Walking moon does not catch stars [PV Shiki]

- Non je ne viendrais pas à la pâtisserie avec toi.

Elle avait dit ça d'un ton sec, détaché, catégorique. Non elle n'avait pas envie de s'empiffrer de regretter ce choix sur la balance demain. Non elle n'avait pas envie de dépenser son argent dans des calories. Non elle n'avait pas envie de perdre son temps. C'était comme, c'était pas le choix. Et non elle n'allait même pas écouter ce que sa pauvre camarade de classe avait d'autre à lui dire. Elle avait dit non, il fallait la laisser maintenant. Elle sorti un cahier de maths et commença des exercices, qui voulaient clairement faire passer le message "t'as compagnie ne m'intéresse pas". Cela faisait quelques temps qu'elle était à Prismver, et même en compagnie de gens ayant le même niveau d'intellect qu'elle, elle continuait à snober le petit monde et se contentait de marchander. C'était sa vie. Son quotidien de petite peste imbuvable.

Devoirs bouclés elle regarda sa montre. Dix-huit heures. Elle lista les possibilités qui s'offraient à elle : un, elle retournait dans son cabanon avec ses charmantes colocataires. Elle leva les yeux au ciel à cette idée, mins elle voyait de flambeaux zombies roses dans son environnement, mieux elle se portait. Ses camarades avaient des pouvoirs assez contraignants et leur maîtrise désastreuse n'arrangeait rien. Heureusement qu'elle était là pour relever le niveau. Sa deuxième option consistait à chercher de la potentielle marchandise dans les objets perdus de la salle intemporelle, et dieu sait combien de personnes laissaient traîner leurs babioles dans cet endroit. Cet endroit était une immense décharge flottante. Un vrai trésor pour la brocanteuse qu'elle était. Les dernières options auraient été de sortir avec quelqu'un ou d'aller aider son prochain, cette dernière totalement improbable venant d'elle et celle d'avant ayant été éliminée quelques minutes auparavant, elles rangea ses affaires et se mit en direction du troisième étage.

La salle était déserte. Ou bien était-elle pleine et ses occupants avaient juste flotté un peu trop loin de la porte. Cette pièce s'étendant à l'infini était certes impressionnante mais l'endroit lui filait la chair de poule. On avait juste l'impression de voler dans un espace vide, il y faisait froid et on s'y déplaçait difficilement. Elle prit appui sur l'horloge et se propulsa, fit un triple salto qu'elle aurait bien plus de mal à faire les pieds sur terre et parti en chasse d'objets intéressants. Le tour fut vite fait. Et la récolte pauvre. En fait à part un porte clé panda et un peigne vert fluo elle n'avait rien trouvé de plus que des cailloux et des miettes de pain. Il ne lui restait plus qu'à sortir de cette horrible salle du temps gelé. Elle chercha des yeux l'horloge qui servait de porte, en vain. Elle avait dut s'éloigner trop. Elle commença à stresser, elle n'était arrivée que depuis dix minutes au plus et ne serait pas éjectée avant... Longtemps. Elle fit un triple saut périlleux du malheur et se mit an boule avant de s'étaler de tout son long sur la masse de vide dans son dos.

- raaaaaah

Elle aurait mieux fait d'aller à la pâtisserie.

Il ne manquait plus que ça. Être perdu dans la salle intemporelle ne suffisait pas, il fallait qu'arrive son idiote de colocataire à la couleur de cheveux bien trop voyante à son goût. Volant dans tous le sens comme l'abrutie qu'elle était, deux sandwichs à la main, le dernier dans la bouche, qui laissait s'échapper quelques miettes de thon à la mayonnaise. Elle déglutit en imaginant que cette pâte à calories tâche son uniforme. Puis l'autre s'écria :

- Hey, salut! Qu'est ce que tu fais ici, t'es perdue?

Oh Shiki était une fille adorable. Lorsqu'on supportait ce genre de personne. Ce qui n'était pas le cas d'Avril, surtout au souvenir de toute cette marchandise qui avait fini en cendres, et non, le oups désolée n'allait pas suffire à l'excuser. Elle aurait voulu lui faire payer, et si argent il n'y avait pas elle aurait payé avec son corps la servir à tout jamais casser des cailloux au bagne devenir son esclave personnel, mais, Shiki est une E et Shiki peut brûler, elle contrôle tellement bien son pouvoir qu'elle le fait souvent et Avril n'avait pas encore de pulsions suicidaires. Dire qu'elle était venue ici pour éviter ses camarades de chambres et qu'au final ses camarades de chambre venaient à elle. Elle allait se sentir suivie bientôt. Ou alors cette rencontre était le destin, l'ironie du sort, la fatalité, ou appelez ça comme vous voulez, ça ne change rien. D'un autre manière, aussi Shikitesque soit la personne sous ses yeux, elle était bien contente de voir quelqu'un. Quelqu'un d'autre aurait été mieux, certes. Mais elle fera avec. Elle leva les yeux et répondu d'un ton qui se voulait ironique :

- Nan tu vois bien que je m'éclate à flotter toute seule dans le néant.

