Through the space and the clock, I'll wait for you~

La salle intemporelle. C'était un petit peu la salle de repos favorite de Phileas. Il s'y sentait bien, il s'y sentait protégé, et ne se souciait guère de savoir s'il allait se perdre ou non dans ce néant qui l'entourait. Là, il flottait. Tout comme il flottait en utilisant ses pouvoirs, mais sans user de la moindre force. Cette enveloppe protectrice qui le recouvrait lorsqu'il s'amusait à se décoller du sol, mais sans les tracas de gestion des forces et des pouvoirs répartis. Un petit bonheur qu'il appréciait tout particulièrement, et qu'il s'offrait entre deux cours, parfois, pour se vider l'esprit. Comme cela, il avait autant de temps pour travaille en dehors de cette salle, et avait le droit à du repos et de la méditation sans perdre son temps. Des moments de breaks total, où il ne faisait que penser, où il se reposait... et même où parfois il s'endormait ! Mais le réveil en s'écrasant hors de la salle était bien dur, et ça il en avait fait l'expérience depuis un bon moment.

Ce jour-là, comme à son habitude, il vient trouver un petit espace de trou pour venir se faufiler à l'étage qui n'était pas le sien. La récréation, un vendredi après-midi, quelque chose de bien banal quoi. A droite, à gauche, comme s'il traversait la rue, Phileas fait bien attention à ce que personne ne le voit rentrer là dedans. Précaution inutile, qu'il faisait tout de même. Une fois le chemin libre, il entra dans la grande salle et inspira un grand coup, pour se laisser tomber dans le grand vide, les bras tendus.

Cette immense pendule qui semblait protéger cette immense salle réconfortait le jeune homme. Il regardait avec admiration la moindre de ses parcelles. Admirait la beauté des engrenages, de l'écran laissant échapper une magnifique lumière bleuté. Il se sentait comme revivre dans cette salle, et lorsque son éducation ici sera terminée, il regrettera certainement ce lieu de rêve. Ce lieu où il se laisser doucement aller vers le néant, le regard vide, en oubliant totalement qu'il venait de la terre ferme, en ne voyant que peu de gens venir ici. En étant seul, tranquille, en harmonie avec lui même... ...ou presque.

Ou presque. Ou presque car, alors qu'il se sentait partir, il entendit une voix masculine qui vient le sortir de ses pensées et revenir dans la réalité. Merde ! Il n'avait pas bien vérifié s'il était seul DANS la salle ! Et il se trouvait là-bas, ce jeune homme, qui se détendait en n'écoutant visiblement de la musique. C'était autorisé, les baladeurs mp3 à l'école ? Première nouvelle. Ça ne viendrait même pas à l'idée que Phileas puisse ramener du dehors de l'île quelconque objet électronique. Si on souhaite se détendre avec la musique, on la joue ou on l'écoute chez les apprentis musiciens dans la salle de musique, ou au pire, en faisant une pause dans la salle informatique. Sinon cela met des mauvaises conditions de travail et... Arrête de penser travail ici ! Hurla dans sa tête Phileas. Il y avait quelque chose de plus important. Il y avait lui.

Lui qui restait donc dans un état végétatif, où la seule de ses paroles échappées étaient trop faibles pour pouvoir être comprises du blondinet. Blondinet qui ne POUVAIT PAS être seul avait quelqu'un d'autre que lui, ou éventuellement... Éventuellement rien du tout, il était tout simplement trop timide pour pouvoir partager cette immense salle dans laquelle il se trouvait, et ne voulait surtout pas déranger cet homme visiblement plus vieux que lui. Il commença à battre des pieds pour se diriger et comprit rapidement que, ici, la seule manière de pouvoir sortir de la salle, c'était de rester proche de la porte, ou bien d'attendre que l'heure passe pour qu'il puisse être éjecté de la salle. Une heure passée avec lui ? Ah, non non non.

Fermant les yeux, Phileas essaya de se concentrer sur cette grande horloge qui les protégeait. Il savait parfaitement que les caractéristiques physiques ici étaient différentes de l'extérieur, et ne savait absolument pas comment réguler ses forces et son pouvoir de gravitation contrôlée pour réussir à l'approcher. Pourquoi ne pouvait-elle pas obéir au doigt et à l’œil ? Non, une entité d'une telle importance n'avait pas à s'occuper de capricieux élèves,et Phileas se sentit honteux d'un seul coup à la simple pensée d'ordonner à la « salle » de lui obéir. Il inspira un grand coup, et essaya d'exercer une attirance entre lui, et l'horloge. Rien du tout. Bien,il avait du viser une partie ne possédant pas de masse propre. Il réessaya. Même problème. Et encore, et encore, jusqu'à finalement ne pas se rendre compte qu'il avait tellement reculé que son crane rentra gracieusement dans le ventre du garçon qu'il essayait d'éviter. Phileas n'appuya pas très fort dessus, mais comprit direct la gaffe immense qu'il venait de faire. Il se laissa porter par le néant et se retrouva à l'envers, en face du garçon aux cheveux bleus. Merde, pile ce qu'il voulait pas.

