Convoitise.|| PV ANSHU ||

caught

Drew brûlait. Son torse était de nouveau recouvert de bandages, et particulièrement autour de sa taille. Allongé, éclairé par le seul reflet de la lune, il ne pouvait fermer l’oeil. Parce-que, ces cinq jours, il n’avait fait que penser à lui. A lui, à ce qu’il lui avait fait. A sa prétention, sa soudaine assurance. Sa puissance. Le désir qu’il parvenait à faire naître en lui.  Tout. Tout ça maintenait en lui un bouillon de rage, véritable volcan, fulminant. il avait passé ces cinq jours à directement rentrer après les cours, capuchon sur la tête, filant comme une ombre. Il ne se cachait pas par crainte, non. Mais il refusait de le voir. Car il n’avait pas encore prit suffisamment de recul, son esprit était encore trop embrumé par la rage, et une nouvelle confrontation se solderait forcément par un échec. Il avait déja craqué, engageant une conversation empoisonnée par LMS. Mais celle-ci n’avait fait que le maintenir dans ce bouillon de rage.

Parce-qu’il détestait perdre. Parce-qu’il ne perdait jamais. Undefeated.
Et pourtant, il y a cinq jours, pour la première fois, il avait perdu. Et face à la pire personne. Oui, il avait offert la victoire à la pire personne possible; Pytha aurait même représenté un problème moins sérieux. Mais là, c’était Anshu. Anshu, avec qui il avait cette relation si tordue. Si malsaine. Et quelque part... passionnée. Car ils revenaient toujours l’un à l’autre. Par écrit, ou par réelle confrontation, ils ne se passaient pas l’un de l’autre, jamais, jamais longtemps.
Drew ne pouvait s’empêcher de réflechir à ce qu’il s’était passé durant ce mois. Ces yeux glissèrent, sa tête, sur son coussin, pivota vers le lit d’Aleks, où celui-ci dormait profondément. Il y était forcément pour quelque chose. Le “landemain” de leur nuit avait dû être trop difficile, et Anshu avait dû lui promettre de ne plus être proche de Drew. Oui, car avec le temps, ils étaient presque devenus... amicaux. Presque. Sa tête reprit sa position, ses yeux sur le plafond. Mais alors, pourquoi revenait-il ? Il pouvait se contenter de l’ignorer... Non, cette fois, il était revenu, en force. Il était venu pour l’écraser. Il avait probablement été pietiné dans sa fierté, et avait mis du temps à réagir. Le fait de ne plus voir Drew pendant un mois, il avait dû se “blinder”, se blinder en confiance, en assurance, en orgueil.  Et maintenant que Drew était de retour, il voulait lui montrer. Oui. Mais alors, pourquoi de cette façon là ? Il pouvait se contenter de la violence, de la souffrance, mais non, il y avait mêlé le plaisir, avant même que Drew ne le provoque sur ce terrain  là. Comme affamé. Comme assoiffé. Drew déglutit, portant sa main, bandée elle aussi, à son cou, qui l’était également. La morsure. La magie passait encore, mais cette morsure, et ce pic de glace planté dans sa chaire... Il avait été vraiment très loin. Drew avait perdu beaucoup de sang, passé deux jours à l’infirmerie, sous perf. Et lorsqu’on lui avait demandé... Il n’avait pas parlé d’Anshu. Parce-qu’il n’était pas un faible, qui se servirait des règles pour se débarrasser de son ennemi.

Drew avait ses propres lois. Tordues, malsaines. En fait, non. Il n’y avait aucune règle. En vérité, tout était permis. Anshu avait frappé très fort, très fort. Pouvaient-ils, dans ce pensionnat, se lancer dans ce jeu dangereux, ce jeu de sang, de violence, de blessures, de feu ? Anshu, lui, n’avait pas hésité. Il se devait de répliquer de la même manière. Mais désormais, il le savait... il n’en avait pas les moyens. Il devait retrouver le moyen de reprendre le dessus. On sait ce que l’on vaut, sans armes, sans magie... On sait qui mène la danse. Avait-il dit à l’égyptien. Sans arme. Sans magie. C’était le seul moyen qu’il avait, son seul espoir de reprendre le dessus, et se protéger.  Il vrilla un regard sur Aleks. Il avait également cet avantage. Une proximité avec Aleks. Et si il le blessait, là, maintenant, dans son sommeil ? Si il le faisait souffrir ? Après tout, c’est ce que faisaient les méchants, dans les films. S’attaquer aux proches reste la meilleure façon de blesser une personne. Ses pensées dérivèrent une seconde sur Selphie et Selwyn. Il les chassa de son esprit, quittant Aleks du regard; il serait une éventualité, mais plus tard. Pour le moment, une autre idée venait de prendre part dans son esprit.

