Au milieu des éprouvettes... [Gretel]

Ouais ! Lutin ! Parfaitement ! Suite à ça il ne dit plus un mot, tout comme Gretel, et ce long silence ne lui inspira rien de très bon... Il reprit son carnet, toujours sans dire un mot, l'ouvrit à une page blanche et se mit à écrire ou griffouiller des trucs dessus. De là où elle était, Gretel ne vit qu'un amas de traits entortillés dans tous les sens... Pas cool. Il referma ensuite son carnet, le doigt maintenant la page. Ça, par contre, ça sentait franchement pas bon. D'un coup, il s'était relevé et Gretel se sentit bizarrement atrophiée. Même si sa taille raisonnable permettait de prendre de l'ampleur sur les filles, ses gênes concurrençaient difficilement avec ceux du sexe opposé. En général, elle remarque à peine quand on la dépasse, mais là, dans une situation pareille, c'est comme si un géant de pierre venait de sortir du sol pour écraser sans pitié son malheureux ego. C'était très certainement la toute première fois dans sa vie que Gretel se sentit toute petite. Il se dirigea ensuite vers son banc et avait vu juste sur son devoir et tout et tout. Pour l'avoir repéré ainsi du premier coup, ce mec à l'oeil observateur... Artiste ? D'après ce qu'elle avait entre-aperçu de ses dessins, c'en était effectivement un...

Gretel se tortilla sans trop avancer, méfiante, histoire de voir ce que manigançait le chevelu, mais son dos cachait tout. Dès ce matin, en se réveillant, elle avait sentit que cette journée n'allait pas lui être favorable... L'adolescent avait remarqué son cahier et ne réprimanda pas une petite remarque, ce qui fit pester Gretel qui siffla entre ses dents. Ce devoir, elle n'en a qu'un seul exemplaire, ne sachant pas trop se servir correctement d'un ordinateur, elle avait prit l'habitude de les écrire à la main, ce qui avait le très mauvais désavantage de n'en posséder qu'une seule et unique copie. Si ce mec osait toucher à une fibre de son devoir, il allait le payer très, mais alors là, trèèèèès ch-....

« Tu connais l’excuse du : Désolé monsieur, mais mon chien à manger mon devoir ? Dans quelques secondes ça sera le cas… On verra si elle marche vraiment quand tu la sortiras. »

Hein ? Quoi ? Prise d'un stress soudain, Gretel accouru vers le banc, et se pencha vers le carnet qu'il venait de poser sur sa paillasse, il y avait dessiné... un chien ?! C'est quoi cette blague ? Elle le prit en main, examina la page, la tourna, la retourna... Y = ax +... non c'est pas un truc de mathématique caché... L'encre ? Elle risqua un doigt sur l'esquisse mais il semblait y avoir rien d'anormal... R.A.S... Bon sang où était le piège ? Le cerveau de Gretel fusa à du mille à l'heure, cherchant la moindre hypothèse qui incluait un quelconque danger. Ce ne fut qu'une fois son cerveau réduit en bouillie qu'elle tilta "Mon chien a mangé mon devoir". Si elle apprenait à mieux écouter les autres, tout irait beaucoup mieux, mais son passé lui a apprit à nier les humains et préférer les cigales. Elle regarda le garçon, scrutant ses yeux avec insistance, cherchant à décoder le moindre signe mais son esprit très fermé aux relations bipèdes l'empêchait de comprendre la moindre gestuelle ou la moindre mimique d'un humain alors que celui-ci aurait pu lui donner la réponse aussi facilement que l'était 1 + 1 = 2.

Ce mec avait un don, mais elle n'arrivait pas à deviner lequel... Il voulait s'en servir, c'était évident. Elle reporta son attention sur le croquis comme si elle avait en face d'elle un puzzle avec un trou au milieu, chose qui l'agaçait énormément. Vaine, elle rejeta le carnet sur la table et referma son cahier sec, le faisant claquer avant de le fourrer au fond de son sac.

« Déjà, j'ai pas de chien. »

.......... NÛÛÛûûûl !!! Ok, ça vole pas haut, ça s'écrase même, mais c'est tout ce qu'elle trouva à dire. Je l'ai dis, Gretel + psychologie humaine = 0. Elle voulut rajouter un "ensuite" mais son esprit s'était vidé. Elle se mit sur la pointe des pieds pour être à hauteur d'yeux et paraître plus autoritaire, (et par réflexe) espérant qu'il ne remarque rien. De toute façon elle s'était arrangée de bouger beaucoup pour faire diversion... Maintenant que les hauteurs étaient égalées, elle se sentit beaucoup mieux.

« Et ensuite le lutin, tu vas me dire clairement quel est ton don sinon... »

Non pas de sinon, le sinon était en trop et il est sortit par erreur... L'habitude de menacer les gens... C'est pas sa faute... A cours de mots, elle se tût, histoire d'éviter de débiter une autre menace en l'air et visiblement inefficace sur le lutin en question...