Elle écarta les bras pour bien faire comprendre à la E qu'elle était vraiment seule au monde avant qu'elle n'arrive et que cette pièce était vraiment vide et sans intérêt, oui, ça veut dire beaucoup de choses d'écarter les bras, je vous l'accorde. Un peu trop sûrement.

Tu fais pitié. Pt'être bien que c'est vrai, pt'être bien que non. Pt'être bien qu'elle s'en fiche qu'on lui dise ça, mais non, bien sûr que non. Elle, une jeune jolie surdouée se faire traiter par une espèce de E aux cheveux verts/bleus/elle sait pas trop. Coup dure pour sa personne. Faute de n'estimer personne, ou bien peu de gens, Avril s'estime beaucoup. Au final, elle ne savait pas grand chose des gens qui l'entourent, ni sur leur personnalité, ni sur ce qu'ils pensent d'elle. Elle vivait depuis toute petite dans un petit monde cosmique, une histoire sans queue ni tête, un peu comme cette salle étrange. Un endroit absurde. Mais sans le thon mayonnaise. Ah le thon mayonnaise. Comment les gens peuvent manger ça sérieux. Elle digérait mal le "pitié" mais Shiki semblait être sa seule option de survie. Le sens de l'orientation ne faisait pas partie de ses nombreuses qualités. Elle se tâtait encore à savoir ce qui était le pire entre ravaler sa fierté et s'ennuyer durant heure, quand sa colocataire commença à flotter maladroitement dans une direction incertaine. D'un coup elle commençait à se sentir vraiment seule, pire qu'il y a cinq minutes. Et sans les objets qui flottent et un but, cet endroit était vraiment, vraiment inquiétant. Imaginez le noir. Le gouffre, le néant. Juste un silence pensant et une vague lumière qui éclaire les lieux. Elle attrapa la manche de la jeune fille, et gênée, détourna le regard en marmonnant :

-Je... Je fais ça parce que j'ai pas le choix hein. Et n’espère rien en retour hein. ET fais attention à pas me salir avec tes sandwich écœurants. Et et et ça te dérange si je continue à tenir ta manche ?...

Elle n'en menait pas large la fillette de 14 ans, rouge comme une tomate, crispée comme une chips et raide comme un poireau. Ca fait beaucoup de légumes, je vous l'accorde. Tiens d'ailleurs en parlant de légumes, elle n'avait pas mangé depuis un bout de temps. Elle n'avait pas eu le temps de goûter et ce n'est pas sa salade végétalienne de ce midi qui lui remplissait l'estomac. Son ventre pensa d'ailleurs qu'il était un peu trop vide et grogna. Un long gargouillis qui résonna dans toute la salle. Avril passa de rouge crevette à cramoisi de bus londonien, et tira un peu plus fort la manche de Shiki. Si elle rigolait elle la tuerait pour sûr.

On peut faire la fière autant qu'on veut, on peut mentir autant qu'on veut, détourner le regard faire comme si de rien n'était ça changera rien. Quand on a faim on a faim. C'est naturel y'a pas à avoir honte. C'est pas Shiki qui s'en moquerait. Pas avec ses sandwichs et ses cheveux bleus verts pétants. Ou alors ce serait déplacé. Elle tourna les yeux vers la brunette. Non pitié non. Ne propose pas de sandwichs. Ce serait malpoli de refuser mais. Mon dieu. Trois kilos par bouchée au moins. Quoique Shiki n'était ps grosse. Elle en mangeait combien par jour ? Elle devait faire beaucoup de sport en compensation. Ou alors elle suivait un régime weight watcher à côté ? Bon sang. Shiki quelle fille effroyable.

-Dis, t'as faim? Tu veux un sandwich?

noooooooooon.

-Si t'en veux pas, j'ai toujours des pommes dans mes poches.

Drôle d'hobby c'est rien de le dire. Elle avait peur de mourir de faim ? Que l'île ne soit plus approvisionnée en vivres ? Elle étaient comestibles au moins ? Non parce que ça se trouve elles étaient pourries. Ou cramées. Un frisson la brusqua rien qu'à la pensée des phoenix de sa colocataire, dont sa collection de chaussettes multicolore avaient une mauvaise expérience. Ainsi que son monopoly. Et divers figurines et autres produits dérivés qu'elle aurait vendu à bon prix. Même le costume de bunny prévu pour Chidori était parti en cendres. Tiens, elle venait de se rappeler pourquoi Shiki était une de ces principales sources de facepalm. Notez que toutes lesdites sources étaient partageaient la même chambre, la sienne en l’occurrence. Elle jeta un oeil à la forme de la pomme. Son ventre se contracta en prévenance d'un nouveau gargouillis épique, mieux valait ne pas faire la difficile.

-Je veux bien la pomme. S'il-te-plaît.

Mais c'est bien pour te faire plaisir, évidemment.