Le jeune homme se leva, s’habillant d’un pantalon noir, et un gilet, fermé, capuchon sur la tête, de la même couleur. Il saisit, sur sa table de nuit, une minuscule lampe torche au faisceau étroit. Et s’assurant qu’Aleks dormait bien, il quitta le cabanon, silencieux comme une ombre.

Capuchon sur la tête,  il traversa l’allée, totalement vide. Son insomnie l’avait menée à quatre heures du matin, une heure ou tout le monde est dans son sommeil profond. 42.41.40. Lampe éteinte, il marchait, doucement, observant chaque numéro. 39.38. Il s’arrêta. Son regard glissa jusqu’à son propre cabanon. Ils étaient si proches. Il porta sa main sur la poignée, abaissant une pression très légère. Suffisante pour constater, en silence, qu’il était fermé à clé.
L’été avait des avantages. Quelques élèves, ayant finir leur classe, étaient partis en vacances. De plus, la nuit, toutes les fenêtres étaient ouvertes. Drew entreprit de faire le tour du cabanon, jusqu’à trouver ce qu’il cherchait. Une fenêtre ouverte, celle de la salle de bain. Agilement, il y posa sa main, balançant ses jambes par delà du mur, atterrissant avec souplesse, et s’immobilisant, tendant l’oreille.  Un. Deux. Il se redressa. La salle de bain. Il la traversa de quelques pas silencieux, jetant son regard dans la chambre et pièce principale. Se collant dos au mur, il observa l’intérieur de la pièce. Trois lits. Deux vides. Son coeur s'accéléra en voyant une silhouette sous le drap du troisième. il fallait que ce soit lui. Il le fallait, et en même temps, tout le danger était dans sa présence ici. lampe toujours éteinte, Drew pénétra pour la première fois dans cette chambre. Prenant garde de ne faire aucun bruit, il s’approcha du lit occupé. il pouvait définir la position de la silhouette. Sur le ventre, un bras, nu, tombant du lit, et un pied en dépassant. Le drap se soulevait au niveau des fesses, et laissait apparaître une épaule, une omoplate, le haut d’un dos nu. Un dos à la peau halée. Un dos sur lequel glissaient de longs cheveux d’un noir de jais. Une lueur de rage traversa les yeux azur du brun, qui glissèrent sur son dos, ses fesses, pour s’en détourner ensuite, le posant sur l’ensemble de la pièce. Anshu était donc seul. C’était, à la fois une chance, et à la fois un risque. Comme une piqûre de rappel, ses blessures le lancèrent, le faisant serrer les dents.  

Une piqûre utile. Se concentrant, quittant le corps d’Anshu, qu’il voyait nu au travers du draps, il commença à observer en détail la disposition des éléments de la pièce. Ici. Ses habits. Drew alluma sa petite lampe, focalisée sur les vêtements orientaux. De réguliers regard pour Anshu, s’assurant qu’il ne se réveillait pas. Drew commença à fouiller, dans une discrétion toujours exemplaire. Il devait la trouver. Il devait la détruire.
Mais elle n’était pas là. Drew fit quelques pas, soulevant coussins, vêtements. Il fouilla l’armoire, craignant, à chaque seconde, d’entendre du bruit du côté d’Anshu. Mais rien, rien d’autre que sa respiration lente, paisible.  Le bureau. Tout doucement, d’une délicatesse exemplaire, il en sortit chaque tiroir, soulevant ce qui pouvait l’être. En tant qu’admirateur de l’ingéniosité de Death Note, il vérifia que les tiroirs ne possédaient pas de faux fonds. Mais non. Aucun signe, nulle part. Aucun signe du crystal rouge. Le jeune homme resta debout, immobile, son regard, intense, rivé sur le crâne d’Anshu. A sa place, qu’aurait-il fait ?