Rhâ les artistes ! Elle les aime bien en général mais parfois ils sont vraiment impossible à cerner... Jusqu'ici, les seuls artistes qu'elle avait rencontrés étaient timides, doux ou bien en pleine forme et s'excusaient au moindre hic... Bref, ils étaient passifs et pacifistes ! Lui, pas, tout le contraire, il a contre-attaqué, comportement que Gretel avait jusque là rarement expériencé... Démunie de tout, elle ne savait plus du tout comment réagir. Elle aurait pu taper, mais sa philosophie l'interdit de taper les artistes, elle aurait pu se casser sans demander son reste, mais ce serait vraiment pas cool pour son ego, elle aurait pu continuer à menacer, mais ça marchait paaaas... Il fallait un truc plus fort, plus... menaçant, mais genre, pour de vrai, la vraie menace ! Elle n'eut même pas le temps de réfléchir plus loin que sa tête bourdonna.

Elle recula légèrement émettant un espèce de 'kerps', et se prit les tempes le plus discrètement possible avant de pester intérieurement. Son don à elle, bien que pouvant s'avérer très pratique, lui était vraiment incontrôlable et il lui suffisait de penser "vengeance" ou "insecte" pour que ceux-ci se réveillent comme une meute de loups répondant à l'appel de la lune. Gretel chercha des pensées joyeuses et cucu pour calmer le bourdonnement et souffla un bon coup (toujours discretos) histoire de se calmer, et par la même occasion, calmer ses pulsions entomologiques.

La vague apaisée, elle remonta sa garde et refixa le garçon droit dans les yeux. Rester de marbre restait sans doute la façon la plus judicieuse de se comporter face à lui... Et puis au pire, elle avisera.

Oh ! Ce sale petit... Grmblrblbl ! Sait-il au moins qui il a en face de lui ? Tchaïkovski Gretel ! Autant dire que ce n'était pas n'importe qui ! Du moins... Pour elle, elle était pas n'importe qui en tout cas... Quoiqu'il en soit, il faisait preuve d'un manque de respect tel que Gretel lui aurait bien fichue une baffe, et pas une baffe de tapette hein ! Celle du revers de la main, comme le faisaient les colonels. Quitte à faire preuve de violence, autant rester dans l'élégance et la classe... Malheureusement, ses principes l'interdisaient de brutaliser les artistes autant que les gentlemen s'interdisent de brutaliser les filles. Elle prit donc sur elle-même et mordit sur sa chique.

Il récupéra enfin son fichu cahier et arrangea les feuilles dérangées. Gretel aurait voulu penser un "Tiens ! Bien fait !" mais se retint à temps, elle ne voulait pas se rabaisser à ça et encore moins avoir des pensées aussi immatures. C'était une A, elle se devait de rester loyale et maintenir des pensées dignes.

« Et puis, tu ne pensais tout de même pas que j’allais m’en prendre à ton devoir. Pour une fois qu’une…E se décide à faire quelque chose… »

Guillotine !

Elle qui venait justement de se ressaisir, voilà qu'il lui balance ça à la tronche comme un steak à dépecer... Elle avala sa salive de travers et toussa deux bons coups avant de se remettre du choc. Une E ?! C'était sérieux ?! Ce mec la prenait vraiment pour une E ? C'est vrai que sa façon de s'habiller ressemblait à une délinquante sortant de prison, mais c'était juste pour intimider et qu'on lui foute la paix. Et puis... Et puis faut savoir se défendre dans la vie ! Pfeuh ! Elle croisa les bras, se retenant de tout son être le plus profond de ne pas maugréer. De toute façon, elle n'avait rien à se prouver, si ce n'était pas à cause des retards, elle atteignait sans problème la barre des 100%. Pas un seul problème mathématique ou physique ne lui échappait et il lui suffisait d'à peine une minute pour développer une démonstration. Ah ça, elle en était fière ! Les autres pouvaient pas test ! Les démonstrations, c'étaient la bête noire des élèves en général. Jamais, mais alors là, ja-mais son bulletin n'avait chuté en-dessous de 90% ! Ah... Si peut-être... C'était quoi déjà cette matière inutile ?... Ah oui... Philosophie. D'ailleurs, elle se souvenait que sa prof lui avait dit un jour que Gretel n'avait pas intérêt à exercer le métier de psychologue au risque d'achever ses patients définitivement. Ca, Gretel l'avait super mal pris, déjà, parce que de un ça venait d'un prof alors que jamais un prof lui avait fait la moindre remarque, et secundo, parce que Gretel a toujours excellé partout, elle ne voyait pas pourquoi elle ne devrait pas faire psychologie... Vraiment nulle cette prof !

Bref ! Tout ça pour dire que cette remarque resta vachement en travers de la gorge de Gret'. Une E... Une E ! Ce soir elle le maudira de toute son âme. Sans s'en rendre compte, elle lui avait lancé un regard noir chez noir. Pire qu'une menace, cette fois, c'était le vrai regard, celui qui dit clairement "Toi, t'es mort." mais grâce à son super self-contrôle, Gretchou se ressaisit et esquissa un rictus qui s'apparentait à un sourire narquois et se contenta de se dire "Oh s'il savait...". Elle ne releva pas, déjà parce que y avait pas besoin, il s'en rendra compte tout seul quand il la remarquera à la prochaine heure de cours, et ensuite parce que ce serait vraiment lui tendre la perche de pleurnicher qu'elle était en A. Même elle se trouvait des répliques à se renvoyer elle-même du style "Ah ouais ?! Ben ça se voit pas !" "Ah c'est de là que Prismver a reçu toute cette somme d'argent d'un coup..." et autre trucs dans le genre.

