Il paraît qu'il y a des dragons (PV Estefan)

Que faisait-il à errer ici alors qu'il n'avait pratiquement rien à faire dans cet endroit ? Aussi étrange qu'il était, Estefan ne se rendait pas toujours compte où il allait, ce qui, il fallait l'avouer, n'était parfois pas très plaisant. Cette fois, la donne changerait certainement ? Un souffle s'échappait de ses lèvres délicatement, exprimant son agacement. Il était tout seul, il ne savait pas exactement où il était et de plus, il semblait... Perdu. Puis, ses améthystes se penchent sur deux personnes en particulier. Il se cache, observant d'un œil les deux jeunes. Il n'a pas envie de passer, il se préoccupe du jeune homme qui arbore un sourire faux. Il tend un papier à la demoiselle. Il reconnaît cette démarche et ce style vestimentaire. Il s'inquiète légèrement, il a l'impression que quelque chose ne va pas. Il a envie d'arrêter ce manège, mais il est trop tard ; elle prend le papier et s'en va. L'islandais se recule et se colle contre le mur alors que le garçon se rapproche dans son sens. Ses améthystes le suivent, alors qu'il ricane de sa fourberie. Ses yeux rencontrent ceux d'Estefan, après un instant il lui demande ce que l'islandais regarde. Avec sarcasme il lui répond. Il est toujours comme ça, il ne pourra jamais faire autrement que se placer sur la défensive et répondre avec cette pointe d'acide dans la voix. Son interlocuteur est incapable de dire un mot de plus, jusqu'à ce qu'Estefan se déplace et se penche légèrement à son oreille une fois à sa hauteur.

« Il lui arrive quelque chose, tu le payeras. »

Comprendre Esekíel, cela n'était pas facile à le voir comme ça. Lui qui semblait pourtant toujours aussi calme, non violent, le voilà qu'il menaçait verbalement le jeune homme. Pourquoi ? Shen était pourtant une amie, mais Estefan n'était pas tellement certain. Il y avait sans doute plus que cela entre-eux, ou en tout cas, lui pouvait ressentir quelque chose d'autre. Le problème était là ; leur âge. Non, il ne valait mieux pas penser à des choses pareilles, il n'était pas... Comme ça. Pour lui l'amour... C'était encore une terre inexplorée, peut-être était-ce tout simplement une grande amitié ? Oui, c'est ça, une grande amitié...

Peu importe, il devait la suivre, pour voir si il ne lui arrivait rien. Il la suivit donc, à pas de velours, une habitude qu'il avait acquis depuis... Toujours. A croire que c'était le cas. Il observe comment entrer, et pénètre dans cet endroit peu accueillant, humide et frais. Ses bottes blanches résonnent, claquant contre le sol de pierre mouillé. Il respire, l'odeur de mousse forestière lui rappel son pays mais il arrête rapidement de rêver et s'avance, jusqu'à lui faire face. Elle se retourne vers lui, en souriant. Estefan sourit en retour, rassuré. Mais son sourire se transforme, un trait pâle se dessine, s'affine. Ses yeux laissent percevoir une lueur étrange, mais non désagréable, comme si au travers de ces améthystes, la douceur pouvait traverser sa tendre amie. Mais l'inquiétude refait vite surface, il s'approche alors d'elle tout en la fixant dans les yeux.

« Bonjour Shen. Que fais-tu ici ? »

Il n'allait pas lui dire qu'il avait tout vu, il préférait attendre de savoir ce que l'autre garçon lui avait réservé. Ensuite, il agirait en conséquence.