Le coussin. Sous le coussin. Son coeur se serra à l’idée de devoir chercher si près de lui. Il resta immobile, réfléchissant au meilleur moyen de s’y prendre. Estimant qu’il était dangereux de s’attarder ici, il e décida à s’approcher. Il éteint sa lampe, pour s’accroupir tout près d’Anshu. Ce dernier se tourna à cet instant, tournant son visage droit sur Drew, et pourtant, gardant les yeux clos et la respiration lente.  Drew avait cessé de respirer. Fixant ses yeux clos, il glissa, tout doucement, sa main sous son coussin. Son ceur battait si fort qu’il avait l’impression que cela pouvait suffir à réveiller Anshu. A moins que son odeur, son odeur corporelle, qu’Anshu ne connaissait que trop bien, pouvait suffir. Il déglutit, maudissant le bruit de sa salive au fond de sa gorge. Puis, il maudit cet endroit, vide, sous son coussin, où aucune baguette ne se cachait. Il serra les dents, s’enlevant avec toute la délicatesse du monde. Il se redressa. Où, bon sang, où ?  Ses yeux glissèrent sur une bassine, à ses pieds. Elle était remplie de... il braqua sa lampe dessus. Glaçons ? Bordel, ce type était vraiment dérangé. Peut-être se glaçait-il les pieds, le soir, ou la tête, le matin, ceci expliquerait peut-être le fait qu’il était complètement taré. Drew se baissa, mais ne prêta pas plus d’attention à la bassine. Sous le lit, peut-être, y aurait-il un coffret, quelque chose. Qu’importe, c’était le dernier endroit qu’il imaginait. Il ôta sa capuche, se baissant donc, pliant ses bras pour s’allonger sur le sol, comme un exercice de pompe, ses bras puissants lui permettant de s’allonger sans bruit, légèrement. Il jeta un regard au fond, sous le lit, sa lampe éclairant l’espace. Il y avait un petit coffret. Oui. Peut-être était-il de la bonne taille, il avait du mal à se souvenir. Quoi qu’il en soit, c’était l’endroit le plus logique. Tenant sa lampe d’une main, il glissa sa main sous le lit, tentant d’attraper le coffret.

C’est à cet instant qu’il entendit les glaçons remuer. Une pointe de froid, cristalline, se déposer sur sa nuque, doucement. Et le silence. Un battement de coeur lui perfora la poitrine. Mais ce n’était rien comparé à sa mâchoire, qui venait de s’écraser sur elle-même, tandis que son regard se faisait glacial. Il se redressa lentement, à genoux, tête baissée, le souffle court, le regard rempli de haine, et le stress, niché au coeur de son palpitant. Il déglutit, sentant le cristal tourner lentement sur sa peau. Il éteint sa lampe de poche. Frissons.

why so easy ?

Déglutis. Drew, yeux baissés, se préparait à frapper. Il s’attendait à devoir se battre, à peut-être être blessé. Car c’est ce qu’Anshu avait instauré entre eux. La violence. Le sang. Il serra le poing, détestant la sensation qui lui prenait le coeur : peur, ou stress ? Il refusait qu’elle soit peur.  Il se tenait prêt. Prêt à tout. “Ce n'est que toi...  Qu'est-ce que tu as ? Pourquoi... Tu viens me faire chier jusque dans mon sommeil...? “ Le cristal quitta sa nuque. Drew fronça les sourcils. Quoi, c’est tout ? "Quoi 'que moi' ? C'est vexant." “Les portes existent. Au lieu de rentrer par je-ne-sais-où, tu aurais pu toquer.... Au beau milieu de la nuit. “ C’était à ni rien comprendre. Drew profita de se calme pour se relever. Quoi, parce-que... Il voulait dire qu’il pouvait se pointer, en toquant, et qu’il lui ouvrirait tranquillement ? ... C’était... C’était comme si rien ne s’était passé. Comme si les miroirs n’avaient été qu’illusion. Et pourtant, ses blessures, profondes, témoignaient de la réalité de ce moment. Drew n’y comprenait plus rien. Il déglutit. Encore une fois, il s’attendait à tout, mais pas à ça. “Je voulais te parler.” Se justifie t-il, menteur, pour entrer dans son jeu. Il espérait que la fatigue lui fasse gober cette excuse, grotesque venant de Drew. Drew ne parlait pas. Drew agissait. “Mais t’es trop fatigué.” “J'aimerais dormir. Je n'aime pas, vraiment pas qu'on me réveille durant mon sommeil, tu aurais pu trouver un autre moment pour faire ce plan diabolique...  Et dans cet accoutrement. ” Diabolique ? Avait-il compris la raison de sa venue ? “On parlera demain.” “Allez, laisse-moi maintenant.” Drew déglutit, le regardant se recouvrir sans prêter plus d’attention à son effraction. ... Il cligna des yeux. Bien, ce n’était pas plus mal. Il avait obtenu l’information qu’il était venu chercher.  La baguette était donc dans cette bassine. Bien. Il reviendrait alors dans une demi heure, afin d’être sûr qu’il se soit rendormi, et s’en emparerait.