Bref, elle se tût et, à nouveau, prit sur elle-même. C'est bon qu'elle a le sang froid quand elle veut bien.

« Tu risques déjà gros avec tes performance de Docteur Maboul…c’est plutôt toi qui devait commencer par cracher le morceau et dire qui tu es. »

Mais c'est pas vrai ! Il veut l'enfoncer jusqu'au bout c'est pas possible autrement ! "Performances de Docteur Maboul" ? Elle lui en foutera des expériences elle ! Elle serra les poings derrière son dos et laissa la remarquer lui passer au travers.

N'en pouvant plus, elle s'adossa contre le banc et sortit de son sac de quoi se rouler un bon joint. Il lui fallait un remontant. Elle le fourra au bord de ses lèvres et l'alluma avant d'y inspirer un bon coup. Dieu que le monde lui semblait plus agréable maintenant. Elle recracha la fumée une première fois, mais à la seconde, elle attendit de s'être rapprochée suffisamment du type pour la lui souffler au faciès. Lentement, histoire qu'il puisse en profiter lui aussi. Ce serait égoïste de tout garder pour elle. Ok, ok... Ce genre de manière ne faisait vraiment, mais alors là, vraiment pas et y avait sans doute pas moins respectueux que ça, mais qu'est-ce que ça faisait du bien ! Elle retira sa clope et s'éloigna d'un pas. Souffler au visage une fois était suffisant, pas besoin de le refaire. Elle prit cette fois la peine de recracher sa fumée dégueue sur le côté avant de commencer à parler.

« Mais naturellement... Je m'appelle Gretel Tchaïkovski. »

Tiiiens ! Là ça te dit quelque chose ? G-R-E-T-E-L ? Ouais, celle qui est assise au dernier banc et qui s'est enfilée trois 20/20 à la suite en math !

Pour ce qui est du don, ça attendra... Pas qu'elle en avait honte mais... Par précaution, elle préférait ne pas le dévoiler à n'importe qui et encore moins n'importe comment... Si ça ne tenait qu'à elle, elle s'en ficherait royalement, mais si les autres risquaient de la titiller un peu trop sur ce sujet et la vanne de trop pouvait vite déraper et son don lui filer entre les mains à vitesse éclair. Si ça arrivait, Dieu seul sait ce qui pourrait se passer... Elle avait déjà tué quelqu'un par erreur quand elle était encore gosse, il était hors de question ça arrive à nouveau. Les gens méritaient parfois qu'on leur colle des baffes, mais pas de mourir, ou du moins, pas d'une façon aussi horrible. Ce sujet-là, elle préférait le passer sous silence.

Voyant que la fumée empestait assez vite dans la classe, elle eut une pensée pour le pauvre gars et ouvrit la fenêtre histoire de renouveler l'air. Cette méthode était généralement d'une efficacité nulle mais au moins, ça l'éviterait de finir gazé. Elle en profita par la même occasion pour souffler encore quelques coups par la fenêtre, jeta un oeil en bas pour s'assurer que personne ne s'y trouvait et balança son joint par-dessus bord avant de revenir à sa place initiale. La plupart du temps, elle évitait de balancer sa clope ainsi, dans la flippe qu'un jour l'herbe prenne feu, mais avec un temps pareil et une humidité à faire sortir les limaces, c'est limite si elle ne se serait pas éteinte rien qu'au contact de l'air extérieur.

Elle s'adossa à l'armoire en attendant que machin réponde. La moindre des choses quand quelqu'un donne son nom, c'est de le rendre à son tour. Elle planta ses mains dans les poches et posa un pied sur la porte du placard, sentant la vitre tinter sur quelques bocaux probablement vides, et patienta.

Visiblement, son nom ne lui disait pas grand chose... Gretchen ? Qu'est-ce que c'est que ça ? Une marque allemande ? Un genre de bretzel ? Légèrement déçue par ce manque de réaction totale, elle se mordilla les lèvres en se demandant à quoi passait-il son temps en classe pour n'avoir même pas retenu LE nom le plus important des A ! C'est pourtant pas compliqué, Tchaïkovski c'est le nom le plus facile à retenir grâce au ballet de Tchaikovsky. Partout où elle s'était présentée, on lui offrit l'éternelle feinte : "Ooh ! Comme le lac des cygnes ?" Ouais... Comme le lac des cygnes ouais... Si sa clope se trouvait encore entre ses doigts, elle l'aurait fumée si fort que son cerveau se serait certainement liquéfié...

Trop occupée à maugréer sur le fait qu'il ne la connaissait pas, ou, pire ! Ne s'en souvenait pas, lorsqu'il passa devant elle et choppa son sac, elle eut un retard de réaction d'au moins 3 secondes, ce qui était énorme en matière réflexe. Autrement, réagir maintenant aurait strictement servit à rien car tout son contenu venait d'être dévoilé. Partagée entre l'indignation et l'incompréhension, elle ne savait trop quoi dire, et surtout, elle se demandait bien ce qui pourrait l’intéresser dans son sac à part ses vieux bouquins de cours, son porte-feuille fauché (à cause de ce ´@$âmùéaùe de distributeur) et son cahier à devoirs... Franchement les mecs d'aujourd'hui... La réponse se dévoila lorsqu'il sortit son dit-cahier et l'ouvrit à la page de garde et afficha un air plutôt chelou sur le moment et marmonna un truc inaudible pour Gretel qui se trouvait trop loin. Il venait de comprendre ? Hanw-haaanw... Maintenant les excuses je vous prie !