Elle lui répondait le plus naturellement du monde. Il fronçait les sourcils. Un dragon, vraiment ? Estefan n'était pas convaincu, malgré qu'il comprenait la fascination de Shen étant native de Chine. Cependant, Estefan avait peur pour elle, qui savait ce qu'il y avait en ce lieu ? Il se promettait d'attraper le jeune homme et de lui faire manger le sol des fourmis. Elle lui montrait la carte, usant de son pouvoir pour la déroulé. Elle lui montrait un point précis avec sa baguette et l'islandais se penchait sur le papier, un air réfléchi sur le visage, tenant son menton. Il écoute attentivement ce qu'elle dit, mais il fronce encore une fois les sourcils en la regardant. Ses joues prennent une teinte rosée lorsqu'elle lui tend la main, mais il n'est pas convaincu.

« Je ne suis pas sûr- »

Il se sent poussé par quelque chose d'invisible, mais il ne proteste pas, il la suit sans dire un mot de plus. Il regarde cette main qui se tendait vers lui quelques secondes avant. Il avait envie de la prendre, de la tenir, mais il se contenta de détourner le visage, tout en se faisant pousser. Il est prêt à la protéger si il arrive malheur. Il n'est pas dupe, il sait qu'il n'y a pas de dragons ici. Mais il veut faire plaisir à Shen.

« Je le conçoit Shen, mais d'imaginer qu'il y a un dragon caché ici, c'est une idée un peu tirée par les cheveux, non ? Pourquoi garder un dragon alors qu'il peut vivre dans les plaines, voler majestueusement dans le ciel azur ? Je ne vois pas pourquoi on garderait un dragon dans cet endroit... »

Il marquait une pause. Ce n'était pas vraiment le fait qu'il voulait l'accompagner, mais il ne pouvait pas faire autrement que de la suivre pour la simple et bonne raison qu'il voulait la préservé d'un quelconque piège tendu. Aimable intention... M'ouais, il n'était vraiment pas convaincu. Il soupirait, toujours poussé par un esprit. Il fermait les yeux.

« Shen, écoute... »

Elle se mit à parler de son pays, de la si grande importance des dragons en Chine. Il avait bien évidemment rencontré le dragon de Shen, d'ailleurs, c'était un animal plutôt sage, tout comme le sien mais là n'était vraiment pas la question... Il se sentit ralentir, et avec un grand élan, il attrapait la main de Shen doucement. Il se baissait à sa hauteur, tenant toujours la main dans la sienne, avec une légère pression.

« Shen, ce garçon voulait te tendre un piège, je l'ai aperçu. J'avais peur qu'il t'arrive quelque chose, ce pourquoi je t'ai suivis. Je suis désolé... »

Il la fixe dans les yeux, il n'arrive pas à se détacher d'elle. Quoi qu'il puisse se passer, il était toujours capable de matérialiser un dragon pour elle. Avec l'histoire de son pays, il pouvait en faire une histoire et user de sa magie pour lui faire plaisir. Autant de fois qu'elle le désirait, jusqu'à ce qu'il s'épuise. Il était prêt à faire cet énorme sacrifice pour elle. Pourquoi il agissait ainsi ?

Elle lui répondait finalement, alors qu'il se faisait pousser par ses esprits. Elle n'avait pas totalement tort, après tout, des légendes diverses traitaient des dragons. On disait également qu'ils protégeaient les trésors. Il n'était quand même pas rassuré, cet endroit devait renfermer pire qu'un dragon, ou un autre animal mythique moins enclin aux relations sociales... Il ne sait pas où tout cela va les mener, mais il espère pouvoir lui offrir protection. Après avoir tenté de parler deux ou trois fois, il réussit à attraper sa main, la stoppant ainsi. Ils se penche vers elle, et lui raconte ce qu'il a vu et entendu. Il la regarde, avec une mince expression de surprise. Il l'est, mais en même temps, il ne l'est pas. Il est surpris qu'elle ait été naïve, mais il la comprend ; sa fascination pour les dragons l'a conduite ici, sans qu'elle ne se soucie de la franchise du garçon. Il n'est pas surpris plus que cela, car il sait qu'il ne montre parfois pas ses sentiments, jusqu'à se demander parfois si il est vraiment attentionné ou si il rêve encore. Pourtant, il la regarde dans les yeux, d'un air très sérieux.