Alors il était si facile de s’en prendre à Anshu, lorsque la fatigue le tenait, intéressant. “J’te pique une pomme.” Il fit le tour du comptoir pour venir chercher, dans la vasque de fruit qu’il avait repéré, une pomme. Il s’empara, discrètement, du couteau de cuisine qui traînait au bord de l’évier. Négligeant, il avait oublié de s’armer pour venir voir Anshu. Désormais, il était plus sage de prendre de telles précautions. Et le glissant dans sa poche, il refit le tour du bar, le fruit défendu dans sa main. “J’m’en vais.” Annonça t-il, d’une voix normale, presque insouciante. Il se dirigea vers la salle de bain.

Oui, il était probablement trop fatigué pour réflechir, pour réagir. De quoi confirmer le plan de Drew : se saisir de sa baguette, la nuit, serait un jeu d’enfant. Et il s’occuperait de ça dans une trentaine de minutes, le temps qu’il se rendorme. Et en attendant, il traînerait, ne voulant pas prendre le risque de réveiller Aleks, chez lui. Il entra dans la salle de bain, s’apprêtant à sortir par la fenêtre, croquant un morceau dans la pomme. Une fois sa baguette détruite, ce petit soucis serait réglé. Et si, d’ici là, Anshu pouvait rester aussi tranquille, aussi assoupi, ce serait un jeu d’enfant. Sourire. Il n’avait plus qu’à patienter.

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“Attend une seconde.. “ Drew se stoppa dans son geste, à califourchon sur le rebord de la fenêtre. “Ne me fais pas marcher.” Obéissant au geste d’Anshu qui lui tirait le col, il repassa sa jambe à l’intérieur du cabanon, fesses appuyées contre le rebord de la fenêtre, mains posées dessus, face à Anshu. Il leva les yeux vers lui, déroulant son regard sur tout son corps. Puis ses yeux.  Il se décala, voyant Anshu qui s’approchait de la fenêtre pour la refermer. Le jeune homme croisa les bras et s’y appuya, le fixant en silence, obéissant, pour le moment. “Tu es trop intelligent pour t'infiltrer chez moi de la sorte et repartir avec une simple pomme, prétendant que tu me parleras.... Demain..” Drew haussa les épaules, détournant le regard. il se dégagea avec une grimace quand Anshu vint toucher sa blessure, bandée. “Ça cicatrise... “ “Évidemment, j’suis plus résistant que tu n’l’imagine.” grogna t-il, posant sur lui un regard de défi. L’égyptien se mit alors à le palper, entamant une fouille. Drew se laissa faire, estimant que c’était légitime et qu’opposer une résistance serait juste louche. Il soupira donc, levant les yeux au plafond alors qu’il écartait les bras. Sa mâchoire se serra légèrement lorsqu’il passa sa main sur ses poches, mais il négligea cet endroit, préférant s’occuper des poches de son pantalon, dans lequel il ne pu trouver qu’un paquet de tabac, un paquet de feuilles, de filtres, et un briquet. Drew haussa un sourcil, un sourire amusé aux lèvres. Sourire qu’il perdit pour se courber légèrement, se raclant la gorge alors qu’Anshu lui tripotait désormais - bien plus que nécessaire - l’entre-jambes. Drew avait détourné le regard, sentant ses joues s’empourprer légèrement.

Déçu de sa fouille infructueuse, l’égyptien s’écarta pour se caler près du robinet, l’observant. Drew croisa de nouveau les bras, soutenant son regard, tête baissée, yeux levés sur ses yeux ambre, qu’il voyait pour la première fois au naturel. Ses yeux dévièrent une seconde sur le torse finement musclé et halé de son vis-à-vis mais se reprit aussitôt qu’il prit la parole.