Fière, Gretel croisa ses mains derrière son dos avec un sale sourire en coin, les yeux ravis.

« Si les gens te prennent pour ce que tu n’es pas, c’est totalement de ta faute… Si tu agissais un peu plus comme une fille… »

.....

Une hache ! Qui a une hache ? Son royaume pour une hache (et un alibi). Ce mec ! Elle va l'étriper. Agir un peu plus comme une fille ? Mais ça se voit que c'est une fille non ? Cette phrase buta sur son hémisphère "2nd degré" et elle la prit mot pour mot. Elle siffla un espèce de "Tsseh !" en détournant le regard. Pour qui il se prenait ? Et puis quoi encore ? Qu'est-ce qu'il insinuait ? Que Gretel ressemblait à un mec ? N'importe quoi, mais n'importe quoi ! Outrée, ses mots restèrent coincés derrière ses dents, malgré les insultes qui se battaient pour sortir. Intérieurement, elle lui avait déjà lancé quatre malédictions et deux souhaits de malchance.

L'inconnu se retourna enfin, le visage beaucoup trop radieux au goût de Gretel, et se présenta à son tour. C'est déjà ça...

« Josh Krîhmson hein... »

Pesta-t-elle avec l'accent russe le plus affreux qu'elle pouvait émettre quand il s'agissait de prononcer un mot anglais... Malgré tout, ce nom lui était pas vraiment inconnu. Elle l'a déjà entendu ailleurs que lors des appels de présence mais elle n'arrivait plus à remettre le doigt dessus et ça l'agaçait.... Crimsons... Crimsons-crimsons-crimsons... Se répéter ce nom en tête ne l'avançait guère et elle finit par abandonner. Ça lui reviendra sûrement tout seul.

Ça lui faisait mal de l'avouer, mais c'est vrai qu'à cause de sa fumette, sa mémoire en avait prit un sacré coup et sans doute se serait-elle remémorée de lui en un clin d'oeil si elle avait été clean... Elle se pinça les lèvres, frustrée de devoir admettre qu'il avait raison. Pour se consoler, elle le traita intérieurement de lutin pourpre, histoire de calmer sa conscience. C'était gamin, mais tant que ça restait dans sa tête et que personne ne l'entendait, elle s'en fichait. Elle se fit donc une joie immense de répéter son stupide surnom "lutin pourpre" à tout bout de champs comme si, à force, il en deviendrait vraiment un.

« Mais avec tout ce que je pourrais avoir à ton sujet, ça m’étonnerais qu’on reste longtemps au même niveau… »

Lutin pour-... Quoi ?! Ce qu'il pourrait avoir à son sujet ? Au même niveau ? De quoi il parlait ? Cette phrase fit beuguer Gretel qui sentait qu'il l'avait piégée, mais elle avait pas comprit comment. Qu'est-ce qu'il voulait dire ?! Gretel se sentit menacée, mais elle ne savait ni par quoi, ni comment, et ça, c'est le genre de truc qui la fait vite paniquer. Qu'on la menace, pwahaha quelle blague ! Mais qu'on la menace indirectement comme ça... Nom de tcheu ! En plus elle venait de fumer, autant dire que sa logique était inutilisable pour le moment. Complètement paumée, elle reprit son sac et fouilla vivement dedans après son matos à rouler mais elle était à court ! Vide, nada, niet, plus rien... Il y avait rien de pire que d'être en manque et de ne plus rien avoir à se foutre sur la dent, et bon sang c'qu'elle avait faim... Ce type l'avait fait paniquer d'une seule et stupide phrase, c'était pas dans ses habitudes, mais franchement pas du tout. Il fallait qu'elle se calme, qu'elle respire, hmmm.... ça va déjà mieux. CLOPE !

Non ! Ca va pas ! Pas le choix, passer à l'attaque ! D'un geste qui lui semblait rapide, elle choppa le bras de Josh et lui fit un croche-pied pour le faire tomber à terre. Naisu ! Elle a jamais été hyper réactive au judo, mais les prises par surprise font souvent leur effet. Pour la plaquage au sol, elle y connaît rien car son père s'était seulement contenté de lui apprendre les positions de défenses et quelques attaques, "au cas où on la viole" disait-il... Brave papa. C'était juste après leur déménagement en ville, il était terrorisé à chaque fois que Gretel sortait, il était persuadé qu'un jour, il lui arriverait malheureux, mais comme elle sortait jamais à part pour aller à l'école, il lui est jamais rien arrivé et elle a tout oublié du judo, haha ! Mais c'est pas grave ! Au moins, là, ça a marché !

Prude de nature, elle limitait les contacts autant que possible et du coup, sa position ressemblait à rien. Le seul truc qu'elle avait réussit, c'était de tordre son bras à l'envers histoire de le mettre sous pression. Même si elle avait pas du tout l'intention de le tordre pour de vrai, ça devait être suffisant pour le faire parler ou au contraire, l'obliger à se taire. Par contre, elle savait pas quoi dire pour l'intimider... "Si tu parles, j'te pète le bras" ... moyen-moyen. "De quoi tu parlais exactement ?".... à rejeter. "Lutin pourpre !" Ça c'était bien ! Non, sérieusement, elle savait pas quoi dire du tout et se contenta de.... Rien dire et réfléchir... Il l'avait menacée, elle le menaçait en retour, c'est tout ! Voilà !