« Euh... euh... » dit-il en prenant des couleurs et en essayant de comprendre comment était composé le visage inversé du jeune homme. Il fallait sortir un truc, il fallait s'excuser de l'avoir déranger ! Raaah, Phileas dérangeait tout le temps tout le monde ! « P-pardon, j't'ai rentré dedans... »

Ce silence. Ce silence immense qu'il avait créé, le blondinet, en s'excusant. Phileas avait gaffé, il en était sur et certain, il avait plus que gaffé et s'en voulait atrocement d'avoir fait ça. Il essaya de battre un petit peu des jambes pour fuir, mais avait limite oublié que cela ne marchait absolument pas. Et ça allait encore moins marcher vu que le jeune homme en face de lui se mit à rire, non, à exploser de vivre, faisant perdre totalement ses moyens au pauvre blondinet qui avait la profonde peur d'avoir faire une trop grosse bêtise.

Puis le visage du petit moqueur devint plus clair, et se retrouva cette fois-ci à l'endroit, grâce à aide qui le remit droit, tout comme il l'était. Ce jeune homme vint s'excuser auprès de Phileas, disant que la scène était trop comique. Bien, il n'avait pas pu s'en empêcher. Phileas hésitait entre la sensation de se vexer ou celle de se cacher dans un trou de lapin. Il choisit la deuxième, et fuit le regard du garçon en regardant autour de lui. Il croisa le regard de son uniforme, et fixa la cravate aux rayures rouges. Il était en face d'un E, donc. Le coup du Mp3 avait une réponse alors.

« Tu devrais faire plus attention, en général les gens ils aiment pas quand on leur écrase les intestins ~ »

Phileas se mit à prendre des couleurs d'un seul coup. Il lui avait fait mal ? Il ne savait pas, mais il avait fait quelque chose de mal et s'était fait plus que remarqué ! Ah, qu'il avait honte de lui, et qu'il voulait se barrer d'ici. Allez, petite heure, passe rapidement s'il te plaît. Éjecte moi d'ici, petite horloge. Ou éjecte-le avant moi ! Vu qu'il était déjà dans la pièce quand il est rentré.

Ses pensées de fuite vinrent rapidement tomber dans l'oubli lorsque le jeune home vint d'un seul coup changer de sujet. Phileas s’éclaircit la gorge et vient renouer, nerveux, sa cravate violette qui trônait à son cou. Bien, dans les codes sociales, il est dit qu'il faut se présenter pour pouvoir commencer une realtion à peu près sérieuse. Même si cette relation ne dépassait pas le stade de « connaissance ». Phileas inspira un grand coup, se détendit comme il pouvait et vint lui répondre un faible « Phileas... ». non, c'était pas assez fort, ça, il devait rien avoir entendu. On augmente le volume sonore, petit blondinet. « Phileas Isherwood. Je... je suis un quatrième A... Et toi ? Tu... es en E, non ? Vu ta cravate... ».

Il avait donc raison, c'était bien un E. Merci le code couleur des cravates pour aider à reconnaître les gens de sa classe ! Et il s'appelait Hiroki. Oh, un jeune homme d'origine asiatique, vu la consonance de son prénom et de son nom de famille. Hongakou ? Non, pas de H aspiré. On... gakou ? Ah non, le « ou » s'écrit « u » généralement, s'il se couvait bien. Donc cela donnait « Hiroku Ongaku » ? L'orthographe est quelque chose de très important ! Et le deviner l'est également. Il ne faut pas se contenter de retenir de manière auditive quelque chose, quelle qu'elle soit, le visuel aide aussi. Et quoi de mieux que de retenir l’orthographe d'un mot pour se souvenir de son ensemble ?