“Alors, explique-moi. Qu'est-ce qui t'amène pour venir me déranger aussi tard...? Après m'avoir réveillé de la sorte, je suppose que répondre demain serait inutile. Je t'écoute.” Drew déglutit, restant ainsi immobile, tête baissée, son regard dans le sien, bras croisés. Et merde. Dans sa tête, l’image d’Anshu reposant sa baguette dans la bassine. Que faire, maintenant ? Anshu ne le lâcherai pas. Il le savait. Il pouvait mentir, essayer de lui parler, gentillement, de ce nouveau comportement. Mais il n’en avait rien à faire, il ne voulait pas essayer de le résigner: il lui avait déclaré la guerre, il l’aurait.  Non, maintenant qu’il était coincé ici, il devait, soit trouver le moyen de partir sans la baguette, soit la récupérer maintenant. Et étrangement, le deuxième choix lui paraîssait plus réalisable. Alors comment ? La violence ? Anshu n’avait pas sa baguette sur lui. Drew était plus réveillé, et armé. Il pouvait le frapper, le menacer, le blesser. Il pouvait s’emparer de la baguette et sortir, de force. Les images défilaient dans sa tête. De la violence, se battre ici, puis dans la chambre, se battre pour sortir. Du bruit, trop de bruit. Et si Anshu parvenait à attraper la baguette avant lui, ce deviendrait beaucoup, beaucoup plus difficile, et il comprendrait son intention.

La voix de la violence n’était donc pas la plus aisée, maintenant. Alors quoi, les mots ? Tenter de l’embrouiller, gagner du temps, s’en rapprocher ? Et au moment opportun, la saisir ? Et qu’allait-il lui raconter ? Les secondes passaient sans que Drew ne trouve la meilleure stratégie à adopter. Et alors, il sourit. Il releva sa tête, passant sa langue sur ses lèvres en continuant de le fixer, décroisant ses bras et décollant son dos de la vitre.

“Anshu. Crois-tu réellement que j’ai envie de te parler ?” Il s’approcha, le regard confiant, intense. Séduction. “Tu crois vraiment que je viens dans ton cabanon, à 4h du mat, pour discuter ?” Il s’approcha encore, jusqu’à être face à lui. Dans la position d’Anshu, légèrement avachi sur le lavabo, Drew le dominait légèrement en hauteur, contrairement à d’habitude ou l’écossais était légèrement plus petit, à peine. Il croqua dans la pomme et la posa sur le lavabo. Il glissa ses mains sur ses hanches, sans cesser de le fixer, mâchant doucement. Son sourire s’étendit. Cette fois, il chuchota. “Ne crois tu pas qu’on peut trouver plus intêressant à faire, que discuter ?” Et sans lui laisser le temps de réfléchir, il vint approcher son nez de son oreille, pour descendre un peu plus bas, faisant glisser son souffle chaud sur sa peau. Il glissa, très lentement,  sa langue, au délicieux goût de pomme, contre sa peau chaude, dans le creux entre sa mâchoire et son oreille. Il s’était rapproché de lui, calme, inoffensif, au point que leurs torse, leurs bassins soient collés. De nouveau, il arpenta la douceur de sa peau halée avec sa langue, les yeux mi-clos. Douceur. Sensualité.

Et dans son esprit, un seul objectif, rouge, cristallin. Que ce soit par la violence ou le plaisir, il comptait bien trouver le moyen de s’en emparer. Gardant sa langue du coté droit, sa main gauche vint empoigner la mâchoire d’Anshu, pour le forcer à incliner sa tête légèrement en arrière. Douceur. Sensualité. Drew connaissait ses vices. La violence. Le désir. Et il savait également les manier comme des armes, qu’il savait redoutables.

us.

“Qu'est-ce que tu racontes... Ôte tes sales pattes de là.” Sourire.  Regard  intense. “Arrê..te. C'est pas drôle... Puis... Je veux pas que tu m'utilises pour ce genre de choses..” Tiens ? Intéressant. Le sourire du C s’élargit, alors qu’il mordillait désormais le lobe de son oreille. “ Si tu veux faire ça... Va faire ce que tu veux avec Connor. Parce que ce comportement n'est pas très... Hétéro..” Drew s’arrêta doucement, souriant toujours. “Hétéro, bi, gay, ce ne sont que des mots, pas vrai ? Quelle importance.” Drew reprit son petit jeu, sa main, à son cou, venant glisser du bout des doigts sur son torse. C’était vrai. Depuis sa nuit avec Anshu, Drew avait décidé d’assumer. Oui, il était attiré par lui. Qu’importe le mot qui le définissait à présent. Il aimait, éperdument, les filles, qui pouvaient faire ce qu’elles veulent de lui. Mais Anshu, aussi, l’attirait. Aucun autre mec ne lui faisait cet effet. Mais puisque Connor revenait sur le tapis, il était vrai, oui, qu’il ne le laissait pas indifférent à l’époque. C’est juste qu’à l’époque, Drew associait viilité et hétérosexualité. Hors, depuis Anshu, il avait compris que ça n’avait rien à voir. Au contraire. Depuis qu’il avait dominé Anshu, il se sentait plus homme que jamais. Ces pensées en tête, sa langue vint glisser dans son cou avec appétit.