« Oui, je l'ai mentionné. Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose. »

Pourquoi, parce que c'est ton amie ? Il doute à présent. C'était comme si il voulait se rendre compte lui-même de ce qu'il venait de dire. Il a peur, peur de ne pas être à la hauteur de ce qu'il attend d'être. Il n'est pas parfait, mais il est humain. Il resserre l'emprise qu'il a sur la main de Shen, il ne voulait pas la lâcher. Il se relève et regarde autour de lui, n'observant rien d'autre que le chemin devant eux. Il soupire. Elle dit vrai, il la croit. Estefan passe sa main libre dans sa chevelure de neige. Ils n'ont pas le choix, il le sait, il la suivra. Il sent qu'elle a le bout des doigts légèrement froids et avec précaution, il retire sa veste brune, relâchant l'emprise de sa main sur la sienne et dépose sa veste sur les épaules de Shen. Il reprend sa main en lui souriant doucement.

« Il ne faudrait pas que tu attrapes froid. »

Sa voix se fait plus douce, plus tendre. Il se fait ensuite tiré et se laisse faire, la suivant à son rythme. Leurs pas résonnent dans le passage. Il soupire et marche à pas de velours.

« J'espère... Enfin, je veux dire, pour toi je l'espère. Mais j'ai peur qu'il arrive quelque chose... »

Où se perdait-il pour dire ça ? Il laissait une couleur écarlate prendre possession de ses joues, il détournait le regard en fronçant les sourcils. Il devait se ressaisir, non ? … Il n'en avait pas envie, il voulait profiter de ce sentiment.

Elle le remerciait de son geste, après avoir placé sa veste sur les épaules de la demoiselle. Il lui souriait tendrement et reprenait sa main. Il la suivait doucement, le rythme de ses pas de plus en plus lents avec le passage qui devint au fur et à mesure un peu plus étroit. Il rougit, détournant le regard. Pourquoi depuis un moment il se sentait comme cela ? Le fait qu'ils étaient en plus tout les deux, dans cet endroit n'arrangeait pas les choses.

« Que peut-il bien t’arriver ? La couleur de ton visage approche de la couleur rouge. »

Il relève subitement le regard sur elle, surpris. Il esquisse un geste de sa main libre en fermant les yeux. Il ne veut pas lui dire que ce pourquoi il rougit, il n'ose pas. Doucement, il resserre son emprise sur la main qu'il tient. Il finira par reprendre ses esprits, il le sait, mais il tente de cacher ce qu'il ne peut cacher. Peut-être que finalement, il était amoureux d'elle ? Il comprenait ce sentiment, mais comment pouvait-il l'appliquer honnêtement ? Il avait également peur que ses sentiments ne soient pas réciproques et nombre de personnes perdaient leur amitié pour l'amour, car celui-ci n'était pas partagé. Il n'ose encore rien dire, il semble trop perdu pour dire ne fut-ce qu'un mot. Et quand bien même, il venait de bégayer. Il n'aimait pas se sentir comme ça et pourtant, au fond, une partie de lui adorait cela.

Pourquoi n'était-ce pas facile ? Pourquoi était-ce autant compliqué ? Il avait envie de lui dire, mais il mordit sa lèvre d'agacement. Non, ne le lui dit pas. Ne le lui dit... Pas. Depuis combien de temps il ressentait cela pour elle ? Depuis la première fois certainement. Depuis le cours d'allemand. Depuis que son cœur avait rater un battement lorsque son regard se posa sur elle. Elle était de deux ans plus jeune que lui, il n'avait pas le droit de poser ses yeux sur elle de la sorte, c'était tellement inconvenant... Mais... l'amour ne se commandait pas, n'est-ce pas ? Estefan baissait les yeux tristement alors qu'elle lui demandait ce qu'il lui arrivait, qu'elle ne le reconnaissait pas.

