InvitéInvité | Sujet: entités millénaires // kennedy Ven 31 Aoû 2018 - 13:59 | | entités millénaires // kennedy Le son assourdissant d'un désir inconnu tambourine à ses oreilles. Chaque pas est marqué de cette ponctuation auditive, de ce bruit sourd que les instants rallongent pour en augmenter la portée. Son esprit est craquelé, l'ancienneté de l'entité qu'il incarne le rattachant au devoir indéfectible d'une peur devenue presque naturelle. Il semble se fondre dans les ombres auxquelles on l'a si longtemps associé, malgré son apparence humaine et c'est l'ombre du monstre qui se rattache à ses pieds. Ce matin, il l'a passé à se re-familiariser avec les recoins de l'école qu'il n'avait jamais vraiment vu, marquant chaque obscurité de sa présence. Il a pris le temps, sondant les murs, les moindres salles, d'une banale salle de classe à ces endroits magiques qui le répugnent.
Si seulement tu l'avais fait. Si seulement tu lui avais épargné ça, ça aurait pu mieux se passer. Ta conscience enfermée aux plus profonds recoins de ton propre corps, faisant face aux dernières erreurs que sa colère presque permanente te reprochait. Plus elle s'allonge, plus elle rétrécit. Elle t'avait filé entre les doigts, et pourtant, tu étais incapable de te souvenir de ce qu'elle était. Tu l'avais perdu, et il te l'avait volé, traînant ton corps pâle jusqu'à la forêt nocturne.
Plus elle s'allonge, plus elle rétrécit. C'était ta vie, et elle avait cessé ce mouvement paradoxal qui la rendait si attachante, te laissant livré à toi-même au sein de l'écrasante présente qu'il incarne. Lui, il s'en moquait pas mal - il était tourné vers ses propres désirs, marquant chaque mètre de ses longs pas, ses yeux de prédateurs scrutant les alentours à la recherche d'un de ces frêles humains dont il adorait voir l'ombre tenir entre ses larges griffes.
Il laissait la pluie lui marteler le corps sans se soucier des sensations primaires que ce corps ressentait ; et à chaque éclair qui zébrait le ciel de sa lumière, il semblait perdre son sourire. Il avait beau s'y habituer, il détestait toujours autant la lumière. Pourtant, il appréciait le bruit chaotique de l'orage qui frappait depuis quelques minutes à présent - et sa tête se pencha légèrement dans un signe d'intérêt lorsque son regard se posa sur la sombre silhouette d'une jeune fille.
Élève, sans le moindre doute. Il accéléra le pas, laissant sa respiration devenir plus forte et s'arrêta près d'elle, les mains posées sur ses cuisses fléchies tandis qu'il reprenait le souffle qu'il n'avait jamais perdu. Le ton peureux, horriblement hypocrite.
« H-Hé, tu as vu cet orage ? Il se dirige par ici. On va mourir si on reste là ! Tu n'as rien pour éclairer le chemin ? » |
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