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 À un doigt de la victoire [Ailin]

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Anonymous
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MessageSujet: Re: À un doigt de la victoire [Ailin]   À un doigt de la victoire [Ailin] - Page 2 1400359500-clockDim 15 Sep 2013 - 11:30
Lukas était donc occupé à mater les abdominaux d’Ailin au lieu de l’aider à comprendre les sphères de congruence : en voilà un tuteur efficace et sérieux. Pas très au courant du regard parfaitement lubrique que le Russe vicieux posait sur son anatomie du jeune homme sportif qui attirait les filles, Ailin, qui depuis s’était assis (espérons que cela calme les hormones de notre Slave), resta un peu sans voix devant la réponse de celui qu’il avait consciencieusement ignoré pendant des années.

Il regretta un peu d’avoir ouvert la porte à ce sujet délicat, mais l’envie de savoir pourquoi Lukas dépassait leur inimitié pour lui venir en aide avait été parfaite. Sauf que maintenant, il était obligé d’expliquer, et il ne savait pas trop comment s’y prendre. D’abord, il ne comprenait pas entièrement son propre comportement. Ensuite, ce qu’il en comprenait, il n’avait pas très envie de le partager. Se montrer sous un jour envieux n’était pas exactement fait pour ajouter à sa gloire.

Fort heureusement, Lukas était aussi lubriquement attiré par les équations différentielles que par les abdominaux de ses jeunes camarades, de sorte qu’un merveilleux sujet de diversion fit son apparition. Ailin regarda le cahier de mathématiques et poussa un soupir, avant de se pencher pour attraper le sien — ce qui nécessairement laissait apparaître son boxer de jeune branche, mais que voulez-vous, ce n’était pas sa faute à lui, si innocent, s’il passait son temps à attiser involontairement la mâle concupiscence de Lukas !

Maintenant qu’Ailin avait sorti le torchon qui lui servait de cahier de cours et le vieux stylo qui trainait au fond de son sac, il s’installa près de Lukas, très près de Lukas, dos au mur à son tour, et regarda le chef d’œuvre de psychorigidité que constituaient les notes de son ami.

— La vache, t’es… euh…

Taré.

— …consciencieux.

Ailin pointa du doigt un chapitre et demanda ingénument :

— On a fait ça en cours ?

Oui, Ailin, il y avait trois semaines de cela. L’Irlandais échangea un regard avec son professeur particulier avant de rougir, puis de hausser les épaules et de murmurer :

— Parfois, j’pense à autre chose, en cours.

Et dans sa manière de le dire, il y avait eu une gravité qui cachait qui laissait entendre qu’il ne pensait pas à ses dessins, à ses bandes-dessinées ou à la fille qu’il n’inviterait pas au bal de fin d’année. D’ailleurs, après un instant de méditation pensive, il tourna les pages de son propre cahier pour s’arrêter aux exercices de la semaine dernière.

— On peut commencer là. J’ai pas… J’sais pas, j’crois que j’arrive au bon résultat, mais peut-être par des voies détournées, et le prof dit toujours que c’est pas l’résultat qui compte, mais la méthode, alors, forcément…

Ses voies étaient à peu près aussi détournées que les trajets de la SNCF et il avait fait en deux pages de calcul embrouillés ce que l’application des théorèmes du cours aurait résolu en deux paragraphes. Mais si Ailin était distrait, il ne l’était pas avec tout le monde, parce que quand Lukas commença à lui expliquer les points qu’il aurait dû savoir, le jeune homme s’appliqua à les noter consciencieusement, en jetant quelques coups d’œil au cahier de son ami et beaucoup de coups d’œil à son visage.

Il ne fallait cependant pas trop lui en demander et, le premier exercice dûment corrigé, expliqué et intégré, il referma soudainement son cahier, se pencha de nouveau (avec son boxer), le fourra dans son sac et revint s’installer près, très près de Lukas, en décrétant :

— J’essaierai de faire le reste tout seul, pour progresser !

Ben voyons. Il avait dit cela avec un grand sourire enjôleur qui ne convainquait personne, mais à chaque jour suffisait sa peine et, dans le monde des mathématiques, pour Ailin, la peine était vite suffisante. Il y avait d’autres sujets beaucoup plus intéressants, après tout. Comme…

— Dessiner, tu sais, c’pas très compliqué. En fait, j’crois que les gens, quand ils commencent, ils veulent tout de suite avoir le niveau de leur BD préférée. Mais c’pas comme ça qu’ça marche : faut beaucoup s’entraîner. Et au début, c’est un peu pénible, parce qu’on dessine que des trucs moches, alors ça décourage. Mais dessiner des trucs moches pendant trois mois, c’est très utile.