« Je... »

Qu'allait-il lui répondre ? Tout se mélangeait dans sa tête. Il reprit son sérieux, le rouge s'effaçant de ses joues. Peut-être n'était-ce que peine perdue. Peut-être qu'il devait tout simplement le garder pour lui, ne jamais le lui dire. Elle était plus inexpressive que lui, elle ne montrait pas ses sentiments. Pourquoi, ne voyait-il pas dans son regard parfois, lorsqu'ils se regardaient, plus que de l'admiration dans son regard ? Il serrait encore un peu la main de la demoiselle, alors qu'ils s'enfonçaient dans un passage plus étroit, plus sombre. Il lui répondait, à présent d'une voix bien plus calme.

« Ce n'est rien Shen. C'est juste que tu m'es précieuse, voilà tout. »

Aïe, venait-il vraiment de dire ça ? Précieuse, oui c'était bien le mot qu'il venait d'employer. Elle pouvait le prendre comme par amitié, après tout, il n'avait pas dit ça avec amour et tendresse... Si ? … Pourquoi, même en gardant son calme, on arrive à faire une énorme bêtise ? L'humain était-il aussi idiot ? Le ton qu'il venait d'employer sonnait comme un son particulièrement doux, soufflant la chaleur de l'amour inavoué. Il avait juste envie d'une chose ; s'enfuir. Était-il si froussard ? Non, il ne s'excuserait même pas pour ce ton employé, il ferait exprès de faire semblant de ne pas s'être rendu compte de ses mots soufflés si... tendrement. Elle le regarde en souriant, malgré le bruit inquiétant qui apparaît et disparaît plus loin devant eux. Il fait plutôt sombre, très sombre même et le passage devient chaque fois un peu plus étroit. Malgré qu'il ne voit pas très bien, Estefan perçoit sa douce Shen. Il lui sourit également. Mais avec les ténèbres du passage, il marche sans trop savoir où il met les pieds. Il sent un de ses pieds se prendre dans un trou et manque de tomber. Rapidement, son réflexe est de s’appuyer contre le mur et avec un mouvement fluide, il frappe sa main contre le mur derrière Shen. Il se retrouva devant elle, presque collés l'un à l'autre.

« Je suis sincèrement navré, il fait tellement sombre qu'on ne peut percevoir où l'on marche. »

Il lui sourit tendrement, la fixant dans les yeux. Elle pourrait facilement entendre son cœur qui bat, de là où elle est. Mais il ne dit rien, ses battements secouent sa poitrine, mais il ne dit rien. Il se pousse, se remettant dans sa position et se baisse à l'oreille de Shen, pointant le bout du couloir qui ne se perçoit pas à cause des ténèbres. Il lui susurre alors, très proche de son oreille.

« Même si ma magie ne peut servir qu'à matérialiser des histoires, elle peut aussi faire ça... »

Il fermait les yeux, l'index toujours pointé vers le bout du couloir. Des torches commencèrent à apparaître le long du chemin qui les menaient au bout du couloir. Il avait simplement suffit qu'il invente un couloir illuminé. Il ne leur avait donner aucune couleur, elles étaient blanches avec quelques reflets bleus. Il ouvrait à nouveau les yeux sur Shen et lui sourit.