« Cherche pas les noises à la mauvaise personne mec... Et tiens-toi à distance à partir de maintenant. »

Ah ben voilààà quand tu veux ! C'était sortit fluide, net et tranchant ! Elle la retient cette phrase, elle pourrait facilement faire effet à n'importe quel gnome de la classe E. Elle la ressortira à l'occasion... En espérant qu'il ait bien comprit jensékelmessage, elle lâcha enfin son bras et se releva. Elle épousseta son jean pourtant déjà dans un état pitoyable à la base et démêla vite-fait ses cheveux en se servant de ses doigts comme un peigne. Lààà, voilà, si ça c'était pas une attitude de fille ! Nan mais ho ! Hein... Sérieux... Elle la retient celle-là.

« Pfeh ! J'espère que c'est clair maintenant ! »

N'empêche, elle aurait bien aimé savoir de quoi il parlait le lutin...

« Oh oui c’est clair. C’est clair que tu n’es pas si insensible de l’opinion que j’ai de ton apparence. Mais une fille c’est pas seulement ça, mais c’est un début… »

Boon... Visiblement, il avait capté que Gretel avait fait un effort dans ses gestes pour paraître plus... "fille". Elle hésitait entre se sentir satisfaite d'avoir réussit, ou frustrée qu'il l'ait remarqué... Sans doute qu'en portant une robe tout irait mieux d'un seul coup... C'était une idée mais, bien que ses longs cheveux lui permettaient d'essayer tous les styles sans problème, elle avait opté pour le grunge-hostile pour une question de confort à la fois psychologique et physique. Quand elle voit les filles en jupe s'accroupir au moindre coup de vent parce qu'elles ont peur pour leur dessous, très peu pour elle, franchement, non merci. Et puis de toute façon pourquoi elle se focalise là-dessus ! C'est une fille, ça se voit, c'est tout ! Et ceux qui la croient pas deviendront stériles et puis voilà, problème réglé. Elle s'apprêtait à prendre son sac et l'enfiler, sur le point de partir, pensant cette discussion close, mais il s'était avancé vers elle pour une raison qui l'échappait.

Peut-être voulait-il lui rendre la pareille en faisant une prise de judo ? Pfaha ! Cette idée l'amusa, il n'avait aucune chance, avoir passé sa jeunesse dans les champs avait du bon pour l'entretient physique et si elle était en A, ce n'était pas uniquement grâce à ses résultats intellectuels. Elle examina le moindre de ses gestes dans le but de les contrer mais il venait de dépasser la distance "limite", celle de l'espace-vitale. S'il y a bien un truc dont Gretel a hor-reur, c'est qu'on perce sa bulle. Les gens qui ont en tendance à avancer ou qui doivent poser leur main sur son épaule lorsqu'ils parlent, c'étaient les pires parce qu'elle ne pouvait ni les frapper gratuitement pour cette stupide raison au risque de se comporter comme ces enragés de E qui tabassent tout ce qui bouge pour un oui ou pour un non, ni leur dire : Arrête d'avancer, arrête de me toucher ! Parce que c'était le genre de comportement intégré dans leur ADN dès leur naissance... Cette catégorie de personne, elle les évitait clairement, impuissante. En bref, si ce type s'approchait encore d'un pas, elle allait se sentir hyper oppressée. Il s'arrêta enfin à quelques centimètres, mais c'était clairement beaucoup trop près pour la jeune fille qui se figea comme si elle était en face d'un T-rex et qu'au moindre mouvement, elle risquait sa vie. Sa main était maintenant à quelques millimètres de son visage et, si en apparence elle était tellement beuguée qu'elle n'affichait aucune expression, à l'intérieur, son coeur battait à du mille à l'heure, et si fort qu'elle avait l'impression qu'il s'entendait même de l'extérieur. Elle avait presque envie de pleurer et de lui péter le bras pour qu'il ne refasse plus jamais ça.

Elle s'attendait à ce qu'il fasse la plus grave connerie de sa vie, mais il n'était pas allé plus loin, heureusement pour lui et pour elle, et mit un temps, qui parût être une éternité pour Gretel, avant de parler. La clairvoyance ? Effectivement, elle n'avait encore jamais croisé quelqu'un possédant ce don dans l'établissement et tant mieux... Pas qu'elle avait quelque chose à cacher, mais si les gens savaient qu'elle avait tué une gamine en ayant foutu une abeille dans sa canette de coca, sa réputation allait tout ternir sur son passage et les gens allaient garder à l'esprit pendant des générations entières que les A se trimbalent une criminelle parmi eux. Si elle avait bien suivit la conversation, lui aussi était en A, savoir ce petit détail n'aurait alors aucun danger, quel est l'intérêt de la balancer alors qu'il se trouve dans la même classe ? Mais ça ferait assez bizarre de savoir que lui-même saurait tout d'elle.