Évidemment, dans son cas, la courbe d’apprentissage était plutôt exponentielle. Plein d’enthousiasme à l’idée d’offrir à Lukas les moyens de concevoir une bande-dessinée sur les mathématiques, Ailin l’avait regardé dans les yeux pendant toute son explication, son visage tout proche du sien, le regard pétillant. Sur le lit. Qu’il est innocent.
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Anonymous
InvitéInvité
MessageSujet: Re: À un doigt de la victoire [Ailin]   À un doigt de la victoire [Ailin] - Page 2 1400359500-clockDim 15 Sep 2013 - 18:53
Ah, ça faisait longtemps que môssieur ne m'avait pas fait le coup de l'innocent, je pourrais presque dire que ça m'avait manqué. Qu'il était innocent, donc, Ailin et ses abdos, son boxer, sa proximité et son large sourire, c'est à peine si l'on remarque son auteur, déguisé en petit diablotin rouge, qui volette autour de Lukas pour lui suggérer de sauter sur son camarade. Mais tout pervers qu'il fut, Lukas savait se tenir, il y avait tout de même un monde entre regarder avec une discrétion relative et passer à l'acte, surtout quand on est un adolescent raisonnable. Le jeune homme, donc, se contenta d'observer de loin le boxer, parce qu'évidemment Aillin avait profité d'être loin de lui pour desserrer sa ceinture et se balader de nouveau avec le pantalon au ras des fesses, comme un bon cancre incorrigible. Ce qui, avouons-le pour faire plaisir au diablotin, ne lui déplaisait pas tant que cela. Puis son regard remonta pour tomber sur le cahier de brouillons de… ah non, c'était vraiment son cours qu'il écrivait là. Lukas secoua la tête en regardant le pauvre cahier vomir ses feuilles volantes et soupira.

« Forcément que t'es perdu, avec un bazar pareil. »

Bref, Lukas ne se laissa pas décontenancé, ni par la proximité d'Ailin, ni par l'immonde amas de pattes de mouches illisibles que constituaient ses équations. C'en était presque beau, il y avait quelque chose de magique là-dedans, étant donné qu'après deux pages de codes indéchiffrables, l'Irlandais parvenait à tomber sur le résultat exact, à quelques différences d'arrondis près. Sans plus attendre, Lukas lui réexpliqua le cours avec ses mots à lui, ce qui avait sans doute l'avantage de le rendre beaucoup plus digeste, et finalement, Ailin parvint à appliquer la méthode, et semblait avoir tout compris. Tellement qu'il referma son cahier aussitôt et le fit disparaître au fond de son sac bordélique.

Le Russe le regarda sans trop comprendre, non seulement ils n'avaient pas finis les exercices, mais c'étaient ceux de la semaine dernière, ce qui voulait dire qu'ils avaient aussi à faire ceux de cette semaine et ceux de la semaine prochaine. Ailin n'avait pas du tout l'air préparé psychologiquement à la somme de travail qui l'attendait, mais avant que Lukas ait pu le lui faire remarquer, son camarade, qui avait plus d'un tour dans son sac quand il s'agissait de ne pas travailler, le sécha en parlant de dessin. Partit comme il était parti, le Russe avait l'impression qu'Ailin allait lui jeter son crayon mâchouillé dans les mains, et lui tendre une feuille avec les consignes de ses exercices à faire imprimées au verso. Quelle grave erreur ça aurait été. Malgré le diablotin qui lui susurrait que les lèvres d'Ailin avaient l'air parfaitement délicieuses, Lukas se contenta de secouer la tête d'un air parfaitement inquiet.

« Non mais, avec moi, ce n'est vraiment pas la peine. J'ai déjà essayé, tu sais, j'ai lu pleins de livres, sur l'anatomie, la perspective, la dynamique et les couleurs, mais il n'y a rien à faire. Je ne dois pas avoir le bon regard, ou alors c'est au niveau de la main que ça coince. »

Parce qu'évidemment, dessiner, c'est comme toutes les matières qui demandent une feuille et un crayon, ça s'apprend dans les livres. Il avait donc lu beaucoup, pratiqué un peu, et finalement laissé tombé sans aucunes intentions de s'y remettre. Dans le domaine des arts, il n'était pas assez parfait à son goût, ce n'était pas fait pour lui. Mais, parce que Lukas était quelqu'un de rationnel et logique, et qu'il pouvait lui aussi ce montrer innocent sur certains point tout en ayant un auteur particulièrement vicieux, il regarda quand même Ailin avec de grands yeux étonnés.