« Cela nous évitera d'au moins nous prendre les pieds dans quelque chose d'autre. »

Estefan n'est pas certain de ce qu'il se cache dans cet endroit. Il espère simplement qu'ils sortiront d'ici le plus rapidement possible. Il prend son ruban blanc dans sa main, ce même ruban qui serre son cou. Il la regarde, tout en marchant. Elle veut savoir dans quel sens il employait le mot ''précieuse''. Il ouvre la bouche une première fois, indécis. Il n'est pas certain de lui dire la vérité ou mentir. Il est pourtant honnête, il ne supporterait pas de mentir, cela lui pèserait sur la conscience. Il se demande si on peut mentir à la personne qu'on aime et la réponse devient très claire : il en est hors de question. Il n'arrive cependant pas à le lui dire immédiatement, il se contente de fermer sa bouche et de baisser le regard sur le sol. Il est plus expressif que d'habitude, lui qui est pourtant trop sérieux. Il commence à se rendre compte qu'il est en train de s'enfoncer lui-même, affichant rien que par son regard ses sentiments gardés secrets jusque là.

Son pied se prend dans un trou et il réussi à se retenir. Son corps se colle à elle, mais il détourne le regard assez rapidement. Il fait ensuite en sorte d'éclairer le passage, pour plus de facilité. Il a même l'idée de plus tard matérialiser un dragon pour elle, si l'endroit s'avère être inhabité. Il sait qu'il ne pourra plus cacher son secret qui a prit une grande ampleur au fond de lui. Mais est-il prêt à le lui dire ? Est-elle prête à l'entendre ? Ces deux questions lui tournent en tête. Il n'arrive pas à choisir entre répondre ou se taire. Il sait que c'est malpoli de ne pas répondre, mais ce n'était pas la volonté qui lui manquait, juste que le son qui sortait de ses lèvres était silencieux. Il n'arrivait pas à dire un mot. Pas pour l'instant.

Il la regarde dans les yeux, il commence à avoir de plus en plus de mal à retenir ses paroles, ou être gêné. Les phrases de Shen viennent de décontenancer Estefan. Il ne sait plus ce qu'il doit faire ou non. Il se contente de la regarder dans les yeux un air surpris et les joues rougies. Il fallait qu'on lui explique pourquoi il était tomber amoureux. Ou, plus exactement, pourquoi il avait envie de lui dire les vraies raisons mais que rien ne franchissait la barrière de ses lèvres.

« Et bien, je... »

Était-ce l'endroit approprié pour se confier d'une chose aussi importante ? Il ne savait plus quoi faire. Estefan était définitivement perdu. Il détourne le regard en réfléchissant. Il recommence à marcher, sentant sa main à nouveau prise, il ne pouvait faire autrement. Il soupire.

« Je ne sais pas si c'est l'endroit approprié pour t'en parler... »

Cette phrase voulait absolument tout dire. Il n'avait plus chercher à comprendre comment il allait faire pour lui dire cela, c'était venu d'instinct. Il soupirait et réajustait la veste brune sur les épaules de Shen.

« Je t'en parlerai, sauf si tu veux vraiment une réponse tout de suite. »

Tu n'es jamais tomber amoureux, pourtant tu pourrais tout à fait dire que c'est un sentiment exaltant, tu aimes entendre ton cœur battre dans ta poitrine comme ça, tu ne le renies pas. Tu jurerais rien que par ce sentiment à présent, tu en es certain. Mais tu sais qu'on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche, alors tu restes rationnel. Tu l'aimes, c'est bien le cas, tu ne peux t'empêcher de la regarder dans les yeux, une étrange lueur dans tes iris. Tu es doux, aucun de tes gestes n'est brusque. Sur ton torse repose sa tête et ton cœur rate un battement car elle vient de s'avouer à toi. Tu n'oses rien dire, tu restes là, comme une statue. Tu sais qu'elle est sincère, car tu l'as entendu dans sa voix. Ton cœur s'amuse alors à jouer à la montagne russe dans ta poitrine. Tes bras s'enroulent autour d'elle, délicatement. Tu ne sais pas comment il faut faire lorsque l'on est amoureux, alors tu te contente de la garder dans tes bras dans cette position. De toute façon, tu ne peux pas te permettre de poser tes lèvres sur les siennes encore, tu as bien trop peur de franchir une ''barrière'' encore pure. Tu es amoureux Estefan, tu es amoureux...