Cela dit... Pourquoi est-ce qu'il parlait de clairvoyance comme ça ? Sous-entendait-il qu'il en possédait le don ? Elle fit une rapide récapitulatif de tout ce qui venait de se passer pour extraire la réponse. Il y avait un truc qui collait pas... Le don de clairvoyance n'était pas dangereux, sauf quand il s'agit d'harceler une personne, hors il avait dessiné un chien sur son carnet et avait menacé son devoir avec celui-ci... Elle avait beau explorer toutes les hypothèses possibles, c'était démontré par a+b que clairvoyance + chien dessiné = rien ! De plus, il avait refusé de lui dire son don quelques minutes plus tôt, et maintenant il le lui offrait servit sur un plateau ? Non ! C'était contradictoire !

Où était le beug ? Peut-être avait-il deux dons ? Était-ce possible à Prismver ? Elle établit une suite de calculs approximatifs pour évaluer les probabilités. Il n'y en avait aucune, ou très minime, déjà, il faudrait que lui-même, en plus de son ADN, puisse supporter une telle source d'énergie. Moralement, il serait détruit, physiquement, épuisé et psychologiquement, détruit ! En théorie en tout cas !

Les yeux dans le vague, elle continuait de réfléchir à ce qui clochait dans l'affaire comme si elle se trouvait face à une équation où une donnée était manquante. Si on partait du principe qu'il bluffait, cela reprenait tout son sens, mais du coup, elle revenait au point de départ... Pourquoi est-ce qu'il bluffait ? Ça, ce n'était plus dans ses cordes... On en revenait au comportement humain, et quand il s'agit de comportement humain, elle est naze. Le plus simple restait de demander carrément et simplement, mais il l'avait déjà remballée une fois et elle n'avait pas envie que ça recommence.

Épuisée par tant de calculs, elle préféra abandonner, complètement accablée par un échec pareil alors qu'elle en était sûre que la réponse est sûrement très, très, très conne. Son devoir de chimie lui semblait soudainement être une part de gâteau à côté de cette entité mathématique vivante.

« Maintenant tu sais à quoi t’en tenir… »

Ah ça... Bien que le contact physique l'effrayait carrément plus que la clairvoyance en elle-même, sa frustration était surtout due à ses propos erronés. Il n'était pas clairvoyant, c'était clair(voyant haha), à moins qu'elle se soit trompée dans son raisonnement, et si c'était le cas, la honte seule serait suffisante pour la faire mourir.

« чертовски дерьмо »

Souffla-t-elle sèchement. Si Josh comprenait le russe, il aurait sûrement trouvé ça pas du tout féminin de jurer un truc aussi moche, mais comme il comprenait pas, du moins, elle l’espérait, elle ne s'en soucia guère.

Découragée et déçue, elle se mordilla les lèvres et se rappela à la douleur qu'à cause du froid, celles-ci étaient aussi sèches que du carton. Une "faiblesse génétique" ou quelque chose comme ça qu'on lui avait expliquée... Franchement, ce n'était qu'un détail futile dans sa vie vu qu'elle ne portait jamais de rouge-à-lèvres...

Elle toucha le centre de sa lèvre craquelée de son indexe et constata qu'elle saignait légèrement. Pas de quoi en faire un drame, mais ça devait sûrement faire un sacré contraste le rouge vif sur sa lèvre pâle... Elle se souvient qu'en primaire, lorsqu'ils avaient pour devoir de faire le portrait de quelqu'un, sa camarade avait commencé par dessiner ses lèvres en lui disant que même sans rien autour, on arriverait à la reconnaître. Tu parles d'un compliment... Le pire, c'est qu'elle avait continué à débiter connerie sur connerie en lui disant que si ce dessin prendrait vie, il serait tellement sec qu'on verrait pas la différence, que quoi qu'il arrive, ça resterait du papier et que...

Oh bon sang ! La voilà sa réponse ! Le chien dessiné, l'excuse bidon sur le devoir mangé... C'était évident ! Elle se sentit vraiment bête de ne pas avoir comprit plus tôt. Il avait le don de donner vie à ses dessins ! Ahhh ! Quel soulagement tout d'un coup ! Comme si elle venait de se débarrasser d'un poids lourd.

Rassurée de voir que la drogue n'avait pas encore endommagé la partie la plus importante de son cerveau, elle esquissa un léger sourire pour elle-même tout en s'étirant les bras. Maintenant qu'elle avait cramé Josh, et doublement en plus, elle se sentait reprendre l'avantage. Son bluff était pas mal, il aurait pu marcher à merveille s'il n'avait pas omis ce léger détail : Gretel est en A, et c'est pas pour rien.

« Je doute que tu veuilles tout savoir sur moi... »

Se prêta-t-elle au jeu, juste pour voir...

Elle posa une main sur sa hanche, et haussa le menton, signe de prétention pur.

« Surtoouut.... si tu as peur du sang... » Elle marqua une pause le temps qu'elle soit à une distance raisonnable, ni trop loin, ni trop proche de Josh, et le toisa de haut en bas avant de reprendre sur un ton très mauvais. « ...Lutin. »

Elle regarda ses ongles d'une manière hyper hautaine avant de reprendre.