Mais revenons à nos cravates. Où le jeune... Hiroki, se demandait ce qui allait pas. Bah, c'était pas trop dur à voir, elle n'était pas attachée, et elle était rouge. « Bah... t-tu as jamais remarqué que les cravate changeaient de couleur selon les classes ? ». Il vint tirer sa propre cravate et la montre timidement au jeune homme lui faisant face. « La mienne a des rayures violettes, comme tous les gens de ma classe. » Et, dans un geste doux, il vient prendre celle d'Hiroki et lui enfila mieux autour du cou. Et se mit machinalement à lui faire un nœud, à bien attacher ses boutons et à la mettre bien contre son torse en lui tapotant. « Et la tienne est rouge. Comme normalement les gens de ta propre classe. Il faut y faire attention, c'est la seule chose qui nous distingue vraiment des autres. ». Il finit sa phrase en esquissant un sourire.

Phileas sentit une main venir lui ébouriffer les cheveux doucement. Le blondinet se mit à rougir de nouveau et remit encore un peu mieux sa cravate en place, bien qu'elle s’envolait bien rapidement à cause du manque de gravité. Hiroki vint expliquer au jeune A que les différences de classes allaient plus loin que la couleur des cravates. Enfin, c'est ce qu'il compris. Et il releva la remarque comme quoi il était « naïf ». Non, il était tout sauf naïf ! Enfin, selon lui. Sa vision onirique des choses lui faisait penser qu'il était tout à fait normal et que les classes étaient réparties de manière moins drastiques qu'elles ne l'étaient actuellement. Avec ce faussée immense qu'il y avait entre les je-m'en-foutistes et les intellos. Il savait que les E n'étaient pas très travailleurs... mais cela ne changeait pas trop sa vision des choses, au final. Un élève restait un élève.

« En tous cas merci pour la cravate, j'ai un mal de chien à faire les nœuds ! » enchaîna le garçon. Phileas se mit à sourire et vint lui répondre, en s’accrochant à ses épaules vu qu'il s’envolait encore en direction inverse ; « De rien, c'est pas si dur que ça quand on a compris l'astuce. ». Et, d'un geste fluide, il vient faire glisser la partie supérieure de la cravate dans le nœud pour écarter le trou à son cou. « Regarde, si tu fais attention à ne pas défaire l'ensemble, tu peux enlever et remettre ta cravate sans faire bouger le nœud. Si on a une panne de réveil ou qu'on a pas de miroir, c'est pratique et ça ne se voit pas trop. », rajouta-t-il en resserrant le nœud comme il se trouvait avant, réarrangeant le tout.

« Mais quelque chose... a piqué ma curiosité... », chuchota presque Phileas, en baissant le regard timidement. L'envie de lui demander et de revenir sur le sujet des différences des classes lui titilla l'esprit, et il hésita un long instant et réussit à enfin la sortir, sa phrase. De manière assez bien... formulée. « ...Qu'as-t... Euh... Qu'est-ce que tu voulais dire par que... Euh... », merde, t'es nouille Phileas, « Par le fait que je sois naïf ? Il y a quoi d'autres comme différences entre nos classes ? Nous sommes tous des élèves au final, j'vois pas trop trop de différences... »

Le jeune E vint expliquer donc son point de vue quant à la question qu'avait posé Phileas. Et il écouta, avec beaucoup d'attention, comme s'il était en cours en fait, les paroles du monsieur aux cheveux bleus. La cravate pour lui était un gadget, et selon lui, si Phil' avait bien tout assimilé ses paroles, il était bien naïf de penser que cela démarquait ou pouvait rassembler des gens. Et il parla également des E, et de leur façon de penser par rapport à lui. Pourquoi est-ce que la différence des classes créait un faussée aussi immense entre la façon d'agir des gens ? C'était quelque chose que Phileas ne comprenait pas, vu que pour lui, chaque élève est un élève comme un autre, même s'il avait jugeait que les E agissaient comme si et comme ça, alors que les a étaient plus travailleurs. Mais sans pour autant juger autant les personnes en face de lui. Et Hiroki continua de lui parler, de lui expliquer les choses sans que le blondinet comprenne réellement de quoi il s'agissait. La maîtrise d'un don était quelque chose qu'il fallait absolument comprendre ! Pourquoi ne pas profiter des choses merveilleuses que l'on nous offre à la naissance, franchement...

