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because you have a batday ♪

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Il y avait quelque chose dans le fond de l’air qui me donnait l’envie de gerber.

Une odeur de friture baignant dans une humidité étouffante de chaleur : bienvenue au Refuge des sorcières, alias à la cité de Prismver. La ville aujourd’hui semblait vivante, bien plus qu’autrefois, pour une raison qui m’échappait. Ou peut être était-ce simplement le fait que j’étais restée dans mon trou au point d’avoir oublié ce qu’était la civilisation humaine.
J’avais la gorge sèche, comme perpétuellement en manque d’air, qui me brûlait. Je détestais ce genre de temps où l’on ne savait comment s’habiller, de peur d’avoir trop froid ou trop chaud ; et on se retrouvait à suer comme des porcs tout en claquant des dents. D’autant plus que moi, contrairement aux autres, je ne pouvais pas me permettre de mettre des décolletés, faute d’esthétique. L'image de la cicatrice qui barrait ma poitrine me revint à l'esprit, et j’eus du mal à contenir la bile qui venait dans ma bouche.

Putain de merde. Je hais cette ville, je hais ce pays, je hais cette foutue météo de mes deux.
Et d’ailleurs, qu’est ce qu’il m’avait pris de sortir du pensionnat hein ? Moi dehors ? C’était quoi la blague ? C’était quoi le problème ? Pourquoi Sarah Edwige ? Pourquoi ?

Peut être parce que je n’étais pas sortie depuis des mois et que ma santé mentale devenait de plus en plus susceptible de tomber dans le néant distordu.

Je marche là où mes jambes me mènent, le regard baissé sur le trottoir. C’est pas bien passionnant pourtant un trottoir. Mais je ne sais pas, c’était comme ça, mon regard restait fixé par terre alors que mes mains …
Mes mains ?
Qu’est ce qu’elles faisaient au juste ?
Elles se glissaient dans les poches de passants. Oh oui je sais c’’était vilain de voler les passants, mais je suis une pouilleuse sans argent et j’ai faim alors laissez moi tranquille.

Des cris d’enfants me font lever la tête, alors que je réalise où mes Dr Martens noires m’ont menées. Les manèges. Euh. Que faire ? Fuir tant qu’il en est encore temps ? Je penche la tête sur le côté, observant la situation. Des tonnes de mômes trop chiants en train de traîner leurs parents à coup de morve et de regards larmoyants …. Et là. Là. Au milieu de tout ça …. Le graal. La récompense absolue. La chose rêvée de tous les enfants. Là, dans la boîte à récompense ….

UNE PELUCHE BATMAN.

OMG OMG OMG QJDKLQSJDQKLSJDQKSLDJQKLSJDKLQ. Une batpeluche quoi. Non mais allô. J’en deviendrai kikoo quoi. En soit, une peluche batman, ça peut paraître complètement surper étrange mais…. Mais là. PUTAIN DE MERDE. Elle étaiiiit trooooooop belllllllle.

Je la veux.

Comment l’avoir ?
Attraper le pompon qu’ils disent. Fuck. Briser les rêves de ces enfants qui veulent avoir cette peluche, je peux faire. Mais aller dans un avion Mickey toute seule, sous le regard des parents, et attraper cette foutue boule en leur faisant un bras d’honneur ….

Mmmh.
J’hésite.
C’est dur.

Je suis une jeune fille civilisée moi. Mordre les enfants c’est mal. Pourtant, j’aimerai bien. Regarde celui là là-bas, avec son k-way vert pomme, qui me regarde avec un air hautain ? Il a un problème le lemming ? Il me cherche ?
Je lui tire la langue. (c'est peut être puéril, mais sacrément badass.)

Le manège démarrera dans 10 minutes.

10 minutes de réflexion. Je m’assois sur le banc, les mains dans les poches, sortant un billet d’un d'une de mes toutes nouvelles acquisitions (un portefeuille en cuir noir vieilli, cool ! en plus il a l’air super plein. la chance.) Mmmmh que faire … GAH JE SAIS PAS. Ca me saoule. J'en ai marre de réfléchir, j'en ai marre d'être si vieille, j'en ai marre de ne pas avoir le courage d'aller choper cette putain de batpeluche de ma vie ! Je suis nulle tiens.

J'ai envie de fumer tiens. Voilà qu'elle est revenue, cette putain d'envie sournoise qui vous prend les tripes et les poumons.

Je bascule la tête en arrière, toujours sur mon banc, ferme les yeux, respire.
Respire.
Tu trouveras bien une solution.

Il était seulement venu pour se remplir les poches de churros et de sucreries en tout genre.

Ouais, ça donne des caries. Ouais, Cyr retombe en enfance tous les deux jours, une fois les examens et les devoirs passés. Mais la fête foraine de la ville de Primsver, ça, il ne l'avait jamais testé – seul ou accompagné, cela lui importe peu. Fallait bien trouver un nouvel endroit ou squatter et passer son temps plus ou moins correctement. Sans vraiment savoir ou il va, la tête dans une énorme barbe-à-papa violette – pour aller avec sa chevelure -, son turban remplissant toujours fidèlement son devoir, parfaitement vissé sur sa tête, l'irakien traîne des pieds. Puis le soleil est au rendez-vous, une fois n'est pas coutume. Il serait criminel de ne pas en profiter.

Distraitement, il jette un coup d'oeil au défilé de manèges s'offrant à lui – les sales gosses qui tirent la manche des parents pour aller dans telle ou telle attraction, les familles qui se retrouvent le temps d'une journée et qui se déchireront à nouveau le soir venu, autour d'un bon dîner. Tellement belles, ces petites tranches de vie. Elles lui en arracheraient presque une petite larme.

Tout étant dans le presque.

La barbe-à-papa diminue de volume au rythme de ses pensées, et lorsque Cyr se décide enfin à aller jeter son cadavre – un bâton- dans la poubelle la plus proche, une courte chevelure des plus reconnaissables attire son regard. Assise sur un banc, juste à côté de lui, Edwige.

Décidément, il se croisent souvent ces temps-ci.

« EDWIIIIGE ! » sourire colgate ; vous vous y attendiez, il est arrivé. Lançant négligemment le bâton dans la poubelle, il vient s'asseoir à côté de la Chouette – lance un regard sceptique à son porte-monnaie. « Bah, t'es dans une fête foraine et t'en profite pas ? » les radins et/ou les gens parcimonieux sur la dépense ont toujours dépassé l'entendement de Cyr. Cyr, ou l'homme le plus riche au monde. Celui qui aurait pu vous sauver tous les PMA de la famille en un claquement de doigt. Mais qui ne l'a jamais fait et qui ne comptait pas le faire – peut-être par égoïsme, peut-être parce qu'il se doutait pertinemment que cela ne suffirait pas au bon équilibre des choses. Autant s'abstenir que de foutre davantage la merde.

« Allez viennns, reste pas plantée là. » se levant, il la prend expressément par la main pour la tirer vers lui et l'entraîner à sa suite.