“Ne me prend pas pour un idiot. Regarde ce que je t'ai fait... Pourquoi reviens-tu aveuglément vers moi, comme ça ? Tu es le plus bizarre de nous deux... Qu'est-ce que tu veux à la fin ? C'est troublant. Ne me dis pas que cette douleur t'excite, je ne te croirais pas.” Drew repositionna sa tête droite, face à lui,  sourire. “Et pourtant.” Drew avait un large sourire, riant presque. Il aimait le déstabiliser. Il aimait jouer avec lui, avec ses nerfs, avec son désir. En tout cas, il s’était bien calmé, en cinq jours. Lunatique ? “Allez, arrête de jouer à ça, s'il te plaît. Dis moi directement ce que tu veux, va droit au but, arrête de me faire patienter de la sorte, sinon, je ne tiendrais plus.” Drew  pencha la tête, légèrement, le regardant de haut. “Intéressant. Alors, tes belles paroles y’a cinq jours, c’était encore que de la gueule. Tu ne mène aucune danse, on est d’accord. Rien n’a changé. J’ai toujours mené la danse, et la mène encore.” Drew se détourna alors de lui, comme, tout à coup, désintéressé. Son sourire avait fait place à son maque farouche habituel. Il se dirigea dans la chambre, ses yeux glissant sur la bassine une seconde pour s’en détourer ensuite, alors qu’il se laissait tomber sur l’un des deux lits libres. Il lâcha un long soupir, croisant ses mains sous sa nuque et ses pieds l’un par dessus l’autre. “Puisque tu veux savoir la vraie raison de ma venue...” Il posa son regard sur lui, tranquille. “Je veux des explications.” Après tout, ce n’était pas tout à fait faux. Il se passa une main dans les cheveux, le suivant du regard. “Je sais qu’au fond, tu ne me hais pas. Du moins, qu’il n’y a pas que ça. Alors je veux des explications sur ton changement de comportement. Et surtout, pourquoi, ce soir, tu  agis encore différemment.” Il ouvrit son gilet, son petit jeu avec Anshu l’ayant légèrement réchauffé. “Je veux savoir... ce qu’on est.”

C’était une réelle question. Amis, ennemis, amants, rivaux. Trop, il y avait trop de choses entre eux. Et tout se faisait toujours dans l’excès, depuis le début. Ils avaient couché ensemble sans être petits-amis. Drew lui avait confié son plus grand secret alors qu’ils n’étaient pas amis. Et Asnhu l’avait gravement blessé avant même de l’insulter. Rien n’avait de sens. Désordre, anarchie. il n’y avait pas de règle, dans ce jeu. un jeu entre solo et coopération. Un jeu mortel. “Qu’est-ce qu’on est, Anshu ?” Il ne souriait plus. L’espace d’un instant, il ne pensait même plus à la baguette. Il ne s’attendait pas à ce que l’égyptien lui réponde  sérieusement.  Mais en tout cas, la question, elle, l’était. l’espace d’un instant, il avait pausé une trève, pour comprendre. Comprendre les raisons, enjeux et tactiques de cette guerre.

greys

Drew l’écoutait, mains derrière la nuque, le fixant dans l’obscurité. Il ne bougea pas lorsqu’Anshu, son regard dans le sien,  glissa la lame sur son torse, lui expliquant qu’à tout moment, tout pouvait déraper. Il se contenta de se raidir légèrement, son torse se soulevant sous sa respiration plus profonde. Son coeur s’était légèrement accéléré, son regard ne quittant pas celui d’Anshu, à quelques centimètres au dessus de lui, son front contre le sien. Ce contact. Le seul homme qui pouvait, s’approcher si près. Le seul homme qui pouvait jouer avec lui comme il le faisait, et avec autant d’effet. Il ne se détendit qu’à la seconde ou Anshu se redressa. “Ce qui te plait. Amis, ennemis, amant, ce que tu veux. Franchement, j'en sais rien... “ Soupir. Il était calme, posé, honnête. Ce que tu veux. Drew réflechi, le quittant enfin des yeux pour observer le plafond. Ce que tu veux... Mais que voulait-il ? Tant de choses, et à la fois, rien. De l’amitié, de la haine. De la complicité, de la violence. De l’ignorance, de l’attention. Le connaître, l’oublier. Le repousser, l’attirer. Oui. il voulait toutes ces choses. Et il savait qu’elles étaient toutes réciproques.

