Si le pays des Merveilles peut amené à une amitié, alors je veux être le Chapelier et toi tu seras Alice. [feat Loïk]

Il marchait lentement, un grand livre sous le bras. Une couverture Plutôt étrange, mais qui attirait les yeux curieux sur celle-ci. Une petite fille, de dos fixait un chat souriant perché sur une branche. Une couverture teintée de vert, de brun, de blond, et son titre. « Lísa í Undralandi » ou « Alice in Wonderland ». Et oui, Estefan appréciait ce livre, il le chérissait. Pas que cela devait être considéré comme étant sa ''bible'', mais l'islandais aimait se plonger dans l'illusion des différents univers du livre. Jusqu'à présent, il n'avait jamais autant perdu dans un livre d'une telle ampleur. Et en cette journée plutôt ensoleillée, quoi de mieux que de lire sous un arbre paisiblement et se perdre dans un monde qui échappait à la réalité même ? Un mince sourire affinait ses lèvres. Arrivé dans le parc, Estefan scinda de ses améthystes les alentours. Il trouvait une place sous un saule pleureur et avec délicatesse et envie en même temps, il ouvrait le livre. Son regard alors se mit à faire des allers-retours de gauche à droite, rapidement. Ce regard que l'on connaissait lorsqu'il lisait ; il dévorait les mots, un sourire s'étirant au fur et à mesure de sa lecture. Il pénétrait enfin ce monde illusoire, une chimère aux élégances particulières. Son cœur se mit à battre un peu plus fort, à chaque pas que la blondinette courait après ce lapin blanc. Il imaginait très bien la scène, jusqu'à ne pas s'en rendre compte, qu'il matérialisait ce dit lapin. Il semblait courir dans un décor qui devenait chaque fois un peu plus net. La réalité se déformait doucement tout autour de lui. L'environnement se changeait, se teintant dans les couleurs du Pays des Merveilles. Les voix des personnages se percevaient petit à petit, alors que le Chapelier fou parlait à table, ajoutant du sucre dans sa tasse de thé.

Quiconque passait par-là pouvait facilement aller se perdre dans une illusion racontée par un jeune homme de 17 ans. A sa façon. Mais c'était de l'islandais, qui comprenait l'islandais ? A part lui, pour l'instant, personne encore n'était venu lui parler en islandais. Estefan savait lire l'anglais, sinon, il ne serait pas ici. Mais le fait était que ce livre était le seul moyen pour lui de ne pas perdre sa langue maternelle. Ou était-ce simplement un moyen de se rassurer ? Qui pouvait le dire ?

« Hefur þú nokkra hugmynd hvers vegna hrafn er eins og skrifborði ? »
(Pourquoi un corbeau ressemble t-il à un bureau ?)

Le jeune homme souriait un peu plus. Même lui n'avait pas la réponse, parce que cela n'avait aucun sens. Aucun. Ou pas. Seul quelqu'un de bizarre pourrait dire que cette devinette a un sens, mais il ne pourrait trouver la réponse. C'était censé être... sensé ? Il continuait sa lecture, jusqu'à ce qu'il sent une présence dans l'histoire, une présence autre, spectateur de du rêve éveillé qu'il maintenait de sa magie. L'image disparaissait peu à peu, dévoilant à nouveau l'environnement de la réalité. Un garçon se tenait là, Estefan le regardait avec un petit sourire amical sur les lèvres.

« Þú eins og það ? »
(Tu aimes ?)

Il se rendait compte qu'il venait de parler dans sa langue natale et se reprit en posant sa main sur ses lèvres. Il secouait la tête, ses quelques fines mèches de neige secouées.

« Excuse-moi, tu ne dois pas avoir compris. Tu as aimé ? »

Il le regardait, toujours en souriant.