« En tous cas tu n'as pas l'air trop prétentieux pour un A, t'as même l'air sympa tu sais ! »

Rajouta à la fin de ses petites tirades l'adolescent en venant adresser un sourire à Phileas qui baissa la tête, comme pour se baisser et le remercia poliment de ce qu'il venait de dire, de lui enseigner. Il se dit que c'était une bonne occasion pour continuer la discussion, et en oubliant un petit peu sa timidité du début, il s'adressa à lui comme à une connaissance, c'est à dire avec un peu moins d'hésitation et un peu plus de naturel : « Merci... Mais j'avoue ne pas trop comprendre pourquoi ''on'' a creusé autant d'écart entre nous, les élèves des différentes classes... J'comprends ni pourquoi, ni comment ça c'est fait, et je comprends encore moins cette lutte qui se fait entre tout le monde. Que tu sois travailleur ou non, que tu saches maîtriser ton don ou pas, tu as la même cabane que tout le monde, tu as le même matériel scolaire que tout le monde, t'as une éducation comme tout le monde et t'es un être humain comme tous... Alors pourquoi faire ça ? Hein ? »

Phileas fronça des sourcils en entendant la réponse d'Hiroki, malgré le fait qu'il souriait en fixant le blondinet qui lui rendit le regard en le regardant droit dans ses mirettes bleutés. Pourquoi est-ce qu'on suivait ces habitudes et ses guerres enfantines ? Certes, c'était peut-être facile à comprendre, même si la petite naïveté et le coté pacifique de Phileas l'empêchait de vouloir et de pouvoir assimiler ces notions pourtant pas trop compliquée. Rien pour le moment n'avait fait remonter ce coté totalement pacifique de Phileas, et d'un seul coup, ça lui sauta aux yeux que les petites batailles entre élèves le dérangeaient.

« Mais... On est pas... comme ça chez les A. Enfin je crois pas... Et puis... C'est plutôt normal de vouloir ramener des... », Phileas cherchait ses mots, en s'accrochant un peu plus à la chemisier de Hiroki, ayant les fesses qui se soulevaient à cause de la gravité un peu particulière de l'endroit. « Des connaissances, des ''bonnes notes'', ce genre de trucs pour faire plaisir à son entourage, non ? Enfin quand je me fais féliciter par mon ancienne professeure quand j'fais des trucs bien ça me rend fier ! ». Dans un petit sourire de satisfaction, il se remémora très brièvement le nombre de fois où elle l'avait fait, ou elle l'avait encouragée. Peut-être que les E n'avaient pas eu cette chance, d'avoir quelqu'un qui les soutient. « Il n'y a pas de personnes à qui tu veux faire plaisir ? Que tu veux rendre fier, Hiroki ? »

Assis sur les genoux de Hiroki, s'accrochant toujours à ses épaules, Phileas écoutait sagement ce que le jeune homme avait à dire. Et c'est alors quand le blondinet l'écoutait et le voyait parler, qu'il put percevoir une sorte de tristesse... dans son regard, ses paroles. Son don, il ne voulait pas le travailler. C'était donc à cause de ça qu'il était en E... parce qu'il ne souhaitait pas travailler comme il se doit le pouvoir qu'on lui avait donné. C'était donc si honteux, ou si dur à travailler pour qu'il se résigne à y travailler ? Ou bien parce qu'il voulait être comme tout le monde. Un tout le monde qui semblait se vider petit à petit au fur et à mesure qu'il parlait. Merde, Phileas avait encore abordé un sujet qu'il ne fallait pas. Et une pointe de culpabilité vint s'installer sous la gorge du jeune A, lorsque Hiroki rajouta qu'il n'avait personne à qui faire plaisir, ou qui voulait être fier de lui. Il n'avait pas de famille alors ? Phileas préférera ne pas aborder ce sujet. Ou pas d'amis ? Ça, c'était moins cool... C'est pourtant plus accessible, de se faire des amis. Mais peut-être que ses connaissances n'étaient pas assez fortes pour que Hiroki éprouve le moindre désir de fierté partagée envers cette dite personne.

Phileas ne voulait pas rester les bras croisés. La partie ''petit choux à la crème'' de son cerveau vint s'activer et lui ordonner de faire le plus gentiment quelque chose pour lui remonter le moral. N'importe quoi, pourvu qu'il se sente mieux. Cela commença pas des caresses, que Phileas fit sur la joue de Hiroki pour remonter son menton qui s'était baissé en même temps qu'il parlait. Il le regarda droit dans les yeux, souriant tout timidement, essayant de ne pas détourner le regard de gêne. Chose assez compliquée, on pourrait vite constater qu'il luttait contre lui-même pour soutenir son regard.

Et il eut enfin une petite idée. Si personne ne voulait de lui, ou s'il n'avait pas trouvé la bonne personne pour le féliciter, ou le suivre, l'encourager... « ...Je peux devenir cette personne, non ? Enfin, euh... Je sais qu'on vient de se rencontrer mais ça me dérangerait pas de te voir de temps en temps pour t'aider... et t'encourager. Parce que je sais que t-tu peux le faire et que tu peux maîtriser ton don ! J'te fais confiance pour ça... » termina-t-il avec un sourire.