Alors, comment mettre du sens la dedans ? Peut-être, peut-être que c’était simplement impossible. “Peut-être qu’il est impossible de définir ce que nous sommes.” Il se redressa doucement, venant se positionner derrière Anshu, qui était assis au bord du lit. Il s’approcha, si bien qu’il fit courir son souffle sur sa nuque. “Peut-être qu’il ne faut même pas y réflechir.” A genoux derrière lui, il posa ses mains sur ses cuisses, ses bras de part et d’autre de son corps. Il déposa un baiser dans sa nuque, puis un autre, plus près de son oreille. “Je préfère les actes aux mots.” Souffla t-il. “Et je suis fatigué de lutter, Anshu. Fatigué de lutter contre mes pulsions, quelles qu’elles soient.” Confessions intimes. Drew qui avoue sa faiblesse. Drew qui avoue sa fatigue, qui s’avoue, presque, vaincu. Qui aurait crû qu’il confierait ses mots à Anshu ? Il continuait de déposer des baisers dans sa nuque. Douceur. Une douceur qu’on ne lui connait pas. Une douceur disparue depuis que Sarah l’a piétinée. Une douceur qui refait surface, désarmant l’ennemi  qui s’attendait à tout, sauf à cela. Stratégie ou honnêteté ? Nul ne saurait dire. Drew lui-même ignorait pourquoi il agissait ainsi. Il avait simplement décidé d’arrêter de réfléchir. Sa main glissa à l’intérieur de sa cuisse, puis sur son entre-jambe, avec cette même douceur déconcertante. Il se hissa un peu plus haut, son torse contre son dos, sa langue venant jouer avec le lobe de son oreille, qu’il mordilla. “Laissons la Raison, la Sagesse aux autres, Anshu. Toi et moi, on est pas faits pour ça.”

...

“Pourquoi faire ça...? Tu ne m'aime pas, et je ne t'aime pas, on se déteste même... Alors pourquoi ? Je ne comprend pas. J'aime Aleks, on en a tout deux prit plein la gueule la dernière fois et... Je te laisse me toucher de la sorte.”

Anshu s’était laissé tomber contre lui. Drew l'accueillit contre lui, dans son dos. Etait-ce... une étreinte ?  Le symbole de l’affection, de la tendresse ? Pourquoi, pourquoi toujours chercher à comprendre, à poser des mots sur les choses? Qu’importe. Drew joint ses mains devant lui, et, avec une hésitation, posa son menton sur le sommet de son crâne, observant le mur face à lui. “Parce-que l’Amour n’est pas la seule variable à prendre en compte dans l’équation.” Un instant. Il était bien, là. Cette étreinte, bien que totalement étrangère à ses habitudes, lui semblait naturelle. Et il n’avais pas envie de réflechir à ce que cela signifiait. “Parce-qu’on est pas au pays des bisounours, ou l’Amour coule à flots, ou les gens s’aiment et sont heureux, ou aucun élément ne vient perturber cette sérénité.” Il déglutit. Non, le monde n’était pas ainsi. “Et peut-être que, malgré ton amour pour lui, il ne te suffit pas. Parce-que l’amour et le sex sont deux choses bien distinctes, et que, parfois, la même personne ne peut combler les deux. Faut accepter les choses comme elles sont, et arrêter de se voiler la face.”

Il en savait quelque chose. Lui qui avait eu de nombreuses partenaires, mais finalement, qu’un seul amour. Lui qui, aujourd’hui, sentait son coeur battre pour deux filles. Dont une qu’il ne désirait même pas physiquement. Du moins, une qui dépassait cette chose  futile qu’est la relation physique.

“Il faut simplement accepter les choses comme elles sont.” Souffla t-il, à moitié pour lui. Accepter d’être là, à se confier, à Anshu. Et surtout, d’être là, avec Lui. Accepter ce contact avec un homme, aussi blessante soit cette constatation pour sa fierté d’homme, pour sa virilité. “On peut pas lutter contre ce qu’on est.” Encore quelque chose visant à le convaincre lui-même. Tout au long, il avait fixé un point lointain, qu’il ne voyait même pas, dans l’obscurité, même si ses yeux commençaient à s’habituer à la lumière lunaire. Ils restèrent près d’une minute à songer à ces paroles. Ce calme apaisait Drew. A cet instant, Anshu aurait pu le poignarder, lui jeter un sort; il était sans aucune défense. A coeur ouvert. Mais l’egyptien semblait être dans le même état, si ce n’est, plus désemparé encore. L'écossais baissa les yeux sur lui. Ils se regardèrent quelques secondes, en silence.

