque.

« Tu pourrais faire attention, hein ! »

Il n’est pas de bonne humeur, sa défaite n’arrangeant rien. Il comprend la raison pour laquelle la boule de poils était pressée lorsqu’il l’aperçoit laper l’eau du lac comme un trou. La pauvre bête avait soif. Tim hésite à l’imiter puis se rappelle que le liquide proposé n’est pas réputé potable. Le shiba inu lui lance un regard.

« Désolé, je tenais plus ! Dis, tu pourrais me montrer le chemin des cabanons ? On m’a laissé sortir seul et je retrouve pas ma route… »

Tim est abasourdi d’entendre cela. Quel propriétaire indigne peut laisser une telle adorable et mignonne bestiole toute seule ? Il se dit qu’il va avoir à lui dire deux mots lors de leur rencontre.

« J’y vais justement. Suis-moi. », lui rétorque-t-il tout sourire, charmé par l’animal.

L’animal est heureux. Comment Tim le sait ? Disons que le fait qu’il lui tourne autour depuis son annonce lui met la puce à l’oreille. Puis lorsqu’il sautille et pose ses pattes avant sur sa jambe droite pour lui lécher la main, il n’a plus de doute. Le blondinet lui sourit, il est un peu perdu. Il n’a proposé de fou. Il a juste fait ce que n’importe aurait fait. Il rentre de toute façon. Cela ne lui coûte strictement rien de laisser le canidé le suivre. Il a une nouvelle preuve qu’une petite attention peut créer un grand bonheur chez autrui.  La leçon est bonne à apprendre même s’il la connaissait déjà. Ne pas négliger son pouvoir d’aider les gens naturellement. Un brin de générosité peut créer une immense joie.

Le chien est si excité que Tim ne peut marcher. Il tente de la calmer en s’accroupissant et le caressant. Le pauvre semble avoir vécu un moment de désespoir. Peut-être une peur de l’abandon. L’adorable boule de poils ne mérite pourtant pas cela. Si Tim était son propriétaire, jamais il ne le laisserait seul. Il craindrait qu’on le lui vole ou pire, lui fasse du mal. Si lui aime les animaux, il sait que ce n’est pas le cas de tout le monde. Il lui suffit de penser à sa colocataire Charlotte pour s’en rendre compte. Cette fille est gentille mais ne supporte pas la compagnie des bêtes. Heureusement, sa frousse l’empêche de se montrer violente à leurs égards néanmoins il doit bien exister des êtres malveillants.

« Doucement, doucement. Moi aussi j’ai chaud. Allez viens, je te ramène. »

En guise réponse, Tim a droit à des aboiements et des remuages de queue. Il croit même distinguer un sourire se former sur la gueule de l’animal. Il est temps de déguerpir à l’ombre et de ressasser sa défaite face à Green. Après deux pas, le couple éphémère est interrompu dans son mouvement. Tim vient de perdre son binôme qui se retrouve dans les bras d’un autre. D’abord outré, Tim découvre la scène bouche bée. Quand il s’aperçoit que la bestiole ne se débat guère et qu’elle offre des papouilles à ce garçon, il se dit que les deux se connaissent. Soupçon confirmé à la prise de parole du jeune homme. C’est donc lui le propriétaire.

« ‘Lut. Ben de rien. J’ai rien fait de spécial, je suis tombé dessus par hasard. Il avait soif et cherchait à revenir vers les cabanons. Il a pas l’air copain avec le sens de l’orientation. Tu devrais faire attention avant de le laisser sortir seul. Ça serait dommage de perdre une beauté pareille quand même. »

Tim caresse le haut du crâne de la créature avant de lui adresser la parole.

« Je vais te laisser. Tu as retrouvé ton maître, il va te ramener chez vous. »

La tristesse s’entend dans sa voix. Le blondinet n’a pas été en contact longtemps avec le shiba inu cependant cela a suffi à le rendre amoureux. Il s’apprête à partir en ponctuant don départ d’un « Prends bien soin de lui » lancé à l’encontre de son ainé quand le chiot s’échappe de sa prise. Il saute sur le classe C qui l’attrape en plein vol. Il se rue sur son visage et lui lèche la joue. Tim est gêné et l’observe du coin de l’œil.

« Fais la route avec nous ! Steuplait… »

Comment résister à ce regard et à cette bouille ? Tim craque et opine de la tête. Reste à convaincre le second adolescent désormais. Tim lui sourit. C’est forcé, il n’est pas vraiment à l’aise. Il se lance.

« Il veut que je me joigne à vous. Ça te dérange si on fait route ensemble ? »

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Tim plaisante mais cache un fond de vérité dans ses propos malgré tout. Il est tombé amoureux du chiot et se sent prêt à l’adopter si son actuel propriétaire se lasse de sa bouille. Il se doute que cette probabilité est faible vu la beauté de la bestiole néanmoins il essaye et lance idée, au cas où.

« J’doute pas de toi Owain. De toute si ça n’allait pas, il ne serait plus avec toi. Alors c’est que tu dois pas être un si mauvais maitre que ça. »

Tim rit, il se sent bien avec ce garçon. Lui le solitaire a peut-être trouvé de la compagnie humaine. Tim s’est résigné à chercher son lézard, il compte attendre dans son cabanon son retour et son gage. Sauf que son camarade ne l’entend pas de cette oreille. Il souhaite lui renvoyer l’ascenseur et lui propose son aide. Deux yeux de plus ne seront pas de trop pour dénicher son reptile. Tim découvre que certains humains valent le coup de les connaitre. Surtout que ce dernier avait une lumineuse idée : se servir du canidé. Dans son errance, il y avait une chance pour qu’il ait croisé Green. Cela ne coutait rien de lui demander. Tim acquiesce et se penche vers l’animal.  

« Dis, tu aurais pas croisé un lézard en te promenant ? Il est aussi vert que l’herbe et il… »

Tim n’a pas le temps de finir sa phrase que le chien se met en mouvement. Il s’éloigne de quelques pas des garçons et leur aboie dessus. Il finit par se mettre à courir comme un dératé. Pas besoin de maitriser le langage animal pour comprendre ce que cela signifie. Tim sourit et obverse Owain.

« Je crois qu’il sait où il est. Vite avant qu’on le perde de vue ! »

Et il se lance à la poursuite de la boule de poils. Non sportif, c’est l’adrénaline qui le porte. Tim court vite et ne quitte pas des yeux son guide. Il tourne sa tête pour voir si Owain les suit.