« Et puis, si je puis me le permettre, contrairement au tiens, mon don t'est encore inconnu. »

La piste était dangereuse, mais tant qu'elle n'en parlait pas trop, il n'y avait rien à craindre, ni pour lui, ni pour elle. Il faut juste qu'elle sache s'arrêter à temps et ne pas trop parler d'insectes.

« Donc je doute que tu sois en mesure de me faire quoique ce soit petit. »

Le temps qu'il reprenne son carnet qui se trouvait sur le banc derrière Gretel pour dessiner le moindre du truc agressif, elle l'aura déjà arrêté, donc elle n'avait vraiment rien à craindre de lui, autant que lui n'avait rien à craindre d'elle, mais ça, il n'en savait encore rien. Du moins, elle l'espérait.

Quel sale type, si au moins il l'insultait avec des injures courantes et barbares, elle aurait passé son chemin en l'ignorant, mais il arrivait toujours à tirer sur la corde qu'il fallait pas. Si seulement il avait pas été en A elle aurait pu l'enfoncer et l'enfoncer sur le fait qu'avec un caractère pareil son avenir était fichu et blablabla et blablabli mais non... C'était comme s'il possédait un bouclier anti-Gretel. Elle pouvait décidément rien lui faire et ça l'énervait vraiment. Pas de menace, pas de baffe, pas d'intimidation... Rien ! Elle avait plus rien sous la main et il y prenait son pied.

Les bras croisés, elle ruminait en l'observant parler tandis qu'intérieurement, elle était déjà entrain de le décapiter. Elle ne pouvait que se contenter de le fusiller du regard, impuissante. Et puis, il y eu un grondement. Son ventre ? Non ça venait pas de chez elle... Et puis elle était tellement en colère qu'elle ne ressentait même plus la faim. C'était lui ? Il avait faim lui aussi ? Quelle heure était-il ? Elle s'approcha de la fenêtre et tenta de repérer l'horloger du pensionnat mais celui-ci se trouvait dans un angle derrière le mur, elle pouvait n'y voir que la moitié du cadran. Au moins, elle savait qu'il était passé 9h. C'est malin, à cause de lui, elle aussi recommençait à avoir faim...

« ... ou tes séances de torture d’animaux et d’insecte…ou pire, tes meurtres. »

Elle tourna la tête vivement vers lui, affichant une tête qui semblait dire "Mais qu'est-ce que t'as fait malheureux ?!". Elle n'eut pas le temps de dire ou faire quoique ce soit qu'elle sentit un haut-le-cœur lui remonter l'estomac et elle plaqua sa main sur sa bouche à temps, se rattrapant de justesse sur la banc arrière, heurtant un porte tubes-à-essais qui vacilla et tomba sur la paillasse. Par chance, rien ne s'était ni cassé, ni tombé à terre, mais elle n'avait pas remarqué sa gaffe, trop dans le gaz, avec l'atroce sensation que sa tête était sur le point d'exploser. Si seulement il s'était contenté de dire "insecte", ce serait passé, mais "torture d'insecte" et "meurtre"... Le tout en une seule phrase... Elle mit un moment avant de reprendre son souffle et de récupérer une vision nette, mais son cœur battait encore si fort qu'elle pouvait presque le sentir dans ses tempes. De sa manche, elle essuya rapidement les sueurs froides qui faisaient briller son front et ravala difficilement sa salive, comme si sa bouche avait été asséchée dans son entièreté. Pas qu'elle s'en fichait de ce qu'il disait, mais elle n'avait pas entendu ce qu'il avait dit, trop occupée à ne pas perdre le contrôle. Sentant l'air manquer un peu, elle s'empressa d'ouvrir grand la fenêtre.

Il fallait qu'elle le prévienne, depuis tout ce temps, elle n'avait fait que sa gamine frustrée en omettant complètement le danger qui régnait en le laissant dans l'ignorance. Elle se tourna vers lui et se racla la gorge avant de commencer.

« Évite de... »

Sa voix avait été si faible que même elle s'était à peine entendue... Elle n'osait pas continuer et lui dire que s'il parlait trop en mal avec les insectes, ça risquait d'aller mal. Il le prendrait certainement comme une menace et serait probablement capable de la provoquer ou quelque chose comme ça, mais si elle ne disait rien...

« Il faudrait qu’il soit du genre à aimer les cloportes et... »

La fin de la phrase n'arriva même pas à ses oreilles, le terme "cloporte" lui envoya une drine et elle sentit le frisson parcourir sa colonne. C'était moins une, mais s'il continuait sur cette lancée, il allait vraiment finir par dire le truc de trop et là, Gretel pourra plus rien y faire. Elle lui laissa à peine le temps de terminer ce qu'il était entrain de dire qu'elle se jeta vers lui, le plaquant involontairement à cause de son élan contre la vitre, sa main pressant sur sa bouche pour l'empêcher de dire une connerie de plus. Ses doigts tremblaient autant que lorsqu'elle était en manque et sa respiration était essoufflée.

« Il faut vraiment... vraiment que tu évites de parler d'ins... de ça. »

Pour une fois, c'était pas une menace mais un genre de conseil... Si on peut dire... Il y avait aucune agressivité dans sa voix mais jamais son visage n'avait été aussi sérieux. Elle aurait pu retirer sa main, mais elle avait trop peur qu'il dise un truc juste pour la tester. Elle le connaissait vraiment mal et ne savait pas quel genre de type c'était, et comment allait-il réagir dans une situation comme celle-ci. Elle voulait être sûre et certaine qu'il ne fasse pas le con une fois ses lèvres libres.

