Sujet: LOSE YOURSELF • Man-Shik Mer 19 Juin 2013 - 12:41
LOOK, IF YOU HAD ONE SHOT,
Si vous entendez un cri de bête féroce éclater dans les ruines, plus de chances qu'il s'agisse de Jalel que d'un léopard paumé. Croyez-moi sur parole.
Il beuglait dans les branchages, courant à perdre haleine à la lisière de la forêt, les bras tendus comme des ailes hérissées d'épines. Il lacérait des troncs. Dans son sillage, une pluie d'écorce qui s'abattait comme un cyclone.
Son t-shirt était constellé de projections rouges qui détonaient avec le bleu médical de ses yeux. Il avait le regard dur, froid et métallique, la course assurée, et semblait plutôt un espèce de bulldozer en furie qu'un être humain. Il hurlait toujours et ses poumons tarderaient certainement pas à faire feu à ce rythme. Un feu volcanique qui embraserait ciel, terre, forêt d'un seul coup, qui happerait le paysage d'une embardée ; peut-être Prismver tout entier. Ouais, il se sentait mégalo, des fois.
— RRRRAAAAAAAAAAAAAHHHHH !!!
Une dizaine de ramures volèrent en morceaux et s'abattirent sur le sol. Ses yeux perçants devinrent des fentes. Jalel la moissonneuse-batteuse fit volte-face dès qu'il vit la dernière branche s'écraser, prit tout son élan, tendit ses muscles jusqu'à l'extrême et se rua comme un fauve sur le tronc d'un chêne massif. L'impulsion lui fit quitter les racines. Les siennes, celles de l'arbre, toutes. Il se sentit, dans ce petit moment d'apesanteur, dans cet instant où ses pieds se dérobaient du sol, ou son corps se dérobait sous lui, où il n'avait plus à fouler la terre, étrangement libre. Affranchi. Son âme - s'il en avait une - s'était spoliée un instant de sa chair et lui foutait la paix, il était en suspension, il était un animal, il n'avait pas à réfléchir. Délire sensoriel absolu. Jalel adorait ce genre d'instant.
Le genre d'instant qui durait trois secondes avant la chute.
— ....'tain deeee MERDEEEE.
Il roula dans les ronces et le lierre en s'écorchant à peu près partout où c'était possible. Un nuage de poussière s'éleva contre ses membres et lui ensablèrent les yeux, qui passèrent de reptiliens à faiblement, fatalement humains.
Humains de nouveau.
Et de nouveau le nez dans la boue, les cheveux perlant de sueur, les mains ruisselantes d'hémoglobine. Il éleva ses avants bras au dessus de sa tête. Ses griffes enrobées de sève et de copeaux semblaient caramélisées, leur reflet exacerbé par un soleil qui peinait à se frayer un chemin dans les ruines. Elles s'écroulèrent brusquement, prises d'un éclair de faiblesse. Pfff. La prochaine fois, il irait plus haut, tout en haut ; jusqu'à la canopée. La prochaine fois, il fendrait les cieux.
Ses doigts tremblaient comme des feuilles. Il ne maîtrisait plus rien. Encore un tout petit moment et il sentirait la douleur lui cuire le long des veines. Putain de merde. Y'avait pas trente secondes, il était le roi du monde. Triste réalité physique.
Le forcené scruta les alentours de ses grands yeux hagards, respirant lourdement. Il ne voyait que les conteurs des vestiges, quelques épaves dorées, et des traces de la dévastation qu'il avait lui-même causée. Hah qu'il devait avoir l'air d'un moins que rien. Bah, il s'en foutait, personne ne l'avait vu. Personne ne savait qu'il avait besoin de ça, besoin de se faire les griffes sur la surface du monde pour se sentir vivant.
Enfin bon. Qu'est-ce qu'elles étaient paumées ces ruines.
OR ONE OPPORTUNITY
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Sujet: Re: LOSE YOURSELF • Man-Shik Mar 25 Juin 2013 - 20:17
Some days, some nights,..... Some live, some die,..... Some fight, some bleed.....
Des orbes brunes. Un éclat noir. Le chat à fait un bond de cinq mètres. Vers l'avant, dans la boue et la terre battue de mouvement répétés milles fois déjà. Il danse, presque comme une chasse, combat les airs, en son corps marqué. L'uniforme crasseux aux jambes trop longues se déchire quelques fois, sans jamais sembler perturber l'équilibre mouvant du danseur. C'est à ça qu'il passait la plupart de son temps, à danser. Jusqu’à ce que tout ses muscles lui brulent les os. Et qu'il s'endorme dans un arbre, ou dans la poussière, surveillant du coin de l’œil entrouvert, les "autres". Ceux qui tournent le regard lorsqu'ils croisent les yeux bruns du chat hérissé. Qui fuit lorsqu'alors l'un deux s'ose à essayez une approche quelconque.
Ces autres pourtant l'attirent un peu, tout au fond de son être, une envie qu'il réprime inlassablement, férocement tout au fond de son être. Comme un démon qui fascine presque autant qu'il fait peur, enfermé dans sa cage. C'est aux aguets; le corps tendu vers le ciel, qu'il a écouté le hurlement fracassant. Le bruit des arbres qui pleurent. En l'espace de quelques secondes il fut monté sur l'un des quatre murs de pierres grises qui l'entouraient, le séparant du reste du monde.
De là-haut, il aperçu alors un seul instant, un jeune homme qui volait. De ses ailes, comme lui lorsqu'il dansait des heures durant, et que ses pieds se décollaient du sol quelques secondes, durant lesquelles il ne voyait plus rien, plus de peur, de fascination... Ces secondes, c'était tout ce qu'il cherchait, ce qu'il voulait. Oublier, fuir. Et voilà qu'un autre le faisait, détruisant tout sur son passage.
Les yeux fixes, la peau brune, couverte de sueur et de terre, quelques brins d'herbes. Figé. Le chat tremblait encore, de tout ses membres. La peur s’épandant sans la moindre pudeur dans ses veines. Celle qu'il détestait, la peur qui vous figes, glace votre corps et vous donne envie de rendre votre déjeuner: L’effroi. Pire encore que celle qu'il ressentait en présence d'enfants, ou d'adultes à la main de fer. Il luttait contre, de toute ses forces; et réussit, au prix d'un effort qui lui semblât sur humains; à décollé ses pieds de la pierre dans la quelle il semblait incrusté. Ses ailes flétris lui firent perdre l'équilibre, et dans sa chute, il écorcha un peu son genoux droit, déchirant le tissu pour laisser apparaitre une peau brune au reflet rougeâtres. Un peu de sang. Qu'il essuya immédiatement de sa manche. Tant pis pour la chemise blanche, qu'il déjà, n'était plus qu'un vague mélange couleurs boue et herbes. Lorsqu'il releva le visage, sa gorge se noua. De la haut, il lui avait semblé que le jeune homme était bien plus loin. Mais à peine à quelques mètres, il croisât son regards. Caché sous sa tignasse sales, il pris un visage fermé. Et se redressant brusquement, muscles tendus, près à fuir. Il tremblait un peu, plongé dans les yeux verts. Parce qu'au fond, il espérait, que peu être, puisque qu'il pouvait lui aussi atteindre le ciel. Puisque se peau était presque aussi sombre que celle du métisse. Le jeune homme aux griffes d'acier fut quelqu'un qui puisse comprendre ne serait-ce qu'un peu, le comportement du chat. Du solitaire, du vagabond. Et qu'un jour il puisse croiser ses yeux sans que la peur ne le ronge.