Our little secret.

Drew l’écoutait, impassible. On avait du mal à définir si il réfléchissait, ou si il était simplement pensif, l’esprit divaguant. En réalité, c’était quelque part entre les deux. Il était calme, posé, rêvant, mais écoutait d’une oreille attentive ses paroles, à l’affût du moindre signal. A l’affût de la moindre faiblesse. Et celle-ci arriva d’elle-même.

Confidences. Ils s’avouaient ainsi leurs faiblesses dans cette pseudo intimité amicale, affective, et c’était un peu à qui allait saisir le couteau tendu pour frapper le premier.

“... j'avais senti mon ventre se tordre, cette fois là. C'était désagréable... je... J'étais... Je me sentais vraiment mal. “

Et bien. Drew resta immobile, impassible, comme tentant de disparaître dans le décor, se faisant oublier pour pousser Anshu à continuer les confessions. Car oui, ils étaient calmes, oui, ils avaient levé le drapeau blanc pour ce soir... Mais oui, cela restait Drew et Anshu. Des ennemis, prêts à frapper à tout moment. L'écossais l’avait constaté à la salle des miroirs : il ne devait plus sous estimer Anshu. Ces pensées en tête, il posa le regard sur lui, tandis qu’il approchait ses lèvres des siennes, provoquant cette montée de désir en lui. Éphémère. Anshu avouait ne pas avoir la force de le refaire une seconde fois. De refaire ça à celui qu’il aimait. Il avouait être désolé, qu’il cherchait aussi. Sans blague.

Le regard de Drew avait changé. Il s’était peu à peu teinté d'intérêt, une lueur étrange au fond de ses yeux azur. Lentement, alors, Drew lâcha Anshu, se hissant hors du lit. Il s’étira, puis fit quelques pas, jetant des regards distraits aux divers objets de la pièce. “Tu t’excuse... Je me fiche pas mal de tes excuses. Ce n’est pas comme si... ton comportement de rejet m’attristait, ou quoi que ce soit.” Il observait les photos, posters, les bijoux d’Anshu sur la table de chevet. “Ce n’est pas comme si je ne pouvais réellement pas prendre, là, maintenant, ce que je désire.” Il posa les yeux sur lui, un instant. “Autrement dit, ce n’est pas parce-que tu me dis que tu n’es pas capable d’assumer ça une seconde fois, ou que tu es désolé, que je vais m’empêcher de faire quoi que ce soit.” Il posa le bijoux qu’il tenait en main et se rapprocha doucement d’Anshu. Il vint juste devant lui, restant debout, et prit la lame pour la laisser glisser sous son cou, tout doucement. “C’était désagréable... Tu te sentais mal ... Tu ne te sens pas la force de recommencer, et tu en est désolé...” Souffla t-il, jouant avec la lame, répétant ses mots. Il le poussa alors sur le matelas, se laissant tomber au dessus de lui à quatre pattes, jetant le couteau au sol. Il se pencha au dessus de lui, mais gardant ses bras tendus, son visage loin du sien. Il laissa tomber son regard dans le sien. “Tu te sentais mal... et j’en suis ravi. Rien ne me fait plus plaisir que ça. Tu ne te sens pas capable... Mais tu n’a pas ton mot à dire, Anshu. Et tu es désolé... Je ne le suis pas.” Une seconde, terrible.

Ses lèvres vinrent frôler les siennes, sans les capturer. Son souffle. Son regard. Jeu malsain. Électrique, et à la fois d’une douceur enivrante. Chuchotement. “Pourquoi me confier tes faiblesses...” Sa main vint caresser ses lèvres, tout doucement. “...Quand tu sais pertinemment...” le bout de ses doigts glissaient lentement le long de son torse. “...Qu’elles me renforcent ?” Le bas du ventre, juste au dessus de la serviette.

“Tu sais que je mène la danse, Anshu.” Son regard avait quitté son ventre pour se replonger dans le sien. “Et m’avouer que notre jeu te brise le coeur, pour Aleks, ne fais que renforcer mon désir de te faire souffrir par ce biais...” Sa main glissa, par dessus la serviette, sur sa cuisse, très près de son entre-jambes, sans toutefois le toucher. Il s’était penché, ses mots venant désormais empoisonner son oreille. “Mais toi et moi, on sait qu’en réalité, tu ne me dis pas ça pour me dissuader... C’est notre petit secret...” Son regard vint se reposer dans le sien, ses lèvres frôler les siennes. Un sourire mauvais, enveloppé de calme, de douceur, de sensualité.