<< Gatekeeper seasons wait for your nod. >>

Je franchis le seuil de la porte, d’un air hésitant. Personne. Il n’y avait encore personne. J’ai toujours eu pour habitude d’arriver en avance en classe. La raison ? J’appréciais tout bonnement ce calme et cette tranquillité. Refermant la porte derrière moi, -bruit de grincement-, je remarquai des rayons de soleil transpercés au travers des rideaux. Je me dirigeai alors d’un pas élevé vers celles-ci, à côté du bureau du professeur. Je tirai ensuite la voile de tissu, on pouvait y découvrir un paysage au ciel immensément bleu, faisant baigner la pièce d’un bain de lumière printanier. Étincelant, lumineux. En ouvrant la vitre, un courant hâté d’air frais envahissait toute la salle, tant mieux, ça commençait à sentir le renfermé ici.

Un soupir, mon long soupir, résonna entre les quatre murs. Le vide, il est fou comment la non présence de tel ou tel individus pouvait être ennuyante. Je m’assis au rebord de la fenêtre ouverte, observai mes pieds balancer dans les airs ainsi que le panorama exceptionnelle qu’offrait la vue. En-dessous, quelques élèves passaient et repassaient dans les allées sans même faire attention à la demoiselle qui se perchait, assise à l’étage et ne manquant pas de chuter de cette hauteur. Mais je ne suis pas folle, je ne vais pas tomber, non. J’étais même très bien agrippée, aucun risque, il serait fortement malheureux, certes.

L’esquisse d’un sourire de bien-être aux lèvres, je fredonnais quelques airs de classique tout en contemplant les nuages se disperser dans le firmament, ils laissèrent parfois quelques traces et dessinaient le peu de dessin que je devinais. Et soudain, non pas que je ne m’y attendais guère, mais, -grincement de porte, bis-, quelqu’un venait lui aussi d’arriver en cours. Une chose qu’au final, je n’y avais pas vraiment faite attention néanmoins, par politesse, je fis d’une voix suave et transparente:

Sixtine T. Nirvana ▬ Bonjour.

Et ce, sans me retourner, élevant juste légèrement ma main en signe de salutation.

Sa voix m’était familière, un timbre enjoué propre à monsieur Kingston. C’était bel et bien Cyr, à l’éternel sourire ravageur que je lui rendis de même avec toujours cet air intimidé. Cet Irakien, est un bel-homme venu d’ailleurs, apportant une petite touche d’exotisme au pensionnat Prismver, -et oui, ça change énormément des têtes pâles que l’on rencontre ici. Il me rappelle ces princes dans les livres de conte de fée, de princesse. Comme s’il venait tout droit des Mille et Une Nuits.
Il s’approcha de la fenêtre tandis que je m’apprêtais à lui demander s’il allait bien en cette journée de beau temps, Cyr me coupa dans mon élan, me laissant les lèvres entrouverte, béantes.

Cyr Kingston ▬ Ah, Sixtine ! Je me disais bien que ta voix me disait quelque chose ! Toujours aussi lève-tôt, dis-moi ?

J’eus un léger rire puis, hochai de la tête en signe de d’affirmation. Je dirigeai ensuite mon regard vers le sien. Plongée dans ses yeux couleur or qui reflétaient la clarté du soleil, un fin sourire se dessinait à nouveau sur mon visage, juste que je les trouvais ravissants. Il y eut un silence jusqu’au moment où Cyr reprit la parole :

Cyr Kingston ▬ Cela fait un moment, dis-moi. Le cours ne commencera pas avant un petit moment ; un café, ou un thé, ça te dit ?

Sixtine T. Nirvana ▬ Non merci, j’ai ce qu’il me faut.

Je sortis de mon sac une bouteille fraîche de panaché, il est certain qu’en cette matinée, il n’était guère le moment de picoler cependant, il n’y avait rien de plus rafraîchissant que cela. Ce n’est pas comme si j’allais finir saoule en un rien, à un volume inférieur à 1% . Que risquerait-on ? Je décapsulai le bouchon avec mes ongles, au péril d’y laisser un doigt, -bruitage du bouchon qui se décapsule-.

Après quelques gorgées, je lâchai un bref soupir et jeta un succinct coup d’œil vers le bas. Puis, le voyant inattentif voire ailleurs dans les nuages, je lui tendis la boisson afin de lui en proposer.

Sixtine T. Nirvana ▬ C’est doux, même si c’est mauvais pour ma ligne.

Fis-je d’un ton amusé. Je me remis alors à chantonner des mélodies par-ci par-là, en me laissant bercer par une chaude brise et l’agréable présence de Cyr.

Il me tendit un bouquin, avec cet air benêt et désolé. Non, il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat, je n’avais sûrement pas de quoi lui en vouloir. Je repris à nouveau une gorgée, vidant à moitié la bouteille. Voir Cyr ainsi m’amusait quelque peu, je ne pensais pas qu’il pouvait être embarrassé pour si peu. D’une petite tape amicale à son épaule, je le réconfortais de sa contrariété.

Sixtine T. Nirvana ▬ Et bien, merci, Cyr. Il n’y a aucun souci.

Je descendis du rebord de la fenêtre, les pieds plus ou moins engourdis après les avoir fait planer au-dessus du vide. Il eut un long blanc, un vide, le néant. Cela m’arrive assez souvent, avec les autres. Le silence de mon silence, on me rappelle sans cesse mon peu de conversation avec autrui. Ennuyeuse, on me l’a toujours dit. Les minutes s’écoulèrent, les secondes défilèrent, ils nous restaient encore du temps avant que le cours ne puisse commencer. Les élèves ainsi que le professeur ne devraient pas tarder. Mais toujours personne, il n’y avait que nous deux.

Soudain, je ne sais pas ce qui m’a pris exactement mais j’ai fixé Cyr d’un regard complice. Une envie brusque. J'avais ommis le fait que je ne m'étais pas entraîner hier soir, cela m'a manqué, à vrai dire. Je lui ai tendu ma main et me baissa afin de lui faire une révérence. Et là, je lui ai murmuré:

Sixtine T. Nirvana ▬ M’accorderiez-vous cette danse, jeune homme ?

Le temps qu’il réagisse, je me redressai aussitôt et pouffa discrètement de rire, la main devant la bouche. Car oui, cette manie étrange de mettre la main lors des rares fois où je ris ne me lâchera pas. Mon regard s’échappait alors une fois de plus vers le ciel, sereinement.

Sixtine T. Nirvana ▬ Laisse tomber, je plaisante. Mh.