« Mais du coup, t'essaie de m'aider alors que tu… m'aimes pas ? »

Lukas avait décidément un don pour mettre les pieds dans le plat, et un ange passa – c'est moi, je nargue le diablotin – après sa question, parce que cette fois-ci, il n'y avait pas de sphères congruentes pour sauver Ailin. De son côté, Lukas s'était remis à tenter de comprendre le comportement de son collègue, et c'était bien la pire des équations qu'il n'ait jamais vu.
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Anonymous
InvitéInvité
MessageSujet: Re: À un doigt de la victoire [Ailin]   À un doigt de la victoire [Ailin] - Page 2 1400359500-clockDim 15 Sep 2013 - 19:12
Ailin, lui, était authentiquement innocent. D’abord, il avait reçu une belle éducation catholique irlandaise, avec la messe au moins une fois par semaine, les prières à la Vierge et les images des saints. Ensuite, lui, il n’était pas comme Lukas à tripoter tous les garçons qui passaient dans les vestiaires et à regarder Dieu seul savait quel genre de films sur ses multiples ordinateurs. Donc, quand il regardait Lukas, là, tout près de lui, il se sentait bien un peu bizarre, mais il mettait cela sur le compte des mathématiques, qui étaient, comme chacun sait, très mauvaises par la santé.

De toute façon, son attention fut captée par le programme de dessin que Lukas s’était donné parce que : 1) le Russe avait quand même l’air d’avoir beaucoup tenu au dessin, pour avoir lu tous ces livres et 2) il s’y était pris vraiment n’importe comment. Les yeux ronds d’Ailin ne cherchaient pas à cacher sa surprise devant cette méthode bien peu artistique ou technique de se former à la chose et, d’une voix incrédule, il répéta :

— Des livres d’anatomie… ?

C’était une bonne intuition, mais cela venait beaucoup, beaucoup plus tard : toute une éducation à refaire. Il s’apprêtait donc à donner sur le champ un cours pratique à Lukas pour le sauver des affres théoriques dans lesquels le Russe s’était noyé, il allait se pencher avec son boxer vers son sac une troisième fois, quand une question l’arrêta en plein vol. Définitivement très habile lorsqu’il s’agissait de dissimuler ses émotions, Ailin rougit jusqu’aux oreilles et revint s’appuyer contre le mur.

— Non mais euh, en fait… C’est pas exactement que j’t’aime pas…

Cache ton enthousiasme, Ailin.

— C’est juste, on s’connaît pas trop, tu vois.

Essentiellement parce qu’il avait mis un point d’honneur à le fuir comme la peste depuis quelques années. L’Irlandais se mit à chasser des poussières imaginaires sur son genou, parfaitement conscient que son explication n’était pas très satisfaisante et que quelqu’un d’intelligent comme Lukas ne laisserait pas l’affaire en l’état très longtemps. Il fallait passer à la confession, la vraie — fort heureusement, Ailin avait, disais-je, reçu une belle éducation catholique irlandaise, alors ça devrait être facile.

— Et puis, aussi, tu comprends…

Ailin déglutit péniblement.

— Toi, tu réussis tout, tout le temps. J’veux dire, t’es bon en sport, et puis t’es bon en cours, t’as toujours la réponse aux questions, t’as toujours des bonnes notes, les profs t’apprécient. T’as toujours l’air classe, t’es toujours gentil, c’t’un peu…

À en juger par le comportement qu’il avait eu avec Lukas, « énervant » était probablement le mot auquel il songeait, mais Ailin murmura d’une toute petite voix :

— …décourageant.

Un lourd soupir s’échappa de ce pauvre dessinateur incompris, qui rajouta encore :

— Et puis, tu sais, tu as toujours des… des… gens. Autour de toi.

Ce qu’il voulait dire, c’était des garçons, bien entendu, des garçons à tripoter dans les vestiaires, mais le mot s’était à peine formé à la surface de sa conscience. Alors il avait fait cette déclaration étrange, lui qui était constamment entouré de jeunes filles gloussantes, d’amis prêts à le suivre dans ses expéditions, lui qui était le A frondeur par excellence, et par conséquent populaire.

Ailin laissa finalement son genou tranquille et croisa les bras, comme s’il avait froid.

— Je suis juste, je sais pas… J’ai pas envie que tu m’étales ta perfection. J’dois être jaloux, un truc comme ça.

Un nouveau soupir vint clore cette étrange confession et Ailin jeta un regard rapide avec des yeux un peu rougis à Lukas, avant de détourner les yeux et de lancer amèrement :

— J’suis ridicule, hein ?
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MessageSujet: Re: À un doigt de la victoire [Ailin]   À un doigt de la victoire [Ailin] - Page 2 1400359500-clockJeu 31 Oct 2013 - 14:43
Ce rp est-il toujours d'actualité ? Si oui, continuez à la suite, sinon, recensement, merci ;)
Archivage dans 1 mois si aucune nouvelles.
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MessageSujet: Re: À un doigt de la victoire [Ailin]   À un doigt de la victoire [Ailin] - Page 2 1400359500-clock
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