Le jeune homme relevait le bras et passait sa main sur la joue de Shen. Il la regardait en souriant tendrement. Il savait à présent que ses sentiments étaient réciproques, et au fond de lui, il était heureux. Il se penchait un peu et posait ses lèvres sur le front de sa compagne doucement, puis se relevait.

« Moi également, Shen. »

Il lui sourit, mais ce sourire s'efface alors qu'il regarde le chemin devant eux. Il fronce les sourcils, il ne sait pas ce qu'est ce bruit étrange qui résonne. Il voudrait sortir d'ici en un seul morceau avec la A, c'est certain. Si il y a bien quelque chose dans cet endroit, ils devront faire attention, la prudence était le meilleur moyen de rester calme et de sortir d'ici vivant. Il reprit la main de Shen et avec réticence, prit les devants. Leurs pas et le son des crépitements des torches chimériques résonnaient, dans un endroit pourtant silencieux. Mais pour Estefan, c'était bien trop silencieux, après le grognement étrange qu'ils avaient entendus deux fois de suite. C'était une ambiance qu'il supportait à peine ; une atmosphère plutôt oppressante. Mais il ne lâchait pas la main de sa compagne. Pour se détendre, il marchait calmement en parlant.

« Je ne sais pas pourquoi je ressens autant de sentiments pour toi. C'est étrange en réalité. Je trouve l'amour étrange, mais pas en mal. Et je ne serais pas apte à te dire depuis quand c'est arrivé. »

Il souriait comme un idiot, pour une première fois depuis longtemps. Mais il ne montrait pas ce sourire, il continuait d'avancer dans ce passage qui devenait légèrement plus étroit à chaque fois. Il espérait pouvoir passer un peu plus loin, sinon, il serait dans de beaux draps...

Pourquoi se casser la tête, lui qui pourtant gardait la tête froide en toute circonstance. Il se sentait euphorique, il se sentait libre. Il souriait tendrement, comme un amoureux. Bien qu'il ne connaissait pas vraiment ce sentiment, il pouvait confirmer que cela brisait des chaînes invisibles autour de lui, que son cœur explosait à tout rompre et qu'il était... Heureux ? Oui, c'était bien le cas. Shen était jolie, elle avait du charme et de l'éloquence. Et même sans ça, il aurait fini par tomber amoureux d'elle, car malgré tout, sa personnalité l'avait enchanté. Il voyait enfin après quelques minutes le bout du chemin.

Ils arrivaient dans une espèce de clairière, Estefan tourne alors la tête dans tout les sens en restant prudent, puis il sentit Shen lui lâcher la main et s'accroupir plus loin devant son lézard. Il est tout de même déçu que Shen n'aie pas vu ce Dragon. Le Dragon de ses comtes. Il sourit à la A qui revint près de lui, lui reprenant la main. L'islandais sourit, alors qu'une ombre gigantesque apparaissait au fur et à mesure.

Oui il en connaissait les risques, il n'avait jamais autant utiliser sa magie jusqu'à présent. Le décors changeait, devenant plus lumineux,n comme dans un livre pour enfant coloré. La manière de faire d'Estefan. De grandes pattes griffées passaient au travers de la lumière et un bruit sourd traversait l'espace, se percutait contre les murs de la clairière. De la fumée s'échappait du museau de cet animal mythique. La bête gigantesque sortait des ténèbres pour s'affirmer majestueusement devant les deux adolescents. Ça relevait du miracle que le B tienne encore sur ses jambes, mais il était capable de tout, absolument tout pour satisfaire celle qu'il aimait du plus profond de son cœur. Tout en continuant de sourire, laissant Shen admirer le Dragon derrière-lui, il dit simplement sur un ton affectueux.

« Je ne veux pas que tu partes d'ici sans l'avoir vu. »

Pas de « Je t'aime », juste prouver son amour était suffisant.