« Jure-moi que... » Les promesses, quelles conneries, elle-même n'en avait jamais tenue une seule, surtout parce que souvent, on lui avait forcée la main, mais là... Elle avait beau trouver ça hyper fifille et super cucu mais peu, voir quasiment aucune autre solution lui venait en tête. « Enfin... N'en parle plus !....       S'il-te-plaît. »

Berk ! "s'il-te-plaît", ça remontait à quand la dernière fois qu'elle avait dit ça ? Un an ? Deux ans ? Trois ? Quatre peut-être... Quelle humiliation que d'implorer un truc pareil. Et dire qu'elle n'avait qu'à claquer des doigts ou plutôt claquer les gens pour que ceux-ci s’exécutent. C'était tellement la honte. D'ailleurs, elle se sentait tellement gênée qu'elle serrait sans s'en rendre compte le visage de Josh de plus en plus et son autre main s'était agrippée à sa chemise. Pourvu qu'il n'y tenait pas, car avec une pression pareille, cette parcelle du tissu allait sans doute rester difforme à jamais... C'est clair qu'après cette histoire, elle s'arrangera pour plus jamais le recroiser dans les couloirs ! Limite, elle osera même plus le regarder pour les yeux. C'était pire qu'avoir un meurtre sur la conscience ! Enfin... Quand même pas, mais limite ! Quitte à choisir entre les deux, elle préférait.... Argh, ni l'un ni l'autre, ils étaient au même niveau... Mais c'était pire que de rater ses examens ou que de se tromper dans une équation.

Les battements de son coeur se calmèrent enfin lorsqu'il prononça ce seul et unique mot. Soulagée, elle se décrispa et sentit sa respiration revenir à la normale. Il avait compris. Normal, c'était un A ! Quoiqu'il en soit, elle n'avait pas paniqué ou stressé ou n'importe quoi d'autre lorsqu'il eu retiré sa main et défit ses doigts, au contraire, elle se sentit presque rassurée l'espace d'un instant de voir qu'en fait, c'était pas le genre de type méchant et il connaissait les limites à ne pas franchir.

« On dirait une mourante…tu devrais manger quelque chose. Je t’invite. »

Je t'invite.... t'invite.... invite.... -vite.... -ite... -te.... -e....
Ce mot raisonna dans sa tête comme une espèce d'incantation divine ou quelque chose du genre... Jamais, jamais mais jamais de toute sa vie cette proposition lui avait été déjà adressée. Bien sûr, il y avait les cinés et les sorties entre amis du temps où elle en avait encore, mais c'était pas pareil, on lui disait : Hé ! Ça te branche ? Mais là, on l'invitait clairement, c'était tellement inattendu qu'il bafouilla un peu. C'est la première fois et elle ne savait pas du tout comment réagir face à ça.

« Heu... Je... Non c'est bon t'inquiète, j'ai de quoi p-.... »

Au moins où elle fourra ses mains dans les poches, elle se rappela que la machine venait de lui bouffer toute sa thune et que fouiller son porte-feuille ne servirait à rien.

« 'Fin... Ouais bon, ok. Je te rembourserais la prochaine fois que... Voilà quoi. »

Le rembourser signifiait qu'ils seraient amenés à se recroiser, et si elle le revoyait, elle se rappellerait de ce "s'il-te-plaît" fatal pour son ego personnel. Rien que d'y repenser encore maintenant, elle sentit ses joues chauffer et détourna aussitôt le regard. Elle aurait bien voulu se cacher dans un trou ou posséder ce petit truc noir qu'ils ont dans Men in Black pour effacer la mémoire des gens. Au moins, ça lui apprendra à être négligente sur son don. Elle prendra plus de précautions la prochaine fois.

Elle se dirigea vers son sac, enfila la bandoulière autour de ses épaules et se retourna vers Josh. Elle aurait bien aimé le vanner sur Krîhmson une dernière fois, histoire de lui faire oublier ce léger incident "S.T.P", mais se dit que ça n'en valait pas la peine et qu'il finirait bien, tôt ou tard, par l'oublier lui-même si elle ne se montrait pas trop dans son champs de vision, ce qui n'allait pas être une mince affaire étant donné qu'ils se trouvaient dans la même classe.

En passant devant le squelette, elle pu constater l'état déplorable de sa pauvre main. Mon Dieu... C'est vraiment une bourrine quand elle est affamée. Elle repensa à toutes les saletés qu'elle avait fait à Josh, du genre, lui souffler sa fumée au visage ou autre, et se sentit presque mal, même si, à ce moment-là, il l'avait carrément mérité... Soit il était d'une bonté extrême pour l'inviter après ça, ou bien il avait une mémoire de gentillet et avait déjà tout oublié. Elle aurait bien aimé lui demander mais... Elle s'avisera pour le moment.

Citation :

[ HRP : (J'étais hyper contente j'étais à la moitié de mon rp j'ai fais la touche retour arrière ça a changé de page et sur chrome y a pas moyen de récupérer T^T Du coup c'est sûrement un peu pâteux.) Le RP s'achève là ou pas ? Enfin c'est comme tu veux :D J't'suis. ]